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Academic year: 2021

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A TRAVERS LES AGES

PUBLICATION

DES

Sociétés des Amis des Beaux-Arts & des Ingénieurs & Architectes

19 ()6

LA PLUS HAUTE RÉCOMPENSE DÉCERNÉE

A L'EXPOSITION CANTONALE DE FRIBOURG

MÊDAILLE DE VERMEIL

SUISSE GENÈVE. 1896

. .

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(Hubert' Labastrou Succ.)

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TABLE DES PLANCHES

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Preface G. DE REYNOLD.

1. La Chartreuse de la Valsainte. DOML.-M. DEMAssIAc.

2-3. Ornements sacrés de saint Hugues, évêque de Grenoble. - XIImesiècle. (Conservés à la Chartreuse de la Valsainte.)

4-5. Bourse armoriale de la comtesse Guillemette de Gruyères.

(Débuts du XIVrne siècle.)

6. Statues en bois sculpté et polychrome. (XVrnc siècle.)

7. Siège du célébrant - XVIIme siècle. (Église de la Valsainte.)

8. Statues en bois sculpté - XVl I'" siècle. (Église de la Valsainte.).

9. Lutrin en bois sculpté - Époque de Louis XV. (Chapelle des reliques à la

Valsainte.) .

10. Village de Chiètres - Maisons aux toits de chaume

II. La Fête des Rois - Fribourg

12. Saint Pierre. (Reliquaire de l'église de St-Nicolas.) .

13. Grenier alpestre, à Fribourg.

14. Miniatures de Carlé .

15. La maison de Techtermann, à Fribourg.

16 .. Peintures murales de la maison de Techtermann "

17. Jacob Boden, de Berne, l'auteur des peintures 18. Ancienne maison d'école du village de Tavel 19' La Chapelle de Lorette, à Fribourg .

20. Chandeliers - Lampes - Plateau. (Chapelle de Lorette.) .

21. Marques à feu armoriées .

22. La Vierge (détail d'un crucifiement.) (Église des Cordeliers.) 23. La Procession de la Fête-Dieu, à Fribourg

24. Bahut du X'V'" siècle .

AMÉDÉE GREMAUD.

MAX DE DIESBACH.

FRANÇOIS PAHUD.

G. DE REYNOLD.

ALFRED BERTHOUD.

JOSEPH ZEMP.

FRANÇOIS REICHLEN.

C. SèHL.l.EPFER.

Lucmx BOSSENS.

MAX DE DIESBACH.

].-J. BERTHIER.

MAX DE DIESBACH.

R. DE SCHALLER.

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Le Comité directeur du FRIBOURG ARTISTIQUE A TRA VERS LES AGES se compose des délégués des deux Sociétés fondatrices :

POUR LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES BEAUX-ARTS:

MM. HUBERT LABASTROU, président.

P. 1.-1. BERTHIER.

MAX DE DIESBACH.

FRÉDÉRIC BROILLET.

POUR LA SOCIÉTÉ DES INGÉNIEURS ET ARCHITECTES

MM. AMÉDÉE GREMAUD.

ROMAIN DE SCHALLER.

MODESTE BISE.

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PRINCIPAUX COLLABORA TEURS

DU « FRIBOURG ARTISTIQUE A TRAVERS LES AGES »

-~-

R. P. Berthier, Professeur à l'Université. - M. Max de Diesbach, Président de la Société d'histoire.

M. Max de Techtermann, Conservateur du Musée cantonal. - -j- M. J. Gremaud, Professeur d'histoire.

M. Joseph Schneuwly, Archiviste cantonal. - M. Romain de Schaller, Architecte, Président de la Société des Amis des Beaux-Arts. - M. Amédée Gremaud, Ingénieur cantonal, Président de la Société des Ingénieurs et Architectes. - M. W. Effmann, Professeur d'Archéologie. - M. Dr Joseph Zemp, Professeur de l'Histoire de l'Art à l'Université. - Mgr Kirsch, Professeur d'Archéologie à l'Université. - M. Oharles Stajessi, Inspecteur des Arsenaux. - M. Frédéric Brçîllet, Architecte. - M. François Pahud, R. Curé de Lausanne. - M. François Reichlen, Archéologue. - M. l'abbé François Ducrest, Professeur, Secrétaire de la Société d'Histoire. - M. Georges de Montenach, Député au Grand Conseil. - Mgr Léon Esseiva, R. Prévôt du Chapitre de Saint- Nicolas. - t M. Alfred Berthoud, Artiste-peintre, à Meyriez. - M. Dr Fr. :Speiser, Professeur à l'Université. - M. Et. Fragnière, Rédacteur. - M. Léon Buclin, Conseiller communal. - M. Paul de Pury, Conservateur du Musée de Neuchâtel. - M. Gonzague de Reynold. - Dom Louis-Marie de Massiac, Bibliothécaire à la Chartreuse de la Valsainte. - M. Dr o. Schlâppfer, Professeur au Technicum. - M. Ohanoine Bossens, Recteur de St-Jean.

