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Mélange et circulation océanique : une approche par la
physique statistique.
Antoine Venaille
To cite this version:
Antoine Venaille.
Mélange et circulation océanique : une approche par la physique statistique..
Physique [physics]. Université Joseph-Fourier - Grenoble I, 2008. Français. �tel-00347063�
Laboratoiredes É oulementsGéophysiques etIndustriels
Thèse
En vue d'obtenir le grade de
Do teur de l'Universtié de Grenoble 1 Joseph Fourier
Spé ialité :Géophysique
Au titre de l'é ole do torale Terre-Univers-Environnement
Présentée et soutenue publiquement le 1er dé embre 2008
par Antoine Venaille
Mélange et ir ulation o éanique : une
appro he par la physique statistique
Dire teurs de thèse : Freddy Bou het
Joël Sommeria
Après avis de : Xavier Carton
Alain Pumir
Devant la ommission d'examenformée de :
Freddy Bou het (membre/dire teur)
Xavier Carton (membre/rapporteur)
Henk Dijkstra (membre)
Bernard Legras (membre/président)
Alain Pumir (membre/rapporteur)
Joël Sommeria (membre/dire teur)
(pénible) tâ he d'être rapporteur de ette thèse,ainsi que Bernard Legras,
HenkDijkstraetHugoTou hettepour l'intérêtqu'ilsontportéà e travail.
Jene sauraisassezremer ier mesdeux dire teursde thèse,Freddy
Bou- het et Joel Sommeria, pour leur en adrement et leur soutien pendant es
trois années. Tout d'abord, ils m'ont proposé un sujet de thèse
parti uliè-rement stimulant.Ensuite, lesrésultats exposés dans e manus rit doivent
tout àl'a uitéetaure uldu regardqu'ilsportentsur lesphénomènes
phy-siques (et sur nos pratiques de physi iens). Sur le plan personnel, leurs
en ouragements,leur onan e et nos fréquentes dis ussions ont été
essen-tiels. Maissurtout, j'espère avoir étéà lahauteur de leur engagementdans
ette thèse en ayant appris àleur onta t à ne pas me satisfaire de e qui
est bien onnu.
Des ours sur lessolitons (àl'ENS Lyon) aux onféren es sur lalongue
portée (àl'E ole d'été des Hou hes),le travailde Thierry Dauxoisa
ontri-bué de manière non négligeable à ma formation -outre l'immense plaisir
quej'ai toujours à leren ontrer. Je luidois de m'êtretourné vers les
é ou-lements géophysiques lorsde mon année de DEA : e sont ses onseils qui
ont déterminé le hoix de mon sujet de thèse.
Une grande partie des résultats théoriques présentés dans ette thèse
doivent beau oup aux al uls numériques réalisés ave ou par Eri
Simon-net, même s'ils n'apparaissent pas expli itement dans le manus rit. Je le
remer ie pour son aide etsa patien e, ainsi quepour toutes lesdis ussions
que nous avons eues.
Je remer ie Julien Le Sommer pour le temps qu'il a onsa ré à toutes
mesinterrogationssurlesmodèlesnumériquesd'o éans,etpourson a ueil
dans l'équipe MEOM. C'est de nos dis ussions qu'est né mon intérêt pour
lesappro hes réalistes.
Il m'est agréable de remer ier les divers membres de l'équipe Coriolis.
J'aibéni iédes onseilsdeChantalStaquet,A himWirthetJan-BertFlor,
quim'ontindiquédes référen es bibliographiquestoujours trèspertinentes.
Enn,l'enthousiasmede LouisGostiauxpourl'o éanographie
observation-nelle a été très ommuni atif. Je tiens à exprimer toute ma gratitude à
HenriDidelleetSamuelViboud;lesremer ierpour lapartieexpérimentale
de la thèse serait oublierles aides de toute sorte qu'ilsont pu m'apporter.
J'aibéné iéd'é hangesparti ulièrementri hesetimportantsave
Pierre-HenriChavanisetEmmanuelVillermeaux.Jeleuradressetousmessin ères
taillée de l'arti le sur la thermodynamique des é oulements 2D, dans la
suite de nos dis ussions sur l'inéquivalen e d'ensemble aux Hou hes. Une
autre le ture de e même arti le par Marianne Corvelle en a grandement
améliorél'anglais.
J'adresse mesremer iementsàJulienBarréetHugoTou hette,dontles
thèsesont été pour moiun modèlede larté etde pédagogie.
Je remer ie également Amélie Gagnaire etPhilippe Kramerqui ont
ef-fe tué leurs stages de Li en e sur les problèmes de mélange.Une partiedu
hapitre sur lemélange d'un tra eurpassifs'appuie sur leur travail.
Et je tiens enn à remer ier Sylvie Champavier à Grenoble, Nathalie
Hamel et Isabelle Potier à Ni e, ainsi que le personnel de la reprographie
du LEGI pour le volet administratifde ette thèse.
Les dis ussions ave Damien Sous sur l'o éanographie tière (et bien
plus) m'ont toujours passionné. Je le remer ie pour ses en ouragements et
onseils.Mer iaussiàPierreRe ouvreux,SebastienKawka,LionelJimenez,
Mattia Romani,Karim Bouadim, Laurent Beaudou,Damien Pous, et tout
eux qui m'ont a ompagné durant es trois années.
Enn,de SintraàAssise,de Swann àIgna io,nousavons dé ouvert des
possiblesetdes mondesquivontbien au-delàd'untravailde fourmiréalisé
pendant estroisannéesdethèse.Commentnepasremer ier ellequim'est
Table des matières iii
Nomen lature vi
Introdu tion générale 1
I Mé anique statistique d'é oulements o éaniques 15
1 Introdu tion 17
1.1 Modèles quasi-géostrophiques . . . 18
1.2 Études antérieures des modèles d'o éans QG . . . 28
1.3 Mé aniquestatistique des é oulementsquasi-géostrophiques 33
1.4 Motivationsetméthodepour l'étudedesjetsinertielsdirigés
vers l'est . . . 40
2 Jets intenses dirigés vers l'est dans un domaine fermé 45
2.1 Jets intenses pour un modèle équivalentbarotrope . . . 45
2.2 Équilibresstatistiques pour un modèle àdeux ou hes. . . . 54
2.3 Con lusionet perspe tives . . . 68
2.A Annexe : al uldes perturbations du jet . . . 70
2.B Annexe : l'algorithmede Turkingtonet Whitaker . . . 74
3.1 Classi al riteriafor stability, with anextension . . . 78
3.2 Appli ation: linear stabilityof an eastward jet ina hannel 92
3.3 Propagation of a PV front . . . 99
3.4 Con lusion . . . 108
3.A Annex : diagonalizationof
δ
2
H
C
with the linear onstraint . 1113.B Annex : asymptoti expansion of the stationarysolution . . 112
3.C Annex : omputationof the (generalized) eigenvaluesof
H
k
. 114 3.D Annex : linearized evolution of the PV front . . . 1164 Inéquivalen ed'ensembleettransitionsdephasesdans les
é oulements bidimensionnels 117
4.1 Thermodynamique des systèmes à intera tion à longueportée118
4.2 Résultats antérieurset obje tifs . . . 128
4.3 Thermodynami s of two-dimensional and Fofonoows . . . 130
4.4 Con lusion . . . 164
II Appro he phénoménologique du mélange 165
5 Introdu tion 167
5.1 Résultats expérimentaux antérieurs . . . 168
5.2 Appro hes phénoménologiques du mélangeen uidestratié 172
5.3 Obje tifset méthode . . . 177
6 Lemélangeturbulent ommeunpro essusd'auto- onvolution179
6.1 Modèles . . . 180
6.2 Tests des modèles . . . 192
7 Uneappro he statistiquedu mélangedans lesuides
stra-tiés 203
7.1 Prols d'équilibre statistiquepour ladensité du uide . . . . 204
7.2 Equations de relaxation . . . 209
7.3 Ajout d'un terme de dissipation des u tuationsde laPDF . 214
7.4 Perspe tive :fermeturedu système ave une équation
d'évo-lution pour l'énergie inétique . . . 219
Nomen lature
Abréviations
QG quasi-géostrophique
PDF distribution de probabilité
PV vorti ité potentielle
RSM Robert-Sommeria-Miller(théoriestatistique)
Symboles, partie I
x
oordonnée spatiale dirigéevers l'esty
oordonnées spatiale dirigéevers le nordz
oordonnée spatiale dirigéevers lehautq(x, y, t)
hamp mi ros opique de PVσ
niveau de PVρ(x, y, σ)
PDF de mesurer le niveauσ
p(x, y)
idem pour un système àdeux niveauxq(x, y)
hamp ma ros opique de PVψ(x, y)
fon tion ouranth(x, y)
topographieβ
c
paramètre du plan bêta (variationde lafor e Coriolis)R
rayonde déformationde RossbyΓ
etC[q]
ir ulationE
etE[q]
énergieβ
ouC/R
2
paramètre de Lagrange asso ié à l'énergie
γ
paramètre de Lagrange asso ié à la ir ulationx, y
oordonnées horizontalesz
oordonnée verti ale, dirigéevers le hautσ
on entration en tra eur( olorant oudensité réduite)ρ(z, σ, t)
PDF de mesurer leniveauσ
p(z, t)
idem pour un système à deux niveauxσ(z)
prol moyen de densitéréduitee
énergie inétiqueturbulentel
é helle ara téristiquede l'é oulementLa paramétrisation et la ompréhension de l'eet des petites é helles
non résolues par les modèles numériques sur les grandes é helles de la
ir ulation o éanique est un problème important, tant d'un point de vue
pratique que théorique.
