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Géographie humaniste et littérature : notes de lecture

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Géographie humaniste et littérature : notes de lecture

LÉVY, Bertrand

Abstract

L'article examine les contributions géographico-littéraires des années 1960-1982, avec l'accent mis sur l'ouvrage de D.C.D. Pocock (ed.), 1981, Humanistic Geography and Literature. The Experience of Place.

LÉVY, Bertrand. Géographie humaniste et littérature : notes de lecture. Brouillons Dupont, 1983, vol. 11, p. 37-59

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:19267

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GEOGRAPHIE HUMANISTE ET LITTÉRATURE :

NOTES DE LECTURE *

par Bertrand LEVY Université de Genève

Survol des principaux travaux sur la question

La parution du premier recueil traitant des liens entre la littérature et la géographie (Pocock (ed.), 1981) mérite que l'on s'y attarde.

Cet ouvrage est issu du courant humaniste de la géographie

anglo-saxonne, comme la majeure partie des contributions que je cite ci-dessous. Cela provient du fait que la géographie humaniste a été la première à poser quelques jalons épistémologiques et

méthodologiques en vue de l'intégration de sources de connaissance non scientifique dans la discipline géographique (Ley, Samuels, 1978). Ce courant qui se développe depuis quelques années dans les pays anglophones se manifeste par une réaction qualitativiste si- gnificative face à l'immense vague de production géographique néo-positiviste. Il est à noter que le renouveau humaniste parcourt de nombreuses sciences humaines et sociales, à côté de la géographie.

Intéressant "effet en retour" que de recevoir aujourd'hui une leçon humaniste du Nouveau-Monde, alors que l'humanisme a éclot

historiquement dans le Vieux Monde voici cinq siècles. Soulignons à ce propos que le mouvement humaniste actuel poursuit les mêmes ambitions fondamentales que l'humanisme historique, dans un contexte épistémologique bien sur différent (Ley, Samuels, 1978). La

connaissance, à la con-

*

Je remercie le Professeur Raffestin qui a veillé à la correction de l'article, ainsi que le Bollettino Della Società Geographica Italiana, où a paru cet article en italien, qui en a autorisé une version française.

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Publié in : Brouillons Dupont, Avignon, 11-1983, 37-59.

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dition de respecter la totalité humaine, prise dans son sens individuel et générique, compose toujours l'aspiration des humanistes.

En se penchant sur les travaux géographiques consacrés à la littérature et déjà effectués, on distingue de multiples approches non, exclusives mutuellement. Trois études discutent

les fondements théoriques du croisement du discours artistique de la littérature avec la géographie (Seamon, 1976; Tuan, 1978; Pocock, 1981). Toutefois, la majeure partie des contributions dévolues aux

"Belles-Lettres" s'articule sur des études de cas, précédées ou non de fondements théoriques. Ces études traitent un ou des thèmes géographiques émergeant chez un ou plusieurs écrivains, associés ou non à un espace de référence.

Les concepts plutôt abstraits de nature et de culture ont été illustrés géographiquement dans un ouvrage monumental, basé

davantage sur la littérature philosophique et religieuse que sur la littérature imaginative (Glacken, 1967). L'exhaustivité historique de cette étude ne peut que servir la cause de la perspective géographico-littéraire. L'image de la nature et

ses implications culturelles apparait aussi dans les articles consacrés à la littérature romantique (Seamon, 1978). Le concept de paysage ("Landscape") cher à la géographie culturelle américaine (qui correspond approximativement à notre géographie humaine) surgit fréquemment. Le contenu morpho-fonctionnel et l'image du paysage vus dans la littérature retiennent l'attention de nombreuses recherches (Olwig, 1977; Silverman, 1977; Salter et Llyod, 1977; Salter, 1978).

La notion de région est souvent extraite de la littérature par les géographes, pour identifier des traits factuels régionaux physiques ou humains apparaissant dans des nouvelles (Darby, 1948; Gilbert, 1960), ou une identité régionale (Whittington, 1974). Le thème de la ville a été élucidé du point de vue de la géographie de la perception (Bailly, 1980), et de son contenu symbolique et social (Lloyd, 1976;

McCleery, 1981). Notons entre parenthèses que

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la perspective diachronique est présente dans la plupart des

recherches citées; très peu de travaux s'attachent à interpréter des œuvres littéraires actuelles. Il faut aussi mentionner les

contributions récentes (que je commente par la suite) sur le thème de l'expérience géographique du déracinement, dépeinte dans toute sa complexité dans la littérature (Middleton, 1981; Olsson, 1981;

Seamon, 1981). Un certain nombre de travaux souligne par des thèmes variés l'esprit géographique d'un auteur (Tissier, 1981), ou son imagination géographique (Cosgrove, 1979). J. Wintsch (1979) a interprété les termes spatiaux d'un roman en se fondant sur une classification symbolique empruntée à la psychanalyse.

