MASTER PEPAD
Petite enfance et partenariat éducatif
Sociologie de l'éducation Sophie Devineau
Professeure de sociologie
Directrice du laboratoire des dynamiques sociales – DySoLab EA 74-76
Directrice de l’IRIHS- Rouen-Normandie Université Co-Directrice de la collection Genre à lire… et à penser
PURH
Exploration des questions qui traversent l’éducation scolaire
Je vous propose ainsi de démarrer la réflexion par cette question :
Pour quelles raisons, le système éducatif est-il incontournable pour penser la petite enfance ?
Vous l’aurez noté, à chaque rentrée, tous les journaux
consacrent un dossier à la rentrée scolaire.
Ref. Interview de rentrée, Paris-Normandie,
« L’image des professeurs dans la société »
Quelle image renvoient aujourd’hui les professeurs ? Sophie Devineau : «L’enseignant reste une figure qui occupe une place importante dans la société et son impact déborde largement le poids numérique de ce groupe professionnel. Il touche toutes les familles puisque personne n’échappe véritablement à la question scolaire.
Dans l’ensemble, les enseignants continuent de renvoyer
une image positive, c’est une constante. La profession est
dotée d’une forte charge symbolique liée aux savoirs, et
d’une charge affective qu’il ne faut pas négliger non plus
car pour les parents il s’agit de leur confier leurs enfants»
Mais la société perçoit-elle l’importance des enseignants ?
« Non seulement elle la perçoit mais elle la vit. Quand vous regardez comment fonctionne la société, vous voyez qu’elle est calée sur la rentrée des classes et d’une manière générale les rythmes scolaires structurent en grande partie les rythmes sociaux.
De plus, le diplôme jouant un rôle crucial dans le
monde du travail, pour les familles l’enjeu de la
réussite de leurs enfants est devenu plus aigu que par
le passé. »
Les enseignants sont-ils conscients de ce rôle ou sont-ils démobilisés ?
« Dans mes enquêtes, ce n’est pas du tout ce que
j’observe. Toutes montrent que les enseignants sont
toujours très mobilisés, très engagés dans leur
travail, fiers de leur profession. Sur la question de
l’implication, tout converge pour montrer qu’elle est
très forte chez les enseignants et ce, quel que soit
l’âge. Beaucoup disent que si c’était à refaire, ils le
referaient ; que s’ils avaient un métier à conseiller
aux jeunes, ce serait le métier d’enseignant…
En revanche, il ne faut pas confondre cet aspect
avec le constat d’un métier difficile, d’un métier
complexe et du manque de moyens dont les
enseignants souffrent : ils n’ont pas des niveaux
de salaire équivalents à ceux des pays
européens qui les entourent ; ils ont des classes
surchargées… Et ce, alors même que les
missions qu’on leur confie sont de plus en plus
nombreuses et exigeantes.
Cadre réflexif
Décaler le point de vue et redéfinir le raisonnement est le premier principe sociologique à appliquer pour identifier les enjeux à l’oeuvre. Il s’agit de :
l’égalité des chances de réussite à l’école,
l’organisation élitiste et sélective du système scolaire,
la structure sociale très inégalitaire, en termes de
rapports sociaux de classe et de sexe.
Récit sur l'école en images
Source : Revue Fenêtres sur cours, SNUipp. Dessins de l'illustrateur Brizemur
Décryptage sociologique de ce récit La sociologie des professions / sociologie du Genre
Forte féminisation du corps enseignant
Enjeux de reconnaissance professionnelle des spécialistes de la petite enfance (salaires)
La sociologie du genre :
Les métiers de la relation à autrui (le Care)
Métiers de la petite enfance et naturalisation des compétences La sociologie du travail et des organisations / Santé et Genre
Surcharge, stress, manque de moyens Qualification, diplômes
La sociologie de l'éducation :
Elitisme, compétition et réussite de tous les élèves Dispositifs innovants contre l'échec scolaire
Aide aux familles populaires
Le cadre réflexif : pénibilité / souffrance au travail et Genre Le sujet pourra interroger le travail en crèche et à l'école
maternelle
Constat de départ : De nombreux gestes de métiers sont
naturalisés et donc réalisés par automatisme sans égards à la pénibilité ou à la souffrance
Question : Quels sont ces gestes ? Qu’engendrent-ils pour l,e la travailleur-se ?
Etude : Observations et entretiens sur les gestes de métier qui engendrent une pénibilité, une souffrance
Exploration des sujets de mémoire possibles
Exploration des sujets de mémoire possibles
Le cadre réflexif des éducations sexuées.