D'une part,l'énergiedesu tuations de vitessepeut êtretransféréevers
lesgrandes é helles(horizontales)dela ir ulationo éanique,ets'organiser
en stru tures ohérentes. Dans e adre, nous nous demanderonsd'abord si
des modèles simples d'o éans peuvent rendre ompte de ette organisation
à grande é helle. D'autre part, la strati ation verti ale globale des o éans
dépend d'événements de mélanges lo aux, que nous tenterons de modéliser
en nous appuyant sur une appro he phénoménologique.
Dans lesdeux as,lenombrededegrés deliberté esttrès élevé. La
stru -ture ne de es é oulements ne peut être prédite en détail. Cela in ite à
étudier es deux problèmes par une appro he statistique.
De manièregénérale, l'étude des é oulements o éaniques peut être
abor-dée par : i) les observations, in situ ou par satellites, ii) les modèles
nu-mériquesréalistes de ir ulationgénérale,iii)lesidéalisations
expérimen-tales, théoriquesou numériques de pro essus physiques iblés,pris
indépen-damment des autres mé anismes. C'est e dernier point de vue que nous
avons hoisi d'adopter. Dans e adre, un petit nombre de paramètres est
isolé.Les modèles étudiésdonnentalors une imagetrès simpliée dela
réa-lité.Dans ertains as,des ingrédientsessentiels deladynamiqueo éanique
sontdélibérémentomis. Mais ettesimpli ationest requise sinousvoulons
Fig.0.1: Cartedes ourantso éaniquesdesurfa e[1℄
L'organisation des ourants o éaniques en stru tures
ohérentes à grande é helle
Lefait qu'ilsoitpossiblede tra er des artesde ourants o éaniquesde
surfa eimpliqueque esé oulementssontorganisésenstru tures ohérentes
àgrande é helle (voirgure 0.1). Malgré une importantevariabilité 1
, ette
organisation est robuste sur des é helles temporelles supérieures à la
en-tained'années. Ondispose par exemplede artesdu Gulf Streamdessinées
par Franklin au XVIIIe siè le. Aux moyennes latitudes, une parti ularité
remarquable de ette organisationest l'existen e de jets intenses
( 'est-à-direlo aliséset forts) de milieude bassin dirigésvers l'est: 'est
le as du Gulf Stream, du Kuroshio, et du ourant antar tique
ir umpo-laire.
PrenonsparexempleleGulfStream,dansl'Atlantiquenord(voirgure
0.2), oule Kuroshio, dans le Pa ique nord. Ce sont des ourants onnés
dans la partie supérieure des o éans, sur une profondeur
H
∼ 1000 m
. Ils sont ara térisésparune longueurL
∼ 2000 km
,unelargeurR
∼ 50km
,et des vitesses de l'ordredeU
∼ 1 m.s
−1
.1
L'énergie des ourantsmoyens est inférieureàl'énergie desu tuationsautour de
a)
INERTIAL
SVERDRUP
b)
~1000 km
Fig.0.2:a) Champdetempératuredesurfa e( onsidéréi i ommeétantreprésentatif
del'é oulement)dansl'Atlantiquenord,visualiséparimageriesatellite[2℄.Ondistingue
lairement un jet dirigé vers l'est (le Gulf Stream), et une forte variabilité autour de
ejet(lamentations,méandreset anneaux).b)lignesde ourantmoyennéesurunan,
pourunmodèlenumériquede omplexitéintermédiaire [3℄.Ondistinguedeuxrégions
(imbriquées):b-i)lesgyressubtropi aleset subpolaires,oùl'équilibre deSverdrupest
bien vériéb-ii)une zoneinertielle, ara tériséeun ourantfortdirigéversl'est.Dans
Estimons le débit de es ourants :
D = UHR
∼ 50 Sv
. Nous onsidé-ronsi ileSverdrup ommeunité demesuredesdébits:1 Sv = 10
6
m
3
.s
−1
.Pour omparaison, l'ensemble des rivières et euves du monde se jetant
dans l'o éan a un débit de
1Sv
. On voit que le débit de es jets versl'est est très élevé. Ces stru tures jouentde fait un rle important dans
la ir ulation o éanique globale, et dans les pro essus d'intera tion ave
l'atmosphère.
Ces é oulements sont turbulents : si l'on onsidère que la
dis-tan e ara téristiquede es é oulements est donnée par la largeur du Gulf
Stream (et du Kuroshio)
∼ 50km
, on obtient un nombre de ReynoldsRe = RU/ν
∼ 10
10
. L'observation de la dynamique ne de es
é oule-ments révèle toute une variété de stru tures inertielles (i.e. ne dépendant
pas du forçage et de la dissipation) : on distingue sur la gure 0.2-a) la
réationde laments à petite é helle, la formationde méandres autourdu
jet, etd'anneaux d'environ
200 km
de diamètre. Les é helles de temps a-ra téristiques de es stru tures sont de l'ordrede lasemaineou du mois.Onreprésentegure0.2-bles ourantsdesurfa edansl'Atlantiquenord,
moyennés sur un an, obtenus par des simulationsnumériques d'un modèle
d'o éan quasi-géostrophique à trois ou hes, for é par les vents en surfa e.
Nous reviendrons ultérieurement sur la signi ation de es modèles. On
distingue lairement une zone inertielle où le Gulf Stream se déta he du
bord ouest, sous la forme d'un jet intense dirigé vers l'est ( adre en tirets
intitulé Inertial).
Departetd'autredu GulfStream(etdu Kuroshio),ilexiste degrandes
stru turesde ir ulationreferméessurelles-mêmes:legyresubtropi al(un
monopole anti y lonique) et le gyre subpolaire (un monopole y lonique).
Ces gyres ont des extensions horizontales de l'ordrede
∼ 5000 km
, etsont fortement asymétriques ( adre en tirets intitulé Sverdrup). Prenons parexemple le gyre subtropi al : les vitesses sont faibles (
∼ 1 cms
−1
),
prin- ipalement dirigées vers le sud, sauf le long du bord ouest de l'o éan, où
a lieula majeure partie de la re ir ulation vers le nord sous la forme d'un
ourantintense.Demême,legyresubpolaireest ara térisépardes vitesses
dirigéesverslenord,sauflelongdu bordouestoùsetrouveunfort ourant
de re ir ulationdirigé vers le sud.
L'existen e des gyres est bien expliquée par les appro hes lassiques
En revan he, lapartie inertielledu ourant ne peut être dé ritedans le
adrede es appro hes,quinégligentlestermesnon-linéairesdes équations
dumouvement,etquineprennentdon pas en omptelanatureturbulente
des o éans.
C'est pré isément ette partie inertielledes ourants qui nous
intéressera dans la première partie de ette thèse : nous
néglige-ronsl'eetduforçageetdeladissipation.Lamotivationprin ipale
de ette appro he est la des ription des jets intenses dirigés vers
l'est, et de la dynamique qui leur est asso iée.
