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Academic year: 2022

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IV. LE MONDE QUI S'OFFRE A VOUS

DANS UN MONDE QUI CHANGE...

PAUL DREYFUS

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OUVRAGES DU MEME AUTEUR

Sainte-Marie-d'en-Haut, Association des Amis de l'Université, Grenoble, 1959.

En route vers l'an 2000, Arthème Fayard, 1960.

Grenoble, de l'âge du fer à l'ère atomique, Arthème Fayard, 1961.

La Collégiale Saint-André de Grenoble, Lescuyer, Lyon, 1962.

Instantanés sur l'Université de Grenoble, Association des Amis de l'Uni- versité, Grenoble, 1962.

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DANS UN MONDE QUI CHANGE...

PAUL DREYFUS

JALONS

JE SAIS JE CROIS

ENCYCLOPÉDIE DU CATHOLIQUE AU XXe SIÈCLE cette section du "Je sais Je crois"

est dirigée par l'Abbé Engelmann

LIBRAIRIE ARTHEME FAYARD

18 RUE DU St-GOTHARD / PARIS XIV

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Plan de la collection

1 PARTIE : DIEU S'OFFRE A VOUS

* 1 J'ai perdu la foi (Henri Engelmann).

2 La Bible, parole de Dieu (P. Charpentier).

3 Dieu.

4 Jésus-Christ (R. P. Varillon, s. j.).

5 L'Eglise et les églises.

6 L'Unité des chrétiens (P. Michalon, p. s. s.).

7 Si toutes les religions se valent...

* 8 « Tu aimeras » (Xavier de Chalendar).

* 9 La pierre de scandale (Francis Ferrier).

* 10 Et après? (Jean Lyon).

2 PARTIE : LA VIE S'OFFRE A VOUS 11 Problèmes des garçons. 12 Problèmes des filles.

13 La Vocation.

* 14 Savoir aimer (Marc Oraison).

3 PARTIE : DES VALEURS S'OFFRENT A VOUS

* 15 Recherche scientifique et foi chrétienne (J .-M. Aubert).

16 Le jeune chrétien et la biologie (R. P. Moretti, s. j.) 17 Le jeune chrétien et la philosophie.

* 18 Du pain et des livres (Michel Louis).

19 Morale et littérature (Pierre Lecarme).

20 L'écran et les jeunes (Henri Agel).

4 PARTIE : LE MONDE S'OFFRE A VOUS 21 Mon frère l'incroyant (Jacques de Vallée).

22 Faut-il faire de la politique ? (Xavier La Bonnardière).

* 23 Dans un monde qui souffre (André Tunc).

* 24 Dans un monde qui change (Paul Dreyfus).

25 Les dieux du stade (Le sport) (P. Mauger).

* Volumes parus.

© Librairie Arthème Fayard, 1963.

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A THIERRY, DENIS ET XAVIER

DU TRAIN OU VA LE MONDE

Dans le train qui me ramène, du fond de l'Italie, vers notre maison, je songe à ce livre en projet depuis quelque temps...

Un compartiment de chemin de fer reste l'un des rares endroits du monde où l'on puisse lire longuement et réfléchir à loisir.

Je suis absolument seul, dans mon cabinet de travail sur boggies.

Le rapide vient de franchir la frontière et, maintenant, il descend la vallée de la Maurienne. La nuit d'octobre est tombée, ensevelissant les montagnes. Au ciel, pas une étoile.

Ce convoi, lancé dans le noir à pleine vitesse, me fait penser au titre qui me tourne dans la tête : « Dans un monde qui change .. »

Et voilà qu'une idée s'impose à moi avec force : l'univers où nous vivons est, lui aussi, un train roulant dans la nuit. Qui peut savoir s'il ne déraillera pas un jour ? Qui peut savoir s'il poursuivra longtemps sa course toujours accélérée ? Qui peut savoir où elle aboutira ? Qui peut savoir si, demain, à l'aube, il entrera dans une gare ? Qui peut savoir dans quelle ville nous arriverons et ce que nous y découvrirons ?

