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Géopolitique du fait religieux au Cameroun

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Appel à contributions pour un ouvrage collectif

Géopolitique du fait religieux au Cameroun

Résumé

Ce projet d’ouvrage, sur la Géopolitique du fait religieux au Cameroun, veut élargir la notion de Géopolitique des religions d’Yves Lacoste (2002). Si ce dernier la circonscrit autour de territoires physiques avec expression d’une violence ouverte, nous entendons davantage la géopolitique du religieux comme l’analyse des rapports de forces de groupes se revendiquant religieux, pour la conquête de territoires physiques et symboliques, avec expression d’une violence protéiforme - ouverte, symbolique, imaginaire ou diffuse. Quant aux territoires de Dieu (Lasseur, 2005), qui font ainsi l’objet de rivalités de pouvoirs, ils concernent des espaces physiques, mais aussi des territoires symboliques.

Argumentaire

Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 19 décembre 1990 sur la liberté d’association, induisant le libre exercice du culte, le nombre de mouvements religieux explose littéralement au Cameroun. Un phénomène qui est amplifié par le fait que la majorité des vendeurs du sacré ouvrent leurs lieux de culte du jour au lendemain, au mépris des prescriptions de cette même loi. En ses articles 23 et 24, celle-ci prévoit, en effet, que « toute association religieuse doit être autorisée (…) par décret du Président de la République ». Or, s’il « existe, au Cameroun, une mosaïque de plus d’un millier d’organisations religieuses » (ICG, 2015), seules 47 sont légalement autorisées. Les autres prospèrent donc dans une zone grise pudiquement baptisée « tolérance administrative ». Pourtant, ces organisations chrétiennes ou musulmanes, presque toujours, n’en sont pas moins illégales de fait, dans leur écrasante majorité. Pour contourner la loi, certaines fonctionnent sous le couvert de missions légales telles que la World Wide Mission (WWM) ou en tant que des franchises d’organisations reconnues, en déclinant simplement les autorisations de celles-ci sur les enseignes. À leur décharge, toutefois, d’importantes lenteurs administratives dans le processus de délivrance du décret d’autorisation que les nouveaux « hommes de Dieu » dénoncent sous cape.

Des grandes villes aux plus petits hameaux du Cameroun profond, mosquées, temples,

« salles du royaume », églises et « églisettes » de toutes sortes prolifèrent à tous les coins de rue. Dans des édifices imposants ou dans des cabanes, plus un pas sans lieu de culte. À coups de décibels messianiques, ils disputent les premiers rôles, en matière de nuisance sonore, avec les débits de boissons. Ils font désormais partie du décor des quartiers huppés comme des quartiers populeux. Entre « théologie de la prospérité » terrestre et promesses de félicité éternelle, les envoyés de Dieu vendent, à une « clientèle » toujours plus nombreuse et éprouvée par les mille et une vicissitudes inhérentes à la vie en pays pauvre, une promesse de changement miraculeux immédiat venant directement de Dieu. L’offre religieuse explose donc littéralement, en même temps qu’une demande spirituelle en pleine croissance. En conséquence, l’on assiste de plus en plus à une véritable bataille ouverte ou diffuse pour la conquête des territoires de Dieu (Lasseur, 2005). Pour autant, le risque d’une crise religieuse, qui pourrait en surgir, ne viendrait-il pas complexifier sempiternelle menace de la mosaïque ethnique camerounaise ?

Si avant 1990, l’État camerounais devait juste jouer les arbitres entre vingt-cinq organisations religieuses reconnues officiellement et de rares mouvements clandestins, avec quelques

