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Les territoires dans la politique des nationalités minoritaires en Chine / Territories in China’s minority natio- nalities policy

Date limite d’envoi des articles : 15 septembre 2022 / Submission deadline:

15 September 2022

La République populaire de Chine (RPC) est constituée, sur plus de la moitié de sa superficie, de provinces et régions autonomes (RA) où les populations non han occupent entre un et deux cinquièmes de la population totale (Mongolie intérieure, Yunnan, Guizhou, Ningxia, Qinghai, Guangxi), plus de la moitié au Xinjiang et plus des huit dixièmes dans la RA du Tibet. Ces territoires sont principalement en situation frontalière. La construction d’un État-nation mo- derne, désormais ouvert sur ses voisins, en font des périphéries dont le pouvoir central ne veut plus seulement s’assurer l’allégeance politique et l’exploitation économique mais aussi inté- grer les populations et les territoires dans un discours unitaire sous couvert de développement national. Les enjeux d’aujourd’hui remettent dès lors en question les classifications ethniques et les attributions territoriales – à de multiples échelles et sur l’ensemble de l’espace chinois – héritées des débuts du régime.

L’invention d’un État multinational

Dans le même temps où le nouveau pouvoir communiste lance le premier recensement natio- nal en 1953 en vue de dénombrer et localiser les populations sur l’ensemble du territoire de la RPC, il charge des scientifiques d’identifier, depuis l’exemple de la province du Yunnan, les éléments d’une catégorisation des peuples non han, à l’approche de la réunion de l’Assemblée populaire nationale de 1954 (Mullaney, 2010 et 2011). Cette classification se fait essentielle- ment sur la base de la langue et le pouvoir politique finit par dénombrer, en 1979, 55 nationalités minoritaires (shaoshu minzu) et une majoritaire, les Han (Gros, 2014). La RPC se définit alors comme un État multinational (duominzu guojia).

La notion de minzu est issue des traductions japonaises des théories européennes sur l’État- nation importées à la fin du XIXe siècle et, après 1949, elle est enrichie par la théorie stali- nienne des nationalités, depuis une URSS qui l’a déjà adaptée dans les années 1930 et pendant la lutte contre l’Allemagne nazie en revalorisant l’histoire et la culture russes en surplomb des autres nationalités. Même si les autorités chinoises amalgament des peuples différents – mais de langue commune ou approchante – et en ignorent d’autres, elles constituent, à l’orée du régime, des catégories qui reconnaissent ainsi des identités culturelles et territoriales spéci- fiques dans l’ensemble chinois. Elles en reconfigureront les contours jusqu’au début des ré-

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formes, après la Révolution culturelle. Le préambule de la constitution de 1982 précise l’importance de respecter les nationalités minoritaires en luttant contre « le chauvinisme grand han ».

Une telle lecture s’inscrit aussi dans le temps long du monde chinois et retrouve la notion de huaxia, qui englobait populations han et non han dans un même univers civilisationnel, sans frontière, et qui remonte à la période pré-impériale. L’Empire prolonge cette conception, et officialise le multiculturalisme au XVIIIe siècle lors de l’élargissement chinois au Tibet et au futur Xinjiang (Millward, 1998). Les documents impériaux sont rédigés en mandchou, chi- nois, mongol, tibétain et ouïghour, ce qui préfigure les cinq peuples constitutifs de la Chine républicaine.

La rupture introduite par le régime communiste tient surtout à une catégorisation politique beaucoup plus variée et faite à des échelles locales, au niveau des territoires habités par les

« minorités ethniques ». La production des minzu, notamment dans le Sud-Ouest du pays, ouvre dès lors à des recherches officielles avec les instituts consacrés aux nationalités minori- taires, à de nouveaux encadrements suivant un maillage territorial beaucoup plus fin qu’auparavant, et à la valorisation – largement touristique – des identités minoritaires depuis les années 1980.