Pré isons que les ourants o éaniques de surfa e, i.e. d'épaisseur
H
∼ 1000m
,sont quasi-horizontaux. Lesvitesses ara téristiques verti- alesde es ourantsw
∼ 1.10
−3
m.s
−1
sontbienplus faiblesquelesvitesses
horizontalesdes stru turesquenousvenonsdeprésenter. Celaest dûà
plu-sieurs eets :
1. La strati ation stable qui limite les mouvements verti aux et
onne l'é oulementen ou hes horizontales.On représentegure0.3
un prol verti al de densité, ara téristique de la partie supérieure
des o éans, issu d'observations in situ, et un s héma de la stru ture
verti ale des o éans gure0.4.
2. Le faiblerapportd'aspe tentreleslongueurs ara téristiques
ver-ti ales et horizontales des ourants. Par exemple, on distingue gure
0.4la ou he mélange(entre
10
et300 m
),lathermo line(quidésigne une variation de la densité due à une diminution de la température,autourde
1000 m
),etl'o éanprofond(∼ 4 km
).Ces longueurssontà omparerave l'extensionlatéraledes ourantsreprésentés gure0.1.3. La forterotation.Àgrandeé helle lesé oulementso éaniquessont
dominésparlafor edeCoriolis,quiest ompenséeparungradient
ho-rizontaldepression(équilibregéostrophique).Ce itendà orréler
ver-ti alement les mouvements des diérentes ou hes (eet
Proudman-Taylor).
Enn,lenombrede degrésdelibertéde esé oulementsesttrès
élevé:lerapportentre lesplusgrandesé hellesde l'é oulement
∼ 1000km
etlesé helles de dissipationvisqueuse oude diusivité molé ulaire∼ 1mm
est de l'ordre de10
9
taillede ellules élémentaires évoluant par une dynamique inertielle quasi
bidimensionnelle,on obtient un nombre de degré de liberté
∼ 10
18
.
L'existen e destru tures ohérentesà grandeé helle(i.e. lapartie
inertielledes jetsdirigésvers l'est),de ertainespropriétés de mélange
onféréesparlaturbulen e,etd'ungrand nombrede degrésde liberté,
in ite à étudier es problèmes du point de vue de la physique
statis-tique.
Une appro he par la mé anique statistique
D'après e quipré ède, lesé oulementso éaniquesde surfa esqui nous
intéressent peuvent être onsidérés àl'ordre leplus bas ommeétantquasi
2-D.Orlesé oulements2-Dturbulentsontlapropriétéde s'organiser
spon-tanément en stru tures ohérentes à grandes é helles,tout en réant
des laments de plus en plus ns à petite é helle. Il est dès lors possible
de distinguer un hamp ma ros opique dé rivant le ourant à grande
é helle,d'un hamp mi ros opiquedé rivant la stru ture ne de
l'é ou-lement. Étant donné le nombre élevé de degrés de liberté, ilserait illusoire
de her her à dé rire ladynamique du hamp mi ros opique.
Il existe en revan he une théorie statistique, proposée par Robert et
Sommeria[99℄, et indépendamment par Miller [81℄, qui explique et prédit
l'organisationdesgrandesé helles (i.e, de l'étatma ros opique)d'un
é ou-lement 2-D en stru tures ohérentes. Il s'agit d'une mé anique statistique
du mélangede lavorti ité 2
.
La spé i ité d'une telle appro he est de réduire un problème
initiale-ment ompliqué(ladynamique turbulented'un é oulement)àl'étude d'un
petitnombredeparamètresquigouvernentlastru turedesgrandesé helles
de l'é oulement.
Lepremier hampd'appli ationde esidéesfutl'organisationde
l'atmo-sphère jovienne. En parti ulier, la formede la tâ he rouge de Jupiter [19℄,
etsapositiondansl'hémisphèresud[123℄ontété expliquéesave su èspar
lamé anique statistique d'équilibre.
2
enjeu majeurdans e domaine. CommeleGulf Streamet leKuroshio sont
dominéspar ladynamique inertielle(dans lazone où es ourantssont des
jetsintenses dirigésvers l'est),ilest pertinentde se demanders'ilspeuvent
êtreinterprétés ommedesétatsd'équilibrestatistiquedelathéorie
Robert-Sommeria-Miller.
Uneétapepréalableà etteétudeest de trouverdessolutionsinertielles
qui présentent un jet intense de milieu de bassin dirigé vers l'est.
L'étudede ertaines solutionsstationnairesde modèlessimples inertiels
remonte à Fofono, en 1954, indépendamment du ontexte de la
mé- anique statistique [51℄. Ces solutions ont joué un rle historique dans e
domaine, et sont présentées dans de nombreux livres d'o éanographie[89℄.
Nouslesprésenterons plus en détail au hapitresuivant. Mentionnons
sim-plement que les é oulements dé rits par Fofono sont ara térisés par un
ourantfaibleet dirigévers l'ouestàl'intérieurdu bassino éanique, etdes
jets de re ir ulation dirigés vers l'est le long des frontières nord et sud du
bassin.Lastru turede esé oulementsestdon trèsdiérentedes ourants
inertielsobservés dans l'o éan.
La solution de Fofono est obtenue dans un as parti ulier (limite des
faiblesénergies,pourune relationlinéaireentrevorti itépotentielleet
fon -tion ourant). De manière surprenante, il n'existe à notre
onnais-san epas d'étudeayant her hé àgénéraliser e typede solutions,
notammentpour des relationsnon-linéaires entre la vorti ité potentielle et
lafon tion ourant.
L'obje tif de la première partie de ette thèse sera i) de déterminer
s'il existe des solutions inertielles présentant un jet dirigé vers
l'est ii) d'étudier la stabilité et la dynamique de es solutions iii)
de déterminer si e sont des états d'équilibre statistique.
Intérêt de la mé anique statistique pour paramétrer
l'eet des petites é helles
L'énergie inétique des ourants o éaniques de surfa e est dominée par
lavariabilitéautourdes ourantsmoyens: etteénergieesteneetportée
Fig. 0.3: Coupe verti alede lapartie supérieure de l'o éan pa ique ( ampagne de
mesure spi e), le long du méridien
140W
[47℄. On distingue la ou he supérieure de mélange(∼ 100m
)audessusdelathermo line,plusstratiée(1 dbar = 1 m
).Leslignes blan hes droites représentent les isobares à50
et200 dbar
. Les lignes noires épaisses sontlesisopy nesà24.8
et25.5kg/m
3
.Leslignesblan hesépaissessontdesmesuresde
densitépotentielle( 'est-à-direladensitéramenéeàunehauteurderéféren e)lelongde
esdeuxisopy nes.
variententre
20 km
et200 km
.Or ette variabilité ne peut être dé rite dans le adre de la mé anique
statistiqued'équilibre: ettethéoriepréditl'organisationdes é oulements
àgrandeé helle, mais ne donne pas d'indi ationsur la dynamiqueà petite
é helle. L'intérêt de la mé anique statistique d'équilibre des é oulements
2-D réside dès lors plus dans la ompréhension des mé anismes physiques
liésà l'organisationinertiellede es é oulements à grandeé helle que dans
lesparamétrisations qu'elle pourrait suggérer pour des modèles réalistes.
Enrevan he,lesidéesdemé aniquestatistiqueàl'équilibreontinspirées
des modèles phénoménologiques hors équilibre. Par exemple, Robert
et Sommeriaont proposé des équations de relaxation vers l'équilibre pour
lesé oulement2-D [100℄.Ces équationsmaximisentla produ tion
d'entro-pie du système, tout en onservant les ontraintes de la dynamique non
Mixed layer
Depth
Radiative heating and cooling
wind
Entrainment
convection
turbulence
Thermocline
Abyss
σ
(z)
Fig. 0.4: Représentations hématiquedes pro essusde mélangedans l'o éan, d'après
[77℄.Ondistinguetroisrégionsdansleproldedensité
σ
:i)la ou hedemélange, ho-mogèneetturbulente,dontl'épaisseurvarieenfon tiondesforçage(vent, onve tion...)ii) lathermo line, ara tériséeparune brusque variationdela températureiii) l'o éan
profond.
Kazantsevetal [66℄.L'intérêtd'unedes riptionstatistiquepourdé rire
l'ef-fetdes stru turesméso-é hellessur l'organisationdesé oulementsàgrande
é helle avaitauparavant été soulignépar Holloway [58℄. Puisque es
stru -turesméso-é helles sontde mieux en mieux résoluespar lesmodèles
numé-riques d'o éans, leur paramétrisationprésente désormais moins d'intérêt.
