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Filicides féminins : portrait et comparaisons selon des caractéristiques sociodémographiques, criminologiques et psychologiques

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Academic year: 2021

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FILICIDES FÉMININS: PORTRAIT ET COMPARAISONS SELON DES CARACTÉRISTIQUES SOCIODÉMOGRAPHIQUES, CRIMINOLOGIQUES ET

PSYCHOLOGIQUES

ESSAI DE 3e CYCLE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DU

DOCTORAT CONTINUUM D'ÉTUDES EN PSYCHOLOGIE (PROFIL INTERVENTION)

PAR

CATHERINE BEAULIEU

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Université du Québec à Trois-Rivières

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L’auteur de ce mémoire ou de cette thèse a autorisé l’Université du Québec

à Trois-Rivières à diffuser, à des fins non lucratives, une copie de son

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autorisation.

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DOCTORAT CONTINUUM D'ÉTUDES EN PSYCHOLOGIE (PROFIL INTERVENTION) (D. Ps.)

Direction de recherche:

Suzanne Léveillée, Ph. D. directrice de recherche

Jury d'évaluation de l'essai:

Suzanne Léveillée, Ph. D. directrice de recherche

Daniela Wiethaeuper, Ph. D. évaluatrice interne

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L'homicide intrafamilial est un phénomène étudié entre autres à cause de son ampleur et ses conséquences, mais aussi pour mieux comprendre les enjeux psychologiques des auteurs de ce type d'homicide. Les mères qui ont commis l'homicide de leur(s) enfantes) représentent une proportion de 45 %, par rapport aux pères, au Québec entre 1961 et 2011 (Dawson, 2015). Les objectifs de cette étude sont 1) d'établir un portrait des mères auteures d'un filicide, d'un néonaticide et d'un infanticide et de 2) réaliser des analyses statistiques comparatives pour déterminer s'il existe des différences significatives au niveau des variables sociodémographiques, criminologiques et psychologiques retenues. Les données utilisées proviennent de dossiers du Bureau du coroner en chef du Québec pour la période de 1997 à 2015. Les résultats indiquent entre autres que les mères auteures d'un néonaticide sont plus jeunes que les mères auteures d'un infanticide et d'un filicide. L'objet contondant est le moyen le plus utilisé par les mères auteures d'un filicide. Des symptômes dépressifs et psychotiques, des traits de la personnalité limite et narcissique sont plus présents chez ces dernières que pour les mères infanticides. Les analyses montrent une différence significative pour la dénonciation après le délit. Des différences significatives sont aussi observées, dans le cadre d'analyses statistiques exploratoires, pour d'autres variables. Pour finir, la présente étude a permis d'établir un portrait détaillé des trois groupes de mères, et à l'intérieur même de ceux-ci, ce qui peut ainsi avoir une retombée dans la pratique clinique, en plus de préciser la présence de différence significative pour certaines variables.

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Sommaire ... iii

Liste des tableaux ... vii

Remerciements ... viii

Introduction ... 1

Contexte théorique ... 4

Définitions et ampleur du phénomène ... 5

Compréhension théorique du filicide maternel ... 7

Passage à l'acte: mieux définir ... 7

Passage à l'acte filicide : mieux comprendre ... l0 Trames théoriques entourant le filicide, l'infanticide et le néonaticide ... 12

Études sur le filicide maternel.. ... 15

Caractéristiques sociodémographiques ... 15

Caractéristiques criminologiques ... 17

Caractéristiques psychologiques ... 21

Études sur l'infanticide ... 26

Études sur le néonaticide ... 26

Caractéristiques sociodémographiques ... 27

Caractéristiques criminologiques ... 30

Caractéristiques psychologiques ... 32

Études comparatives sur le filicide maternel, l'infanticide et le néonaticide ... 35

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Méthode ... 40

Résultats ... 46

Portrait des mères auteures d'un filicide, d'un infanticide et d'un néonaticide selon des caractéristiques sociodémographiques ... .48

Mères auteures d'un filicide ... .49

Mères auteures d'un infanticide ... .49

Mères auteures d'un néonaticide ... .49

Portrait des mères auteures d'un filicide, d'un infanticide et d'un néonaticide selon des caractéristiques criminologiques ... 50

Mères auteures d'un filicide ... 50

Mères auteures d'un infanticide ... 51

Mères auteures d'un néonaticide ... 52

Portrait des mères auteures d'un filicide, d'un infanticide et d'un néonaticide selon des caractéristiques psychologiques ... 53

Mères auteures d'un filicide ... 53

Mères auteures d'un infanticide ... 54

Mères auteures d'un néonaticide ... 54

Analyses statistiques comparatives ... 57

Analyses statistiques exploratoires ... 63

Discussion ... 66

Portrait des mères auteures d'un filicide ... 67

Portrait des mères auteures d'un infanticide ... 68

Portrait des mères auteures d'un néonaticide ... 69

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Résultats des analyses statistiques exploratoires ... 70

Résultats de l'étude et ceux de la littérature ... 72

Lirrùtes ... 78

Forces et contributions cliniques ... 79

Recommandations pour les études futures ... 82

Conclusion ... 83

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1 Caractéristiques sociodémographiques des mères auteures d'un filicide et

d'un infanticide ... 58 2 Caractéristiques criminologiques des mères auteures d'un filicide et d'un

infanticide ... 60 3 Caractéristiques psychologiques des mères auteures d'un filicide et d'un

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Premièrement, je souhaite exprimer ma reconnaissance et ma gratitude envers ma directrice de recherche, madame Suzanne Léveillée, professeure au département de psychologie de l'Université du Québec à Trois-Rivières, pour sa grande disponibilité, ses judicieux conseils et la transmission de sa passion envers ce sujet de recherche. Merci de m'avoir également offert plusieurs occasions d'apprentissages tout au long de ma scolarité. Deuxièmement, je remercie ma famille et mes proches pour leur compréhension et leur énorme soutien au cours de ce processus doctoral menant à terme cet écrit doctoral. Un merci spécial à ma mère pour ses nombreux encouragements et sa confiance en moi m'ayant ainsi permis de me dépasser et d'atteindre mes objectifs ainsi qu'à Éric, pour le sentiment de fierté témoigné. Aussi, une pensée bien spéciale pour toi Louis-Philippe qui a su m'épauler durant cette étape importante. Finalement, un clin d'œil à mon comité d'évaluation pour leurs précieux commentaires et suggestions.

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plusieurs études sur ce sujet sont réalisées dans le domaine de la psychologie. Celles-ci ont entre autres pour but d'étudier les enjeux psychologiques des individus, hommes et femmes, qui commettent différents types d'homicides intrafarniliaux. Au Canada en 2014, 9,1 % des auteures présumées d'homicides intrafamiliaux sont des femmes (Ministère de la Sécurité publique, 2016). Bien qu'il puisse s'agir d'un faible pourcentage, les femmes commettent davantage le meurtre de leurs enfants dans une proportion de 44,8 % (Ministère de la Sécurité publique, 2016). À ce sujet, au Québec entre 1961 et 2011, 208 mères, dans une proportion de 45 %, par rapport aux pères, ont causé la mort de leur(s) enfantes) (Dawson, 2015).

Cette étude comporte deux objectifs soit d'établir un portrait des mères québécoises auteures d'un filicide, d'un infanticide et d'un néonaticide et de produire des analyses statistiques comparatives pour déterminer s'il existe des différences significatives entre ces trois groupes de mères quant à des variables sociodémographiques, criminologiques et psychologiques. Pour atteindre ces objectifs, nous utilisons les données disponibles de 1997 à 2015 dans les dossiers au Bureau du coroner en chef du Québec, en plus d'informations dans des articles de journaux. Nous croyons qu'établir un portrait plus détaillé de ces mères et les comparer en trois groupes favorisera l'identification de celles

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qui, dans le futur, pourraient être plus à risque de commettre ce type de geste en plus de préciser certaines de leurs particularités générales et respectives.