Je me suis contenté de relever les études (pas toutes) concernant la littérature imaginative effectuées en général par des géographes.

Cependant, les géographes ne sont pas les seuls

au monde à s'intéresser aux contenus spatiaux et géographiques de la littérature. Le nombre de travaux dévolus à l'espace dans la littérature est plus important pour l'instant chez les non géographes que chez les géographes (Pocock, 1981, p. 13). Des ouvrages écrits par des hommes de lettres (Sansot, 1973), des critiques littéraires comme J. Weisgerber (1978), des philosophes (Bachelard, 1974), ou même des linguistes (Lotman, 1973), sont susceptibles d'éclairer les relations homme-espace médiatisées à travers le langage de la littérature. L'on m'excusera de ne pas tous les mentionner.

Une remarque s'impose après l'énumération faite ci-dessus : on constate une large variété d'approches géographiques par rapport aux textes littéraires, coïncidant avec le bagage scientifique, les problématiques (pas toujours explicitées), et les goûts littéraires et régionaux variés des géographes. L'ouvrage de géographie humaniste et de littérature que je vais résumer illustre aussi cette diversité de perspectives. L'ouvrage présent souligne à des titres divers les enseignements que la discipline géographique peut tirer de la litté-

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rature imaginative (nouvelles, romans, poésie, etc.). La

littérature philosophique y est reléguée à une place marginale;

cette dernière fait l'objet de recherches à part et décisives dans l'épistémologie de la géographie (Harvey, Holly, 1981).

Attardons-nous maintenant sur le recueil édité par D.-C.-D. Pocock (1981) qui établit quelques fondements solides en faveur de l'appréciation d'un "document géographique" bien éloigné du

"terrain" concret traditionnel à notre branche; la littérature témoigne d'une conception de l'espace relativement abstraite, qui nait de la rencontre de l'imagination et la conscience d'un artiste, l'écrivain ou le poète, avec son lecteur.

Résumé critique de "Humanistic Geography and Literature"

(Pocock, ed., 1981)

L'introduction de l'ouvrage par D.-C.-D. Pocock (1981) est un plaidoyer général pour l'emploi des sources d'inspiration littéraire par le géographe. Plaidoyer convaincant, qui laisse au géographe humaniste une grande latitude dans son appréciation de la littérature imaginative. L'approche de D.C.D. Pocock n'imprime pas de règles méthodologiques contraignantes au géographe

plongeant dans l'univers littéraire. C'est au contraire une démarche souple, empirique, et non structuraliste vis-à-vis de la littérature que propose l'éditeur, qui écarte les techniques

"objectives" comme l'analyse structurale ou de contenu, pas à même selon lui de capter l'essence du mot (p. 9). Pour Pocock, le problème de la rencontre d'un art, la littérature, avec la géographie, disci- pline à tradition scientifique, est un faux problème. En effet, il laisse entendre (p. 9) que la perspective géographico-littéraire participe davantage d'un art que de la science sociale. Rien n'empêche alors la géographie qui se caractérise

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par un exercice d'emprunt permanent aux autres disciplines d'invoquer les Muses littéraires. C'est une optique.

Toutefois, l'auteur insiste sur la spécificité du rôle du géographe par rapport au critique littéraire celui-ci est impliqué avec la totalité d'une œuvre, alors que celui-là

fait intervenir spécialement son savoir académique et ne vise pas à la synthèse critique. La frontière entre la critique littéraire et la géographie concernée par la littérature n'est cependant pas étanche, car le géographe peut contribuer à sa manière à la critique, en insistant sur les relations homme-espace.

Si la géographie n'est pas investie dans ce contexte d'un statut scientifique, la littérature imaginative, quant à elle, est en plein dans le domaine artistique. C.-D.-C. Pocock met en évidence le caractère forcément partial et subjectif d'une représentation artistique. L'auteur tente ensuite de résoudre par un syllogisme ce qui apparait à première vue comme un sophisme, à savoir que la fiction de l'univers littéraire est plus réelle que la réalité qui prévaut dans le monde. Je résume ainsi le syllogisme développé (pp. 10-12) : le monde exprimé dans l'art, bien qu'il soit fictif, est plus réel que la réalité, car la portée du message artistique est universelle.