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PRÉFACE

--.~.--

FRIBOURG ET L'ART ALPESTRE

--~--

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ES préfaces, ou plutôt les postfaces,

.

de notre Fribourg artistique ne . doivent point être un gaspillage inutile de papier et de caractères. Bien

~~èt3 au contraire, le lecteur qui les trouve, à la fin de chaque année, en

tête du dernier fascicule, est en droit d'exiger d'elles autre chose qu'un résumé plus ou moins banal. Une revue illustrée, une revue d'art dont les planches n'ont, la plupart du temps: aucun lien entre elles, et qui s'occupe, un peu au hasard, du moins en apparence, d' œuvres anciennes ou modernes, de provenances très diverses, ne saurait se passer d'un commentaire assurant son unité. Le but de notre publication, but patriotique et social, a été maintes fois 'mis en lumière par M. de Montenach, en des pages éloquentes, dont nos abonnés n'ont point perdu le souvenir. Mais notre œuvre est essentiellement historique. L'année dernière, nous avons traduit et commenté un travail de M. Zemp sur l'art fribourgeois au moyen âge et à la Renaissance. Il ne nous reste donc plus rien à dire sur l'histoire de. notre activité locale.

Mais Fribourg est un milieu trop restreint pour être envisagé toujours comme une unité indépendante. Une petite ville, un territoire exigu ne forment point une nation. Si notre coin de terre, situé à la frontière des races et des langues, a pu exercer une influence artistique naturelle et directe, en servant d'inter- médiaire, il n'en reste pas moins vrai que la « matière » de son activité lui est venue du dehors. Ses artistes les plus grands: Schauffelin, Fries, Geiler, Crolot, aujourd'hui Mehoffer, ont été et sont des étrangers. Quant aux indigènes, ils ne peuvent former que partiellement des écoles où. 'des groupes locaux. En un mot.

Fribourg n'est qu'une fraction d'un ensemble plus vaste, sur lequel il importe d'avoir quelques idées générales.

La critique d'art évolue sans cesse. Depuis longtemps, l'on ne cherche plus à mesurer la valeur des artistes et de leurs œuvres d'après les canons immuables et intangibles des principes .académiques. L'influence des faits historiques, du

« moment » et du « milieu », nous permet d'apprécier, à leur juste valeur,

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VIII

Rembrandt, en qui s'incarne l'âme huguenote des Flandres; Poussin, ce classique de l'Ile-de-France; David ou Thorwaldsen, ces représentants du néo-classicisme dont l'expression littéraire nous est donnée dans l'œuvre d'un Chénier ou d'un

,

Gœthe, - le Gœthe de l'AchiUéide et des Elegies romaines. -De plus en plus, l'action des lois économiques et naturelles, du commerce ou de la race, nous apparaît prépondérante en matière d'art. Quand on sait que Nuremberg fut le lien commercial entre Venise et Anvers, on est à même d'apprécier l'art tour à tour alémannique et renaissant, classique et barbare, d'Albrecht Dürer. Plus près de nous, les caractères à la fois anglais et italiens des peintres genevois cessent d'être une énigme pour qui voit en Genève une étape historique sur la route de Londres à Rome. Enfin, dans notre vieux Fribourg, citadelle d'archi- tecture allemande sur une rive latine, certains détails que Fries semble avoir empruntés aux tableaux du Pérugin ou de Botticelli, certains ornements lombards des fontaines de Geiler, nous rappellent le rôle d'intermédiaire joué par la Savoie entre la Suisse et l'Italie. Au XVIme siècle, le patriciat de Gênes entretenait à sa solde une compagnie fribourgeoise, et ce simple fait explique bien des choses.