Cette étude débute par la présentation du contexte théorique en exposant les différents sous-types d'homicides intrafamiliaux commis envers les enfants et l'ampleur de ce phénomène. Une présentation de la défInition du passage à l'acte, selon une approche psychodynamique, est ensuite proposée ainsi que l'évolution des terminologies employées et décrites dans la littérature en ce qui concerne le filicide maternel. Ce dernier est aussi illustré par le complexe de Médée et par la présentation de trois trames théoriques. Par la suite, une recension des écrits sur les filicides maternels, en y incluant les études sur l'infanticide et le néonaticide, est présentée en regroupant des caractéristiques sociodémographiques, criminologiques et psychologiques. Nous proposons aussi un bref aperçu des études comparatives réalisées dans la littérature sur le filicide maternel, l'infanticide et le néonaticide. La pertinence et les objectifs de l'étude incluant la question de recherche, les hypothèses et les variables étudiées sont ensuite détaillés ainsi qu'une présentation de la méthode. Nous présentons ensuite les résultats ainsi que la discussion. L'étude se termine par la présentation de la conclusion.

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homicides intrafamiliaux. Par la suite, une présentation de la définition du passage à l'acte, selon une approche psychodynamique, est proposée ainsi que l'évolution des terminologies employées et décrites dans la littérature en ce qui concerne le filicide maternel. Le complexe de Médée, pour illustrer le passage à l'acte filicide, et trois trames théoriques sont ensuite présentés aux lecteurs. Une recension des écrits sur le filicide maternel, incluant l'infanticide et le néonaticide, suit, et ce, en accordant une attention particulière aux variables sociodémographiques, criminologiques et psychologiques. Cette section se termine par une présentation d'études comparatives de ces trois sous-types d'homicides intrafamiliaux en plus de présenter la pertinence, les objectifs de l'étude, la question de recherche, les hypothèses et les variables retenues.

Définitions et ampleur du phénomène

L'homicide, qui se définit par l'acte de causer la mort d'un individu volontairement ou involontairement, est punissable selon l'article 229 du Code criminel canadien. Plusieurs types d'homicides existent dont l'homicide intrafamilial qui est commis au sein des membres de la famille. Parmi les différents types d'homicides intrafamiliaux, il existe le néonaticide et le filicide. Respectivement, il s'agit l'acte de causer la mort de son nouveau-né de moins de 24 heures (Resnik, 1970) et l'acte d'un parent de causer la mort

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de manière volontaire ou involontaire de son enfant de moins de 18 ans (Wilzcynski, 1997). De plus, les mères auteures d'un infanticide sont celles qui causent la mort de leur(s) enfantes) de moins d'un an dans un contexte de dépression post-partum. L'infanticide est d'ailleurs un acte punissable, selon le Code criminel canadien.

Au Canada, pour l'année 2017, 660 homicides, tous types confondus, sont répertoriés, soit 48 de plus que pour l'année 2016, ce qui équivaut à une augmentation de 7 % (Allen, 2018), alors qu'en 2018, 651 homicides sont déclarés à la police au Canada (Moreau, 2019). Au Québec, une trentaine d'homicides intrafamiliaux a lieu chaque année (Comité d'experts sur les homicides intrafamiliaux, 2012). Ce type d'homicides comptabilise plus de 30 % du nombre total d'homicides au Québec pour l'année 2011 (Gouvernement du Québec, 2012). En 2009, plus de 60 % des homicides commis par une femme sont à l'endroit d'un «conjoint, ex-conjoint, partenaire intime ou un autre membre de la famille» (Hotton Mahony, 2011). Selon les statistiques, l'homicide conjugal est le type d'homicide intrafamilial avec le plus haut taux d'incidence au pays (Institut national de santé publique du Québec, 2016). En revanche, l'homicide d'un enfant par son parent est également de grande ampleur.

En effet, le filicide est le deuxième type d'homicide intrafarnilialle plus répandu, tant au Québec qu'au Canada (Comité d'experts sur les homicides intrafarniliaux, 2012). Entre 1961 et 2011, au Québec, il y a 459 personnes qui ont été accusées de l'homicide de leur enfant de moins de 18 ans faisant ainsi de cette province la deuxième en importance, après

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l'Ontario, pour ce type de crime (Dawson, 2015). Dans cette même idée, entre 2007 et 2012 au Québec, 22 filicides ont été commis (Léveillée, Tousignant, Laforest, & Maurice, 2015). Par ailleurs, il est possible que le taux de néonaticides soit plus élevé que ce qui est rapporté par les statistiques officielles, car il n'inclurait pas les mères qui ont donné naissance à leur domicile ou qui n'ont pas eu de suivi médical (Seigneurie & Limosin, 2012).

Ainsi, l'incidence du filicide maternel est appuyée par les statistiques. L'ampleur de ce phénomène soulève différentes interrogations, ce qui pousse les chercheurs et les cliniciens à développer des recherches pour affiner la compréhension de celui-ci.

Compréhension théorique du filicide maternel

Cette section débute par une définition du passage à l'acte selon une approche psychodynamique. Ensuite, une présentation de l'évolution des terminologies du filicide maternel, incluant l'infanticide et le néonaticide, est proposée aux lecteurs. Le complexe de Médée est présenté puisqu'il s'agit d'une des notions utilisées pour illustrer le passage à l'acte filicide. Cette section se conclut par la présentation de trois trames théoriques associées respectivement au filicide, à l'infanticide et au néonaticide.

Passage à l'acte: mieux définir. Selon Millaud (2011), le passage à l'acte se caractérise par une limite entre la parole et l'action. La perte d'équilibre entre les mots et les comportements peut se traduire en un passage à l'acte. Ce dernier se définit par

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l'absence de «recherche relationnelle », la présence d'isolement et de découragement et la quête d'une toute-puissance. Résultant du déséquilibre entre les mots et les comportements, le passage à l'acte se produit lorsqu'un individu n'est plus en mesure de contrôler son monde interne, éprouve de la difficulté avec les limites internes et externes et utilise des mécanismes de défense primitifs et rigides. Le passage à l'acte peut d'ailleurs se situer dans le registre des acting out. Ainsi, le passage à l'acte homicidaire peut être précédé d'acting out où l'individu essaie par diverses manières de demander de l'aide et où il cherche à obtenir une réponse à son angoisse. Selon Millaud (2011), le passage à l'acte permet une réduction de la tension interne et agit à titre d'aboutissement ultime pour gérer une situation conflictuelle. Les acting out peuvent aussi être utilisés pour gérer un conflit, mais ce même auteur indique, à la suite des écrits analytiques, que ceux-ci seraient associés à une relation transférentielle dans le cadre d'un processus thérapeutique.

Le passage à l'acte violent est le résultat d'une dégradation pathologique du fonctionnement psychologique de l'individu à mettre en mots ses comportements, et ce, dans une optique de défense, de protection et de préservation (Bergeret, 2011). La notion de violence se caractérise par les défenses liées à la dynamique d'un individu qui lui permet de se défendre, de se protéger et de conserver la totalité de son narcissisme (Bergeret, 2011). Parallèlement, les passages à l'acte violents étudiés dans la présente étude sont commis par des femmes et celles-ci ne sont pas à l'abri de commettre un crime violent et plus particulièrement, contre un membre de sa famille. D'ailleurs, les femmes sont plus à risque de commettre un tel geste envers une personne avec qui elles ont un lien

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familial, plutôt qu'une connaIssance ou une personne considérée comme étrangère (Hotton Mahony, 2011).

Cela dit, il Y a une évolution dans la littérature quant aux définitions associées au filicide (Villerbu & Hirschelmann-Ambrosi, 2011). Initialement, il s'agit d'un terme qui désigne l'homicide d'un enfant par son parent, mais qui réfère aussi à la confusion qui existe entre le psychisme de l'auteur du délit et les conventions sociales. Par ailleurs, le néonaticide est un terme associé aux particularités de l'état mental et du psychisme d'une femme nouvellement mère. D'ailleurs, le terme néonaticide, spécifique au nouveau-né, est issu de généralisations faites par rapport au terme infanticide qui référait, de prime abord lui aussi, au concept de nouveau-né (Villerbu & Hirschelmann-Ambrosi, 2011). Les différentes définitions ont ainsi permis la considération de certains aspects propres à chacun des termes utilisés (Ravit, 2011). Par ailleurs, Ravit (2011) évoque l'existence d'un cadre conceptuel criminologique et psychopathologique associé à ces définitions qui permet différents éléments de classification selon le type homicide qu'une mère commet à l'endroit de son enfant. Cependant, une définition plus large est proposée pour désigner l'homicide d'un enfant par son parent, et ce, peu importe son âge (Villerbu & Hirschelmann-Ambrosi, 2011). TI est ainsi question du terme puericidaire. Celui-ci regroupe quatre catégories de problématiques telles que la séparation, la déréliction dans la maltraitance (qui réfère à l'abandon), la substitution et la déshérence dans la non-affiliation (qui réfère au déni de grossesse). Dans le cas de la séparation et de la déréliction dans la maltraitance, les auteurs de cette étude rapportent une difficulté chez les mères à

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conjuguer avec la séparation et la fusion, ces deux notions étant inconcevables, ainsi qu'une présence de haine et de ressenti vécus. À l'opposé, dans la substitution et la déshérence dans la non-affiliation, il serait question d'une présence d'enjeux narcissiques et de sentiments de vide et de solitude vécus (Villerbu & Hirschelmann-Ambrosi, 2011).