A la condition qu'il accepte ce syllogisme (rappelons que le syllogisme n'est plus utilisé dans la pensée scientifique), le géographe intéressé par une certaine forme du réel peut appréhender l'espace-temps et la condition humaine articulés dans la

littérature. A ce propos, D.-C.-D. Pocock cite des travaux qui ont relevé des correspondances entre les traits topographiques

apparaissant dans la littérature et ceux des paysages concrets (pp.

12-16).

Le chapitre 2. du recueil (Cosgrove, Thornes, 1981) est une illustration de la complémentarité du langage artistique de la littérature au langage scientifique de la météorologie.

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Les auteurs s'intéressent à l'œuvre de John Ruskin (1819- 1900) et montrent comment chez cet écrivain et poète, la description artistique des formes des nuages du ciel s'accompagne d'une connaissance réelle de la science météorologique. Ruskin, qui en plus de ses qualités littéraires était doué d'un talent naturel pour le dessin et de connaissances météorologiques (science alors à ses débuts au milieu du 19e siècle), a livré maints détails sur la formation, la hauteur et l'aspect des nuages dans le ciel, fruit d'observations minutieuses. Ruskin essayait de comprendre

scientifiquement ce qu'il transcrivait dans un mode d'écriture poétique. Bien que son approche était plus visuelle qu'expérimen- tale, ses descriptions ont contribué à poser de nombreux problèmes en météorologie, qui ont stimulé l'imagination scientifique en révélant des faits encore inexpliqués. La littérature imaginative a ici anticipé la science moins en lui procurant des réponses rigoureuses (car la vérité des hypothèses météorologiques de Ruskin a souvent été contestée par la suite (p. 34)), qu'en éveillant chez les scientifiques des questions nouvelles, des faces cachées de problèmes partiellement irrésolus en météorologie (pp. 27-34).

Au-delà d'une vérité scientifique et d'une dimension esthétique, les nuages de John Ruskin sont porteurs d'une signification symbolique et historique. Jusqu'aux années 1880, ses évocations du ciel s'inscrivent dans une vision téléologique de la nature, celle-ci incarnant l'être divin. Après les années 1880, la révélation de l'être divin par la nature s'estompe est détruite par la montée de forces sataniques de l'homme intervenant brutalement dans la nature.

L'idylle romantique entre l'homme et la nature est brisée par l'avènement de l'industrialisation, créatrice de rapports violents, non seulement entre les hommes et la nature, mais aussi parmi les hommes. Si l'attitude philosophique de Ruskin face au système d'exploitation capitaliste est critique et complexe, s'appuyant sur des raisons essentiellement morales et anti-

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matérialistes, ses transpositions littéraires de l'"antinature"

sont suggestives et révélatrices. En effet, les nuages évoqués par le poète vers la fin de sa vie marquée par un

état psychologique déclinant sont ceux de la pollution, nouveaux et terrifiants, qui enveloppent les villes britanniques vers 1880:

"The most terrific and horrible thunderstorm, this morning, I ever remember ( ... ) the aire one loathsome mass of sultry and foul fog,

like smoke ( ... ) It lasted an hour, then passed off ( ... ) settling down again into Manchester

devil's darkness". (John Ruskin, 1884, in Cosgrove, Thornes, 1981, p. 39).

Les auteurs concluent sur les convictions morales de Ruskin et les mettent en parallèle avec celles des humanistes actuels.

Ils soulignent pertinemment que c'est la force des convictions morales qui unit plus que la logique des principes

philosophiquement différents comme la théorie scientifique d'interdépendance écologique d'essence darwinienne et

matérialiste, et le mysticisme religieux et anti-scientiste, d'essence idéaliste, de nombreux défenseurs de la nature.

