• Aucun résultat trouvé

LAÏCITÉ ET ENSEIGNEMENT DU FAIT RELIGIEUX

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "LAÏCITÉ ET ENSEIGNEMENT DU FAIT RELIGIEUX"

Copied!
44
0
0

Texte intégral

(1)

ACTION DE FORMATION DES RÉSEAUX

CENTRE-VAL DE LOIRE ET PAYS DE LA LOIRE DES ENSEIGNANTS D’HISTOIRE-GÉOGRAPHIE

LAÏCITÉ ET ENSEIGNEMENT DU FAIT RELIGIEUX

LEGTA Tours Fondettes

Mercredi 15 et jeudi16 mars 2017

(2)

ORGANISATION DE LA

FORMATION Travail sur la laïcité, à partir des idées reçues et mise au point sur cette notion, son évolution et les problèmes rencontrés aujourd’hui.

 Proposition d’activités avec les élèves sur ce sujet en lien avec les programmes.

 Mise au point sur l’enseignement du fait religieux : aspects historiques ; programmes.

 Activité : proposition de séquence sur le chapitre de

Première Bac pro : « La République et le fait religieux

en France depuis les années 1880 »

(3)

 Cette présentation est réalisée à partir

 d’une intervention de Jean-Pierre Chantin, membre permanent de l’ISERL (institut supérieur d’étude des religions et de la laïcité), enseignant du secondaire en lycée, mis à dispo pour des formations et chercheur en histoire religieuse contemporaine. (Thèse sur les dissidences religieuses)

 et de l’ouvrage de Jean Bauberot {sociologue et historien, nombreux travaux sur la laïcité dont le Que sais-je ? publié en 2007 et La Laïcité falsifiée paru en 2012} avec le cercle des enseignants laïques, Petit manuel pour une laïcité apaisée, ed.

La decouverte, 2016

(4)

PERCEVOIR LA LAICITE ET LA PRATIQUER DANS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES

 Extrait du documentaire « Et la laïcité dans tout ça » (France 2, 2012) réalisé par Philomène Esposito sur des événements de 2011 (manifestations contre une pièce de théâtre « Golgotha Pique-nique » jouée au Théâtre du Rond- Point dirigé par Jean-Michel Ribes).

2 questions :

 Que voyez-vous dans cet extrait qui illustre le principe de laïcité ?

 Que voyez-vous comme contestation de la laïcité ?

(5)

QUELLE DÉFINITION DE LA LAICITÉ EN FRANCE?

DDHC 1789 (constitutionnalisée en 1946 et en 1958) « Article 10 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. »

 →la religion est une opinion comme une autre, mise sur le même plan.

 Définition du Littré en 1877 : « caractère laïque » du latin laicus : du commun, du peuple

Ferdinand Buisson (1883) : « le lent travail des siècles » qui a conduit à la « laïcité »

Loi 1905 : la République assure la liberté de conscience. Libre exercice des cultes.

 L’adjectif « laïc » intervient dans les constitutions de 1946 et de 1958 sans être défini.

 Décision du Conseil d’Etat : rapport public de 2004 « Un siècle de laïcité »

(6)

LA LAÏCITÉ SE CARACTÉRISE PAR 3 GRANDS PRINCIPES :

 Un principe de liberté de conscience et de religion (LIBERTE)

 Un principe d’égalité des citoyens interdisant toute la discrimination liée à l’appartenance ou à la non-appartenance à une religion (RESPECT)

 Un principe de neutralité de l’Etat, c’est-à-dire la

non-ingérence réciproque de l’Etat et des

Eglises. (NEUTRALITE)

(7)

LA LAÏCITÉ EST UN MOT PIÈGE POUR 2 RAISONS

Laïcité ≠ sécularisme qui signifie perte de sens social des normes religieuses

Laïcité ≠ anticléricalisme car la laïcité n’est ni anti-croyante ni athée mais un

principe politique de neutralité

religieuse.

(8)

LA LOI DE 1905 A-T-ELLE TOUJOURS ETE APPLIQUEE PARTOUT EN FRANCE ?

 Non, pas appliquée en Algérie → culte musulman largement sous le contrôle du pouvoir colonial qui salaria les imans pour mieux les contrôler.

 En Alsace-Moselle, à partir de1918, la loi pas appliquée et exception persiste encore auj. Les cultes catho, luthérien, reformé et israélite sont reconnus par l’Etat et les personnels sont salariés par l’Etat. Cours de religion dispensés dans les écoles. Statut validé à nouveau par le conseil d’Etat en 2013. Mais les autres cultes comme l’Islam sont soumis aux mêmes règles que sur le reste du territoire.

