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DU MÊME AUTEUR. UNE FEMME A HISTOIRES, roman (épuisé). LA QUADRATURE DU CERCLE, roman (épuisé). LA CHAMBRE SECRÈTE, roman.

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Texte intégral

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PAUL ET ISABELLE

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D U M Ê M E A U T E U R

A u x é d i t i o n s d u M y r t e U N E FEMME A HISTOIRES, r o m a n ( é p u i s é ) . L A QUADRATURE DU CERCLE, r o m a n ( é p u i s é ) .

C h e z P i e r r e H o r a y : L A CHAMBRE SECRÈTE, r o m a n .

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RAYMONDE TEMKINE

P A U L

et

I S A B E L L E

roman

ROBERT LAFFONT 30, rue de l'Université

PARIS

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© 1960 by Robert Laffont PRINTED IN FRANCS

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A ROSE-MARIE et

RENÉ BERGER

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Ce remède est cruel, mais pourtant nécessaire : Puisqu'elle me plaît trop, il me faut lui déplaire.

CORNEILLE, La Place Royale (I, 4).

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V o u s i n t é r e s s e - t - i l d ' ê t r e t e n u a u c o u r a n t d e s l i v r e s q u e p u b l i e l ' é d i t e u r d e c e E n v o y e z s i m p l e m e n t v o t r e c a r t e d e v i s i t e a u x É d i t i o n s ROBERT LAFFONT. S e r v i c e Vient de P a r a î t r e , 30, r u e d e l ' U n i v e r s i t é , P a r i s ( 7 et v o u s r e c e v r e z r é g u l i è - r e m e n t et s a n s a u c u n e n g a g e m e n t d e v o t r e p a r t , s o n b u l l e t i n i l l u s t r é Vien de P a r a î t r e q u i p r é s e n t e , a v e c les e x p l i c a t i o n s n é c e s s a i r e s , t o u t e s les n o u v e a u t é s , r o m a n s , v o y a g e s , d o c u m e n t s , h i s t o i r e , essais, e t c . , q u e v o u s t r o u v e r e z c h e z v o t r a l i b r a i r e .

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PREMIÈRE PARTIE

P A U L

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JE travaille, c'est sans importance. E t je vis seule parce que je suis orpheline, c'est sans importance non plus. Sans importance depuis que je connais Paul, que je l'aime. Rien ne compte, qui ne soit lui; à moins que tout ne devienne chance, qui me fait davantage à lui.

J'ai vingt-trois ans et je suis une jeune fille, plus libre que n'est une jeune fille. C'est bien ainsi. Personne n'a pensé à m'aimer et je n'ai aimé que des chimères. Ce qui m'a fait l'humeur farouche. Je me sais douceur et tendresse; je parais nette et froide. Je n'ai pas la moindre expérience des hommes; ils sentent qu'ils ne peuvent m'en conter. On peut vivre dans le malentendu. Je n'ai rien fait pour en sortir.

Ai-je même essayé d'y voir clair? Tout devient clair à son heure. Je sais attendre.

Je n'ai plus à attendre, je connais Paul, je l'aime, tout est devenu transparent. Moi-même aussi. Il est visible maintenant que je suis douce

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et tendre. Les hommes s'en aperçoivent. Il y en a qui me le disent. On essaie de m'en conter, mais je ne peux plus entendre : une voix m'ha- bite qui me rend sourde à toutes les autres. Je suis celle qui ne sait entendre qu'une voix.

Un homme, une femme qui se rencontrent, c'est le début d'une histoire. Paul et moi, nous nous sommes rencontrés un jour, ce n'était pas une histoire, c'était l'aurore du monde. Je n'ai pas commencé à l'aimer, je l'aimais. Simple- ment, j'ouvrais les yeux sur cet amour, pleine- ment épanoui dès l'instant que je naissais, moi, pour qu'il m'habite. Et il n'était pas l'amour d'un homme qui n'aurait pas été Paul et se serait trouvé par hasard à portée du premier batte- ment de mon cœur. Il faut le dire, on ne doit pas s'y tromper. C'était l'amour de Paul Héri- chard, qui est grand, qui a des bras forts et doux, des yeux dont je ne saurai jamais la couleur parce qu'elle hésite, au fil des heures, entre le mauve et le bleu. Et ses cheveux, ce n'est pas parce que je ne sais dire d'eux que cette pauvre chose : ils sont lisses, ils sont bruns, qu'il faudrait croire qu'ils se puissent jamais confondre avec d'autres cheveux d'homme; ils ont leur souplesse, leur odeur;