Le chapitre 3. (Olwig, 1981), riche en fondements théoriques, relève d'abord la différence entre la réalité représentée dans le discours littéraire et celle du géographe, puis expose un rôle fondamental de l'art, son potentiel stimulateur de changement de la

représentation de la réalité. (La géographie n'est pas ici assimilée au discours artistique comme dans le chapitre 1.). Selon la théorie de Marcuse (1979), très simplifiée ici, la forme artistique transcende la réalité du monde en lui conférant une authenticité propre. L'autonomie relative du discours artistique est assurée par le processus d'élaboration de la forme artistique qui dote la réalité artistique d'une dimension esthétique. C'est le travail de l'imagination de l'artiste que de transcender les réalités banales, et par là même, d'éloigner de ces réalités

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l'objet de la représentation artistique. Ainsi, la réalité présente dans n'importe quelle œuvre d'art n'est pas conforme à la réalité qui prévaut dans le monde. Cette théorie dénie toute forme

d'objectivité à l'œuvre d'art, telle la nouvelle ou le roman littéraire. Par conséquent, le géographe doit être avisé de l'éloignement de la réalité artistique de celle du monde captée par le discours géographique. Ainsi, le chercheur en science sociale doit être averti du côté trompeur de l'art dans sa représentation esthétisante des réalités. Cela d'autant plus que l'artiste a les moyens de créer l'illusion d'une reproduction factuelle, exercice commun à la littérature et à la peinture réaliste, ou encore en trompe-l’œil (Tuan, 1978, p. 205). Cette théorie esthétique avise le géographe à ne pas puiser sans discernement des informations factuelles dans des représentations artistiques, et se situe aux antipodes de celle du géographe E.-W. Gilbert (1960). Ce dernier considérait qu'un nouvelliste dépeint fidèlement la réalité géographique d'un paysage, et voyait dans la littérature un bastion de la géographie régionale descriptive (cité par Olwig, 1981, pp.

47-48). Tant mieux finalement si la théorie de Marcuse (1979) de

"l'art éloigné de la réalité du monde" incite le géographe à faire preuve d'une certaine réserve et prudence quand il appréhende les contenus littéraires.

La fonction sociale majeure de la littérature selon cette théorie réside dans le fait que l'univers fictif romanesque est puissamment aspirationnel chez l'écrivain et le lecteur. En termes plus clairs, la littérature imaginative, pare e qu'elle ne dépeint pas la réalité telle qu'elle est mais telle qu'elle devrait être, présente une version utopique du monde. Cette utopie (plus ou moins marquée) participe déjà du monde présent et futur dans le sens où l'écrivain, grâce à son talent visionnaire, projette son utopie dans la cons- cience de ses lecteurs. Non seulement le lecteur découvre une nouvelle perception et représentation de la réalité après

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l'expérience littéraire, mais de plus, il contribue à changer cette réalité. Pour Marcuse (1979, p. 23), l'art joue un rôle

révolutionnaire; il est capable de "briser le monopole de la réalité établie". La littérature se révèle ainsi constituer un enjeu culturel et idéologique puissant, prête à renforcer ou à détruire des représentations culturelles véhiculées par les idéologies dominantes.

K. Olwig (1981) développe un cas où la littérature a servi de support moral et idéologique à une action de planification nationale : la transformation de la lande du Jutland, Danemark, en terres cultivées dès la seconde partie du 19e siècle. Des poètes danois avaient chanté l'Age d'Or de ces landes réellement cultivées dans un passé éloigné, ainsi que l'attestaient des restes archéologiques. Un ingénieur s'empara de ces écrits et les amplifia pour justifier sa volonté planificatrice.

Dans le chapitre 4., I.-G. Cook (1981) analyse dans une perspective radicale (marxienne dans l'appellation anglophone)

le concept de conscience sociale chez l'écrivain anglais D.-H.

Lawrence (1885-1930). Cook rappelle la différence entre l'approche humaniste et radicale par rapport au concept de conscience (pp. 66-67) : si les humanistes s'intéressent à rehausser la place de la conscience individuelle, de l'ima- gination géographique et du sens du lieu ("sense of place") dans la littérature, les géographes radicaux considèrent la conscience comme un produit social, un maillon de la chaine de communication établie entre le nouvelliste et le lecteur. Analyser le contexte social de l'écrivain apparait donc indispensable dans cette seconde approche, et permet de procéder par la suite à une analyse critique de l'œuvre. Jeu auquel se livre I.-G. Cook qui précise le

"background" de D.-H. Lawrence, né dans une région minière, près de Nottingham, enfant d'un père mineur dont il détestait le côté brutal et

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querelleur, et d'une mère tendre et affectueuse. Le discours de I.-G. Cook allie psychologie et critique sociale. Il nous explique comment la pensée du jeune Lawrence a été influencée par son contexte familial et existentiel : durant son enfance maladive, Lawrence associait la brutalité de son père à la violence du monde de l'industrie, et l'amour de sa mère à la Nature salvatrice. Au cours de l'existence de l'écrivain, cette association primaire prit un caractère plus complexe et ambivalent; le caractère de son père devint plus positif, car le monde industriel dans lequel il baignait était certes sale et obscur, mais en même temps puissamment sensuel et violent, tendances qui faisaient défaut àla mère. D'autre part, le monde de l'industrie prit un aspect plus organisé au cours de l'existence de l'écrivain, et ressembla de plus en plus àun système dégageant une impression d'ordre (tendance présente chez la mère).