Certes, dans une préface qui doit être courte et nécessairement superficielle, il nous est impossible .d'envisager toutes ces causes dont les sciences sociales nous révèlent chaque jour l'importance. Bornons-nous à nous arrêter quelques instants au milieu géographique et naturel.

* * *

A Fribourg, cité catholique, qui doit au collège fondé par Canisius un esprit religieux et lettré, un certain h.umaaiisme, aujourd'hui encore l'un de nos carac- tères les plus originaux, les cérémonies liturgiques revêtent une solennité spéciale, tant notre histoire leur est intimement attachée. L'une des œuvres les plus intéres- santes et les plus utiles que l'on pourrait entreprendre, serait d'illustrer la Bible et l'Évangile à l'aide des tableaux, des sculptures sur bois ou sur pierre, des vitraux, de mille détails empruntés au mobilier et à l'orfèvrerie, et que nous trouvons en abondance dans notre ville et sur tout notre territoire. Œuvre populaire, car il faudrait surtout avoir recours aux enluminures naïves, aux figu- rines bariolées dont sont encore si riches nos églises de villages, nos chapelles perdues dans les bois, nos ermitages creusés dans la molasse, nos vieux sanctuaires de montagne.

Celui qui entreprendrait cette œuvre serait réjoui de maintes surprises, car il retrouverait les racines de nos croyances séculaires, non plus seulement dans l'histoire, comme nous venons de le dire, mais encore dans le sol même. Au moyen âge, et dans ·toute la Suisse, jusqu'à une date avancée du XVIme siècle, l'artiste se confondait avec l'artisan. Nous voyons Antoine Peney, l'admirable

« ciseleur» des stalles de Saint-Nicolas, fabriquer lui-même les instruments dont

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IX

il a besoin, choisir, abattre et charrier le bois dans les forêts. Fries, lui, a vraisem- blablement travaillé pour les orfèvres. L'artiste enfin, n'avait pas, sur sa propre personnalité, les idées ombrageuses des modernes; il profitait largement des formes et des symboles légués par ses prédécesseurs qu'il osait copier sans honte, et n'avait d'autre souci que le respect de la matière employée. Cette matière, il la prenait autour de lui, comme en se baissant; il lui adaptait sa forme.

De là, cette solidité, cette sincérité, cette « authenticité» des œuvres anciennes, qui sont très souvent moins belles par le travail artistique que par la valeur du bois ou de la pierre. De là aussi, cet accord parfait de l'œuvre d'art avec le sol dont elle est issue et dont elle paraît le produit naturel, comme une plante. Ces traditions locales n'étaient point des secrets d'école; elles étaient le résultat du bon sens et de l'instinct pratique du peuple; et, si les artistes, en particulier les architectes, les ont altérées ou perdues, on peut les retrouver encore dans les œuvres imparfaites des charpentiers, des menuisiers, des forgerons qui ont édifié les maisons de bois de nos villages ou décoré les églises de nos paroisses rustiques.

La connaissance de notre sol, de ses produits, de ses cultures, de son climat, du cours de ses eaux, voilà autant de notions indispensables à celui qui veut étudier et comprendre l'art de notre pays. Or, notre sol est celui des Alpes, c'est-à-dire, non point seulement les hauts sommets et les vallées supérieures, mais encore toute la région placée directement sous l'influence climatérique des montagnes. C'est dû climat qu'est née l'architecture. La quantité de pluie ou de neige a déterminé la forme et l'angle des toits; elle a créé les auvents, et, dans les villes, les arcades. L'usage de bois est devenu habituel, non point seulement grâce à l'abondance des sapins, des noyers et des chênes, mais grâce à ses qualités de solidité, d'imperméabilité et de résistance qui le rendent préférable à la pierre, cependant, point rare chez nous et parfaitement utilisable : nous en avons un exemple dans les chalets d'Allières. La pierre,' à son tour, devint par excellence la base de .l'architecture religieuse et urbaine, et celle de la sculpture. Mais la pierre du