et leurs reflets, mes doigts d'aveugle en retrou- veraient les caprices, m'enseigneraient par eux qui je caresse, et qu'il fait jour ou qu'il est nuit.

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Je ne suis pas aveugle : mes yeux m'étaient donnés, avant mes mains, mes narines, mon corps, pour qu'y pénètre, au jour dit, le trait qui scelle la possession de mon cœur. Je suis une femme marquée, c'est mon orgueil, ma joie.

Une femme? Pas si vite. Un temps encore une jeune fille à qui tout paraît simple. On dit qu'il y a des jeunes filles extrêmement compli- quées, pourquoi? Je l'aime, il m'aime. Il me prendra dans ses bras. Ma vie sera sa vie, elle l'est déjà. Isabelle Hérichard. Mieux : Madame Paul Hérichard. La femme de sa table, de son sommeil, la femme à son bras dans la rue, la femme près de lui au théâtre;

et s'il est d'autres circonstances dans la vie, la femme qui les partage avec lui. Tout est lumineux. Tout est simple.

Il m'a prise dans ses bras, et ma vie est sa vie : un éblouissement, dans la plongée d'oiseau de proie de son visage... Le temps s'arrête.

Une vague chaude a submergé mes tempes, bousculé mon cœur... Le temps reprend son cours. Fébrilement d'abord, par à-coups mala- droits. Je sais maintenant que j'ai des lèvres où bat le sang, une bouche profonde. Et puis, par larges ondulations qui m'entraînent, au-delà du plaisir, dans le grand remous de la joie. Je ne saurai jamais ce que fut mon premier baiser.

J'en resurgis comme une noyée. J'ai vu la

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mort. Et je lui ai arraché le secret des grands fonds, pour moi ce murmure de vie : « Paul ! » Il desserre son étreinte, j'ouvre les yeux, il me sourit. Tout est dit à jamais. Jamais, c'est plus que toujours.

J'attendais de nouveaux baisers. Je domine- rais mon émoi, et je saurais de quelle façon ils brûlent. Ensuite, j'en aviverais le souvenir en moi, aux heures de solitude, et j'en serais réchauffée, comme par une flamme. Mais y en eut-il d'autres, après le premier? Je ne crois pas. Paul voulut de moi autre chose. Je lui appartenais. Mais comme mes lentes rêveries m'avaient mal préparée à satisfaire son désir d'homme! Je ne le vis pas me sourire; je n'avais pas su m'abandonner. Ce qui me sauva, ce fut mon désespoir soudain de penser qu'il me croirait peut-être de ces femmes qui se dis- putent, se marchandent à l'homme qu'elles disent aimer, réservant d'elles ne serait-ce qu'un pouce de leur corps, un repli de leurs pensées. Je ne disputais pas, j'offrais; je ne réservais rien, m'aliénais toute; seulement je ne le devinais pas et le frustrais. Alors, je criai : qu'il fasse de moi à son plaisir, à son besoin;

qu'il m'apprenne le plaisir, le besoin, si je devais les connaître pour qu'il fût heureux. Cette pre- mière fois, et les autres ensuite, la volupté que j'ai appelée, je la destinais à attiser sa joie.

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Il avait été déçu, il fut content. Je baisai sa main. Il eut un rire bref qui me déchira. J'ai- mai ce déchirement.

Je ne suis plus une jeune fille, je suis sa femme. A sa volonté, à sa discrétion. Où il veut, comme il veut. Sa faim et sa soif et, ainsi qu'il dit un jour, sa table toujours servie. Je suis sa femme. Sa joie et son besoin. Moi seule. Je ne crois plus, depuis que je sais qu'il n'existe qu'un homme, Paul Hérichard, qu'il y ait au monde d'autres femmes qu'Isabelle Chèzerois.