Le sujet pourra interroger le travail en crèche et à l'école maternelle
Constat de départ : la socialisation sexuée des jeunes enfants
Question : sur quels modèles éducatifs les professionnels s'appuient-ils ? Sont-ils attentifs ou non aux attitudes
sexistes ?
Etude : opinions sur le sujet et témoignages d’expériences
professionnelles (avec les enfants, avec les parents ...)
Exploration des sujets de mémoire possibles ...
Le cadre réflexif du genre et des professions.
Le sujet pourra interroger le travail en crèche et à l'école maternelle
Constat de départ : plus de femmes que d'hommes
Question : quels obstacles les hommes rencontrent-ils ?
Etude : parcours et transformation des motivations
des hommes exerçant dans le secteur de la petite
enfance
Le cadre réflexif du genre et des professions.
Le sujet pourra interroger le travail en crèche et à l'école maternelle
Constat de départ : plus de femmes que d'hommes Question : quels obstacles les hommes rencontrent- ils ?
Etude : Interrogation de femmes (leurs opinions, leurs préférences…
Ou Interrogation de parents
Exploration des sujets de mémoire
possibles ...
Le cadre réflexif du genre et des professions.
Le sujet pourra interroger le travail des assistantes maternelles
Constat de départ : des femmes peu qualifiées en couple avec des enfants
Question : quels regards portent-elles sur les ATSEM ?
Etude : parcours et attentes d’une plus forte institutionnalisation de leur activité
Terrain : 1) Entretiens avec des AM
2) Entretiens avec des ATSEM (regards croisés) 3) Enquête en PMI
4) Enquête en RAM
Exploration des sujets de mémoire
possibles ...
Exploration des sujets de mémoire possibles ...
Le cadre réflexif du genre et des professions.
Le sujet pourra interroger le travail des assistantes maternelles du point de vue des PMI, Associations, services de la ville
Constat de départ : des femmes peu qualifiées en couple avec des enfants
Question : quelles difficultés sont-elles pointées ?
Etude : 1) Organisation des services de la petite enfance
2) Evaluation d’un dispositif
Terrain : service de la ville / département ; Association
* 2 mémoires possibles
Certains des sujets de mémoire possibles pourront s’appuyer sur le programme de recherche MIXPRIM
Mixité des métiers de la petite enfance
●
11 décembre 2018, colloque à la MDU de l’université de Rouen
—> Article dans le revue Le Furet de juin 2018
●
Mars 2018, un colloque international avec des invités étrangers
—> video des communications sur le portail de l’université
– Lien au rapport d’étude sur le site de l’IRIHS :
https://irihs.univ-rouen.fr/fr/projet/mixprim
Publications sur le sujet :
2020 : Devineau S., avec Féliu F., Valentin S., Bernard C., Assignations ordinaires de genre dans les métiers de la petite enfance, L’Orientation Scolaire et Professionnelle, 49/2 | 2020 : 257-280
2019 : Devineau S., « Early childhood care in France: Impediments to the
professionalization of a little-institutionalized feminine occupation “, Open Journal of Social Sciences (JSS), Vol. 7, n°10: 343-357. Scientific Research Publishing :
http://www.scirp.org/journal/JSS/.
2018 : Devineau S. « Le travail en école maternelle. Des gestes de métier sous l'emprise du genre ». Regards Sociologiques, Association Regards Sociologiques, Le genre
comme compétence.102-119.
2017 : Devineau S. et Confais A.,« Le care éducatif : principe actif des choix
professionnels et des pratiques de travail sexués », Éducation et socialisation [En ligne], 45, mis en ligne le 01 septembre 2017, URL : http://edso.revues.org/2297
Le cours est constitué de 2 volets.
Volet 1 portant sur les inégalités analysées à travers les rapports sociaux de classe
Volet 2 portant sur les inégalités de genre analysées à travers les
rapports sociaux de sexe
Base du cours : documents
sur le web
Volet 1 : L'école inégalitaire, emprise libérale
Volume à télécharger, 210 pages
Volet 2 : Le genre à l'école
MIXPRIM en BD
copyright : Planches tirées de SOIF ! la revue curieuse - Éditions Petit à Petit - Scénario : Emmanuel Marie - Dessins et Couleurs : Christian Galli -
Textes : Sophie Devineau
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I. Rapports sociaux de sexe à l’école
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Genre et éducation
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Genre et profession
—> Diapo 54
Cours : Rapports sociaux de classe à l'école
Ref : volume 1 à télécharger
Penser les inégalités scolaires à l'école La scène scolaire
Rôle du professionnel
Diversité contre handicaps socio-culturels Éducation contre sélection
Dynamique sociale Socialisation
Langage de classe et Domination
Rapport de force linguistique
Penser les inégalités scolaires à l'école
l’école unique serait fatalement sélective socialement dans la mesure où les élèves d’origine populaire présentent des
« handicaps socioculturels ».
