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Vue de L’efficacité et l’innocuité de la dompéridone comme galactagogue

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Pharmactuel Vol. 37 N° 5 Octobre-Novembre-Décembre 2004

Jae-Hun Kim, B. Pharm., M. Sc., est pharmacien à l’Hôpital général juif - Sir Mortimer B. Davis à Montréal. Brigitte Martin, B. Pharm., M. Sc., est pharmacienne au CHU Sainte-Justine de Montréal.

AU CENTRE DE L’INFORMATION

L’efficacité et l’innocuité de la dompéridone comme galactagogue

Jae-Hun Kim et Brigitte Martin

Cas clinique

Hélène vient d’accoucher à 28 semaines de grossesse. Après son accouchement précédent, elle avait reçu de la dompéridone pour pouvoir allaiter son nourrisson, sa pro-duction de lait étant faible. Elle voudrait reprendre ce médicament pour pouvoir exprimer son lait pour son nou-veau-né. Cependant, elle a lu sur un site Internet des mises en garde concernant la dompéridone et elle se questionne sur l’innocuité de ce médicament.

L’allaitement maternel est la forme de nutrition la plus appropriée pour le nouveau-né1. Cependant, plusieurs

situations peuvent entraver la montée laiteuse et la pro-duction de lait : la prématurité et l’utilisation inadéquate du tire-lait, certains médicaments comme les contracep-tifs oraux, le mauvais positionnement de l’enfant au sein, etc. Les mesures non pharmacologiques comme la correc-tion de la prise du mamelon, la compression des seins et l’expression du lait après la tétée doivent d’abord être considérées1,2. Lorsque ces mesures s’avèrent

insuffi-santes, on peut avoir recours aux médicaments galacta-gogues.

Mots-clés : dompéridone, allaitement, galactagogue

La dompéridone

Les antagonistes dopaminergiques comme la dompéri-done et le métoclopramide sont utilisés comme galacta-gogues. On explique leur effet par une augmentation de la libération de prolactine, hormone hypophysaire stimulant la sécrétion de lait3,4.

L’efficacité de la dompéridone comme galactagogue a été évaluée dans deux essais randomisés à double insu contrôlés contre placebo3,4. L’étude la plus récente

com-prend 16 mères ayant une faible production de lait en dépit des mesures non pharmacologiques et utilisant un tire-lait électrique pour nourrir leur enfant prématuré3.

Les patientes ont reçu de la dompéridone (10 mg po tid) ou un placebo pendant sept jours. Le volume moyen de lait est passé de 112,8 mL à 162,2 mL (augmentation de 44,5 %) par jour dans le groupe dompéridone, et de 48,2 mL à 56,1 mL (augmentation de 16,6 %) par jour dans le groupe placebo (p < 0,05). Cette étude comporte plu-sieurs limites, notamment le faible nombre de patientes enrôlées et l’hétérogénéité de leur production de lait au moment de l’inclusion à l’étude.

Dans la seconde étude, 15 femmes multipares et 17 femmes primipares ayant accouché à terme ont reçu de

la dompéridone (10 mg po tid) ou un placebo pendant quatre et dix jours, respectivement4. Les femmes

multi-pares avaient une histoire de lactation insuffisante lors d’un allaitement précédent, alors que les femmes primi-pares avaient une faible production de lait deux semaines après l’accouchement actuel. L’augmentation du volume de lait quotidien était cliniquement supérieure chez les femmes recevant de la dompéridone par rapport au place-bo. Toutes les femmes sous dompéridone ont maintenu un allaitement satisfaisant après un mois, contrairement à la plupart des femmes ayant reçu le placebo4.

La dompéridone a été étudiée à une posologie de 10 mg po tid, mais de plus hautes doses (20 mg po qid) peuvent être recommandées en pratique1,5. L’effet sur la production

de lait se manifeste habituellement dès les 48 heures sui-vant le début du traitement. La prise du médicament est poursuivie pendant quelques semaines, puis elle cesse graduellement quand l’allaitement est bien établi. La dom-péridone semble efficace en période postnatale immédia-te chez les mères qui ont une histoire de faible production de lait lors d’un allaitement précédent, mais aussi quelques semaines après l’accouchement chez les femmes qui n’arrivent pas à maintenir une production de lait suffi-sante. La dompéridone serait moins efficace dans les cas d’adoption, chez les mères qui expriment leur lait avec un tire-lait pour leur bébé malade ou prématuré mais qui n’ont pas développé une montée laiteuse adéquate et chez celles qui veulent reprendre un allaitement exclusif1.

D’autres études sont nécessaires pour mieux cibler les patientes qui peuvent bénéficier de ce traitement.

Effets indésirables

La dompéridone par voie orale est généralement bien tolérée. Contrairement au métoclopramide, la dompérido-ne traverse très peu la barrière hémato-encéphalique, et les effets indésirables centraux sont rares6.

Le passage de la molécule dans le lait maternel est très faible : les concentrations lactées après des doses de

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10 mg tid sont de l’ordre de 1,2 mg/L à 2,6 mg/L, ce qui représente une dose d’environ 0,4 mg/kg/jour pour un enfant strictement allaité3,5. Cette dose est très inférieure

aux doses pédiatriques suggérées. Aucun effet indésirable chez les enfants allaités n’a encore été rapporté dans la documentation scientifique5.

