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Régulation différentielle de l’expression des
gonadotropines (LH et FSH) chez l’anguille européenne,
Anguilla anguilla
Salima Aroua
To cite this version:
Salima Aroua. Régulation différentielle de l’expression des gonadotropines (LH et FSH) chez l’anguille européenne, Anguilla anguilla. Biologie de la reproduction. Université Pierre et Marie Curie - Paris VI, 2008. Français. �NNT : 2008PA066273�. �tel-00811792�
THESE DE DOCTORAT DE
LÕUNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE
Spcialit : Physiologie de la Reproduction
Prsente par Salima AROUA
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE LÕUNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE
Rgulation diffrentielle de lÕexpression des gonadotropines (LH
et FSH) chez lÕanguille europenne, Anguilla anguilla
Soutenue le 9 juillet 2008
JURY
- Mme Le Gac Florence, DR INRA, Rennes Rapporteur
- Mr Kah Olivier, DR CNRS, Univ. Rennes Rapporteur
- Mr Boeuf Gilles, PR UPMC, Banyuls Examinateur
- Mr Counis Raymond, DR CNRS, Paris Examinateur
- Mr Elie Pierre, DR Cemagref, Bordeaux Examinateur
- Mme Dufour Sylvie, DR CNRS, MNHN Directeur de thse
REMERCIEMENTS
Dans un premier temps, je voudrais remercier les membres du jury, Madame Florence Le Gac et Monsieur Olivier Kah qui ont accept Ç dÕendosser les rles de rapporteurs È, ainsi quÕ
Messieurs Gilles Boeuf, Pierre Elie et Raymond Counis qui mÕont fait lÕhonneur dÕaccepter de participer mon jury de thse et dÕvaluer mon travail.
JÕadresse mes plus sincres remerciements Madame Sylvie Dufour qui mÕa forme, coache, supporte, aide et motive au cours de toutes ces annes passes au sein de son laboratoire. Ce fut un rel plaisir, jÕy ai appris normment sur le plan scientifique comme sur le plan humain.
Un grand merci galement lÕensemble de lÕquipe qui mÕa accueillie en son sein : Nadine qui mÕa forme la culture cellulaire et qui dans les derniers mois a t un de mes nombreux coachs ; Karine pour son aide et son soutien au cours des priodes de rdaction et en dehors ; Bernadette et Sylvie pour les travaux dÕhistologie et les dosages hormonaux, pour bonne humeur quotidienne (ou presque) et pour les nombreuses discussions et fous rires partags ; et Marie-Emilie avec qui jÕai partag le Ç bateau de la thse È. Merci, merci, merci.
Je voudrais galement exprimer ma reconnaissance Madame Monika Schmitz qui mÕa initie la biologie molculaire, il y a quelques annes de cela et qui, tout au long de mon parcours, mÕa procur de judicieux conseils. JÕespre pouvoir en profiter encore longtemps.
Merci galement Monsieur Finn-Arne Weltzien qui a su, avec douceur et sagesse, me faire pousser les portes de la PCR quantitative en temps relÉ. Et qui, par la suite, mÕa si gentiment reu au Ç pays des Vikings È.
Au cours de ces annes, jÕai pu rencontrer une multitude de personnes avec lesquelles jÕai pu
changer et mÕenrichir tant dÕun point de vue scientifique, que dÕun point de vue humain.
Donc merci lÕquipe des Cphalos : Laure, Aude, Sbastien, Yann, Sandra et tous les gens de passage pour ces petits-djeuners studieux qui mÕont appris et mÕapprennent encore, au fur et mesure, amliorer mes discours au public.
Merci aux copains thsards ou jeunes docteurs: Gersende, Ccile, Hlne (la Ç Cemagrefienne È), Anne-Galle, Eric, Patrick (alias Ç speedy gonzalez È), Marie-Emilie, Jean-Baptiste, Stphanie, Sandra et tous les autres qui, partageant les mmes angoisses,
preuves, difficults, mais aussi motivations et joies, mÕont permis dÕavancer ; et aux Ç autres È docteurs : Catherine, Miskal, Marthe,É qui me montrent que tout est possible.
Merci tous les habitants (ou ayant habit) du 7 rue Cuvier. Merci pour les pauses-caf et les djeuners dans la mnagerie, merci pour la bonne humeur quotidienne, merci pour le soutien ; bref, je suis vraiment heureuse dÕtre passe par l.
Merci aux amis et amies qui mÕont soutenue et motive pendant tout ce temps, mÕcoutant patiemment leur parler du cycle de vie de lÕanguille, de mes travaux en cours ou encore de mes chers lves ; a nÕa pas d tre facile, je vous flicite donc pour cela et vous remercie du fond du coeurÉ.
Et bien sr, un grand grand merci ma famille. Mes sÏurs, Saida, Karima et Lila, mes frre et beau-frre, Salim et Jean-Marc, mes parents Mohand et Chala, et les nouveaux arrivants Salma et Yanis qui mÕont port et ont cru en moi tout au long de mon parcours.
Enfin, jÕaimerais ddier ce travail tous les miens et plus spcialement mon grand pre Abdellah Aroua qui mÕa appris que la patience et la sagesse taient les plus sains objectifs atteindre.
Liste des publications et communications ralises pendant la formation doctorale
Articles publis:
Schmitz M, Aroua S, Vidal B, Le Belle N, Elie P, Dufour S, 2005. Differential regulation of luteinizing hormone and follicle-stimulating hormone expression during ovarian development and under sexual steroid feedback in the European eel. Neuroendocrinology 81: 107-119.
Aroua S, Schmitz M, Baloche S, Vidal B, Rousseau K, Dufour S, 2005. Endocrine evidence that silvering, a secondary metamorphosis in the eel, is a pubertal rather than a metamorphic event.
Neuroendocrinology 82: 221-232.
Sbaihi M, Kacem A, Aroua S, Baloche S, Rousseau K, Lopez E, Meunier F, Dufour S, 2007. Thyroid hormone-induced demineralisation of the vertebral skeleton of the eel, Anguilla anguilla. Gen Comp Endocrinol. 151(1): 98-107.
Aroua S, Weltzien F-A, Le Belle N, Dufour S, 2007. Development of real-time RT-PCR assays for eel gonadotropins and their application to the comparison of in vivo and in vitro effects of sex steroids. Gen Comp Endocrinol. 153(1-3): 333-343.
Article en prparation:
Aroua S, Baloche S, Le Belle N, Rousseau N, Dufour S. Activin differentially regulates luteinizing hormone and follicle-stimulating hormone expression by eel pituitary cells.
Chapitres de livre:
Rousseau K, Aroua S, Schmitz M, Elie P, Dufour S. Silvering: metamorphosis or puberty ? In ÔMigration and Reproduction of the European eelÕ (G. van den Thillart, S. Dufour, C. Rankin, eds), Springer Publisher (sous presse).
Aroua S, Rousseau K, Schmitz M, Chang CF, Dufour S. Positive and negative regulations of endogenous brain gonadoliberins and pituitary gonadotropins during eel artificial maturation. In ÔMigration and Reproduction of the European eelÕ (G. van den Thillart, S. Dufour, C. Rankin, eds), Springer Publisher (sous presse).
Communication orale:
Aroua S, Schmitz M, Weltzien F-A, Baloche S, Le Belle N, Rousseau K, Dufour S, 2006. Differential expression of LHbeta and FSHbeta in European eel, Anguilla anguilla. Proceedings of the 23rd Conference of European Comparative Endocrinologists, Manchester, England. Abstract book p.
64, oral communication (O79).
Communications affiches:
Aroua S, Sbaihi M, Huang Y-S, Le Belle N, Dufour S, 2007. Synergistic action of androgens and cortisol on gonadotropin regulation in European eel, Anguilla anguilla. Proceedings of the 8th International Symposium on Reproductive Physiology of Fish in Saint Malo, France. Abstract book p. 118, poster communication (P27).
Aroua S, Le Belle N, Schmitz M, Dufour S, 2007. In vitro regulation by activinB and IGFI of gonadotropin expression in European eel, Anguilla anguilla. Proceedings of the 8th International Symposium on Reproductive Physiology of Fish in Saint Malo, France. Abstract book p. 119, poster communication (P28).