Il y en a d'autres, il me l'a dit. C'est donc vrai, et je devrais le croire. Je n'y crois pas : mon cœur n'est pas de ceux qui se rendent à l'évidence, il connaît d'autres vérités. Les- quelles? Si je m'étais donné à tâche de com- prendre Paul-et-Isabelle, je les aurais décou- vertes, débusquées, nommées. A d'autres d'es- sayer s'ils veulent. Comprendre? Non, je suis faite pour aimer.

D'autres femmes?... Avant moi, peut-être.

Ah! C'était déjà surprenant. Mais il dit : « Là, maintenant, vous près de moi, celle qui tra- verse la chaussée, celle qui m'a souri quand nous l'avons croisée. » Une femme lui a souri?

Il commence à me prendre en pitié. « Je lui ai rendu son sourire. Vous n'auriez pas voulu... » Son sourire à lui, je l'avais vu. Mais il était pour moi, mon cœur s'en était trouvé réchauffé. Il

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fait froid soudain. Je me sens pâlir. Il me serre le bras : « Pauvre petite Isabelle ! » Encouragée, je supplie : « Aimez-moi. » Il me rassure. « Bien sûr, mais je vous en prie, moins d'orgueil. » Ai-je d'autre orgueil que mon amour? Je n'ai jamais compris ce que l'orgueil viendrait faire entre nous.

Et parce qu'il y a d'autres femmes, je ne serai jamais sa femme, Mme Paul Hérichard, Isabelle Hérichard; je le sais maintenant. Tout ne me paraît plus simple, je ne suis plus une jeune fille. « Trop encore, assure Paul, et c'est vexant pour moi. » Il entreprend de se laver de ce ridi- cule en m'éduquant.

Nous ne vivons pas ensemble, je vis seule, je continue à travailler. Je ne sais pas où il habite, je ne le vois que quand il veut. Parce qu'il revendique sa liberté, il m'a privée de la mienne, mais c'est un don que je lui ai fait, pas un sacrifice. Mon ancienne liberté était vide.

Je ne me connais pas même — quel regret ! — une petite habitude assez chère. Comme j'y aurais renoncé pour lui !

Je ne déteste pas mon travail, même s'il distrait parfois de Paul ma pensée. Il prend ma vie comme dans un corset. Mais un corset n'empêche pas le sang de couler à son rythme.

Il me fait tenir droite et je ne pense jamais qu'il me contraint. Il est ma discipline extérieure.

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Je ne sais pas encore que j'en ai besoin. Plus tard, je le saurai.

Paul vient me chercher le soir, ou bien il ne vient pas. Malade, je me traînerais au bureau, à l'heure de la sortie tout au moins : s'il allait venir ce soir-là! Il y a tous les jours, dans ma vie, un quart d'heure comme il n'y en a pas dans la vie des autres femmes. Son visage va-t-il m'accueillir — ce visage que j'aime, l'homme que j'aime — quand je franchirai la porte? Chaque jour, ma vie, ma mort se jouent à pile ou face. La sueur perle à mon front, mes traits s'altèrent. On a cru à un malaise, les pre- mières fois. On s'empressait, on voulait me rete- nir, on m'a offert de l'air, de l'eau; et je secouais la tête, crispée sur mon angoisse. Personne ne s'aperçoit plus de rien maintenant, c'est devenu mon visage de cinq heures. On s'habitue aux morts lentes.

Ce qui me donne encore l'idée de la mort, c'est le flux de joie qui me monte à la gorge quand je le trouve qui m'attend. Son premier geste toujours est d'apaiser mon émoi par sa main posée sur mon épaule. Geste anodin. Mais je suis seule à savoir. A sentir son pouce très précisément posé sur l'artère qui bat à la base de mon cou, et à connaître la pression sans dou- ceur, qui m'est souffrance et jouissance, par laquelle il prend possession de moi. Je baisse

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