I.-G. Cook tente ensuite de faire entrer l'œuvre de D.-H. Lawrence dans un système de classification de valeurs par rapport à la société, repris de F. Parkin (1972, pp. 81-82, 97). Des trois systèmes de valeurs proposés par Parkin, (1/ le système de valeurs dominant, source de l'ordre institutionnel majeur; 2/ le système de valeurs subordonné de la communauté ouvrière locale; 3/ le système de valeurs radical, source d'une interprétation oppositionnelle des inégalités de classe), l'auteur place Lawrence dans la deuxième catégorie. Il conclut que le géographe trouve chez Lawrence de solides explications concernant la vie locale des bassins houillers, mais non les relations sociales conflictuelles, mises en lumière par les écrivains entrant dans le système 3/.

Les trois chapitres qui suivent examinent le thème de géographie vécue du déracinement.

D. Seamon (1981) dans le chapitre 5. opte pour une approche phénoménologique de l'attachement de l'individu au lieu dans

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la littérature imaginative. Il étend les notions phénoménologiques d'intériorité et d'extériorité existentielle développées par le géographe Edward Relph (1976). Ce dernier a exploré la nature du lieu d'après une conception existentielle de l'espace, et il a défini l'intériorité comme le degré d'association et

d'appartenance le plus profond par rapport à un lieu. Cette intériorité existentielle ("existential insideness") se

caractérise par une situation d'immersion de la personne dans l'espace, lorsque ce dernier fait l'objet d'expériences sans réflexion délibérée et consciente de la part du sujet, et que l'espace se charge de significations (Relph, 1976, p. 55). La situation inverse est l'extériorité existentielle ("existential outsideness"), une situation dans laquelle une personne se sent séparée, même aliénée de l'environnement, dépourvu de

signification.

D. Seamon détaille le cas d'une femme écrivain anglo-africaine ayant quitté l'Afrique pour Londres, Doris Lessing. Cette dernière a raconté sa première année passée à Londres dans des récits

autobiographiques. Seamon retrace le passage de l'extériorité à l'intériorité existentielle chez le héros de ces récits (une femme), fraichement débarquée à Londres dont elle s'était façonnée une image d'Eldorado. Elle y découvre une réalité triste et inhospitalière, s'y sent étrangère. Avec le temps, elle s'adapte à son milieu, réduit son isolement en développant une constellation de liens

existentiels. Bref, elle s'"ancre" au lieu comme disent les

phénoménologues, et devient une "Insider". D. Seamon conclut (pp.

96-97) en affirmant que le "Newcomer", terme traductible par nouveau venu, ne peut jamais devenir un "Insider" complet (un autochtone ?), car son passé pénètre et colore les endroits présents. Conclusion intéressante où l'auteur déclare qu'à l'heure des changements technologiques et de la mobilité géographique, il faut se sentir à la fois un "Insider" et un "Outsider", se sentir chez soi en un lieu particulier, mais comprendre que ce lieu appartient à une entité terrestre plus vaste.

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Un thème voisin est traité par C.-A. Middleton (1981) dans le

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chapitre 6., puisqu'il s'agit du déracinement vu chez

George Eliot (1819-1880), femme écrivain anglaise. Cette grande romancière née dans les Midlands voyagea beaucoup,

à l'instar de nombreux écrivains romantiques. Il y aurait beaucoup à dire sur les concepts d'enracinement et de déracinement aux significations très fluctuantes dans le cours de la vie de G.-E.

Eliot. Malheureusement, C.-A. Middleton rapporte plus qu'elle n'interroge les écrits de la romancière. Elle nous sensibilise indirectement ainsi sur la distance intérieure nécessaire au géographe, quand il explore le royaume de la littérature

inductivement. C.-A. Middleton fait une remarque intéressante sur la technique littéraire de G.-E. Eliot par rapport au traitement de l'espace dans ses écrits : cette dernière livre de moins en moins de détails topographiques au fur et à mesure de sa maturité grandissante d'écrivain. Cette propension, manifeste chez de nombreux écrivains, est motivée par deux hypothèses de C.-A.

