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Université 3.0 : nouveaux enjeux, nouvelles échelles à l'ère du numérique

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Academic year: 2022

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Coll oque Annuel de l A Conféren C e de s pré sidents d ’ université le s AC te s 2015

Colloque Annuel de lA ConférenCe des présidents d’université

Université 3.0 :

noUveaUx enjeUx,

noUvelles échelles à l ’ère dU nUmériqUe

ACtes intéGrAuX

strAsbourG les 27, 28 et 29 mAi 2015

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Colloque Annuel de lA ConférenCe des présidents d’université

Université 3.0 :

noUveaUx enjeUx,

noUvelles échelles

à l ’ère dU nUmériqUe

strAsbourg les 27, 28 et 29 mAi 2015

ACtes intégrAuX

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StraSbourg leS 27, 28 et 29 mai 2015

SommaireS

OUVERTURE . . . .

5

OUVERTURE OFFICIELLE DU COLLOQUE . . . 6

PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU COLLOQUE INTERVENTION DE FRANçOIS GERmINET 18

LES ENJEUX SOCIÉTAUX DU NUmÉRIQUE . . . . 23

TABLES RONDEs et interventions . . . .

31

TAbLE RONDE 1 : NOUVEAUX PUbLICS, NOUVELLES PÉDAGOGIES, NOUVELLES FORmATIONS, NOUVEAUX mÉTIERS : COmmENT LE NUmÉRIQUE FAIT-IL ÉVOLUER LES mODÈLES TRADITIONNELS ? . . . . 32

TAbLE RONDE 2 : SCIENCE OUVERTE ET mÉGADONNÉES : LE NUmÉRIQUE, UN FACTEUR D’ACCÉLÉRATION DE LA CRÉATION ET DE LA VALORISATION DES SAVOIRS . . . . 45

TAbLE RONDE 3 : L’ESSOR DU NUmÉRIQUE ET LES DROITS FONDAmENTAUX : QUELS USAGES ET QUELLES bALISES ÉTHIQUES POUR NOS DONNÉES ? . . . . 58

INTERVENTION DE mADAmE NAJAT VALLAUD-bELKACEm . . . .70

TAbLE RONDE 4 : COmmENT L’UNIVERSITÉ ANTICIPE-T-ELLE LES mUTATIONS SOCIÉTALES INDUITES PAR LE NUmÉRIQUE ? . . . . 78

TAbLE RONDE 5 : QUELLE PLACE POUR L’UNIVERSITÉ DANS L’ÉCOSYSTÈmE DU NUmÉRIQUE ? STRATÉGIES UNIVERSITAIRES . . . .93

INTERVENTION GRAND TÉmOIN : LOUIS SCHwEITzER . . . . 105

restitution et conclusions . . . .

111

RESTITUTION DES TRAVAUX EN SÉANCE PLÉNIÈRE . . . .112

CONCLUSIONS ET PROPOSITIONS DE LA CPU . . . .118

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1

ouverture

OUVERTURE OFFICIELLE DU COLLOQUE PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU COLLOQUE LES ENJEUX SOCIÉTAUX DU NUMÉRIQUE

strAsbourg les 27, 28 et 29 mAi 2015

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1 Université 3.0 : noUveaUx enjeUx, noUvelles échelles à l’ère dU nUmériqUe strAsbourg les 27, 28 et 29 mAi 2015

ouverture offiCielle

du Colloque

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alain Beretz

PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ DE STRASBOURG Mes chers collègues, puisque tout le monde semble arrivé, je vous propose de prendre place . Je suis désolé du retard que nous avons, cela tient à des mesures de sécurité qui s’imposent et qui sont tout à fait légitimes . Bienvenue à toutes et à tous au Conseil de l’Europe . Tout en la remerciant pour son accueil, je vais tout de suite passer la parole à Madame Gabriella Battaini-Dragoni, secrétaire générale adjointe du Conseil de l’Europe .

Gabriella Battaini-dragoni SECRÉTAIRE GÉNÉRALE ADJOINTE DU CONSEIL DE L’EUROPE

Messieurs les Présidents, Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs, je me réjouis réellement de pouvoir vous accueillir au palais de l’Europe, pour l’ouverture du colloque sur les enjeux sociétaux du numérique . Alors, bienvenue dans notre maison . Je suis désolée si vous avez eu quelques difficultés pour entrer dans le palais tous ensemble, mais les mesures de sécurité nous y obligent .

En l’espace de 20 ans, le numérique est devenu incontournable : il a intégré la vie quotidienne de la grande majorité des citoyens . Un rapport publié en mai par l’Union internationale des télécommunications (UIT) indique que le nombre d’internautes dans le monde atteindra 3,2 milliards de personnes en 2015, alors que la population mondiale est aujourd’hui de 7,2 milliards .

Nous sommes face à un véritable défi, d’autant que la société du numérique entraîne une profonde mutation de nos sociétés traditionnelles . Ce colloque sera une occasion particulièrement intéressante de débattre de cette révolution technologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité, et notamment de son impact sur les droits fondamentaux, tels que la liberté d’expression, le droit à la vie privée et la protection des données .

Le Conseil de l’Europe joue un rôle actif, depuis plusieurs années, dans les questions liées à l’évolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) . Nous avons notamment développé le droit international en adoptant, en 2001, la Convention sur la cybercriminalité afin d’aider les États à combattre ce fléau et, en 2007, la Convention sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels, y compris sur Internet . Et nous révisons la Convention pour la protection des données à caractère personnel de 1981, afin de prendre en compte les développements technologiques . À cela s’ajoute l’élaboration des lignes directrices d’outils pratiques et de possibilités de coopération pour aider les gouvernements, le secteur privé et la société civile à protéger et respecter les droits de l’homme, l’état de droit et la démocratie sur Internet . Le Conseil de l’Europe contribue également à développer l’éducation à la citoyenneté numérique . La plupart des jeunes Européens sont aujourd’hui des natifs du numérique . Il est donc essentiel qu’ils puissent acquérir, par l’éducation, les normes d’un comportement approprié et responsable concernant l’utilisation des technologies et la participation à la vie numérique . Les valeurs fondamentales de l’éducation à la citoyenneté démocratique restent bien entendu la base et la

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ouverture offiCielle

du Colloque

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référence pour la citoyenneté numérique . Mais cette dernière ouvre une nouvelle dimension de la citoyenneté, centrée sur les possibilités d’apprentissage, les besoins des étudiants et les modalités d’enseignement, pour leur apprendre à travailler, vivre et partager dans des environnements numériques de manière positive . Les questions de citoyenneté numérique concernent tous les niveaux d’enseignement, depuis le primaire jusqu’à l’enseignement supérieur . En relation avec ce dernier, il est utile de souligner le rôle essentiel des universités – notamment dans la préparation des futures générations d’enseignants, qui seront appelés à faire face aux défis de l’environnement numérique de manière constante – et la contribution des établissements d’enseignement supérieur à la recherche sur les effets de l’environnement numérique sur les processus d’apprentissage, ainsi que sur les questions éthiques et légales .

De nombreux pays sont en train de passer de politiques de sécurité et de protection à des politiques d’autonomisation visant à garantir, pour tous les enfants, une participation active, pleine et entière à la société numérique . Ces politiques doivent définir les nouvelles responsabilités du secteur de l’éducation, de ses principaux acteurs, y compris les élèves, en ce qui concerne l’utilisation des nouvelles technologies et ressources, et leur dimension éducative . Mais ils doivent aussi redéfinir le concept de citoyenneté démocratique proprement dit, en introduisant de nouvelles perspectives qui tiennent compte de l’interconnexion globale des communautés .

Au Conseil de l’Europe, nous avons d’abord défini et établi le cadre normatif nécessaire pour protéger les enfants à l’ère numérique, avec l’appui de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, en particulier dans le contexte du droit au respect de la vie privée et familiale (article 8 de la Convention), et de la liberté d’expression (article 10) . Mais les stratégies en cours d’élaboration pour les droits de l’enfant et pour la gouvernance de l’Internet vont clairement dans le sens de l’autonomisation .