Les stratégies d’intégration territoriale

L’élaboration d’une politique des nationalités minoritaires s’accompagne de nouveaux décou- pages territoriaux, de regroupements, de subdivisions, de créations d’entités administratives aux échelles de la province, de la préfecture, du district et du canton. La reconnaissance des

« minorités ethniques » se traduit par celle d’une « autonomie » accordée à une partie de ces territoires, permettant officiellement leur gouvernement par la nationalité minoritaire la plus nombreuse – la loi sur l’autonomie des nationalités minoritaires de la RPC est adoptée par l’Assemblée populaire nationale en 1984. Au niveau des provinces, des régions autonomes (zizhiqu) sont ainsi constituées : la Mongolie intérieure (créée en 1947, en faveur de la natio- nalité mongole), le Xinjiang (1955, nationalité ouïghoure), le Ningxia (1957, nationalité hui), le Guangxi (1958, nationalité zhuang) et le Tibet (1965, nationalité tibétaine).

Ce nouveau maillage n’est toutefois pas sans ambiguïté. Le pouvoir central ampute ainsi l’espace tibétain de la province du Qinghai (l’Amdo), des actuelles terres à l’ouest du Sichuan (le Kham), et de territoires abandonnés au Xinjiang et au Yunnan. Dans le Guangxi, il crée la catégorie « zhuang » en lui accordant un territoire autonome englobant d’autres « minorités » (Palmer Kaup, 2000). Ces manipulations territoriales sont surtout accompagnées d’un étroit contrôle par les autorités étatiques et du Parti. L’intégration politique de « nationalités minori- taires » reconnues dans un État multinational repose ainsi sur un encadrement territorial auto- ritaire.

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Cette stratégie géopolitique de l’État central peut être perçue voire appropriée différemment suivant les nationalités concernées. Celles qui ont eu dans le passé un État propre, et/ou ont un territoire et une culture distincts de la Chine des Han historique – Mongols, Ouïghours, Tibé- tains… – n’ont qu’une autonomie fictive, qui cache, pour les populations locales, une situa- tion de colonisation avec des migrations han organisées ou au mieux fortement encouragées par le gouvernement chinois. Il en va autrement pour des nationalités du Sud-Ouest, popula- tions intégrées depuis longtemps dans l’espace chinois, qui peuvent aussi trouver profit dans leur statut minoritaire quant à des avantages concédés par l’État central. Ceux-ci peuvent se traduire en matière de planification des naissances, de représentation locale, d’un système judiciaire plus indulgent, d’éducation en langue locale, de promotions professionnelles et d’aides en tous genres.

Dans les années 2000, Pékin lance la politique de développement de l’Ouest (Xibu dakaifa). Il s’agit officiellement d’intégrer, après le littoral et le bassin du Yangzi, les marges frontalières – et ethniques – dans une dynamique chinoise de développement et d’intégration à l’ensemble national. Les outils mis en œuvre sont la création de zones franches accueillant des investis- sements chinois et étrangers, mais surtout la multiplication d’infrastructures – notamment ferroviaires et routières – raccordant les régions autonomes et provinces de la périphérie au centre du pays. La voie ferrée Pékin-Lhassa, qui lie les deux villes en 48 heures à partir de 2006, en est le plus bel exemple et elle sera complétée prochainement par une autre voie qui mettra Lhassa à 13 heures de Chengdu, capitale du Sichuan.

L’argument développementaliste légitime, dans les discours du pouvoir, une intégration dans un espace national d’anciennes marges qui doivent devenir à la fois des périphéries du centre chinois et des marches géopolitiquement stratégiques ouvertes sur l’Asie centrale, le subcon- tinent indien et l’Asie du Sud-Est. L’enjeu n’est plus dès lors de reconnaître des territoires spécifiques – et des nationalités non han – dans les limites de la RPC, mais de les assimiler dans un territoire unitaire et homogène de l’État-nation chinois.

Les territoires locaux au défi d’un nouveau récit national

La catégorie politique de minzu et l’« autonomie » des territoires dédiés aux nationalités mi- noritaires font aujourd’hui débat au niveau du gouvernement central. Celui-ci argue des mani- festations de mars 2008 à Lhassa et de juillet 2009 à Urumqi pour reposer la question des no- tions établies au début du régime. La 4e Conférence centrale sur le travail ethnique de 2014 insiste sur le fait que les 56 nationalités et les autonomies territoriales sont désormais fixes, sans possibilité d’en ajouter de nouvelles. Surtout, les gouvernements d’origine ethniquement minoritaire ne représentent plus seulement leurs propres populations, mais doivent administrer avec responsabilité, dans le cadre de l’État-nation, des territoires devenus multi-ethniques, comprenant des Han – devenus souvent majoritaires – et d’autres minorités. Ils ont ainsi pour fonction d’être explicitement des relais du pouvoir central (Leibold, 2013 ; Ma, 2018).

