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Cultures : espaces et pratiques

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Academic year: 2022

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Appel à communications pour la journée d’étude Cultures : espaces et pratiques, 25 mars 2022 Vendredi 25 mars 2022, École Nationale Supérieure d’Architecture Paris Val-de-Seine.

Journée d’étude organisée par la revue Géographie et cultures.

Pratiquer la géographie culturelle aujourd’hui

La géographie culturelle française a été marquée au cours des dernières décennies par deux grandes tendances que sont, d’une part, la diversification de ses objets d’étude et, d’autre part, l’hybridation de ses approches. Elle n’a eu de cesse de s’affirmer comme un lieu d’expérimentations sur le plan thématique comme méthodologique, contribuant ainsi à élargir toujours davantage les horizons de la discipline et à en renouveler les débats notamment par la reconnaissance d’un caractère légitime à des sujets ou des démarches inédits ou inattendus. La diversité des épistémologies, des méthodologies et des projets théoriques portés par les auteur.es dessine un espace scientifique ouvert, pluriel et attentif à des objets d’étude nouveaux, singuliers ou hors des sentiers battus.

Depuis sa création en 1992 par Paul Claval, la revue Géographie et cultures a largement contribué à ces évolutions, comme en témoigne un rapide survol des thèmes traités dans nos récents numéros : la musique1, la danse2, le roman policier3, mais aussi les pratiques sexuelles4, les pratiques ludiques5, les spatialités des mémoires6 ou encore les fantômes7. Certains de ces objets ne sont d’ailleurs désormais plus l’apanage de la géographie culturelle, comme en atteste la table des matières du Handbook of cultural geography (Anderson et al., 2002) qui compte plusieurs chapitres dédiés aux questions du travail, du genre, des études post-coloniales, de la mondialisation économique et culturelle, ou plus récemment la publication d’un manuel universitaire francophone sur la géographie sociale, qui consacre un chapitre aux loisirs et au temps libre (Blanchard, Estebanez, Ripoll, 2021). En retour, les travaux de géographie culturelle sont désormais plus attentifs à saisir les pratiques observées dans les rapports d’inégalités ou de pouvoir qui les sous-tendent, ce qui amène par exemple Yves Raibaud (2011) à prôner une « géographie socioculturelle », et donc à considérer non pas le social et la culture comme deux sous-champs disciplinaires distincts, mais à saisir les pratiques des individus dans toutes leurs dimensions sociales et culturelles. Parallèlement, les notions de culture politique et de culture civique se sont également imposées dans la littérature pour expliquer la formation des préférences politiques, l’efficacité des institutions (Putman, 1994) ou bien encore pour rendre compte de la stabilité des régimes politiques (Almond, Verba, 1963). Si la notion de culture est tout à la fois ces trois programmes de travail (un objet d’étude, une entrée analytique, un instrument explicatif), une clarification se révèle aujourd’hui néanmoins nécessaire quant à la manière dont on envisage l’interprétation du social et des rapports des acteurs au monde, et dont se construit l’agenda de la recherche, en géographie culturelle.

Ce constat interroge alors sur ce qui différencie encore ces différents champs que sont la géographie culturelle, la géographie sociale et la géographie politique où les rapprochements intra-disciplinaire sont les plus fournis. Est-ce le dosage entre la part de « culturel » (le répertoire symbolique de notre

1 « Géographies et musiques », n° 59, 2006. https://journals.openedition.org/gc/3628

2 « Géographie de la danse », n° 96, 2015. https://journals.openedition.org/gc/4154

3 « Le roman policier », n° 61, 2007. https://journals.openedition.org/gc/2569

4 « Sexualités et espaces publics », n° 95, 2015. https://journals.openedition.org/gc/4077

5 « Les espaces ludiques », n° 82, 2012. https://journals.openedition.org/gc/1289

6 « Spatialités des mémoires », n° 105, 2018. https://journals.openedition.org/gc/6318

7 « Géographie des fantômes » n° 106, 2018. https://journals.openedition.org/gc/7092

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vécu) ou de « social » (les ressorts sociologiques de nos existences) dans le traitement du sujet ? L’échelle d’analyse (le vécu subjectif vs l’expérience sociale) ? La portée du questionnement (et le degré de montée en généralité) ? Les évolutions constatées dans la géographie culturelle française s’appuient aussi sur une diversification des méthodologies et des modes de restitution, de la cartographie sensible (Olmedo, Christmann, 2019) à la « performance » artistique (Clavel, Noûs, 2020), en passant par le parcours commenté (Oloukoï, 2016), la photographie (Gendrot, 2002), le théâtre (Landrin, 2019), le documentaire filmique (Corsi, 2020), la poésie (Lanne, 2021) etc., autant de modes de production et de restitution de la recherche qui interrogent les limites entre science et art, pratiques scientifiques et pratiques culturelles (Guinard, 2019). L’entrée par le culturel se révèle particulièrement propice à ces hybridations, expérimentations et autres incursions, comme si le répertoire du symbolique et du sensible avait cette capacité intrinsèque à élargir le champ de ce qui se fait et la manière de le faire, et à mettre ainsi en question l’existant, à desserrer en quelque sorte l’étreinte de certaines normes et contraintes qui régissent le travail scientifique.