Middleton : l'écrivain en vieillissant perd la mémoire de la topographie, et considère que les descriptions de traits

topographiques distraient l'attention du lecteur au détriment de son intérêt pour les questions plus importantes d'un roman (p. 103).

Nous verrons dans le chapitre 13. une interrogation au sujet du traitement topographique dans la littérature posée de manière inverse: pourquoi l'écrivain choisit-il de situer son œuvre dans un cadre topographique donné ?

Autant le chapitre précédent relève-t-il du conventionnel, autant la pensée de G. Olsson (1981), dans le chapitre 7., se

détache-t-elle du déjà dito Je ne peux guère résumer une telle dissertation qui est un moment de création philosophique, où chaque mot a une signification symbolique et contextuelle très marquée. Se référant à Ernst Cassirer, G. Olsson opte pour une méthode de compréhension dialectique, contextuelle et indirecte de l'objet d'étude, en éclairant sa négation, son contexte, et ses contreparties (p. 122). L'ob-

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jet d'étude est précisément le "Yearning for home", que je traduis maladroitement par la nostalgie de la maison.

G. Olsson marque une séparation de type logique entre la nostalgie elle-même (ou le regret), et l'objet de cette nostalgie (ou de ce regret) : la vérité de la nostalgie est dans la nostalgie elle-même, pas dans les choses et les relations qu'appelle la nostalgie (p. 122).

L'auteur évoque aussi l'intérêt mais en même temps les limites du paradigme naissant de la sémiotique, se substituant peu à peu à l'analyse causale dans une partie de la science sociale

(p. 124). Il ne fait pas de doute que le discours d'Olsson emprunte à la sémiotique, tout en insistant sur ses limites, car la compréhension des relations internes et cachées des symboles est purement

auto-référentielle pour Olsson. La chaîne de communication aboutit toujours au récepteur "je", conscient de lui-même uniquement à travers le "moi" (p. 122). La leçon de cette quête auto-référentielle est que les transformations ontologiques (l'exil par exemple) colorent d'une fa- çon persistante la signification de la nostalgie ou du regret. Le symbole de l'objet "maison" ne signifie rien tant que celle-ci n'est pas perdue au cours de l'une de ces transformations. Pour l'auteur, l'art de comprendre et de décrire le phénomène de nostalgie du foyer est réservé aux étrangers, aux gens de l'extérieur : "It is part of my epistemological stance that insiders experience and outsiders understand ; whereas experience is confined to one logical type at the time, understanding is in the act of crossing categorial boundaries. For this reason, it is not surprising that the most penetrating accounts of home stem from people away :

August Strindberg, Henry James, James Joyce, Mare Chagall, Witold Gombrowicz, Vladimir Nabokov ( ... )" (p. 126). On saisit mieux après lecture et re-lecture de l'article hautement conceptualisé et d'une grande lucidité épistémologique de G. Olsson ce "petit rien du tout"

qui fait naître le sentiment ambivalent de regretter son foyer ...

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Les cinq derniers chapitres associent des écrivains avec leur espace de référence.

Dans le chapitre 8., P.-T. Newby (1981) illustre un aspect pionnier de la littérature, sa capacité à former et à influencer des gouts chez les touristes. Les littérateurs valorisent certains lieux géographiques qui deviennent rapidement en vogue, et bien souvent exagérément et au détriment de leurs qualités premières. Newby dépeint en effet le fossé qui sépare la conception qualitative et relativement élitiste du voyage chez trois écrivains novateurs du point de vue touristique, avec la pratique dévastatrice du tourisme de masse, conséquence ultime d'une survalorisation culturelle et géographique. Les trois auteurs choisis sont chacun associés à des espaces devenus célèbres pour les touristes : le nom du poète romantique anglais Wordsworth est étroitement lié à la région du "Lake District" (Nord-Ouest de l'Angleterre) dont il vanta les charmes jusqu'à l'arrivée trop massive des

excursionnistes emmenés par les chemins de fer l'écrivain américain Scott Fitzgerald a promu le tourisme d'été sur la Riviera française en s'y installant dès les années 1920 ;et l'écrivain contemporain Lawrence Durell, l'auteur du "Quatuor d'Alexandrie", a chanté les joies des séjours simples et chaleureux qu'il effectuait dans l'Europe méditerranéenne. Ce dernier était en fait davantage visiteur que touriste. Newby relève que le tourisme concentré sur des espaces restreints sème ses propres graines de destruction (pensons aux littoraux bétonnés de la Méditerranée) (p. 140), mais que les poètes du voyage, ces créateurs des vogues touristiques, quittent ces espaces une fois obstrués, pour des cieux plus

favorables, et développent d'autres types de voyages.

