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Le poème n’y a vu que des mots

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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A4

revue hospitalière Editeur Gilles F. Jobin bienveillante et courtoise Chêtre 19, 2800 Delémont envoyée sur demande No 0,20 - mars 2020 lit tous les textes reçus

Le poème n’y a vu que des mots

Thiphaine Allemann, Patrice Duret, Claudine Gaetzi, Laura Maxwell Scherrer Denise Mützenberg, Walter Rosselli, Martine Ruchat

ont contribué au numéro spécial de décembre 2019

A.B., Françoise Delorme, Michèle Fändrich, Colette Fleury, Nathalie Garbely Cesare Mongodi, Jo(sette) Pellet, Dominique Vallée, Philippe Verlooven sont à leur tour présent-e-s pour celui de mars 2020 et en juin 2020 ce seront Philippe Berger, Patricia Crelier, Léonie Dobler, Anouk Dunant Gonzenbach

Huguette Junod, Jonas Kocher, Isabelle Sbrissa

Un très grand merci aux auteures et auteurs qui se sont associé-e-s à ce numéro spécial qui se décline et prend ses aises sur plusieurs mois

Sassi e primule Cailloux et primevères

E anche se se qualcuno le publicasse Et même si quelqu’un les publiait

queste mie parole ces paroles,

che pro me ne verrebbe? quel bénéfice en aurais-je?

Ai sassi Aux cailloux,

preferisco le primule je préfère les primevères

che quando ci soffio dentro qui font un son de trompette

fanno un suono di trombetta lorsque je souffle dedans

(ma non devo stringerle troppo (mais je ne dois pas les serrer trop

tra le labbra entre mes lèvres,

sennò non ne esce niente;e comunque, sinon il n'en sort rien; du reste malgrado tutte le mie precauzioni, malgré toutes mes précautions

alcune s'inceppano). certaines se bouchent).

Ai sassi, Aux cailloux

preferisco le primule je préfère les primevères

che quando provo a suonarle car lorsque j'essaie de les jouer almeno mi lasciano sulle labbra au moins elles laissent sur mes lèvres

lo zucchero della primavera. le sucre du printemps.

Cesare Mongodi

Poète, traducteur - Palézieux

(2)

Tes yeux noyés de matin rose Tes yeux,

Noyés de matin rose, Emportent

Le reflet de tes bras Et du chat, bondissant, Surpris,

Entre nos deux cœurs joints, Tambours d'amour ;

Tes yeux raisins Le mot

Du souffle de la craie

Exposent Collé sur le frigo,

Aux mille vendanges De sa belle écriture,

Les armées de midi Sans aucune rature,

Jusqu'aux flambeaux du soir Elle m’a laissé un mot.

Tes yeux de liqueur moire, « Un grand bouquet de fleurs,

Mi-clos du somptueux, Des œufs, du lait, du pain,

T'éclipsent Une bouteille de bon vin. »

Effacent dans la poussière Signé d’un tendre cœur.

Toute trace de toi,

Laissant, Un petit cœur si beau,

Sur les cendres d'ivoire, Et si bien dessiné,

Cette poignée de vers, Que j’ai tout oublié.

Simple grappe de mots, Mais j’ai gardé le mot !

Un poème de jour

À la griffe encore bleue, Philippe Verlooven

Un beau soi-même en crue Poète - Carouge

Qui n'a vu que du feu ! Dominique Vallée Poétesse - Genève

Repli

À plat sur ma main l’ai posé et attentivement l’ai regardé

le trouvant beau j’ai voulu le toucher et d’un doigt léger l’ai caressé Immobile et muet

il s’est laissé faire

De sa carapace j’ai voulu le sortir et entre mes paumes le réchauffer aïe d’un coup sec il s’est refermé m’égratignant là où la chair est tendre À travers ses piquants

lisse et brillant je l’aperçois

qui me tourne le dos Meurtrie je m’interroge : comment accorder nos mots ? Jo(sette) Pellet

Auteure,ex-intervenante psychosociale - Lausanne

(3)

J’ai pas beaucoup de morale, tu sais

Chez moi, y avait pas de religion. Pas de croyant qui croyait.