 Dans d’autres territoires : Nouvelle-Calédonie et Guyane, loi non

effective : clergé catho est salarié par le Conseil Départemental de

Guyane (1828).

(9)

LA LAÏCITÉ FRANCAISE SERAIT UN MODELE EXEMPLAIRE ?

Etats-Unis : premier pays laïc (1791) avec réelle séparation de l’Eglise et de l’Etat

 D’autres Etats vont suivre : Mexique 1859, Brésil 1891, …

 Briand a pris le modèle irlandais pour

écrire la loi de 1905. Pas d’exemplarité ou

de modèle aussi particulier.

(10)

LA LAICITÉ À L’ÉCOLE EST-ELLE UNE EXCEPTION FRANÇAISE ?

A l’école, la laïcité peut s’évaluer selon 2 critères :

 La neutralité de l’Etat, en particulier en ce qui concerne ses agents

 Et la possibilité de manifestation des croyances à l’école par les élèves.

RAPPEL : 3 types de régimes démocratiques qui se réfèrent aux principes de laïcité :

 Les régimes séparatistes qui se caractérisent par une distinction stricte entre l’Etat et les Eglises (France, Pays-Bas, Pays de Galles et Irlande du Nord)

 Les régimes d’Eglise établie, accordant un statut privilégié à une Eglise nationale qui a cependant perdu bcp de prérogatives par nécessité de respecter l’égalité des droits (Angleterre)

 Les régimes de cultes reconnus dans lesquels l’Etat accorde des avantages à

certaines religions (Belgique ; Autriche, Alsace-Moselle en France).

(11)

Cadre commun européen : la Cour européenne des Droits de l’homme a sanctionné, à plusieurs reprises, le cas où la liberté de conscience de tous et l’égale citoyenneté n’est pas respectée.

Royaume-Uni et en Finlande : pas d’incompatibilité entre port de signes religieux par les agents de l’Etat et respect du principe de neutralité 

Aux Pays-Bas : port du voile pas incompatible avec neutralité de l’enseignement. Interdiction peut constituer discrimination.

En Allemagne : enseignants soumis à obligation de neutralité, mais pas vestimentaire.

LA LAICITÉ À L’ÉCOLE EST-ELLE UNE EXCEPTION FRANÇAISE ?

(12)

La question du port des signes religieux pour les élèves :

 Dans leur immense majorité, Europe et d’Amérique du Nord :

absence d’interdiction du port de signes religieux légitimée par une laïcité comprise comme non-ingérence de l’Etat dans les croyances religieuses des citoyens

 → conception donne une priorité à la liberté de culte et de conscience et au respect des différences.

 L’interdiction de certains signes religieux pour les élèves est considérée, dans la plupart des pays, comme une discrimination, voire une limitation du droit à l’éducation.

 Lorsque la question du port de signes religieux à l’école s’est posée en Europe, elle est soulevée sous l’angle

 du respect de l’uniforme (RU),

 de la sécurité (Luxembourg),

 de la pédagogie (Finlande et Suède pour les difficultés du travail oral en cours de langue)

LA LAICITÉ À L’ÉCOLE EST-ELLE UNE EXCEPTION FRANÇAISE ?

(13)

LA LAÏCITÉ FRANCAISE SERAIT IMPARFAITE, PARADOXALE ?

 Le cas de l’Alsace-Moselle

 D’autres exceptions : Guyane et Mayotte; Nouvelle Calédonie

 Le cas des églises catholiques → propriétés des communes

 Les associations cultuelles reconnues par le Conseil d’Etat (ex.: Témoins de Jéhovah.)

 4 Fêtes catholiques réaffirmées et maintenues.

 L’aumônerie dans les lieux fermés : pour libre exercice des cultes (différentes religions reconnues, l’Etat salarie les aumôniers)

 Télévision : émissions religieuses sur des chaînes publiques.

(14)

POURQUOI PARLE-T-ON AUTANT DE LA LAICITÉ À L’ÉCOLE DEPUIS LES ANNÉES 1980 ?

 Débat de plus en plus passionné.

 Indispensable de mesurer l’évolution des enjeux compris sous le terme « laïcité ».