plateau fribourgeois, c'est la molasse qui, malgré son nom si peu sympathique, prend, à l'humidité, ces belles teintes bleues et verdâtres qui caractérisent à la fois les falaises droites de, la Sarine et la tour massive de notre collégiale. La molasse se laisse manier facilement; elle ne craint ni la pluie, ni le gel; elle avait autrefois l'avantage d'être exploitée sur place; enfin, comme le grès rouge ou rose des Vosges parmi les larges verdures des pays rhénans, elle possède une harmonie un peu triste, mais en parfait accord avec les paysages barbares de la N uithonie mélancolique. Aussi, quand l'abondance de l'eau eut créé « l'art des fontaines », sut-elle prendre, sous les mains habiles de Geiler, les nobles attitudes de Samson et de la Samaritaine. Enfin, si, pendant de longs siècles, jusqu'à l'époque française, l'art fribourgeois est un art alérnannique en sa forme et en ses origines, c'est que le cours lent et sinueux de la Sarine entraîne presque toutes nos eaux vers le Rhin;

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c'est que la Suisse, fern:-ée au sud et à l'ouest, est ouverte du côté du nord: les fleuves, loin d'être des barrières, sont des liens entre leurs deux rives, et les routes véritables de la civilisation et des races.

* * *

Mais le pays, le sol n'imposent point seulement leur matière à l'artiste. Ce dernier leur doit encore son esprit, sa manière de voir, son esthétique. Il n'existe un art allemand, un art flamand, un art français, un art italien que parce qu'il existe une campagne romaine, ombrienne ou florentine, une Ile-de-France, une Touraine, une Bourgogne, les vastes plaines humides et embrumées, mais semées de vives couleurs, étendues parmi les canaux du Rhin, et les plateaux fertiles de la Franconie, de la Souabe et de la Saxe.

La force d'un art est dans sa continuité, c'est-à-dire dans la persistance de ses caractères naturels sous les variations des formes et des époques. C'est pourquoi, en poésie comme en peinture, l'art français se continue sans interruption, d'Ausone et des origines gallo-romaines, jusqu'à Corot, Puvis de Chavannes, Cézanne aujour- d'hui, en passant par les Primitifs, Ronsard, les grands classiques : Poussin et Claude Lorrain comme La Fontaine et Racine. L'art suisse n'a pas une continuité moindre; nous l'avons démontré maintes fois ailleurs; et, si, de nos jours, nous avons tant de peine à nous ressaisir, c'est que nos peintres, important de Paris ou de Munich une technique apprise, se sont déshabitués de notre lumière et de nos paysages parfois déconcertants.

En effet, à part peut-être le bassin du Léman, le bas Tessin et certaines régions valaisannes, quelle différence entre nos paysages restreints, brisés, toujours divers, et les grandes lignes calmes des plaines françaises, les rivages harmonieux de la Méditerranée, la lumière égale et dorée des pays latins! Tandis que la ligne est l'essence des tableaux classiques, le détail, c'est-à-dire lepoint. est celle des tableaux alpestres. Ceux qui, du haut d'une colline fribourgeoise, iront contempler, après avoir lu ces pages, les ondulations du plateau qui s'élève jusqu'aux Alpes, seront surpris de voir comme le moindre objet occupe une place prépondérante et dispro- portionnée, sur un sol tourmenté, encombré, dont on ne peut suivre les lignes.

Souvent, un arbre ou une maison; qui, à distances égales, serait invisible dans les plaines, semble plus important qu'un sommet ou même qu'une chaîne. Nos vieux maîtres s'accommodaient de ces difficultés; ils savaient en tirer des beautés imprévues et directes. Rien, ne fait plus penser au petit Guggishorn dominant les paysages verts et peuplés de la Singine, que le « paysage de fond » que le Maître à l'Œillet a mis à son Adoration des Mages, en l'église des Cordeliers.

Mais ce caractère se retrouve aussi bien en plein XVIIlme siècle qu'à la Renaissance, dans les gravures d'un Aberli ou dans les vers d'un Salis-Seewis, que chez les peintres

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XI

des écoles alérnanniques ; il prouve aInSI la continuité séculaire que nous avons rompue.

* * *

Pouvons-nous espérer qu'à l'aide de ces quelques réflexions, l'ensemble du Fribourg artistique n'apparaîtra plus comme une collection de planches choisies par le hasard des rencontres, mais comme le plus beau monument dressé àI'acti- vité artistique du peuple fribourgeois, du peuple suisse? Ce serait trop d'ambition pour un si court résumé. Une seule chose importe, c'est de n'avoir pas honte de nous-mêmes, mais de voir en notre passé les exemples et les modèles de l'avenir.

