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Isabelle Rochet. rescapée. Cocody. Roman

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Academic year: 2022

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Isa be lle R oc he t L a r e s c a p é e d e Co c o d y

ISBN : 978-2-343-01769-3

17,50 €

Roman

Isabelle Rochet

rescapée

Cocody

La

de

Isabelle Rochet

rescapée

Cocody

La

de

Recrutée très jeune et à son insu par la CIA alors qu’elle eff ectue ses études d’interprète en Californie, Adélaïde Haucourt nous entraîne avec fougue et insouciance dans ses incroyables aventures. De l’Afrique à l’Amérique en passant par les plus hauts sommets de l’État français, happée malgré elle par l’univers exaltant et ténébreux du renseignement, elle échappe à son destin post-colonialiste.

Grâce à un style fl uide et enlevé, l’auteur nous emporte dans de nombreux périples au gré des aventures atypiques et éclectiques de son héroïne. Un roman dépaysant au rythme soutenu, qui se démarque des lieux communs de la littérature d’espionnage.

Isabelle Rochet a grandi en côte d’Ivoire. Au seuil de sa vie d’adulte, elle quitte l’univers tropical de l’Afrique de son enfance pour aff ronter le monde occidental. Un aller simple qui n’est pas anodin. Linguiste de formation et grande voyageuse, l’auteure nous livre avec La Rescapée de Cocody son premier roman.

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La rescapée de Cocody

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Isabelle Rochet

La rescapée de Cocody

Roman

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© L’Harmattan, 2013

5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr

diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-01769-3

EAN : 9782343017693

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À Christine pour sa rigoureuse et méthodique relecture, aux Beaux Dimanches d’Anne Kail et aux bienveillantes participantes de cet atelier d’écriture à qui la genèse de ce livre doit beaucoup, à Christian pour avoir immortalisé ma jeunesse éternelle, au psy Paul Sillam pour son aide ponctuelle et opportune et à tous ceux et celles qui m’ont encouragée à poursuivre…

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Il est illusoire de croire que l’on puisse choisir son pays natal.

À toutes les femmes qui savent respirer seules.

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Sommaire

Le choc des cultures 13

L’aventure américaine 17

L’apprentissage 43

Une parenthèse ensoleillée 55

Les arcanes du pouvoir 59

Et viva el Maestro ! 85

Les débuts de Mata Hari 95

La Corne de l’Afrique 105

Le piège se referme ! 121

Gozo 145

Et si c’était lui !… 151

Une vie normale ? 171

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Le choc des cultures

Ces visages blafards dans le métro, verdâtres même. Dieu que les gens ont l’air malheureux dans cette contrée ! Et ce froid permanent qui vous glace, vous pénètre et vous transperce.

Je lutte chaque jour pour m’adapter à ce nouveau pays qui est censé être le mien. Je ne sais pas ce que la vie me réserve, mais si je veux m’en sortir, je n’ai pas le choix.

Avec la mort de mon grand-père, c’est l’Afrique de mon enfance, celle que j’aimais, qui a disparu soudainement et brutalement. La cage dorée s’est fracassée, engloutie avec le cercueil dans le trou béant, sous la latérite du cimetière d’Abidjan. Les études en France sont ma seule porte de salut, loin des cocotiers, de la lagune et des belles plages de sable. C’est la première étape d’un long processus d’émancipation qui doit me permettre de travailler et d’être indépendante, ce qui est l’objectif ultime. Mais pour l’heure le déracinement est frontal ! Tout me semble difficile et inconnu. A commencer par l’interminable hiver glacial qu’il faut savoir braver, tête baissée, dents serrées, mains recroquevillées, emmitouflée dans des couches de vêtements que je n’ai jamais portés. Les bottes et les pulls me sont aussi étrangers que le port d’un boubou pour un Occidental !

En Afrique il n’y a que deux saisons, la saison sèche, puis la saison des pluies au cours de laquelle le déluge s’abat sur vous en continu pendant un mois, défonçant routes et canalisations et charriant des torrents de boue. Il y a aussi

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la saison de l’harmattan, juste avant Noël, quand le vent frais du désert souffle son nuage blanchâtre et enveloppe la ville d’une brume épaisse et sèche vectrice de nombreux virus et maladies. Le soleil se lève et se couche immanquablement à la même heure, et aucune de ces saisons n’entraîne de changements vestimentaires.