Principales abrviations
11-KT: 11-ktotestostrone CA: catcholamine
DA: dopamine
DHP: 17!,20"-dihydroxy-4-pregen-3-one DHT : dihydrotestostrone
E2 : oestradiol
EIA - ELISA: dosage immuno-enzymatique F : Cortisol
FSH : hormone folliculo-stimulante (follicle-stimulating hormone) FSH" : sous-unit " de la FSH
GH : hormone de croissance (growth hormone)
GnRH : gonadolibrine (gonadotropin-releasing hormone) GP : hormone glycoprotique
GP! : sous-unit ! des hormones glycoprotiques hCG : gonadotropine chorionique humaine
IGF : facteur de croissance de type insuline (insulin-like growth factor) IO : index oculaire
LH : hormone lutinisante (luteinizing hormone) LH" : sous-unit ! de la LH
HPLC : chromatographie liquide haute pression NA : noradrnaline
NPOav : noyau proptique antroventral POA : aire proptique
PRL : prolactine
qrt RT-PCR: PCR quantitative en temps rel RIA: dosage radio-immunologique
RGS - GSI : rapport gonadosomatique (Poids des gonades / Poids total du corps)
RTDS Ð DSI : rapport tractus digestif-somatique (Poids du tractus digetif/ Poids total du corps) T : testostrone
T3 : triiodothyronine T4 : thyroxine
TSH : hormone thyrostimulante (thyroid-stimulating hormone) TH : tyrosine hydroxylase
Vtg : vitellognine
SOMMAIRE
Remerciements Liste Des Publications Abrviations
I. INTRODUCTION GENERALE
1. Prsentation du modle : lÕanguille europenne 1.1. Cycle biologique de lÕanguille 1.2. Maturation exprimentale 2. Les hormones gonadotropes 2.1. Structures 2.2. Mode dÕaction des hormones gonadotropes 3. Fonctions des gonadotropines
3.1. Chez le mle a. Mammifres
b. Tlostens 3.2. Chez la femelle
a. Mammifres b. Tlostens 4. Contrle de la production des gonadotropines
4.1. Contrle crbral 4.1.1. La gonadolibrine
4.1.1.1. Structure
4.1.1.2. Lieu de synthse et action de la GnRH hypophysiotrope a. Chez les mammifres
b. Chez les tlostens 4.1.2. La dopamine
4.1.3. La kisspeptine 4.2. Contrle priphrique
4.2.1. Rtrocontrles strodiens 4.2.2. Les peptides gonadiques 5. Objectifs de la thse
II. MATERIEL ET METHODES
1. Animaux et exprimentations in vivo (Articles 1, 2, 3) 1.1. Provenance des animaux
1.2. Etude de terrain 1.3. Traitements hormonaux
1.3.1. Traitements par les hormones strodiennes et thyrodiennes (Articles 1, 2, 3) 1.3.2. Traitements gonadotropes (Article 1)
2. Prlvements 2.1. Sang 2.2. Hypophyse
2.2.1. Pour dosages radioimmunologiques des hormones (RIA) 2.2.2. Pour dosages des ARNm (dot blot et PCR quantitative)
2.2.3. Pour marquage par hybridation in situ des cellules gonadotropes (Article 1) 2.3. Gonades et tractus digestif
2.3.1. Pour le calcul des rapports gonado-somatique et tractus digestif-somatique 2.3.2. Pour tude histologique (Article 2)
3. Exprimentations in vitro (Articles 3, 4 et donnes complmentaires) 3.1. Provenance des animaux
3.2. Culture primaire de cellules hypophysaires et traitements hormonaux 3.3. Traitements des cellules
1 1 1 4 5 5 8 10 10 10 11 13 13 14 16 16 16 17 18 18 19 20 22 24 24 26 29 31 31 31 31 31 31 32 32 32 33 33 33 33 33 33 34 34 34 34 35
3.3.1. Traitements strodiens (Articles 3 et donnes complmentaires) 3.3.2. Traitements par les peptides gonadiques (Article 4)
3.3.3. Traitements par les hormones mtaboliques (donnes complmentaires) 3.3.4. Lyse cellulaire (Articles 3, 4 et donnes complmentaires)
4. Clonage de la sous-unit FSH§ chez lÕanguille europenne (Article 1)
4.1. Squence partielle de lÕADN complmentaire codant pour la sous-unit FSH§
4.2. Squence complte de lÕADNc codant pour la sous-unit FSH§
5. Histologie et hybridation in situ 5.1. Coupes de gonades (Article 2)
5.2. Localisation par hybridation in situ des cellules gonadotropes (Article 1) 6. Dosages
6.1. Dosages des ARN messagers des hormones hypophysaires 6.1.1. Extraction des ARNs totaux
6.1.2. Dosages de lÕexpression des hormones hypophysaires par dot blot (Articles 1 et 2) 6.1.3. Dosage de lÕexpression de gnes par PCR quantitative en temps rel (Articles 3, 4,
donnes complmentaires) 6.2. Dosages immunologiques
6.2.1. Dosages radioimmunologiques des hormones hypophysaires et des hormones thyrodiennes (Article 2)
6.2.2. Dosages immunoenzymatiques des hormones strodes et de la vitellognine (ELISA, EIA) (Article 2)
III. RESULTATS
1. Article 1 : Ç Differential regulation of luteinizing hormone and follicle-stimulating hormone expression during ovarian development and under sexual steroids feedback in the European eel È.
1.1. Rsum des rsultats 1.1.1. Clonage de la FSH
1.1.2. Localisation hypophysaire des cellules LH et FSH
1.1.3. Variations de lÕexpression des sous-units des gonadotropines au cours de la maturation exprimentale
a. Chez la femelle
b. Chez le mle (donnes complmentaires)
1.1.4. Effets de traitements in vivo par les strodes sexuels sur lÕexpression des gonadotropines
1.2. Texte de lÕarticle 1
2. Article 2 : Ç Endocrine evidence that silvering a secondary metamorphosis in the eel is a pubertal rather than a metamorphic event È.
2.1. Rsum des rsultats 2.1.1. Echantillonnage 1 2.1.2. Echantillonnage 2 2.1.3. Echantillonnage 3 2.1.4. Exprimentation in vivo 2.2. Texte de lÕarticle 2
3. Article 3 : Ç Development of real time RT-PCR assays for eel gonadotropins and their application to the comparison of in vivo and in vitro effects of sex steroids È.
3.1. Rsum des rsultats
3.1.1. Effets des strodes in vivo sur lÕexpression des sous-units des gonadotropines 3.1.2. Effets des strodes in vitro sur lÕexpression des sous-units des gonadotropines 3.2. Texte de lÕarticle 3
4. Article 4 : ÇActivin differentially regulates luteinizing hormone and follicle-stimulating hormone expression by eel pituitary cellsÈ. Aroua S et al
4.1. Rsum des rsultats
4.1.1. Distribution de la sous-unit !B de lÕactivine chez lÕanguille
35 35 35 36 36 36 36 37 37 37 38 38 38 38 39 40 40 40
41 41 41 41 42 42 42 43 43 45 59 59 59 60 60 61 63 75 75 75 75 77 88 88 88
4.1.3. Interactions de la follistatine et de lÕactivine sur lÕexpression de la FSH!
4.1.4. Interactions de la testostrone et de lÕactivine sur lÕexpression de la LH!
4.2. Texte de lÕarticle
5. Etudes complmentaires : Effets dÕhormones mtaboliques sur lÕexpression des gonadotropines
5.1. Effets de lÕIGF-1 sur lÕexpression des sous-units des gonadotropines 5.2. Effets de la leptine sur lÕexpression des sous-units des gonadotropines
5.3. Effets du cortisol et des combinaisons cortisol Ð strodes sexuels sur lÕexpression des sous- units des gonadotropines
IV DISCUSSION GENERALE
1. Dveloppement de nouveaux outils pour lÕtude des gonadotropines chez lÕanguille europenne
1.1. Clonage de la sous-unit FSH! et dualit des gonadotropines.
1.2. Sites dÕexpression hypophysaires des hormones gonadotropes.
1.3. Mesure des taux dÕexpression des hormones gonadotropes.
2. Activation de lÕaxe gonadotrope et expression diffrentielle des hormones gonadotropes au cours de lÕargenture : arguments en faveur dÕun vnement pubertaire plutt que mtamorphique (article de revue 5)
2.1. Rsum de lÕarticle
2.2. Texte de lÕarticle de revue 5 : Ç Silvering: metamorphosis or puberty ? È
3. Expression diffrentielle des hormones gonadotropes au cours de la maturation sexuelle exprimentale et rles des strodes sexuels (article de revue 6)
3.1. Rsum de lÕarticle
3.2. Texte de lÕarticle de revue 6 : Ç Positive and negative regulations of endogenous brain gonadoliberins and pituitary gonadotropins during eel artificial maturation. È
4. Rle de lÕactivine dans la rgulation diffrentielle des gonadotropines
5. Rles de facteurs mtaboliques dans la rgulation diffrentielle des gonadotropines 5.1. Rle dÕun facteur de croissance :lÕinsulin-like growth factor-1 (IGF-1)
5.2. Rle de la leptine 5.3. Rle du cortisol
V. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
1. Expression diffrentielle des hormones gonadotropes au cours du cycle
2. Les facteurs priphriques candidats lÕactivation de lÕaxe gonadotrope la pubert
2.1. Les facteurs gonadiques 2.2. Les facteurs mtaboliques
3. Scnario possible de lÕactivation de lÕaxe gonadotrope lÕargenture
VI. REFERENCES
89 89 90 122 122 123 123 128 128 128 131 134 136 136 138 163 163 165 191 193 193 195 198 201 201 202 202 203 205 209
I. INTRODUCTION GENERALE
1. Prsentation du modle : lÕanguille europenne
1.1. Cycle biologique de lÕanguille
LÕanguille appartient au super-ordre des Elopomorphes, lui-mme tant compris dans le taxon des Tlostens (Figue 1). Les Elopomorphes prsentent un dveloppement indirect avec un stade larvaire particulier : la larve leptocphale.