Toutefois, es appro hes statistiques phénoménologiques
pour-raient être appliquées à la des ription du mélange turbulent (à
petite é helle) des masses d'eau de densités diérentes. Il ne s'agit
plus i i de dé rire l'organisation de la vorti ité potentielle dans un
é ou-lement 2-D, mais de s'intéresser à la stru ture verti ale des ou hes de
mélange o éanique, en dé rivant les distributions de densité du uide
à diérentes profondeurs. C'est e qui a motivé les travaux de la se onde
partie de ette thèse.
Mélange dans les uides stratiés
Comme les é helles de temps (entre la se onde et quelques jours) et
pro es-sus de mi ro-mélangesontbien plus petitesquelesrésolutions des modèles
réalistesde ir ulation o éanique, ilest né essaire de lesparamétrer. À es
é helles, les événements de mélange sont asso iés à des régimes turbulents
tridimensionnels, provoqués par divers types de forçages présentés gure
0.4.
Dansla se onde partiede ette thèse, nousnous intéresserons àdes as
idéalisés de mélange dans les uides stratiés. Par exemple, nous
suppo-serons que les é oulements sont statistiquement homogènes dans les plans
horizontaux,etnous onsidérerons des ongurationsde mélangeturbulent
en l'absen e de mouvement moyen.
L'obje tif sera d'obtenir une équation d'évolution temporelle
pour la distribution de probabilité (PDF) de densité du uide à
une profondeur donnée.
Nous supposerons dans un premier temps que la densité du uide est
purementadve téeparl'é oulementturbulent.Celanouspermettradefaire
uneanalogieave lemélangede lavorti ité(potentielle)enturbulen e2-D.
Nous nous appuierons sur ette analogie pour proposer des équations de
relaxationdes PDF de ladensité similairesà ellesobtenues par Robert et
Sommeriadans le ontexte des uides2-D.
Dans les é oulements réels, la diusivité 3
de la densité est non nulle.
L'eet ombinédes as ades turbulentes vers lespetitesé hellesetde ette
diusivité tend à lisser les u tuations de densité à petite é helle. Il sera
don né essaire de modéliser et eet et de l'in orporer aux équations de
relaxationsobtenues dans un as non visqueux.
Indépendammentdesproblèmesliésàlamodélisation,la ompréhension
dumélangeturbulentest unaspe t importantde ladynamiquedes ou hes
o éaniquessupérieures.Cespro essusdemélangemodientl'énergie
poten-tielledes é oulementso éaniques. Or ette énergiepotentielle domined'un
fa teur 100 l'énergie inétique des ourantsde surfa e (y ompris l'énergie
inétique des stru tures méso-é helles) [139℄. Même dans le adre de
mo-dèles simples d'o éans (où la dynamique de l'é oulement ne modie pas
la strati ation qui est xée une fois pour toute), les é helles
ara téris-3
Il'agitdeladiusivitéthermiquequand ladensitéestgouvernéeparlesvariations
de température, et de la diusivitémolé ulaire quand ladensité est gouvernée parles
le rayon de déformation baro line de Rossby). En e sens, mélange à
petiteé helle (de
10 cm
à10 m
)et ir ulationà grande é helle (de50 km
à5000 km
) sont intimement liés.Plan de la thèse
Danslepremier hapitre,nousprésenteronsleséquationsquasi-géostrophiques
à une ou he et demie. C'est le modèle d'o éan le plus simple qui prend
en ompte l'eet de la strati ation verti ale. Nous reviendrons sur les
é oulements inertiels de Fofono et sur les modèles for és et dissipés de
type Sverdrup. Nous introduirons ensuite la théorie statistique
Robert-Sommeria-Miller(RSM), quiprédit etexplique l'organisationinertielledes
é oulements bidimensionnelsturbulents.
Nous dé rirons au se ond hapitre une lasse de solutions inertielles
qui, ontrairement aux é oulements de Fofono, présentent un jet intense
dirigé vers l'est au milieu d'un bassin o éanique fermé, pour un modèle
d'o éan équivalent barotrope : les équations quasi-géostrophiques à une
ou he et demi. Il s'agit d'un résultat importantpour l'étude des modèles
inertiels d'o éans. En eet, une fois es solutions obtenues, de nombreuses
appro hes théoriques (ou numériques) sont possibles : études de stabilité,
des ription de l'évolution des perturbations... Le fait de dé rire un état
moyen permet de réduiregrandementla omplexitédu problème initial, et
d'envisager des études autourde quelques paramètres.
Nous montrerons que es solutions ne sont pas des états d'équilibre
statistiquede lathéorie RSM : ela n'avait jamaisété démontré.
Cesrésultatsmotiverontl'étudedemodèlesplus ompliqués,baro lines:
leséquationsquasi-géostrophiquesàdeux ou hes.Contrairementau asdes
modèles à une ou he et demie, e modèle autorise les transferts d'énergie
entre les ou hes inférieures et supérieuresdes o éans. On peut dès lors se
demandersi es transfertsd'énergieinduisentl'existen e d'étatsd'équilibre
diérents de eux observéspour lemodèle à une ou he et demi.
Nous verrons que lesétats d'équilibres statistiques de es modèles sont
en général dominéspar la omposantebarotrope (lamoyenne verti ale) de
l'é oulement. Cette barotropisation de l'é oulement montre que les
un rle importantdans la stru ture des états d'équilibrestatistique.
Nousmontreronsquelabarotropisationdesé oulementsestin omplète:
la omposantebaro line(ladiéren edevitesseentreles ou hesinférieures
et supérieures) peut dans ertains as présenter un jet intense dirigé vers
l'est.Cependant, e jetbaro line restenégligeable par rapportà la
ompo-santebarotrope,dirigéeversl'ouest.Ils'agitlàaussid'unrésultatnouveau.
Le fait que les jets intenses dirigés vers l'est ne soient pas des états
d'équilibre statistique ne signie pas pour autant que es solutions sont
instablesdynamiquement. La dis ussion de la stabilité de es jets intenses
est un problème stimulant dans la mesure où les ritères lassiques de
stabilité ne s'appliquent pas à es solutions. Le troisième hapitre sera
onsa ré au as parti ulier d'un jet intense dirigé vers l'est, dans un anal
d'extension zonale innie (sans frontière à l'est et à l'ouest). Cette étude
est un préalable à des travaux plus ompliqués qui prendraient en ompte
lerle des frontières àl'ouest.
Nousmontreronsque esjetssontlinéairementstables,etnousdé rirons
l'évolution des perturbations. La méthode utilisée dans e hapitre a un
intérêt en soi, ar ellepermet de on lure à la stabilitédans un as oùles
ritères lassiques de stabilité ne sont pas satisfaits.
Nousmontreronsquelessolutionsquiprésententunjet intensesont des
points selles d'une fon tionnelle énergie-Casimir. Les ritères lassiques
permettent de on lure à la stabilité quand les solutions sont des extrema
de ettefon tionnelle [38℄.Cependant, nousverronsque lapriseen ompte
de ontraintes supplémentaires,fourniesparlesinvariantsde ladynamique,
permet de on lure à lastabilité.D'un point de vue théorique,nous
rédui-rons l'étude de stabilité à la re her he du maximum d'un problème
varia-tionnelquadratique sous ontrainte linéaire.
Lesé oulements 2-Dfontpartie d'une grande lasse de systèmes
ara -térisés par des intera tions non intégrables 4
. Qualitativement, ela signie
que les intera tions ne sont pas lo ales. La mé anique statistique
d'équi-libre des systèmes à intera tion àlongue portée a justement fait l'objet de
nombreuses études es dernières années, en raisondes propriétés physiques
remarquablesde etypede systèmes.Contrairementà e quelamé anique
4
Lepotentield'intera tionentreparti ulesuidesestlogarithmiquepourles
d'observer dans les systèmes à intera tion à longue portée des apa ités
thermiques négatives(l'énergiediminue quandla températureaugmente!).
Deplus,lesdiérentsensemblesstatistiques(mi ro anoniques, anoniques)
ne sont pas toujours équivalents. On verra au quatrième hapitre que
l'étude des états d'équilibre statistique RSM se révélera parti ulièrement
fé onde dans e ontexte.
D'une part, l'usagede méthodes théoriques lassiques dans e domaine
nouspermettrade al ulerdire tementlessolutionsdu problème
variation-nelfournipar lathéoriestatistiqueRSM (les étatsd'équilibres maximisent
une entropie de mélange sous ontraintes). Ces méthodes théoriques nous
permettrontenoutredeprouverlastabiliténonlinéaired'unegrandepartie
des états d'équilibres statistique dé rits. Il n'existe en eet pas de preuve
générale delastabilitédes étatsd'équilibres statistiques;ils'agit d'un
pro-blème théoriqueimportant.
