HAL Id: jpa-00207249
https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00207249
Submitted on 1 Jan 1972
HAL
is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.
L’archive ouverte pluridisciplinaire
HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.
Métamagnétisme du grenat d’erbium et de gallium
J.P. Redoules, P. Carrara, A.R. Fert, M. C. Lanusse, G. Mischler
To cite this version:
J.P. Redoules, P. Carrara, A.R. Fert, M. C. Lanusse, G. Mischler. Métamagnétisme du grenat d’erbium et de gallium. Journal de Physique, 1972, 33 (2-3), pp.281-284. �10.1051/jphys:01972003302-3028100�.
�jpa-00207249�
MÉTAMAGNÉTI SME DU GRENAT D’ERBIUM
ET DE GALLIUM
J. P.
REDOULES,
P.CARRARA,
A. R.FERT,
M. C. LANUSSE et G. MISCHLER Laboratoire dePhysique
des Solides(*),
Institut National des SciencesAppliquées
31,
Toulouse(04) (Reçu
le 28septembre 1971)
Résumé. 2014 L’étude expérimentale du métamagnétisme du gallate d’erbium suivant les trois directions [001], [011] et [111], à une température voisine de 0,080 °K (TN = 0,789 °K), nous a permis de déterminer le principal paramètre d’échange ainsi que le tenseur spectroscopique du
doublet fondamental des ions Er3+ dans le potentiel cristallin. L’anisotropie moyenne de ce tenseur
(gX ~ gY ~ 3,80, gZ ~ 11,6) ne permet pas de rendre compte des courbes d’aimantation à l’aide du modèle d’Ising.
Abstract. 2014 Experimental study of the metamagnetism of erbium gallium garnet along the three
directions [001 ], [011 ] and [111], at a temperature near 0.080 °K (TN = 0.789 °K), has allowed the determination of the most important exchange parameter, and of the spectroscopic tensor of the fundamental doublet of ions Er3+ in the crystalline field.
The mean anisotropy of this tensor (gX ~ gY ~ 3,80 ; gZ ~ 11,6) does not allow to construe
magnetization curves within Ising model.
Classification Physics Abstracts :
17.68
Introduction. - Dans le cas des ions de Kramers de terre rare dans les grenats de terre rare et d’alu- minium ou de
gallium,
lasymétrie orthorhombique
dupotentiel
cristallindécompose
lemultiplet
fondamen-tal J de l’ion libre en
(2
J +1)/2
doublets de Kramers.Pour étudier l’ordre
magnétique
à bassetempéra-
ture
(T. -
1OK),
il suffit de considérer le doublet inférieur à l’intérieurduquel
on définit le tenseurspectroscopique g.
Les études
expérimentales
des isothermes d’aiman- tation enchamp
fort[1], [2]
et de la chaleurspécifique
en
champ
constant[3]
du grenat dedysprosium
et d’aluminium fontapparaître
un comportement méta-magnétique,
associé à undiagramme
dephase magné- tique complexe qui s’interprète
en supposant que l’ona un modèle
d’Ising (gz
=18,2 ;
gx = gy =0)
et que les interactionsmagnétiques dipolaires
sontprépon-
dérantes. Dans les autres grenats de terre rare, le
diagramme
dephase
peutprésenter
desaspects
très variés en fonction del’anisotropie
localereprésentée
par le tenseur
spectroscopique,
et del’importance
relative des interactions
d’échange
et des interactionsdipolaires.
Nous avons
entrepris
l’étude dudiagramme
dephase
du grenat d’erbium et degallium
à 0 OK(struc-
ture
antiferromagnétique
de type A[4]).
L’étudeexpérimentale
comporte le tracé des courbes d’aiman- tation à unetempérature
de0,08
OK très inférieure à satempérature
de NéelTN
=0,789
OK[5], [6],
pour des (*) Associé au C. N. R. S.champs magnétiques compris
entre 0 et 51 kOe. Onobserve un comportement
métamagnétique
pour les trois directionsprincipales [00 1 ], [011]
et[111 ],
associéà une
anisotropie
cristalline relativementimportante (gx - gy - -ls gz). Cependant,
le comportementmagnétique
dugallate
d’erbium diffère sensiblement de celui de l’aluminate dedysprosium.