Jean-Pierre Terrail, après Pierre Bourdieu, s’emploie à démontrer tout ce que cette thèse du « handicap socioculturel » contient de faux scientifiquement, mais aussi de terriblement pernicieux dans le fonctionnement du système d’enseignement.
Le caractère fonctionnel de cette thèse dans le contexte de l’école
unique tient à ce qu’elle propose une explication de constats sans
cesse renouvelés de l’échec d’une partie des élèves, mais aussi à
ce qu’elle fournit une justification aux enseignants qui pourraient
autrement vivre ce constat comme signant leur propre incapacité
professionnelle : elle donne le moral qui leur permet de tenir le
coup et de continuer à faire vivre ce dispositif éducatif.
La scène scolaire
Mais plus fondamentalement, la rhétorique scolaire du handicap socioculturel comme modèle explicatif de l’échec des élèves d’origine populaire permet d’éviter la question du système social proprement dit, celle de la lutte sans merci qui est menée pour sélectionner et éliminer les classes populaires des cycles longs, remplissant ainsi sa fonction pour assurer la division du travail.
Autrement dit, ce qui est à l'oeuvre ce sont des rapports
sociaux de classe, une lutte des classes dont l’école
n’est qu’une scène parmi les autres scènes que sont le
monde du travail et la répartition des richesses produites.
Rôle du professionnel
Le professionnel n'est pas un simple rouage d'une mécanique :
Selon V. Isambert-Jamati
« il y a dans l’enseignement une certaine marge
d ’ a u t o n o m i e q u i e s t e l l e - m ê m e l i é e à
l’appropriation des connaissances par les
enseignants en même temps qu’à leur
intervention militante. Il n’y a pas une façon
unique de faire fonctionner le système scolaire. »
Diversité contre handicaps socio-culturels
Or c’est bien de l’occultation de cette lutte dont il est question dans l’usage du mot handicap puisque tout le monde poursuivrait un but identique selon un projet collectif partagé :
« Ce nouveau type d’imposition idéologique pourrait correspondre à un type de
formation sociale dans lequel il faut faire entrer tout le monde dans la course, et dans la course culturelle.
C’est pourquoi le mot handicap est dangereux, parce qu’il implique que tout le monde entre dans la course, dans la concurrence pour les mêmes objectifs.
Alors que l’enjeu pourrait être de savoir : Est-ce que, y compris en matière de culture, mais aussi en matière politique, il s’agit d’entrer dans la course et d’accepter le but ou de définir d’autres buts ? » (P. Bourdieu, 1978).
Handicap versus excellence
Luc Boltanski - "A bas l'excellence !" - YouTube - 2013
Vidéo pour "Luc Boltanski"▶ 5:03
www.youtube.com/watch?v=AGOD2Vc6W1A
Éducation contre sélection
Sortir les problèmes éducatifs
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de la confusion biologique
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de la médicalisation des apprentissages
●
Rompre avec les idéologies innéistes du
« don », et le fatalisme social Inverser la logique :
●
Adapter la norme scolaire au public d'élèves
Dynamique sociale
Insister sur la construction sociale constante
●
L'effet maître
●
l'effet de la pédagogie
●
l'effet de l'école unique,
●
l'effet de la massification des diplômes
Socialisation
●
La socialisation du jeune enfant met en place ce que P. Bourdieu désigne par Habitus
L'habitus de classe, l'habitus sexué, recouvrent tout ce qui permet à un individu de se comporter en groupe : il s'agit des manières d'agir, de parler, d’opérer des choix d’avoir des préférences et des goûts.
Complètement incorporé au sens littéral de corps, l'efficacité de l'habitus est assurée par son invisibilité, son apparente spontanéité : la socialisation faite
« nature : une seconde nature ».
Langage de classe et Domination
●
Langue légitime, langue scolaire et bourgeoisie
L’ a p p r e n t i s s a g e d u l a n g a g e e s t d o n c simultanément apprentissage d’une position de classe dans la structure sociale et des compétences ayant une efficacité au sein du groupe d’appartenance. Le rapport à la langue est donc principalement un rapport social.
William Labov
Rapport de force linguistique
Le fonctionnement de la hiérarchie langagière en tant que Marché linguistique (P. Bourdieu, 1978, 1984)
identifie l’aspect spécifiquement profitable aux catégories dominantes d’un bien langagier rare.