 En 1984, manifestations opposant partisans école laïque et publique/école privée, dite « libre », à propos du projet de loi Savary

 → rôle de l’Etat en matière de financement public des écoles

privées et donc de l’enseignement confessionnel. Remise en

question d’un financement public de l’école privée a quasiment

disparu.

(15)

 Depuis 1989 et affaire du voile à Creil,

 → vers une nouvelle conception de la laïcité : devoir de neutralité non plus à l’école et aux fonctionnaires, mais bien aux élèves et, peu à peu, à leurs familles

 → l’interdiction de signes religieux par les élèves.

 L’évolution contraire aux dispositions favorables à la laïcisation de l’école à la fin du XIXe siècle et début XXe siècle.

 → Aucune neutralité ne s’imposait ni aux élèves, ni à leurs familles.

Bien au contraire, les lois laïques entendaient défendre leur liberté de conscience et d’expression.

POURQUOI PARLE-T-ON AUTANT DE LA LAICITÉ À L’ÉCOLE

DEPUIS LES ANNÉES 1980 ?

(16)

QUE PREVOIT LA LOI DE 2004 « SUR LES SIGNES RELIGIEUX À L’ECOLE » ?

 Ce texte : traduction législative d’un nouveau cadre laïque qui impose la neutralité aux élèves, et non plus aux seuls lieux et personnels.

 AVANT : décision du Conseil d’Etat en 1989 → «  le port par les élèves de signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance à une religion n’est pas par lui-même incompatible avec le principe de laïcité dans la mesure où il constitue l’exercice de la liberté d’expression et de manifestation de croyances religieuses. ».

 il n’y a incompatibilité avec la laïcité si, par son contenu ostentatoire ou

revendicatif, ou par les conditions dans lesquelles un signe est porté,

s’exercent une pression sur les élèves et le personnel, une atteinte à la

dignité, à la sécurité des personnes ou au déroulement des

enseignements.

(17)

Circulaire Bayrou en 1994 : insiste sur le caractère

« ostentatoire » des signes religieux, allant à l’encontre de la décision du Conseil d’Etat en 1989.

 Avec l’interdit de la loi en 2004  : ce n’est plus les signes qui sont ostentatoires en eux-mêmes, c’est l’intention des élèves qui manifestent de façon ostensible leur appartenance religieuse.

« falsification de la laïcité ». (J. Bauberot) QUE PREVOIT LA LOI DE 2004 « SUR LES SIGNES

RELIGIEUX À L’ECOLE » ?

Outil de

régulation des libertés

instance de prescriptions et d’interdits, et parfois de

stigmatisation pour les élèves.

(18)

QUELLES SONT LES OBLIGATIONS DE L’ETAT ET DE SES AGENTS EN MATIERE DE NEUTRALITÉ RELIGIEUSE ?

 Le service public de l’éducation doit respecter un triple devoir de neutralité :

 Neutralité politique

 Neutralité religieuse

 Neutralité commerciale

 Ce principe de neutralité peut designer :

 la neutralité religieuse de l’école face aux croyances des élèves ou,

 au contraire, la suspension de toute marque d’appartenance religieuse au sein de l’institution scolaire.

Une nouvelle laïcité se met en place :

priorité donnée à la

séparation des institutions civiles et religieuses,

priorité donnée aux principes de

neutralité.

(19)

COMMENT ENSEIGNER LA LAICITÉ ?

 Elle apparait dans les programmes d’EMC des classes de terminale des lycées généraux, technologiques et professionnels

 Dans les principes généraux qui doivent être transmis dans le cadre des programmes d’EMC en collège

 Elle apparait au programme d’histoire de

première

(20)

LES PROGRAMMES INVITENT OFFICIELLEMENT À

TRANSMETTRE CETTE NOTION SELON 2 MODALITÉS :

 L’une est celle de principe juridique →dans ce cas, ce sont les textes en vigueur qui doivent être transmis.

 L’autre est celle d’une notion qui évolue et qui est en débat → dans ce cas, les élèves sont

invités à débattre du principe de laïcité pour

mieux l’appréhender.

(21)

CE QUE DISENT LES PROGRAMMES

Présenter et transmettre le cadre juridique : c’est sous cet angle juridique que la notion de laïcité apparait dans le pg d’EMC de terminale dans le chapitre « pluralisme des croyances et laïcité » ; parmi les connaissances à acquérir il est question des « textes actuellement en vigueur ».