Enfin, les différentes définitions proposées, détaillées et réfléchies par les auteurs, quant à l'homicide d'un enfant par sa mère, a permis aux chercheurs contemporains de développer une meilleure compréhension de la dynamique interne des auteures de ce type de délit.

Passage à l'acte filicide : mieux comprendre. Pour comprendre plus en profondeur ce qui peut mener une mère à commettre l'homicide de son enfant, le complexe de Médée est présenté aux lecteurs puisqu'il s'agit d'une notion utilisée pour illustrer le passage à l'acte filicide.

Médée est un personnage féminin issu de la mythologie grecque et réfère au mythe d'une mère qui a tué ses enfants pour se venger de son mari qui l'a quitté pour une autre femme '. À ce sujet, le complexe de Médée, qui précise l'histoire d'une mère qui en vient à tuer ses enfants afin de faire souffrir son mari, est l'une des références de l'infanticide (Verschoot, 2013). Ainsi, l'infanticide pourrait être considéré comme un crime par «vengeance », motivation sous-jacente à cet acte.

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De plus, il est possible que le statut conjugal (en référence à la conjugalité) et le statut parental (en référence à la parentalité) soient indivisibles et que la fin d'une relation de couple mette un terme à l'union familiale (Verschoot, 2013). Une rupture conjugale entre Médée et son mari et l'acte de celle-ci de causer la mort de ses enfants mènent ainsi une rupture à la relation familiale. Par ailleurs, considérer la notion de «maternalité » s'avère pertinent pour le filicide maternel. Devenir mère est un processus inconscient qui mène à la différenciation entre le Moi et le non-Moi et nécessite d'avoir eu une mère « suffisamment bonne» et un père «suffisamment tiers ». Malgré leurs acquis aux plans personnel et professionnel et leur conformité sociale, les mères auteures de filicide n'auraient pas acquis le «sentiment d'exister par soi-même dans une présence dans l'absence ( ... ) », générant ainsi une faille à leur narcissisme (Vershoot, 2013). L'enfant représente une image d'« éternité» où il ne peut y exister une altérité, une différenciation entre le Moi et le non-Moi et une subjectivité. Ces mères utilisent différents mécanismes de défense tels que le clivage et le clivage du Moi. Autrement dit, le clivage, combiné parfois au déni, permet à ces mères de consolider une certaine forme d'assise narcissique lacunaire. Le filicide maternel est donc le résultat d'un fonctionnement psychique précaire et défaillant chez la mère (Verschoot, 2013).

Enfin, le complexe de Médée illustré par les concepts de conjugalité, de parentalité et de maternalité permet de mieux comprendre, au-delà des définitions, le développement parfois lacunaire de la construction de la dynamique interne des mères, ce qui peut favoriser une meilleure compréhension du passage à l'acte filicide. De surcroît, des

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auteurs contemporains ont également étudié divers facteurs, par le biais de trames théoriques, qui permettent de raffiner cette compréhension du filicide, de l'infanticide et du néonaticide.

Trames théoriques entourant le filicide, l'infanticide et le néonaticide. Premièrement, Mugavin (2008) propose le cadre théorique dufilicide maternel qui permet d'étoffer la compréhension des facteurs qui mènent une mère à commettre le meurtre de son enfant de moins de 18 ans. Cette théorie met en perspective la présence de vulnérabilités dites phénotypiques, dont la prédisposition à des problèmes de santé mentale et une construction inadéquate du rôle maternel, ainsi que différents déclencheurs dont le manque d'intérêt envers la parentalité et l'enfant non désiré. En d'autres termes, Fugère et Roy (2011) évoquent aussi que la grossesse force la mère à avoir une représentation même ancrée puisque son futur enfant devient une partie d'elle-même, mais aussi un être à part entière. Certaines mères auteures d'un filicide peuvent avoir de la difficulté à concevoir leur enfant comme un être distinct d'elles-mêmes en plus de vivre un flou quant à leurs limites internes et externes (Fugère & Roy, 2011). En somme, la santé mentale, une construction déficitaire du rôle de mère et le manque d'intérêt envers celui-ci ainsi qu'un enfant non désiré peuvent être des facteurs de risque à considérer dans le passage à l'acte filicide.

Deuxièmement, en ce qui concerne l'infanticide, Ravit (2011) mentionne que la mélancolie est un ressenti central dans le psychisme des mères. Ce ressenti ainsi qu'un

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narcissisme pathologique peuvent aider à mieux comprendre ce qui mène ces mères à un passage à l'acte. L'homicide de l'enfant serait donc le résultat d'une difficulté, voire d'une impossibilité, à faire le deuil de soi, la femme portant désormais le rôle de mère. Ainsi, les mères auteures d'un infanticide vivent une reviviscence traumatique en lien avec la représentation qu'est l'enfant. L'infanticide est alors un moyen pour surmonter et fuir une dynamique interne teintée d'angoisse et de détresse (Ravit, 2011). En somme, il semble que l'état mental de la mère, au moment de sa grossesse et de la naissance de l'enfant, apparaît être un facteur de risque à considérer dans la compréhension de l'infanticide.

Troisièmement, Riley (2005) propose la théorie ancrée du néonaticide qui accorde une attention sur le processus qui mène au néonaticide. Selon cette auteure, il s'agit d'une combinaison de facteurs comportementaux et psychologiques. Ainsi, le néonaticide est une finalité à la suite d'une succession de plusieurs étapes. En premier lieu, il y a la découverte de la grossesse par la mère, grossesse qui s'avère non souhaitée, accompagnée ensuite par «la peur, la dissimulation, l'isolement émotionnel, le déni, la dissociation et la panique

».

De plus, Seigneurie et Limosin (2012) considèrent que le déni de grossesse peut parfois entraîner la mère à mettre un terme à la vie de son enfant. À ce sujet, il semble exister une polémique face à la définition du déni de grossesse et ce qu'il implique. Romano (2010) émet la distinction de quatre catégories de néonaticides soit les néonaticides par désespoir, les néonaticides narcissiques, les néonaticides dans un contexte de troubles psychiatriques et les néonaticides lors de déni de grossesse. Selon cette auteure, le néonaticide lors d'un déni de grossesse se définit par le fait que la mère

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n'est pas consciente de sa condition de grossesse. Le déni de grossesse est un mécanisme de défense utilisé par la mère, afin d'éviter un anéantissement de son psychisme (Romano, 2010). Pour leur part, Seigneurie et Limosin (2012) expliquent le déni de grossesse par le refus de la mère à reconnaître sa grossesse, alors qu'elle est consciente de celle-ci, mais ne veut pas l'admettre. À cet effet, 65 % des mères auteures d'un néonaticide ont rapporté ne pas avoir été en mesure d'identifier des signes communément associés à la grossesse, alors qu'elles ont pourtant été interrogées en ce sens par au moins une personne (Amon et al., 2012). Selon ces derniers auteurs, le déni de grossesse peut être motivé de plusieurs façons telles que la peur d'être abandonnée et la réponse négative de l'entourage. Romano (2010) catégorise plutôt ce néonaticide comme ayant été commis lors d'une situation de désespoir. D'ailleurs, cette auteure précise que le déni de grossesse peut s'expliquer par l'absence d'altérité de la mère envers son enfant. Précisément, il s'agit d'une fragilité dans la dynamique interne de la mère et d'une absence de symbolique liée au processus de grossesse et de son résultat. Le nouveau-né étant plutôt considéré comme un détritus (Romano, 2010). En somme, il semble qu'une combinaison de facteurs comportementaux et psychologiques ainsi que le déni de grossesse peuvent aider à mieux comprendre le processus menant une mère à commettre un néonaticide.

D'autres motivations et enjeux peuvent être sous-jacents au passage à l'acte tels qu'un enfant non désiré (Resnik, 1970; Wilczynski, 1995) ainsi que des caractéristiques sociodémographiques, criminologiques et psychologiques propres aux mères.