En 2016, nous lancerons un nouveau projet sur l’éducation à la citoyenneté numérique . Ce projet aura pour objectif d’aider les États membres à prendre les mesures nécessaires pour passer de l’éducation aux médias et à l’Internet, à l’éducation numérique . Il consistera en une analyse du concept de « citoyenneté numérique » dans les structures scolaires, ainsi qu’en Alain Beretz

Gabriella Battaini-Dragoni

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une cartographie des responsabilités administratives et juridiques des chefs d’établissement, enseignants, élèves et parents . Ce projet permettra la promotion et le partage des bonnes pratiques pour l’acquisition des compétences citoyennes numériques par les élèves, et par les enseignants, et la définition d’un ensemble de descripteurs des compétences requises pour la citoyenneté numérique et l’intégration de ce type de descripteurs dans les programmes actuels d’éducation à la citoyenneté .

Enfin, ce nouveau projet aidera les instances scolaires à faire face aux défis auxquels elles sont confrontées aujourd’hui : cyberbrimades, y compris cybermisogynie ; cyberharcèlement d’enseignants ; respect de la vie privée ; textopornographie ou sexting (textos dont le contenu est sexuellement explicite) ; addiction numérique ; relations élèves/enseignants via les réseaux sociaux de type Facebook ou autres ; établissements scolaires et sécurité de l’Internet ; liberté d’expression en ligne ; droits humains des élèves dans les dispositifs numériques . Cette liste, un peu longue, vous donne la mesure de la richesse de ce projet qui commencera donc en 2016 .

Vous le voyez, le Conseil de l’Europe est bien placé, de par sa dimension paneuropéenne, pour développer non seulement des instruments juridiques, mais également de nouvelles orientations et approches concernant les défis à relever par la société en matière d’éducation numérique .

Messieurs les Présidents, Monsieur le Recteur, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de vous souhaiter des débats fructueux, ici, dans notre belle maison des droits de l’homme . Je pense que vous trouverez l’inspiration nécessaire . Mes collègues et moi-même, qui travaillons sur ces questions, ne manquerons pas de suivre avec le plus vif intérêt les résultats de vos travaux . Merci de votre attention .

alain Beretz

Madame la Secrétaire générale adjointe, merci beaucoup pour votre intervention . Je pense que c’est important aussi pour nos collègues de se rendre compte de l’intérêt du Conseil de l’Europe, que l’on ne connaît pas très bien en dehors de Strasbourg et c’est fort dommage . Les travaux du Conseil de l’Europe sont en effet très précieux dans le domaine des droits de

l’homme, mais aussi dans celui de la formation et de la recherche .

J’ai maintenant le grand plaisir de passer la parole à Robert Herrmann, président de l’Eurométropole de Strasbourg .

robert herrmann

PRÉSIDENT DE STRASBOURG EUROMÉTROPOLE Madame la Secrétaire générale adjointe, Monsieur le Président de la Conférence des présidents d’université (CPU), Monsieur le Président de l’université de Strasbourg, Monsieur le Recteur d’académie et Chancelier des universités, cher Jacques-Pierre, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de vous remercier d’avoir choisi Strasbourg pour organiser ce colloque de la CPU, et de vous dire la joie sincère qui est la nôtre de vous accueillir pour ces deux jours de débats, consacrés à l’université et à ses nouveaux enjeux, notamment ceux de la transition numérique .

J’imagine volontiers que chaque maire ou président de métropole qui vous accueille insiste forcément sur la place unique et importante qu’occupe l’université dans sa commune . Je me plierai donc à cet exercice, mais, si je le fais, c’est justement parce que, à Strasbourg, dans la métropole, l’université occupe une place véritablement à part, une place déterminante, et je dirais même plus, une place stratégique et structurante dans le développement du territoire .

C’est d’abord le fruit de l’histoire . Depuis le Moyen Âge, le développement de l’université a accompagné le développement urbain de Strasbourg et de son agglomération . Cela a commencé à proximité de l’actuel hôpital civil du centre-ville, avec l’ancienne faculté de médecine, puis la construction du campus de l’esplanade a accompagné le développement de la ville vers l’est – au cours des années 70 –, enfin la création du campus du CNRS a suivi le développement de la ville vers l’ouest, dans le quartier de Cronenbourg .

Aujourd’hui, l’Eurométropole, en lien avec la ville de Strasbourg, poursuit ce dialogue et ce partenariat, entretenus au fil des siècles entre l’université et les autorités politiques locales, en faveur du développement de l’université, notamment à travers la mise en œuvre du Plan campus, opération urbaine par excellence, puisqu’elle a permis le réaménagement et

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la redynamisation de la place centrale du campus, pour en faire un campus vert et ouvert . Il était jusqu’alors considéré comme peu accueillant, fermé sur le reste de la ville . Je vous invite, si vous en avez l’occasion, à faire la visite de ce très bel espace, belle place désormais réaménagée sous la forme d’un parc urbain tout particulièrement accueillant .

Au-delà de la dimension essentielle de l’Eurométropole dans le développement urbain, l’université est un acteur déterminant dans la stratégie de développement économique que je mène conjointement avec une vice- présidente de grand talent, que vous connaissez, que vous aviez invitée auprès de vous, qui est Catherine Trautmann . Comme les autres grandes métropoles françaises, Strasbourg est confrontée aux nouveaux enjeux de la mondialisation . Je suis convaincu que les territoires qui sortiront renforcés de cette période historique particulière sont ceux qui auront su créer des alliances, basées sur des stratégies partagées . C’est ce que nous avons fait avec l’université, mais aussi avec les autres collectivités, avec les chambres consulaires, avec l’État, bref, avec l’ensemble des acteurs du territoire . Nous avons travaillé ensemble pour développer une stratégie qui ne soit pas celle d’une collectivité appliquée à un territoire, mais qui soit la stratégie de tout un territoire, partagée par l’ensemble des collectivités et des acteurs . Cela s’est notamment traduit par la capacité que nous avons eue, collectivement, à aller chercher les investissements auprès du contrat de plan État-Région (CPER), du contrat triennal « Strasbourg, capitale européenne », mais aussi dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA), où l’Alsace – et plus particulièrement Strasbourg – a pu attirer plus de 1 milliard d’euros d’investissements .

Cela nous a permis d’engager des projets concrets qui profitent aujourd’hui – et qui profiteront demain – à l’ensemble du territoire . En l’espace de moins d’un an, nous avons posé la première pierre de l’usine-école EASE (European Aseptic and Sterile Environment), de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) près du centre- ville, et, tout récemment, du CRBS (Centre de recherche en biomédecine de Strasbourg) . Aujourd’hui, l’université est pour nous une priorité, à cause du rôle déterminant qu’elle joue dans la formation, par sa capacité à préparer l’avenir à travers des programmes menés par ses chercheurs . C’est aussi un acteur fondamental en faveur de l’attractivité et du développement économique du territoire . En effet, avec trois prix Nobel en exercice,

plus de 50 000 étudiants accueillis chaque année, dont 10 000 étudiants étrangers, la 97e place au classement de Shanghai, qui fait de l’université de Strasbourg la première université française hors de Paris, le projet de campus européen porté par le président Alain Beretz et son équipe, repris par le président de la République, l’implication des entreprises dans le projet de développement économique comme dans le projet French Tech, pour lequel nous attendons la labellisation très prochainement, ou encore la création du Campus des technologies médicales, l’université joue, vous l’aurez compris, un rôle majeur, pour permettre à notre métropole d’être un territoire toujours plus attractif, plus compétitif . Il faut y voir une dynamique et un élan uniques qu’il nous faut faciliter et accompagner . Mesdames et Messieurs, je voudrais conclure mon propos en témoignant de la capacité qui est la nôtre en Alsace à savoir nous allier entre collectivités en particulier, mais aussi avec l’ensemble des acteurs, au- delà des divergences et des opinions politiques . Pour nous, l’université fait partie de ce socle qui assure le développement du territoire et je suis convaincu qu’elle doit occuper une place essentielle dans la stratégie de compétitivité et de redressement économique engagée par notre pays . Il n’existera pas de sortie de crise durable sans un investissement massif dans ce qui fait l’avenir du pays, je veux parler de sa jeunesse et de sa recherche, en un mot, de l’université . Je vous souhaite de très belles journées d’étude à Strasbourg, en espérant que vous aurez malgré tout un peu de temps pour visiter notre ville . Merci de votre attention .

alain Beretz

Merci Monsieur le Président, cher Robert, pour ces mots . Je vous signale que l’on est la seule ville qui met des affiches disant : « Strasbourg aime ses étudiants » . Je crois que ça, c’est un des exemples de la bonne relation que nous entretenons avec notre ville . J’ai maintenant le grand plaisir de passer la parole à Jacques-Pierre Gougeon, recteur de l’académie de Strasbourg et chancelier des universités d’Alsace .