Ici en France, c’est une autre histoire. Le réveil est un traumatisme. Il faut s’extirper du confort ouaté de la couette pour affronter un monde hostile, froid et agressif.

Les pieds sont coincés dans de grosses chaussures qu’il faut savoir choisir. Souvent, je repense avec nostalgie aux kilomètres de terre sableuse que dans ma plus tendre enfance j’arpentais pieds nus, lorsque j’allais passer mes vacances dans la plantation de palmiers à huile de mon grand-père.

Le monde d’où je viens est difficile à raconter, car trop éloigné du quotidien des gens que je rencontre. Je vois bien la lueur d’incrédulité poindre dans leurs yeux quand je raconte mes chasses au crocodile sur les lagunes africaines. La barque qui s’avance sur l’eau vers les yeux rouges, à la tombée du jour. La lampe frontale qui balaye l’horizon, puis l’homme tendu à l’avant qui soudain harponne l’animal, lui saute sur la gueule et le muselle à l’aide d’une grosse corde. La queue du reptile frappant de toutes ses forces le bord métallique de l’embarcation. Ou les attaques des mambas noirs, ces serpents ultra- venimeux qui vivent à proximité des bananiers. Ils tuent leurs proies en deux minutes ! Comment décrire également cette imposante guenon chimpanzé, qui en pleine forêt, alors que j’allais pour lui donner un carré de sucre, m’avait fait une prise de judo et m’avait mordu la main en me fixant droit dans les yeux !

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A Paris, à peine le permis en poche, c’est la place de l’Etoile à sept heures du soir qu’il faut savoir apprivoiser.

Ce sont les heures de cours à la fac qu’il faut pouvoir ingurgiter, avec le regard et les discours lénifiants de professeurs doctoraux qui n’ont souvent rien connu d’autre que les bancs de l’Université. L’absence de barrière linguistique est trompeuse et ne prête à aucune indulgence, pourtant les codes qui se cachent derrière les mots et les comportements m’échappent totalement. Il faut s’accrocher, s’adapter, apprendre, s’intégrer et il n’y a que moi qui puisse le faire. C’est le lot de tous les déracinés, mais l’apprentissage est rude et je n’y ai pas été préparée.

Heureusement qu’il y a Paloma, mon amie argentine, qui me laisse généreusement copier ses cours quand je n’arrive pas à me réveiller ou quand j’apparais, hagarde, après une folle nuit de fête ! Il y a aussi Marie-Lou, ma jolie et sympathique voisine corse, à peine moins paumée que moi à Paris, et qui me dépanne souvent avec beaucoup de gentillesse. Et puis il y a mes amies du pays, mes

« sisters » comme on s’appelle, avec qui je cohabite et écume les boîtes de nuit de la capitale. C’est un peu comme une diaspora de déracinés. Nous sommes trois à partager le même appartement et à mordre la vie nocturne à pleines dents : Guénaëlle, la belle surfeuse blonde, et Ilda la superbe métisse qui fait quelques séances de photos pour justifier son séjour. Les nuits sont courtes, les hommes se succèdent, l’alcool et d’autres substances grisantes circulent à profusion. J’ai cependant un certain nombre d’examens à passer pour réussir mes études de langues, et je tente de tout mener de front.

C’est lors du retour des vacances scolaires que le déchirement se fait le plus aigu. Regarder le soleil s’enfoncer rougeoyant dans l’océan, les pieds mollement fichés dans le sable blanc d’une plage déserte, les

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cocotiers dans le dos bruissant dans la brise, et se dire que le lendemain on sera à Roissy, est un sentiment masochiste d’une rare violence. Je ne vais pas pouvoir continuer comme ça indéfiniment. Il va falloir mettre un terme à cet insoutenable arrachement, faire un choix.

Au fond, la France m’est peu hospitalière. Je n’ai pas envie de m’y attarder et d’autres horizons s’ouvrent à moi, alors pourquoi ne pas soigner le mal par le mal et partir encore plus loin ? C’est d’ailleurs dans la logique de mon parcours linguistique. D’après la conseillère d’orientation, je peux obtenir une bourse pour les Etats-Unis et compléter ma formation linguistique en Californie.