Le rapport de communication est un rapport de force linguistique
Il y a donc un langage d’autorité, dont le poids est
supérieur aux autres puisqu’il gouverne la situation
linguistique (P. Bourdieu, 1977, 1984).
Cours : Organisations et institutions
Ref : volume 1 à télécharger
●
L'échec scolaire
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Le modèle de l'école libérale
●
Communication et concurrence entre établissements
●
Des professionnels « managers »
●
Le projet d'établissement
●
Le marché scolaire
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Dispositifs éducatifs
●
La relation professionnels/usagers
r
L'échec scolaire
L’échec scolaire est une question qui a littéralement explosé dans le débat sur l’école avec une accélération notoire au tournant des années 1980
Alors que l’école unique est un thème fortement présent entre 1955 et 1975, de 1995 à 2008 c’est l’effet-établissement qui impose de nouvelles représentations du paysage scolaire.
Egalement, le thème de la violence des élèves à l'école n’a cessé de progresser dans la manière d’aborder l’école, dépassant très nettement vers 1998 toute la réflexion sur la violence institutionnelle (P. Bourdieu ; D. Frandji).
On s’aperçoit que si la notion de mérite scolaire a devancé longtemps celle d’égalité scolaire, dés 1900 la préoccupation égalitaire surclasse le mérite jusque vers 1938, puis de 1945 à 1980.
Le mérite scolaire est à l’honneur pendant les années de la seconde
guerre mondiale, puis à nouveau dans les années 1980, date de
démarrage d’une progression continue jusque dans les années 2000
où l’égalité scolaire perd du terrain et passe au second plan.
Sélection, élimination
Dans le système éducatif français le profil type de l’élève « normal »
au sens d’élèves majoritaires c’est l’élève en retard (G. Langouët, A.
Léger, 1991) :
« Par rapport à l’effectif de sixième, 69,5% des élèves parviennent en quatrième, 40,7% sont admis en seconde, et seulement 27,3% atteignent la terminale, avec un taux final d’obtention du baccalauréat qui concerne 22,7% de la génération.
Les autres, c’est-à-dire presque les trois-quarts de la génération ne parviennent pas dans le cycle long ou n’y poursuivent pas une scolarité complète. Ils se répartissent en deux parts voisines : 37,3% des élèves de sixième seront, par la suite, orientés vers l’enseignement technique, tandis que 35,4% « disparaîtront », c’est-à-dire seront éliminés et sortiront définitivement de la cohorte, sans aucune préparation à une formation professionnelle pour la quasi totalité d’entre eux ».
Autrement dit, la norme est bien différente du modèle abstrait et
très sélectif de l’élève défendu par l’école
.Échec scolaire, mérite et redoublement
L’usage de la référence à la notion de mérite suit une logique perpendiculaire à celle d’égalité sur le sujet de l’échec scolaire.
Le passage du droit à la scolarisation par la naissance dans l’école des notables au droit pour tous dans l’école unique s’est réalisé autour des mécanismes clés du retard scolaire et de l’orientation : à l’intérieur de l’école unique, les deux réseaux de scolarisation décrits par C. Baudelot et R.
Establet (1971, 1975) divisent les destins de classe par le mérite scolaire, des constats confirmés pour la période récente par l’analyse des différents types de baccalauréat (J.- P. Larue, 2005).
Valeur clé de l’élitisme républicain, le calcul du mérite permet
de proportionner les récompenses en termes de positions
sociales ou de revenus
Fonctions sociales de l'école
Au sein d’une structure inégalitaire de rapports de production (capital/travail), l’école tient un rôle majeur en remplissant sa fonction sociale de sélection au long des années de scolarisation : l’école primaire opère un premier tri que l’enseignement secondaire achèvera (C. Baudelot, R. Establet, 1971, 1975). Dans cette mécanique de sélection scolaire, la maîtrise du français standard est l’outil de sélection essentiel puisque c’est la matière principale par excellence et s’exerce dans les innombrables sous disciplines.
Cette fonction manifeste opère derrière les autres
fonctions plus apparentes (Merton) qui assurent l'accueil,
le suivi, l'enseignement, la socialisation des jeunes.
Données sociales
Etat des inégalités scolaires
cf. pwpt Elitisme compléments tableaux statistiques
Le modèle de l’école libérale
●
De l'école unique à l'autonomie des établissements au tournant des années 1990
Si le cadre national des diplômes et des concours d’entrée dans le professorat demeure, il ménage une part croissante aux projets éducatifs, aux projets d’établissements et à la mise en
place de dispositifs variés.