Le chapitre 9. (Salter, 1981) décrit une forme de voyage bien éloigné du tourisme. Il s'agit d'une migration forcée, de l'épopée de fermiers de l'Oklahoma ruinés par la désertification de leurs terres et la crise économique des années

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1930 vers la Californie. Dans un article très clair, C.-L. Salter nous initie à la valeur didactique pour la géographie culturelle des "Raisins de la Colère" de John Steinbeck. Des trois thèmes géographiques majeurs émergeant dans la nouvelle de Steinbeck, la mobilité humaine, la concurrence entre différents modes

d'aménagement et d'exploitation de l'espace, e~ les configurations sociales rencontrées durant le trajet des fermiers de l'Oklahoma, C.L. Salter choisit de traiter la mobilité humaine. L'auteur met en évidence le cout psychologique du déplacement et du déracinement chez les migrants qui espèrent tirer profit de leur déplacement.

La leçon provocatrice de ces fermiers qui deviennent des migrants avec tout ce que cela comporte (abandon de leurs terres, leur maison, leurs biens, etc.) réside en leur immense faculté d'adaptation. Que ce soit durant la traversée du "corridor"

de migration semé d'embuches (automobiles récalcitrantes, montée des prix des produits à la vue de l'arrivée de la "caravane", énervement ... ), ou sur leur lieu de destination, la Californie, la réponse culture ile des "Okies", ces affamés

de la sécheresse et de la Grande Dépression, fut effective. 1ls rencontraient un accueil souvent mitigé de la part des

Californiens, qui détruisaient leurs récoltes de peur que le cours des prix ne s'effondre! Malgré leur marginalisation

par rapport à la société californienne, les fermiers de l'Oklahoma recréèrent leur morceau de ciel dans ce pays, où ils firent subsister leurs coutumes, leur folklore, et

leur musique.

En examinant l'image de Boston traduite dans la littérature du lieu à la fin du 1ge siècle, W.-J. Lloyd (1981), débouche sur une possibilité de généralisation d'une tendance de géographie sociale et urbaine présente dans les villes nord-américaines. Les

écrivains de Boston, plutôt conservateurs, ont décrit tout particulièrement les classes sociales moyennes et leur lutte pour gravir l'échelle sociale et accéder à

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des espaces résidentiels valorisés. Lloyd remarque que les

quartiers pitoyables peuplés d'immigrants récents ou de pauvres ont été délaissés par les écrivains, refusant à choquer les lecteurs par des évocations d'horreur et de misère des paysages physiques et sociaux (p. 165, ch. 10). Les écrivains ont eu tendance à négliger également les quartiers suburbains qui poussaient comme des champignons, et qui perdaient par là-même leur caractère pastoral.

Cependant, les auteurs ont été aussi visionnaires, selon Lloyd, car ils ont présagé du manque d'identification et de la désaffection des classes moyennes avec leur cadre de vie urbain, que ces dernières aspiraient à fuir lors de leur ascension sociale. Les écrivains laissent donc suggérer que le manque d'identification des classes moyennes avec la ville moderne n'est pas un effet secondaire et correctible, mais le résultat presque nécessaire de l'idéologie sociale de la classe moyenne, aspirant à la mobilité sociale et spatiale. Vaste question.

H.-F. Andrews (1981), met en évidence dans le chapitre 11.

la transition de l'image symbolique d'une ville, Saint-Pétersbourg, saisie par quatre générations d'écrivains représentées par

Pouchkine, Gogol, Dostoïevski et Andrei Bely. L'actuelle Leningrad qui était appelée à être la "tête de la Russie", alors que Moscou en était le cœur, a vu son image transformée en moins de cent ans (au 19é siècle) radicalement : pour Pouchkine, elle était une image formée dans l'exaltation; pour Gogol, une atmosphère et une

fantaisie; pour Dostoïevski, c'était un mythe d'humeurs futiles; et pour Bely, un cauchemar fantomatique composé symboliquement

(Andrews, 1981, p. 184). En fait, l'image littéraire de

Saint-Pétersbourg a évolué parallèlement à son histoire sociale, dominée par l'histoire de la Russie toute entière. Cette cité, fondée de toutes pièces au 18e siècle, "fenêtre sur l'Occident", et ancienne résidence des tsars, a subi le contrecoup de l'influence

grandissante de Moscou. Les écrivains du 19e siècle mentionnés ont reflété cette sorte de dégénérescence de l'am-

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biance de la ville, tout en traduisant le "genius loci" dans des contextes historiques et culturels différents. Andrews nous montre la complexité et la comparaison de l'''Esprit du lieu" chez plusieurs écrivains, qui façonnent une image de laville àfacettes multiples, et selon leur sensibilité du moment.

