ACTION DE FORMATION DES RÉSEAUX
CENTRE-VAL DE LOIRE ET PAYS DE LA LOIRE DES ENSEIGNANTS D’HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
LAÏCITÉ ET ENSEIGNEMENT DU FAIT RELIGIEUX
LEGTA Tours Fondettes
Mercredi 15 et jeudi16 mars 2017
ORGANISATION DE LA
FORMATION Travail sur la laïcité, à partir des idées reçues et mise au point sur cette notion, son évolution et les problèmes rencontrés aujourd’hui.
Proposition d’activités avec les élèves sur ce sujet en lien avec les programmes.
Mise au point sur l’enseignement du fait religieux : aspects historiques ; programmes.
Activité : proposition de séquence sur le chapitre de
Première Bac pro : « La République et le fait religieux
en France depuis les années 1880 »
Cette présentation est réalisée à partir
d’une intervention de Jean-Pierre Chantin, membre permanent de l’ISERL (institut supérieur d’étude des religions et de la laïcité), enseignant du secondaire en lycée, mis à dispo pour des formations et chercheur en histoire religieuse contemporaine. (Thèse sur les dissidences religieuses)
et de l’ouvrage de Jean Bauberot {sociologue et historien, nombreux travaux sur la laïcité dont le Que sais-je ? publié en 2007 et La Laïcité falsifiée paru en 2012} avec le cercle des enseignants laïques, Petit manuel pour une laïcité apaisée, ed.
La decouverte, 2016
PERCEVOIR LA LAICITE ET LA PRATIQUER DANS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES
Extrait du documentaire « Et la laïcité dans tout ça » (France 2, 2012) réalisé par Philomène Esposito sur des événements de 2011 (manifestations contre une pièce de théâtre « Golgotha Pique-nique » jouée au Théâtre du Rond- Point dirigé par Jean-Michel Ribes).
2 questions :
Que voyez-vous dans cet extrait qui illustre le principe de laïcité ?
Que voyez-vous comme contestation de la laïcité ?
QUELLE DÉFINITION DE LA LAICITÉ EN FRANCE?
DDHC 1789 (constitutionnalisée en 1946 et en 1958) « Article 10 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. »
→la religion est une opinion comme une autre, mise sur le même plan.
Définition du Littré en 1877 : « caractère laïque » du latin laicus : du commun, du peuple
Ferdinand Buisson (1883) : « le lent travail des siècles » qui a conduit à la « laïcité »
Loi 1905 : la République assure la liberté de conscience. Libre exercice des cultes.
L’adjectif « laïc » intervient dans les constitutions de 1946 et de 1958 sans être défini.
Décision du Conseil d’Etat : rapport public de 2004 « Un siècle de laïcité »
LA LAÏCITÉ SE CARACTÉRISE PAR 3 GRANDS PRINCIPES :
Un principe de liberté de conscience et de religion (LIBERTE)
Un principe d’égalité des citoyens interdisant toute la discrimination liée à l’appartenance ou à la non-appartenance à une religion (RESPECT)
Un principe de neutralité de l’Etat, c’est-à-dire la
non-ingérence réciproque de l’Etat et des
Eglises. (NEUTRALITE)
LA LAÏCITÉ EST UN MOT PIÈGE POUR 2 RAISONS
Laïcité ≠ sécularisme qui signifie perte de sens social des normes religieuses
Laïcité ≠ anticléricalisme car la laïcité n’est ni anti-croyante ni athée mais un
principe politique de neutralité
religieuse.
LA LOI DE 1905 A-T-ELLE TOUJOURS ETE APPLIQUEE PARTOUT EN FRANCE ?
Non, pas appliquée en Algérie → culte musulman largement sous le contrôle du pouvoir colonial qui salaria les imans pour mieux les contrôler.
En Alsace-Moselle, à partir de1918, la loi pas appliquée et exception persiste encore auj. Les cultes catho, luthérien, reformé et israélite sont reconnus par l’Etat et les personnels sont salariés par l’Etat. Cours de religion dispensés dans les écoles. Statut validé à nouveau par le conseil d’Etat en 2013. Mais les autres cultes comme l’Islam sont soumis aux mêmes règles que sur le reste du territoire.
Dans d’autres territoires : Nouvelle-Calédonie et Guyane, loi non
effective : clergé catho est salarié par le Conseil Départemental de
Guyane (1828).