Nous ne don-nerons ici que les
interprétations
des résultatsexpéri-
mentaux les
plus simples,
réservant pour l’avenir l’étudethéorique
dudiagramme
dephase magnétique.
I. Méthode
expérimentale
et résultats[7].
-L’ap- pareil
de refroidissement par désaimantation adiaba-tique
utilise comme selparamagnétique
l’alun de fer etd’ammonium,
aimanté sous 20 kOe à1,1
OK.Un ensemble de 130 fils de cuivre de
0,8
mm de dia-mètre, régulièrement répartis
dans un moulecylin- drique
enlaiton,
assure le contactthermique
entre le selet l’échantillon orienté. Une résistance de carbone permet de
repérer
latempérature
de cet ensemblesel-échantillon.
L’aimantation
parallèle
auchamp
est mesurée par translation de l’échantillon entre deux bobines cap-trices,
montées de manièreastatique
dans lechamp
extérieur. Le flux induit est mesuré à l’aide d’un
amplificateur
continu suivi d’un convertisseur tension-fréquence
et d’un compteurd’impulsions.
Les fluxsupérieurs
à 4 000 Mx sont mesurés avec uneprécision
meilleure que
0,3 %.
L’étalonnage
de la bobinesupraconductrice qui
crée le
champ
aimantant l’échantillon est connu àArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01972003302-3028100
282
FIG. 1. - Variation de l’aimantation en fonction du champ
extérieur appliqué suivant la direction [001 ] (,u : moment magné- tique moyen rapporté à un ion Er3+ et exprimé en magnétons
de Bohr).
FIG. 2. - Variation de l’aimantation en fonction du champ
extérieur appliqué suivant la direction [011].
FIG. 3. - Variation de l’aimantation en fonction du champ
extérieur appliqué suivant la direction [111].
1
% près.
Laprécision
absolue de la mesure de l’ai- mantation est fixée par l’incertitude aveclaquelle
estconnu le facteur
géométrique
des bobinescaptrices,
soit 2
%.
Parailleurs,
les vibrations ou les oscillations de l’échantillonaprès
sondéplacement
introduisentune erreur relative
qui
restetoujours
inférieure à 1%.
Le sel
paramagnétique
et lesupport
de l’échantillon induisent dans les bobines de mesure un fluxnégli- geable
par rapport à celui de l’échantillon.Les
figures
1, 2 et 3 donnent les courbes d’aiman- tation obtenues avec trois échantillons de grenat d’erbium et degallium, présentant respectivement
leurs directions
[001 ], [O11 ] et [111 ] suivant
lechamp.
Notons
qu’aucun
effet de variation de latempéra-
ture lors du tracé de
chaque courbe,
ni aucunphéno-
mène
d’hystérésis
ne sont décelables dans la limite de laprécision
de nos mesures.2.
Interprétation
des résultatsexpérimentaux.
-Nous reprenons les notations utilisées dans le trai- tement de
champ
moléculaire deCapel [8],
danslequel
l’ensemble des ions
magnétiques
estréparti
en sixsous-réseaux.