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ouverture

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jacques-Pierre Gougeon

RECTEUR DE L’ACADÉMIE DE STRASBOURG, CHANCELIER DES UNIVERSITÉS D’ALSACE

Madame la Secrétaire générale adjointe du Conseil de l’Europe, Monsieur le Président de l’Eurométropole de Strasbourg, Monsieur le Président de la CPU, Monsieur le Président de l’université de Strasbourg, cher Alain Beretz, Mesdames et Messieurs les Présidents d’université, Mesdames et Messieurs, en tant que recteur de l’académie de Strasbourg, c’est avec grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue . Cela me donne aussi l’occasion de remercier la secrétaire générale adjointe du Conseil de l’Europe d’être ici ce soir et de mettre souvent à disposition ces très beaux locaux pour des réunions universitaires et culturelles .

C’est déjà en soi un signe fort à l’égard de l’histoire, car nous sommes ici dans l’espace rhénan, où de grandes universités ont marqué très tôt l’identité européenne – pensons à des lieux comme Heidelberg ou Fribourg . Ici plus qu’ailleurs, on mesure combien le champ du savoir est d’abord européen . Le titre de recteur comporte la belle appellation de « chancelier des universités » . Cela implique, dans le respect de l’autonomie des universités, un intérêt particulier du recteur pour la réalité universitaire, tant elle est liée à des enjeux majeurs pour notre société : la formation, la recherche, le rayonnement scientifique et – sans doute est-ce le plus beau, et il nous est commun – l’avenir de la jeunesse . À propos de l’école, Gambetta avait la belle formule : « C’est le séminaire de l’avenir. » Je trouve qu’elle sied également parfaitement à l’université .

J’ai d’autant plus de plaisir à vous saluer que nous sommes ici réunis sur une terre dont l’histoire est marquée par l’innovation . On pense bien sûr à de grands savants, comme Pasteur, qui a séjourné à l’université de Strasbourg, sans oublier les trois prix Nobel d’aujourd’hui (Jean-Marie Lehn, prix Nobel de chimie en 1987 ; Jules Hoffmann, prix Nobel de médecine en 2011 ; Martin Karplus, prix Nobel de chimie en 2013), avec lesquels j’ai eu personnellement plaisir à échanger, sur le rayonnement scientifique de la France, la situation de la recherche et l’avenir de la jeunesse . On ne saurait non plus oublier que la première chaire de chimie appliquée à l’industrie du textile a été fondée à Mulhouse en 1822, posant là les jalons de ce que l’on appelle aujourd’hui communément la « recherche appliquée » . Bref, vous l’aurez compris, nous sommes sur une terre de découvertes .

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La thématique qui oriente vos travaux dans ce colloque porte autour de l’université 3 .0, sujet stratégique, sur lequel nous aurions beaucoup de choses à dire . Pour ma part, permettez-moi de vous faire partager quelques points d’ancrage, des priorités académiques, que je développe pour le supérieur avec l’enseignement supérieur, tant, à mes yeux, l’ensemble de la chaîne éducative constitue un tout . L’innovation, la recherche, l’enseignement, voilà trois clés qui font consensus pour faire réussir la France dans la révolution intellectuelle globale du XXIe siècle . Au regard d’une telle problématique, la terre d’Alsace qui vous accueille peut proposer une double expertise puisée aux sources de son ancrage historique et géographique .

J’ai souhaité engager mon action comme recteur d’académie autour de quatre thématiques que nous pouvons partager avec le monde universitaire :

– l’innovation pédagogique pour lutter contre l’échec scolaire qui se poursuit, on le sait, jusque dans les premières années du post-bac, notamment à l’université ;

– la valorisation des formations efficaces en matière d’insertion professionnelle, c’est aussi un enjeu que relèvent les universités ;

– le développement de l’apprentissage des langues vivantes ;

– l’accès réussi des élèves au post-bac, notamment des élèves de toutes conditions .

Je porte ainsi une attention toute particulière à la continuité des parcours de formation de nos élèves et étudiants de bac -3 à bac +3, du lycée à la licence en quelque sorte . Nous avons récemment signé, à l’université d’Alsace, des conventions favorisant concrètement cette continuité dans les domaines littéraires et numériques . Cela allège la relation que le secondaire et le supérieur doivent nouer au quotidien . Je garde également en mémoire de bons moments vécus cette fois avec le président de l’université de Strasbourg : la visite de lycéens initiés par de jeunes doctorants à la manipulation scientifique, dans le cadre de l’opération OpenLab (ouverture pédagogique et novatrice des laboratoires), et l’accueil de lycéens à la faculté des sciences économiques, lycéens que j’étais venu accueillir avec le doyen de cette faculté . La poursuite d’études réussie dans l’enseignement supérieur passe également par le travail des services d’information et d’orientation, pour faire découvrir aux jeunes et à leurs familles la diversité des parcours

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d’excellence qui se présentent à eux . La découverte des métiers et du monde professionnel est d’ores et déjà expérimentée dans l’académie . De même, je l’ai illustré précédemment, les manifestations sont nombreuses pour faire découvrir les universités et leurs offres de formation, et nous y sommes présents, là aussi, aux côtés des établissements de l’enseignement supérieur . J’évoquerai évidemment, et c’est un enjeu essentiel, l’école supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) de l’académie de Strasbourg . Là encore, c’est une illustration du travail partenarial que nous menons, puisque c’est ensemble que nous formons les enseignants d’aujourd’hui et de demain, en veillant en commun à la qualité de leur formation – initiale et continue, car les deux sont intimement liées – et en souhaitant l’ancrer tant dans les pratiques pédagogiques que dans les recherches les plus avancées .

Concernant plus particulièrement le numérique, les atouts de l’université française – on le sait – sont nombreux : capital humain de rang mondial, recherche de pointe, développement de nouvelles pratiques . . . Ils vont, là encore, j’en suis sûr, s’articuler avec la mise en place du Plan pour le numérique à l’école, qui bénéficiera aux élèves et aux pédagogues . Le pédagogue et le numérique sont intimement liés . Et en interrogeant les jeunes enseignants qui sortent de l’ESPE, on voit à quel point cette préoccupation est essentielle chez eux . Le numérique nous ouvre ainsi une formidable occasion, comme pour l’université, de conquérir de nouveaux territoires, dans une logique qui devrait à mon sens s’orienter vers deux directions :

– l’échelon de proximité (cette académie est essentiellement urbaine, avec entre autres deux grandes métropoles, mais il y a aussi des territoires de ruralité, et le numérique est un moyen d’accéder davantage à ces territoires que l’Éducation nationale ne saurait oublier) ; – les bassins de vie de l’intérieur (pour beaucoup de chefs d’établissements, l’accès au numérique est une ouverture vers la métropole et le moyen d’accéder à des savoirs qui étaient jusqu’ici plus difficiles à acquérir) . Le numérique est aussi une opportunité pour faire accéder le plus grand nombre à l’émancipation . Il porte ainsi les espoirs de l’accomplissement des missions de l’université : élever le niveau général de connaissances et de qualification de la population par la formation initiale et continue, promouvoir l’égalité des chances, favoriser l’insertion professionnelle, la recherche scientifique et technologique, et diffuser ces

résultats, notamment à destination du monde socio- économique, pour que celui-ci puisse s’emparer des innovations, prendre sa part dans la construction de l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui demeure aujourd’hui encore indéfini . En tant que recteur de l’académie, j’ai l’occasion de rencontrer des chefs d’entreprise de la région . À chaque fois, je leur demande leur avis sur l’appareil de formation, sur toute la chaîne aussi : le primaire, le collège, le lycée et l’enseignement supérieur . Et je mesure combien ils sont attentifs à chaque étape . Dans leur esprit, cela fait un tout .