Incertains du but, ignorants des escales, que pouvons-nous faire, nous les voyageurs de cette terre ? Nous agiter ? Nous inquiéter ? Trembler ? Ce n'est pas une attitude d'homme. Nous installer confortablement dans le coin-couloir, nous désintéresser de tout ? Somnoler ? Dormir ? Non, il y a mieux à faire. Mettons-nous à la fenêtre et regardons. Toutes ces petites lumières, que nous apercevons dans la nuit, sont comme autant de repères : maisons isolées, villages, usines, villes petites et grandes, où vivent les hommes, nos frères.

Sortons de notre compartiment. Ne nous murons pas, égoïstement, dans notre solitude. Allons vers les autres voitures. Entrons en contact avec d'autres voyageurs. Ouvrons nos oreilles. Ecoutons-les. Parlons-leur.

Mais aussi, à d'autres moments, regardons en nous-même. Essayons

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d'y voir clair. Interrogeons-nous sur les raisons de notre voyage, sur le sens que nous voulons lui donner, sur les étapes que nous avons décidé de parcourir, sur le terminus que nous finirons par atteindre, un soir, comme tout le monde...

Enfin, prions. Demandons au Seigneur de nous accorder sa protec- tion tout le long du chemin, et de rester toujours près de nous, comme ce compagnon de route que rencontrèrent les Pèlerins d'Emmaüs.

Il y a de cela plus de vingt ans, en pleine guerre, je suis parti sur la Route, avec un gros sac et une fourche de bois Mais, avant de quitter le Clan. il me fut donné ces conseils :

« Tous les dons de la grâce et de la nature, tu les as reçus gratuite- ment ; passe-les aux autres gratuitement. Ne porte en chemin ni or ni argent ni monnaie dans ta ceinture ; ne prends pas de bâton pour arme, mais seulement pour soutien de fatigue. Là ou tu t'arrêteras, salue en disant : « Que la paix soit sur cette maison. » Sois prudent comme le serpent et pur comme la colombe. Passe sur la route en faisant le bien. » Ces paroles lancées dans le vent du départ, elles se sont gravées en moi. Elles chantent doucement en mon âme, quand tout va bien ; elles m'assaillent violemment, comme des embruns, aux heures de doute et de tourment.

Depuis cette époque, j'ai fait une assez longue route. D'autant plus longue que j'ai choisi un métier qui m'a entraîné aux quatre coins de la planète : le journalisme. « Grand reporter », comme on dit, j'ai visité bien des pays, touché à beaucoup de sujets, rencontré quantité de gens.

Tout ce dont j'ai pu m'enrichir intérieurement, c'est moins dans les livres que je l'ai trouvé qu'en usant, sur les chemins du monde, des dizaines de paires de souliers. Cela m'a rendu humble devant la complexité des choses. Mais cela m'a dégoûté aussi, définitivement, des opinions pré- conçues et des idées toutes faites. C'est pourquoi mon témoignage n'aura aucun caractère doctoral. Je voudrais vous emmener avec moi pour un long voyage autour de notre boule ronde. Vous apprendre à découvrir ses véritables dimensions. Vous conduire à observer certaines réalités, qui échappent au touriste pressé Vous faire prendre de l'altitude, pour aper- cevoir les perspectives. Vous montrer surtout les routes de demain, où nous essaierons de distinguer ce qui se prépare, sans céder pour autant aux tentations de la Science-fiction et du « prévisionnisme » : car « souvent l'inattendu arrive... »

Bref, je voudrais vous parler comme je parle à mes fils, en rentrant de voyage :

— Savez-vous ce que j'ai vu, l'autre jour ?