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L’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2012-2013 décale la question en insistant sur un nou- veau récit national d’une grande Chine, fait d’apports multiples. Dans ses discours-clés de 2017 et 2018, la minzu principale est la « nation chinoise » (zhonghua minzu). Si les singulari- tés ethniques et les « autonomies » territoriales sont réaffirmées, les autorités doivent doréna- vant faire avant tout la promotion de ce qui rassemble dans l’unité de la nation. Gengis Khan est ainsi moins un brillant conquérant mongol qu’un des personnages de l’histoire chinoise (Bulag, 2002).

En cela, un discours national recouvre les débats antérieurs de chercheurs comme Ma Rong, directeur de l’Institut de sociologie et d’anthropologie de l’université de Pékin, qui promou- vait déjà dix ans plus tôt une « culturalisation » de la question ethnique à la place de sa « poli- ticisation » initiale, un remplacement de la notion de « nationalité » (minzu) par celle de

« groupe ethnique » (zuqun), et l’émergence de citoyens chinois sans droits particuliers liés à leur origine ethnique dans le cadre de la construction d’un État-nation moderne (Ma, 2007).

Les territoires des « nationalités minoritaires » sont ainsi devenus des enjeux de géopolitique intérieure et extérieure. Hier marges ethniques et souvent frontalières, que le régime s’appropriait pour verrouiller les limites de la RPC, ils sont devenus des lieux qui représentent à la fois des risques de déstabilisation voire de séparatisme aux yeux du pouvoir communiste – avec le contrôle totalitaire et la sinisation forcée des populations au Tibet et au Xinjiang –, des régions dont les ressources justifient une intégration forcée à l’espace économique chinois et des lieux d’ouverture sur les pays voisins – comme le bassin de la Dzoungarie sur l’axe ferroviaire majeur menant à l’Europe via le Kazakhstan.

Le dossier de la revue ÉchoGéo propose ainsi de réunir des contributions de géographes, d’anthropologues, de politologues ou de sociologues sur la place des territoires dans la poli- tique des nationalités minoritaires, en privilégiant des cas d’études couvrant la variété des situations. La construction, l’instrumentalisation et les recompositions de ces territoires tien- nent à l’action tant du pouvoir central et de ses relais que des nationalités minoritaires elles- mêmes à des échelles locales, et elles sont liées aux catégories politiques employées et aux discours déployés depuis la mise en place de la RPC. L’actualité des territoires liés aux mino- rités trouve aujourd’hui une nouvelle importance à la fois dans le développement économique d’un espace national, intégré et ouvert à la mondialisation, et dans l’affirmation d’un récit politique qui privilégie sur le multinational l’unité d’une « nation chinoise » (zhonghua min- zu). Ce dossier contribuera, plus largement, à une réflexion sur la place des minorités et de l’ethnicité dans les dynamiques étatiques.

Les articles proposés pourront porter sur les implications, pour les minorités ethniques, du

« rêve chinois » (zhongguo meng), selon la formule de l’ère Xi Jinping. Le tourisme joue un rôle prépondérant dans la promotion d’une idée de la nation, qui met en scène ses principes fondateurs d’unité politique et territoriale (David, 2007). Les études de cas pourront explorer les ressorts politiques du tourisme, ainsi que des politiques culturelles qui accompagnent ces projets de développement économique. De quelles manières le traitement du passé et

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l’instrumentalisation de la culture et de l’histoire servent-ils ces nouvelles stratégies d’intégration nationale ? Pourront également être interrogés les effets des découpages admi- nistratifs sur le statut « ethnique » du territoire, aussi bien dans une perspective historique (la période fondatrice des nationalités par exemple) que sur la période actuelle marquée par l’essor des mobilités du travail. Les migrations han vers les territoires de minorités ethniques sont-elles susceptibles à terme de remettre en question leur statut administratif particulier ? Ou le maintien du statu quo n’est-il pas, au contraire, au service d’une fiction de diversité et de reconnaissance ethnique ?