Le « tournant culturel » : c’est autour de ce constat que s’étaient organisés les débats du colloque de Cerisy-la-Salle en 2014 (Claval, 2015 ; Barthe, 2015). Au moment où le 30e anniversaire de la revue se profile, nous proposons un nouveau temps d’échanges collectif pour actualiser cette question à l’aune du triple constat que nous venons de dresser. Les inflexions épistémologiques, méthodologiques et théoriques récentes, ainsi que les « braconnages » scientifiques, font qu’il pourrait paraitre bien vain de tenter de définir ce qui aujourd’hui pourrait être au cœur de la géographie culturelle. Nous proposons donc de nous pencher sur ses contours et ses interfaces, et partant, d’étudier comment ce champ de la géographie a évolué au croisement d’autres approches et quelles perspectives de recherche il offre à la géographie et aux autres sciences sociales.

Saisir les cultures par les espaces et les pratiques

La journée d’étude proposera de mettre en débat trois grandes pistes de réflexion sur la manière de penser les cultures, et les « processus culturels » par l’espace et les pratiques. Parler ici de « processus culturels » vise à souligner le caractère dynamique des phénomènes culturels, mais aussi à mettre en avant l’importance que nous accordons aux jeux d’interaction, aux temporalités, aux échelles dans la manière dont on fait jouer sur le plan analytique l’objet culturel « comme système d’interprétation du monde et de structuration des comportements » (Cuche, 2010). Quant à l’espace, il est ici conçu tout à la fois comme le support ou le contexte de l’action, et comme une modalité conceptuelle pour saisir et interroger précisément ce que les acteurs font, comment ils le font et le sens qu’ils donnent à ce qu’ils font : la culture n’existe qu’au travers des pratiques qui la produisent, et des espaces dans lesquels se déploient ces pratiques. Mettre en relation l’espace, le fait culturel et les pratiques conduit donc à interroger une modalité particulière de l’action sociale et de son explication. Les auteur.es sont invité.es à préciser à quels questionnements ou quelles propositions théoriques leur contribution entend répondre en lien avec les propositions ci-dessous.

1. La géographie culturelle à l’interface : penser les croisements. Penser les cultures et les processus culturels par les espaces et les pratiques nous incite aujourd’hui à les saisir dans leur dimension spatiale, mais aussi sociale, politique et économique. Les inégalités d’accès à la culture, le marquage social et politique de certaines pratiques culturelles alternatives, voire considérées comme déviantes, le rapport au genre dans certaines pratiques culturelles ou encore les pratiques culturelles comme modes d’expression de mobilisation, de résistance ou de dénonciation de formes de domination, sont autant de pistes de discussion pour penser la géographie culturelle aujourd’hui. Si la caractérisation de ce qu’est la culture n’est plus de mise

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dans le débat sur la géographie culturelle, la question reste posée de la fonction que l’on fait jouer à l’idée de culture à l’intérieur d’un questionnement. Est-ce un objet d’étude, dont le caractère « ouvert » autorise une pluralité de formes d’investissement ? Une entrée qui conduit à orienter la focale sur le répertoire symbolique des situations soumises à l’analyse ? Ou bien est-ce un instrument analytique à visée explicative du social, une variable autour de laquelle il est possible de déployer un schéma causal, et qui n’existe pas indépendamment du chercheur ?

2. Penser les cultures par le bas : espaces et pratiques des cultures. Une tendance de fond, soumise à la discussion de cette journée d’étude est que la géographie culturelle est progressivement passée d’une analyse des cultures à une analyse des pratiques culturelles et des processus culturels. Ce déplacement du centre de gravité de la géographie culturelle témoigne autant de l’abandon du paradigme culturaliste et de ses impasses, que de la volonté de réinscrire les situations soumises à l’analyse dans des contextes de référence autres que culturels et de redonner aux expériences subjectives leurs logiques sociologiques. Ceci permet alors de replacer au cœur de l’analyse les individus, leurs pratiques culturelles et ce qu’ils en font, tout en ne perdant pas de vue que ces individus, y compris dans leur plus profonde intimité, sont socialement déterminés. Il s’agira alors d’étudier comment, concrètement, des pratiques culturelles s’inscrivent dans les spatialités des individus (y compris symboliques) et de considérer ces pratiques comme l’expression de cultures diverses (politiques, scientifiques, techniques) qui sous-tendent le rapport à l’espace des individus. Penser les cultures par le bas, c’est aussi le moyen de considérer la culture comme un répertoire de sens à partir duquel il est possible de questionner l’action sociale, qui n’est pas réductible à des produits de création et de consommation. Faire de la culture et des processus culturels une porte d’entrée pour saisir les relations des individus à l’espace implique également d’ouvrir un débat sur l’articulation du niveau microsocial (soit l’échelle du comportement ou des pratiques des individus) et du niveau macrosocial (soit l’échelle des situations ou des transformations qui engagent une société dans son ensemble), autrement dit regarder la façon dont on peut dépasser la monographie.

3. Perspectives méthodologiques : faire de la géographie culturelle aujourd’hui. Les contributions seront également attendues faisant état de réflexions sur les outils et méthodes de la géographie culturelle aujourd’hui, y compris en interrogeant l’importation ou l’appropriation par la géographie culturelle francophone de concepts, de méthodologies ou de cultures scientifiques issues d’autres traditions disciplinaires et d’autres horizons que la géographie francophone ou anglophone. Les organisatrices et organisateurs de la journée porteront attention à retenir des communications qui restitueront des démarches de recherche ou de recherche-création ou de recherche-action qui mobilisent des pratiques culturelles, voire artistiques (poésie, théâtre, film, etc.) comme mode de production, d’expression ou de restitution des savoirs, des savoir-faire et des expériences, tant des personnes enquêtées que des personnes enquêtrices. Il s’agira ici de s’interroger sur la capacité de ces méthodes à renouveler la ou les géographies culturelles, non seulement sur le plan méthodologique, mais aussi sur le plan théorique et épistémologique.

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Modalités de soumission des communications

Les propositions attendues, entre 2 000 et 3000 signes (hors références bibliographiques), seront à envoyer avant le 20 décembre 2021 à l’adresse suivante : gc@openedition.org

Le format de la journée sera précisé ultérieurement, pour nous laisser la possibilité d’adapter l’organisation en fonction du nombre de propositions retenues et des possibilités de mise en dialogue.

Les communications de la journée feront l’objet d’une publication sous forme de numéro thématique dans la revue Géographie et cultures.

Contact :

Pour le Comité de Rédaction,

Fabrizio Maccaglia & Hovig Ter Minassian gc@openedition.org

Références citées

Almond G. A., Verba S., 1963, The civic culture. Political attitudes and democracy in five nations, Princeton, Princeton University Press.

Anderson K., Domosh M., Pile S., Thrift N. (dir.), 2002, Handbook of Cultural Geography, Londres, Sage.

Barthe, F. 2015 (dir.), Géographie et cultures à Cerisy, Géographie et cultures, n° 93-94.

Blanchard, Estebanez, Ripoll, 2021, Géographie sociale. Approches, concepts, exemples, Paris, Armand Colin, 2021.

Claval P., 2015, « Le tourment culturel en géographie », Géographie et cultures, n° 93-94, p. 7-23.

Clavel J., Noûs C., 2020, « Planetary Dance d’Anna Halprin », Techniques & Culture, n° 74, p. 174-177.

Corsi L., 2020, Réaliser un magazine géographique sur les îles du Ponant : médiations entre recherche, territoires et télévision, thèse de géographie, université de Brest.

Cuche D., 2010, La notion de culture dans les sciences sociales, Paris, La Découverte.

Dupont, L. 2015, « Géographie et cultures : une revue du tournant culturel ? Entre murmures et paroles, les pages de la revue répondent », Géographie et cultures, n° 93-94, p. 25-46.

Gendrot C., 2002, « L'investigation du territoire par l'image : apport de la notion de « série » dans l'exploitation de fonds photographiques », L’Espace géographique, n° 31, p. 357-368.

Guinard, 2019, Géographies culturelles. Objets, concepts, méthodes, Paris, Armand Colin.

Landrin L., 2019, « Déclencher, représenter, restituer : le théâtre comme méthode géographique », Cybergeo, n° 923.

Lanne J.-B., 2021, « Écrire des vies en veille. Retour sur une méthode de création poétique auprès des gardiens de Nairobi », Annales de géographie, n° 739-740, p. 38-59.

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Olmedo E., Christmann M., 2019, « Perform the Map: Using Map-Score Experiences to Write and Reenact Places », Cartographic Perspectives, n° 91, p. 63-80.

Oloukoï C., 2016, « La marche urbaine : un outil pour appréhender les émotions à Johannesburg ? », Carnets de géographes, n° 9.

Putnam R., 1994, Making Democracy Work, Princeton, Princeton University Press.

Raibaud Y., 2011, Géographie socioculturelle, Paris, L’Harmattan.

Références

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