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Études sur le filicide maternel

Plusieurs études sont réalisées sur le filicide maternel. Celles-ci sont d'ailleurs présentées en accordant une attention plus particulière aux variables sociodémographiques, crirninologiques et psychologiques.

Caractéristiques sociodémographiques. L'âge des mères auteures de filicide semble se situer davantage dans la fin de la vingtaine jusqu'à la fin trentaine avec une moyenne variant entre 29,3 ans et 38 ans (Amon, Putkonen, Weizmann-Henelius, & Fernandez Arias, 2019; Barone, Bramante, Lionetti, & Pastore, 2014; Bourget & Gagné, 2002; Eriksson, Mazerolle, Wortley, & Johnson, 2016; Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019; Gowda et al., 2018; Liem & Koenraadt, 2008; McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea, 1998). En revanche, selon ces auteurs, l'étendue de l'âge de ces mères varie entre 18 et 66 ans. McKee et Egan (2013) concluent plutôt que les mères auteures de filicide pourraient être plus jeunes soit avec une moyenne d'âge de 28,5 ans et une étendue allant de 14 à 47 ans. Or, cette étude inclurait des mères auteures de néonaticide. Cependant, l'étude de Stanton, Simpson et Wouldes (2000) indique aussi que les mères auteures de filicide sont âgées dans la vingtaine au moment du délit. De son côté, l'étude québécoise de Léveillée, Marleau et Dubé (2007) stipule que 38 % des mères auteures d'un filicide-suicide sont âgées de plus de 36 ans, alors que celles qui ne se suicident pas après le filicide sont âgées de plus de 36 ans dans une proportion de Il %. Par ailleurs, l'étude canadienne de Dawson (2015), qui compare les filicides maternels et paternels et qui inclut des néonaticides, indique que les mères auteures de filicide sont

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âgées de 18 et 24 ans dans 51 % des cas, ont entre 25 et 34 ans dans 46 % des cas et ont moins de 18 ans dans 92 % des cas. Ainsi, dans la littérature consultée, il semble y avoir une absence de résultats unanimes quant à l'âge moyen des mères auteures d'un filicide.

Par ailleurs, nous avons constaté qu'il ne semble pas y avoir d'études dans la littérature consultée qui se sont penchées sur la cohabitation des mères au moment du délit, ajoutant ainsi à la pertinence que cette variable soit retenue dans le cadre de cette étude.

Les résultats ne semblent pas unanimes dans les études consultées quant au statut conjugal des mères auteures de filicide au moment du crime. Elles sont mariées ou en relation, dans une proportion variant entre 35 % et 93,7 % selon certains auteurs (Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019; McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea, 1998), alors qu'elles n'ont jamais été mariées et/ou sont célibataires dans une proportion de 79 % selon un autre auteur (Dawson, 2015). De manière plus spécifique, ce denier auteur rapporte plutôt que les mères auteures de filicide sont mariées dans 37 % des cas et sont séparées, divorcées ou veuves dans 38 % des cas.

li semble y avoir peu d'études dans la littérature consultée sur la scolarité des mères auteures d'un filicide. Une étude répertoriée s'étant penchée sur cette variable indique la diplomation d'études secondaires pour 29 % des mères (McKee & Bramante, 2010). Toutefois, les résultats d'une étude récente indiquent que les mères auteures d'un filicide

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ont atteint dans 31,2 % des cas une diplomation d'études de niveau primaire, dans 43,7 % des cas une diplomation d'études secondaires et dans 25 % des cas une diplomation d'études universitaires (Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019).

À

l'inverse, l'étude d'Eriksson, Mazerolle, Wortley et Johnson (2016) rapporte plutôt que les mères n'ont pas atteint un niveau d'études secondaires dans 40 % des cas. li semble y avoir aussi peu d'études sur l'emploi occupé par les mères auteures de filicide. Les résultats varient entre 30 et 75 % quant à l'absence d'un emploi occupé au moment de l'homicide (Gowda et al., 2018; McKee & Shea, 1998), alors que les résultats d'une autre étude font état que la majorité des auteurs d'un filicide, hommes et femmes, sont sans emploi ou ont un emploi à petit revenu au moment du délit (Liem & Koenraadt, 2008). Néanmoins, la même étude de Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti et Aceti (2019) rapporte un plus faible taux lié à l'absence d'emploi chez les mères auteures d'un filicide soit de 6,2 %. Ces dernières occupent un emploi dans 62,5 % des cas, sont mères au foyer dans 18,7 % des cas et sont travailleuses autonomes dans 12,5 % des cas. L'étude québécoise de Léveillée, Marleau et Dubé (2007) fait plutôt état que 56 % des mères auteures d'un filicide-suicide sont sans emploi, alors que 82 % des mères qui ne se suicident pas après le filicide sont sans emploi.

Caractéristiques criminologiques. Les résultats dans la littérature consultée ne

semblent pas unanimes quant au moyen utilisé par les mères auteures d'un filicide lors de l'homicide. Les études de Dawson (2015), de Liem et Koenraadt (2008), qui comparent les mères et les pères auteurs de filicide, et de McKee et Egan (2013) rapportent toutes

(27)

que la strangulation (incluant l'étouffement et la suffocation) semble être la méthode privilégiée, et ce, dans une proportion variant entre 50 et 66 % des cas. D'un autre côté, les résultats d'autres études concluent que ce moyen est utilisé dans une plus faible proportion variant plutôt entre 14,7 et 25 % des cas (Bourget & Gagné, 2002; Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019; Gowda et al., 2018; McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea; 1998). La proportion de l'utilisation d'autres moyens utilisés par les mères auteures de filicide semble également varier d'une étude à l'autre. Premièrement, pour ce qui est de l'empoisonnement ou non au monoxyde de carbone ou l'incendie criminel, et ce, incluant aussi la présence de brûlures, ce moyen semble être utilisé dans une proportion variant entre 1 à 43 % des cas (Bourget & Gagné, 2002; Dawson, 2015; Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019; Gowda et al., 2018; Liem & Koenraadt, 2008; McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea; 1998). Deuxièmement, en ce qui a trait à l'utilisation d'une arme à feu, les résultats des études stipulent qu'elle ne peut être aucunement utilisée ou utilisée jusqu'à une proportion de 19 % (Bourget & Gagné, 2002; Dawson, 2015; Liem & Koenraadt, 2008; McKee & Bramante, 2010). Troisièmement, pour la noyade, ce moyen semble être utilisé dans une proportion variant entre 10 à 31,25 % selon les études (Bourget & Gagné, 2002; Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019; McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea, 1998). Quatrièmement, l'utilisation d'un objet contondant, d'une arme blanche pointue ou frappante, incluant le couteau, et qui mène au fait de poignarder, semble avoir été faite dans une proportion variant entre 4 à 44 % des cas (Bourget & Gagné, 2002; Dawson, 2015; Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti,

(28)

2019; Liem & Koenraadt, 2008; McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea, 1998). Cinquièmement, le fait de battre, de maltraiter et/ou de donner des coups menant au décès semble être une méthode utilisée par les mères dans une proportion variant entre 5,9 et 31 % des cas (Bourget & Gagné, 2002; Dawson, 2015; Gowda et al., 2018; Liem & Koenraadt, 2008; McKee & Shea, 1998). Ces derniers auteurs ajoutent que le fait de secouer l'enfant peut être également une cause du décès dans une proportion de 25 %. Finalement, il n'en demeure pas moins que certains de ces auteurs mentionnent que d'autres moyens peuvent également être utilisés pour causer la mort, et ce, entre 2 et 48 %

des cas (Bourget & Gagné, 2002; Dawson, 2015; Liem & Koenraadt, 2008).

La violence excessive (overkill), définie par Wolfgang (1958), est la commission de cinq actes incluant des coups ou tirs d'arme à feu pour tuer une personne ou que cette dernière ait été battue sévèrement. Les résultats de l'étude de McKee et Egan (2013) concluent que dans 14,3 % des mères ont utilisé la violence physique lors de l'homicide, soit quatre mères sur 28. Sur ces quatre mères, trois ont utilisé une violence physique excessive. Autrement dit, 75 % des quatre mères ayant fait usage de violence ont fait de l' overkill.

