Cahier des thèmes transversaux ArScAn
I1 9 9 8 / 1 9 9 9
Thème
Environnement
s
Responsables
Stéphanie Thiébault
(UMR ArScAn - Protohistoire e u r o p é e n n e )
Sander Van der Leeuw
Cahier des thèmes transversaux ArScAn
I1 9 9 8 / 1 9 9 9
Thème
Environnement
s
Responsables
Stéphanie Thiébault
(UMR ArScAn - Protohistoire e u r o p é e n n e )
Sander Van der Leeuw
Environnement, Sociétés, Espaces
L’im pact
de
l’en
dans
les
techniques
liées
L’exemple
des
indiens
de
Sylvie BEYRIES (UMR 6130 Centre d’Étude Préhistoire Antiquité Moyen-Age)
Lors d e travaux d e terrain en Colombie britannique, les expérimentations m en é e s sur les matières anim ales m ontraient l'influence importante du contexte dans le choix des techniques em p lo y ées. Cet impact d e l'environnem ent était particulièrement perceptible dans les techniques liées aux régim es alimentaires. J'ai d o n c c h erch é à voir le lien pouvant exister entre les choix techniques d é c e la b le s p a r l'intermédiaire des v estiges archéologiques potentiels e t les stratégies alimentaires mises en œ uvre.
Le prem ier groupe indien étudié, des Atapaskan (beaver), était traditionnellement non sédentaire. Son alim entation est essentiellement c a m é e . L'acquisition du gibier conduit ces indiens à parcourir un large territoire d e 9 400 kilomètres carrés. Un seul m o d e d e d é c o u p e des bêtes ch assées est pratiqué. Tout dans l'animal e s t consom m é. Seuls les m étap o d es sont transformés en outils destinés au travail des p eaux. C 'est par choix q u e la cueillette très spécialisée ne c o n c ern e q u e les baies, fri effet, d e nom breuses e s p è c e s comestibles sont facilem ent accessibles. L 'esp ace exploité pour la cueillette est inclus dans le territoire d e chasse. Les seuls vestiges archéologiques relevant des activités liées à l'alimentation sont des os c o m p lè te m e n t fracturés e t d e s foyers spécifiques.
Le se c o n d groupe est constitué d'indiens Saiish d e l'intérieur (shuswap). Ils sont sem i-sédentaires. Si leur alimentation relève essentiellement d e la pêche, la chasse et la cueillette o c c u p e n t une p la c e importante. Le territoire exploité est plus restreint, mille kilomètres carrés, mais les com plém entarités é c o lo g iq u es sont utilisées au maximum : les sites d e p è c h e sont sur les terrasses, les sites d e chasse aux interfluves, le territoire d e cueillette e st à flanc d e c o te a u . Tous ces e sp a c e s ne sont pas inclus les uns dans les autres mais juxtaposés. Autrefois la p ê c h e renvoyait à l'artisanat (bouteilles en peaux d e saumon) e t à l'alimentaire. Aujourd'hui, la p ê c h e e s t essentiellem ent alimentaire. Les vestiges indiquant c e tte activité sont essentiellem ent d e s vertèbres d e poissons, d es fosses d e stockage e t des foyers spécifiques. La cueillette très diversifiée est p ratiq u ée toute l'année. Elle e s t destinée à la récolte d e biens alimentaires mais aussi à l'obtention d e nombreux biens techniques com m e d e s é c o rc e s pour la fabrication d e boîtes ou canoës, d e fibres v ég étales pour la vannerie ou les vêtem ents... Les a rte fa c ts qui reflètent ces activités sont essentiellement d es outils en os: poinçons, couteaux... La chasse s e pratique à partir d e postes fixes. La technique d e d é c o u p e du gibier varie selon différents param ètres qui p eu v e n t ê tre à c a ra c tè re social co m m e le nombre d e chasseurs ou c o m p lè te m en t aléatoires com m e les intempéries. Les vestiges potentiels d é p e n d e n t d e la technique choisie : sq u elette co m p let en connexion, squelette dissocié... Les biens techniques produits à partir d e l'animal sont très nom breux e t renvoient à d e s activités artisanales très variées.
Si on sort d e la sphère proprem ent archéologique, on voit q u e ce s deux stratégies alimentaires sont le reflet d e systèm es techniques très différenciés. Dans le premier cas, nous som m es confrontés à une s o c ié té a y a n t un systèm e que je qualifierais d e circulaire. Le surplus est p eu important puisque la so ciété c o n c e rn é e n e vise à produire q u e les biens techniques e t alimentaires nécessaires à la survie du g ro u p e p en d an t in c y c le annuel.
Dans le deuxièm e groupe, la situation est plus com plexe. Le systèm e technique e st arb o re sce n t a v e c d e nom breuses interactivités. Le surplus est important a v e c une large production d e biens d 'é c h a n g e , qui sont soit alimentaires com m e le saumon, soit techniques av ec l'artisanat. On constate aussi une production importante d e
Environnement, Sociétés, Espaces
Ces deux g roupes évoluent d a n s d es milieux écologiques parfaitem ent com parables. Pourtant, ils ont a d o p té d e s stratégies alimentaires très contrastées. Le d e g ré d e complexité des systèm es techniques a p p ré h e n d é s à travers les m odes d'acquisition des biens d e subsistance peut être mis en parallèle av ec le d eg ré d e com plexité sociale d e c e s deux groupes.
Ces résultats sont particulièrement intéressants pour des périodes d e transition com m e le mésolithique où les problèm es relatifs à l'organisation socio-économ ique sont particulièrement com plexes et les d o n n ées a rch éo lo g iq u es diversifiées.