Tout ceci légitimant le principe concurrentiel, celui d’un service d’éducation variable sur l’ensemble du territoire,
Par opposition au principe démocratique d’un service d’éducation unique et rendu uniformément à tous les usagers qui bénéficient
de droit d’un accès à ce service d’envergure nationale.
Les mots et les objets du changement
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Brochures, plaquettes, logos,
●
Projets
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Autonomie,
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Responsabilité des établissements
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Évaluation
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Pilotage
●
Management
Des professionnels managers
Dans une situation de quasi-marché scolaire, la recherche d’une clientèle devient une préoccupation majeure des chefs d’établissements :
Dans un contexte de concurrence, comment attirer un public scolaire de bonne qualité ou ne pas le voir fuir au profit d’autres ?
Telle est la question qui occupe bon nombre des chefs d’établissement dont les fonctions évoluent aujourd’hui vers des pratiques de communication à l’intention des parents et du « marché local » (Pelage, 2000).
Ils se voient de plus en plus contraints de faire des choix et
d’élaborer des stratégies en conséquence ( Felouzis, 2007)
Le projet d'établissement
●
Cet objet professionnel a fait son apparition dans les années 1990 et s'est développé dans l'ensemble des pays européens.
●
Il a accompagné un mouvement généralisé de
désengagement de l'Etat centralisateur
(Charlot, 1993 ; Robert, 1994 ; Careil, 2002).
Le marché scolaire
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La crèche avant l'école
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La bonne école dés la maternelle
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Les classes bilangues, européennes
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Le développement des officines privées d'aide aux devoirs
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Les bonnes filières
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Les classes préparatoires
Aux stratégies des chefs d'établissement s'ajoutent
celles des familles qui se comportent en
consommateurs d'école (Ballion, 1982).
Dispositifs éducatifs
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L'exemple des projets d'établissement
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L'exemple des ateliers artistiques ou sportifs en ZEP (REP)
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L'exemple de l'implantation de classes
sportives d'excellence en ZEP
Relations parents-élèves
Référence :
Devineau S. (2009), Chapitre V : Professionnels,
clients et profanes, « Les enseignants et les
parents d’élèves », in D. Demazière et C. Gadéa,
Sociologie des groupes professionnels. Acquis
récents et nouveaux défis. Coll.Recherches,
Editions La Découverte. 332-341
Cours : Rapports sociaux de sexe à l'école
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Socialisations et Éducations sexuées
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Professions féminisées
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Logique du Care
La socialisation : « L’ensemble des processus par lesquels l’individu est construit –on dira aussi « formé », « modelé », « façonné », « fabriqué », « conditionné », - par la société globale et locale dans laquelle il vit, processus au cours duquel l’individu acquiert – « apprend », « intériorise », « incorpore », « intègre », des façons de faire, de penser et d’être qui sont situées socialement » (Muriel Darmon , La socialisation, 2006)
Socialisation de genre signifie un apprentissage par les garçons et petites filles de
« rôles sexués » différents ; des « rôles sexués » qui s’opposent et construisent une identité de genre soit féminin soit masculin.
Partie 1 : Socialisations et éducations sexuées :
Repères historiques : (les filles dans l’institution
a) Jusqu’à la fin du 19ème siècle :
- éducation réservée aux milieux privilégiés
-éducation ayant pour objectif principal de former les adultes du futur, donc selon des rôles sexuellement différenciés (ex : dans L’Émile ou l’éducation (1792) de Rousseau)
-l’éducation différenciée des femmes est un moyen de spécialiser les rôles sexués.
=> Argument de nature
b) à partir de 1880= (un processus long d’égalisation des conditions d’éducation)
Lois de Jules Ferry 1881-1882= scolarisation massive des filles à l’école élémentaire. Mais conservation de cet impératif d’éducation sexuellement différenciée.
1880= Organisation de l’enseignement secondaire féminin (mais pas de baccalauréat) + programmes différenciés, qui préparent moins les filles à poursuivre leurs études.
1924= unification des programmes du bac
1970 = le supérieur se féminise (quantitativement égalitaire avec les garçons= anecdote des amphis de Baudelot et Establet)
1975= mixité dans les établissements
Constats chiffrés attestant l’amélioration de la situation des femmes dans l’univers scolaire:
a) Dans le secondaire :
-Depuis 1971, le nombre de bachelières a dépassé le nombre de bacheliers.
-Plus nombreuses dans les baccalauréats de filières générales
-En 2009, 92% des filles qui se sont présentées au bac l’ont obtenu (34% de mentions B ou TB), contre 88% de garçons ( 28% de mentions B ou TB)
b) Dans le supérieur :
-1981 = les filles dépassent quantitativement les garçons à l’université
-30% des filles sorties du système éducatif en 2008 sortent diplômées du supérieur (de bac +2 à bac +8) contre 23% des garçons.