On ne crée pas une œuvre d'art durable, si l'on ne regarde autour de soi les moindres objets avec amour et respect, sans chercher à les déformer, niais avec la volonté ferme d'en reproduire les caractères \pernlanents qui sont l'essence de leur beauté. Après l'art français, l'art italien, l'art païen et antique lui-même, on ne saurait trop répéter avec William Ritter : « Il n'y a point de renaissance possible en dehors des traditions nationales et religieuses. » C'est la leçon que nous donnent les humbles maîtres fribourgeois.

G. DE REYNOLD .

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LA CHARTREUSE DE LA VALSAINTE1

A proximité du joli village de Charmey, les montagnes de la Gruyère forment un vaste amphithéâtre, aux horizons merveilleusement pittoresques. C'est là qu'aux pieds de la Berra se trouve la Chartreuse de Valsainte.

Elle fut fondée en 1295 par Gérard de Corbières, seigneur de Charmey. La petite-fille du fondateur, bienfaitrice aussi du couvent, mourut sans postérité; et le chroniqueur de la Valsainte lui fit, en deux mots, la plus belle' oraison funèbre que l'on puisse souhaiter: « En elle, dit-il, s'éteignit la noble et généreuse famille des seigneurs de Charmey, dont toute l'ambition fut de travailler au bonheur de leurs sujets. »

En 1381, tout le monastère, sauf l'église, devint la proie des flammes.

Il fut aussitôt relevé de ses ruinès, et les constructions nouvelles durèrent plus de trois siècles.

D'importantes restaurations se rattachent à l'année 1729; mais de sérieux dommages ne tardent pas à être causés par l'incendie de 1732.

A la suite de longues intrigues, si bien démasquées dans les écrits d'Ignace de Castella et de François Bourquenoud, la Chartreuse fut supprimée en 1778 2.

Aussi, après tant de désastres, l'église primitive, de style romano-ogival, a-t-elle disparu pour jamais.

Les bâtiments du XIVme siècle ont partagé le même sort.

Ceux du XVIlIme siècle ont été démolis en partie, et sont devenus comme une carrière, où l'on venait prendre des pi'erres toutes taillées, pour des constructions du voisinage.

En définitive, de l'ancien couvent il ne reste guère, hélas! que le souvenir.

Que sont devenus les autels et les ornements des différentes chapelles? Où sont-elles allées, ces stalles gothiques, ornées des armoiries de Corbières, de Gruyères et de Savoie 3? Qui pourra nous dire ce -fu'il advint dû tabernacle d'ébène et de deux anges en bois doré, œuvres 4 qui décoraient le maître-autel?

Heureusement, la façade principale du 'monastère et la cloche de l'église ont échappé aux injures du 'temps et au vandalisme des hommes.

Quand on a fait l'ascension du clocher, on peut lire, sur le bronze sacré, l'inscription suivante:

D . 0 • M. .

AD HONOREM. B • V . MARI~ . B • STEPHANI PROTOMARTIRIS . STEPHANA VOCABERIS .

PATRINVS TVVS • R " P • D . STEPHANVS PRIOR CARTVS1~ ET TOT· OR)) . MINISTER GENERALIS

MATRINA TVA V • M • CLAVDIA CLEMENT DOM· MON· PRATIMOLLIS PRIORISSA

AD TVVM SONITVM FIDELES AD DEI LAVDES CONVOCENTVR .

PROCVL RE CEDANT VIHTVS li\'SIDIANTIVM PEHCVSSIO FVLMINVM

CALAMITAS TEMPESTATVM'

POST DOM.VS INCENDIVM . SVB V • P • D • STEPHANO MERCIER

VALLISSANCT/E PRIOHE

ANN· DNI· NI· DCC . XXXIII . MENSE JVLII

F • P • IEAN CLAY))' DAMETY .

1 Sources principales :

," Comptes de la Valsainte. ~

2". François BO.urquenoud: Pl~écis historique ... de la Valsainte de 1295 ... à 1.836. Manuscrits de la Valsainte.

3" Dom Bernard Peter, Histoire des Chartreuses de Suisse.

4" Dom Zoël Giraudier, Histoire de la Chartreuse Saint-André de la Valsainte.

