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Compte rendu de : Frank Lestringant, Charles Gide et André, l’oncle et le neveu, Nîmes, Lucie éditions, 2018

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Submitted on 8 Jul 2020

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Compte rendu de : Frank Lestringant, Charles Gide et André, l’oncle et le neveu, Nîmes, Lucie éditions, 2018

Jean-Michel Wittmann

To cite this version:

Jean-Michel Wittmann. Compte rendu de : Frank Lestringant, Charles Gide et André, l’oncle et le neveu, Nîmes, Lucie éditions, 2018. 2019, pp.150-152. �hal-02893368�

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Recension de <Frank Lestringant, Charles Gide et André, l’oncle et le neveu, Nîmes, Lucie éditions, 2018>, Bulletin des Amis d’André Gide n° 203-204, automne 2019, p. 150- 152.

Les lecteurs d’André Gide n’ignorent pas qu’il était le neveu d’un éminent universitaire, Charles Gide, le fondateur de la Revue d’économie politique, qui enseigna cette discipline successivement à Bordeaux, à Montpellier et au Collège de France. Le portrait que brosse de lui André Gide dans Si le grain ne meurt n’est cependant guère flatteur, puisque le neveu évoque d’emblée la « taciturnité contemplative » et le « déni de l’individuel et de toute psychologie » de l’oncle Charles, avant de rappeler notamment quelques souvenirs peu agréables des quelques mois passés à Montpellier après la mort de Paul Gide et, en particulier, le peu de cas que Charles Gide avait pu faire des crises nerveuses du jeune André. De la vie et de la carrière de l’oncle Charles et, plus précisément, des relations entre l’économiste et l’écrivain, l’œuvre de Gide ne donne donc qu’une vision fragmentaire et, forcément, subjective. Dans ce petit ouvrage, Charles Gide et André, l’oncle et le neveu, Frank Lestringant en donne pour sa part une vision d’ensemble, bien documentée, qui reprend et complète les éléments apportés dans sa grande biographie de Gide, notamment en s’appuyant sur un certain nombre de lettres de Charles Gide.

Même si André avait déjà soixante-et-un ans lorsque Charles Gide est mort, en mars 1932, ils n’ont jamais été vraiment proches et les points de divergence entre eux ont été plus nombreux que les points de convergence, pour des raisons qui relèvent aussi bien de la psychologie que de la morale. Protestant rigoriste, Charles Gide, au moment de la publication de Si le grain ne meurt, juge en privé que « le qualificatif de satanique […] appliqué [à son neveu] est tout à fait justifié » (lettre à Claude Gignoux, mars 1930) ; incapable d’accepter ou même d’envisager pleinement l’homosexualité d’André, il se dit même persuadé que la pédérastie de « [s]on neveu le célèbre littérateur André Gide » est « simplement une pose de sa part » (lettre à Maurice Lansac, 1930). On comprend donc que l’écrivain, de son côté, ait jugé dans un texte publié après la mort de son oncle, qu’il « voulait que rien n’existât, que la

“norme” », en concluant : « Cherchez donc à causer avec ces gens-là ! » (« Charles Gide par André Gide », BAAG n° 35). L’incompréhension est complète, et réciproque, au point que Frank Lestringant peut parler d’un « pacte mutuel de non compréhension » (p. 51), au moment de récapituler tout ce qui sépare humainement les deux hommes, qui ont toutefois en commun d’avoir été tous deux des intellectuels engagés et d’avoir notamment fait, à treize ans d’intervalle, un voyage en Union soviétique.

Reste la question de savoir ce qu’ils ont pu s’apporter l’un à l’autre et, en particulier, ce que le « neveu romancier » doit malgré tout à « l’oncle sociologue », comme a pu les désigner Thibaudet (lettre à André Gide, février 1931). Frank Lestringant rappelle que la culture littéraire de Charles Gide était strictement classique et qu’il ignorait à peu près toute la littérature postérieure au XVIIe siècle, tout en en ayant conservé une distance prudente à l’égard de l’œuvre de son neveu, qu’il ne pouvait vraiment apprécier littérairement et qu’il ne pouvait s’empêcher de condamner moralement. Du côté du neveu, on sait notamment que la référence à Carey, dans le troisième article de « Nationalisme et littérature », lui a été connue par l’Histoire des doctrines économiques depuis les physiocrates jusqu’à nos jours, publiée chez Sirey par son oncle, en 1909. La thèse récente de Ryo Morii (André Gide, une œuvre à l’épreuve de l’économie, Garnier, 2017), notamment, a cependant montré l’importance des idées économiques dans l’œuvre fictionnelle d’André Gide, qui témoigne par ailleurs d’une certaine connaissance de la sociologie de son époque. En ce sens, André Gide est bien le neveu du professeur d’économie politique, même s’il est difficile d’évaluer précisément la part qui revient directement à Charles Gide dans sa connaissance des sciences sociales.

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Jean-Michel Wittmann

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