Le pourcentage de violence conjugale subie par les mères auteures d'un filicide semble varier d'une étude à l'autre et les résultats ne semblent pas unanimes dans la littérature consultée. Les mères déclarent avoir été victime de violence familiale dans une proportion de 22,2 % (Bourget & Gagné, 2002), alors que d'autres mentionnent dans une

(29)

proportion de 42,9 % avoir vécu une relation conjugale abusive (McKee & Shea, 1998). Toutefois, la présence de discordes conjugales qualifiées de sévères est constatée dans 100 % des cas dans l'étude de Gowda et al. (2018), alors que 67 % ont subi de la violence conjugale (Sidebotham & Retzer, 2018). Les résultats de Stanton, Simpson et Wouldes (2000) indiquent l'absence de violence conjugale subie pour les participantes de leur étude. L'étude québécoise de Léveillée, Marleau et Dubé (2007) rapporte quant à elle un pourcentage variant entre 23 % pour les mères auteures d'un filicide et 24 % pour les mères auteures d'un filicide-suicide.

li n'apparaît pas y avoir absence de résultats unanimes dans les études pour les antécédents criminels chez les mères auteures de filicide (Amon, Putkonen, Weizmann-Henelius, & Fernandez Arias, 2019; Léveillée, Marleau, & Dubé, 2007 McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea, 1998). De manière plus précise, ces auteurs semblent être d'avis que, dans une proportion variant de 3 % à 16 %, les mères auteures de filicide, dont celles qui ne commettent pas un filicide-suicide (Léveillée, Marleau, & Dubé, 2007), ont un historique d'antécédents criminels, d'arrestation et/ou de condamnation à l'âge adulte (Léveillée, Marleau, & Dubé, 2007; McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea, 1998). Toutefois, en ce qui concerne les mères qui commettent un filicide-suicide, les résultats de l'étude québécoise de Léveillée, Marleau et Dubé (2007) estiment qu'elles n'ont pas d'antécédents criminels. Par ailleurs, l'étude de McKee et Shea (1998) ajoute également la présence d'un historique d'arrestations à l'adolescence dans une proportion de 15 % chez les mères auteures d'un filicide.

(30)

Les études consultées indiquent un pourcentage variant entre 65 % et 76 % pour la dénonciation de l 'homicide au moment de l'arrestation ou après l'enquête (McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea, 1998). L'étude de McKee et Egan (2013) ajoute une nuance en ce qui concerne l'instance ou la personne qui reçoit la dénonciation. Selon leurs résultats, 38,1 % des mères auteures d'un filicide communiquent avec les instances policières pour dénoncer l'homicide commis, alors que 4,8 %, soit une mère sur 21, communique avec un membre de son entourage pour dénoncer son geste. Dans tous les cas, il semble uniquement que McKee et différents collaborateurs se soient penchés sur cette variable, ajoutant à la pertinence que celle-ci continue d'être étudiée.

Caractéristiques psychologiques. La littérature consultée fait état que le filicide-suicide semble un phénomène probable chez les mères. De manière plus spécifique, les résultats de l'étude de Bourget et Gagné (2002) émettent que dans le cas de six mères sur 27, soit 22,2 %, deux enfants ou plus ont été tués par celles-ci. Par ailleurs, ces six mères se sont suicidées immédiatement après l'homicide. Également, leurs résultats stipulent que 55,5 % des mères répertoriées dans cette étude, soit 15 sur 27, ont commis un filicide-suicide peu importe le nombre d'enfants qu'elles ont tué, et ce, incluant les six mères précédemment rapportées. Parallèlement à cela, les résultats d'autres études semblent émettre des constats similaires voulant que le filicide-suicide semble être un phénomène commun puisque de 21,4 % à 75 % des mères ayant commis un filicide ont tenté de se suicider après le geste (Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019;

(31)

Gowda et al., 2018; McKee & Egan, 2013; Sidebotham & Retzer, 2018), bien qu'au final

16,6 % d'entre elles ont complété leur tentative (McKee & Egan, 2013).

La littérature consultée met de l'avant l'absence d'historique de consommation

d'alcool et/ou de drogues et/ou de diagnostic lié à un trouble d'abus de substances chez

les mères auteures de filicide (Bourget & Gagné, 2002; Brown, Tyson, & Fernandez Arias,

2014; Léveillée, Marleau, & Dubé, 2007; McKee & Bramante, 2010) laissant toutefois

place à une faible possibilité selon d'autres études (Arnon, Putkonen,

Weizmann-Henelius, & Fernandez Arias, 2019; Léveillée, Marleau, & Dubé, 2007; McKee &

Bramante, 2010). À ce sujet, dans une proportion de 5 % les mères ont un trouble lié à

l'abus de substances lorsqu'elles ne commettent pas un filicide-suicide, à la différence des

mères qui en commettent un (Léveillée, Marleau, & Dubé, 2007), ou ont admis un

historique de consommation d'alcool et/ou de drogues (McKee & Bramante, 2010).

D'ailleurs, il semble que 13 % des mères auteures d'un filicide ont été intoxiquées au

moment de l'homicide (Amon, Putkonen, Weizmann-Henelius, & Fernandez Arias, 2019)

ou ont été consommatrices d'intoxicants dans 25 % des cas (Sidebotham & Retzer, 2018).

Les résultats des études répertoriées indiquent que les mères auteures de filicide ont

un historique de santé mentale ou une motivation de nature psychiatrique menant à

l'homicide (Barone, Bramante, Lionetti, & Pastore, 2014; Bourget & Gagné, 2002;

Brown, Tyson, & Fernandez Arias, 2014; McKee & Shea, 1998; Sidebotham & Retzer,

(32)

associé à la présence d'un trouble de santé mentale majeure spécifique semble toutefois laisser place à une vaste étendue selon les études. Il semble que les mères auteures d'un filicide ont un diagnostic lié à une dépression majeure variant entre 23 et 78,3 % au moment de l'homicide (Bourget & Gagné, 2002; Brown, Tyson, & Fernandez Arias, 2014; Gowda et al., 2018; McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea, 1998) et ont reçu un diagnostic lié à un trouble de l'humeur dans 47,8 % des cas après le geste (Barone, Bramante, Lionetti, & Pastore, 2014). L'étude québécoise de Léveillée, Marleau et Dubé (2007) vient spécifier la présence d'un tel trouble en regard de la présence ou non d'un filicide-suicide. À ce sujet, leurs résultats stipulent que 29 % des mères auteures d'un filicide-suicide ont un trouble dépressif, alors qu'il s'agit de 32 % pour les mères qui ne commettent pas de filicide-suicide. De plus, il semble que les mères auteures de filicide ont un diagnostic lié à une schizophrénie ou un trouble psychotique dans une proportion variant entre 11,1 et 43 % au moment de l'homicide (Bourget & Gagné, 2002; Brown, Tyson, & Fernandez Arias, 2014; Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019; McKee & Bramante, 2010; McKee & Shea, 1998) et ont reçu un diagnostic lié à un trouble psychotique dans 47,8 % des cas après le geste (Barone, Bramante, Lionetti, &

Pastore, 2014). De plus, l'étude québécoise de Léveillée, Marleau et Dubé (2007) apporte une nuance selon la présence ou non d'un filicide-suicide. À ce sujet, leurs résultats stipulent que les mères auteures d'un filicide-suicide n'ont dans aucun cas un trouble psychotique, alors que celles qui n'en commettent pas ont un trouble psychotique dans une proportion de 9 %. Parallèlement à cela, les résultats de l'étude de McKee et Shea (1998) spécifient que 80 % des mères ont un diagnostic associé à un trouble de santé

(33)

mentale dont la majorité, soit 65 %, est un trouble affectif. Selon ces mêmes auteurs, 20 % des femmes ont été considérées inaptes à subir leur procès et 20 % ont utilisé une défense associée à leur santé mentale, à la suite d'une évaluation psychiatrique. Une étude plus récente conclut que 31 % des mères auteures d'un filicide sont reconnues non criminellement responsables sans toutefois satisfaire les critères d'un trouble psychotique (Arnon, Putkonen, Weizmann-Henelius, & Fernandez Arias, 2019). Par ailleurs, en plus des troubles précédemment explicités, certaines études rapportent également la présence de troubles de la personnalité variant entre 6,2 % et Il %, et parfois combinés avec une dépendance, de troubles anxieux variant entre 4 % et 56,2 % des cas et en incluant parfois des troubles de l'humeur (Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019; McKee & Bramante, 2010), de troubles liés à un fonctionnement limite ou un retard mental dans 35 % des cas (McKee & Shea, 1998), de dépression nerveuse dans 7,4 % des cas, de trouble obsessionnel compulsif dans 3,4 % des cas et de changements d'humeur dans 3,7 % des cas (Brown, Tyson, & Fernandez Arias, 2014). Ces derniers auteurs abordent également la présence d'idéations suicidaires dans Il,1 % des cas, d'idéations homicidaires dans 3,7 % des cas et de comportements violents irrationnels dans 3,7 % des cas.

