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Le Congrès international des Sciences préhistoriques et protohistoriques, 3e session, Zurich, 14-19 août 1950
SAUTER, Marc-Rodolphe
SAUTER, Marc-Rodolphe. Le Congrès international des Sciences préhistoriques et
protohistoriques, 3e session, Zurich, 14-19 août 1950. Archives suisses d'anthropologie générale , 1950, vol. 15, no. 2, p. 178-181
Available at:
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Extrait des A.1'Chives sn;sses d'Anlhropologie généi'ale.
Tome XY, N° 2, 1950.
Le Congrès international des Sciences préhistoriques et protohistoriques, 3e session, Zurich, 14-19 août 1950
Les préhistoriens suisses ont eu l'insigne honneur et la joie de recevoir le Congrès · international des Sciences préhistoriques et protohistoriques pour sa troisième session. En effet, comme nous l'avons déjà dit ici même (ASAG, XIV, 1949, pp. 171-172), le Conseil permanent de ce congrès, placé en 1949 dans une position délicate par le désistement de la Hongrie, demanda à la Suisse si elle accepterait d'organiser sans tarder un congrès en 1950. Les délégués suisses de ce Conseil, après avoir consulté leurs collègues, acceptèrent sans hésitation et 1nvitèrent le Congrès à Zurich.
Et au bout de huit à neuf mois, grâce aux multiples bonnes volontés qui, d'un coin à l'autre de notre pays, collaborèrent, grâce aussi aux appuis financiers officiels et privés, le Congrès ouvrait ses portes le 14 août, sous la présidence du professeur E. Vogt, de Zurich, assisté du secrétaire général W. U. Guyan, de Schaffhouse, président de la Société suisse de préhistoire.
Le précédent congrès, qui s'était tenu à Oslo en 1936 (et dont les actes n'ont jamais pu paraître, le manuscrit ayant été détruit pendant la guerre), avait connu une affluence plus forte que celui de cette année (quelque 530 membres); mais si l'on pense aux événements qui ont marqué les quatorze ans qui séparent les deux sessions, et au fait que le« rideau de fer n empêcha les préhistoriens de l'Europe orientale de venir, on a le droit d'être satisfait de la participation des quelque trois cents membres qui se sont rencontrés à Zurich. De la Suisse on en comptait une cinquantaine, dont une dizaine de la Suisse romande.
Vingt-deux pays étaient officiellement représentés, en comptant l'Alle- magne, dont la réintégration dans le Conseil permanent fut votée à l'unani- mité lors de la première séance. En voici la liste: Afrique du Nord, Alle- magne, Autriche, Belgique, Congo belge, Danemark, Egypte, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Grande-Bretagne, Irlande, Israël, Italie, Kénya, Mexique, Nigéria, Norvège, Pays-Bas, Suède, Suisse. Les autres pays représentés étaient: Bolivie, Colombie, Liechtenstein, Soudan, Turquie, Union sud-africaine, Yougoslavie.
Le Conseil permanent s'est réuni trois fois. Il remit à jour la liste des délégués nationaux, il accepta par votation l'invitation de l'Espagne pour
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la 4e session (Madrid,
,
1954), il adopta une résolution acceptant la défi- nition proposée par le Congrès international de Géologie (Londres 1948) pour la limite entre le Pliocène et le Pléistocène 1 . Il discuta surtout longue- ment la question de la création d'une Union internationale des sciences préhistoriques et protohist0riques, proposée par la professeur Bosch- Gimpera, délégué de l'UNESCO. En définitive, la majorité, désireuse de ne pas créer un organisme nouveau risquant de faire double emploi avec le Conseil permanent, mais sensible au besoin d'intensifier l'activité de ce dernier, prépara une résolution que l'assemblée finale du Congrès adopta, décidant la constitution d'un Comité exécutif du Congrès, composé de sept membres et élu pour quatre ans par le Conseil permanent dont le président sera aussi celui du Comité. Ont été élus: M. B. Taracena 2 (Es- pagne), président; prof. E. Vogt (Suisse), secrétaire; prof. H. Arbman (Suède), prof. G. Bersu (Allemagne); prof.J.