Dans cette académie, au cœur de l’Europe, à la confluence des cultures françaises, allemandes et suisses, cela prend un sens tout particulier, car nous avons l’opportunité de voir comment nos voisins travaillent . Je suis récemment allé à l’université de Bâle, de Fribourg, de Karlsruhe et j’ai pu discuter avec les responsables . Il nous est donné de mesurer ce que font les autres et, éventuellement, de nous en inspirer . Là encore, vous l’aurez compris, Mesdames et Messieurs les Présidents, un défi commun nous attend : l’éducation et la formation du citoyen européen de demain . Je vous souhaite, en cette belle capitale, d’excellents travaux . Merci .

alain Beretz

Merci, Monsieur le Recteur, à mon tour de vous adresser quelques mots de bienvenue . Je vais m’associer aux salutations qui ont déjà été faites avec brio, ça nous permettra d’entrer tout de suite dans le vif du sujet . Et puis je voulais simplement vous dire à quel point nous sommes heureux et fiers de vous accueillir ici .

Alors on pourrait se demander pourquoi le colloque de la CPU se tient cette année à Strasbourg . Mais je pense que Robert Herrmann a déjà donné tous les éléments publicitaires pour notre ville et notre université . Je n’ai donc plus grand-chose à dire . Mais c’était un des arguments . J’en ai peut-être deux autres : parce que Strasbourg est la ville de naissance de l’imprimerie, et parce que c’est une des capitales européennes .

Je vais essayer de vous expliquer comment mon esprit tordu est arrivé à dire qu’un rapport existait entre l’université 3 .0, l’imprimerie et l’Europe . Ces trois éléments sont très voisins, plus qu’il n’y paraît, et nous permettent une réflexion que j’espère globale et qui correspondra, j’en suis sûr, à la réflexion que nous

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ouverture

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aurons pendant ces deux jours . Vous le savez, c’est apparemment à Strasbourg – parce qu’il reste quelques doutes – que Gutenberg a conçu son invention . Une place porte son nom, avec une statue qui le représente avec sa presse à imprimer . À l’époque, d’ailleurs, cette entreprise qui était assez secrète semblait porter un nom qui pourrait nous inspirer, puisqu’elle s’appelait

« Aventure et Art » . C’est peut-être aussi notre aventure actuellement, je crois que c’est même une bonne manière de décrire une bonne partie des objectifs de l’université .

Soyons honnêtes aussi, ce n’est pas à Strasbourg qu’il a concrétisé son entreprise, puisque s’il a découvert l’imprimerie à Strasbourg, il l’a finalement mise en œuvre dans sa ville natale, Mayence . C’est un premier clin d’œil et nous devons y réfléchir . Je m’adresse en particulier à Robert, qui a parlé tout à l’heure de développement économique . Rien de nouveau sous le soleil, il me semble . Nous concevons des choses en France, nous en faisons le développement économique ailleurs . C’est la fuite classique des cerveaux . Aujourd’hui, dans le numérique, nos meilleurs inventeurs, nos meilleurs programmeurs et nos meilleurs développeurs vont dans la Silicon Valley . En 1444, un grand inventeur avait déjà choisi Mayence…

C’est peut-être déjà un point dans la relation entre le développement du numérique et son rôle économique qui a été souligné . Pensons aussi à essayer de le développer ici, cela pourra sans doute nous aider un peu . Comment Gutenberg a-t-il eu l’idée de l’imprimerie à Strasbourg ? La légende – disons que c’est la légende, mais ce doit être vrai – serait que c’est en voyant fonctionner un pressoir à vin . Vous savez que le pressoir à vin lui a donné l’idée de la presse à vis qui fait partie de ses innovations technologiques majeures . Cela lui a permis de concevoir un procédé d’impression qui permettait de produire 180 Bibles en l’espace de trois ans, alors qu’un moine prenait trois ans pour n’en recopier qu’une seule .

Nous n’allons pas vous montrer un pressoir, mais nous aurons l’occasion de nous confronter aux vins d’Alsace demain soir . J’espère que cette dégustation vous donnera la même inventivité et vous permettra aussi d’aller vers un rapport final, Monsieur le Président, qui sera au même niveau de qualité que ce que Gutenberg a pu produire .

Pour revenir peut-être à un peu plus de sérieux, l’imprimerie est comme le numérique . Il s’agit d’abord de technologies innovantes . L’imprimerie n’était pas

qu’une idée, il a fallu inventer des technologies, inventer les caractères métalliques adaptés à cette nouvelle technologie, avec une consistance particulière . Il a aussi fallu la presse à vis et des encres totalement différentes des encres que l’on utilisait avec la plume, beaucoup plus grasses et rémanentes . Il fallait donc de la technique . Ensuite, à part la technique, cette invention a aussi été une double révolution : une révolution commerciale, bien sûr, j’en ai déjà parlé, mais surtout une révolution culturelle, même si le terme n’est pas exactement le bon . Le livre est devenu public, il s’est diffusé dans les villes commerçantes, dans les villes universitaires . Les ateliers d’imprimerie se sont multipliés . Le nombre de livres a augmenté, et ce, dans toute l’Europe, principalement en Italie et aux Pays-Bas, les pays de circulation des idées et des personnes .

C’est donc une véritable révolution culturelle et politique, puisqu’avec la nouvelle technologie de l’imprimerie, le savoir n’est plus réservé aux clercs . Se développent alors l’accès à la connaissance, le partage des idées, l’esprit critique et avec lui l’humanisme, l’humanisme rhénan qui est ici au cœur de notre histoire et de nos convictions .

Mon discours semble un peu facile, mais si vous remplacez les arguments de l’imprimerie par les arguments du numérique, nous allons retrouver peu ou prou les mêmes éléments, les mêmes idées, les mêmes défis, les mêmes conséquences sociales .

Je voudrais insister sur quelques points . Pour faire du numérique, d’abord il faut de la recherche . Nous sommes dans des universités, il ne faut pas tomber dans le panneau de la « toute technologie » . Il nous faut de la recherche, une recherche de base, une recherche que l’on a tort d’appeler « fondamentale », mais ainsi on comprendra de quoi on parle . Les grands outils du numérique n’ont pas été développés pour faire du numérique . Le laser, le CD, qui sont aujourd’hui par exemple des technologies de base du numérique, n’ont pas été développés pour reproduire de la musique . Ils ont été développés comme des avancées de la physique . Je crois que nous, universitaires, nous devons le rappeler . Nous sommes là pour développer des applications, à condition que l’on nous laisse faire de la recherche fondamentale, y compris à l’ère du numérique, cela me paraît absolument essentiel .

Ensuite, d’une technologie, nous avons fait un outil, cela a déjà été dit par Madame la Secrétaire générale, mais un outil de formation, un outil de connaissance .

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Comme pour l’imprimerie, ce nouvel outil dont nous allons abondamment débattre nous montre bien que les conséquences de la révolution numérique de l’université 3 .0 ne sont pas que techniques . Elles sont culturelles, elles sont sociologiques, elles sont éminemment politiques .

Ce n’est pas un hasard si le bâtiment Atrium, que vous avez peut-être fréquenté, s’appelle le « Centre de culture numérique » . Je crois que cela montre bien que le numérique n’est pas qu’un outil, cela développe une culture globale pour nous-mêmes, universitaires, mais aussi pour toute notre société .

La seconde analogie un peu artificielle que je voulais faire est avec l’Europe, bien sûr, et je suis ravi de le faire ici . L’imprimerie s’est développée, comme je vous l’ai dit, sur un axe nord-sud européen, de l’Italie aux Pays-Bas . Vous savez qu’aux portes de Strasbourg coule le Rhin, un fleuve symbolique à bien des égards . Je garderai simplement le symbolisme de la circulation des idées – et non pas le symbolisme guerrier ou défensif . Ce Rhin qui a permis à Gutenberg de voyager de Mayence à Strasbourg et de retourner à Mayence, mais qui a aussi permis à un nom éminemment connu dans le milieu, Érasme, de diffuser la connaissance dans toute l’Europe . Ce n’est pas pour rien que, aujourd’hui, son nom est donné à un des plus beaux outils de l’Union européenne : le programme Erasmus . C’est ce Rhin historique qui nous montre une voie de construction d’une université qu’il faut vouloir authentiquement européenne .