D'autre part, nous montrerons que les états d'équilibres statistiques
RSM sont ara térisés par les propriétés thermodynamiques propres aux
systèmes à intera tion à longue portée : nous dé rirons l'existen e d'une
zoned'inéquivalen eentre lesensembles, etdetransitions dephase
dire te-mentliées à ette inéquivalen e. Nousverrons que es transitions de phase
orrespondent à des hangements importants dans la stru ture de
l'é ou-lement. Nous mettrons en éviden e ertaines parti ularités
thermodyna-miques (points bi ritiques,azéotropie) qui étaient prédites, mais n'avaient
en orejamais été observées dans un système physiqueà longue portée.
Les états que nous dé rirons sont ara térisés par une relation linéaire
entre vorti itéetfon tion ourant; ilsin luentdon lesé oulements de F
o-fono. Ces é oulements de Fofono sont des états à basse énergie. Nous
montreronsqu'àhauteénergie,lesé oulementspeuventavoirunestru ture
très diérentede elle dé ritepar Fofono.
Nous introduirons au inquième hapitre une autre lasse de
pro-blèmespourlesquelsune appro hestatistiquepourraitêtreintéressante:la
mélangedanslesuidesstratiés. Nousprésenterons lesobservations
expé-rimentales et les appro hes phénoménologiques antérieures, et montrerons
qu'il est né essaire de modéliser l'évolution temporelle des u tuations de
densitépour dé rire orre tement ertains aspe ts du mélange.
d'un tra eur qui n'interagit pas ave l'é oulement : le sixième hapitre
sera onsa ré au problème du s alaire passif. Il s'agira de dé rire par une
appro he phénoménologique l'évolution temporelle de la distribution d'un
tra eurmélangéparuné oulementturbulentànombredeReynoldsmodéré.
Qualitativement,lesu tuationsdu tra eursonttransférées vers lespetites
é helles par les pro essus de as ade turbulente, jusqu'à atteindre l'é helle
dediusionmolé ulaire,quilisse esu tuations.Ladistributiondutra eur
tendvers unpi étroit entré autourdelamoyenne,qui orrespond àl'état
mélangé.
Nous proposerons un modèle d'évolution de la distribution du tra eur
fondésurunmé anismed'auto- onvolutionde ettedistribution.Nous
om-parerons etteappro heàd'autresmodèles,ettesteronsleshypothèses
sous-ja entes grâ e à des expérien es de laboratoire. Ces expérien es onsistent
simplement à mesurer les distributions de on entration d'un olorant
ad-ve té par un é oulement turbulent dans une onduite.
Nousappliquerons es idéesau asdu mélanged'unuidestratiédans
leseptième hapitre. Dans e as, letra eur est ladensité du uide, qui
interagit ave l'é oulement (via la poussée d'Ar himède). A partir d'une
analogie ave le mélange de la vorti ité en turbulen e 2-D, nous
propose-rons un modèle d'évolution temporelle de la distribution de la densité du
uide qui omprendra i) un terme de diusion turbulente ii) un terme de
sédimentationiii)unmodèledemélangeparleseetsde as adeturbulente.
Les modèles lassiques de diusion turbulente ne prennent pas en
ompte le rle des u tuations de densité du uide. Les termes de
sédi-mentation des parti ules uides de densité diérentes et la dissipation des
u tuationsautour de la moyenne (par le modèled'auto- onvolution)sont
don des aspe ts nouveaux qui n'ont jamaisété intégrés dans la
Mé anique statistique
Introdu tion
An de omprendre ertains aspe ts de la
dyna-miqueinertielledesjetsdirigésversl'estauxmoyennes
latitudes,nousétudieronsdesmodèlesidéalisésd'o éans.
Ces modèles sont trop simplespour dé rire un o éan
réel, mais permettent de omprendre l'organisation
des é oulements 2-D par des arguments théoriques,
desappro hes analytiques,oudes al ulsnumériques
peu oûteuxen temps.
Nousprésenterons dans lapremière se tionde e hapitre les modèles
d'o éans quasi-géostrophiques (QG)à une ou he et demi.Cesont
les modèles les plus simples qui prennent en ompte l'eet ombiné de la
strati ationdes o éans etde lafor e de Coriolis.
La se onde se tion sera onsa rée aux études antérieures des solutions
de es modèlesd'o éans.On distingueradeuxappro hes,qui orrespondent
àdeux limites opposées dans leséquations du mouvement :
l'étuded'une lassedesolutionsstationnairesinertielles(où leforçage
etla dissipation sontnégligés), par Fofono.
les études de solutions stationnaires en présen e de forçage et
dis-sipation (où les termes d'adve tion non-linéaires sont négligés), par
Sverdrup, StommeletMunk.
D'une part, les modèles de type Sverdrup ne peuvent rendre ompte
de Fofono ne présentent pas de jet dirigé vers l'est au entre d'un bassin
o éanique.
Nousexpliquerons que lesé oulementsde Fofonosont un as
parti u-lierde solutionsinertiellesparmitouteune variétéde possibilités,quin'ont
ànotre onnaissan epas été explorées.Ce i motivera lapremière étapede
notre étude : existe-t-il des solutions inertielles présentant un jet intense
dirigévers l'est?
Nousintroduironsdans latroisièmese tionlamé anique statistique
deRobert-Sommeria-Miller(RSM),quipréditl'organisationdesgrandes
é helles pour es modèles simples d'o éans turbulents et bidimensionnels.
Cette théorie séle tionne une des solutions stationnaires inertielles, et
donneune expli ation pour l'émergen e de ette solution.
Cela motivera la se onde étapede notreétude : lesjets intenses dirigés
vers l'est sont-ilsdes états d'équilibre statistique?
Ce hapitrene ontientpas de résultatsnouveaux, ilpré isele ontexte
etles enjeux des travauxprésentés par la suite.
1.1 Modèles quasi-géostrophiques
Lesé oulementso éaniquessontdominéspar l'équilibregéostrophique:
dansleséquationsdumouvement,letermedominantestlafor edeCoriolis,
ompenséeparungradienthorizontaldepression.Cetéquilibrelielavitesse
auxquantitésthermodynamiques( hampdedensitéetdepression),maisne
donneau uneindi ationsurladynamique.Andedé rire ettedynamique,
il faut étudier l'évolution temporelle de petites perturbations autour de
l'équilibregéostrophique.
On obtientainsi les équationquasi-géostrophiques, qui peuvent s'é rire
souslaformed'uneadve tiond'uns alaire,lavorti itépotentielle.Nous
verrons que es équations sont valables dans la limite d'un faible nombre
de Rossby, qui ompare l'eet des termes d'adve tion non-linéaires à eux
Les forçages de la ir ulation o éanique
Avant de présenter les équations quasi-géostrophiques, pré isons la
na-turedes ourantsquel'ondé rit,etleurlienave lesdeuxtypesdeforçages
de la ir ulation o éanique : i) Le forçage en densité, par la diéren e de
température entre les ples et l'équateur et ii) le forçage par l'a tion du
vent à la surfa e de l'eau.
Cesdeuxforçagesjouentunrleimportantdansla ir ulationo éanique
à grande é helle. Cependant, les ourants de surfa e peuvent en première
approximation être dé rits en onsidérant seulement l'a tion du vent [20,
139℄.
Le forçage en densité intervient prin ipalement dans le pro essus du
tapis roulant. C'estune ir ulation tridimensionnelleglobale quitraverse
tous les bassins o éaniques. Les ourants de surfa e sont parti ulièrement
ae téspar ette ir ulation dansl'o éan Atlantique, oùl'on remarqueune
déviation du Gulf Streamvers le Nord. Le forçage par les vents joue aussi
un rle importantdans es pro essus[139℄.
Les auses et les impli ations de es eets sont un sujet a tif de
re- her he, tant du point de vue des mesures in situ,que des appro hes
théo-riques, expérimentales etnumériques [97℄.