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PREMIÈRE PARTIE LE MONDE, VERTICALEMENT

« Il compte beaucoup de fournir au grand public l'occa- sion de s'instruire de façon à la fois sérieuse et compré- hensible des résultats de la recherche scientifique. Il ne suffit pas que quelques spécialistes reconnaissent, appliquent et perfectionnent les résultats obtenus dans leur domaine propre. Limiter la connaissance des découvertes scientifiques à un petit groupe d'hommes, c'est affaiblir l'esprit philoso- phique d'un peuple et favoriser son appauvrissement intel- lectuel. »

Albert EINSTEIN.

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I. LA TERRE DANS LE HUBLOT

Dans la carlingue des avions, le nez contre le hublot, j'ai passé bien des heures.

Tous ces souvenirs de vol, mis bout à bout, composeraient un livre plein d'anecdotes : l'arrivée à Berlin, le premier jour du blocus sovié- tique. en juin 1948, dans un Dakota bourré de parachutistes anglais envoyés en renfort ; l'orage épouvantable, un soir d'octobre, au-dessus de la Méditerranée, et la foudre frappant l'avion qui, émetteur et récep- teur de radio hors d'usage, erra longtemps à l'aveuglette, jusqu'au moment où dans une trouée apparurent, dangereusement proches, les Alpes ; l'aérodrome d'Ajaccio perdu dans la nuit et, après des tours et des tours, l'atterrissage qui faillit s'achever non sur la piste mais contre une colline ; le billet Toronto-Washington qui devait permettre de survoler les chutes du Niagara, le décollage, le lac Ontario, majestueux comme l'océan et, au moment prévu pour l'émerveillement, le brouillard nous dérobant le spectacle ; tous les « taxis » empruntés pendant la guerre d'Algérie et la terre pelée, les douars en ruines, les forêts incendiées avec parfois, comme d'étranges fleurs orangées, l'explosion des bombes au napalm...

Mais passons sur les anecdotes. C'est sur un autre aspect du voyage aérien que j'aimerais m'attarder, celui dont on ne parle presque jamais le côté leçon de géographie.

Si souvent qu'on la révise, cette leçon, jamais on ne s'en lasse. Jamais elle ne devient fastidieuse. Car notre terre est belle et, lorsqu'on la sur- vole, on ne peut s'empêcher de redire avec le psalmiste : « Louez Yahvé dans les cieux,

Louez-le dans les hauteurs » (Ps. 148).

De ces « hauteurs », jamais je ne l'ai contemplée sans chanter inté- rieurement un cantique de jubilation :

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« Entonnez pour Yahvé l'action de grâces, Jouez pour votre Dieu sur la harpe : Lui qui drape les cieux de nuées, Qui prépare la pluie à la terre, Qui fait germer l'herbe sur les monts Et les plantes au service de l'homme, Qui dispense au bétail sa pâture,

Aux petits du corbeau qui crie » (Ps. 147).

A la poursuite du soleil.

Venez l'admirer, notre terre.

Mettons d'abord le cap à l'ouest.

Je rouvre mes carnets de notes et y retrouve des lignes griffonnées en vol, au cours d'un voyage vers l'Amérique du Nord, dans l'éblouis- sante lumière d'un début de printemps.

Le Boeing 707 a décollé à 12 heures de Bruxelles-international, laissant derrière lui, dans le ciel bleu de Prusse, quatre traînées de coton hydrophile. L'avion fonce vers l'ouest, à la poursuite du soleil. Et celui-ci paraît doué au zénith.

Il n'en finit plus d'être midi.

L'Angleterre, qu'il nous a fallu beaucoup moins d'une heure pour survoler, ressemble comme une sœur à la carte de Gallouédec et Maurette, dans l'atlas de mon enfance. Même pour les couleurs. On a peint le

« channel » en bleu clair, les falaises de Douvres en blanc, le Kent et le Surrey en vert pomme et l'immense agglomération londonienne en marron foncé. Ici ou là, on aperçoit des aérodromes, pour la plupart désaffectés, qui rappellent qu'à certaine époque cette île fut aussi un porte-avions...