Chez lÕanguille europenne, les larves leptocphales nes dans la rgion de la mer des Sargasses (Schmidt, 1922 ; Wang and Tzeng, 2000) traversent lÕAtlantique, portes par les courants. Au cours de cette traverse, dont la dure varie selon les auteurs de 6 9 mois pour les estimations les plus courtes (Lecomte-Finiger, 1992 ; Arai et al, 2000) jusquÕ plusieurs annes pour les plus longues (2-3 ans pour Schmidt, 1922 ; 2-7 ans pour Van Utrecht et Holleboom, 1985), les larves vont crotre et accumuler des rserves. Arrives au niveau du plateau continental, les larves leptocphales reconnaissables par leur aspect caractristique en Ç feuille de saule È se transforment et deviennent des civelles, cÕest la mtamorphose larvaire (Schmidt, 1909) (Figure 2). En plus des spectaculaires changements morphologiques, cette mtamorphose sÕaccompagne galement dÕimportants changements physiologiques et comportementaux (pour revue : Otake, 2003). Les civelles qui ont maintenant une apparence proche de celle de lÕadulte vont petit petit se pigmenter et seront alors appeles anguillettes (Elie et al, 1982). Elles vont galement acqurir un rel comportement de migration et coloniser les eaux continentales o va dbuter une longue phase de croissance.
Figure 1: Phylognie des tlostens. 1: tlostens; Sous-Ordres: 2: Ostoglossomorphes; 3: Elopocphales; 4:
Elopomorphes; 5: Clupeocephales; 6: Clupeomorphes; 7: Eutlostens; 8: Ostariophysi; 9: Neognathes; 10:
Acanthomorphes; 11: Euacanthomorphes; 12: Holacanthopterigiens; 13: Paracanthoptrygiens; 14: Acanthopterygiens; 15:
Euacanthopterigiens; 16: Percomorphes; 17: Atherinomorphes; 18: Ttraodontiformes; Familles: A: Osteoglossidae; B:
Mormyridae; C: Elopidae; D: Anguillidae; E: Saccopharhyngidae; F: Engraulidae; G: Clupidae; H: Esocidae; I:
Cypriniformes; J: Siluriformes; K: Salmoniformes; L: Lampridiformes; M: Polymyxiiformes; N: Lophiiformes; O:
Gadiformes; P: Stephanoberyciformes; Q: Ziformes; R: Beryciformes; S: Atherinidae; T: Bloniformes; U:
Gastrostiformes; V: Perciformes; W: Scorpeniformes; Balistidae; Y: Diodontidae; Z: Molidae; ¯: Pleuronectiformes
A ce stade, les anguilles appels Ç anguilles jaunes È vont essentiellement crotre et accumuler les rserves nergtiques ncessaires la maturation sexuelle future et la migration de reproduction (Van Ginneken and Van den Thillart, 2000 ; Van den Thillart et al, 2004 ; Van Ginneken et al, 2005). CÕest galement au cours de ce stade quÕintervient la diffrenciation sexuelle (Colombo et al, 1984 ; Beullens et al, 1997) mais le dveloppement des gonades ne se produira que bien plus tard, au moment de la migration de reproduction.
Aprs une priode plus ou moins longue (de quelques annes plus de 20 ans) en fonction des latitudes, des cosystmes et du sexe des individus (Bertin, 1951 ; Vollestad, 1992 ; Melia et al, 2006), les anguilles jaunes vont raliser une Ç seconde mtamorphose È appele argenture (Figure 2). LÕargenture consiste en un ensemble de transformations morphologiques (par exemple, la livre prenant une coloration argente caractristique des poissons plagiques), physiologiques (par exemple, le dveloppement des cellules chlorure dans les branchies prparant les animaux au passage en eau de mer) et comportementaux (passage dÕun mode de vie sdentaire un comportement de migration et dbut de leur phase de jene) (Lecomte-Finiger, 1990 ; Fontaine, 1994 ; Durif et al, 2005). Ces modifications, qui pradaptent les anguilles une vie ocanique, marquent le dbut de la migration de reproduction (Figure 2).
Figure 2: Cycle biologique de lÕanguille.
Les anguilles argentes quittent alors les cours dÕeau et retournent vers leur lieu de ponte ocanique. Cette partie du cycle est aujourdÕhui encore inconnue. La migration se faisant probablement grande profondeur, aucun individu argent nÕa pu tre captur ou suivi au-del du talus continental. Or, cÕest au cours de la migration ocanique et en prsence de facteurs environnementaux particuliers (pression : Sbert et al, 2007 ; activit motrice : Van Ginneken et al, 2007, É) que va se produire la maturation sexuelle.
1.2. Maturation exprimentale
Actuellement, toutes les informations concernant cette priode de la vie de lÕanguille proviennent dÕexprimentations. En effet, les anguilles argentes dont la migration a t
empche restent bloques un stade prpubre (Dufour et al, 2003). Les exprimentateurs ont donc trs tt essay dÕaccder aux stades ultrieurs de dveloppement et dÕinduire la maturation sexuelle lÕaide de traitements hormonaux.
Les premiers travaux rendant compte dÕune stimulation de la gamtogense chez lÕanguille se sont drouls dans notre laboratoire au Musum National dÕHistoire Naturelle : aprs des injections dÕextrait dÕurine de femme enceinte des anguilles mles, Fontaine (1936) observe une stimulation de la spermatogense complte et lÕmission des gamtes.
Chez la femelle, la premire maturation gonadique a t obtenue par le mme groupe et induite par des injections dÕextraits hypophysaires de carpe (Fontaine et al, 1964).
Ces travaux prcurseurs vont tre la base de toutes les exprimentations visant induire le dveloppement gonadique chez les diffrentes espces dÕanguilles (A. anguilla, A.
japonica, A. rostrata, A. australis, A. dieffenbachi) (pour revue : Dufour et al, 2003). Depuis, ces techniques ont t utilises et ont permis lÕobtention des premires larves chez lÕanguille japonaise (Yamamoto et Yamauchi, 1974 ; Yamauchi et al, 1976) ; des larves qui, aujourdÕhui, peuvent tre maintenues jusquÕ 200 jours en aquarium et qui ralisent leur 1re mtamorphose (Pour revue : Tanaka, 2003). Cependant, les taux de russite de la reproduction sont trs faibles et lÕensemble des tapes est encore mal matris.
Les expriences de maturation ont galement permis de dmontrer que lÕarrt du dveloppement gonadique au stade argent chez les anguilles dont on a empch la migration, nÕtait pas le rsultat dÕun manque de sensibilit des gonades. Des travaux ultrieurs raliss par lÕquipe ont montr par des techniques de dosage RIA que le blocage au stade argent
tait d un dficit en hormones gonadotropes endognes (Dufour et al, 1983b).
2. Les hormones gonadotropes
La reproduction, phnomne universel qui assure la prennit des espces en transmettant lÕinformation gntique dÕune gnration lÕautre, est le rsultat chez les vertbrs dÕune cascade dÕvnements contrle par un axe neuroendocrinien appel lÕaxe gonadotrope. LÕaxe gonadotrope des vertbrs met en jeu trois organes principaux : le cerveau qui joue le rle de Ç chef dÕorchestre È en compilant les informations provenant de lÕenvironnement (temprature, luminositÉ) et celles provenant de lÕorganisme (accumulation suffisante des rservesÉ); les gonades qui sont le lieu de fabrication des gamtes, et lÕhypophyse qui a un rle de charnire entre les deux prcdents organes.