Selon l'étude de Liem et Koenraadt (2008), il y a présence de diagnostic de santé mentale en lien avec les axes 1 et II. À ce sujet, selon leurs résultats, 37 % des mères ont un diagnostic à la fois sur l'axe 1 eLà l'axe II, alors que de 12 % ont un diagnostic uniquement sur l'axe 1 et 40 % ont un diagnostic uniquement sur l'axe II. Finalement, bien

(34)

que la présence de traits ou de troubles de santé mentale semble claire dans la littérature consultée, les études de Liem et Koenraadt (2008) et de McKee et Bramante (2010) viennent nuancer ce consensus en affirmant qu'il est également possible que les mères auteures de filicide n'aient pas de diagnostic psychiatrique de manière générale ou sur l'axe l et II variant entre 9 et 15 %.

Les résultats des études consultées dans la littérature émettent une tendance pour la consultation et l'hospitalisation des mères auteures d'un filicide. À cet effet, les pourcentages semblent variés, mais ils indiquent la présence d'une consultation ou d'une hospitalisation. Les résultats semblent se situer entre 15 et près de 50 % pour ce qui est des mères qui ont reçu des soins psychiatriques et qui ont consulté un professionnel de la

santé ou qui ont été hospitalisées (Bourget & Gagné, 2002; Giacchetti, Roma, Pancheri,

Williams, Meuti, & Aceti, 2019; McKee & Shea, 1998). Bourget et Gagné (2002) viennent d'ailleurs spécifier qu'il s'agit de consultation pour des troubles dépressifs ou psychotiques. Une étude plus récente fait état d'un pourcentage de 81,5 % pour des mères qui ont consulté au moins une fois dans leur vie un professionnel de la santé mentale

(Brown, Tyson, & Fernandez Arias, 2014). Ces auteurs ont mentionné que ces mères sont

plus souvent en contact avec les services de santé mentale que les mères n'ayant pas commis ce type d'homicide. Par ailleurs, l'étude de Stanton, Simpson et Wouldes (2000) spécifie que les participantes retenues dans leur étude avaient été identifiées par des psychiatres et avaient reçu des services en santé mentale pour la majorité. En ce qui concerne les divergences entre les mères auteures d'un filicide qui n'ont pas commis un

(35)

suicide après l'homicide et celles qui l'ont fait, l'étude québécoise de Léveillée, Marleau et Dubé (2007) rapporte la présence d'hospitalisation dans 27 % pour le premier cas et 12 % dans le deuxième cas.

Études sur l'infanticide

Selon la littérature consultée, il semble y avoir un nombre restreint d'études portant sur l'infanticide. En revanche, considérant que les définitions semblent variées entre

autres par les différentes cultures telles qu'Américaines et Européennes (Spinelli, 2005)

et lajudiciarisation de l'infanticide selon les lois françaises (Dayan & Bernard, 2013) et le Code criminel canadien, il est possible que certaines études présentées précédemment incluent des infanticides dans les filicides. li est aussi probable que dans la présentation des études sur le néonaticide qui suit, il y a également des infanticides qui y sont inclus.

Cela dit, l'étude française de Viaux (2014) présentait deux vignettes cliniques d'enfants,

âgés de quelques mois à quelques années de vie, tués par leur mère, et ce, en accordant

une attention particulière aux enjeux psychologiques de ces dernières. Les conclusions de cette étude indiquent que ces deux mères ont attribué leur propre souffrance psychique de

manière inconsciente à leur enfant au détriment de leur relation mère-enfant.

Études sur le néonaticide

Plusieurs études sont réalisées sur le néonaticide. Celles-ci sont d'ailleurs présentées

en accordant une attention plus particulière aux variables sociodémographiques,

(36)

Caractéristiques sociodémographiques. L'âge des mères auteures d'un néonaticide semble se situer davantage dans la vingtaine avec une moyenne ou une médiane variant entre 20,91 ans et 28 ans (Amon et al., 2012; Beyer, Mcauliffe Mack, & Shelton, 2008; Shelton, Corey, Donaldson, & Hemberger Dennison; 2011; Shelton, Muirhead, & Canning, 2010; Vellut, Cook, & Tursz, 2012; Viaux & Combaluzier; 2010). En revanche, selon ces auteurs, l'étendue de l'âge varie entre 12 et 44 ans. Également, les mères auteures de néonaticide ont 17 ans ou moins dans 29,5 % des cas, ont entre 18 et 21 ans dans 38,6 % des cas (Shelton, Muirhead, & Canning, 2010) et ont moins de 21 ans dans 72,5 % des cas (Beyer, Mcauliffe Mack, & Shelton, 2008). L'étude québécoise de cinq cas cliniques de mères auteures de néonaticide de Dubé, Léveillée et Marleau (2003) indique que l'âge moyen varie entre 16 et 26 ans avec une moyenne de 20,2 ans. Ainsi, il est possible de constater l'inclusion d'adolescentes dans les études portant sur le néonaticide, ceci laissant croire que celles-ci peuvent être plus jeunes, mais également d'âge mineur.

La littérature consultée fait état que dans plus de 95 % des cas, les mères auteures de néonaticide cohabitent avec quelqu'un (Shelton, Corey, Donaldson, & Hemberger Dennison, 2011; Shelton, Muirhead, & Canning, 2010). Selon ces auteurs, entre 50 et 64 % des mères demeurent avec leurs parents et de ces proportions, entre 74 et 77 % habitent avec d'autres personnes, incluant la fratrie, en plus des parents. lis ajoutent également qu'entre 42,8 et 50 % des mères ne demeurent pas avec leurs parents, mais plutôt, entre autres, avec leurs enfants dans une proportion variant entre 33,3 et 42,3 % ou

(37)

avec leur conjoint ou mari dans une proportion variant entre 22,2 et 26,9 %. En ce qui concerne la cohabitation avec leur conjoint, cette proportion serait plus élevée, variant ainsi entre 33,3 et 57,1 %, selon d'autres auteurs (Amon et al., 2012; Viaux &

Combaluzier, 2010). Ainsi, il semble que les mères auteures de néonaticide cohabitent dans une plus large proportion avec leurs parents ou beaux-parents (45,5 %), leurs conjoints ou partenaires (40,9 %), leurs enfants (9,1 %) ou d'autres personnes incluant les amis (4,5 %) (Vellut, Cook, & Tursz, 2012). Au Québec, les résultats de l'étude de Dubé,

Léveillée et Marleau (2003) rapportent dans quatre des cinq cas cliniques de mères auteures de néonaticide que celles-ci ont donné naissance au domicile de leurs parents (3) ou de leur conjoint (1).

li semble aussi y avoir une absence de résultats unanimes dans la littérature consultée

quant au statut conjugal des mères auteures de néonaticide au moment de l'homicide. À

ce sujet, elles sont mariées dans 57,1 % des cas selon certains auteurs (Vellut, Cook, &

Tursz, 2012), alors qu'elles n'ont jamais été mariées dans une proportion de 85 % des cas selon d'autres auteurs (Beyer, Mcauliffe Mack, & Shelton, 2008). Toutefois, il semble

qu'elles sont en relation conjugale dans près de 50 % des cas (Vellut, Cook, & Tursz,

2012), alors que dans d'autres études, elles ne sont pas impliquées dans une relation dite formelle dans une proportion 32,1 % (Amon et al., 2012).

