PREMIÈRES OBSERVATIONS SUR LA POLLINISATION ET
LA COULURE DES FLEURS DE LUZERNE
EN CHARENTES (MEDICAGO SATIVA L.)
Erste Beobachtungen über die Bestäubung
und das Abfallen der Blüten bei der Luzerne
(Medicago sativa L.) in Charentes
Alain DELAUDE Jean-Noël TASEI Pierre BLANCHARD Fédération nationale des
Agriculteurs Multiplicateurs
de Semences.Laboratoire
d’Ethologie
etd’Écologie
desInsectes,
Station d’Amélioration des Plantesfourragères,
I. N.R.A.86 -
Lusignan
SUMMARY
PRELIMINARY OBSERVATIONS ON THE POLLINATION AND THE
WASHING AWAY OF THE POLLEN OF LUCERNE FLOWERS
(Medicago sativa)
IN CHARENTES
The authors describe methods for
observing pollinators
andtechniques
forfinding
theorigin
andmeasuring
theimportance
of the losses in lucerne flowers and fruits.During
the Summer1970,
it was established that the mainApoidea species
thattripped
lucerne flowers at Barbezieux in the Charentes area were : Andrena labialis
Kby
and Euceratuberculata F. in
June,
and Melittaleporina
Panz. inJuly.
A. labialis seems to be lessstrictly
bound to the
papilionaceous plants
than E. tuberculata.The average
tripping
rate of the flowers was 70%.
The rate ofphysiological washing
away of the
pollen
is lessimportant
when thepollination
is manual(with supply
offoreign pollen)
than when it is natural(54 %
and 62% respectively).
Two flowers out of three havenot
given harvestworthy pods
in the observation fields.RÉSUMÉ
Les auteurs décrivent des méthodes d’observation de la faune
pollinisatrice
et des tech-niques
permettant de mesurerl’origine
etl’importance
des pertes en fleurs et fruits de la luzerne.Il a été établi au cours de l’été 1970 que les
principales espèces d’Apoïdea
solitaires déclen- chant les fleurs de luzerne à Barbezieux dans larégion
des Charentes sont : Andrena labialisKby.
et Eucera tuberculata F. enjuin
et Melittaleporina
Panz. enjuillet.
A. labialisparaît
être moins strictement inféodée aux
plantes
de la famille desPapilionacées, qu’E.
tuberculata.Le taux de déclenchement moyen des fleurs a été 70
%.
Le taux de coulurephysiologique
en
pollinisation
manuelle(avec
apport depollen étranger)
est moinsimportant qu’en pollini-
sation naturelle
(54 %
et 62% respectivement).
On estime que sur leschamps d’observation,
deux fleurs sur trois n’ont pas donné de gousses récoltables.INTRODUCTION
L’étude des insectes pollinisateurs de la luzerne
adébuté
enFrance
en1962, à la Station d’Amélioration des Plantes fourragères de Lusignan. Après
avoir dressé
unpremier inventaire de la faune pollinisatrice
on apu étudier l’évolution des populations,
etpréciser certains points essentiels
concernantla biologie
etle comportement de butinage
etde nidification des espèces principales (L ECOMTE .J.
etT IRGARI S., 1962 ; T IRGARI S., 1968). Des obser-
vations complémentaires
ontpermis de
mesurerl’activité de déclenchement des
insectes etd’évaluer les pertes imputables à
une mauvaisepollinisation
et
à
unecoulure des fleurs fécondées.
Cependant
nouspossédons seulement des données fragmentaires
enpro-
venance
de régions plus méridionales, productrices de
semencesde luzerne
et
les résultats obtenus à Lusignan n’ont dans leur ensemble qu’une valeur
locale. Il apparaît donc indispensable d’élargir
cesobservations à plusieurs régions de France. L’essai réalisé
enCharentes
au coursde l’été 1970 dans le cadre du C.E.T.A. de Barbezieux
estsusceptible d’apporter
auxagriculteurs multiplicateurs de
ce secteurd’utiles renseignements,
tout ens’intégrant
dans le
contextedes études écologiques
surles insectes pollinisateurs.
Nous
nousproposions d’une part d’effectuer l’inventaire de la faune des
apoides pollinisateurs de la luzerne
etd’étudier certains caractères biologiques
et
écologiques des espèces
communes ;d’autre part, de
mesurerles effets de leur butinage
etde déterminer l’importance
etl’origine des pertes
enfleurs
et
fruits de la luzerne.