La Food and Drug Administration (FDA) américaine a récemment émis une mise en garde concernant l’innocui-té cardiaque de la dompéridone7. Bien que ce médicament

ne soit pas commercialisé aux États-Unis, il est importé de l’étranger et « reconditionné » par des pharmacies spé-cialisées. Les cas d’arythmie sur lesquels se base la FDA pour proscrire l’usage de la dompéridone ont été publiés au début des années quatre-vingt et impliquaient des doses élevées (jusqu’à 10 mg/kg/jour) de dompéridone administrées par voie intraveineuse à des patients dont l’état de santé était précaire et qui présentaient des désordres électrolytiques concomitants7,8. La

biodisponi-bilité orale du médicament est d’environ 15 %, et les taux plasmatiques observés après l’administration par voie orale sont beaucoup plus faibles que ceux qu’on mesure après administration intraveineuse6. Bien qu’une étude in vitroait suggéré que même des doses orales pourraient causer des désordres électrophysiologiques cardiaques similaires à ceux observés avec le cisapride, aucun cas de problème cardiaque n’a été retrouvé dans la documenta-tion scientifique avec la dompéridone par voie orale et un seul cas a été rapporté aux fabricants rejoints depuis sa commercialisation9,10. L’avertissement de la FDA semble

avoir été davantage motivé par des raisons politiques, c’est-à-dire pour décourager l’importation des médica-ments, que par un souci de santé publique11. Aucun avis

concernant la dompéridone n’a été émis par Santé Canada.

Conclusion

Les études publiées sur l’efficacité de la dompéridone portent sur un petit nombre de patientes, mais comme elle est mieux tolérée que le métoclopramide, la dompéri-done est plus souvent utilisée en pratique. Malgré l’aver-tissement de la FDA, il est peu probable que la dompéri-done puisse entraîner des effets secondaires cardiaques chez les patientes en santé prenant le médicament par voie orale. De plus, son faible passage dans le lait est ras-surant pour l’enfant allaité. La dompéridone peut être essayée pour augmenter la production de lait lorsque les méthodes non pharmacologiques ont été optimisées. Un suivi par des professionnels de la santé spécialisés en allaitement est conseillé.

SUITE DU CAS CLINIQUE

Comme Hélène ne présente pas de problèmes de santé et qu’elle désire allaiter son enfant prématuré, elle est une bonne candidate pour la dompéridone. Après s’être assu-ré que la patiente suive toutes les recommandations non

pharmacologiques habituelles pour optimiser sa produc-tion de lait, on peut la rassurer sur l’innocuité du médica-ment et commencer un traitemédica-ment à la dompéridone à rai-son de 10 mg po tid.

Pour toute correspondance : Brigitte Martin

Département de pharmacie CHU Sainte-Justine

3175, chemin de la Côte Sainte-Catherine Montréal (Québec) H3T 1C5

Courriel : brigitte_martin@ssss.gouv.qc.ca Tél. :. (514) 345-4931, poste 6560

Téléc. : (514) 345-4972

Au moment de la rédaction de cet article, J-H Kim était étudiant à la maîtrise en pratique pharmaceutique, option établissement de santé. Cet article a été rédigé dans le cadre d’un stage au centre IMAGe du CHU Sainte-Justine.

Références

1. Newman J, Pitman T. Not enough milk. Dans : Newman J, Pitman T. Dr. Jack Newman’s guide to breastfeeding. 1st éd. Toronto : Harper Collins; 2000. p.61-97.

2. Gabay MP. Galactogogues : medications that induce lactation. J Hum Lact 2002;18(3):274-9.

3. Da Silva OP, Knoppert DC, Angelini MM et coll. Effect of domperidone on milk production in mothers of premature newborns : a randomized, dou-ble-blind, placebo-controlled trial. CMAJ 2001;164(1):17-21.

4. Petraglia F, De Leo V, Sardelli S et coll. Domperidone in defective and insufficient lactation. Europ J Obstet Gynec Reprod Biol 1985;19:281-7. 5. Hale TW. Medications and mothers’ milk. 11th éd. Amarillo : Pharmasoft

publishing; 2004. p. 259-60.

6. Barone JA. Domperidone : peripherally acting dopamine2-receptor antago-nist. Ann Pharmacother 1999;33:429-40.

7. U.S. Food and Drug Administration

http://www.fda.gov/bbs/topics/ANSWERS/2004/ANS01292.html (site visité le 27 juillet 2004).

8. Quinn N, Parkes D, Jackson G et coll. Cardiotoxicity of domperidone [let-ter]. Lancet 1985;2:724.

9. Drolet B, Rousseau G, Daleau P et coll. Domperidone should not be consid-ered a no-risk alternative to cisapride in the treatment of gastrointestinal motility disorders. Circulation 2000;102:1183-5.

10. Nu-Pharm Inc., Pharmascience Inc., NovoPharm Limitée. Communications téléphoniques. Août 2004.

11. Hale TW. Breastfeeding Pharmacology.

http://neonatal.ama.ttuhsc.edu/lact/html/fda_warning_on_domperidone.htm l (site visité le 27 juillet 2004).

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