LA LAÏCITÉ FRANCAISE SERAIT UN MODELE EXEMPLAIRE ?
Etats-Unis : premier pays laïc (1791) avec réelle séparation de l’Eglise et de l’Etat
D’autres Etats vont suivre : Mexique 1859, Brésil 1891, …
Briand a pris le modèle irlandais pour
écrire la loi de 1905. Pas d’exemplarité ou
de modèle aussi particulier.
LA LAICITÉ À L’ÉCOLE EST-ELLE UNE EXCEPTION FRANÇAISE ?
A l’école, la laïcité peut s’évaluer selon 2 critères :
La neutralité de l’Etat, en particulier en ce qui concerne ses agents
Et la possibilité de manifestation des croyances à l’école par les élèves.
RAPPEL : 3 types de régimes démocratiques qui se réfèrent aux principes de laïcité :
Les régimes séparatistes qui se caractérisent par une distinction stricte entre l’Etat et les Eglises (France, Pays-Bas, Pays de Galles et Irlande du Nord)
Les régimes d’Eglise établie, accordant un statut privilégié à une Eglise nationale qui a cependant perdu bcp de prérogatives par nécessité de respecter l’égalité des droits (Angleterre)
Les régimes de cultes reconnus dans lesquels l’Etat accorde des avantages à
certaines religions (Belgique ; Autriche, Alsace-Moselle en France).
Cadre commun européen : la Cour européenne des Droits de l’homme a sanctionné, à plusieurs reprises, le cas où la liberté de conscience de tous et l’égale citoyenneté n’est pas respectée.
Royaume-Uni et en Finlande : pas d’incompatibilité entre port de signes religieux par les agents de l’Etat et respect du principe de neutralité
Aux Pays-Bas : port du voile pas incompatible avec neutralité de l’enseignement. Interdiction peut constituer discrimination.
En Allemagne : enseignants soumis à obligation de neutralité, mais pas vestimentaire.
LA LAICITÉ À L’ÉCOLE EST-ELLE UNE EXCEPTION FRANÇAISE ?
La question du port des signes religieux pour les élèves :
Dans leur immense majorité, Europe et d’Amérique du Nord :
absence d’interdiction du port de signes religieux légitimée par une laïcité comprise comme non-ingérence de l’Etat dans les croyances religieuses des citoyens
→ conception donne une priorité à la liberté de culte et de conscience et au respect des différences.
L’interdiction de certains signes religieux pour les élèves est considérée, dans la plupart des pays, comme une discrimination, voire une limitation du droit à l’éducation.
Lorsque la question du port de signes religieux à l’école s’est posée en Europe, elle est soulevée sous l’angle
du respect de l’uniforme (RU),
de la sécurité (Luxembourg),
de la pédagogie (Finlande et Suède pour les difficultés du travail oral en cours de langue)
LA LAICITÉ À L’ÉCOLE EST-ELLE UNE EXCEPTION FRANÇAISE ?
LA LAÏCITÉ FRANCAISE SERAIT IMPARFAITE, PARADOXALE ?
Le cas de l’Alsace-Moselle
D’autres exceptions : Guyane et Mayotte; Nouvelle Calédonie
Le cas des églises catholiques → propriétés des communes
Les associations cultuelles reconnues par le Conseil d’Etat (ex.: Témoins de Jéhovah.)
4 Fêtes catholiques réaffirmées et maintenues.
L’aumônerie dans les lieux fermés : pour libre exercice des cultes (différentes religions reconnues, l’Etat salarie les aumôniers)
Télévision : émissions religieuses sur des chaînes publiques.
POURQUOI PARLE-T-ON AUTANT DE LA LAICITÉ À L’ÉCOLE DEPUIS LES ANNÉES 1980 ?
Débat de plus en plus passionné.
Indispensable de mesurer l’évolution des enjeux compris sous le terme « laïcité ».
En 1984, manifestations opposant partisans école laïque et publique/école privée, dite « libre », à propos du projet de loi Savary
→ rôle de l’Etat en matière de financement public des écoles
privées et donc de l’enseignement confessionnel. Remise en
question d’un financement public de l’école privée a quasiment
disparu.
Depuis 1989 et affaire du voile à Creil,
→ vers une nouvelle conception de la laïcité : devoir de neutralité non plus à l’école et aux fonctionnaires, mais bien aux élèves et, peu à peu, à leurs familles
→ l’interdiction de signes religieux par les élèves.