MATÉRIEL
ETTECHNIQUES
D’OBSERVATIONNous avons choisi quatre
champs
de luzerne(A, B, C, D)
entre les localités de Barbezieux et de Blanzac(Charentes).
Cette zone duCognaçais,
vallonnée est caractérisée par des solsargilo-calcaires
de mêmeorigine.
C’est unerégion
depolyculture
et devignes.
Le
champ
B et lapartie A,
duchamp
A ont une floraisonprécoce (pas
deprécoupe).
Les
champs C,
D et lapartie A!
duchamp
A ont une floraison tardive(avec précoupe).
Nouscaractérisons
chaque biotope schématiquement
par sonexposition (plateau
ou flanc devallon)
et par la
superficie
duchamp :
champ A,
-flanc
de vallon -0 , 5 ha )
floraisonprécoce champ
B —plateau
- 4ha j B
oraIson P!!!°!!champ
A — flanc de vallon - 10ha , Î
champ
C —plateau
- 4ha floraison
tardivechamp
D — flanc de vallon - 11ha S
Dans chacun des
champs
sont délimités 5 bandes de 40 X 1 m,réparties diagonalement
dans le
champ,
afin d’éliminer les effets de bordure et de prospecter une surfacereprésentative.
1.
Techniques
de comptage des insectes(’)
L’observateur
longe
une fois parjour, lentement,
les bandes deluzerne,
et compte les abeilles solitaires femelles ainsi que les ouvrières de bourdonsqui
provoquent des déclenche-ments. L’ordre de visite des
champs
est inversé afin quechaque champ
soitinspecté
alterna-tivement le matin et le soir.
Quelques
captures permettent d’identifier sûrement lesespèces.
D’autre part les
chargements
depollen
recueillis sur les brosses de ces insectes sont déterminée afin de connaître lesplantes compétitrices
de la luzerne. En raison de l’efficacité très faibls des abeillesdomestiques (Apis mellifica L.) (voir
LECOMTEJ., 1959)
nous n’avons pasjugé
nécessaire de recenser cette
espèce.
2.
Techniques
de détermination despollens
Nous
employons
latechnique
de MAURIZIOA. et LOUVEAUXJ.(1965) légèrement
modifiée :après lavage
dans unmélange
d’éther etd’alcool,
un échantillon duchargement complet porté
par
chaque
insectecapturé
est monté entre lame et lamelle dans une goutte degélatine glycé-
rinée
légèrement
colorée à la fuchsine etliquéfiée
à la chaleur.L’analyse
de cespréparations
s’effectue par
comparaison
avec des lames de référence faites àpartir
des étamines deplantes
fraîches.
B. -
Étude
de l’évolution de lafloraison ( 1 )
Dans
chaque champ
etchaque jour,
l’observateur lance 5 fois au hasard un cerceau de0,5
m de diamètre et compte le nombre d’inflorescencesépanouies, qui
sont enfermées à l’intérieur. On peut ainsi tracer avec une bonneprécision
la courbe de floraison deschamps.
C. -
Évaluation
des pertes defleurs
et de gousses1.
Définitions
- Taux de
pollinisation
ou de déclenchement : nombre de fleurspollinisées
sur 100 fleursépanouies.
- Taux de nouaison : nombre de gousses mûres issues de 100 fleurs
épanouies.
- Taux de coulure :
complément
à 100 du taux de nouaison.En outre nous
distinguons :
( 1
)
Cestechniques
ont étééprouvées
au cours de quatre années consécutives àLusignan (T ASEI
J. N.,sous presse).
2. Méthodes d’étude
Il est très difficile d’évaluer les taux de déclenchement et de coulure totale sur une même inflorescence. Une
technique déjà
utilisée àLusignan
consiste àprendre
deux inflorescences voisines sur la mêmetige.
Le calcul de la coulurephysiologique
àpartir
de la coulure totaleexige
unepollinisation identique
des deux inflorescences. Celle-ci n’a pastoujours lieu,
car il peut intervenir unléger décalage
du stade de floraison chez des inflorescences de niveaux voisins. Il faut donc travailler sur ungrand
nombre detiges
et avoir soin deprendre
au hasardl’inflorescence
qui
permettra de suivre le déclenchement par les insectes.D’autre part, il existe une corrélation
positive
entre le nombre de fleurs déclenchées par inflorescence et le taux de coulurephysiologique (BoHART G. E., 1957;
GUYP.,
ECALLEC.,
GENIER
G., 1970).