Je le dis, c’est peut-être très strasbourgeois comme discours, on adjoint souvent « européen » à un certain nombre de nos actions, comme un adjectif, pas toujours assez réfléchi . Il me semble que l’Europe ne peut pas être qu’un adjectif . L’Europe est un mode de pensée, l’Europe est une conviction, l’Europe est un objectif . Je voudrais souligner à nouveau le rôle important du Conseil de l’Europe . Nous ne parlerons pas du Parlement aujourd’hui . Un point important, le Conseil de l’Europe – ce n’est pas que de l’anecdote – a été fondé en 1948, au sortir de la guerre, avec une volonté de sortir par le haut des affrontements entre les peuples . Il a été fondé dans un lieu que vous fréquenterez demain soir, qui est l’aula du palais universitaire . C’est là qu’a eu lieu la session inaugurale . Ce n’est pas un hasard . Nous en avons beaucoup parlé, Madame la Secrétaire générale adjointe nous a fait l’honneur de venir à une cérémonie l’an dernier à ce sujet . Elle a un tableau dans son bureau

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Jacques-Pierre Gougeon

Jean-Loup Salzmann

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jean-loup salzmann PRÉSIDENT DE LA CPU,

PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ PARIS 13

Si j’y arrive, vu mon extinction de voix ! Madame la Sénatrice, je l’ai vue arriver, au moins je vais pouvoir refaire les salutations protocolaires . Madame la Secrétaire générale adjointe du Conseil de l’Europe, d’abord, merci de nous accueillir ici, et surtout, merci pour votre magnifique exposé introductif sur la citoyenneté numérique qui, je l’espère – je voyais François derrière qui prenait des notes –, pourra servir à alimenter nos débats .

Monsieur le Président de l’Eurométropole de Strasbourg, vos paroles ont fait couler du miel dans nos oreilles, à nous, présidents d’université . Quelle satisfaction de voir à quel point les collectivités territoriales peuvent valoriser la présence des universités et d’entendre vos dernières paroles sur l’investissement nécessaire de l’État et des collectivités territoriales pour le développement de la jeunesse . Je regrette juste que l’ensemble du gouvernement ne vous ait pas entendu, mais je ne manquerai pas d’en parler demain, quand j’accueillerai Madame la Ministre .

Monsieur le Recteur de l’académie de Strasbourg, Chancelier des universités d’Alsace, merci pour toutes vos paroles d’encouragement et surtout d’avoir bien montré le continuum bac -3/bac +3 (issu de l’un des colloques de la CPU, à Toulouse si je me souviens bien) et d’avoir insisté sur le rôle des ESPE . J’espère que François en tirera la substantifique moelle lors de nos conclusions .

Monsieur le Président de l’université de Strasbourg, cher Alain – il faut dire que sont présents l’actuel président de l’université de Strasbourg et quatre anciens présidents, ce qui montre à quel point cette université est importante pour la CPU – donc cher Alain, merci d’avoir fait acte de candidature, de nous avoir convaincus et d’avoir gagné . Nous pouvons ainsi faire ce colloque dans des lieux magnifiques, dans un environnement somptueux qui nous donne envie d’être présidents d’universités unifiées dans une capitale aussi accueillante .

Messieurs les Présidents, Mesdames les Présidentes, chers collègues, chers amis, Mesdames et Messieurs, il y a bien longtemps que la CPU ne s’était pas rendue à Strasbourg et nous le faisons avec grand plaisir . J’en profite donc, sans attendre la fin du colloque, pour qui représente ce moment dans le palais universitaire .

C’est pour cela que je tenais vraiment symboliquement à remercier à la fois Monsieur le Secrétaire général, M . Jagland, qui ne peut pas être avec nous, mais je sais qu’il soutient fortement aussi notre travail, et bien sûr Madame la Secrétaire générale adjointe, pour venir à nouveau manifester son attachement à l’ensemble des sujets académiques qui nous concernent .

Mesdames et Messieurs, je crois qu’en ouvrant collectivement ce colloque ici et non à l’université, nous voulons aussi affirmer que l’université est un des plus beaux instruments de la construction d’une Europe citoyenne . C’est aussi – et cela a été cité tout à l’heure par Monsieur le Recteur – l’idée de ce campus européen, que le président de la République a reprise, qui n’est pas juste un gadget administratif . C’est bien l’idée que nos voisins – nos universités voisines – sont d’abord Karlsruhe, Fribourg, Bâle et Mulhouse, c’est-à-dire trois pays dans un périmètre d’environ 1 h 30 de transport . C’est un défi pour nous, mais aussi une opportunité . Madame la Secrétaire générale adjointe, c’est un défi pour nous – et je pense pour tous les autres qui n’ont peut-être pas la chance d’avoir des frontières aussi poreuses à proximité – de considérer aujourd’hui que les objectifs et les engagements du Conseil de l’Europe pour l’éducation, les objectifs et les engagements du Conseil de l’Europe pour les droits de l’homme et pour la diffusion de la connaissance, nous devons, nous pouvons les partager .

En effet, comme l’imprimerie, le numérique éloigne les frontières, il lève les barrières de la diffusion de la connaissance et nous devons donc collectivement en faire un outil de construction et de paix au niveau européen .

Merci donc, encore une fois, chers collègues, chers amis, cher Président, d’avoir choisi Strasbourg pour réfléchir ensemble à ce que doit être demain une université numérique, mais aussi une université citoyenne et européenne . Je vous souhaite, je nous souhaite surtout, un très beau colloque .

J’ai le plaisir d’inviter en conclusion notre vénéré Président à s’adresser à vous .

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remercier dès à présent les équipes de Strasbourg et de la CPU qui ont rendu ce colloque possible : François Germinet, Christine Crespy, qui a vraiment assuré la continuité de ce colloque, Stéphane Amiard, Jean-Yves Pabst, Tania Martins Vieira, Claudine Wernert, Sihame Azzouzi et bien entendu Johanne et Denis, sans qui rien ne serait possible . Nous avons pu mesurer et apprécier leur investissement au cours de ces derniers mois . Enfin, je salue nos partenaires fidèles, qui accompagnaient cette année encore notre réflexion collective : la Caisse des dépôts et consignations, la MGEN, la MAIF et les Banques populaires, ainsi que la trentaine d’entreprises – et c’est une originalité – qui seront présentes demain au Village numérique pour nous présenter leurs innovations . Je vous conseille tous d’aller y faire un tour, parce qu’il y aura des choses assez exceptionnelles .

Je remercie donc à nouveau le Conseil de l’Europe de nous accueillir pour cette soirée d’ouverture officielle du colloque annuel de la CPU . Être ici ce soir a du sens pour les universitaires que nous sommes tous . Le Conseil de l’Europe a un rôle éminent en matière de défense des droits de l’homme en Europe, en matière de culture et d’enseignement . Les valeurs qui l’animent sont des valeurs dans lesquelles nous nous retrouvons tous, en tant qu’universitaires . Nous l’avons rappelé, lorsque nous avons été frappés par les attentats contre Charlie Hebdo, puis contre le musée du Bardo à Tunis et ensuite à l’université de Garissa au Kenya : les droits de l’homme, le respect de l’autre, le respect du savoir en construction dans nos établissements sont des principes sur lesquels nous ne saurions transiger .

Nous avons décidé d’organiser, à la suite de ces événements tragiques, des actions afin de montrer la place que doit avoir l’université dans la société et l’éclairage et la distance que doit fournir la science . Une de ces actions a été la tenue d’un premier colloque scientifique présentant des résultats de la recherche sur l’intégrisme, le terrorisme et la radicalisation, en collaboration avec Athéna (alliance nationale des sciences humaines et sociales) et le CNRS . Il s’agissait d’une première occurrence et nous sommes fermement décidés à continuer à mettre en valeur et à défendre l’autonomie de nos établissements, de nos chercheurs et des libertés universitaires .

