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A La Fourmi noire de la Mer noireLa Fourmi noire de la Mer noire

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Academic year: 2022

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Elle est apparue récemment dans la grande presse comme la « Fourmi aztèque », appellation 1.

dont l’origine est aussi mystérieuse qu’infondée et qu’il est préférable d’oublier. Il existe, en Amérique du Sud des « fourmis aztèques », du genre Azteca.

En ligne à

2. //dx.plos.org/10.1371/journal.pone.0003838

U N I N S E C T E U N I N S E C T E

A

pparu en 1974 à Budapest (Hongrie), Lasius neglectus (Hym. Formicidé), identifi é com- me une nouvelle espèce, en 1990, infeste actuellement une centaine de sites partout en Europe, surtout des parcs et des jardins urbains ou péri-urbains et peut s’insinuer dans les maisons. Cette nouvelle fourmi noire, fl éau potentiel, élimine les fourmis indigènes et nuit aux vé- gétaux en y entretenant de grosses colonies de pucerons. Très résistan- te au gel, son expansion devrait se poursuivre. Elle vient probablement d’Asie mineure, où on la trouve de même qu’une espèce sœur, L. turci- cus, casanière. Comment est apparu son caractère « envahisseur » ? Est- il dû à une prédisposition, à une sélection parmi les premiers exilés (effet de goulot) ou s’est-il déve- loppé progressivement au cours de l’acclimatation ?

Les résultats d’une étude interdis- ciplinaire à grande échelle mon- trent que la Fourmi de la Mer noire possédait des traits invasifs bien avant de prendre patte en Europe et y créer des supercolonies ; elle a été obligatoirement propagée par l’homme.

Les chercheurs ont comparé plu-

sieurs caractères : le fl ux de gènes, l’organisation sociale, la reconnais- sance des congénères, l’agressivité, la sensibilité aux maladies et in fi ne le succès reproductif et le potentiel

« invasif » ; pour ce faire, ils ont étudié la morphologie, le compor- tement, la génétique, les sécrétions, les parasites… à partir d’échan- tillons de 18 populations de L. ne- glectus en Europe, 25 de L. turcicus en Turquie.

Génétiquement, L. neglectus est une bonne espèce mais L. turicus est formée de 2 clades, l’un en al- titude, l’autre en plaine – peut-être des espèces distinctes.

Les 3 groupes diffèrent par les hy- drocarbures cuticulaires (reconnais- sance entre individus) et par leur mode de vie et de reproduction. Les L. turcicus d’altitude sont monogy- nes et le vol nuptial est indispensable aux mâles pour que l’accouplement et la fécondation de la reine aient lieu, prélude à la fondation d’une nouvelle colonie. Les colonies de plaine sont polygynes et une part des accouplements a lieu au sein de la fourmilière. Chez la Fourmi de la Mer noire, 4 ou 5 reines cohabitent et les accouplements sont toujours internes, les sexués ne volent pas et

la dispersion se fait uniquement par bourgeonnement de la colonie.

L’agressivité est inexistante entre ouvrières de L. neglectus, ce qui permet les mélanges entre ressor- tissants de nids voisins et la consti- tution de vastes supercolonies pai- sibles ; en revanche, elle est forte chez les L. turcicus d’altitude (nids séparés) – et intermédiaires chez ceux de plaine qui forment de peti- tes supercolonies.

De plus, chez la Fourmi de la Mer noire, l’équipement chémorécep- teur est peu développé et ne lui permet pas de bien faire la distinc- tion entre les individus de son nid et ceux venant d’ailleurs. Là aussi, elle diffère des Lasius turques.

Enfi n, en examinant deux parasites courants, Wolbachia (bactérie pa- rasite de la reproduction) et Beau- veria (champignon généraliste), il a été montré que L. neglectus a su

« débarquer » ses pathogènes : un atout pour réussir comme envahis- seur, important surtout au début de l’installation, avant que les parasi- tes locaux ne s’adaptent.

À partir de leurs résultats, les cher- cheurs proposent ce scénario : en Asie mineure, l’apparition de la polygynie et de copulations facul- tatives dans la fourmilière a donné naissance à des fourmis ressem- blant aux L. turcicus de plaine.

Puis, étape cruciale, la reconnais- sance chimique des congénères a diminué, en même temps que les capacités de vol des sexués ; des supercolonies ont pu alors se déve- lopper. Tout ceci s’est achevé sur place. L’invasion, ainsi que l’ex- pansion ultérieure de la fourmi en Europe ont été le fait de transports par l’homme (en pots de fl eurs).

On recherche maintenant en Turquie des Lasius « pré-envahisseuses ».

La Fourmi noire de la Mer noire La Fourmi noire de la Mer noire

une invasion bien préparée une invasion bien préparée

Par Alain Fraval

Reine de Fourmi noire de la Mer noire Cliché C. Lebas

Actualité repérée le 2 décembre 2008 via

« Invasive garden ants as new pest insects in Europe », lu à www.eurekalert.org/

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à l a p a g e p a g e

IN S E C T E S

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