LES MAINS EN L’AIR
Un film de Romain Goupil
Long métrage français Durée : 90 min.
Genre : comédie dramatique Date de sortie en France : 9 juin 2010
SYNOPSIS
22 mars 2067, Milana se souvient de ce qui lui est arrivé, il y a soixante ans… En 2009, Milana, d’origine tchétchène, est élève en classe de CM2 à Paris. Ses copains, sa bande, ce sont Blaise, Alice, Claudio, Ali et Youssef. Mais un jour Youssef, qui n’a pas de papiers, est expulsé. Puis, c’est au tour de Milana d’être menacée. Se sentant alors en danger, les enfants décident de réagir.
Ils prêtent serment de toujours rester ensemble et organisent un complot pour sauver Milana…
CRITIQUES
Film engagé sur la question des sans-papiers, Les Mains en l'Air a pourtant le bon goût de ne pas nous asséner un discours démagogique et d'aborder le sujet sous un angle très humain, à travers une histoire d'amitié touchante et mélancolique entre des enfants. Entre insouciance et gravité, ce nouveau film de Romain Goupil fait des merveilles dans les scènes de réunions secrètes entre copains, pleine de fraîcheur et de nostalgie, grâce à des dialogues bien écrits et des comédiens formidables (http://cinema.jeuxactu.com/critique-cinema-les-mains-en-l-air-
10117.htm)
Du même site, une critique d’Elodie Leroy
Huit ans après Une Pure Coïncidence, documentaire militant traitant déjà de la question des sans-papiers, Romain Goupil continue d'explorer le sujet avec Les Mains en l'Air, à ceci près qu'il s'agit cette fois d'un long métrage de fiction. L'angle d'approche change lui aussi
sensiblement puisque le récit est centré sur l'histoire d'amitié entre des enfants, parmi lesquels une petite fille tchétchène. Le film adopte d'emblée un point de vue distancié en débutant en 2067, alors qu'une vieille dame se souvient des événements qui ont marqué sa jeunesse soixante ans plus tôt. Nous voici donc plongés à l'époque actuelle en 2009, dans le passé de Milana (Linda Doudaeva), alors qu'elle se lie avec Blaise (Jules Ritmanic), un garçon de sa classe. Lorsque l'un de leurs camarades, Youssef, est coincé par la police et expulsé avec sa famille, Milana et ses proches ont toutes les raisons de se sentir menacés. Mais les amis de la petite fille ne resteront pas sans réagir.
Avec un passé de militant communiste à son actif, Romain Goupil ne cache pas sa sympathie pour la cause des sans-papiers. Pourtant, plutôt que de nous asséner un discours rigide et
culpabilisateur, le cinéaste laisse entrevoir différentes prises de positions au cours du film, entre l'idéalisme forcené de la mère de Blaise (Valéria Bruni-Tedeschi, formidable de justesse et de sensibilité), l'opinion nuancée mais peu engagée de son mari et la position radicalement inverse de son frère. Au milieu de la tourmente politique, les enfants. Habilement construit, le récit s'appuie sur leur point de vue pour démontrer la cruauté de la traque dont les sans-papiers sont l'objet, certains d'entre eux allant jusqu'à commettre des actes suicidaires pour échapper à la police. Cependant, c'est surtout en laissant entrevoir la peine suscitée par la simple perspective chez les enfants d'être un jour séparés que Les Mains en l'Air atteint son but de manière particulièrement vibrante - qui n'a pas un jour expérimenté, enfant, le vide causé par le départ d'un ami à l'étranger? Plaçant sa caméra à hauteur d'enfants, au sens propre comme au figuré, Romain Goupil touche la corde sensible sans jamais se compromettre dans le pathos.
Les Mains en l'Air fait des merveilles dans les scènes de réunions secrètes entre copains, des moments pleins de nostalgie dont la fraîcheur doit tout autant à des dialogues savoureux qu'à un jeune casting formidable (mention à Linda Doudaeva), d'autant que le soin accordé à la
photographie est au rendez-vous pour donner corps à ces scènes intimistes d'une légèreté
salvatrice. A l'authenticité de ces purs moments s'oppose les discours politiques froids et
déshumanisés que Milana et Blaise saisissent par bribes. La rupture entre le monde des enfants et celui des adultes s'exprime d'ailleurs dans toute sa splendeur lors d'une scène surréaliste de réunion de parents d'élèves, au cours de laquelle ces derniers entament un débat agressif, tandis que Blaise et sa bande, cachés sous les tables, s'emploieront à communiquer en langage codé comme si ce qui se passait autour d'eux n'avait rien de sérieux. Ce décalage ne les empêchera pas de semer la panique en manifestant leur protestation sourde, donnant par là-même une belle leçon aux grandes personnes. Il faudrait peut-être donner un peu plus souvent la parole aux enfants.