Les articles de ce dossier Sur le Champs, rédigés en français, en anglais ou en espagnol, comporteront environ 30 000 signes (plus les illustrations). Merci de vous reporter aux re- commandations aux auteurs pour les normes de présentation du texte, de la bibliographie et des illustrations (https://journals.openedition.org/echogeo/1940).

Les articles peuvent aussi être soumis sur cette même thématique mais pour d’autres rubriques trimestrielles : Sur le Métier, Sur l’Image, Sur l’Ecrit. Il doivent alors se conformer aux at- tentes de chacune d’elles, comme indiqué dans la ligne éditoriale : https://journals.openedition.org/echogeo/1927. Ainsi, les éditeurs de la rubrique Sur l’Image attendent des textes qui proposent une réflexion sur le statut de l’image dans la re-

cherche et/ou sur l’écriture géographique.

Tous les textes proposés devront être envoyés avant le 15 septembre 2022 à Béatrice Da- vid (beatrice.david-chan@univ-paris8.fr) et Thierry Sanjuan (tsanjuan@univ-paris1.fr), coor- donnateurs du dossier, avec copie à Karine Delaunay (EchoGeo@univ-paris1.fr ), secrétaire éditoriale, qui les transmettra aux évaluateurs. Le dossier sera publié dans le n°63 d’EchoGéo (janvier-mars 2023).

Coordination du dossier : Béatrice David est maître de conférences en anthropologie à l’Université de Paris 8 Vincennes-Saint Denis (UMR 8238 Legs). Thierry Sanjuan est Profes- seur des universités en géographie à l’université de Paris 1 Panthéon Sorbonne (UMR 8586 Prodig).

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Over half of the land surface of the People’s Republic of China (PRC) is composed of auton- omous regions (AR) and provinces in which non-Han populations represent between one and two fifths of the total population (Inner Mongolia, Yunnan, Guizhou, Ningxia, Qinghai, Guangxi), over half in Xinjiang and over eight tenths in the AR of Tibet. These territories are generally located in border regions. The construction of a modern Nation State, now open to its neighbours, has created outlying areas in which the central authorities no longer wish simply to ensure political allegiance and generate economic gain, but also to integrate popula- tions and territories within a unified discourse under the guise of national development. To- day’s challenges now call into question the ethnic classifications and territorial attributions – at multiple levels and right across China – which were inherited from the start of the regime.

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The invention of a multinational state

At the same time as the new communist power conducted the first national census in 1953 to count and locate populations across the entire PRC territory, it commissioned scientists to identify information for categorising non-Han peoples, using the example of Yunnan prov- ince, in the run up to the 1954 meeting of the National People’s Congress (Mullaney, 2010 and 2011). This classification is primarily based on language and, in 1979, the political au- thorities counted 55 minority nationalities (shaoshu minzu) and one majority nationality, the Hans (Gros, 2014). The PRC therefore defines itself as a multinational state (duominzu guojia).

The concept of minzu comes from Japanese translations of European theories on the Nation State, which were imported in the late 19th century. After 1949, this was supplemented by Stalin’s theory of nationalities, based on the USSR which had already adapted it in the 1930s and during the fight against Nazi Germany by promoting Russian history and culture, above all other nationalities. Although the Chinese authorities amalgamated different peoples with a shared or similar language while ignoring others, at the start of the regime, these were catego- ries that recognised specific cultural and territorial identities within the Chinese State as a whole. They reconfigured the borders until the start of the reforms, after the cultural revolu- tion. The introduction to the 1982 constitution sets out the importance of respecting minority nationalities and fighting against “Great Han chauvinism”.

This interpretation also falls within China’s long history and echoes the concept of huaxia, which encompassed Han and non-Han populations within a single, borderless civilisation, dating back to the pre-Imperial period. The Empire continued with this conception and made multiculturalism official in the 18th century when China extended into Tibet and the future Xinjiang region (Millward, 1998). Imperial documents are written in Manchu, Chinese, Mon- golian, Tibetan and Uyghur, thereby prefiguring the five people groups that make up the Re- public of China.