=> Attention aux raccourcis sur le poids du sexe : la différence de réussite scolaire selon le sexe est très nettement moins significative que la différence de réussite scolaire selon la classe sociale.
* Commentaire : intersectionnalité et échec scolaire : classe*genre*racisation et élimination de la voie générale de formation.
Problématique :
Com me nt c ompr endre l’ exis te nc e et la per sis ta nc e de différences dans l’orientation scolaire (et à terme professionnelle) entre les filles et les garçons, alors même que l’École est censée (d’après les textes) être égalitaire ?
En quoi l’école est-elle à la fois miroir et productrice des inégalités socialement créées entre les filles et les garçons ?
Autrement dit, en quoi l’école est-elle « un catalyseur de
tendances extérieures à [elle]-même » (Ferrand, 2004) et « une
caisse de résonance d’inégalités prévalant dans la société »
( Duru-Bellat, 2008) ?
LA SOCIALISATION SCOLAIRE : LA CONSTRUCTION D’UNE SÉGRÉGATION SEXUÉE :
=> Baudelot et Establet montrent que le 20ème siècle a été le siècle de l’instruction des filles ( Baudelot et Establet, 2002).
=> Un succès scolaire des filles dont « l’essai est mal transformé » sur le marché du travail.
Ex : en 1971 nombre de bacheliers < nombre de bachelières.
Ex : les filles =moins de redoublements en primaire + meilleurs résultats (+ plus nombreuses en lycée (notamment dans les filières générales) + plus nombreuses à l’université (sauf dans le 3ème cycle universitaire) (cf, texte de Terrail, 1997).
a) => l’étude sociologique des interactions scolaires démontre une socialisation sexuée notamment dans l’interaction entre les enseignants et leurs élèves.
Ex : les enseignants créent à leur insu, des oppositions entre filles et garçons au cours de leur socialisation. Les filles sont utilisées par les professeurs comme des « auxiliaires pédagogiques » (Zaidman).
Ex : Spender en 1982 et Kelly en 1988 ont par exemple observé quantitativement et qualitativement les interactions enseignant/enseignés. En classe, les garçons sont davantage sollicités, ils bénéficient de feed- back plus constructifs..
b) L’exemple des interactions entre élèves permet également de rendre compte de rapports sexués de groupe.
E. Goffman décrit des groupes sociaux De filles et de garçons « ensembles et séparés », avec des cultures différentes impliquant des usages du corps spécifiques.
Ex : les garçons sont plus « turbulents » et les filles sont plus « geignardes » (cf : expérience de Guilbert en 2004 (C’est pour un garçon ou pour une fille ? 2004), lors d’une observation avec des vitres sans teints.)
c)=> Les stéréotypes sexués sont particulièrement marqués chez les adolescents :
ex : Les travaux de Gavray
=> Les stéréotypes sexués sont particulièrement marqués chez les adolescents :
Cela s’explique notamment par l’importance que prennent les médias dans la socialisation des adolescents. Des chercheurs comme Duret ont observé des représentations stéréotypées chez les collégiens. Gavray montre par exemple une plus grande proximité des garçons aux stéréotypes sexués, comme l’importance de la valorisation et de la performance physique.
Du côté des filles, le travail de l’apparence, la mise à distance des comportements masculins les caractérisent.
t
Il est également intéressant de faire un détour par la sociologie des Violences scolaires et de la croiser avec le genre
Bourdieu et Desjours montraient la sur représentation massive des garçons dans les faits de violence en milieu scolaire s’expliquant notamment par la volonté d’affirmer sa virilité faute d’autres ressources. Cependant des études mériterait de réinterroger cet aspect, certains travaux sont d’ailleurs en cours.
Ces comportements de violences masculines s’expliquent grâce à
plusieurs variables. Sylvie Ayral s’est penchée sur le sujet dans La
fabrique des garçons : sanctions et genre au collège. Par
exemple : 75 % à 84 % des élèves sanctionnés (tous motifs
confondus) sont des garçons, dans leurs interactions avec leurs
camarades, les sanctions seraient perçues comme des « médailles »
de la virilité, les filles apprécieraient les garçons sanctionnés, ils
seraient vus comme virils et useraient d’une certains popularité
auprès de leurs camarades.
C) Les contenus de formation ou le « curriculum caché » qui influencent les stéréotypes sexués :
=>Les modes de présentation sexués des contenus scolaires influencent les résultats des filles et des garçons.