Développer l’esprit critique et l’argumentation : la notion

de laïcité apparait également en tant que notion qui doit

permettre aux élèves de développer leur sens critique. En

terminale, le pg précise qu’il faut étudier cette notion,

notamment en vue de dvlper « l’argumentation et le sens

critique ». L’une des modalités privilégiées est le débat.

(22)

ABORDER LA LAÏCITÉ SELON 3 ENTRÉES QUI SEMBLENT ESSENTIELLES :

 Etudier la complexité de cette notion

 Montrer qu’elle donne lieu à une application pratique faite de compromis

 Indiquer qu’elle a une longue

histoire

(23)

PREMIERE ENTREE : UNE NOTION COMPLEXE

 En terminale, le programme invite à étudier les différentes significations de la laïcité, « ses dimensions historique, politique, philosophique et juridique ». Cette formulation permet de présenter la tension qui existe entre les 4 principes (liberté de conscience, égalité des droits ; neutralité et séparation des Eglises et de l’Etat).

 L’évolution récente en France renforce le poids de la

neutralité, en « étendant la neutralité de l’Etat à la

neutralité de certains lieux de l’espace public et de leurs

usagers ».

(24)

Activités autour de la laïcité : d’abord faire émerger les représentations qu’en ont les élèves.

En intro de séances → proposer un questionnaire relevant diverses situations, en leur demandant si elles constituent des atteintes à la laïcité et en exposant des arguments :

 Des élèves demandent à leur professeur sa religion

 Ce même professeur répond qu’il est protestant

 La Bible et le Coran sont disponibles au CDI

 La professeure d’éducation musicale passe une messe de Mozart

 Il y a un sapin de Noel à la cantine

 Une élève arrive avec une jupe noire sur son jean

 Un élève jure sur sa religion qu’il a bien fait ses exercices, mais qu’il

PREMIERE ENTREE : UNE NOTION COMPLEXE

(25)

 Les réponses écrites peuvent donner lieu à des débats, d’abord en petits groupes, puis en classe entière.

Autre proposition : demander aux élèves de réfléchir à 3 mots associés à la laïcité et 3 mots opposés à la laïcité → nuage de mots

Objectifs :

 Inviter les élèves à se poser des questions sur leurs propres représentations, leur permettre de les associer à des courants de pensée autour d’une notion qui évolue et qui est sans cesse en débat.

 Mettre ainsi à jour la pluralité des représentations permet ensuite de mieux comprendre et/ou de critiquer les choix

PREMIERE ENTREE : UNE NOTION COMPLEXE

(26)

DEUXIEME ENTREE : LA LAICITÉ EN PRATIQUE

 Donner aux élèves à voir l’application pragmatique de ce principe et les compromis auquel elle donne lieu.

 Le programme de terminale invite à « partir de situations observées ou de supports divers… ».

Cette démarche permet aux enseignants de ne pas

présenter une laïcité idéale, déconnectée des réalités,

et de mettre en avant les accommodements, les

compromis effectués sur le terrain.

(27)

 Ex. : dès 1882, Jules Ferry estime que le respect de la liberté de conscience oblige l’école laïque à tenir compte de la liberté religieuse d’où le jour chômé le jeudi (le mercredi ensuite) pour faciliter la tenue du catéchisme.

 Ex. : Le poisson dans les cantines scolaires ou encore le concordat en Alsace-Moselle témoignent de la volonté des institutions de ménager les croyances des élèves et de la souplesse adoptée historiquement pour l’application de la laïcité.

 Prendre des cas avec différentes religions, ce qui évite de nourrir l’idée véhiculée de façon plus ou moins implicite que la

« question » de la laïcité concernerait avant tout l’Islam.

DEUXIEME ENTREE : LA LAICITÉ EN PRATIQUE

(28)

 Un débat sur la charte de la laïcité peut être organisé.

 On peut proposer aux élèves de rédiger avec leurs propres mots une version du document. Les élèves doivent justifier leurs formulations, en fonction de l’état du droit existant et des diverses conceptions de la laïcité qu’ils ont rencontrées.

 La confrontation avec la charte officielle permet d’expliciter les règles retenues par l’institution et de leur donner sens.

DEUXIEME ENTREE : LA LAICITÉ EN PRATIQUE

(29)

TROISIEME ENTREE : HISTOIRE D’UNE IDEE

Objectif : replacer le concept dans un contexte historique et de montrer qu’il est davantage un processus qu’un principe anhistorique.