On élimine donc ce facteur de variation en évaluant la coulurephysio- logique
sur des inflorescences totalement déclenchées. Ce taux de coulure estcomparé
à celuiobtenu dans les conditions de déclenchement naturel.
3.
Dispositif
ettechniques expérimentales
Ces comptages nécessitent un travail
considérable, aussi,
seul lechamp
B, nonprécoupé
a été
pris
en considération. Une fois parsemaine,
du 7juin
au 27juillet
on marque au hasard 15plantes (3
parbande)
et 2tiges
parplante.
a)
sur l’une de cestiges
on choisit deux inflorescences voisines au stade de bouton avancé.On compte le
plus
tôtpossible
leur nombre total de fleurs. Ces inflorescences sontmarquées
au hasard au moyen d’une laine rouge et d’une laine bleue.
L’inflorescence « rouge n ne sera
plus
touchéependant
un moisenviron, jusqu’à
cequ’il
soit
possible
de compter le nombre de gousses vertes et de déterminer le taux de nouaison absolue.Sur l’inflorescence « bleue » on
enlève,
tous lesjours,
et on compteséparément
les fleurs fanées déclenchées et les fleurs fanées non déclenchées. Ceci permet d’obtenir avecprécision
le taux de
pollinisation.
b)
sur la deuxièmetige
onrepère
une seule inflorescence au stade « bouton avancé » et l’on compte le nombre de fleurs. L’observateurcomplète chaque jour,
manuellement lapolli-
nisation. Au bout de trois semaines il dénombre les gousses formées.
RÉSULTATS
ET DISCUSSIONA.
-Observations
surles Apoides
1. Inventaire de la faune
Au moins 11 espèces différentes
ontété rencontrées
surla luzerne.
Eucera longicornis L.
Eucera tuberculata F.
Andrena labialis Kby.
ffndrena ovatula Kby. -
Andrena florea F. (1)
Halictus sp.
Osmia rufa L. (1)
Osmia aurulenta Panz. ( 2 ) Melitturga clavicôrnis Latr.
Melitta leporina Panz.
Bombus sp.
Sur la figure 1 il apparaît que les genres dominants
sontpar ordre d’im- (
1
)
L’activitépollinisatrice
de ces deuxespèces
est douteuse.( 2
)
Osmia aurulenta est uneespèce
nidifiant exclusivement dans lescoquilles d’escargots (M ALSYHEV
S.L,1935).
Elle a été trouvéégalement
sur la luzerne àCastelnaudary (Aude).
portance : Andrena, Eucera
etMelitta. Ont été
rarementobservés les genres :
Halictus, Osmia, Melitturga
etBombus.
Dans le genre Andrena l’espèce la plus fréquente
estAndrena labialis.
Dans le genre Eucera l’espèce la plus fréquente
estEucera tuberculata.
Il
estintéressant de comparer
cetinventaire faunistique à celui qui
aété réalisé pendant la
mêmepériode à Lusignan (T ASEI J.N.
souspresse).
Dans
cetterégion située à 110 km
auNord de Barbezieux les
mêmesgenres
et
les mêmes espèces
sontreprésentées (exception faite du genre Osmia) mais
dans des proportions très différentes. Le tableau 1 permet de comparer les
fréquences des principales espèces d’Apoïdes pollinisateurs dans les deux loca- lités.
2. Influence du biotope
surla composition de la faune
La comparaison des biotopes A,
etB (luzerne à floraison précoce), fait
ressortir
la supériorité de A, où
se trouveconcentrée
unepopulation d’Andrena
labialis double de celle de B. Il s’agit peut-être d’un effet de dilution de la population dans le grand champ B
oubien d’un accroissement local de popula-
tion en
A dû à des
raisonsécologiques probablement difficiles à
mettre enévidence.
Par
contre aucunedifférence n’est observée
entreles densités d’insectes des biotopes A, C
etD où la luzerne fleurit tardivement. D’ailleurs
nouspou-
vons
difficilement comparer
entreelles des populations extrêmement réduites.