L’évolution contraire aux dispositions favorables à la laïcisation de l’école à la fin du XIXe siècle et début XXe siècle.
→ Aucune neutralité ne s’imposait ni aux élèves, ni à leurs familles.
Bien au contraire, les lois laïques entendaient défendre leur liberté de conscience et d’expression.
POURQUOI PARLE-T-ON AUTANT DE LA LAICITÉ À L’ÉCOLE
DEPUIS LES ANNÉES 1980 ?
QUE PREVOIT LA LOI DE 2004 « SUR LES SIGNES RELIGIEUX À L’ECOLE » ?
Ce texte : traduction législative d’un nouveau cadre laïque qui impose la neutralité aux élèves, et non plus aux seuls lieux et personnels.
AVANT : décision du Conseil d’Etat en 1989 → « le port par les élèves de signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance à une religion n’est pas par lui-même incompatible avec le principe de laïcité dans la mesure où il constitue l’exercice de la liberté d’expression et de manifestation de croyances religieuses. ».
il n’y a incompatibilité avec la laïcité si, par son contenu ostentatoire ou
revendicatif, ou par les conditions dans lesquelles un signe est porté,
s’exercent une pression sur les élèves et le personnel, une atteinte à la
dignité, à la sécurité des personnes ou au déroulement des
enseignements.
Circulaire Bayrou en 1994 : insiste sur le caractère
« ostentatoire » des signes religieux, allant à l’encontre de la décision du Conseil d’Etat en 1989.
Avec l’interdit de la loi en 2004 : ce n’est plus les signes qui sont ostentatoires en eux-mêmes, c’est l’intention des élèves qui manifestent de façon ostensible leur appartenance religieuse.
« falsification de la laïcité ». (J. Bauberot) QUE PREVOIT LA LOI DE 2004 « SUR LES SIGNES
RELIGIEUX À L’ECOLE » ?
Outil de
régulation des libertés
instance de prescriptions et d’interdits, et parfois de
stigmatisation pour les élèves.
QUELLES SONT LES OBLIGATIONS DE L’ETAT ET DE SES AGENTS EN MATIERE DE NEUTRALITÉ RELIGIEUSE ?
Le service public de l’éducation doit respecter un triple devoir de neutralité :
Neutralité politique
Neutralité religieuse
Neutralité commerciale
Ce principe de neutralité peut designer :
la neutralité religieuse de l’école face aux croyances des élèves ou,
au contraire, la suspension de toute marque d’appartenance religieuse au sein de l’institution scolaire.
Une nouvelle laïcité se met en place :
priorité donnée à la
séparation des institutions civiles et religieuses,
priorité donnée aux principes de
neutralité.
COMMENT ENSEIGNER LA LAICITÉ ?
Elle apparait dans les programmes d’EMC des classes de terminale des lycées généraux, technologiques et professionnels
Dans les principes généraux qui doivent être transmis dans le cadre des programmes d’EMC en collège
Elle apparait au programme d’histoire de
première
LES PROGRAMMES INVITENT OFFICIELLEMENT À
TRANSMETTRE CETTE NOTION SELON 2 MODALITÉS :
L’une est celle de principe juridique →dans ce cas, ce sont les textes en vigueur qui doivent être transmis.
L’autre est celle d’une notion qui évolue et qui est en débat → dans ce cas, les élèves sont
invités à débattre du principe de laïcité pour
mieux l’appréhender.
CE QUE DISENT LES PROGRAMMES
Présenter et transmettre le cadre juridique : c’est sous cet angle juridique que la notion de laïcité apparait dans le pg d’EMC de terminale dans le chapitre « pluralisme des croyances et laïcité » ; parmi les connaissances à acquérir il est question des « textes actuellement en vigueur ».
Développer l’esprit critique et l’argumentation : la notion
de laïcité apparait également en tant que notion qui doit
permettre aux élèves de développer leur sens critique. En
terminale, le pg précise qu’il faut étudier cette notion,
notamment en vue de dvlper « l’argumentation et le sens
critique ». L’une des modalités privilégiées est le débat.