 Le traitement simultané des programmes d’EMC et d’histoire : pas évident au lycée où la question de la laïcité est seulement présente

 dans le pg d’histoire de première (dans un chapitre intitulé « la République et le faix religieux depuis les années 1880 »)

 et dans celui d’EMC de terminale.

(30)

 Les programmes d’histoire doivent être l’occasion d’aider les élèves à prendre leurs distances avec certains mythes historiques ou erreurs de jugement.

 Ex : Jules Ferry et l’école gratuite, laïque et obligatoire : la liberté de l’enseignement ne rend ni l’école laïque obligatoire, ni l’instruction nécessairement gratuite. Les familles qui peuvent y mettre le prix peuvent offrir une instruction non laïque à leurs enfants.

Montrer le caractère discontinu de la laïcisation en mettant en évidence les seuils, les étapes de laïcisation, qui ont été à chaque fois l’objet de négociations en fonction des contextes historiques (cf cours de 1ere BAC PRO)

TROISIEME ENTREE : HISTOIRE D’UNE IDEE

(31)

ENSEIGNER LE FAIT RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE 

 Max Weber : « Le fait religieux est un terme sociologique : c’est un fait historique, attesté, vérifiable »

 Régis Debray (Rapport de 2002) :

 « Un fait se constate et s’impose à tous, un fait ne préjuge ni de sa nature ni du statut moral et épistémologique, un fait est englobant, aucune religion n’est plus vraie qu’une autre... »

 « le fait est observable et le géographe peut lui assigner des aires précises »

 « Le fait est évolutif, sujet à une datation, et l’historien peut le périodiser, par ères et par calendrier.

 Définition : « Ensemble des pratiques, des croyances, des textes, des lieux de culte, partagés par des groupes et qui influencent la société́ à une époque donnée »

QU’EST-CE QU’UN FAIT RELIGIEUX ?

(32)

QU’EST-CE QU’UN FAIT RELIGIEUX ?

 Enseignement du fait religieux ≠ enseignement religieux

Enseignement du fait religieux ≠ enseignement de culture

religieuse

(33)

POURQUOI ENSEIGNER LE FAIT RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?

 Changement de perception dans les années 1980 (comme pour la laïcité) 

 D’une part, des interventions publiques d’historiens et de politiques

 → inquiet de l’inculture historique des jeunes

 → une réflexion générale sur les programmes et l’enseignement de l’histoire

 D’autre part, le manque de culture religieuse est pointé par la ligue de l’Enseignement.

 En 1991, colloque « Enseigner l’histoire des religions dans une

démarche laïque » organisé par Philippe Joutard , le CRDP et

(34)

 L’étude du fait religieux est jugée « nécessaire » pour combler des « lacunes culturelles ».

 Avant : programmes basés sur

 des faits épars (les Hébreux, les croisades, les guerres de religion…)

 et déconnectés de la recherche universitaire (renouveau à l’université de l’histoire religieuse avec René Rémond, Jacques Le Goff…).

POURQUOI ENSEIGNER LE FAIT

RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?

(35)

Programmes de 1995 :

 le fait religieux intervient avec la nécessaire conceptualisation en partant des textes.

 Des chapitres spécifiques apparaissent : au collège, compréhension des croyances des Grecs (Homère), originalité des croyances des Hébreux (la Bible), les croyances des chrétiens et l’Islam, carte des religions en Europe en géographie, la laïcité en éducation civique en 3

e

 Au lycée, c’est un bouleversement car jusqu’à présent les programmes qui se bornaient à l’histoire contemporaine, abordent les moments historiques fondateurs (christianisme, méditerranée du XII°, humanisme et Réforme…)

POURQUOI ENSEIGNER LE FAIT

RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?

(36)

Depuis de nombreux changements sont intervenus et ont accentués l’étude du fait religieux :

 les débuts du judaïsme,

 les échanges en Méditerranée,

 recadrage du programme de Seconde avec la chrétienté médiévale, une leçon sur le lieu de contact (Constantinople),

 les implications religieuses de la Révolution française peuvent être étudiées.

 Etc.

POURQUOI ENSEIGNER LE FAIT

RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?

(37)

COMMENT ENSEIGNER LE FAIT RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?

 Le fait religieux est abordé dans deux situations différentes :

 les fondations (des grandes religions monothéistes)

 des moments  forts :

 des rites, des monuments (les Panathénées, le culte impérial),

 la gestion du religieux (la romanisation face à la diversité religieuse, les rapports de l’Eglise médiévale et des Etats, les idées des Lumières, la révolution états-unienne, française, la IIIe République),

 les moments de contact et de rupture (les hérésies, la

colonisation, les cas d’acculturation…)

(38)

COMMENT ENSEIGNER LE FAIT RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?