Le canal de Bristol apparaît comme un énorme entonnoir ouvert sur l'Atlantique et visiblement imaginé par le Créateur pour faire couler, jusqu'au cœur de la Grande-Bretagne, le thé, les épices, le coton, le caoutchouc.

Puis on découvre, de l'autre côté d'un minuscule bras de mer, le bas- ventre de l'Irlande. Côtes sauvages, rocheuses, dentelées, crénelées, avec des phares en guise de mâchicoulis, des petites fermes sur les falaises et des barques de pêche à quelques encablures.

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Courant toujours après le soleil, en deux heures environ, nous avalons le plus gros morceau d'Atlantique. Il est là, sous nos ailes, dix mille mètres plus bas, comme une pièce de soie déroulée, grise par endroits, bleutée à d'autres. Le Gulf-stream et ses nombreux cousins y tracent d'étranges damasseries. Les cargos et les paquebots, pas plus gros que des grains de blé, laissent derrière eux un petit sillage d'argent.

Le soleil, qui se reflète sur notre carlingue, promène à la surface de l'océan un projecteur au faisceau diagonal.

Terre-Neuve « approche », entourée de glace et recouverte de neige.

Brrr !... Dans le Boeing, je prends un bain de soleil derrière le hublot.

En bas, c'est l'hiver encore.

Nous arrivons au-dessus du Canada par la Nouvelle-Ecosse — Glace Bay porte bien son nom ! — et le Nouveau-Brunswick. Ce mélange de rochers bruns, de neige, de fjords gelés et d'eau libre, comme il ressemble encore à Terre-Neuve prise par les glaces ! Ou à la Suède, moins les sapins, à la même époque de l'année ! Petit à petit, les traces de vie s'affirment. Des maisons isolées, puis des villages, des sentiers qui deviennent des routes, de modestes bourgades. Mais pas encore de vert, ou bien seulement de timides apparitions. Cependant la neige diminue au fur et à mesure que nous remontons le cours majestueux du Saint- Laurent.

Autour de l'aérodrome de Montréal, d'épaisses congères s'accrochent encore partout, le long des haies ou à l'ombre des maisons. Il fait + 1 ° . Du nord souffle un vent désagréable qui, sans rencontrer d'obstacle, arrive tout droit du Bouclier canadien caparaçonné de glace.

Le soleil est toujours aussi haut. La pendule de l'aérogare marque 15 h, heure locale. Pourtant, depuis la Belgique, nous avons volé sept heures durant.

En 1492, entre Palos d'Espagne et les îles Bahamas, dans l'archipel des Antilles, Christophe Colomb avait mis soixante et onze jours...

L'arc alpin tout entier.

Deuxième voyage : cap à l'est, celui-ci.

Orly, 9 h 25. Entrons dans le ventre d'un D. C. 8 en partance pour Téhéran. Installons-nous douillettement dans un des 150 fauteuils pull- man et regardons à travers le hublot.

Décollage : les balises de piste qui fuient de plus en plus vite. Le : monstre rugissant qu'on sent devenir léger, léger. Soudain, il se cabre.

La terre bascule Au revoir.

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Trois quarts d'heure plus tard, notre grosse baleine d'argent passe à la verticale du Mont Blanc. Vitesse 1 000 km/h. Altitude 10 000 m. Tem- pérature extérieure —45°. L'air est si limpide qu'on distingue parfaite- ment, sous le sommet, les traces d'une caravane. Passage sur la neige d'une famille de fourmis...

Silence du vol, que trouble seul le friselis du vent contre la carlingue.

Dans le hublot tribord, un extraordinaire panorama, qui comprend toutes les Alpes du Sud, jusqu'à Nice. Au loin, on devine la Corse. Dans le hublot bâbord, les Alpes de Suisse, dont on reconnaît aisément les sommets : Mont Rose, Cervin, Jungfrau, puis les Alpes du Vorarlberg et celles du Tyrol, d'autres encore, troupeau de chevaux sauvages galopant, crinière blanche au vent, jusqu'au cœur de l'Europe.