3. Périodes de vol
etinfluence des facteurs climatiques
La période d’activité
surla luzerne des genres Eucera, Andrena, Halictus, Osmia,
etBombus
sesitue
enjuin.
Celle des genres Melitta
etMelitturga
enjuillet (Fig. 2). Les courbes repré-
sentant
la fréquence journalière des espèces (Fig. 2) délimitent plus précisé-
ment
les périodes d’activité des principaux genres pollinisateurs. Il
estnéces-
saire de remarquer que
cespériodes
sontdéterminées par les températures
hivernales
etprintanières subies par les
insectes austade de repos dans le site de nidification de l’année précédente. (T ASEI J.N.,
souspresse.)
La présence des
insectes surles fleurs dépend des conditions météorolo-
giques momentanées
etde l’heure. Ainsi certains Apoïdes
onttendance à
fréquenter la luzerne dans la matinée (O BRTEL R.
etS EDIVY , 1965). Nos
observations
ontpermis de vérifier
cetterègle dans le
casdes Andrena. La
technique de comptage
etla relative discontinuité des renseignements clima- tologiques officiels (Fig. 3)
ne nouspermettent pas d’établir de corrélation
entreles
variationsclimatiques
etles
variationsdu nombre d’insectes observés.
4. Plantes compétitrices de la luzerne
Le tableau
2donne quelques exemples de compositions polliniques des
chargements d’individus capturés
surla luzerne dans le
courantdu mois de
juin
etappartenant
enmajorité
aubiotope B. Ce contrôle effectué
sur29
insectesappartenant à 5 espèces différentes permet :
a) de vérifier si le butinage
surla luzerne de certaines espèces
raresn’est pas accidentel ;
b) d’apprécier la
constancede butinage des espèces de luzerne ; c) de
recenserles plantes compétitrices.
(Voir les
travauxde  NAS iEWicz A.
etW ARAKOMSKA Z.
en1969 dans
ces
domaines.)
Malgré le petit nombre d’exemplaires
nousvoyons que presque
tousles
chargements analysés
contiennent50 à 100 % de pollen de luzerne. Les genres Andrena
etEucera
sontdonc fortement attirés par le pollen de luzerne. Quant
à l’espèce Osmia aurulenta, elle paraît aussi butiner
cetteplante pour le pollen.
La moitié des chargements contient des pollens étrangers provenant le plus
souvent
de Papillionacées (Lathyrus, Trifolium, Lotus). Ces plantes compéti-
trices ont
donc été visitées
au coursde la journée, mais
avec moinsd’assiduité que la luzerne : Eucera tuberculata
abutiné particulièrement
surles gesses
(Lathyrus!
etaussi
surle trèfle violet (Trifolium pratense L. J. Andrena labialis
a
butiné
surle trèfle violet, le trèfle blanc (Trifolium repens L.), le lotier (Lotus),
le chou (Brassica), le tilleul (Tilia), Andrena labialis semble donc faire
unchoix de plantes pollinifères, beaucoup
moinsprécis qu’Eucera tuberculata, puisqu’elle visite simultanément trois familles de plantes.
Il faut remarquer que
sila présence de
cesplantes compétitrices nuit, dans des proportions qui
restentà déterminer, à l’efficacité des insectes polli-
nisateurs de la luzerne, elle
estindispensable
au maintiende leur population,
avant et
après la floraison de la luzerne, mais
aussidans les biotopes où la
luzerne n’est pas
encorecultivée.
5. Coïncidence de la floraison
etdes sorties d’insectes
- soneffet
surle rendement
grainier
Deux courbes de floraison détaillées (Fig. 4) indiquent que la précoupe
raccourcit, rend moins dense,
et surtoutretarde la période de pleine floraison.
La superposition des courbes de floraison schématiques
etdes courbes de
population d’insectes (Fig. 2)
met enévidence le fait que la pleine floraison
des champs
nonprécoupés
alieu
enjuin
etcoïncide
avecles sorties des espèces
dominantes : Andrena
etEucera, tandis que la pleine floraison des champs précoupés
alieu
enjuillet
etcoïncide
avecles sorties d’une seule espèce
assezabondante : Melitta.
Il n’est donc pas étonnant de
constaterque les rendements des champs A i
et
B
nonprécoupés,
sontsupérieurs à
ceuxdes champs A I , C
etD, précoupés.