H.-G. Prince dans le chapitre 12. restitue avec de nombreuses citations d'auteur l'univers poétique des paysages de

George Crabbe (1754-1832), poète occupant une place marginale dans le panthéon de la littérature romantique anglaise. Crabbe, en effet, offre une image peu conforme avec la tradition romantique. Sa campagne du Suffolk (Angleterre) nous est contée avec réalisme, loin de l'idyllisme romantique. Il détailla la vie simple et rude des campagnards dans un style très "terre-à-terre" et relativement peu spiritualisé, qui ne fait pas, entre parenthèses, l'unanimité. Les témoignages que G. Crabbe livre sur les paysans et leurs terres sont parfois dignes d'intérêt pour la géographie régionale et historique de cette partie de l'Angleterre. H.-C. Prince insiste aussi sur la technique poétique de Crabbe à réfléchir ses émotions et celles de ses personnages sur leurs environnements, technique commune à de nombreux chantres des paysages. Les objets du paysage cristallisent des sentiments projetés par le poète

"When minds are joyfull, then we look around And what is seen is all on fairy ground;

Again they sicken , and on every view Cast their own dull and melancholy hue"

(George Crabbe , The Lover's Journey, Works V, p. 21, cité par Prince, 1981, p. 200)

Dans le chapitre 13., J.-H. et E. Paterson (1981), posent une question fondamentale sur le traitement de l'espace dans la littérature : pourquoi le nouvelliste s'impose-t-il la contrainte de situer le cadre de son récit dans un espace géographique réel ? Les co-auteurs dégagent trois éléments de réponse en les appuyant sur l'œuvre de Mary Webb, nouvelliste

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anglaise très régionaliste, née dans le Shropshire. Cette

contribution qui révèle la perspective de l'écrivain fait preuve d'esprit de finesse auquel Evangeline Paterson, poète et éditrice, n'est peut-être pas étrangère.

La première réponse concerne le besoin d'authentifier la fiction d'une œuvre pour mieux la faire passer aux yeux du public. Walter Scott a dit à ce propos que les particularités et les noms locaux donnent meilleur aspect aux histoires fictives (cité par Paterson, 1965, p.

148). Du point de vue de l'écrivain, le fait de situer son récit dans un paysage réel et connu présente l'avantage d'un accès plus immédiat vers le public, déjà familiarisé avec l'espace choisi (Paterson, 1981, p. 210). La localisation topographique de l'action agit comme un facteur stabilisant sur les personnages fictifs évoluant dans un cadre connu. La deuxième raison concerne la naissance du sentiment

d'identité régionale. D'une part, une région est présentée à des lecteurs qui y sont étrangers et qui apprennent ainsi à mieux la conna1tre, et d'autre part, les habitants de la région décrite lui portent un regard renouvelé. Ils sont rendus conscients de leur propre héritage culturel régional. La troisième raison est liée aux associa- tions symboliques facilitées par l'exposition d'un paysage connu. Le Shropshire de Mary Webb, situé entre l'Angleterre et le Pays de Galles, appara1t comme un pays contrasté symboliquement, à la fois peuplé de légendes et de mythes et en même temps très ordonné et sûr. Ce caractère dualiste inquiétant/rassurant est projeté sur les habitants de la région qui font ainsi corps avec elle.

Conclusion

La lecture de ce premier recueil exclusivement consacré à la littérature n'autorise que dans une faible mesure un ju-

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gement de valeur sur sa qualité, car l'on possède trop peu de points de référence pour juger un tel essai. Simplement, son originalité et l'intérêt certain de ses articles en font une œuvre pionnière, au sein de la géographie humaniste. Dans le contexte actuel de réflexion sur l'objet et l'épistémologie de la

géographie, la littérature, laboratoire vivant d'idées et de conceptions sur le vécu spatial, peut servir d'appoint précieux à notre discipline, non seulement grâce à la richesse de son contenu humain forcément spatialisé, mais encore grâce à la nature subtile de son langage qui apportera, espérons-le, un brin de poésie dans l'aridité du discours de la "science" sociale actuelle ...

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