L'arc alpin ! Jamais je n'aurais imaginé qu'on pût le voir de ses yeux, tout entier ou presque, comme sur un atlas. Il a fallu cette mer- veilleuse lumière de l'automne commençant.

Je ne me rassasie pas du spectacle, que complète, à partir de Turin, l'apparition des Alpes dinariques et des Apennins, lancés comme des môles rocailleux, des deux côtés d'une sorte de port étroit et profond, qui est tout simplement l'Adriatique.

A Gênes, la Sardaigne et l'île d'Elbe viennent se ranger à leur place.

Au-dessus de Pise, l'avion se met à pencher. Veut-il, à sa manière, saluer la célèbre tour ? Non, déjà il commence à descendre, pour se poser à Rome.

Un quart d'heure pour traverser la Grèce.

Une petite heure d'escale et nous repartons. Naples est là tout de suite, puis le bout de la botte italienne qu'on franchit d'un coup d'aile et bientôt la mer Ionienne.

Voici qu'apparaît la Grèce, entourée d'îles comme un navire amiral de ses escorteurs. D'ici, le golfe de Corinthe se révèle une déchirure si profonde qu'on dirait que le Péloponèse ne tient plus qu'à un fil.

Tracé rectiligne du canal de Corinthe. Tout de suite après, le Pirée et Athènes qu'on devine. Maisons, avenues, végétation et l'Acropole elle- même se dissolvent dans le bleu pâle de la basse atmosphère, qui contraste si fort avec le bleu roi des hautes couches où nous voguons.

L'Attique, comment ne pas la reconnaître ? C'est cette jambe à demi plongée dans la mer Egée.

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Les îles maintenant. Le prodigieux, le fascinant troupeau des îles innombrables, baignant dans la mer sans rides. Et ces îles, vues du haut de notre mouvant Olympe, ont tantôt la blondeur des sables de Loire et tantôt les teintes délicates des roses thé. Entre elles s'étend, parfaitement lisse, une soie myosotis qui, dans les lointains, vire imperceptiblement à l'améthyste pâle.

Minuscules, griffant l'eau d'une virgule blanche, des bateaux glissent de Mikonos à Naxos ou vers Astipalaïa. Ils vont, comme ils sont toujours allés, depuis qu'il y a des Grecs et qui sillonnent la mer. C'est-à-dire depuis qu'émergea, dans ce petit recoin de la flaque méditerranéenne, cette claire Hellénie, qui était prédestinée à engendrer des marins.

C'est du haut du ciel qu'on comprend l'Odyssée.

... Par le hublot de tribord, soudain se profile la Crète, allongée, trapue, haute sur l'eau, avec son impressionnante épine dorsale, presque noire en contre-jour. On songe aussitôt à quelque monstre fabuleux. Au Minotaure...

Mais déjà, à bâbord, voici Rhodes. Et puis Chypre, qui se dit grecque et qui est turque aussi. De notre balcon céleste on le comprend parfai- tement : les Cyclades et les Sporades ont à peine disparu derrière notre dérive qu'apparaît, à côté de la grande île que gouverne Makarios, la côte découpée de la Turquie, dominée par les puissants remparts du plateau d'Anatolie.

Nous touchons aux rivages de l'Asie.

A la rencontre de l'Orient.

Il existe peu de spectacles aussi beaux au monde que l'atterrissage à Beyrouth, à l'heure où le soleil décline. Il semble vouloir caresser la Méditerranée tout entière, avant d'atteindre cette ville faite pour recevoir ses suprêmes caresses.

Merveilleux Liban, que la nature prédisposait à jouer un rôle de carrefour spirituel, commercial et diplomatique. Des montagnes séparent sa riviera fertile du Moyen-Orient auquel il appartient. Et cette mer d'or en fusion, vers laquelle nous glissons, elle le lie plus à l'Occident qu'elle ne l'en sépare.