En ce qui concerne les pourcentages liés à la scolarité et l'emploi des mères auteures de néonaticide, il semble y avoir une grande variabilité dans la littérature. Dans l'étude

(38)

d'Amon et al. (2012), il est indiqué que 43,5 % des mères accomplissent des études de

niveau secondaire, 47,8 % complètent leur scolarité obligatoire, alors que 8,7 % ne les ont

pas terminées. Les résultats de l'étude de Shelton, Muirhead et Canning (2010) semblent

également tendent vers le fait que près de la moitié, soit 48 %, ont fait leurs études, tous

niveaux confondus. Selon les différentes études consultées, entre 14 et 25 % des mères

sont sans emploi au moment de l'homicide (Amon et al., 2012; Shelton, Muirhead, &

Canning, 2010), alors que 36 % occupent un emploi (Shelton, Muirhead, & Canning,

2010). De son côté, l'étude de Beyer, Mcauliffe Mack et Shelton (2008) vient spécifier le

niveau de scolarité complété et l'emploi occupé selon l'âge des mères auteures de

néonaticide au moment de l'homicide. À ce sujet, les mères de moins de 18 ans auraient

moins d'une éducation de niveau secondaire dans 6 % des cas, alors que 39,4 % ont au

moins une scolarité de niveau secondaire. Pour ce qui est des mères de plus de 18 ans,

elles ont moins d'une éducation de niveau secondaire dans 14 % des cas, un diplôme de niveau équivalent dans 5 % des cas, un diplôme d'études secondaires dans 29 % des cas

et un diplôme d'études collégiales dans 52 % des cas. D'ailleurs, pour ce qui est des études

collégiales, le pourcentage semble plutôt de 33,3 % dans l'étude de Viaux et Combaluzier (2010). Les études secondaires ou professionnelles menant à un métier précis semblent également tendent vers un pourcentage de 50 % chez les mères néonaticides. Ces mêmes auteurs indiquent également dans leur échantillon de mères auteures de néonaticide, un

niveau d'études de niveau primaire complété dans 16,7 % des cas. Finalement, les

(39)

scolarité de niveau secondaire atteint dans l'un des cinq cas étudiés, alors que cette information ainsi que l'emploi occupé ne sont pas répertoriés pour les quatre autres cas.

Caractéristiques criminologiques. Les résultats des études consultées dans la littérature semblent faire état que l'utilisation d'un asphyxiant est la méthode privilégiée dans une proportion variant entre 53,8 et 86 % pour les mères auteures de néonaticide (Shelton, Corey, Donaldson, & Hemberger Dennison, 2010; Shelton, Muirhead, & Canning, 2010). De manière plus spécifique, ]' asphyxiant utilisé varie entre le sac de plastique (38 %), l'eau (31 %), l'étranglement (5 %) et la strangulation à mains nues (3 %) (Shelton, Corey, Donaldson, & Hemberger Dennison, 2011). Également, selon ces mêmes auteurs, les asphyxiants utilisés tels que la suffocation (62 %), la noyade (30 %) et l'étranglement (8 %) sont considérés comme les causes du décès. En plus des asphyxiants, la cause du décès de l'enfant peut aussi être liée à un traumatisme dû à l'utilisation d'un objet contondant, au fait d'avoir été poignardé et à l'utilisation d'autres méthodes que celles évoquées, et ce, dans 5,1 % dans tous ces cas (Shelton, Muirhead, & Canning, 2010). Ces mêmes auteurs ajoutent que la cause de la mort peut être indéterminée dans une proportion de 13,3 %. En revanche, bien qu'il semble y avoir une majorité d'auteurs ayant fait état que l'asphyxie est le moyen le plus répandu auprès des mères auteures de néonaticide, Viaux et Combaluzier (2010) estiment que la cause ayant mené au décès, dans une plus grande portion, soit dans 38,5 % des cas, est l'absence de soins prodigués, suivi ensuite de l'étranglement ou l'asphyxie incluant la noyade dans 30,8 % des cas, la présence de coups violents dans 23,1 % des cas et la noyade réalisée dans une baignoire

(40)

dans 7,7 % des cas. Les résultats de l'étude québécoise de Dubé, Léveillée et Marleau (2003) stipulent que dans quatre des cinq cas cliniques, la découverte du corps du nouveau-né a été constatée dans un sac de plastique et/ou de poubelle, bien que la cause du décès ne soit toutefois pas précisée.

Il ne semble pas y avoir d'études s'étant penchées sur l'utilisation de violence excessive (overkilf) lors de l'homicide ajoutant ainsi à la pertinence que cette variable soit retenue et étudiée dans le cadre de cette étude. En revanche, l'étude québécoise réalisée par Dubé, Léveillée et Marleau (2003) indique que dans un cas de néonaticide, il y avait absence de marque de violence sur le corps du nouveau-né.

Pour ce qui est de la violence conjugale subie, il ne semble pas y avoir d'études dans la littérature consultée s'étant penchée sur cette variable au même titre que la dénonciation à la suite de l'homicide.

li semble y avoir des résultats unanimes dans les études consultées de la littérature pour ce qui est de la présence d'antécédents criminels chez les mères auteures de néonaticide (Amon et al., 2012; Beyer, Mcauliffe Mack, & Shelton, 2008; Shelton, Muirhead, & Canning, 2010). De manière plus spécifique, il semble qu'un peu plus de 22 % de ces mères ont des antécédents criminels (Beyer, Mcauliffe Mack, & Shelton, 2008; Shelton, Muirhead, & Canning, 2010), mais qu'aucun de ceux-ci n'implique un crime commis à l'endroit d'un enfant (Beyer, Mcauliffe Mack, & Shelton, 2008). De

(41)

manière plus spécifique, ces mêmes auteurs font état que les mères auteures de néonaticide

de moins de 18 ans ont des antécédents juvéniles dans une proportion de 33,3 % et que les

mères auteures de néonaticide de plus de 18 ans en ont dans une proportion de 18 %. De

cette proportion, 60 % des antécédents criminels sont des crimes non violents, alors que

40 % des antécédents criminels sont à la fois des crimes non violents et violents. En accord

avec cette plus grande proportion d'antécédents criminels non violents, l'étude d'Amon

et al. (2012) stipule que les antécédents criminels consistent en des crimes contre les biens

dans 17,4 % des cas, alors que les crimes violents se situent dans une proportion de 4,4 %. De plus, parmi les antécédents répertoriés, il est question de fraudes, cambriolages, vols, biens volés et vols qualifiés, d'infractions liées aux drogues, vandalisme, intrusion,

menaces terroristes, harcèlement et agressions, perturbations et conduites désordonnées,

résistance à une arrestation et violation d'une ordonnance de Cour ainsi que fausses

identités et statut de fugitive (Beyer, Mcauliffe Mack, & Shelton; 2008; Shelton,

Muirhead, & Canning, 2010). Selon ces derniers auteurs, les antécédents criminels des mères auteures de néonaticide se totalisent au nombre de 26 avec une étendue allant de deux à six, mais dans une proportion de 60 %, il est question d'un ou deux antécédents criminels.

Caractéristiques psychologiques. L'étude québécoise de cas cliniques de mères

auteures de néonaticide effectuée par Dubé, Léveillée et Marleau (2003) ne rapporte aucun

cas d'homicide-suicide à la suite de l'accouchement et de la mort du nouveau-né. Pour ce qui est de la consommation d'alcool et/ou drogues, cette même étude indique dans un des

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cinq cas cliniques, la mère a consommé de l'alcool et était ivre lorsqu'elle a été découverte ainsi que le corps du nouveau-né. Ainsi, il semble y avoir peu d'études dans la littérature s'étant penchées sur ces deux variables ajoutant ainsi à la pertinence de les retenir dans le cadre de cette étude. Comme constaté précédemment pour la cohabitation des mères auteures de filicide et la présence ou l'absence de violence excessive des mères auteures de néonaticide, l'absence d'études répertoriées dans celles consultées amène à réfléchir sur la présence de portraits spécifiques. Cependant, l'étude québécoise de Dubé, Léveillée et Marleau (2003) indique la possibilité de différents portraits de mères pour un même sous-type d'homicide intrafarnilial commis à l'endroit d'un enfant et de différences significatives entre ces groupes de mères selon des variables précises.