Par ELODIE LEROY
DÉTAILS
Langage : Certains dialogues du film sont en langue tchéchène et ne sont pas traduits ni vers l’anglais ni vers le français. Quelques mots vulgaires prononcés par les enfants et les parents.
Ces mots font partie intégrante du langage de tous les jours des jeunes français d’aujourd’hui et ne sont pas prononcés pour blesser ou insulter. Par exemple : t’es houf (t’es fou), c’est quoi ce bordel (prononcé par la mère qui voit un grand désordre dans la chambre des enfants), la bouffe, tu me casses les couilles, baiser ton mec (prononcé par le père), tu te fous de ma gueule,
connard…
Violence : Lors d’un jeu de tir à l’arc, Blaise est jaloux de l’amitié entre son ami et Milana, et tourne son arc vers son ami. Il est rappelé à l’ordre par ses copains.
Au retour d’une pêche aux crabes et aux crevettes, certains enfants et la mère font cuire vivant les crevettes et les crabes dans une poêle à frire. Les autres enfants sont scandalisés par cette pratique cruelle disent-ils.
La police interroge de façon musclée un des gamins, complice des enfants, pour l’intimider et essayer de savoir ou ces derniers se cachent. Le policier le prend par le col de la chemise, lui serre les joues, le soulève de sa chaise. L’enfant est Maghrebin.
Violence sociale envers les sans papiers. Ils vivent dans la peur de se faire arrêter et expulser du pays. D’ailleurs, Mme Zou au lieu de se faire prendre par la police décide de se suicider et se jette par la fenêtre. On ne voit pas ce suicide, mais on sait qu’il a lieu (voiture de police, ambulance, paroles des professeurs, de la mère etc..)
Nudité : La mère nage dans la rivière et quand elle se redresse, perd le dessus de son maillot de bain. De loin on voit ses seins et les enfants trouvent cela très amusant.
Activité sexuelle : Les parents discutent au lit et, dans les propos du père, on devine qu’il va y avoir une activité sexuelle entre eux. Il parle d’expulsion des spermatozoïdes.
Tabagisme : On voit la mère des enfants fumer à plusieurs reprises. C’est un choix du réalisateur pour montrer son état de nervosité dû à la situation.
Impact psychologique : Le film traite de façon amusante et charmante les liens étroits qui unissent un groupe d’enfants âgés de 7 à 12 ans, qui vivent, au travers de leur amie Milana (jeune Tchétchène), le problème de l’immigration illégale en France. Ils sont déterminés à sauver Milana pour qu’elle ne soit pas découverte par la police et déportée. Leurs liens sont solides et le thème central du film est leur réaction face à ce problème. Ils fuient se cacher ensemble en emportant avec eux les réserves et objets ‘nécessaires’ (ketchup, chips, soda, nounours, etc..). Ils se cachent dans un sous sol. Ils ont laissé derrière une note aux parents – ‘Nous sommes tous Milana’. Le but de cette escapade est d’obliger les autorités d’accorder un visa de résidence permanente à Milana. La couverture médiatique de cet événement a pour effet que, par solidarité, d’autres enfants en France font la même chose. Les autorités cèdent, et le petit groupe sort victorieux de la cachette, les mains en l’air (d’où le titre du film). Ils sont accueillit comme des héros par la foule. Il est évident qu’ils apprécient leur aventure. En bref, cette
‘farce’ contient un message social.
Les enfants sont montrés sous un jour très sympatique. Dans son ensemble l’impact
psychologique du film est très positif, avec ses scènes de soins et d’attentions qu’ils se portent l’un à l’autre et leur intuition des injustices sociales, même à ce si jeune âge. Ces enfants ne sont pas des anges. Le film débute en nous faisans découvrir que ce petit groupe est, en réalité, une équipe de petits escrocs très efficaces – entre autres, ils ont un petit commerce très lucratif de copies de DVD et de CD. Ils utilisent ce système pour se faire de l’argent. Ils copient leurs devoirs l’un de l’autre et mentent à leurs parent quand ils le jugent ‘nécessaire’. Ce ne sont pas des enfants modèles, mais leurs actions ne font de mal à personne (pas d’intimidation, ni d’extorsion). Ceci ne se présente qu’au tout début du film, le reste du film reprend
l’acceptation de Milana en tant qu’étrangère et leur plan audacieux pour essayer de la sauver. En termes d’impact psychologique, leur attitude envers Milana annule-elle le fait qu’ils étaient impliqués dans des délits mineurs ? Probablement pas, mais, dans le cœur et l’esprit des spectateurs adultes, cela l’attenue. Ce serait un excellent début de discussion en classe.
QUELQUES PHOTOS DU FILM
Blaise, Alice et leurs parents Cendrine et Luc encadrant Milana
Cendrine et les enfants en vacances
Cendrine retrouve sa fille Alice
La bande de copains dans la cave
Ali, Claudio, Alice, Milana et Blaise