Ex : les manuels de lecture en CP (Fontanini, 2007)
=>Les succès ambivalents des filles
=> Le vécu scolaire ( (Dura-Bellat, 1990 et Felouzis. 1994 et Gilly, 1980).
=>La mixité favorise le renforcement des stéréotypes de sexe (Dura-Bellat, 1994).
Zaidman (1996 : p. 16) « la manière dont la mixité s’est imposée dans l’école sans réflexion pédagogique préalable continue de peser sur la façon dont l’école gère les relations entre les sexes : la mixité scolaire reste une donnée qui apparaît aux acteurs comme naturelle, et non comme le fruit d’une volonté émancipatrice, le moyen d’un apprentissage de la citoyenneté ».
Cendrine Marro et Isabelle Collet = « une mixité de surface ».
Le rôle joué par les enseignant-e-s :
Les enseignants ont aussi leur part de responsabilité dans la fabrication d’identités de genre. -
>Ex : l’étude Du côté des petites filles (Belotti, 1974)
->les enfants intègrent vite que se sont les femmes qui gravitent autour d’eux.
->les enseignant·e·s participent grandement à la fabrication et à l’entretien au quotidien des stéréotypes de genre. (cf : les travaux d’observations dans les classes de Belotti en 1974, renforcés par les travaux de Zaidman La Mixité à l’école primaire en 1996)
Avantage des filles dans la réussite scolaire certes mais persistance d’une ségrégation sexuée dans l’orientation :
=>ségrégation sexuée scolaire et professionnelle.
=>Les filles s’orientent (et sont orientées) dans les filières les moins valorisées notamment dans les filières littéraires.
ex : Répartition sexuées des filières du bac en première en 2009 : 79% de filles en L ; 61% en ES et 45% en S.
=>Dans l’enseignement scolaire professionnel, la ségrégation sexuée en matière d’orientation est encore plus visible que dans le général
ex : en 2002, 30% des filles et 1% de garçons s’orientent vers le secteur secrétariat-bureautique, 1% des filles contre 24% des garçons s’orientent vers l’électricité-électronique.
=>Cette ségrégation se poursuit donc dans l’enseignement supérieur. Les filles s’orientent dans les filières puis dans les métiers du relationnel, du Care ( ex : social, santé, éducation), à l’opposé les garçons choisissent l’ingénierie, les affaires et l’industrie.
=>Les succès ambivalents des filles
Pourquoi les filles se placent-elles moins bien que les garçons à l’intérieur du système malgré leur plus grande réussite ? On a pu chercher, en vain, la réponse dans des différences d’aptitudes selon les matières : en dépit d’un léger avantage dans les exercices de français en primaire, les filles ne sont pas globalement et objectivement ni meilleures en français, ni plus faibles en mathématiques (Baudelot, Establet, 1992). Et pourtant, il leur faut de meilleures notes que les garçons pour s’autoriser à demander une première S ; elles font globalement des choix moins ambitieux
=> Le vécu scolaire
Lorsqu’on bascule du côté de l’expérience scolaire construite au jour le jour, on retrouve le même constat d’avantage ambivalent. Toutes les études soulignent que les jeunes filles sont mieux considérées, à résultats égaux, par les enseignants, parce qu’elles ont un comportement plus scolaire et des qualités de présentation de soi et de soin qui leur permettent de répondre mieux aux demandes de l’institution (Dura-Bellat, 1990). Elles se concentrent plus facilement et chahutent moins activement. L’école proposerait un modèle de conformité scolaire que l’on pourrait qualifier de « féminin… » (Felouzis. 1994).
Au contraire. Le mode de socialisation masculin valorisant l’affirmation de soi, voire
l’agressivité, serait contradictoire, dans une certaine mesure, avec les exigences scolaires, ce
qui expliquerait le regard moins indulgent vis-à-vis des garçons (Gilly, 1980). Pourtant, des
observations fines des interactions en classe montrent que cette meilleure image des filles se
traduit paradoxalement par un temps notablement plus court d’attention de la part des
enseignants
II) PROFESSIONS FÉMINISÉES
=> le lien très fort entretenu entre le système scolaire et le marché du travail est un facteur explicatif d’une ségrégation sexuée des professions.
Cf : La (re)production des rapports sociaux de sexe : quelle place pour l’institution scolaire ? par Marie DURU-BELLAT | La Découverte | Travail, genre et sociétés 2008/1 - N° 19
=>L’inégale répartition des hommes et des femmes au sein des différents métiers ets indissociable des inégalités structurelles en terme de rémunération, de conditions de travail et et de prestige social.