 Pour aborder le fait religieux, il faut mettre le religieux à sa place :

l’expression religieuse relève de la croyance, qui a sa légitimité. Les croyances ne se

discutent pas.

L’historien travaille sur des faits, avérés, en contextualisant. Notre discipline et notre

démarche nous mettent dans cette situation.

(39)

POUR CELA, IL FAUT RESPECTER TROIS PRINCIPES:

1) Réflexion sur les sources

2) Contextualisation 

3) Enseigner tout le religieux

(40)

 1) Réflexion sur les sources, diversifiées, comparées avec un travail sur le contexte pour bien comprendre le but et la destination des textes.

Ex.: Texte de Luc sur la naissance de Jésus avec l’erreur du gouverneur. → Bible n’est pas un doc.

historique.

(41)

2) Contextualisation : Le fait religieux ne sort pas de nulle part. La religion n’est pas atemporelle.

Ex. : Il faut faire attention aux anachronismes sur les illustrations (une mosquée actuelle pour parler de la naissance de l’Islam).

Ex. : cacher le visage de Mahomet ne se fait qu’à partir du XV° siècle. Le

texte du Coran le plus ancien (VII° siècle au Yémen) connaît d’importantes

différences avec les textes plus anciens.

(42)

3) Enseigner tout le religieux :

 ne pas se limiter aux textes, mais évoquer

l’ensemble des croyances, des pratiques et leur influence sur les sociétés.

 Les influences d’une même religion sont différentes en fonction des sociétés.

 Evoquer la diversité des pratiques au sein d’une même civilisation. Ne pas négliger les

discordances, les dissidences.

(43)

QUELQUES CONSEILS…

 ne pas employer de présent de l’indicatif. → « il a affirmé... », « il aurait… »

 Distinguer ce qui est de l’Histoire et ce qui est du domaine de la croyance. « Les croyants…. » ; « Il est avéré que … »

 ôter les qualificatifs comme Jésus-Christ, Saint-Paul ou Saint-Augustin, le prophète Mahomet, de Monseigneur à la place d’évêque…

 pas donner de chiffres de croyants car ils sont difficilement

dénombrables (ex. : pas de chiffres officiels sur le nombre de musulmans

en France. Les agnostiques qui sont les plus nombreux en France ne sont

pas chiffrés.) Il faut donc éviter les statistiques sur les fidèles.

(44)

PROPOSITION D’ACTIVITÉ

 Réfléchir à une séquence du programme de Première BAC PRO :

 « La République et le fait religieux depuis 1880 »

 - les lois laïques des années 1880 – Briand et la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat - la construction d’un lieu de culte après 1905.

 On montre l’évolution des rapports entre la République et les Eglises en

s’appuyant sur les lois scolaires de Jules Ferry et la loi de 1905. La laïcité

longtemps instrument de combat, est devenue le garant de la liberté de

conscience et du libre exercice des cultes.

Références

Documents relatifs

Dès que les plants du semis sont suffisamment vigoureux, c'est en pleine terre, en plein soleil, sous l'ondée naturelle qui les vivifie, qu'ils puiseront les

 Il  est  également   beaucoup  question  d'environnement...  Educational  Research,

Les usagers accueillis au sein d’établissements hospitaliers, sociaux, ou médico- sociaux ont droit au respect de leurs croyances et doivent être mis en mesure de participer

GUIDE |Laïcité et fait reLigieux dans Le champ du sport - « mieux vivre ensemble » avérée et sanctionnée au titre de l’article 225-2 du code pénal précité et fera même

Ce constat vient à la fois d’une enquête sur la laïcité menée par nos soins en septembre 2018 et en sep- tembre 2019 auprès de nos étudiants de première année et de deuxième

enseignement du " fait religieux " peut signifier pour l'école républicaine, dans un pays où la laïcité, privilège unique sur le continent européen, revêt la dignité

 Les aumôneries sont autorisées dans les lieux fermés pour respecter le libre exercice des cultes (différentes religions reconnues, mais pas toutes…)..  Enfin à la

11 Depuis 1959 (loi Debré), l'État subventionne celles des écoles privées qui passent avec lui un contrat (dont il vérifiera le respect) : elles conservent leurs méthodes