Beyrouth, sur sa presqu'île triangulaire, est à peu près à l'Asie ce que Lisbonne est à l'Europe : l'extrême pointe d'un continent, son « finis- tère » au sens étymologique (finis terrae) et le promontoire où souffle le vent du large

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Les grands immeubles blancs évoquent Alger, Rio, Nice plus encore.

Car derrière la ville s'étagent de douces collines où se prélassent des demeures de rêve : taches blanches parmi les oliviers, les palmiers, les citronniers, les orangers, les pamplemoussiers et les cèdres du Liban..., ou du moins ceux qui subsistent.

Toute cette luxuriance verte contrastant avec la latérite sanguino- lante, fouillée par les scrapers, en bordure de l'aéroport.

Partout des inscriptions en français. A l'arrivée, un calicot : « Bien- venue au Liban. » Sur les boîtes aux lettres : « La prochaine levée aura lieu à... »

Là où commence l'Empire du désert.

On décolle face à l'ouest qui rosit. Une glissade sur l'aile. Hop ! Le Liban est franchi et tout aussitôt l'Anti-Liban : monts chauves plus dénudés que les flancs du Dévoluy ou les plateaux de la Nouvelle-Cas tille.

Voici que commence l'Empire du désert. Désert de Syrie et Damas toute proche. Désert d'Irak bientôt et Bagdad sur notre route. Désert iranien et Téhéran où nous porte le « jet clipper ». Au-devant de la nuit, qui déjà monte à l'orient, court follement notre sifflante monture. Sous ses flancs qui rougissent, l'ocre clair des terres altérées commence à foncer et, peu à peu, vire au bistre, au terre de Sienne. Nous entrons dans le crépuscule à la vitesse d'un boulet de canon.

Pendant un court moment, le soleil incendie ces immensités vides. Et, brusquement, la nuit entre dans la carlingue. Je regarde ma montre : chez nous, en France, il est cinq heures.

Dans le ciel sombre, brille fantastiquement le premier quartier de la lune qui, pâle, évanescente, ne nous a pas quittés de la journée. Derrière nous, une longue traînée orangée s'attarde un instant à l'occident vert jade. Et puis, plus rien...

Sous nos ailes en forme d'accent circonflexe, la nuit semble plus dense, plus mystérieuse aussi que nos nuits d'Europe. Si rares sont les lumières dans ces solitudes que voici éteintes, du même coup, les faibles clartés que l'on croit avoir de la géographie du Moyen-Orient. Engloutie, cette terre trop souvent inféconde. Disparues, les taches vertes autour des rares points d'eau. Effacées, les frontières de ces pays qui n'en ont que sur les cartes. Endormies, dans la paix d'une nuit constellée d'étoiles, les querelles, les haines, les luttes d'influences et ces cliquetis d'armes, qui durent depuis Sumer.

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LE PRÉSENT VOLUME

Changements rapides, transformations inces- santes, bouleversements complets, voilà le spectacle que nous offre le monde d'au- jourd'hui. D'où le titre de ce livre, qui nous entraîne sur les chemins de l'avenir.

En l'an 2000, les jeunes gens et les jeunes filles d'aujourd'hui auront entre cinquante et soixante ans.

A cette époque, il y aura six milliards d'hommes sur la planète; on mettra une heure et demie, au plus, pour traverser l'Atlantique; la semaine de travail aura été réduite et les loisirs considérablement allongés;

les vil es seront toutes deux ou trois fois plus grandes ; on aura vaincu presque toutes les maladies et les hommes vivront beaucoup plus vieux..

Faut-il donc croire que la fin du siècle verra fleurir une civilisation merveilleuse? Nous acheminons-nous vers l'âge d'or de l'huma- nité, qui nous fera entrer dans un nouveau paradis terrestre ? En observant le « monde qui change », ce livre essaye de lui arracher une réponse.

Après des études universitaires à Lille et un stage dans l'enseignement, devient journaliste à Paris en 1946. Depuis cette époque, a parcouru de nombreux pays.

Aujourd'hui, chef du service de reportages au « Dauphiné libéré» à Grenoble.

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