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éruptions déjà vives,1 aujourd’hui, il doit jouer les équilibristes entre plus d’un millier de chapelles néo-pentecôtistes chrétiennes et revivalistes musulmanes, les traditionnelles chapelles protestantes, catholiques ou pentecôtistes, et les vieilles confréries soufies. Avec des théories cosmogoniques et des mythes eschatologiques contradictoires, des interprétations divergentes d’écritures « saintes » et le fait que les religions sont, par essence, porteuses de vérités exclusives, le risque d’un choc des religions (Sibony et al, 2004) ouvert ou à fleurets mouchetés, ne semble pas à exclure. La tendance à l’auto-exclusion sociale des nouveaux convertis – conséquence « de la radicalité dévolue à la conversion pentecôtiste » (Batibonak, 2012 : 67) ou revivaliste, en général -, leur explication et justification de tout à travers le prisme de leur divinité ou de leur prophète/pasteur/prêtre/guide/imam, la flambée d’un prosélytisme débridé, y compris sur les lieux de service, dans les écoles laïques, les hôpitaux etc., ou l’expression ostentatoire de la foi, entre autres, ne permettent pas vraiment de penser le contraire.

D’ailleurs, selon le rapport de l’International Crisis Group « Cameroun : la menace du radicalisme religieux », Boko Haram ne serait que la partie visible de l’extrémisme religieux dans le pays. Un extrémisme qui, selon cette étude, ne serait pas que salafiste djihadiste, mais également néo-pentecôtiste. Dans le viseur de l’ICG, l’auto-exclusion du dialogue interreligieux et de l’espace religieux officiel pratiquée par ces mouvements, leurs prêches empreints d’intolérance religieuse ou leur mépris affiché d’obédiences chrétiennes plus anciennes (ICG, 2015). Ce que leur rendent bien leurs aînées. Il y a donc péril religieux en la demeure…

QUELQUES AXES DE RÉFLEXION

Conflictualité diffuse, symbolique ou ouverte autour du sacré au Cameroun

Perception des nouveaux mouvements religieux (NMR)

Discours religieux et représentations de l’altérité

Portrait de figures religieuses, actrices de fait de la géopolitique religieuse au Cameroun

Du devenir des religions traditionnelles2 camerounaises face à la séculaire popularité des religions importées

La question de la légalisation des nouveaux mouvements religieux

La religion serait-elle genrée ? La place des femmes en religion

COMITÉ SCIENTIFIQUE

Hamadou ADAMA, Professeur, Université de N’Gaoundéré

Jean-Paul MESSINA, Professeur, Université Catholique d’Afrique Centrale

Christian SEIGNOBOS, Directeur de recherche émérite, IRD

Elizabeth TAMAJONG, Directrice de recherche, CNE

Pierre MBOUOMBOUO, Maître de recherche, DES/CNE

Henri YAMBENE, Maître de recherche, ARC/CNE

Alawadi ZELAO, Maître de recherche, CNE/Université de Dschang

1 Voir par exemple le cas de « La bataille de l’archidiocèse de Douala » (Bayart et Mbembe, 1989) pour les

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Sariette BATIBONAK, Chercheure, IMAF

Maud LASSEUR, Chercheure, PRODIG/CNRS

ÉDITEURS SCIENTIFIQUES

Henri YAMBENE, Maître de recherche, Chef du département d’études sur les Arts, Religions et Civilisations (ARC) au Centre National d’Éducation (CNE/MINRESI)

Tièmeni SIGANKWÉ, Chargé de recherche, ARC/CNE

Nicolas OWONA, Chargé de recherche, ARC/CNE

CHRONOGRAMME

Les résumés des propositions de contributions (en français ou en anglais), suivis de 5 mots-clés, seront conjointement envoyés à hyambene@yahoo.fr, tiemeni.sigankwe@gmail.com et owonanicolas@gmail.com. Constitués de 2 500 à 3 500 signes (espaces inclus), ils devront préciser le contexte de la recherche, sa problématique, les méthodes de collecte et de traitement des données et esquisser, si possible, un cadre théorique. Une bibliographie (non comprise dans le décompte des 2 500 à 3 500 signes du résumé) serait fortement appréciée. Protocole d’écriture : police : Times News Roman ; taille : 12 ; interligne : simple.

Date limite de réception des résumés : le 03 mai 2017

Réponses : le 18 mai 2017

Date limite de retour des textes complets : le 15 août 2017

Retour d’expertise : le 15 septembre 2017

Date limite de retour des textes corrigés : le 30 septembre 2017

Publication : prévue pour mars 2018

BIBLIOGRAPHIE

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