Je me renseigne, passe beaucoup de temps à la commission franco-américaine, prépare mon TOEFL1. Paloma a eu la bonne idée de me devancer et me donne des nouvelles alléchantes. « Tu devrais venir me voir tu vas adorer ! La côte est magnifique, il fait super beau et les gens sont très sympas. Ils sont beaucoup plus ouverts qu’à Paris, ça n’a rien à voir ! » « Est-ce que tu peux te renseigner à l’Université pour savoir ce que je dois faire pour m’inscrire ? » « Oui ne t’inquiète pas je t’envoie tous les papiers. »

Et c’est ainsi que je décide d’aller faire un Master d’Interprétation de Conférence en Californie, dans la jolie ville de Monterey, à deux heures et demie de route au sud de San Francisco. Je connais déjà les Etats-Unis pour y avoir fait de nombreux séjours linguistiques et l’idée de passer deux ans là-bas m’enthousiasme.

1 Test of English as a Foreign Language. Test d'anglais langue étrangère.

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L’aventure américaine

A ma descente d’avion, Paloma m’accueille et m’héberge quelques semaines dans sa pagode. L’endroit est surréaliste : une véritable pagode chinoise rouge et or, importée et réassemblée, pièce par pièce, au début du XXe siècle pour l’exposition universelle de San Francisco, plantée au milieu des dunes d’Asylomar Beach, face à la mer. Il y a un petit jardin japonais à l’entrée, en bas des escaliers, avec un jacuzzi en bois gris anthracite qui ne fonctionne plus depuis bien longtemps. Des familles entières de cerfs viennent nous observer à la tombée du jour ; leur pelage ocre tacheté de blanc se détache dans l’épais brouillard, si caractéristique de la région. Les panneaux de bois ne sont pas hermétiques et la pagode est inchauffable mais qu’importe, le charme l’emporte sur le confort !

Je fais la rencontre de Cindy la colocataire de Paloma, une Américaine de l’Ohio, et de son gros chat Narcisse.

Paloma, en vraie fille d’architecte, a toujours eu beaucoup de goût mais là, je suis bluffée ! L’endroit est magnifique et c’est à regret que je déménage quelques semaines plus tard, le temps de me trouver un appartement à louer dans Pacific Grove. Je ne veux pas abuser de la générosité de Paloma qui reste mon point d’ancrage et à qui je rends très régulièrement visite. Je me lie d’amitié avec Cindy qui en bonne maîtresse de maison américaine m’apprend à faire les cookies. Je l’ignore à l’époque, mais notre rencontre sera loin d’être anodine. Je lui présenterai quelques mois

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plus tard, à l’issue d’une soirée bien arrosée, John son futur mari et le père de ses deux enfants.

Je revis ! Enfin de la lumière, de la chaleur, des gens positifs et ouverts d’esprit. La Californie quand on est étudiant c’est le rêve. Tout y est possible, tout y est permis. On peut faire ses courses à minuit en pyjama au supermarché du coin, rouler en Coccinelle orange décapotable avec des lézards peints sur la carrosserie, manger un brunch bio pantagruélique à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Les étudiants sont choyés et bichonnés, les bibliothèques modernes et fournies.

Il faut travailler dur mais le système éducatif est valorisant. Les études d’interprétation sont difficiles et sélectives. Nous sommes vingt-quatre étudiants au début du programme, quatre en deuxième année et nous ne serons que deux à l’arrivée à avoir notre diplôme. Je dois travailler mon anglais, ingurgiter des tonnes de magazines scientifiques, pratiquer l’interprétation consécutive2 avec prise de notes pendant des heures, y compris le week-end.

Je suis frustrée de ne pas pouvoir explorer la si belle péninsule de Monterey, rêve d’aller faire la fête à San Francisco avec certains de mes camarades, adorerais pouvoir parcourir les vignobles de la Napa Valley et boire du bon vin.

J’accepte de travailler pour une agence de traduction afin d’arrondir mes fins de mois. La vie est chère et mon père, qui est très loin, m’envoie peu d’argent. Je me fais quelques amis américains dont la générosité me va droit au cœur. Je suis invitée pour les fêtes de Thanksgiving et

2 L’interprétation consécutive consiste à restituer dans l’autre langue les propos de l’orateur après lui. Durant le discours original, l’interprète prend des notes qui l’aideront à reproduire fidèlement et intégralement le discours dans l’autre langue.

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