5" G. Vallier, Sigillographie de l'Ordre des Chartreux et Numismatique de saint Bruno, Imprimerie Notre-Dame des Prés, Montreuil- sur-Mer, ,891.

2 Albert Hyrvoix, Comment fut obtenue la suppression de la Chartreuse .de la. Valsainte. - Imprimerie Saint-Paul, Fribourg, 1896.

(Extrait de la Revue de la Suisse catholique, novembre 1895.)

" Les armoiries de Savoie s'ajoutèrent au blason primitif de la Valsainte, voici pourquoi: Amédée VI, souverain de Savoie, prétendit que la Valsainte, dont ilse disait suzerain, ayant été fondée sans l'autorisation de ses ancêtres, il pouvait la supprimer et s'emparer de ses biens, Mais, loin d'agir ainsi, ilvoulut, au contraire, par un acte du JO novembre 1369, confirmer l'existence de la Chartreuse, De la sorte, il acquérait tous les droits de fondateur.

4 Comptes de la Valsaiiüe, années ,63'-1632.

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Nous traduisons ainsi

A u Dieu très bon et très grand. En l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie, du bienheureux Etienne, premier martyr, Stéphanie sera ~on nom. T01~ parrain le révérend père dom, Etienne. prieur de la Grande-Chartreuse, et ministre général de tout l'Ordre. Ta marraine la uénérable mère Claude . Clément, prieure de la maison des moniales, à Prémol 1.

Que tes accents invitent les fidèles aux louanges de Dieu. Qu'ils repoussent au loin les embûches de l'ennemi, les coups de la foudre, les désastres des tempêtes.

Après l'incendie de la maison, sous le vénérable père dom Etienne Mercier. prieur de la Valsainte, L'an du Seigneur iV/DCCXXXIII. au mois de juillet.

Fondue par Jean-Claude Dameiy .

Le pèlerin ou le touriste, dès qu'il a pénétré dans le couvent de la Valsainte, se trouve en présence d'un vaste édifice, terminé par deux pavillons. L'église est au centre. Ce sont là des constructions qui remontent au XVIIlme siècle.

La façade de l'église, bien que d'une architecture assez simple, offre cependant un véritable intérêt par sa structure en pierres de taille, de grand appareil, par la pureté et l'harmonie de ses lignes, d'ordre toscan.

Trois étages, percés chacun d'une ouverture, partagent la' hauteur. Celui d'en-bas mérite une attention spéciale. Il est orné de quatre pilastres qui soutiennent l'entablement inférieur et sont d'un bel effet. Le portail consiste en deux pieds-droits, surmontés d'une corniche, qui forme la base d'une archivolte en plein cintre. La clef d'arc présente, sculptées dans un écusson gracieux, les armoiries de la Chartreuse : Coupé: au i", d'axur, à la croix de saint André alaisée d'or; au 2me,d'argent au tau d'asur 2. Ce ne sont point là les armes primitives du couvent, mais celles qu'on adopta, lors de sa reconstruction, dans la première partie du XVIIlme siècle. La croix de saint A ndré rappelle que le glorieux apôtre était le titulaire de l'église. On a placé, en pointe, sur l'écusson, un tau, ou croix de saint Antoine, en souvenir du prénom porté par le général des Chartreux, Dom Antoine de Montgeffondvquijavait contribué, dans une large mesure, à restaurer la Valsainte :3.

Au-dessus de l'arcade bom bée de la porte, on remarque une date, 1729, et un large médaillon, de forme ovale, sur lequel se détache, en lettres dorées, un texte de la Sainte-Ecriture 4.:'

SOLI DEO

« A Dieu seul. » Noble devise qui résume la vie de travail, de sacrifice et de prière, mars aussi les espérances du Chartreux.

D. L.-M. DE MASSIAC.

1 Monastère fondé en Dauphiné, l'an 1234, pour des religieuses Chartreuses.

~ Les émaux ne sont pas indiqués sur cet écusson du portail ;on les voit sur deux terriers de la Valsainte, qui remontent à l'année 1735.

(L'un est aux archives de Fribourg, l'autre, à la Chartreuse.)