=>Le marché du travail = doublement ségrégué. D’abord horizontalement (les hommes et les femmes occupent des métiers et secteurs d’activités différents) mais aussi une ségrégation verticale (les hommes sont majoritairement plus présents dans les secteurs les plus prestigieux et rémunérateurs).
A cet effet, précisons toutefois que Marlaine Cacouault tempère cette idée et considère que féminisation ne va pas obligatoirement de paire avec dévalorisation du métier.
=>Une grande partie des professions occupées par les femmes sont celles qui sont centrées sur la famille (assistante sociale), soit centrées sur l’éducation, en résumé celles qui érigent la féminité comme compétence professionnelle.
Les métiers du care (de la relation à autrui, du soin)
Les professions sont réparties de manière déséquilibrée entre les hommes et les femmes :
=> Les femmes sont sur-représentées dans les secteurs professionnels du tertiaire tels que la santé, le social, les services à la personne et le domaine administratif, c'est-à-dire dans les univers définis par des compétences dites féminines (psychologie, aide à autrui : posture de care)
Ex : 70.5% des femmes dans les métiers de service en 2012.
=>la répartition sexuée des professions renvoie à la catégorisation des « qualités » dites féminines ou masculines de Bourdieu (1998).
Le féminin= l’univers intérieur + le domestique + le privé+ la famille+ l’introspection + l’intuition Le masculin= l’espace public + l’action + la politique +le pouvoir
=> les femmes sont majoritairement représentése dans les CSP qui ont le moins grand prestige social et par extension les salaires les moins importants .
Ex : les femmes représentent 77 % des employés, 51 % des professions intermédiaires (dans les secteurs de la santé, du travail social ou de l’éducation), contre 16 % des chefs d’entreprise et 40
% des cadres supérieurs.
=>Les travaux sur la féminisation des professions = typologie de Nicky le Feuvre :
Cf Malochet Guillaume, « La féminisation des métiers et des professions. Quand la sociologie du travail croise le genre. », Sociologies pratiques 1/2007 (n° 14) , p. 91-99
« Le Feuvre (Le Feuvre, 2003)
Les « goûts » des hommes et des femmes comme facteurs de résistances à la mixité ou aux changements de sexe d’une profession :
=>Socialisés de manière différenciée, les hommes et les femmes construisent des appétences pour telles où telles tâches et pour tel ou tel secteur professionnel. Ces appétences ces goûts qui sont socialement construits sont souvent interprétés comme des appétences naturelles.
=>Les discours des professionnels et la comparaison sexuée des professions (montrant que les femmes vont dans tel secteur et les hommes dans l’autre) montrent la force de conviction liée aux goûts et aux capacités « naturelles » liées au genre.
Ex : les assistantes maternelles
Un arrêt sur le métier d’enseignant·e :
=> parler de l’article (com’) de Sophie : la féminisation de l’enseignement : quel enjeu educatif ? Colloque Genève 2010, Ouvrage « Le genre à l’école des enseignantes : embûches de la mixité et leviers de la parité, 2012.
« Les enseignantes dans l’histoire contemporaine sont des figures historiques et sociologiques exemplaires du progrès de la condition féminine, en effet ces femmes ont très tôt compris que les clés de leur émancipation se trouvaient dans l’école (C. Baudelot, R. Establet, 1992). »
« Les filles se sont emparées du diplôme comme « arme des faibles » (T. Poullaouec, 2010), et ont investi la profession enseignante comme levier de conquête du marché du travail, dans un contexte social de rapports sociaux inégaux (D. Kergoat 1991, R. M. Cacouault-Bitaud, 2007, R. Pfefferkorn, 2007). »
III) LOGIQUES DE CARE : CAS EMPIRIQUES DES ENSEIGNANTES DE MATERNELLES ET DE CPE
Les métiers du care : (P. Molinier)
Care, « sans équivalent en français, caractérise une relation d’aide, familiale ou professionnelle ; il désigne tout à la fois l’activité de soin à une personne qui en dépend et le souci de la réception de ce soin, sa singularité résidant dans cette combinaison affûtée de compétences techniques et émotionnelles » (Hochschild, 1983).
=>plusieurs critères= faible rémunération +faible reconnaissance de leurs qualifications.
=> Devineau, S. et Confais, A., (2015 et 2017) La mixité dans les métiers de l'éducation scolaire.
Le cas des professeures de maternelle et des conseillères principales d’éducation, in Etudes Normandes
-La sollicitude, une compétence attendue dans deux métiers de l'éducation -Le choix de la relation à l’autre
-Une professionnalité vécue sur un mode sexué -Le poids des stéréotypes des métiers