Au niveau hypophysaire, deux hormones vont avoir la charge de transmettre lÕinformation crbrale et contrler le dveloppement gonadique : ce sont les hormones gonadotropes hypophysaires ou gonadotropines.
2.1. Structures
Les hormones gonadotropes hypophysaires, lÕhormone lutinisante (LH= Luteinizing Hormone) et lÕhormone folliculo-stimulante (FSH= Follicle Stimulating Hormone) appartiennent la famille des hormones glycoprotiques dans laquelle on retrouve galement les gonadotropines chorioniques (CG) et la thyrotropine (TSH= Thyroid Stimulating Hormone). Chez les vertbrs, les gonadotropines sont des protines htrodimriques (Papkoff et Samy, 1967) richement glycosyles, constitues de deux sous-units :
- La sous-unit ! : elle est commune aux diffrentes hormones glycoprotiques pour une mme espce.
- La sous-unit " : elle est spcifique de chacune des hormones glycoprotiques et cÕest elle qui confre aux hormones leur spcificit dÕaction.
Les deux sous-units, dont les repliements sont maintenus par des ponts disulfures, sont associes lÕune lÕautre par des liaisons non covalentes. De plus, la cristallographie de la CG humaine a permis de mettre en vidence une sorte de Ç ceinture de scurit È forme par la partie C terminale de la sous-unit " qui enserre la sous-unit ! (Lapthorn et al, 1994). La
molcule ainsi forme va tre capable dÕinteragir spcifiquement avec son rcepteur (Combarnous et al, 1997).
Chez les poissons, la mise en vidence des gonadotropines et de leur structure a t plus tardive. Aprs quelques tentatives de purification chez le saumon (Otsuka, 1956) et le gardon (Breton, 1968), la premire hormone gonadotrope purifie a t obtenue chez la carpe par Burzawa-Gerard (1971). Cette hormone est capable de stimuler chez le mle, la spermatogense et la spermiation et chez la femelle, lÕovogense et lÕovulation (pour revue : Fontaine, 1980).
Des travaux sÕintressant la structure biochimique de cette hormone gonadotrope de carpe (cGTH) ont t raliss et ont permis de mettre en vidence deux sous-units, SU I et SU II (Burzawa-Gerard, 1974) dont les squences partielles en acides amins ont t
dtermines (Jolles et al, 1977). La comparaison de ces sous-units avec celles obtenues pour les gonadotropines mammaliennes montre de fortes identits de squence entre la sous-unit
SU I de la cGTH et les sous-units ! mammaliennes dÕune part et entre la sous-unit SU II de la cGTH et les LH" mammaliennes dÕautre part (Jolles et al, 1977). Par la suite, des tudes immunologiques ralises lÕaide dÕimmunosrums dirigs contre lÕhormone entire (cGTH) ou ses sous-units (SU I=cGTH! ou SU II=cGTH") ont permis la mise en vidence de ressemblances antigniques entre la cGTH! et les sous-units ! bovine et ovine ainsi quÕentre la cGTH" et la LH" bovine (Burzawa-Gerard et al, 1980) ; de plus, davantage de ressemblances antigniques taient trouves entre la cGTH" et la LH" quÕavec la FSH"
suggrant que la cGTH tait une hormone de type LH. Enfin, la ralisation de protine hybride active associant une sous-unit ! mammalienne une GTH" de carpe a confort
lÕide de parent entre les sous-units des hormones gonadotropes de poissons et de mammifres (Marchelidon et al, 1979). La GTH de tlosten tant capable dÕinduire lÕensemble du dveloppement gonadique, il a alors t suppos que chez les tlostens, seule une hormone gonadotrope existait (pour revue : Fontaine, 1980).
LÕide dÕune hormone gonadotrope unique chez les poissons a t bouscule avec la mise en vidence dÕune seconde gonadotropine chez le saumon (Suzuki et al, 1988a). Par la suite, la prsence de deux gonadotropines a t dmontre chez un nombre croissant dÕespces et, comme suggrs par les travaux de Qurat et ses collgues, la dualit des gonadotropines semble tre un caractre tabli chez les gnathostomes (Qurat et al, 2001). Le
clonage et la comparaison des squences confirment la parent entre les LH mammaliennes et de tlostens ainsi qu Ôentre les FSH mammaliennes et de tlostens (Figure 3). Cependant, chez les tlostens, les donnes concernant la FSH sont encore relativement peu nombreuses.
Figure 3 : Arbre phylogntique des sous-units " des glycoprotines. Arbre ralis partir des squences nuclotidiques selon les mthodes Neighbor-Joining (Neighbor) et de parcimonie maximale (PAUP) (Qurat et al, 2000).
Chez lÕanguille europenne, les ADNc codant pour les sous-units ! (Qurat et al, 1990a), LH" (Qurat et al, 1990b) et TSH" (Salmon et al, 1993) des hormones glycoprotiques avaient dj t clones. Dans cette thse, nous nous sommes attachs la caractrisation de la sous-unit FSH" (article 1).
2.2. Mode dÕaction des hormones gonadotropes
Les hormones gonadotropes vont agir au niveau de tissus cibles via des rcepteurs transmembranaires appartenant la famille des rcepteurs coupls aux protines G. Les rcepteurs sont constitus de 3 partie distinctes (pour revue : Vassart et al, 2004):
- Une rgion N-terminale riche en leucine constituant le domaine extracellulaire. Celui- ci est responsable de la spcificit et de la haute affinit de liaison lÕhormone.
- Une rgion responsable de lÕancrage de la protine dans la membrane, mais galement implique dans la liaison du ligand et dans les mcanismes de transmission du signal.
Cette rgion comprend 7 domaines transmembranaires, 3 boucles extracellulaires et 3 boucles intracellulaires.
- Une rgion C-terminale intracellulaire couple la protine G et implique dans la transduction du signal.
Chez les mammifres, de nombreux travaux se sont intresss la spcificit du complexe hormone Ð rcepteur. En effet, chacune des hormones glycoprotiques va agir au niveau de Ç ses cellules cibles È via un rcepteur spcifique : les rcepteurs FSH (FSH- R), TSH (TSH-R) et LH/CG (LH-R). Lors de la formation du complexe hormone Ð rcepteur, les deux sous units des gonadotropines vont avoir un rle jouer : la sous unit ! de lÕhtrodimre interagit le plus largement avec le rcepteur, mais cÕest la sous-unit " qui Ç autorise È ou non la liaison au rcepteur (Pour revue : Combarnous et al, 1997). La modification de conformation entrane par la liaison de lÕhormone son rcepteur permettra alors lÕactivation dÕune des sous-units de la protine G associe. Ainsi commence la transduction intracellulaire du signal qui se termine par lÕexpression de gnes spcifiques (enzymes de la strodognse, facteurs de croissanceÉ).
Chez les tlostens, les premiers travaux sÕintressant aux modes dÕaction de Ç lÕhormone gonadotrope È au niveau gonadique ont t raliss dans les annes 80 et ont mis en vidence des sites de liaison spcifique lÕhormone sur des prparations membranaires (saumon : Salmon et al, 1984 ; Schultz et al, 1985 ; truite : Breton et al, 1986 ; anguille : Salmon et al, 1987). Par la suite, la mise en vidence des deux gonadotropines et leur purification ont permis avec des techniques similaires de dmontrer dans lÕovaire du saumon coho, lÕexistence de deux rcepteurs (Yan et al, 1992) montrant une moins grande spcificit
de liaison que chez les mammifres : le rcepteur de type I est capable dÕinteragir avec la GTH I (FSH) mais aussi, avec une moindre affinit, la GTH II (LH) ; le rcepteur de type II est, lui, trs spcifique et nÕinteragit quÕavec la GTH II (LH).
Le dveloppement des techniques de biologie molculaire ont ensuite permis le clonage des rcepteurs, dÕabord chez le saumon amago (Oba et al, 1999a et b) puis chez de nombreux autres tlostens : poisson-chat (Bogerd et al, 2001 ; Kumar et al, 2001a, b ; Vischer et Bogerd, 2003), poisson zbre (Laan et al, 2002 ; Kwok et al, 2005), saumon (Maugars et Schmitz, 2006), anguille (Jeng et al, 2007), bar (Rocha et al, 2007), truite (Sambroni et al, 2007), fltan (Kobayashi et Andersen, 2008). LÕanalyse et la comparaison des squences des rcepteurs aux gonadotropines chez les poissons et les mammifres montrent quÕils sont homologues (Oba et al, 2001) (Figure 4).