La littérature consultée fait état que les mères auteures de néonaticide ont avant le l'homicide, au moment de celui-ci ou après ce dernier, un diagnostic psychiatrique (Amon et al., 2012; Beyer, Mcauliffe Mack, & Shelton, 2008; Shelton, Muirhead, & Canning; 2010; Viaux & Combaluzier, 2010). De manière plus spécifique, l'étude de Beyer, Mcauliffe Mack et Shelton (2008) rapporte un diagnostic psychiatrique dans une proportion de 30 % à l'un de ces trois moments. De cette proportion, 41,7 % ont un diagnostic psychiatrique avant, pendant et après le crime. Selon ces mêmes auteurs, avant le néonaticide, les mères, dans une proportion de 15 %, ont un diagnostic psychiatrique. À ce sujet, sur les 40 mères de cette étude, six ont un diagnostic et pour trois d'entre elles, le diagnostic est un retard mental dans deux cas et des difficultés d'apprentissage dans un cas. Ainsi, aucune mère n'a un diagnostic de nature psychotique au moment du crime

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(Beyer, Mcauliffe Mack, & Shelton, 2008). Dans ce même ordre d'idées, l'étude de Shelton, Muirhead et Canning (2010) appuie l'idée que les mères ont un diagnostic en santé mentale au moment de l'homicide, et ce, dans une proportion de 25 %. Parmi ces diagnostics non mutuellement exclusifs, il est question de dépression, d'anxiété, de trouble dissociatif, de trouble dissociatif de l'identité, de retard mental, de trouble d'adaptation et

d'apprentissages. Selon les résultats de cette même étude, une seule mère a un diagnostic de nature psychotique, alors qu'aucune n'a un diagnostic de dépression post-partum. De plus, les mères ont entre un et quatre diagnostics, mais la majorité, dans 63,6 % des cas,

en a un. Également, 6,8 % des mères ont plaidé pour la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux, mais aucune n'a été retenue (Shelton, Muirhead, & Canning, 2010). En ce qui concerne la période suivant l'homicide, 78,3 % des mères ont reçu une évaluation psychiatrique de nature psycho légale (Amon et al., 2012). Parmi ces mères, 27,8 % ont reçu un diagnostic de trouble de l'humeur, Il,1 % un trouble psychotique bref et 6 % un trouble de la personnalité. En revanche, 27,8 % n'ont pas reçu de diagnostic psychiatrique à la lumière de cette évaluation. D'autres auteurs estiment qu'aucune des mères n'a un trouble psychotique selon les experts qu'elles ont rencontrés (Viaux & Combaluzier, 2010). En revanche, selon ces auteurs, 50 % des mères ont un trouble de la personnalité dit «non caractérisé» soit 33,3 % sont considérées comme ayant un «état limite », alors que 66,6 % sont considérées comme ayant des traits «névrotiques ». Par ailleurs, l'étude française de quatre vignettes cliniques de néonaticides de Génuit (2013)

amène à la réflexion la possibilité d'une

«

psychotisation ponctuelle» chez les mères auteures d'un néonaticide. La dissociation et le déni sont également soulevés comme

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pistes de réflexion en lien avec les notions de conjugalité et de parentalité de ces mères, en regard de l'homicide commis à l'endroit de leur enfant (Génuit, 2013).

Pour ce qui est de la consultation et l'hospitalisation des mères auteures d'un néonaticide, il ne semble pas y avoir d'études s'étant penchées sur ces variables dans la littérature consultée. D'ailleurs, un faible nombre d'études rapportent la présence de

consultation médicale liée à la grossesse puisque cette dernière n'a pas été enregistrée

avant la naissance de l'enfant (Vellut, Cook, & Tursz, 2012).

Études comparatives sur le filicide maternel, l'infanticide et le néonaticide

Selon la littérature, il existe peu d'études comparant le filicide maternel, l'infanticide

et le néonaticide. D'ailleurs, il s'agit principalement de recension de la documentation

(Hatters Friedman, Cavney, & Resnik, 2012; Logan, 1995; Pitt & BaIe, 1995) ou encore

d'études de cas cliniques (Camperino Ciani & Fontanesi, 2012).

L'étude comparative italienne de cas cliniques de Camperio Ciani et Fontanesi (2012)

conclut que les mères auteures de néonaticide sont plus jeunes que celles auteures d'un

infanticide ou d'un filicide. Selon les résultats de ces auteurs, les femmes auteures de

néonaticide ont en moyenne 26,5 ans, alors que les mères auteures d'infanticide ont

32,3 ans et les mères auteures d'un filicide ont 36,3 ans. Également, il existe une

différence significative quant au statut conjugal des mères auteures de néonaticide en

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suffocation est utilisée dans 86,8 % des cas chez les mères auteures de néonaticide ce qui s'avère être une différence significative avec les mères auteures d'infanticide et de filicide. En ce sens, il y a une différence significative en ce qui concerne la présence de violence excessive et d'acharnement sur la victime lors de l'homicide.

À

ce sujet, ['overkill est

présente dans une proportion de 13,2 % chez les mères auteures de néonaticide et dans

une proportion de 95,8 % chez les mères auteures d'infanticide et de filicide. Pour ce qui

est des enjeux psychologiques, il y a aussi une différence significative quant au de suicide chez ces mères. De manière plus spécifique, les mères auteures de néonaticide n'ont pas

tendance à se suicider, alors que cela est plutôt le cas dans une proportion de 45,8 % chez

les mères auteures d'infanticide et de filicide. Finalement, ces auteurs stipulent que des

psychopathologies sont présentes dans 5,3 % des cas des mères auteures de néonaticide et

dans 70,8 % des cas des mères auteures d'infanticide et de filicide laissant ainsi place à

une différence significative.

À

la lumière de ces constats, il est entre autres possible de remarquer qu'il existe des

différences quant aux conclusions de cette étude comparative et celles obtenues dans les

études spécifiques portant sur le filicide maternel et le néonaticide. Par ailleurs, dans cette étude, l'infanticide semble avoir été regroupé avec le filicide laissant ainsi place à deux groupes plutôt que trois dans cette étude. McKee et Egan (2013) concluent d'ailleurs qu'il existe un caractère distinctif entre les sous-groupes possibles de filicides maternels.

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Pertinence et objectifs de l'étude

Dans la littérature scientifique consultée, il existe un nombre limité d'études comparant le filicide maternel, l'infanticide et le néonaticide. Toutefois, la littérature consultée laisse place à un nombre considérable d'études comparatives, mais qui concerne les similitudes et différences entre les femmes et les hommes auteurs de filicide (Brown, Tyson, & Fernandez Arias, 2014; Dawson, 2015; Eriksson, Mazerolle, Wortley, & Johnson, 2016; Léveillée, Marleau, & Dubé, 2007; Wilczyn ski , 1997) ou uniquement entre deux sous-types de crimes soit le néonaticide et l'infanticide (Malmquist, 2013; Porter & Gavin, 2010) ou l'infanticide et le filicide (Giacchetti, Roma, Pancheri, Williams, Meuti, & Aceti, 2019; Hatters Friedman & Resnik, 2007).

Également, la littérature consultée fait état d'études qui se penchent sur un sous-type d'homicide intrafamilial commis par des mères soit le néonaticide, l'infanticide (Dayan

& Bernard, 2013; Spinelli, 2005) ou le filicide.

Des études comparatives et exploratoires entre ces différents sous-types d'homicides intrafamiliaux commis par des mères sont peu fréquentes, malgré des similitudes et différences observées entre ceux-ci. Ainsi, dû à l'incidence des filicides maternels, à la présence de caractéristiques propres et partagées entre ceux-ci et à la quasi-inexistence d'études comparant ces trois types d'homicides intrafamiliaux commis par des mères, et ce, à partir de dossiers selon la littérature consultée, cette étude a deux objectifs:

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1. Établir un portrait descriptif de mères québécoises auteures d'un filicide, d'un

infanticide et d'un néonaticide à l'aide de variables sociodémographiques,

criminologiques et psychologiques;

2. Produire des analyses statistiques comparatives entre les mères auteures d'un

filicide et d'un infanticide, afin de répondre à la question de recherche suivante: «Quelles sont les similitudes et les différences en ce qui a trait aux

variables sociodémographiques, criminologiques et psychologiques entre des

mères ayant commis ces deux types d'homicides intrafamiliaux ? »2.

Cela dit, les deux objectifs permettront de mieux identifier les mères, et ce qui les

caractérisent, qui pourraient être à risque d'en commettre dans le futur et donc, tenter de

les prévenir. Par ailleurs, l'établissement d'un portrait détaillé de ces trois groupes de

mères pourra avoir des répercussions pour le dépistage, l'évaluation et l'intervention

auprès de celles-ci. De surcroît, les pistes d'intervention pour une prise en charge

thérapeutique pourront être plus ajustées à leurs besoins.

Dans le cadre de la présente étude, les variables indépendantes sont au nombre de

trois soit le filicide tel que défini précédemment par Wilczynski (1997), le néonaticide tel

que défini précédemment par Resnik (1970) et l'infanticide tel que défini précédemment

2 Les analyses statistiques comparatives avec les mères auteures d'un néonaticide n'ont pas été mises à

l'avant-plan dans cette étude, considérant le petit n de cet échantillon. En revanche, des analyses

statistiques de type exploratoire ont été effectuées en incluant le groupe de mères auteures d'un

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