B0e (Norvège), prof.C. F. C. Hawkes (Grande-Bretagne); prof. S. A. Huzayyin (Egypte), M.-E. Mariën (Belgique); prof. R. Vaufrey (France).
Le Congrès lui-même débuta par la session plénière où, après le discours de bienvenue du président Vogt, on entendit les allocutions du conseiller fédéral Philippe Etter, du professeur
J.
B0e, ancien secrétaire général du Congrès d'Oslo et de M. W. U. Guyan, comme président de la Société suisse de préhistoire. Un banquet suivit, entrecoupé de messages des autorités cantonales et municipales.La partie scientifique fut assurée par des conférences générales, des communications et une excursion. La première conférence, par l'auteur de ces lignes, avait pour but de situer «Laplace de la Suisse dans les civi- lisations paléolithiques»; dans la deuxième, le professeur E. Vogt initia son auditoire (en anglais) aux « Problèmes du Néolithique et de l'âge du Bronze en Suisse»; dans la troisième le professeur R. Laur-Belart parla -;ur le thème: « Germanen und Romanen in der Schweiz zur Volkerwan- derungszeit ».
Il est impossible de songer même à énumérer les quelque cent communi- cations présentées pendant trois journées. Elles se répartissaient en six sections (Généralités et sciences annexes, Paléolithique et Mésolithique, Néolithique, Age du Bronze, Age du Fer, Epoque des invasions).
1 Texte adopté: i< Limite entre le Pliocène et le Pléistocè11e. Le Congrès iutcn1ational des Sciences préhistoriques et protohistoriques, rt!uni dans sa troisième session (Zurich I950), recommande aux préhistoriens d'adopter la résolution prise à l'unanimité par le Congrès International de Géologie (Londres 1948) sur la question de la limite entre le Pliocène et le Pléistocène. Par cette résolution le Villafranchien est inclus dans le Pléistocène. 11
2 Nous apprenons à l'instant le décès, survenu le 31 janvier 1951, de Blas Taraccna, et nous cxpri- n10ns nos sentiments de sympathie aux archéologues espagnols si durement frappés.
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Le quatrième jour, tous les congressistes se rendirer;it à SchaffJ10usc.
Ils purent admirer dans la ville les collections préhistoriques et proto- historiques du beau Musée de Tous-les-Saints, dont le directeur, M. W. U.
Guyan, mérite des éloges pour la parfaite présentation des pièces. Une imposante caravane d'autocars les emmena ensuite dans le canton, où ils visitèrent les fameuses stations magdaléniennes du Schweizersbild et du Kesslerloch; ce fut ensuite le tour du Weier (Thayngen), où un large sondage avait mis au jour les restes de deux maisons néolithiques de tourbière (voir p. 192) et où ils reçurent une collation bienvenue des autorités commu- nales. Après que les congressistes eurent fait un détour poÙr admirer les chutes du Rhin, un banquet les réunit, généreusement offert par les autorités du canton et de la ville de Schaffhouse. Une nouvelle étape, par la pluie de plus en plus pénétrante, les conduisit par Stein-am-Rhein dans l'île Werd où, grâce à M. K. Keller-Tarnuzzer, un sondage révélait la strati- graphie des stations successives (Néolithique et Bronze). Au retour, dans le cadre médiéval du cloître de Stein-am-Rhein, une collation, offerte par les gouvernements de Schaffhouse et de Thurgovie, fit oublier la pluie déchaîn_ée.