3 Les armoiries actuelles de laValsainte expriment que le monastère fut restauré, en 1863, par d'anciens Chartreux de la Part-Dieu, avec le secours de la Grande-Chartreuse. Elles se blasonnent airrsi : Coupé: au l"e-de gueules à la bande d'argent, chargée d'un corbeau de sable, qui est de Yalsainte ancien; au z'" parti; au 1",d'azur à lin globe surmonté d'une croix fleuronnée d'or, accompagnée de sept étoiles de même, posées en demi-cercle, qui est de la Grande-Chartreuse : au 2"", de gueules à la grue d'argent, qui est de la Part-Dieu.

4 I'T'im., r, 17. - Judœ, 25.

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ORNEMENTS SACRES DE SAINT HUGUES, EVEQUE, DE GRENOBLE

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CONSERVES A LA CHARTREUSE DE LA VALSAINTE 1

1. Historique .

. Parmi les reliques de la Valsainte se trouvent un amict, une aube, un manipule et une étole, ayant appartenu à saint Hugues, évêque de Grenoble, bienfaiteur insigne des Chartreux, après avoir été l'élève de leur fondateur.

Saint Hugues, né en 1052, sacré évêque en 1080, passait à meilleure vie le 1er avril 1r32. Trois dates qui indiquent l'âge approximatif des précieuses reliques.

Ces ornements, d'un grand intérêt au triple point de vue de la piété, de l'archéologie et de l'art, proviennent de la Chartreuse de Saint-Hugon 2. Entourés des plus grands soins pendant huit siècles, ils sont parvenus jusqu'à nous dans un remarquable état de conservation. En 1793, lors du pillage de Saint-Hugon, ils avaient été sauvés par le zèle d'un Fribourgeois, Dom Joseph Herman 3, qui les transféra à la Part-Dieu, en même temps que l'anneau et la mitre de saint Hugues; deux autres" reliques d'une insigne rareté; qui furent, hélas 1 volées ou détruites, lorsque, en 1848, l'heure de la proscription vint à sonner pour les Chartreux de la Part-Dieu. L'un des proscrits apporta à la Valsainte, lors de sa restauration, en 1863, les ornements de saint Hugues, que nous possédons aujourd'hui.

Les monuments de ce genre et qui remontent à pareille antiquité sont uniques dans le..canton de Fribourg. Je dirai plus. Car, après de minutieuses recherches, il faut aboutir à la conclusion suivante: Que quatre vêtements sacrés, antérieurs à l'année 1r33, ayant appartenu à urïcrnëme personnage, soient conservés au XXme siècle dans un état parfait, c'est' là une chose remarquable dans l'histoire de l'archéologie.

Honneur donc à la piété des Chartreux de Saint-Hugon, ainsi qu'au zèle de Dom JosephHerman!

II. Amict.

L'amict de saint Hugues est une toile fine, rectangulaire, qui mesure.lffi,06surom,q6.ILne porte ni croix, ni ornementation. Les deux cordons sont cousus sur l'ourlet.

III. Aube.

DESCRIPTION.- Ce vêtement liturgique, par sa forme, ses dimensions etson,o,rnernentation, rappelle bien tous les caractères soit des aubes du Xl l'" siècle, décrites par Rohault de Fleur)' 4 et le R. P. Braun 5, soit d'une aube impériale. 6, tissée à Palerme, en 1181, que l'on conserve au Trésor impérial de Vienne.

1Le R. P. Joseph Braun a bien voulu nous transmettre divers renseignements, qui nous ont été précieux pour cette étude.

2 Fondée en Savoie, l'année 1172• Son nom Sancti Hugonis lui fut donné en l'honneur de saint Hugues.

3 Le célèbre moine, immortalisé par Louis Veuillot, dans ses Pèlerinages de Suisse (livre l, N' 14), était à la fois poète, mécanicien, miniaturiste, graveur et astronome. Il avait fait profession à la Chartreuse de Saint-Hugon, dont il fut chassé par la grande Révolution.

Emportant avec lui de précieuses reliques, ilse réfugia dans le canton de Fribourg, à la-Chartreuse de la Part-Dieu, ilmourut en 1821.

4 Rohault de Fleury, La Messe, tome VII.

r; Stimmen aus Maria Laach, XVIII Ergânzungsband, Heft 71. Jos. Braun: «Die priesterlichen Gewânder des Abendlandes », 1897. - Signalons tout spécialement l'aube de saint Thomas de Cantorbéry, conservée à la cathédrale de Sens.

e Au jour du couronnement, l'empereur était revêtu de tous les ornements pontificaux, sauf-la chasuble,

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L'aube de saint Hugues, d'une hauteur étonnante, Jm,g2, devait être relevée par une ceinture.