The changes introduced by the communist regime consist primarily of a much more varied political categorisation at a local level in the territories home to “ethnic minorities”. The pro- duction of minzu, especially in the south-west of the country, has paved the way to official research with institutions dedicated to minority nationalities, new management methods with- in a much denser territorial network than previously, and the promotion of minority identities since the 1980s, primarily to tourists.

National integration strategies

The creation of a minority nationalities policy was accompanied by new territorial divisions, groupings, subdivisions, and the creation of administrative bodies at province, prefecture, district and township level. The recognition of “ethnic minorities” has resulted in “autonomy”

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granted to some of these territories, officially allowing them to be governed by the largest minority nationality thanks to the Law of the People’s Republic of China on Regional Nation- al Autonomy which was adopted by the National People’s Congress in 1984. At the province level, autonomous regions (zizhiqu) were formed, comprising Inner Mongolia (created in 1947 for the Mongolian nationality), Xinjiang (1955 for the Uyghur nationality), Ningxia (1957, Hui nationality), Guangxi (1958, Zhuang nationality) and Tibet (1965, Tibetan nation- ality).

This new network does nevertheless contain some ambiguities. Through this, the central au- thorities effectively cut apart the Tibetan space from Qinghai (Amdo) province, lands current- ly located west of Sichuan (Kham) and abandoned territories in Xinjiang and Yunnan. In Guangxi, they created the “Zhuang” category, granting them an autonomous territory that encompassed other “minorities” (Palmer Kaup, 2000). These territorial manipulations were, above all, accompanied by strict control by the State authorities and the Party. The political integration of recognised “minority nationalities” within a multinational State is therefore based on authoritarian territorial management.

This geopolitical strategy from the central State is perceived and even managed differently depending on the nationalities in question. Those which previously had their own State and/or have a territory and culture different to the historical Han China, such as the Mongolians, Uy- ghurs and Tibetans, only have a fictitious autonomy, concealing a situation of colonialisation for local populations, with Han migrations organised or, at best, strongly encouraged by the Chinese government. It is different for the nationalities in the south-west, whose populations have long been integrated within the Chinese territory, where they can benefit from their mi- nority status through advantages granted by the central State. These include family planning, local representation, a more lenient justice system, local-language education, professional promotions and all kinds of support systems.

In the 2000s, Beijing launched a western development policy (Xibu dakaifa). Officially, its purpose was to integrate the marginalised border regions and ethnic minorities located beyond the coast and Yangzi basin into a Chinese dynamic for development and integration within the national community. Tools included the creation of free trade zones for Chinese and foreign investment, and, above all, infrastructure expansion, especially rail and road networks, to connect the autonomous regions and provinces on the outskirts to the centre of the country.

The greatest example of this is the Beijing-Lhasa railroad, which opened in 2006 to link the two cities in 48 hours. Soon, a new track will open to connect Lhasa to Chengdu, the capital of Sichuan, in 13 hours.

There is a legitimate developmentalist argument in discourse from the authorities, with the aim of integrating former marginal areas into the national territory so that they can become outskirts of the Chinese centre and strategic geopolitical markets opening out into Central Asia, the Indian subcontinent and South-East Asia. The purpose is no longer to recognise spe-

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cific territories and non-Han nationalities within the borders of the PRC, but to assimilate them within a unified and homogenous territory of the Chinese Nation State.

Local territories facing a new national narrative

The political category of minzu and the “autonomy” of territories for minority nationalities are now being discussed in the central government, which argues that the riots of March 2008 in Lhasa and July 2009 in Ürümqi are grounds for challenging the concepts established at the start of the regime. The 4th Central Ethnic Work Conference in 2014 insisted on the fact that the 56 nationalities and territorial autonomies are now set in stone and that it is no longer pos- sible to add any more. Above all, ethnic minority governments no longer solely represent their own populations but must work within the Nation State to responsibly administrate over terri- tories that have become multi-ethnic, including Hans, who have often become the majority, and other minorities. They therefore have the function of explicitly relaying central power (Leibold, 2013; Ma, 2018).