Pourquoi parler de libertés universitaires quand on parle de numérique ? Je vous en avais parlé tout à fait clairement, Madame la Secrétaire générale adjointe .

Sans doute parce que le numérique nous amène à nous réinventer dans nos activités d’enseignants, de chercheurs, de citoyens . Parfois vu comme une menace ou la mise à bas d’un ordre établi, le numérique est au contraire une formidable source de progrès pour nos sociétés et, comme pour toute source de progrès, il est naturel que l’université soit au cœur de ces transformations .

L’université est le réceptacle du savoir, le lieu de production et de diffusion des connaissances . Ces activités, inscrites dans le temps long, semblent de prime abord peu compatibles avec le zapping qui est induit par le numérique . Comment en réinventer la pensée et la concentration à l’ère du numérique ? Quel rôle les enseignants peuvent-ils jouer pour orienter les étudiants vers les savoirs, avec la distance et l’esprit critique qui feront d’eux des citoyens responsables, sans forcément aller jusqu’à en faire des enseignants- chercheurs, mais des citoyens et des personnes aptes à entrer dans la société et à être des acteurs majeurs ? Stephen Hawking a récemment publié une tribune dans laquelle il affirme que l’intelligence artificielle sera peut-être la plus grande création de l’homme, mais pourrait aussi être la dernière . Avec tout le respect que j’ai pour ce grand physicien, je crois que ce type de chiffon rouge que l’on agite ressemble beaucoup aux tribunes qui affirmaient au XIXe siècle que l’invention du train et la vitesse qu’il induisait allaient faire subir aux hommes des dégradations corporelles et donc qu’il s’agissait d’une invention à éviter .

Nous avons confiance dans le progrès induit par la science et nous avons confiance en l’homme pour le contrôler . Je ne dirai pas : « N’ayez pas peur ! », mais plutôt, pour reprendre un mot qu’avait cité Alain Mérieux en ouverture de notre colloque sur l’innovation l’an dernier à Lyon, nous n’avons ni le droit ni le temps d’être moroses et tristes . Les données auxquelles a accès la recherche permettront sans nul doute des découvertes et des progrès considérables dans tous les domaines : de la science et de la médecine aux sciences humaines et sociales . La construction des systèmes d’information, système nerveux des universités, et la mutualisation de logiciels fluides, conviviaux, nous rendront plus forts .

Mohamed Amara, président de l’association Cocktail, est ici . Il se trouve que je préside l’Amue (Agence de mutualisation des universités et établissements d’enseignement supérieur et de recherche) .

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Ces deux structures, qui sont des structures de mutualisation des universités, ont décidé de faire un pas ensemble, justement pour disposer de logiciels agiles qui nous permettront de mieux aborder la révolution du numérique . Je voulais donc remercier les équipes de Mohamed et les équipes de l’Amue pour tout le travail qu’ils ont effectué .

L’émergence d’une citoyenneté virtuelle s’accompagnera de règles et de responsabilités sur lesquelles nos chercheurs devront travailler . Il existe là des champs considérables de recherche et d’humanité à ouvrir . Enfin, pour nos communautés, là encore, le numérique sera l’occasion de donner corps à ce projet commun qui est un projet universitaire .

Tous ces sujets seront vus demain et après-demain et nous nous retrouverons vendredi, en fin de matinée, pour la présentation des propositions politiques que la CPU aura tirées non seulement du colloque, mais aussi des nombreuses séances de préparation de ce colloque . Bon débat d’ici là . Merci pour votre présence à toutes et à tous .

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alain Beretz

PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ DE STRASBOURG Bonjour à toutes et à tous . Et merci pour ce clip avec la musique de Pierre Henry qui, pour les moins jeunes d’entre nous, nous rappelle quand même des choses . Pierre Henry était en concert à Strasbourg il y a deux ans, au Festival Musica, qui fait d’ailleurs beaucoup appel aux technologies numériques . Un des plus beaux festivals de musique contemporaine . Donc voilà, retour vers le futur .

Bienvenue à toutes et à tous . Merci d’être bien venus dans cet amphithéâtre Cavaillès de l’université de Strasbourg . Je vois, de cette position privilégiée, que les présidents d’université sont à la page du numérique, puisque la plupart d’entre vous ont un clavier et un écran devant eux, avec une prédominance de la marque à la pomme . Mais pas de publicité !

Je vais essayer d’être bref, mais je voudrais vraiment d’abord vous dire à quel point l’université de Strasbourg est heureuse de vous accueillir . On a déjà dit beaucoup de choses hier soir et donc je ne vais pas revenir dessus . Il est d’usage, comme le président de l’Eurométropole l’a dit hier, de faire de la publicité pour sa ville . Il est d’usage pour le président accueillant de faire de la publicité pour son université . Nous sommes dans un milieu assez traditionaliste . Je vais donc essayer de le faire, mais très rapidement, et surtout pour en tirer plutôt quelques leçons générales .

Le numérique ne nous est pas étranger, mais je pense que la plupart des établissements sont dans la même position . À Strasbourg, on a mis en place un schéma directeur numérique dès 2009-2010 . Un schéma directeur est un schéma, mais ça souligne deux choses : d’abord une volonté de structuration d’une politique, et puis aussi une vision que l’on espère réaliste sur les moyens de cette politique . Ce schéma évolue, il n’est

jamais respecté . On sait tous, mais je crois que c’est un élément important à souligner, que l’université voulait non seulement faire du numérique, mais se doter d’une politique du numérique, ce qui n’est pas forcément tout à fait la même chose .

Cette politique est structurée autour de deux services : une direction informatique indispensable (j’allais dire de manière assez classique que nous en avons tous) et une division des usages du numérique, qui porte le joli nom de DUN (elle est là pour travailler davantage sur les usages que sur les outils) . C’est une stratégie intéressante et originale que je vous recommande, parce que je pense qu’elle permet aussi peut-être plus de pluridisciplinarité justement dans les usages du numérique . Nous avons aussi élu une vice-présidente numérique dès 2009 . Je crois que lorsque l’on élit un vice-président avec une étiquette, c’est que l’on tente d’avoir une politique sur le sujet . Je crois que c’est bien, mais c’est à double tranchant – je n’ai pas peur de le dire, parce que l’on a été plutôt dans les précurseurs dans ce domaine . Je pense que l’on sera tous d’accord pour le dire, mais je vais quand même enfoncer la porte ouverte : le numérique n’est qu’un outil et l’individualiser comme une fin en soi, c’est prendre le risque de l’isoler de nos missions fondamentales . Je le dis d’autant plus qu’on l’avait fait . Je pense que nos missions fondamentales, ce n’est pas le numérique, c’est la formation et la recherche, dans l’ordre que vous voulez .

Justement, pour renforcer ces éléments de cohésion interne, nous avons mis en place un observatoire des usages du numérique qui fait une veille la plus active possible sur ces usages . Une veille interne, mais aussi une veille avec vous toutes et vous tous . En effet, cet observatoire a de fortes relations avec l’ensemble des acteurs sur le champ national . Je crois que c’est important, il ne faut pas faire ce genre de choses de manière isolée .

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présentAtion générAle du Colloque

intervention de François Germinet

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Il y a un autre sujet sur lequel on essaie de travailler régulièrement : les problèmes d’ajustement à des ambitions que l’on ne peut pas toujours suivre . Je crois que l’on aura l’occasion d’en reparler . Les modèles extérieurs dans certaines universités d’autres pays qui ont plus de moyens au-delà de certains océans, ou même dans certaines entreprises, nous en aurions l’ambition, l’utilité, mais on n’a tout simplement pas les moyens d’accomplir des virages numériques . Autrement dit, les universités ne sont pas encore « googlisables » . C’est peut-être bien par certains côtés, mais il faut aussi se poser la question des moyens .