Danslesmodèlesnumériquesréalistesde ir ulationgénérale, lestemps
ara téristiques
t
c
né essaires pour que l'o éan atteigne un équilibre ave lesdiérents forçages varient onsidérablement suivantles quantitésonsi-dérées :
Lesvariablesthermodynamiques xant lastrati ationatteignentun
état d'équilibreave lesforçages en un temps
t
c
∼ 1000 ans
Les hamps de vitesse de surfa e atteignent un état d'équilibre ave
lesforçages en un temps
t
c
∼ 50 ans
.Il existe don une nette séparation d'é helle de temps entre les
mé a-nismes quimodientla strati ation,etles mé anismesqui modient
l'or-ganisationdes ourantsen surfa e. Celajustie qualitativementle hoix de
onsidérer des modèlessimples d'o éan àstrati ation xée.En
onsé-quen e, l'eet du forçage en densité ne sera pas abordé par la
suite.
La seule sour e d'énergie de es é oulements provient du forçage par
les vents, et l'on suppose que les ourants ainsi réés ne modient pas la
z
y
θ
Ω
x
y
D
Fig. 1.1: Idéalisation de la géométrie et approximation de plan bêta aux moyennes
latitudes
Approximations et équations
Ontrouveraune dérivationsystématiquedes équationsQGdanslelivre
de Pedlosky [89℄. On rappelledans les paragraphes suivants les diérentes
étapes de al uls et approximations menant au système nal d'équations.
Lesystème d'équation nal est résumé àla n de ettesous-se tion.
Nous supposons i i que le forçage et la dissipation sont négligeables
en tout point de l'é oulement, puisque nous voulons étudier l'organisation
inertielledes é oulementso éaniques.
Cettehypothèseest indépendantedes approximationsdu modèle
quasi-géostrophiques. Nousy reviendrons lorsde la présentation des modèles de
Sverdrup-Stommel-Munk.
La dynamique des é oulements est dé ritepar les équationsd'Euler en
présen e de rotation :
∂
t
v
+ v
∇v + 2Ω × v = −
1
ρ
∇P + g
Équilibrehydrostatiqueetgéostrophique. Nousavonsexpliquédans
l'introdu tionqueles ourantso éaniquesde surfa epeuventêtre
représen-tésparune ou hea tivedanslaquellel'é oulementesthorizontal,uniforme
laforterotation,etdufaiblerapportd'aspe tentrelesdimensionsverti ales
ethorizontales.
De fait,lesvitessesverti alesobservées dans l'o éansonttrès faibles, et
l'équilibrehydrostatique est bien vérié :
∂
z
P =
−ρg
(1.1)oùl'axe
z
est déni par laverti ale(dirigé vers lehaut)en un pointdonné de la sphère. On suppose à e stade que la partie verti ale de la for e deCoriolisest négligeable par rapport auxgradients verti auxde pression.
Lesmouvementshorizontauxsontdominésparlafor ede Coriolis,
équi-librés par les gradients de pression, dans dans la limite des faibles
nombres de Rossby
R
o
= U/LΩ sin θ
. Ce nombre ompare l'eet destermesd'adve tionnon-linéairesàlafor ede Coriolis.DansleGulfStream
etleKuroshio,
Ro = 0.1
(aveR = 10
5
m
,U = 1 ms
−1
etΩ sin θ
∼ 10
−4
s
−1
). Laproje tion des équationsdu mouvement sur l'horizontale donne alors2 (Ω
× v) · e
z
=
−∇
H
P
(1.2)où
∇
H
désigne les gradients horizontaux. Cela dénit la vitesse géostro-phique. La rotation de la terre n'intervient que par sa proje tion sur laverti ale, notée
f = Ω sin θ
, oùθ
est la latitude moyenne du bassin o éa-nique étudié (on prendraθ
∼ 45
).L'équilibre géostrophique est valable susamment loin de la surfa e
libre. L'a tion des vent intervient dire tement dans la ou he limite
d'Ek-man , dont l'épaisseur est estimée entre
50
et100 m
[91℄, alors que les ourants géostrophiques de surfa e sont ara térisés par une épaisseurva-riant entre
500
et1000 m
. L'estimation des débits liés à es deux eets montre que l'é oulement est dominépar leux géostrophique.L'approximationdeplanbêta. Lesé hellesverti ales(autourde
500 m
)ethorizontales (autourde
1000 km
pour lazoneinertielledu Gulf Stream) des é oulements o éaniques sont petites par rapport au rayon de la terrer
t
∼ 6000 km
. On suppose quela ir ulation sefaitdans un plantangentà unpointde référen ede latitudemoyenneθ
0
∼ 45
.Lerepère artésien or-respondantest représentégure1.1.A l'ordreleplus bas, onaune relationlinéaireentre lalatitude
θ
et la oordonnée artésienney = (θ
− θ
0
)r
t
diri-géesvers lenord.Lasphéri ité de laterreintervientseulementvialetermeµ
µ
η
η
ρ
ρ+∆ρ
ρ
H
H
0
z
a) 1 layer
b) 1−1/2 layer
Fig. 1.2: Représentation s hématique de deux modèles QG à une ou he a tive a)
H
≈ 4
km,η
est donnée par la bathymétrie b)H
≈ 500
m, la ou he inférieure est supposéeaniméed'unmouvementstationnaire onnu,qui peutêtrenul.surlaverti aleave lalatitude.Onlinéarise
f
autourdeθ
0
,àl'ordreleplus bas :f
≈ 2Ω sin θ
0
+
2Ω cos θ
0
R
T
y = f
0
+ β
c
y
(1.3) C'est l'approximation de plan bêta, initialement proposée par Rossby[101℄,valabletantque
β
c
y
≪ f
0
.Commef
0
≈ 1 10
−4
s
−1
et
β
c
≈ 1.6 10
−11
m
−1
s
−1
, la des ription de ourants d'extension∼ 1000 km
est raisonnable dans le adre de ette approximation.Modèles à une ou he a tive. On suppose queles ourants de surfa e
sont lo alisésdans une ou hede densitéhomogène
ρ
,d'épaisseurmoyenneH
.Lasurfa elibre setrouveàunealtitudeµ(x, y, t)
≪ H
.Enl'absen ede mouvement,l'interfa e est horizontale (µ = 0
). Ondistingue deux typesde modèles àune ou he a tive, représentés sur lagure 1.2:Le modèle barotrope (1 ou he) : la ou he a tive représente la
totalitéde l'o éan:
H = 4
km. Leseets dus àla strati ationssont omis. Cela revient à onsidérer la omposante barotrope del'é oule-ment, 'est-à-direlavitessemoyennéesurtoutelahauteur.L'interfa e
inférieuredela ou he a tive,d'altitude
−H +η
,estxée parla topo-graphiedufondo éanique(labathymétrie),quel'ona hoisietellequehηi = 0
, oùh·i
représente une moyenne sur tout le domaine (nous utiliserons souvent ette notation dans la suite du hapitre).Onsuppose de plus
η
≪ H
.La onservation delamasse imposealorshµi = 0
.Le modèle équivalent barotrope (1-1/2 ou he) : La ou he
a tiveestrestreinteàuneépaisseur
H
∼ 500
m(qui orrespond ee -tivementàl'épaisseur des ourants de surfa e observés dansl'o éan).Cette ou he a tive est séparée d'une ou he d'eau profondeque l'on
suppose aussi homogène, de densité
ρ + ∆ρ
. C'est la manièrela plus simple de prendre en ompte la strati ation de l'o éan. L'ordre degrandeur de l'é art relatif de densité est
∆ρ/ρ
∼ 0.5%
. L'interfa e entre lesdeux ou hes se situe à l'altitude−H + η
, aveη
≪ H
.La onservationdelamasseimposehµ−ηi = 0
.Onsupposequela ou he inférieureest soitaurepos,soitaniméed'un mouvementstationnaireonnu etindépendant de la ou he supérieure.