a)
AIMANTATION A SATURATION. - A 0 OK, l’ai- mantation est donnée par un calcul deperturbations
au
premier
ordre sur le doublet fondamental d’un ion du sous-réseau a, sous l’action duchamp
effectifH" =
Ho
+H" ,
oùHo représente
lechamp
extérieuret
Hm
lechamp
moléculaire sur l’ion considéré.La composante de
l’aimantation Il0152
de cet ionsuivant la direction du
champ
effectif H" est donnéepar la formule :
Soit,
en introduisant les cosinus directeurs(u", v", w")
du
champ
local H" suivant les axes locaux orthorhom-biques :
A la
saturation,
c’est-à-dire dans unchamp magné- tique
trèssupérieur
aux diverschamps
moléculairesH",
l’aimantation moyenne pour chacune des trois directionsprincipales
s’écrit :La
comparaison
des valeurs de gx et gymesurées,
d’une part par résonance
paramagnétique électronique
dans les
gallates
de lutétium etd’yttrium [9],
et d’autre part, par diffraction de neutrons à0,3,DK
dans legallate
d’erbium[4],
noussuggère l’approximation
gx = gy. La mesure des aimantations à saturation
permet
alors de déterminer les composantesdiago-
nales du tenseur
spectroscopique,
soit :Ces valeurs sont à comparer à celles obtenues par diffraction de neutrons
[4] :
Les courbes d’aimantation mettent en évidence une
susceptibilité
à saturation dont on peut obtenir l’ordre degrandeur,
par un calcul deperturbations
au secondordre,
en utilisant lepotentiel
cristallinquadratique
déterminé par
spectrométrie infrarouge [10]. Ainsi,
dans la direction
[00l],
la valeurexpérimentale
de lasusceptibilité
différentielle à saturation esten accord satisfaisant avec sa valeur calculée
Ce calcul montre aussi que la contribution à l’aiman- tation à saturation due aux
champs
moléculairesappliqués
sur les ions des divers sous-réseaux estnégligeable [7].
b)
SUSCEPTIBILITÉ A 0 OK. - Les valeurs des sus-ceptibilités
initiales dans laphase antiferromagné- tique,
mesurées pour les trois directionsprincipales,
sont les suivantes :
La
susceptibilité
est doncisotrope,
conformémentaux
prédictions théoriques [8].
Dans unepremière approximation,
nous pouvons calculer cette suscep- tibilité ennégligeant
l’ensemble des interactionsd’échange.
Nous obtenons alors lasusceptibilité dipolaire
à 0 OK :Cette valeur est sensiblement inférieure à la valeur
expérimentale.
Nous pouvons ainsi déterminer leparamètre d’échange isotrope J3, qui
est le termed’échange
leplus important [8] :
J3
= -103a- 3 (où a représente
leparamètre cristallin).
c)
DIAGRAMME DE PHASE A 0 OK EN PRÉSENCE D’UNCHAMP MAGNÉTIQUE. - Le
problème théorique
consisteà résoudre les
équations
duchamp
moléculairequi
forment un
système
de 18équations implicites
par rapport aux 18 composantes des aimantations des six sous-réseaux. Les solutions sont connues dans le cas d’un modèled’Ising
despin t
à interactions purementdipolaires [1 ], [2], parfaitement
illustré par le comportementmétamagnétique
de l’aluminate dedysprosium.
Leproblème
est alorssimplifié
par le faitque les inconnues sont des variables discrètes ne pou- vant
prendre
que deux valeursopposées.
Dans le cas du
gallate d’erbium, l’anisotropie
rela-tivement
importante
du tenseurspectroscopique
laisseprévoir
uncomportement métamagnétique présentant
des
analogies
avec celui de l’aluminate dedysprosium.
Les valeurs
théoriques
deschamps
seuils dans lemodèle
d’Ising,
ennégligeant
les interactionsd’échange,
sont :(modèle
à 6 sous-réseauxmagnétiques [8]), (modèle
à 12 sous-réseauxmagnétiques [2]).
Ces valeurs sont du même ordre de
grandeur
que les valeursexpérimentales, regroupées
ci-dessous :On peut améliorer l’accord en
ajustant
leparamètre d’échange J2
et lesparamètres d’échange pseudo- dipolaires p5
etp2* qui apparaissent
dans les expres- sions deschamps
seuils dans un modèle à 6 sous-réseaux
(le paramètre p*
caractérise les interactionsd’échange pseudo-dipolaire
de mêmesymétrie
que les interactionsdipolaires repérées
par leparamètre
pi, i=1, 2, 3, 4, 5).
Toutefois,
il est très difficile d’évaluer les ordres degrandeurs respectifs
desparamètres
d’interactiond’échange.