(Tableau 3.) Cependant les très faibles populations des champs précoupés
ne
laissaient pas prévoir des rendements relativement élevés. Pour les mêmes
B.
-Observations
surla coulure 1. Taux de déclenchement
Au
coursdes 8 semaines de comptage, 70 % des fleurs dénombrées
ontété déclenchées. Le
tauxde pollinisation évolue
enfonction du temps de manière très caractéristique (Fig. 6) :
audébut
età la fin de la floraison lorsque
le nombre de fleurs
estpeu élevé, peu d’insectes suffisent pour les polliniser
de façon satisfaisante, tandis qu’au
momentcritique de la pleine floraison, lorsque les besoins
eninsectes
sonttrès élevés,
unefleur
surdeux seulement
est
déclenchée.
Cependant
unpoint demeure inexpliqué : la discordance
entrele nombre de pollinisateurs rencontrés pendant le mois de juillet
etle
tauxde déclenche-
ment
correspondant. Une population d’insectes aussi faible
nepeut pas déclen- cher
unetelle
massede fleurs. Les méthodes de comptage ayant déjà fait leurs
preuves
etd’entres circonstances, seuls,
un tauxparticulièrement élevé d’auto- déclenchement, l’action d’un pollinisateur ayant échappé
auxobservations
ou une
efficacité exceptionnelle de l’abeille domestique peuvent
être mis encause.
2. Coulure physiologique
a)
enpollinisation artificielle (manuelle), 38 % des fleurs déclenchées tombent
avantd’avoir donné
unegousse
verte.Le
tauxde coulure physio- logique
estremarquablement
constantpendant
unmois
enpériode de pleine
floraison (Fig. 5, Tabl. 4). Il
estplus élevé
audébut
età la fin de la florai-
son, ce
qui confirme les observations effectuées
en serreà Lusignan.
Signalons qu’une attaque tardive de Cecidomyies, peut-être
sousestimée,
vient
sesuperposer à
ceteffet. On peut malgré
toutaffirmer que la fertilité diminue très vite
enfin de floraison.
b)
enpollinisation naturelle (insectes), la coulure physiologique
estplus
irrégulière. Elle augmente curieusement lorsque le
tauxde déclenchement
atteint
sonminimum, alors que c’est le phénomène inverse qui
estobservé
généralement (D ELAUDE A. 1970). Seul
unpourcentage plus élevé d’auto-
déclenchement provoqué par
unebrusque variation de température
etd’humi-
dité de l’air pourrait expliquer
cetteirrégularité, puisque les
tauxde coulure
sur
inflorescence déclenchée
àla
main ne varientpas. L’examen des relevés
météorologiques
nepermettent pas de confirmer
cettehypothèse.
Malgré la pollinisation partielle des inflorescences, le nombre de gousses
vertes
issues de 100 fleurs déclenchées
estplus faible
enpollinisation naturelle qu’en pollinisation artificielle (54 %
et62 % respectivement). Les pertes de gousses
sontégalement plus irrégulières
etplus élevées (Tableau 5). Nos expé-
riences antérieures aboutissant
auxconclusions inverses
setrouvent-elles démenties ? Il
nesemble pas,
carc’est
un autrephénomène qui
apris le pas
sur
le précédent :
tout sepasse
commesi 10 % environ des fleurs déclenchées étaient mal,
oupas pollinisées. S’agit-il d’autodéclenchement naturel
oud’autofécondation effectuée par les insectes ? Il
estimpossible de conclure de
façon formelle. Peut-être les deux
causesde mauvaise pollinisation
inter-viennent-elles simultanément. Des essais réalisés
en serre ontdéjà prouvé la supériorité de la pollinisation manuelle (avec apport de pollen étranger),
surla pollinisation naturelle par les insectes (Guy P., Lecomte J., Ecalle C., 1969).
3. Coulure totale
Elle cumule les pertes de fleurs dues à
unemauvaise pollinisation
etcelles
dues à la coulure physiologique. Ce
taux esttrès élevé,
surtout au momentde
la pleine floraison (Fig. 6
et7).
4. Estimation des pertes réelles
Les
tauxde coulure précédents
nereprésentent que des pertes relatives.