Figure 4 : Arbre phylogntique des rcepteurs des glycoprotines. Arbre ralis partir des squences en acides amins (Sambroni et al, 2007).
La spcificit des rcepteurs a t teste chez diffrentes espces en tudiant la liaison des gonadotropines recombinantes (LH et FSH) avec les rcepteurs recombinants homologues (LH-R et FSH-R) exprims dans des lignes cellulaires. Chez le poisson-chat (Vischer et al, 2003) et le poisson zbre (So et al, 2005), les rsultats montrent que FSH-R est capable dÕinteragir avec la FSH mais galement avec la LH, alors que LH-R est trs spcifique et ne rpond quÕ une stimulation par la LH. Chez la truite (Sambroni et al, 2007), les rcepteurs montrent une plus grande spcificit, FSH-R ne rpondant quÕ la FSH et LH-R quÕ la LH.
En ce qui concerne lÕanguille, les deux rcepteurs aux hormones gonadotropes ont t
clons partiellement chez lÕanguille japonaise (Jeng et al, 2007). Leurs squences ont t
compares celles obtenues chez diffrents tlostens et mammifres ; les rsultats montrent que lÕun appartient au groupe des FSH-R et lÕautre au groupe des LH-R (Jeng et al, 2007). Le clonage complet des rcepteurs et lÕobtention de rcepteurs recombinants permettrait dÕtudier leurs spcificits de liaison.
3. Fonctions des gonadotropines
Les hormones gonadotropes hypophysaires ont pour site dÕaction les gonades. Organes situs dans la cavit abdominale, les gonades ont deux rles majeurs: la synthse et la maturation des gamtes (spermatognse ou ovognse) et la synthse de facteurs de croissance et de strodes sexuels (strodognse). LÕensemble de ces vnements est regroup sous le nom de maturation gonadique et est sous le contrle majeur des deux hormones gonadotropes hypophysaires, LH et FSH.
3.1. Chez le mle
a. Mammifres
Chez le mle, il existe une compartimentation de la gonade avec un Ç site È de fabrication des gamtes, les tubes sminifres et un Ç site È responsable de la scrtion des hormones mles, la glande interstitielle.
Dans les tubes sminifres, les cellules germinales sont troitement associes aux cellules de Sertoli, grande cellule pyramidale qui sÕtend sur toute la hauteur de lÕpithlium sminifre. Celles-ci vont avoir plusieurs rles : un rle protecteur envers les cellules
germinales et un rle de Ç nettoyage È en phagocytant les cellules dgnrescentes. Elles vont
galement intervenir dans la maturation et la migration des gamtes. LÕensemble de ces actions de la cellule de Sertoli sont sous le contrle dÕune des deux hormones gonadotropes, la FSH. En effet, la cellule de Sertoli exprime sa surface des rcepteurs la FSH et diffrentes tudes ont permis de mettre en vidence le rle cl de cette hormone dans le Ç dmarrage È de la spermatognse la pubert (pour revue : McLachlan, 2000) et dans le maintien de la qualit de celle-ci au cours de la vie adulte (pour revue : McLachlan, 2000 ; Dadoune et Demoulin, 2001). De plus, la cellule de Sertoli est capable de synthtiser un ensemble de facteurs entrant en jeu dans la communication intra-testiculaire tels que lÕinhibine ou lÕactivine (pour revue : de Kretser et al, 2004), et a galement un rle strodogne tant capable de transformer la testostrone en oestradiol grce une aromatase.
Dans la glande interstitielle, cÕest--dire les tissus localiss entre les tubes sminifres, on trouve les cellules strodognes nommes cellules de Leydig. Celles-ci sont principalement sous le contrle de la LH et sont capables de synthtiser la testostrone partir de cholestrol. Elles vont galement synthtiser un ensemble dÕautres facteurs ayant des rles aussi bien autocrine, comme lÕIGF-I (Insulin-like growth factor 1), que paracrine comme lÕocytocine ou la vasopressine.
La maturation gonadique est donc le rsultat dÕun contrle hypophysaire par les hormones gonadotropes et dÕune communication troite entre cellule de Leydig Ð cellule de Sertoli Ð cellules germinales dans le testicule.
b. Tlostens
Chez les tlostens, le testicule peut avoir deux structures diffrentes. Une structure dite lobulaire est la plus rpandue : les cellules germinales sont disposes tout le long des tubes sminifres (Legendre et Jalabert, 1988). Une structure dite tubulaire peut etre rencontre chez certaines espces : les cellules germinales sont exclusivement retrouves dans lÕextrmit aveugle des tubes sminifres.
Comme chez les mammifres, le testicule des tlostens est compartiment avec un Ç site È de fabrication des gamtes (tubes sminifres) et un Ç site È responsable de la scrtion des hormones mles (glande interstitielle). Dans les tubes sminifres, on retrouve des cellules de Sertoli et des cellules germinales qui, chez les tlostens, se dveloppent
prolifrer et se dvelopper de manire synchrone sous le contrle de diffrents facteurs jusquÕ lÕobtention des spermatozodes. Comme chez les mammifres, les cellules de Sertoli sont troitement lies aux cellules germinales et sont soumises des rgulations par la FSH.
En effet, les cellules de Sertoli possdent leur surface des FSH-R (Miwa et al, 1994, Oba et al, 2001). La FSH est implique dans la prolifration mais galement dans lÕactivation des cellules de Sertoli et induit la synthse dÕun ensemble de facteurs (Nagahama, 2000).
Entre les tubes sminifres se trouvent les cellules de Leydig qui sont le lieu de production des andrognes. Cette production, implique la fois dans la gamtogense et dans le dveloppement des caractres sexuels secondaires (Borg, 1994) semble, comme chez les mammifres, tre sous le contrle de la LH (Miwa et al, 1994, Oba et al, 2001). En plus de la testostrone (T), la cellule de Leydig va synthtiser un strode spcifique des tlostens, la 11-ktotestostrone (11-KT).
Les travaux prcurseurs de Miura et ses collaborateurs (1991) chez lÕanguille japonaise ont permis de mettre en vidence le rle jou par la 11-KT au cours de la spermatogense. En effet, les seules cellules germinales prsentes dans le testicule dÕanguille mle maintenue en captivit sont les spermatogonies. Une seule injection de hCG chez ces mles est capable dÕinduire une spermatogense complte, cÕest--dire comprenant tous les stades de la spermatogonie au spermatozode (Miura et al, 1991a) et de manire concomitante une
lvation des taux plasmatiques de 11-KT. Pour tester lÕhypothse dÕune action possible de la 11-KT dans la spermatogense, les auteurs ont mis au point une technique de culture in vitro de fragments testiculaires, et ils observent, lorsque les fragments sont cultivs dans un milieu contenant de la 11-KT, une spermatogense complte (Miura et al, 1991b). Ces effets de la 11-KT sur la spermatogense ne sont nanmoins pas retrouvs chez tous les poissons. Chez la truite arc-en-ciel, la 11-KT semble nÕinduire aucun effet sur les spermatogonies de fragments testiculaires en culture (Loir, 1999).
Chez les tlostens, comme chez les mammifres, la spermatogense rsulte dÕun Ç dialogue È troit entre les diffrents compartiments du testicule contrl par les hormones gonadotropes hypophysaires.
3.2. Chez la femelle
a. Mammifres
Chez la femelle, la gonade est constitue dÕune mdulla centrale innerve et vascularise et dÕun cortex priphrique o sont stocks et o vont se dvelopper les follicules. Le fonctionnement de lÕovaire sÕorganise autour des follicules comprenant une cellule germinale entoure de cellules folliculaires. Chez les mammifres, un stock de follicules est ralis pendant la vie fÏtale, ceux-ci vont rester quiescents jusquÕ lÕentre en pubert o le dveloppement folliculaire, aussi appel folliculogense va commencer (pour revue : Driancourt et al, 2001). Cette folliculogense se droule en plusieurs tapes qui connaissent diffrents contrles.
La folliculogense peut se dcomposer en 2 phases (pour revue : Driancourt et al, 2001 ; Mermillod, 2001):
- La premire phase correspond la sortie dÕun certain nombre de follicules de la rserve et leur dveloppement prcoce. Durant cette phase, les follicules vont crotre par augmentation du diamtre ovocytaire et par multiplication des cellules folliculaires formant la granulosa. Puis, le follicule va atteindre un tat suprieur dÕorganisation avec la mise en place en priphrie de deux couches cellulaires constituant les thques interne et externe. Cette phase semble se raliser sans lÕintervention des gonadotropines. En effet, chez la ratte ou la brebis hypophysectomise, on observe dans les gonades, des follicules voluant jusquÕau stade prantral.