Voici quelques autres dimensions:

JO Largeur des deux grandes pièces rectangulaires, comprises devant et derrière, entre les manches, et descendant jusqu'à terre:

en haut de l'aube [m,08:

en bas de l'aube r",[2.

2° Circonférence de la jupe dans sa plus grande largeur 4111,80:

3" Dans l'orifice qui laisse passer le cou largeur de droite à gauche 0111,14:

largeur d'avant en arrière ol11,og.

4° Longueur des manches ol11,G8; leur largeur à

Aube de saint Hugues. l'entournure 0111,68.

Ce qui frappe dans la forme générale, c'est la largeur notable des manches à leur naissance, et leur ouverture bien juste aux poignets. Il en résulte plusieurs avantages : Cette largeur de l'entournure permet de vêtir avec facilité et dignité l'ornement; l'étroitesse relative du poignet donne au bras et à la main l'aisance nécessaire dans les cérémonies sacrées, tout en empêchant les manches de tomber et de laisser les bras découverts, lorsqu'ils sont élevés en croix pendant le canon, suivant l'usage pratiqué au temps de saint Hugues, et conservé encore aujourd'hui dans la liturgie des Chartreux.

L'aube se rétrécit vers la ceinture pour s'élargir aussitôt en forme de trapèze; elle descend en plis nombreux que nous retrouvons dans des vêtements similaires 1 et que l'on distingue même dans les sceaux des archives ~.

L'étoffe de lin, finement tissé, est ornée de sujets décoratifs, obtenus par des points de piqûre, d'un goût très délicat, en fil blanc. Cette décora- tion fait le tour de l'encolure, va jusqu'aux épaules, puis garnit l'ourlet qui borde le décolletage; elle se retrouve encore sur les côtés, à hauteur de la ceinture. Losanges, fleurons et volutes se combinent d'une façon heureuse, tantôt avec des chevrons, plus loin avec des lignes droites, brisées ou ondulées; ici, près d'entrelacs, ailleurs le long d'arborescences gracieuses en palmettes alternes; le tout encadré d'une double et parfois triple bordure de pointillés. Vers le milieu de la poitrine, le décor finit par une croix fleuronnée à six branches.

L'orifice supérieur, par lequel la tête passe, est très étroit:

certains liturgistes du XIImc siècle l'appellent caputium cuin lingua, Honorius d'Autun 3 désigne par caputiurn le bord de l'encolure et par lingua 4 la languette qui sert à fermer le caputiuin. Ici, le mode d'attache devait être, semble-t-il, une épingle ou un fermail, c'est-à-dire une agrafe; car il n'y a ni boucle, ni cordon, ni boutonnière, ni bouton; et de ces diffé- reEltes sortes de fermetures aucun vestige n'apparaît.

Au bas des manches, ce qui tient lieu de parements ou orfrois, c'est un travail ajouré, d'une grande finesse. Il mesure Om,082 de hauteur; bordé en haut d'un petit lacet, il est appliqué sur tout le contour des poignets.

Orfroi des manches.

1 Cette forme d'aube, que l'on voit au XI"" siècle, resta en usage jusque dans le xvr-. Citons, par exemple, les aubes conservées dans l'église de Sainte-Marie, à Dantzig; dans la cathédrale d'Halberstadt; et à Castel San Elia, près Népi, en Italie.

2 G. Demay, Le costume au moyen âge, d'après les sceaux, p. 270.

" Migne, Patrol, lat., t. CLXXII, p. 605.

4 Appelée encore lingula et ligula; ce qui donne le même sens.

Figure

TABLE DES PLANCHES
Fig. I. F = Emplacement d'une fenêtre gothique.
Fig. 2. La maison-de Techtermann d'après le plan de Grégoire Sickinger, 1582.
Fig. 3. d'une nuance un peu trop sentimentale pour le XVl= siècle. Au- Au-dessous du phylactère, on voit le millésime 1535; ensuite, un hibou se tenant sur une branche, et un monogramme que je lis lB, bien qu'on puisse aussi proposer la lecture: EB ou FB

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