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L a marquise n’osait plus sortir à cinq heures…ou le syndrome de Gilles de la Tourette

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Texte intégral

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809

m/s n° 6-7, vol. 17, juin-juillet 2001

NOUVELLES

médecine/sciences 2001 ; 17 : 809

N O U V E L L E S

L

a marquise n’osait plus sortir à cinq heures…

ou le syndrome de Gilles de la Tourette

La marquise de Dampierre, qui avait reçu, comme toutes les filles de la noblesse du début du XIXesiècle, une excellente éducation, jurait comme un charretier. Ce comportement fâcheux ne pouvait évidemment pas-ser inaperçu, bien qu’elle le fît en toute innocence, de façon compul-sive et involontaire. A partir de cette observation princeps, un jeune neu-rologue, élève de Charcot, décrivit l’entité qui porte aujourd’hui son nom : le syndrome de Gilles de la Tourette (GTS). Ce trouble obses-sionnel compulsif (TOC) peut se tra-duire par des mouvements involon-taires allant de simples tics à une torsion brusque de tout le corps. Cette incoordination motrice s’accompagne de troubles de la parole (écholalie*, coprolalie**) ainsi

que de troubles du comportement. Ce syndrome fut par la suite retrouvé dans de nombreux pays, souvent avec plusieurs cas dans de grandes familles, chez les Mennonites aux États-Unis [1], les Afrikaners [2], et récemment chez des Canadiens fran-çais de la région de Charlevoix au Québec, où une analyse de ségréga-tion permit de proposer un locus en 11q23 [3]. Transmise en dominance, mais de pénétrance variable, la mala-die est plus évidente et plus spectacu-laire chez les homozygotes. Malgré la création d’un consortium internatio-nal [4] et l’existence d’associations de malades qui sont évidemment très gênés dans leur vie sociale et

affec-tive, le gène n’a pas encore été découvert. Une récente publication offre d’intéressantes perspectives : elle propose un nouveau locus en 7q31, quelques gènes candidats, et surtout un rapprochement avec l’autisme, car un locus de susceptibi-lité pour cette maladie se trouverait au même site et parce que l’associa-tion autisme-GTS semble plus fré-quente que ne le laissaient prévoir les statistiques [5]. L’analyse molécu-laire a porté sur l’ADN d’un garçon de 13 ans porteur d’une duplication

de novo du segment 7q22.1-q31.1 et

atteint d’un GTS associé à diverses malformations (strabisme, malforma-tion d’une oreille, entre autres). L’étude du point de cassure distal a montré la perte de l’intégrité d’un nouveau gène, IMMP2L appelé ainsi en raison de sa similitude avec le gène de la levure IMP2 codant pour la peptidase 2 de la membrane mito-chondriale. Cette protéine est très conservée dans l’évolution et on trouve pour la protéine humaine 55% d’homologie avec celle de la drosophile et 42 % avec celle de

Cœnorhabditis elegans. Toutefois, il est

trop tôt pour considérer que ce gène

IMMP2L est impliqué dans le GTS

car d’autres gènes présents en triple exemplaire pourraient aussi jouer un rôle dans le développement et le fonctionnement cérébral : le gène

Leu Rich Rep (orthologue de celui

codant pour la leucin rich repeat protein murine), le gène NRCAM codant pour une molécule d’adhérence cel-lulaire de la famille des CAM trou-vées dans le système nerveux, et enfin le gène codant pour la reeline, une glycoprotéine participant à la

migra-tion des neurones du cortex et du cervelet, dont des mutations sont res-ponsables de lissencéphalie (m/s

2000, n°11, p. 1262). Or, on ignore

jusqu’à présent les conséquences pour le système nerveux d’une surex-pression de la reeline. Ce travail montre une fois de plus combien sont précieux les remaniements chro-mosomiques associés à des maladies mendéliennes pour orienter des recherches moléculaires. En l’occur-rence, celles-ci donnent l’espoir de découvrir enfin le gène en cause dans cette inconvenante maladie et peut-être de progresser dans la com-préhension de l’autisme.

1. Kurlan R, Behr J, Medved L, Shoulson I, Pauls D, et al. Familial Tourette’s syndrome : report of a large pedigree and potential for linkage analysis.

Neurology 1986 ; 36 : 772-6.

2. Simonic I, Gericke GS, Ott J, Webert JL. Identi-fication of genetics markers association with Gilles de la Tourette syndrome in an Afrikaner popula-tion. Am J Hum Genet 1998 ; 63 : 839-46.

3. Merette C, Brassard A, Potvin A, Bouvier H, Rousseau F, et al. Significant linkage for Tourette syndrome in a large French Canadian family. Am

J Hum Genet 2000 ; 67 : 1008-13.

4. Tourette syndrome association international Consortium for genetics. A complete genome screen in sib pairs affected by Gilles de la Tourette syndrome. Am J Hum Genet 1999 ; 65 : 1428-36. 5. Petek E, Windpassinger C, Vincent JB, Cheung J, Boright AP, et al. Disruption of a novel gene (IMMP2L) by a breakpoint in 7q31 associated with Tourette syndrome. Am J Hum Genet 2001 ; 68 : 848-58.

* Répétition immédiate de mots ou de phrases enten-dus à l’instant.

** Émission compulsive de mots grossiers.

Simone Gilgenkrantz

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