- La seconde phase correspond au dveloppement folliculaire terminal. Il concide chez la femme avec la phase folliculaire du cycle et est fortement dpendant des gonadotropines. Au cours de cette phase, deux vnements ont lieu :
1) Le recrutement : Les follicules ayant atteint une taille suffisante et tant capable de rpondre la FSH vont poursuivre leur dveloppement et voluer de faon synchrone, les autres vont rgresser et entrer en atrsie.
2) La slection : Cette tape intervient au milieu de la phase folliculaire au moment o les taux circulant de FSH commencent baisser. Le ou les follicules dominants sont slectionns et vont poursuivre leurs dveloppements jusquÕ lÕovulation.
Au cours du dveloppement folliculaire terminal, les gonadotropines interviennent diffrents niveaux. La FSH va exercer son action au niveau des cellules de la granulosa via son rcepteur et induire la synthse de peptides (activine, inhibine et follistatine, protines de liaison aux IGFs) et lÕactivit aromatase. Aprs la slection, la FSH stimule en plus lÕexpression des rcepteurs de la LH dans les cellules de la granulosa (Figure 5).
La LH, elle, exerce son action sur les cellules de la thque, y favorisant la synthse des andrognes. En fin de phase folliculaire, lors de la rponse la dcharge ovulante, elle intervient sur les cellules de la granulosa et permet la maturation ovocytaire (Figure 5).
Les gonadotropines ont donc un rle cl dans le contrle de la maturation du follicule chez les mammifres. Nanmoins, des facteurs locaux vont galement intervenir au cours de la folliculogense et agir en collaboration avec les gonadotropines (Pour revue : Driancourt et al, 2001 ; Mermillod, 2001 ;Webb et al, 2004).
b. Tlostens
Chez les tlostens, les ovaires sont compartiments par des replis des tissus ovariens formant les lamelles ovigres. Dans les lamelles se trouvent des ovogonies, des ovocytes et des follicules en cours de dveloppement. Contrairement ce qui est observ chez les mammifres, dans lÕovaire des tlostens, le nombre de follicules nÕest pas fini ; en effet, les ovogonies sont capables de renouveler le stock par division cellulaire (pour revue : Jalabert, 2005).
Chez les femelles ovipares, lÕovocyte a la particularit de contenir une grande quantit
de rserves qui serviront par la suite au dveloppement de lÕembryon et de la larve. Ces rserves sont accumules au cours du processus de vitellogense. Celui-ci se compose de deux phases:
- La vitellogense endogne ou prvitellogense : Elle se caractrise par lÕincorporation de gouttelettes lipidiques lÕintrieur du cytoplasme ovocytaire.
- La vitellogense exogne : Elle se caractrise par lÕincorporation dÕune lipoglycophosphoprotine, la vitellognine (Vtg) par lÕovocyte. La Vtg est produite par le foie sous le contrle de E2 et libre dans la circulation sanguine. Aprs liaison
son rcepteur, la Vtg est endocyte par lÕovocyte.
Aprs cette priode de croissance et avant lÕovulation, lÕovocyte est le lieu dÕun ensemble de modifications (fin de la premire division de mose et entre mtaphase de la deuxime division) regroupe sous le nom de maturation ovocytaire.
LÕensemble du processus de folliculogense est sous le contrle des gonadotropines, mais le rle de chacune des hormones reste encore controvers. Chez les salmonids, lÕtude des profils dÕexpression des gonadotropines et de leurs rcepteurs ont conduit les auteurs suggrer une action de la FSH au cours de la croissance folliculaire alors que la LH interviendrait au moment de la maturation finale et de lÕovulation (Pour revue : Nagahama, 2000 ; Jalabert, 2005). En ce qui concerne la strodognse, les deux hormones sont capables de stimuler in vitro la production de E2 et T dans des follicules intacts de saumon (Planas et al, 2000). Les gonadotropines agiraient pour cela via leurs rcepteurs respectifs localiss pour les FSH-R dans les cellules de la thque et de la granulosa et pour les LH-R dans les cellules de la granulosa (coho salmon :Yan et al,1992 ; Miwa et al, 1994) (Figure 5).
Figure 5 : Comparaison des follicules ovariens et de lÕexpression par les cellules folliculaires des rcepteurs aux gonadotropines (LH-R et FSH-R). Chez les mammifres, les fonctions de LH et FSH sur les cellules folliculaires sont assez bien connues. En revanche, chez les tlostens, les rles des gonadotropines reste encore dterminer.
4. Contrle de la production des gonadotropines
Capables de contrler lÕtat de dveloppement des gonades, les hormones gonadotropes vont tre soumises de strictes rgulations. Leurs synthse et scrtion sont contrles par deux voies diffrentes: le contrle crbral qui exerce son action directement au niveau des cellules gonadotropes hypophysaires, et le contrle priphrique (exerc principalement par les gonades mais galement par dÕautres organes) qui peut intervenir diffrents niveaux, directement au niveau des cellules gonadotropes hypophysaires ou indirectement via le contrle crbral.
4.1.
Contrle crbral
4.1.1. La gonadolibrine
La gonadolibrine ou gonadotropin-releasing hormone (GnRH) est une neurohormone isole dans les annes 70 partir dÕhypothalamus de porc et de mouton (Matsuo et al, 1971, Amos et al, 1971). Cette neurohormone, compose de 10 acides amins (dcapeptide), a t
dcrite par Schally et ses collaborateurs comme un stimulateur aussi bien in vivo que in vitro de la scrtion des hormones gonadotropes, LH et FSH, chez les mammifres (Schally et al, 1971). Suite ces travaux, un nombre important dÕtudes sÕintressant ce neuropeptide ont
t ralises chez les mammaliens comme chez les non-mammaliens permettant la mise en
vidence des diffrentes caractristiques du systme GnRH.
4.1.1.1. Structure
Depuis la purification de la GnRH mammalienne (mGnRH) en 1971, un grand nombre de variants ont t caractriss et, ce jour, 24 formes diffrentes de GnRH ont t dcrites dont quatorze sont prsents chez les vertbrs (pour revue : Kah et al, 2007).
Chez les vertbrs, toutes les formes sont synthtises sous la forme dÕun long prcurseur, le prproGnRH, qui se compose dÕun peptide signal, dÕun peptide biologiquement actif (GnRH), dÕun tripeptide de clivage et dÕun peptide nomm GAP (GnRH-associated peptide).
La comparaison des squences des diffrents variants connus montre quÕil existe 3 types de GnRH, chacun cod par un gne diffrent mais avec une structure conserve (4 exons et 3 introns) indiquant une origine volutive commune (pour revue : Kah et al, 2007).
- Le type 1 comprend les prcurseurs de diffrents variants peptidiques (mammalian GnRH, guinean pig GnRH, frog GnRH, sea bream GnRH, medaka GnRH, herringGnRH, whitefish GnRH, catfish GnRH, chicken GnRH I) selon les espces.
Cette forme, exprime dans le cerveau antrieur, joue un rle majeur dans le systme hypophysiotrope. CÕest cette forme que nous nous rfrons dans notre travail.
- Le type 2 comprend les prcurseurs de la chicken GnRH II. Chez tous les vertbrs
tudis, elle est exprime dans la rgion du msencphale rostral.
- Le type 3 comprend les prcurseurs de la salmon GnRH. Cette forme, exprime dans le cerveau antrieur de certains tlostens, participe au contrle hypophysiotrope.
(pour revue : Oka, 2002).
Chez lÕanguille, deux formes de GnRH ont t retrouves dans le cerveau : mGnRH et cGnRH II (King et al, 1990). DÕabord mise en vidence chez lÕanguille europenne par des techniques biochimiques (HPLC) et immunologiques (RIA) (King et al, 1990), les ADNc codant pour les prcurseurs des deux formes mGnRH et cGnRH II ont par la suite t clons chez lÕanguille japonaise (Okuba et al, 1999).
4.1.1.2. Lieu de synthse et action de la GnRH hypophysiotrope
a. Chez les mammifres
La GnRH est synthtise par des neurones localiss dans lÕhypothalamus mdio-basal (pour les primates) et dans lÕaire proptique (pour les non primates) (pour revue : Caldani et Caraty, 1997). Ces neurones, isols ou en petits groupes, projettent leurs axones vers lÕminence mdiane o le dcapeptide est libr. La neurohormone parvient ses cibles se trouvant dans lÕhypophyse antrieure ou adnohypophyse par la voie du systme porte hypothalamo-hypophysaire. Il consiste en un premier rseau de capillaires traversant lÕminence mdiane, un vaisseau porte descendant la tige pituitaire et un second rseau de capillaires irriguant lÕadnohypophyse (pour revue : Taragnat, 2001).