Xi Jinping’s rise to power in 2012-2013 shifted the issue by insisting on a new national narra- tive of Greater China made up of multiple contributors. In his key speeches of 2017 and 2018, the main minzu was the “Chinese nation” (zhonghua minzu). Although ethnic singularities and territorial “autonomy” were reaffirmed, the authorities must now promote national unity above all. Genghis Khan is therefore no longer described as a brilliant Mongolian conqueror but as a figure from Chinese history (Bulag, 2002).

This brings national discourse into line with previous debate by researchers such as Ma Rong, Director of the Institute of Sociology and Anthropology at Peking University, who promoted the “culturalisation” of the ethnic issue, instead of its initial “politicisation”, ten years earlier, replacing the concept of “nationality” (minzu) with “ethnic group” (zuqun) and the emergence of Chinese citizens with no special rights associated with their ethnic origin in order to build a modern Nation State (Ma, 2007).

The territories of “minority nationalities” have therefore become strategic geopolitical issues both internally and externally. In the past, they were on the ethnic margins, often in border regions, that the regime controlled to lock in the borders of the PRC. Now, they have become places that represent a risk of disruption or even separatism in the eyes of the communist power – with the totalitarian control and forced sinification of populations in Tibet and Xin- jiang. They are regions whose resources justify forced integration into the Chinese economic area and places that open out into neighbouring countries, such as the Dzungarian basin locat- ed along a major railroad leading to Europe via Kazakhstan.

This feature in ÉchoGéo magazine proposes combining contributions by geographers, anthro- pologists, political scientists and sociologists on the role of territories in the minority national- ities policy, with a focus on case studies covering a variety of situations. The construction, instrumentalisation and recompositions of these territories are a result of the action of both the

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central authorities and their relays, but also the minority nationalities themselves at the local levels. They are linked to the political categories used and to the discourses presented since the establishment of the PRC. Nowadays, the issue of territories and minorities has taken on new importance for the economic development of an integrated national territory open to globalisation, and for affirming a political narrative focused on the multinational unity of a

“Chinese nation” (zhonghua minzu). This feature will contribute more broadly to reflection on the role of minorities and ethnicity in state dynamics.

The proposed articles may focus on the implications for ethnic minorities of the “Chinese dream” (zhongguo meng), to use the expression from Xi Jinping’s era. Tourism plays a key role in promoting the idea of the nation by showcasing the founding principles of political and territorial unity (David, 2007). The case studies could explore the political motives of tourism and the cultural policies accompanying these economic development projects. How do these new national integration strategies benefit from considerations of the past and the instrumen- talisation of culture and history? Other issues to explore include the effects of administrative divisions on the “ethnic” status of a territory, from a historical perspective (e.g. when the na- tionalities were established) or in the current period in the light of an increase in labour mobil- ity. Is Han migration to ethnic minority territories likely to call into question their special ad- ministrative status in the long term? Or is maintaining the status quo actually aimed at pro- moting a fictitious diversity and ethnic recognition?

The articles in this feature may be written in French, English or Spanish and contain be- tween 35,000 and 40,000 characters (plus illustrations). Please refer to the author recom- mendations for guidelines on how to present the text, bibliography, abstracts and illustra- tions, as set out in the editorial guidelines (https://journals.openedition.org/echogeo/22068).

Texts may also be submitted on this topic for other Echogeo’s quarterly sections: Sur le Méti- er (On the Job), Sur l’Image (On Image) and Sur l’Écrit (On Writing). They must comply with the expectations of each section, as set out in the editorial lines:

https://journals.openedition.org/echogeo/22070. For example, editors of the On Image section expect texts that provoke reflection on the status of image in geographical research and/or writing.

All proposals must be sent by 15 September 2022 to Béatrice David (bdavid@univ-paris8.fr) and Thierry Sanjuan (tsanjuan@univ-paris1.fr), who are the coordinators of this feature, with a copy sent to Karine Delaunay (EchoGeo@univ-paris1.fr), Editorial Secretary, who will send them to the reviewer(s). The feature will be published in issue n° 63 (January-March 2023).

Feature coordination: Béatrice David is an Anthropology Lecturer at Université de Paris 8 Vincennes-Saint Denis (UMR 8238 Legs) and Thierry Sanjuan is a Geography Professor at Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne (UMR 8586 Prodig).

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