ABORDER LA LAÏCITÉ SELON 3 ENTRÉES QUI SEMBLENT ESSENTIELLES :
Etudier la complexité de cette notion
Montrer qu’elle donne lieu à une application pratique faite de compromis
Indiquer qu’elle a une longue
histoire
PREMIERE ENTREE : UNE NOTION COMPLEXE
En terminale, le programme invite à étudier les différentes significations de la laïcité, « ses dimensions historique, politique, philosophique et juridique ». Cette formulation permet de présenter la tension qui existe entre les 4 principes (liberté de conscience, égalité des droits ; neutralité et séparation des Eglises et de l’Etat).
L’évolution récente en France renforce le poids de la
neutralité, en « étendant la neutralité de l’Etat à la
neutralité de certains lieux de l’espace public et de leurs
usagers ».
Activités autour de la laïcité : d’abord faire émerger les représentations qu’en ont les élèves.
En intro de séances → proposer un questionnaire relevant diverses situations, en leur demandant si elles constituent des atteintes à la laïcité et en exposant des arguments :
Des élèves demandent à leur professeur sa religion
Ce même professeur répond qu’il est protestant
La Bible et le Coran sont disponibles au CDI
La professeure d’éducation musicale passe une messe de Mozart
Il y a un sapin de Noel à la cantine
Une élève arrive avec une jupe noire sur son jean
Un élève jure sur sa religion qu’il a bien fait ses exercices, mais qu’il
PREMIERE ENTREE : UNE NOTION COMPLEXE
Les réponses écrites peuvent donner lieu à des débats, d’abord en petits groupes, puis en classe entière.
Autre proposition : demander aux élèves de réfléchir à 3 mots associés à la laïcité et 3 mots opposés à la laïcité → nuage de mots
Objectifs :
Inviter les élèves à se poser des questions sur leurs propres représentations, leur permettre de les associer à des courants de pensée autour d’une notion qui évolue et qui est sans cesse en débat.
Mettre ainsi à jour la pluralité des représentations permet ensuite de mieux comprendre et/ou de critiquer les choix
PREMIERE ENTREE : UNE NOTION COMPLEXE
DEUXIEME ENTREE : LA LAICITÉ EN PRATIQUE
Donner aux élèves à voir l’application pragmatique de ce principe et les compromis auquel elle donne lieu.
Le programme de terminale invite à « partir de situations observées ou de supports divers… ».
Cette démarche permet aux enseignants de ne pas
présenter une laïcité idéale, déconnectée des réalités,
et de mettre en avant les accommodements, les
compromis effectués sur le terrain.
Ex. : dès 1882, Jules Ferry estime que le respect de la liberté de conscience oblige l’école laïque à tenir compte de la liberté religieuse d’où le jour chômé le jeudi (le mercredi ensuite) pour faciliter la tenue du catéchisme.
Ex. : Le poisson dans les cantines scolaires ou encore le concordat en Alsace-Moselle témoignent de la volonté des institutions de ménager les croyances des élèves et de la souplesse adoptée historiquement pour l’application de la laïcité.
Prendre des cas avec différentes religions, ce qui évite de nourrir l’idée véhiculée de façon plus ou moins implicite que la
« question » de la laïcité concernerait avant tout l’Islam.
DEUXIEME ENTREE : LA LAICITÉ EN PRATIQUE
Un débat sur la charte de la laïcité peut être organisé.
On peut proposer aux élèves de rédiger avec leurs propres mots une version du document. Les élèves doivent justifier leurs formulations, en fonction de l’état du droit existant et des diverses conceptions de la laïcité qu’ils ont rencontrées.
La confrontation avec la charte officielle permet d’expliciter les règles retenues par l’institution et de leur donner sens.
DEUXIEME ENTREE : LA LAICITÉ EN PRATIQUE
TROISIEME ENTREE : HISTOIRE D’UNE IDEE
Objectif : replacer le concept dans un contexte historique et de montrer qu’il est davantage un processus qu’un principe anhistorique.
Le traitement simultané des programmes d’EMC et d’histoire : pas évident au lycée où la question de la laïcité est seulement présente
dans le pg d’histoire de première (dans un chapitre intitulé « la République et le faix religieux depuis les années 1880 »)
et dans celui d’EMC de terminale.
Les programmes d’histoire doivent être l’occasion d’aider les élèves à prendre leurs distances avec certains mythes historiques ou erreurs de jugement.
Ex : Jules Ferry et l’école gratuite, laïque et obligatoire : la liberté de l’enseignement ne rend ni l’école laïque obligatoire, ni l’instruction nécessairement gratuite. Les familles qui peuvent y mettre le prix peuvent offrir une instruction non laïque à leurs enfants.