Au niveau de la cellule gonadotrope, qui chez les mammifres est capable de synthtiser
la fois LH et FSH, la GnRH exerce son action via un rcepteur transmembranaire appartenant la famille des rcepteurs coupls aux protines G (pour revue : Millar et al, 2004). Comme les autres rcepteurs de cette famille, il possde 7 rgions hydrophobes qui correspondent aux domaines transmembranaires. Ceux-ci contribuent la formation de trois boucles extracellulaires entrant en jeu lors de la reconnaissance du ligand et de trois boucles intracellulaires ncessaires la transduction du signal (pour revue : Stojilkovic et al, 1994 ; Millar et al, 2004).
Chez les mammifres, deux types de rcepteurs ont t clons (pour revue : Kah et al, 2007) :
- Le rcepteur GnRH de type I : Il ne possde pas de Ç queue È cytoplasmique son extrmit C-terminale. Cette particularit du rcepteur GnRH mammalien a conduit certains auteurs suggrer un rle de lÕextrmit C-terminale dans lÕinternalisation et la dsensibilisation (Pawson et al, 1998 ; McArdle et al, 2002). Cette forme a t
clone chez lÕhomme et certains mammifres.
- Le rcepteur de type II : Cette forme qui possde une queue C-terminale a t clone chez certains mammifres et les vertbrs non-mammaliens. Elle serait absente chez lÕhomme et les rongeurs et non fonctionnelle chez les ovins et bovins.
Chez les mammifres, la GnRH est dlivre par les neurones hypothalamiques sous forme de pulses dont la frquence va varier en fonction du moment du cycle. Les gonadotropines, synthtises par la mme cellule hypophysaire, vont avoir des sensibilits diffrentes la frquence des pulses de GnRH : la FSH rpond des frquences lentes de GnRH alors que la LH est synthtise pour des frquences rapides. De plus, on observe
galement pour la LH une vraie scrtion pulsatile compltement corrle celle de la GnRH, ce qui nÕest pas le cas pour la FSH (pour revue : Counis et al, 2001).
b. Chez les tlostens
Chez les tlostens, lÕaxe hypothalamo-hypophysaire diffre de celui des mammifres sur plusieurs points (Figure 6).
Des tudes ralises par immunohistochimie ou hybridation in situ chez diffrentes espces ont permis de localiser les neurones GnRH hypophysiotropes. Ils sont dtects au niveau du tlencphale ventral et de lÕaire proptique (Pour revue : Lethimonier et al, 2004).
Contrairement ce qui a t observ chez les mammifres, il nÕy a pas de systme vasculaire porte hypothalamo-hypophysaire chez les tlostens. Les neurohormones sont libres directement au contact des cellules cibles. Des travaux neuroanatomiques raliss chez le poisson rouge (immunocytochimie, traceur rtrograde) ont permis de mettre en vidence une innervation directe de lÕadnohypophyse par les neurones GnRH (Anglade et al, 1993). Des
observations similaires ont t faites chez le poisson-chat (Dubois et al, 2000) et le gourami (Yamamoto, 2003).
La GnRH agit au niveau des diffrents types de cellules gonadotropes (chez les tlostens, LH et FSH sont exprimes dans des cellules diffrentes) via un rcepteur GnRH de type II (avec une queue C-terminale) (pour revue : Kah et al, 2007).
Chez lÕanguille europenne, une tude par immunocytochimie avait permis de localiser les neurones mGnRH et cGnRH II (les deux seules formes retrouves chez lÕanguille). Les corps cellulaires des neurones mGnRH ont t observs dans les bulbes olfactifs, le tlencphale, lÕaire proptique et lÕhypothalamus mediobasal ; les neurones cGnRH II ont
t localiss dans le msencphale (Montero et al, 1994). Cette distribution diffrentielle des corps cellulaires mGnRH et cGnRH a t confirme par les dosages des ARNm de leurs prcurseurs respectifs par PCR quantitative en temps rel (Sbert et al, sous presse). Chez lÕanguille, les dosages radioimmunologiques et les tudes immunocytochimiques ont montr
que la GnRH hypophysiotrope majeure est la forme mGnRH, mais que quelques fibres cGnRH II innervent aussi lÕhypophyse (Dufour et al, 1989 ; Montero et al, 1994 ; Montero et al, 1995).
4.1.2. La dopamine
En plus du contrle crbral positif exerc sur les hormones gonadotropes par la GnRH, des tudes ralises chez les tlostens montrent lÕexistence dÕun contrle crbral inhibiteur (Figure 6). Les premiers travaux mettant en vidence ce contrle ngatif ont t raliss chez le poisson rouge par Peter et Paulencu (1980). Aprs des expriences de lsions crbrales, les auteurs ont pu observer une augmentation des taux plasmatiques en LH (dcharge ovulante) et des ovulations. Ces rsultats ont conduit les auteurs proposer lÕexistence dÕun contrle inhibiteur des gonadotropines appel, dans un premier temps, Ç GRIF È (gonadotropin-release inhibiting factor) (Peter et Paulencu, 1980). Par la suite, des tudes la fois in vivo et in vitro ont permis dÕidentifier le GRIF comme tant la dopamine (Kah et al, 1987).
La dopamine (DA) est un neuromdiateur synthtis partir de lÕacide amin tyrosine.
Elle fait partie de la famille des catcholamines. Chez les vertbrs, o lÕorganisation des systmes catcholaminergiques au niveau central est assez bien conserve, les neurones dopaminergiques sont distribus dans lÕensemble du cerveau (Smeets et Gonzalez, 2000).
Les neurones dopaminergiques impliqus dans le contrle des gonadotropines chez les tlostens sont localiss dans lÕaire proptique antrieure et mettent des projections jusque dans lÕhypophyse (poisson rouge : Kah et al, 1987 ; Anglade et al, 1993 ; anguille : Vidal et al, 2004 ; Weltzien et al, 2006). La dopamine va agir sur les cellules hypophysaires gonadotropes via un rcepteur de type D2 (pour revue : Peter et al, 1986 ; Pasqualini et al, 2004).
Le contrle ngatif des gonadotropines par la DA, dÕabord mis en vidence chez le poisson rouge a, par la suite, t caractris chez de nombreux tlostens (poisson-chat : De Leeuw et al, 1986 ; carpe et loche chinoise : Lin et al, 1988 ; truite arc-en-ciel : Saligaut et al, 1999 ; tilapia : Yaron et al, 2003) et semble avoir un rle important en fin de gamtogense pour le contrle de la maturation ovocytaire et lÕovulation chez la femelle et la spermiation chez le mle. Ces observations ont permis, en aquaculture, le dveloppement de la mthode dÕinduction de lÕovulation Ç Linpe È qui consiste en une injection dÕun antagoniste de la dopamine associ un agoniste de la GnRH (Peter et al, 1988). Nanmoins, certaines espces de tlostens semblent dpourvues de ce contrle inhibiteur exerc par la dopamine (tambour brsilien : Copeland et Thomas, 1989 ; daurade royale : Zohar et al, 1995).
JusquÕ aujourdÕhui, le rle de la dopamine dans le contrle de la pubert nÕa t tudi
Figure 6 : Comparaison du contrle crbral des gonadotropines et de la jonction hypothalamo-hypophysaire chez les mammifres et chez les tlostens. Chez certains tlostens, en plus du contrle stimulateur par la GnRH, les gonadotropines sont soumises un contrle inhibiteur exerc par la DA. Chez les mammifres, la GnRH est libre dans le systme porte hypothalamo-hypophysaire et va agir au niveau de la cellule gonadotrope synthtisant la fois LH et FSH. Au contraire, chez les tlostens, les neurohormones (GnRH et DA) agissent directement au niveau des deux types cellulaires gonadotropes.
europenne (bloque un stade prpubre lorsque la migration est empche), diffrents travaux ont montr lÕimportance du systme dopaminergique dans le contrle de la synthse et de la libration de la LH (Dufour et al, 1988 ; Vidal et al, 2004). Le systme dopaminergique jouerait galement un rle dans lÕinitiation de la pubert chez le platax atlantique (Chaetodipterus faber) o une baisse des taux de monoamines hypothalamiques a
t observe en dbut de pubert (Marcano et al, 1995). Enfin, une rcente tude ralise chez le mulet (Mugil cephalus) suggre galement un rle du systme dopaminergique dans le contrle de la pubert ; les auteurs ayant observ une diminution de lÕexpression des rcepteurs dopaminergiques de type D2 dans le cerveau et lÕhypophyse au cours du processus pubertaire (Nocillado et al, 2007). En revanche, il a t montr chez le bar amricain que la DA nÕintervenait pas dans le contrle des gonadotropines au moment de lÕinitiation de la pubert (Holland et al, 1998).