Et puis, j’en ai déjà parlé hier, l’autre point, bien sûr, ce n’est pas que la technique, le numérique – on va beaucoup parler de technique, heureusement – c’est l’imprégnation culturelle, l’évolution culturelle . Comment avons-nous essayé de l’aborder à Strasbourg ? C’est complexe, car il y a des questions d’information des usagers, d’accompagnement . Ces missions génériques importantes sont accomplies par une unité que l’on appelle le « Centre de culture numérique », qui est juste à côté, dans le bâtiment Atrium, que vous pouvez aller voir rapidement, si vous le souhaitez . Ce centre est justement là pour ces tâches transversales, ces tâches d’intégration plus que de conception, et il s’appuie aussi sur d’autres services . Je vais n’en citer qu’un : c’est un service que l’on a créé avec l’initiative d’excellence qui s’appelle l’IDIP (Institut de développement et d’innovation pédagogiques) . Comme son nom l’indique, il s’agit d’un service pédagogique, mais qui s’appuie fortement sur l’ensemble des structures numériques . Je voudrais aussi dire, comme vous toutes et vous tous, que l’on essaie d’encourager le numérique sur des usages moins traditionnels ou moins évidents, à côté des cours en ligne massifs dont tout le monde parle . Effectivement, il y a d’autres usages du numérique qui peuvent créer de nouvelles habitudes et je vous encourage, toujours dans la séquence publicitaire, à aller voir les deux stands au Village 3 .0 de l’université de Strasbourg . L’un concerne l’application Navi-Rando, due à une équipe autour d’une collègue de la faculté des sciences du sport, Laurence Rasseneur . C’est une application sur smartphone qui vise à permettre la mobilité autonome des étudiants et des personnels aveugles (ou avec déficit visuel important) sur le terrain du campus, mais aussi dans les bâtiments . Ça n’a l’air de rien, mais c’est une application qui rend vraiment des services . Il y aura un petit film, peut-être même une

démonstration là-dessus . L’autre centre d’intérêt, c’est notre application qui s’appelle EVER . C’est un campus virtuel qui a été développé dans l’université numérique régionale avec l’université de Haute-Alsace et qui se base à la fois sur une virtualisation du campus, mais aussi la création d’espaces virtuels d’enseignement par les enseignants . Vous verrez, je pense que c’est assez parlant, assez intéressant et assez inventif .

Avant de conclure, je veux vraiment adresser des remerciements très sincères à tous ceux qui ont permis l’organisation de cette manifestation, et en particulier à François Germinet – à qui je vais passer la parole tout à l’heure – et à tout le comité de pilotage du colloque . Ce sont eux qu’il faut féliciter pour le programme, la qualité du programme et sa structuration . Je voudrais aussi féliciter et remercier toute l’équipe permanente de la CPU, qui fournit un énorme boulot en back-office pour assurer le succès de cette manifestation . Et puis, bien sûr, je voudrais remercier tous ceux qui, à Strasbourg, ont pris le relais dans l’équipe de présidence, en particulier mes vice-présidents, Jean-Yves Pabst et Mathieu Schneider, et toute l’équipe du cabinet de la présidence . Vous verrez des collègues de la division des affaires logistiques intérieures, du service de la communication, de la direction des usages du numérique, de la direction informatique, du service congrès, et j’en oublie . Je veux vraiment les remercier très sincèrement, parce que la période n’est pas facile, il y a des tas d’autres obligations . Je suis très fier de ce qu’ils font .

Pour terminer, pour vous souhaiter la bienvenue vous avez eu dans vos sacs un petit cadeau de l’université, qui symbolise aussi, je pense, ce qui nous unit . Il y a trois éléments :

– notre histoire qui est aussi l’histoire de cet amphithéâtre et un petit bouquin sur l’université de Strasbourg, deux éléments qui montrent que, au-delà du numérique, il y a de l’humain dans nos relations ; – un petit coup de schnaps si vous êtes déprimé, pendant le congrès je ne pense pas, mais dans certaines de vos autres tâches, à la fin du congrès ou quand vous retournerez à vos tâches quotidiennes ;

– un pain d’épice en forme de cœur pour dire que, quand même, entre nous, il y a peut-être autre chose que la relation professionnelle et je crois que ce qui caractérise aussi une communauté, ce sont les relations humaines . En tout cas, bienvenue à toutes et à tous, et un très bon congrès .

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intervention de François Germinet

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François Germinet

PRÉSIDENT DE L’UNIVERSITÉ DE CERGY-PONTOISE, PRÉSIDENT DU COMITÉ NUMÉRIQUE DE LA CPU Bonjour, chers collègues . Je suis ravi d’être avec vous . On a pris un peu de retard, Alain me disait que c’était traditionnel en Alsace .

Nous sommes vraiment ravis de vous avoir tous parmi nous avec la CPU, le comité de pilotage, l’équipe permanente et puis les collègues de Strasbourg qui ont beaucoup œuvré pour monter ce colloque .

Alain vient juste de dire que nos missions principales sont la formation et la recherche, et pas le numérique . Il a raison . Il se trouve que vous n’êtes pas ici à un colloque sur le numérique . En fait, ce n’est pas un colloque sur le numérique . Alors là, vous vous dites : « Mince, ça fait trois mois que l’on nous rebat les oreilles sur le fait que c’est le colloque annuel de la CPU, sur le numérique, et puis, finalement, ce n’est pas un colloque sur le numérique . » Restez quand même, ce n’est pas grave .

Il ne s’agit pas d’un colloque sur le numérique . Pourquoi ? Parce que c’est un colloque sur les mutations auxquelles nous faisons face, auxquelles la société fait face . Et lorsque la société fait face à des mutations, ça nous interpelle, ça nous concerne, nous, universités . Ce sont donc les mutations qui se généralisent, qui s’accélèrent,

auxquelles la société fait face localement, mais aussi globalement et qui sont induites par des révolutions numériques de plus en plus rapides . En fait, on peut dire par exemple que vous avez l’impression que vous écrivez un texte, hier ou aujourd’hui, lorsque vous tapez du texte dans un fichier Word . En fait, aujourd’hui on n’écrit plus un texte, on produit de la donnée . Quand vous mettiez un PDF sur votre plate-forme numérique il y a quelques années, vous aviez l’impression de réaliser un acte pédagogique innovant pour vos étudiants . Aujourd’hui, vous faites un MOOC (Massive Open Online Course), un SPOC (Small Private Online Course) et vous êtes en relation avec des dizaines, des centaines, parfois de milliers de personnes . Hier, et peut-être encore un peu aujourd’hui, pour construire votre recherche, vous deviez – les biologistes, les chimistes, les sociologues, les psychologues… – construire vos propres données de recherche, la méthodologie, etc . Et puis, vous basiez vos résultats uniquement sur vos propres données de recherche . Aujourd’hui, on peut convoquer des jeux de données à une échelle beaucoup plus large à partir d’autres équipes de recherche dans le monde ou bien d’autres individus qui ont pu produire de l’observation . Personne ne sait ce qu’est le numérique . Faut-il dire

« numérique » ou « digital » ? Le numérique existe-t-il vraiment en tant que tel ? Les ordinateurs, ça n’existe plus . Vous en avez devant vous, mais, finalement, les ordinateurs, ça n’existe plus . Maintenant, vous avez des téléphones, des tablettes, des montres . D’ailleurs, j’ai aperçu au moins deux présidents dans notre assemblée avec une montre connectée . Bref, tout ça produit maintenant de la donnée, de l’échange d’information à chaque instant . Hier, on le produisait juste pour nous et, aujourd’hui, on le produit à un niveau massif et connecté un peu partout dans le monde .

Internet, ce n’est plus ou ce n’est pas la page qui s’affiche dans votre navigateur . Internet, c’est l’échange massif d’informations entre des objets qui produisent et puis qui lisent et restituent cette information : les ordinateurs, les montres, les puces, beaucoup de puces dans tous nos appareils, nos cartes, les téléphones…

On est 7,5 milliards d’individus . On disait hier qu’il y avait 2,5 ou 3 milliards de personnes connectées à Internet . Pour vous donner un ordre de grandeur, l’Internet des objets, aujourd’hui, c’est 15 milliards d’objets connectés et puis, d’ici 2020, ça devrait être au- dessus de 50 milliards . Si vous pensez que l’Internet des objets, ça ne vous concerne pas, éteignez vos téléphones

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François Germinet

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et demandez-vous aussi pourquoi des appareils, au moment des changements d’heure, se mettent à l’heure tout seuls, sans que vous ne fassiez rien . Ça ne se fait pas par l’opération du Saint-Esprit !