Ils doivent être pondérés par la densité de la floraison, afin d’obtenir
uneesti-
mation de pertes réelles. La courbe de floraison permet
eneffet de calculer le nombre moyen de fleurs
aumètre carré pour chaque semaine,
etde déterminer
au
moyen des
tauxde déclenchement
etde coulure le nombre approximatif
de fleurs perdues par manque de pollinisation
etpar coulure physiologique.
La figure 6 fait ressortir l’évolution de
cespertes
enfonction du temps, le maximum, correspond à la pleine floraison. Au total
unefleur
surtrois donne
une
gousse récoltable. Malgré le
niveautrès important des pertes le champ
afourni 500 kgs de graines par hectare. Ceci confirme
unefois de plus le potentiel
de production très élevé de la culture.
CONCLUSION
Bien que certains phénomènes demeurent inexpliqués, les méthodes
d’observation utilisées
enCharente paraissent donner satisfaction.
Nous
avonsconstaté que la faune pollinisatrice de
cetterégion
est essen-tiellement terricole
etproche de celle de Lusignan. La période de pleine flo-
raison des champs
nonprécoupés correspond
auxsorties massives des insectes de juin. Enfin,
nous avonsrecueilli quelques données
surla spécialisation de
ces
espèces précoces dans leur butinage.
D’autre part,
nous avonsmis
enévidence l’influence du mode de polli-
nisation
surla chute des fleurs pollinisées
etvérifié
unenouvelle fois le niveau
élevé des pertes.
Ces résultats
nousincitent à poursuivre simultanément
nosrecherches
surla pollinisation
etla coulure physiologique.
Nous devons déterminer la période la plus favorable
àla pollinisation
etles
causesdes variations locales
etannuelles des populations d’insectes, afin de les protéger efficacement
etsi possible les accroître. De plus, il
seraintéres-
sant
d’étudier la coulure des fleurs
enfonction des types de sol
oude l’exposi-
tion
etde préciser l’importance de l’autodéclenchement.
Reçu
pourpublication en février
1971.Eingegangen
im Februar 1971.REMERCIEMENTS
Nous
exprimons
notre reconnaissance envers le C.E.T.A. de Barbezieux(Charentes)
sanslequel
cette étude n’aurait pas étépossible.
Nous remercions M. DESMIER de CHENON
qui
a déterminé lesApoïdea.
ZUSAMMENFASSUNG
Die meisten
Angaben
überBestäubung
und Abfallen befruchteter Blüten bei der Luzerne stammen aus derGegend
vonLusignan.
Es erschien unsnotwendig,
dieseBeobachtungen
aufsüdlichere Gebiete auszudehnen. Wir stellten uns die
Aufgabe,
einerseitsgewisse Eigenschaften
der bestäubenden Insekten zu
untersuchen,
andererseits den Einfluss derSammeltätigkeit
sowie
Bedeutung
und Ursache der Verluste an Blüten und Früchten der Luzerne im Gebietvon Barbezieux zu erforschen.
Methodik
Es handelt sich um vier
Versuchsfelder, A, B,
C undD,
von verschiedenerLage
undGrösse. Teil
A,
des Feldes A und Feld B waren mit Frühblühern(ohne Frühschnitt),
die FelderC,
D und TeilA,
des Feldes A mitSpätblühern (vorzeitiger Schnitt)
bestanden. Injedem
Feld sind fünf Streifen von 40 X 1 m
diagonal
über das Feld verteiltabgegrenzt,
um denEinfluss des Feldrandes zu
verringern
und um einerepräsentative
Fläche zu untersuchen.Studium der Fauna
Dazu schreitet der Beobachter einmal
täglich
die Luzernestreifen ab und zählt die Weib- chen der solitären Bienen und dieHummel-Arbeiterinnen,
die die Blüten bestäuben(die Honig-
biene wird ihrer
geringen Bedeutung
wegen nichtberücksichtigt).
DieReihenfolge
der Feld-überprüfung
wechseltjeden Tag.
Von Zeit zu Zeit werden Tiereabgefangen,
ihre Pollenlasten nach der Methode von MAURIZIO und LOUVEAUX(1965) analysiert.
Studium der Blütezeit
Die Dichte der Blüte wird durch Zählen der
aufgeblühten
Blütenstände innerhalb einesRinges
von0,5
mDurchmesser,
der fünfmal willkürlich über das Feldgeworfen wird,
berech-net.