Chez un grand nombre de tlostens, la synthse et la scrtion des gonadotropines sont donc sous un double contrle crbral exerc par deux neurohormones, lÕune stimulatrice (GnRH) et lÕautre inhibitrice (dopamine) (pour revue : Dufour et al, 2005).
4.1.3. La kisspeptine
Produit du gne kiss-1, la kisspeptine (aussi nomm mtastine) a dans un premier temps
t caractrise comme un suppresseur de mtastases des mlanomes (Lee et al, 1996). Les diffrents produits du gne provenant dÕun pissage alternatif (kisspeptine-54 : Ohtaki et al, 2001 ; kisspeptine-14, kisspeptine-13 et kisspeptine-10 : Kotani et al, 2001) et le rcepteur (GPR54 : Kotani et al, 2001 ; Muir et al, 2001 ; Ohtaki et al, 2001) ont par la suite t
identifis.
CÕest en 2003 que sont reportes les premires donnes concernant un rle du systme Kiss-1/GPR54 dans le contrle de la reproduction. Trois groupes ont simultanment dcrit les effets de knock-out (chez la souris : Seminara et al, 2003 ; Funes et al, 2003) et de mutation (chez lÕhumain : de Roux et al, 2003) du gne GPR54, rcepteur de la kisspeptine. Ils ont observ que lorsque le gne GPR54 tait absent ou mut, les individus (souris ou humains) nÕtaient pas capables de faire leur pubert, leurs appareils reproducteurs taient hypoplasiques, les concentrations en strodes sexuels et en gonadotropines (LH et FSH)
taient faibles et les individus striles.
Ces rsultats rvlaient lÕimplication du systme Kiss-1/GPR54 dans le dclenchement de la pubert et donc le contrle de lÕaxe reproducteur. A travers diffrentes tudes, les auteurs ont donc cherch comprendre o et comment le systme intervenait.
Seminara et ses collaborateurs ont montr, chez la souris KO pour le gne GPR54 (GPR54 -/-), que le contenu crbral en GnRH reste normal et que les cellules gonadotropes sont capables de rpondre une stimulation par de la GnRH exogne (Seminara et al, 2003).
De plus, il a t montr chez ces mmes souris GPR54 -/- que lÕanatomie, la localisation et les projections des neurones GnRH vers lÕminence mdiane taient normales (Messager et al, 2005). Ces rsultats permettaient de suggrer que les perturbations observes chez ces souris nÕtaient le fait ni dÕun dfaut de migration des neurones GnRH, ni dÕun dfaut de fonctionnement de lÕaxe hypothalamo-hypophysaire mais plus probablement le fait dÕun dfaut de libration de GnRH.
Par ailleurs, des travaux raliss chez diffrents modles animaux ont montr que des injections de kisspeptine taient capables dÕinduire la libration des gonadotropines hypophysaires (Gottsch et al, 2004 ; Matsui et al, 2004 ; Thompson et al, 2004 ; Dhillo et al, 2005 ; Messager et al, 2005) ; un effet aboli lorsque les animaux sont prtraits avec un antagoniste de la GnRH (Matsui et al, 2004 ; Gottsch et al, 2004) suggrant une action de la kisspeptine via les neurones GnRH. Cette hypothse a t confirme par la mise en vidence de rcepteurs GPR54 au niveau des neurones GnRH chez les mammifres (Messager et al, 2005) (Figure 6).
Au niveau hypophysaire, de rcents travaux ont montr que la kisspeptine et son rcepteur GPR54 taient exprim par les cellules de lÕhypophyse (Gutierrez-Pascual et al, 2007). De plus, des traitements par la kisspeptine sont capable dÕinduire in vitro lÕactivation des cellules gonadotropes et la libration de LH (rat : Gutierrez-Pascual et al, 2007 ; bovin et porc : Suzuki et al, 2008). Ces rsultats indiquent que la kisspeptine peut galement exercer un rle directement au niveau des cellules hypophysaires.
Chez les poissons tlostens, les donnes concernant le systme Kiss-1/GPR54 sont encore peu nombreuses. A ce jour, le rcepteur GPR54 a t clon chez quelques espces: le tilapia (Oreochromis niloticus : Parhar et al, 2004), le mulet (Mugil cephalus : Nocillado et al, 2007), le cobia (Rachycentron canadum : Mohamed et al, 2007), le poisson zbre (Danio rerio : Van Aerle et al, 2008) et chez Pimephales promelas (Filby et al, 2008) suggrant
rcepteur GPR54 au cours du processus pubertaire et de la maturation gonadique indiquent un possible rle du systme kiss-1/GPR54 dans le contrle de lÕaxe gonadotrope (mulet : Nocillado et al, 2007 ; cobia : Mohamed et al, 2007). Enfin, la kisspeptine a rcemment t
clone chez le poisson zbre (Van Aerle et al, 2008).
DÕautres facteurs crbraux sont capables de participer la rgulation de la production et/ou de la libration des hormones gonadotropes. On peut mentionner la noradrnaline (poisson rouge : Yu et Peter, 1992 ; truite arc-en-ciel : Saligaut et al, 1992 ; tambour brsilien : Khan et Thomas, 1992 ; poisson-chat : Senthilkumaran et Joy, 1996), le Ç pituitary adenylate cyclase-activating polypeptide È (pour revue Yaron et al, 2001) ou encore le neuropeptide Y (poisson rouge : Kah et al, 1989 ; truite arc-en-ciel et carpe: Breton et al, 1989, 1991).
4.2. Contrle priphrique
4.2.1. Rtrocontrles strodiens
Les gonadotropines, responsables de la synthse et la libration des strodes gonadiques, vont leur tour tre soumises des rtrocontrles strodiens.
Chez les mammifres, les premires donnes obtenues par des expriences de castration / supplmentation ont permis de rvler les rtrocontrles ngatifs exercs par les strodes sexuels. On peut en effet observer de fortes lvations des taux plasmatiques et des contenus hypophysaires en gonadotropines aprs castration. Cette raction est quasi compltement supprime lorsque les animaux castrs sont traits par des injections de strodes (pour revue : Gharib et al, 1990).
En revanche, certains moments du cycle, les strodes sexuels peuvent exercer des rtrocontrles positifs. Par exemple, chez la femme, o la dcharge ovulante (pic de LH) est induite par lÕaugmentation nette de lÕoestradiol (E2) plasmatique qui prcde.
Ces rtrocontrles, qui peuvent sÕexercer directement au niveau hypophysaire ou indirectement via lÕhypothalamus (Figure 7), ont t le sujet de multiples travaux qui ont permis de mettre en vidence des effets diffrentiels des strodes sur lÕexpression des messagers, la synthse et la libration de LH et FSH (Pour revue : Gharib et al, 1990 ; Counis,
1990 ; Burger et al, 2004). Par exemple, chez le rat, des modifications dans la transcription des sous-units des gonadotropines sont induites par les oestrognes comme par les andrognes. Concernant les sous-units ! et LH", les effets des strodes in vivo sont majoritairement inhibiteurs. En ce qui concerne la sous-unit FSH", le systme semble un peu plus complexe, la testostrone (T) nÕayant pas dÕeffet ou stimulant FSH§ et E2 ayant plutt un effet inhibiteur (pour revue : Gharib et al, 1990 ; Counis et Jutisz, 1991 ; Burger et al, 2004).
De plus, chez les mammifres, les sites et les modes dÕaction des strodes sexuels dans le contrle de lÕexpression des gonadotropines diffrent en fonction des espces (pour revue : Burger et al, 2004).
Figure 7 : Comparaison de lÕaxe gonadotrope chez les mammifres et les tlostens.
Chez les tlostens, les strodes sexuels exercent galement des actions positives et ngatives sur lÕexpression des gonadotropines (Figure 7). Celles-ci vont varier en fonction des espces et du moment du cycle. tant donn que la LH a longtemps t considre comme
tant la seule gonadotropine existant chez les poissons, la majorit des travaux raliss concernent les effets des strodes sexuels sur lÕexpression et la scrtion de la LH.
Nanmoins, la dcouverte de la FSH et la mise en place de nouveaux outils molculaires permettent aujourdÕhui dÕtudier la FSH.