Le Congrès se terminait officiellement le samedi 19 aoüt, avec la session plénière de clôture. Mais trois excursions étaient proposées à ceux qui pou- vaient prolonger leur séjour 1 . Le premier convoi réunit ceux qu'attiraient Saint-Gall et le Musée où sont conservés les matériaux paléontologiques et préhistoriques des grottes alpines fouillées par le regretté E. Bachler, et la visite de la plus accessible de ces grottes, celle du Vilildkirchli, dans le canton d'Appenzell. ,
Le second train partit via Vindonissa. (fouilles romaines) en direction de Bâle, d'où les voyageurs rayonnèrent dans la campagne avoisinante pour y voir les sites préhistoriques (stations. magdalénÎennes dans la région de la Birse, dont la Kastelhohle, où M. Th. Schweizer était en train de fouiller des niveaux du Moustérien au Magdalénien, sépulture néolithi9.ue d'Aesch), protohistoriques (établissements fortifiés du Wittnauer Horn, de Burgenrain, village de potiers de La Tène à Brühl-Sissach, etc.). On passa par Liestal, par Delémont (Musée jurassien). Puis,· franchissant le Jura, on descendit sur Bienne au beau Musée Schwab; puis après un arrêt sur l'emplacement de la station éponyme de La Tène, on arriva à Neuchâtel, où l'on put voir les collections lacustres. Un banquet fut offert par le gou- vernement neuchâtelois à Auvernier, après quoi les préhistoriens purent
L Le c01nitê d'crganisation du Congrès avait édité dans ce but un Guide; d"excursion (Zurkb. !\·!usée National Suissc1 I950. r vol. i.n-8, 87 p. 36 fig. et 4 pl.) qui donne un aperçu sommaire des caractéristiques de chaque station prévue au programme. Cet opuscule de cc préhistoire touristique n conserve sa valeur après le congrès; on peut se Je procurer a l'u Institut für Ur-und Frühgcschichtc der Schwciz 11, 201 Rhrinsprung, Bâle (prix: 5 francs).
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inspecter le sondage ouvert par M. S. Perret dans la station classique d'Auvernier.
La troisième excursion entraîna une cinquantaine de congressistes, où prédominaient les Anglo-Saxons et les Scandinaves, vers le sud, dans le territoire alpin. Coire fut la première étape. On put y visiter le Musée Rhétique, où le professeur Vogt commenta les collections néolithiques et protohistoriques dues surtout aux belles fouilles de M. Walo Burkart, pionnier de la préhistoire des Grisons et un échantillonnage des collections provenant de quelques sites de la Principauté du Liechtenstein, gracieuse- ment prêtées pour l'occasion. Un banquet fut offert par les autorités.
De Coire on rayonna dans les vallées, visitant entre autres la croupe rocheuse de Mutta à Fellers (station fortifiée du Bronze et du Fer), celle de Casch- ligns sur Conters (curieux établissement du Bronze), les stations de Cresta (village du Bronze à La Tène) et de Petrushügel à Cuzis (établissement néolithique sur hauteur).
L'étape suivante mena les préhistoriens par l'Oberalp et la Furka dans le Valais. Sion (Musée de Valère, trésor médiéval de la Cathédrale), Saint-Maurice {fouilles du Martolet et trésor de l'abbaye) et Collombey
·(site néolithique et du Bronze de La Barmaz) et collation offerte par les·
communes de Collombey et de Monthey jalonnèrent leur voyage, avant que, du Bouveret, le bateau les amène à Lausanne. Là, un banquet offert par les autorités vaudoises et lausannoises_ les rassembla une dernière fois, avec une partie de leurs collègues venus de Neuchâtel. Ce fut la dernière manifestation «mondaine»; le lendemain, la visite du beau Musée archéo- logique cantonal et de ses collections si bien arrangées par son conservateur, Mlle A.-L. Reinhold, marqua le tout dernier acte du congrès 1 .
Par l'esprit de coopération amicale qu'il a suscité chez les préhistoriens des diverses parties de notre pays, autant que par l'enrichissement que nous ont apporté nos hôtes éminents et par le rayonnement qu'il assure à notre science, le Congrès de Zurich 1950 constitue un événement marquant; ü importe que tous les chercheurs de chez nous en soient conscients, pour le plus grand avancement de la préhistoire suisse.
M.-R. SAUTER 1 Le dernier numéro du bulletin U r-Scltwû= - La Suisse primitive (XIV, 41 1950) est entièrement consacrê au côté « humain II du Congrès de Zurich, On y trouvera de nombreuses photographies des participants.