Dans la ou he a tive, l'équilibre hydrostatique (1.1) donne la pression
P
que l'on inje te dans l'expression de lavitesse géostrophique (1.2).v
= e
z
× ∇ψ
aveψ =
g
f
0
µ
(1.4)oùl'onanégligélesgradientshorizontauxdepressionatmosphérique
P
0
.La fon tion ourantψ(x, y, t)
de la ou he a tive est don indépendante dez
, proportionnelleà lahauteur de lasurfa e libre.Cette propriété est utiliséepour visualiser les ourants de surfa e par imagerie satellite. Dans le as
du modèle QG à 1-1/2 ou he, on al ule de même la pression
P
, puis lavitesse géostrophique de la ou he inférieure:
v
b
= e
z
× ∇ψ
b
aveψ
b
=
g
f
0
µ +
g
′
f
0
η
oùg
′
=
∆ρ
ρ
g
(1.5)La dynamique quasi-géostrophique. L'équilibre géostrophique lie le
hampdevitesse
v
auxvariationshorizontalesdu hampdepressionP
.Ces variationshorizontalene dépendentpasdez
dansune ou he donnée.Pour déterminer la dynamique dev
, il est né essaire de onsidérer l'évolutiontemporelle d'une petite perturbation agéostrophique. On onsidère à et
eet le rotationnel de l'équation (1.1), que l'on projette sur l'axe verti al
Oz
:on élimineainsi les termes dominantsde l'équilibre géostrophique, en ne gardant que les termes d'ordre le plus bas. Cela fournit une équationdynamique:
∂
t
q + v
∇q = 0
(1.6)q = ∆ψ + β
c
y +
f
0
H
η
(1.7)Laquantité
q
estappelée vorti itépotentielle, arelle ontientun terme provenantdelavorti itérelative(∆ψe
z
=
∇×u
),untermedûàlavariation de la vorti ité planétaire (β
c
y
), et un terme d'étirement de la olonne de uide(vialesvariationsdehauteurη
).Ils'agitd'unequantité entraledans lestravaux quenous présenterons. Il est remarquable quela dynamiquedees modèles simples s'exprime sous la forme d'une équation de transport
d'uns alaire,purement adve té par le hamp de vitesse. Soulignonsque e
s alaire,lavorti ité potentielle,est a tif: ondéterminela fon tion ourant
(et don le hamp de vitesse) en inversant l'équation (1.7). On distingue
deux as selon le modèle :
modèle barotrope (1 ou he) :
η
est la bathymétrie, supposéeonnue.
modèle équivalent barotrope (1-1/2 ou he) : d'après (1.4) et
(1.5),
η = f
0
(ψ
2
− ψ
b
) /g
′
. On suppose que le ourant de la ou he
profonde (donné par
ψ
b
) est onnu. Ce ourant a l'eet d'une topo-graphie.Lavorti ité potentielles'é rit alorsq = ∆ψ
−
ψ
R
2
+ β
c
y +
ψ
b
R
2
oùR =
√
g
′
H
f
0
(1.8)On remarque qu'une distan e ara téristique (
R =
√
g
′
H/f
0
) apparaîtdans es équations. Il s'agit du rayon de déformation de Rossby
in-terne (ou baro line). C'est une dimension ara téristique des
déforma-tions de l'interfa e
η
, et don de l'é oulementψ
dans la ou he a tive. Ilvarie entre
20
et80km
aux moyennes latitudes. Commeψ
xe ensuite lesvariationsde hauteur de surfa e libre
µ
, il sut de regarder ette quantité surdesimagessatellitesd'o éanspourremarquerl'existen ede etteé helleet estimer son ordre de grandeur. Le rayon de déformationde Rossby
a-ra térise la ompétition entre les eets de gravité, qui tendent à ramener
lesé artsd'interfa evers l'horizontale,etleseets de rotation,quitendent
à in urver l'interfa e en présen e d'un ourant à ause de l'équilibre
Dans e qui pré ède, on a négligé l'eet des variations de hauteur de
la surfa e libre dans l'évolution des perturbations agéostrophiques. C'est
l'approximation de toit rigide. Les variations de la surfa e libre auraient
apporté une ontribution supplémentaire
f
0
/Hµ = ψ/R
2
bt
dans l'équation (1.7), oùR
bt
=
√
Hg/f
0
est une autre é helle ara téristique d'é rantage, lerayonde déformationde Rossby barotrope.Dans le adredu modèleba-rotrope (
H = 4 km
), on évalue sa valeur àR
bt
≈ 2000 km
. Comme ette longueurd'é rantage est supérieureàlatailledudomainelui-même,onné-glige e terme.Dansle adredumodèleéquivalentbarotrope(
H
∼ 500 m
), on évalueR
bt
≈ 500 km
. Dans lamesure où ette longueur ara téristique est bien plus grande que le rayon de déformation de Rossby baro linein-troduit pré édemment, onnéglige làaussi lesvariationsde lasurfa e libre.
Conservation de la masse. Dans le as du modèle à 1-1/2 ou he, la
onservation de la masse donne
R
ψdxdy =
hψi = 0
. En eet, la fon tion ourantest proportionnelleàη
, quidoitêtre de moyenne nullesil'onafait l'approximationdetoitrigide.Dansle asdumodèlebarotrope,laonser-vationde lamassenefournitpas de ontraintesil'onafaitl'approximation
de toit rigide.
Conditionsauxbords. Lesbassinso éaniquesétudiésdansles hapitres
suivantssontdes domainesfermés quel onquesoudes anaux d'extension
inniesuivantxetlimitéspardesfrontièresnordetsud.Nous onsidérerons
la ondition d'imperméabilité aux bords du domaine :
v
· n = 0
, oùn
désigne lanormale aux frontières
∂
D
. Dire que la vitesse est tangente à la frontièredudomainerevientàdirequelafrontièreestunelignede ourant:la ondition aux bords onsiste don à onsidérer
ψ
onstante sur∂
D
. Le hampdevitessenedépendpasdu hoixde ette onstante.Pourlemodèle1-1/2 ou he, la ontrainte de onservation de la masse impose néanmoins
la ondition
hψi = 0
, qui xe la valeur de la fon tion ourant aux bords.Ce hoix restant arbitraire pour le modèle à une ou he, on gardera la
ontrainte
hψi = 0
.Rle des ou hes limites. Dans un é oulement réel , lavis osité
ν
in-tervient pro he des bords du domaine, sur une é helle proportionnelle à
ν
1/2
. Tant que ette ou he limite reste le long des bords, elle n'inuen e
numériques à nombres de Reynolds modérés (
∼ 2000
) ont montré que es ou hes limites se dé ollent parfois, inje tant de la vorti ité dansl'é oule-ment entralinertiel[29℄[30℄:laparoise omportealors ommeunesour e
de vorti ité. Le omportement de es ou hes limites pour des nombres de
Reynolds plus élevés n'est ependant pas onnu.
Résumé :
lesmodèlesinertielsQGs'é riventsouslaformed'uneéquationde
trans-portpour lavorti itépotentielle (PV) dans un domaine
D
:∂
t
q + v.
∇q = 0
(1.9)q = ∆ψ
−
ψ
R
2
+ h(x, y)
(1.10)v
= e
z
× ∇ψ
ψ = ψ
f r
sur∂
D, hψi = 0
(1.11) Le ash = 0
,R = +
∞
orrespond aux équationsd'Euler bidimension-nelles,que l'on obtientindépendamment des é oulementsgéostrophiques.Invariants du modèle QG
Leséquations(1.9)d'évolutiontemporelledesé oulements2Dadmettent
uneinnitéd'invariants,quenousprésentons danslesparagraphessuivants.
Nousverronsensuitequel'existen ede esinvariantsjoueunrleimportant
dans l'organisationdes é oulements 2-D en stru tures ohérentes à grande
é helle.
Conservationdel'énergie L'énergie inétiqueetpotentielledela ou he
a tives'é rivent
E
c
=
ρH
2
Z
D
v
2
dr
(1.12)E
p
= ∆ρg
Z
D
Z
η
0
zdz
dr =
g
′
ρ
2
Z
D
η
2
dr
(1.13)L'énergie potentielle est al ulée en retran hant l'énergiepotentielle de
enmouvement.Andesimplierlesnotations,onintroduitl'énergietotale
par unité de masse,
E = (E
c
+ E
p
)/m
tot
, oùm
tot
= ρH
|D|
. C'est une quantité onservée par l'équationde transport(1.9). Al'aide des équations(1.4) et(1.5), onmontre qu'elle s'é ritsous laforme
E =
1
2
(
∇ψ)
2
+
ψ
2
R
2
=
−
1
2
h(ψ − ψ
f r
) (q
− h)i
(1.14)Conservation des Casimirs En plus de l'énergie, l'équation de
trans-port(1.9) onserve une innitéde fon tionnelles Casimirs,déniespar
C
f
[q] =
Z
D
f (q)dr =
hf(q)i ,
(1.15)où
f
est n'importequellefon tion ontinue. La ir ulationΓ
etl'enstrophieZ
sont des exemples de Casimirs :Γ =
Z
∂
D
vdl =
hqi
Z =
1
2
q
2
(1.16)Commele hampdevorti itépotentielle
q(r, t)
estadve téparun hamp devitesseàdivergen enulle,l'aireg(σ)
asso iéeà haqueniveaudevorti ité potentielleσ
est onservée au ours de l'évolution temporelle del'é oule-ment. On al ule aisément ette aire pour un hamp onnu de vorti ité
potentielle :
g(σ) =
Z
D
δ (q(r, t)
− σ) dr .