On peut ainsi raisonnablementnégliger
leparamètre d’échange pseudo-dipolaire pi
entre lessous-réseaux a et a’ devant le
paramètre d’échange isotrope J2
entre ces mêmes sous-réseaux. Par contre, il est difficile de faire unehypothèse
surl’importance
du
paramètre d’échange isotrope J2
entre ions troi- sièmes voisins par rapport auparamètre d’échange pseudo-dipolaire p*
entre ionspremiers
et deuxièmesvoisins.
L’interprétation précédente
de nos résultatsexpéri-
mentaux se heurte
cependant
à la non-validité du modèled’Ising
dans le cas dugallate
d’erbium(gx
= gy =3,80 ;
gz =11,6).
On observe ainsi unedifférence de comportement
magnétique
entre l’alu-minate de
dysprosium, qui
est un bon modèled’Ising,
et le
gallate
d’erbium.Tout
d’abord,
pour cedernier,
la valeurexpéri-
mentale
1,14 + 0,01
du rapport deschamps
seuilsdans les directions
[011] ]
et[111] ]
diffère de la valeurthéorique
=1,22.
Dans un modèled’Ising,
ce rapport estindépendant
desparamètres
d’interactionmagnétique.
Demême,
les rapportsexpérimentaux
entre les aimantations à saturation dans les trois directions ne sont pas ceux
prévus
dans un modèled’Ising. Enfin,
les formes des courbes d’aimantation de l’aluminate dedysprosium
et celles dugallate
284
d’erbium diffèrent sensiblement. Ces dernières
pré-
sentent en
particulier
unesusceptibilité
assezgrande
dans l’état
antiferromagnétique
et une courbureimpor-
tante au
voisinage
de la saturation.Nous
développerons
ultérieurement l’étude théo-rique
dudiagramme
dephase
de cescomposés,
enfonction de la
grandeur
del’anisotropie
cristalline caractérisée par le tenseurspectroscopique
et de l’im-portance relative des interactions
dipolaires
et desinteractions
d’échange.
Conclusion. - Le tracé des courbes d’aimantation suivant les trois directions
principales
dugrenat
degallium
etd’erbium,
à unetempérature
très inférieureà sa
température
de Néel(T/TN rv 0,1 ), a permis
dedéterminer avec
précision
le tenseurspectroscopique
des ions
Er3 +
dans lechamp
cristallin.Les résultats
expérimentaux
ont aussi montré que, conformément auxprédictions théoriques,
la suscep- tibilité étaitisotrope.
La mesure de sa valeur nous apermis d’ajuster
le coefficientd’échange isotrope J3.
Les
champs
seuils mesurés pour les trois directionsprincipales
sont du même ordre degrandeur
que ceuxobtenus
théoriquement
dans un modèled’Ising
enne considérant que les interactions
dipolaires.
L’alluredes courbes d’aimantation a montré
cependant
desdifférences entre le comportement
métamagnétique prévu
par cemodèle,
et celui observé. Ces différences ont mis en évidence l’influence des valeurs non nulles de gx et de gy.Bibliographie [1] BIDAUX (R.), CARRARA
(P.),
VIVET (B.), J. Physique,1967, 28, 187.
[2] BIDAUX (R.), CARRARA (P.), VIVET (B.), J. Physique, 1968, 29, 357.
[3] KEEN (B. E.), LANDAU (D. P.), WOLF (W. P.), Xth Int.
Conf. Low Temp. Physics, Moscou, 1966, Com- munication A 24.
[4] HAMMANN (J.), J. Physique,1968, 29, 495.
[5] CARRARA (P.), Diplôme d’Etudes Supérieures, 1964, Orsay.
[6] MEYER (H.), ONN (D. G.), REMEIKA (J. P.), Phys. Rev., 1967,156-2, 663.
[7] REDOULES (J. P.), Thèse 3e Cycle, 1971, Toulouse.
[8] CAPEL (H. W.), Physica, 1965, 31,1152.
[9] WOLF (W. P.), BALL (M.), HUTCHINGS (M. T.),
LEASK (M. J. M.), WYATT (A. F. G.), J. Phys. Soc.
Japan, 1962, 17, S. B. I., 443.
[10] DREYFUS (B.), VERDONE (J.), VEYSSIE (M.), J. Phys.
Chem. Solids, 1965, 26, 107.