Berechnung
der Blüten- und HülsenverlusteAuf Feld B
(ohne Frühschnitt)
werden 15 Pflanzen - 3je
Streifen - und 2Stengel je
Pflanze markiert. Auf einem der beiden
Stengel
werden 2 benachbarte Blütenstände im Sta-dium «
fortgeschrittener Knospen » ausgewählt.
Ein Blütenstand wird mit rotemWollfaden,
der andere mit blauem markiert. Der rot markierte Blütenstand wird während seiner Ent-wicklung
nichtberührt,
danach werden diegrünen
Hülsengezählt,
und man bestimmt den Grad absoluter Körnerreife ’. Vom blau markierten Blütenstand wirdtäglich
Material ent-nommen und die
bestäubten, abgewelkten
Blüten sowie die ohneBestäubung
verwelktenwerden getrennt
gezählt.
Dadurch ist esmöglich,
den Grad derBestäubung
mit grosserGenauigkeit
festzustellen.Vom zweiten
Stengel
nimmt man eineneinzigen
Blütenstand im Zustand «fortgeschritte-
ner
Knospe
o und zählt die Blüten. Der Beobachter führttäglich
dieBestäubung
von Handaus, danach zählt er die
Schoten,
die sichgebildet haben,
was dieBerechnung
des Grades desphysiologischen
Abfallens erlaubt.Ergebnisse
Über
dieApoideen-Drei Hauptarten
wurdenfestgestellt [(Abb. 1) :
Andrena labialisKby.,
Eucera tuberculata F. im Juni und Melitta
leporina
Panz. im Juli. Seltener sind Euceralongi-
cornis
L.,
Andrena ovatulaKby.,
Osmia aurulentaPanz., Melitturga
clavicornisLatr.,
Halictussp. und Bombus sp.
Da Andrena und Eucera zahlreicher auftreten als
Melitta,
musste die Luzerne ohne Frühschnitt besser bestäubt sein als dievorzeitig geschnittene (Abb. 2).
Eucera tuberculata scheintvöllig
aufPapilionaceen eingestellt
zu sein(M. sativa, Lathyrus;
T.pratense),
währendAndrena labialis
polytrop
ist(M.
sativa; T. pratense; T. repens; Lotus;Tilia;
Brassica(Tab. 2).
Über
das Abfallen - DerDurchschnittsgrad
derBestäubung lag
bei 70%.
ZuBeginn
und am Ende der Blütezeit ist der
Bestäubungsgrad
sehrhoch, in
der Zeit der Vollblüte niedri- ger(Abb. 6).
GewisseDiskrepanzen
zwischen Insektenbesuchen undBestäubung
werdenentweder durch die
Tätigkeit
eines derBeobachtung
entgangenen Insekts oder durch eineungewöhnliche
Wirksamkeit derHonigbiene
verursacht(Abb. 5).
Die Verluste an bestäubtenBlüten und an Hülsen sind bei natürlicher
Bestäubung
bedeutend. Diesbestätigt
einmal mehr dieÜberlegenheit
künstlicherBestäubung,
wie sie schon in Treibhäusernfestgestellt
wurde(Tab.
4 u.5).
Manschätzt,
dass durchschnittlich von drei Blüten eine eine reife Hülse liefert.Schlussfolgeruagen
- die
angewandten
Methoden scheinenbefriedigend
- die bestäubenden Insekten in der
Gegend
von Barbezieux sindhauptsächlich
Erd-bewohner
- die volle Blütezeit der nicht
vorzeitig geschnittenen
Luzernefelder trifft mit denMassenausflügen
der Insekten im Juni zusammen- die ersten Daten über die
Bedeutung
der zu bewertendenLuzernep flanzen
werdengesammelt
- der Einfluss der
Bestäubungsart
auf das Abwerfen bestäubter Blüten wurde nach-gewiesen
und erneut der hohe Grad an Verlustenbestätigt.
1. Grad
vollständiger
Fruchtreife : Zahl der reifen Körnerje
100 Blüten.Grad der
Bestäubung :
Zahl der bestäubten Blüten auf 100aufgeblühte.
Grad des
physiologischen
Abfallens : Zahl der Blüten, die keine reifen Körner lieferten,je
100 bestäubteRÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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