(1.17)La onservation de
g(σ)
est équivalente à la onservation des Casimirs.Selonl'usage quel'on souhaitera fairede es invariants,ilsera parfois utile
de onsidérer les loisde onservation sous une formeplutt qu'une autre.
Invariants supplémentaires Quand le domaine
D
possède dessymé-triesparti ulières,ilfaut onsidérerdes quantités onservées additionnelles.
Hormis es ontraintes géométriques, les seules quantités onservées sont
Etats stationnaires du modèle QG : relation
q
− ψ
Un al ul rapide montre que les solutions stationnaires du modèle QG
sont lesétats oùleslignesde niveaude vorti itépotentielle
q
sontaussi des lignesde ourant (i.e. des lignes de niveau de la fon tion ourantψ
):∂
t
q = 0
⇔
v
∇q = 0
⇔
∇ψ × ∇q = 0
(1.18) Enparti ulier, tout état déni par une relationq = f (ψ)
(1.19)est une solution stationnaire de l'équation QG. Ces états sont dégénérés :
il en existe une innité, paramétrés par l'ensemble des fon tions
f
. Il est en outre possible que plusieurs solutions stationnaires orrespondent à lamêmefon tion
f
.On peut à e stade pré iserla motivation de notre étude : il s'agira de
trouver une relation
q = f (ψ)
telle qu'il existe une solution ara térisée parun jet intense dirigévers l'est. Ilfaudra ensuite justierl'émergen edeettesolution.On disposeà eteet de plusieurs ritères: et étatsera-t-il
un équilibre statistique? Sera-t-ilstable ouinstable?
1.2 Études antérieures des modèles d'o éans
QG
Avant d'introduire la mé anique statistique des équations QG,
présen-tons deux modèles historiques d'o éan :l'é oulementinertielde Fofono,
etles é oulements for és par les vents de Sverdrup, StommeletMunk.
La solution stationnaire inertielle de Fofono
Fofono est le premier à s'être intéressé à la limite inertielle des
équa-tionsQGquenousvenonsdeprésenter[51℄.Ila al uléunesolution
station-naire de es modèles, qui est maintenant dé rite dans de nombreux livres
d'o éanographie[89℄.
Des ription de la solution (voir gure 1.3). Fofonosuppose par
ou-Fig. 1.3: Solution de Fofono. Les è hes donnent la dire tion et la valeur de
la vitesse. Les ouleurs haudes et froides orrespondent respe tivement aux valeurs
positiveset négativesdelafon tion ourant
ψ(x, y)
.rant
ψ
est linéaire, pour trouver une solution inertielle du modèle quasi géostrophique àune ou he a tive :q = aψ
− b = ∆ψ −
ψ
R
2
+ β
c
y
Il faitde plusl'hypothèsea +
1
R
2
≫ 1
, equi revient à onsidérerune li-mitede faibleénergie(lasolutiontendvers0).LeLapla ienestnégligeableloindes bords, au-delàd'une distan e
l
c
∼ (a + R
−2
)
−1/2
. Lafon tion
ou-rantest alors donnée par
ψ =
β
c
y + b
a + R
−2
Ainsi,lafon tion ourantne dépendpasde
x
endehorsdes ou hes limites; la vitesse est purement zonale (v
y
= 0
), onstante, faible, et dirigée vers l'ouest (v
x
=
−∂
y
ψ
). On peut al uler la solutiondans les ou hes limites,etmontrerl'existen ede jetsdere ir ulationdirigésvers l'estauxfrontières
nord etsud.
Intérêt historique de ette solution. Les é oulements de Fofono
ont joué un rle important dans l'étude des modèles idéalisés de
ir ula-tion o éanique, en raison, notamment, des travaux de
Salmon-Holloway-Hendershott [106, 57℄. Ces auteurs ont généralisé aux modèles barotropes
d'o éanlamé anique statistique proposée par Krai hnandans le adre des
équationsd'Euler tronquées [70℄.
Ilsprédisentl'organisationde l'é oulementenun étatstationnairedéni
parunerelationlinéaireentrevorti itépotentielleetfon tion ourant,pour
une tron aturespe trale des modèlesQG. Cela justie l'émergen e
d'é ou-lements de Fofono. Ce type d'é oulements ont ee tivement été observés
dans des simulationsnumériquesde [135,66℄.
Cependant, la dynamique de es modèles tronqués ne onserve que
l'énergie et l'enstrophie parmi l'innité d'invariants de la dynamique non
tronquée. Nous présenterons dans la se tion suivante une autre appro he,
lathéoriestatistiqueRobert-Sommeria-Miller(RSM),qui prenden ompte
tous les invariants de la dynamique (non tronquée). La théorie requiert
la onnaissan e de la distribution initiale des niveaux de vorti ité
g(σ)
, et de l'énergieE
. Elle séle tionne ensuite la solution stationnaire d'entropie maximale,étant données es ontraintes, et fournit la forme de la relationq = f (ψ)
.Nous verrons qu'il existe en fait une grande variété de relations
q
− ψ
asso iées à es états d'équilibrestatistique. Nous on luons que le hoixapriori d'unerelation
q
− ψ
linéairen'a pas de justi ationphysique. Ilest don pertinentdesedemanders'ilexistedesétatsd'équilibrestatistiquequiontunestru turetrès diérentedes solutionsde Fofono,quand larelation
q
− ψ
est non-linéaire.L'appro he lassique : les modèles for és et dissipés
Lesappro hes lassiquesdela ir ulationo éanique onsistentàprendre
en ompte la forçage et la dissipation dans les équation QG (1.9), qui
s'é rivent alors [91,89℄ :
∂
t
q + v
∇q =
1
où
H
est la profondeur de la ou he a tive,ρ
la densité de l'eau, etτ
représentelafri tiondesventsàlasurfa e.Cetermepeutêtregrossièrementapproximé par un forçage double gyre (
τ
≈ τ sin(2πy/L
gyre
)e
z
, oùτ
∼
0.1 N.m
−1
etL
gyre
∼ 5000km
).L'eet du frottement du vent à la surfa e des o éans a d'abord été
ob-servé, puis expliqué qualitativement par Nansen, en 1898, et dé rit plus
quantitativement en 1902 par Ekman. Celui- iamontré lerle joué par
larotationterrestre en onsidérant un modèle simpled'o éan.
Qualitative-ment, l'é oulement pro he de l'interfa e est donné par un équilibre entre
for es de fri tion(dans la dire tiondu vent),et for es de Coriolis
(perpen-di ulaires à la vitesse), le tout étant ompensé par un gradient horizontal
de pression.Loinde l'interfa e,seul subsistel'équilibregéostrophiqueentre
vitesse et gradients horizontaux de pression. Après es travaux, plusieurs
modèlessimplesd'o éans ontété proposés(voirlelivrede Pond etPi kard
[91℄ pour une présentation qualitativede es modèles).Donnons une brève
hronologie des prin ipales ontributions :
Sverdrup (1947 [117℄) propose une estimation de la vitesse
mé-ridionale 1
v
y
en onsidérant un équilibre entre le forçage dû aux vents, et le terme provenant de la variation de la for e de Coriolisave lalatitude( e qui revientà prendre
∂
t
q = 0
,Dissipation = 0
etv
∇q = v
y
∂
y
(β
c
y))
dans l'équation pré édente) :β
c
v
y
=
1
ρH
∇ × τ .
Ce modèle prédit une organisation des ourants raisonnable à
l'inté-rieur des bassins o éaniques, mais n'explique pas les ourant forts de
re ir ulation sur les bords ouest des o éans, omme le Kuroshio le
long du Japon oule GulfStream lelong de laFloride.
Stommel (1948 [116℄) explique l'intensi ation de bord ouest des
ourants aux moyennes latitudes, par des simulations numériques du
modèlede Sverdrupauquelil ajouteun termede fri tion de Rayleigh
(unterme linéaireen lavitesse dans l'équationd'Euler)justié par le
pompaged'Ekman sur lefond o éanique.A l'équilibre,
βv =
1
ρH
∇ × τ + Dissipation
1