Mon père buvait et ma mère a toujours été coquette.

Depuis tout petit, d’autant et d’aussi loin que je me souvienne, lui rentrait bizarre et elle, plus ou moins – et parfois dans l’outrance – fardait son visage.

Oh je n’ai rien contre ça, contre le fait que ma mère se farde ou que mon père boive.

Non, je n’ai rien contre. Mais je me dis que s’il y avait eu moins de « ça » et un peu plus d’amour, de soirées de fête avec toute la famille, alors sûrement la maison aurait été un jardin. Peut-être qu’on n’y aurait pas fait pousser de la morale, des principes ou le code civil, mais que ça aurait fait des enfants épanouis.

Pourtant j’aime ma famille. Sa misère.

A.B.

Une proposition de Jo(sette) Pellet

…d’abord une lueur sur le sol pavé puis, avec le soleil, un vif scintillement le regard fixé sur cet éclat, elle se penche, dans sa main maintenant

le reflet d’une lointaine perte

et dans son poing fermé étincelle sa mémoire…

Colette Fleury Auteure - Rebeuvelier

C’est tout vu ! Rien que des mots, et pourtant mot d’elle…

Aujourd’hui, les mots qui rient sont de sortie ! Le mot d’Alisa les a rejoints. Ils entraînent avec eux le mot rose et le mot tard.

Le mot de l’heure est en retard et le mot de l’âge, fatigué, décide de tenir compagnie au mot du lent.

Las ! Les mots sade sont enfermés dans le tiroir. Quant au mot râle, il renâcle et boude, car le mot ment lui a fait une entourloupe.

Dans un coin, le mot des râteaux apprend des mots viet au mot laid.

« Tout cela, c’est tiré par les cheveux ! » dit le mot tif.

C’est le mot de la faim, mais le pot aime ! Michèle Fähndrich

Chanteuse, auteure - Bressaucourt

(4)

d é cl a ra ti on d a

mi ti é d a

mou r a

l a r me

au mu s é e l a tr è s é

mu e Nathalie Garbely Poète - Genève

Nous cherchions ensemble un renard, avons-nous trouvé qu'un mot ? James Sacré

Je me souviens d'une martre saisie dans l'atelier où elle s'était laissée prendre, déjà enfuie à peine relâchée dans la nuit, de son poil si doux, de son cœur battant. Et de tous les renards entrevus, bien souvent. Au détour d'un chemin dans la forêt, roux sur la neige, roux dans le vent sous la neige, roux dans l'herbe haute, roux même assis dans le rond de lumière d'un lampadaire. Je me souviens surtout de celui, (pas) toujours le même, qui vient, dans la précision olfactive, rôder autour du compost, au jardin, plutôt le soir. Il emporte quelque pomme abîmée, des petits os, un vieux morceau de fromage (Monsieur Jean l'a vu aussi ?) Avec calme, avec inquiétude, de son pas sûr et rapide, il s'en va, il revient. Il reviendra, même celui que l'instituteur avait attaché à côté de la cour de l'école, qui s'est égaré, pourtant.

Le poème n'existe pas.

Nous si. Et chacun se souvient comme il oublie aussi, blotti dans le grand corps du sentiment.

Les poètes agitent leurs mains tendres.

Ils attrapent - quand ils attrapent - qui un regard, qui un renard, la langue toujours en retard, les mots toujours en avance exacts parfois se glissent de celui qui écrit à celui qui lit. Passe un animal.

Le poème n'existe pas.

Les mots, si.

Les renards aussi.

Je te les donne, prends-en soin.

N'oublie pas. Enfin, pas tout de suite.

Le poème n'existe pas ? Et les poèmes, alors ? Françoise Delorme Poétesse - Lajoux/France

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