Montrer le caractère discontinu de la laïcisation en mettant en évidence les seuils, les étapes de laïcisation, qui ont été à chaque fois l’objet de négociations en fonction des contextes historiques (cf cours de 1ere BAC PRO)
TROISIEME ENTREE : HISTOIRE D’UNE IDEE
ENSEIGNER LE FAIT RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE
Max Weber : « Le fait religieux est un terme sociologique : c’est un fait historique, attesté, vérifiable »
Régis Debray (Rapport de 2002) :
« Un fait se constate et s’impose à tous, un fait ne préjuge ni de sa nature ni du statut moral et épistémologique, un fait est englobant, aucune religion n’est plus vraie qu’une autre... »
« le fait est observable et le géographe peut lui assigner des aires précises »
« Le fait est évolutif, sujet à une datation, et l’historien peut le périodiser, par ères et par calendrier.
Définition : « Ensemble des pratiques, des croyances, des textes, des lieux de culte, partagés par des groupes et qui influencent la société́ à une époque donnée »
QU’EST-CE QU’UN FAIT RELIGIEUX ?
QU’EST-CE QU’UN FAIT RELIGIEUX ?
Enseignement du fait religieux ≠ enseignement religieux
Enseignement du fait religieux ≠ enseignement de culture
religieuse
POURQUOI ENSEIGNER LE FAIT RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?
Changement de perception dans les années 1980 (comme pour la laïcité)
D’une part, des interventions publiques d’historiens et de politiques
→ inquiet de l’inculture historique des jeunes
→ une réflexion générale sur les programmes et l’enseignement de l’histoire
D’autre part, le manque de culture religieuse est pointé par la ligue de l’Enseignement.
En 1991, colloque « Enseigner l’histoire des religions dans une
démarche laïque » organisé par Philippe Joutard , le CRDP et
L’étude du fait religieux est jugée « nécessaire » pour combler des « lacunes culturelles ».
Avant : programmes basés sur
des faits épars (les Hébreux, les croisades, les guerres de religion…)
et déconnectés de la recherche universitaire (renouveau à l’université de l’histoire religieuse avec René Rémond, Jacques Le Goff…).
POURQUOI ENSEIGNER LE FAIT
RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?
Programmes de 1995 :
le fait religieux intervient avec la nécessaire conceptualisation en partant des textes.
Des chapitres spécifiques apparaissent : au collège, compréhension des croyances des Grecs (Homère), originalité des croyances des Hébreux (la Bible), les croyances des chrétiens et l’Islam, carte des religions en Europe en géographie, la laïcité en éducation civique en 3
e…
Au lycée, c’est un bouleversement car jusqu’à présent les programmes qui se bornaient à l’histoire contemporaine, abordent les moments historiques fondateurs (christianisme, méditerranée du XII°, humanisme et Réforme…)
POURQUOI ENSEIGNER LE FAIT
RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?
Depuis de nombreux changements sont intervenus et ont accentués l’étude du fait religieux :
les débuts du judaïsme,
les échanges en Méditerranée,
recadrage du programme de Seconde avec la chrétienté médiévale, une leçon sur le lieu de contact (Constantinople),
les implications religieuses de la Révolution française peuvent être étudiées.
Etc.
POURQUOI ENSEIGNER LE FAIT
RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?
COMMENT ENSEIGNER LE FAIT RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?
Le fait religieux est abordé dans deux situations différentes :
les fondations (des grandes religions monothéistes)
des moments forts :
des rites, des monuments (les Panathénées, le culte impérial),
la gestion du religieux (la romanisation face à la diversité religieuse, les rapports de l’Eglise médiévale et des Etats, les idées des Lumières, la révolution états-unienne, française, la IIIe République),
les moments de contact et de rupture (les hérésies, la
colonisation, les cas d’acculturation…)
COMMENT ENSEIGNER LE FAIT RELIGIEUX À L’ECOLE LAIQUE?
Pour aborder le fait religieux, il faut mettre le religieux à sa place :
l’expression religieuse relève de la croyance, qui a sa légitimité. Les croyances ne se
discutent pas.
L’historien travaille sur des faits, avérés, en contextualisant. Notre discipline et notre
démarche nous mettent dans cette situation.
POUR CELA, IL FAUT RESPECTER TROIS PRINCIPES: