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Les besoins de qui ?

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74 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 11 janvier 2012

actualité, info

Les besoins de qui ?

C’était sans doute prévisible : à la fin du mo- ratoire sur l’ouverture de nouveaux cabinets médicaux, les bilans sont mitigés. Inutile : le nombre de médecins installés en Suisse aurait continué d’augmenter comme avant.

Inopportun : nous sommes en situation de pénurie de médecins, et nous pouvions déjà le prévoir en 2002. Inefficace : le rééquili- brage régional ou la revalorisation de la mé- decine générale – exemptée plus tôt – au- raient pu être des retombées positives, mais ne se sont pas matérialisés.

A l’époque, la «clause du besoin» avait été présentée comme une mesure visant à la fois le contrôle des coûts de la santé et la limita- tion de l’afflux de médecins étrangers. Sur le contrôle des coûts, difficile d’en mesurer les effets. A Genève, on clame que ça a fonc- carte blanche

Pr Samia Hurst Médecin et bioéthicienne Institut d’éthique biomédicale Faculté de médecine CMU, 1211 Genève 4 Samia.hurst@unige.ch

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tionné, et que la fin du moratoire fera (encore) grimper des coûts et des primes déjà bien élevés. Plausible, mais sans doute faudra-t-il attendre la réexposition du canton à l’installa- tion libre pour mesurer ça lege artis. Il est aussi plausible que le moratoire ait contribué à affecter les pratiques. Les médecins suis ses affichaient dans les années qui ont suivi le dé- but du moratoire une angoisse impression- nante : 74% de nos confrères disaient crain dre pour leur situation personnelle en raison des pressions sur les coûts de la santé, contre 17% en Angleterre. Une angoisse que l’on a associée à des pratiques visant à limiter, au jour le jour, les coûts de la santé.1 Ça, pas dit que la fin du moratoire y mette un terme.

Alors, besoin de confiance ou besoin d’autres mesures d’économie ? Des deux, peut-être.

De confiance, en tout cas. Comment faire, c’est bien sûr une autre histoire.

Quant à la limitation des médecins étran- gers, il semble que cela n’ait pas vraiment mar- ché non plus. Malheureusement. Comment ça, «malheureusement» ? N’a-t-on pas signé des accords de reconnaissance des diplô- mes et de libre circulation ? Et n’est-on pas en pénurie ? Bien sûr. Mais le problème lorsqu’il s’agit des soignants, c’est que la pénurie est mondiale et que la libre circulation affecte un tas de personnes qui n’ont rien demandé.

Chaque médecin européen qui vient s’installer en Suisse contribue à créer des conditions qui encouragent d’autres médecins, venus de plus loin cette fois, à s’installer dans son pays d’origine. Au final, ces flux ont pour ré- sultat une subvention des systèmes de santé des pays industrialisés par les contribua bles…

d’Afrique subsaharienne. Rien que ça. «Le recrutement du personnel de santé doit être

conduit en conformité avec (…) la promotion du développement du- rable des systèmes de santé des pays en voie de développement»

écrivait l’OMS en 2010, dans l’un des seuls codes de pratique à avoir obtenu l’approbation de l’As- semblée médicale mondiale.2 Une exigen ce compatible avec un cer- tain frein à l’installation de médecins formés dans des pays affichant à leur tour une pénurie. Besoin de perspective, ici. Pas de bracon- nage : pour des médecins formés aux frais de contribuables étran- gers cela pourrait justifier, sans in- cohérence, quelques barrières à la libre circulation. Pour une fois que les «besoins» de notre système de santé et ceux des pays les plus pauvres du monde seraient ali- gnés, il serait bien dommage de ne pas en profiter…

1 Hurst SA, Slowther AM, Forde R, et al. Prevalence and determinants of physician bedside rationing : Data from Europe. J Gen Intern Med 2006;21:1138-43.

2 www.who.int/hrh/migration/code/WHO_global_code_

of_practice_EN.pdf

… «une seule anomalie de résonance du cortex auditif avec la parole serait à l’origine des trois facettes principales de la dyslexie» …

CC BY Truthout.org

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