Alors, pourquoi « 3 .0 » ? Eh bien, c’est tout simplement notre nouvel environnement . Il va y avoir 4 .0, etc . Pour les néophytes que nous sommes, nous, présidents d’université et responsables, voici rapidement quelques éclaircissements :

– 1 .0, en gros, c’est les pages Internet et la mise en ligne d’informations plutôt passive (comme des affiches collées sur un mur) ;

– 2 .0, c’est le collaboratif, la mise en réseau, les blogs, les gens qui commencent à s’exprimer et d’autres qui réagissent, donc, c’est le début des réseaux sociaux ; – 3 .0, c’est la production en masse de données et l’analyse massive de ces données . C’est l’avènement du big data avec sa déclinaison en open data . C’est le lien entre l’individu qui est producteur local de données, et puis tous ces grands clouds dont on nous parle, qui sont construits par Amazon, Google, etc . Et ça génère évidemment beaucoup d’innovations, dans les espaces publics, mais aussi beaucoup d’innovations dans les espaces privés . Par exemple Google – vous avez un article dans Le Point, je ne fais pas de publicité, sur Google et puis tous ses travaux –, c’est 10 milliards de dollars par an d’investissement en R&D, ce qui peut faire rêver beaucoup de gouvernements dans ce monde . Le 3 .0, c’est un nouvel environnement dans lequel tout individu et les citoyens du XXIe siècle vivent, après l’écriture et après l’imprimerie . On a parlé d’imprimerie et de Gutenberg hier avec Alain, c’est un nouvel environnement qui arrive et, comme à chaque fois, ça change nos modes de transformation, ça structure la société d’une manière différente . En effet, on ne vivait pas de la même manière avant et après l’écriture, on ne s’organise pas de la même manière avant et après l’imprimerie . C’est la même chose avec le numérique et l’avènement d’Internet, on ne vit pas de la même manière, on ne s’organise pas de la même manière avant et après . Donc, il s’agit de mutations profondes . Et lorsqu’il y a des mutations – de nos comportements, de nos attentes, de nos modes de fonctionnement – avec de plus en plus de données produites (des données et des métadonnées), ça permet de faire des analyses de nos comportements et de nos attentes . Dès que l’on a des mutations de ce type-là, c’est le rôle de l’université de faire appel à tout ce qu’elle sait faire en matière

de sciences, de technologies, de droit, d’économie, de sociologie, de sciences humaines, etc ., pour analyser ces mutations et éclairer la société . De fait, on est au cœur de notre mission d’université en faisant cela .

Mais il y a une autre raison pour laquelle nous sommes directement impactés par ces mutations . C’est parce que nous ne faisons pas qu’observer, analyser, chercher et transmettre : nous sommes nous-mêmes aussi des organisations . Nous sommes donc nous- mêmes traversés par ces mutations dans nos modes de gouvernance . Et comme toute organisation, ça nous transforme, ça transforme nos pédagogies, ça transforme notre manière de faire de la recherche . Parfois, ça nous stimule . Parfois, ça nous inquiète . Bref, le big data, la recherche participative et les réseaux sociaux transforment nos modalités de recherche . Peut- être que les réseaux sociaux de chercheurs vont venir bouleverser la bibliométrie dont nous nous croyons prisonniers, nous, chercheurs, à l’heure actuelle .

Ça transforme aussi nos modalités pédagogiques . D’accord, il y a les MOOCs (Massive Open Online Courses), on en parle beaucoup, c’est très important . Il y a les nouvelles pratiques pédagogiques . Mais il y a d’autres choses qui peuvent se profiler . Quand est-ce que l’on aura l’Uber ou l’Airbnb de l’éducation ? Ça, on n’en parle pas beaucoup . Mais je crois que l’on sait que Google travaille à des choses comme ça, c’est-à-dire à la production de masse complètement distribuée et pas forcément dans les offices ou les officines qui construisent les savoirs, la production et la distribution d’éducation . Ensuite, son déploiement à une échelle massive, complètement participatif, échappe aux structures qui produisaient cela . Airbnb est passé devant le site de réservations hôtelières Booking .com, qui était déjà lui-même passé devant les hôtels, par exemple .

Comment refonder notre projet d’université dans ce nouvel environnement sans céder à la crainte, mais plutôt en étant force de propositions ? C’est exactement ça l’objet de notre colloque . Comment apporter notre part à cette fondation d’un nouvel environnement planétaire qu’induit le 3 .0 ? Qu’est-ce que nous avons à dire ? Qu’est-ce que nous avons à faire ? C’est donc l’objet de ce colloque, qui va se dérouler en trois temps . La première phase sera celle d’ouverture où l’on remet ses schémas et ses modèles en question, où l’on s’interroge sur l’avenir, sur ce qui se passe . Bref, on ouvre nos oreilles et nos yeux en essayant de se faire peur un

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petit peu – c’est bien parfois de se faire un peu peur . Le philosophe Bernard Stiegler interviendra . Et il y aura trois tables rondes sur la formation, la recherche et le statut de la donnée .

Ensuite, la seconde phase sera celle des ateliers : bref, on bosse ! On revient sur quatre grands thèmes et l’on regarde comment ils sont « traversés » par le numérique et par ces mutations, et comment nous les travaillons dans nos établissements . Puis viendra le moment des propositions . On regardera alors quelles sont les stratégies qui existent déjà dans un certain nombre d’universités et quelles sont celles que nous nous proposons de mettre en place dans nos établissements . Le bouquet final, ce sera évidemment les propositions de notre cher président de la CPU .

Voilà quelques mots d’introduction sur ce colloque et son déroulement .

Vous avez un code Wi-Fi et vous avez également Eduroam dans l’établissement . Pratiquement tous les établissements de la planète bénéficient de ce service, sauf le mien ! Enfin, vous avez l’application CPU, qui nous permet d’être connectés à PowerVote . Vous avez déjà dessus des sondages pour les différentes tables rondes . On vous demandera d’y répondre pour avoir vos avis et vous aurez l’occasion de poser des questions . Je cède maintenant la parole à Thibault de Maison Rouge, notre collègue de PowerVote, qui va nous dire en deux minutes un peu comment ça se passe .

thibault de maison rouge

ACCOUNT MANAGER – EVENT CONSULTANT Cette année, nous avons une nouveauté : une application interactive . Avec toute l’équipe de la CPU, on travaille sur cette application depuis quelques mois . Vous avez pu la découvrir depuis votre inscription, avec tout le formulaire que vous avez rempli . Cette application est là pour vraiment participer, pour rendre interactives la conférence et les tables rondes . Donc, vous allez pouvoir poser vos questions, répondre à des sondages . Tout ceci sera vraiment fait en direct, puisque, lors des tables rondes, les sondages seront mis à l’écran .

Pour cela, je vous invite à saisir, si ce n’est déjà fait, l’adresse qui est derrière moi (colloquecpu2015 .powervote .com) . Vous pouvez y accéder depuis n’importe quel support . Et ensuite, vous allez pouvoir découvrir l’ensemble de

l’environnement . Cette application n’est pas seulement là pour l’interactivité, elle est aussi là pour vous aider (agenda, programme, plan, informations pratiques…) . J’attire votre attention sur les deux choses essentielles : – l’onglet « Posez vos questions » qui vous permet de poser vos questions en direct (il suffit de les écrire et de les envoyer pour qu’elles soient affichées, et vous pourrez les « liker » et ajouter un « + 1 », si la question vous semble pertinente) ;

– les sondages qui auront lieu pendant les différentes tables rondes . Dans chaque session de l’application, vous aurez un sondage en direct et vous pourrez y répondre, avec un choix simple ou multiple en fonction des questions . Vous pourrez modifier vos choix s’ils vous paraissent erronés et on aura un point pendant les tables rondes pour voir si les résultats évoluent avec le temps .

Si vous avez des questions sur l’utilisation, n’hésitez pas . PowerVote sera présent aussi au Village 3 .0 . Et j’ai un collègue, qui va arriver, qui sera en haut de l’amphithéâtre pour répondre à vos questions, s’il y en a . Je vais laisser la main à Monsieur Stiegler, qui va venir pour présenter la suite du colloque . Merci beaucoup .

1 Université 3.0 : noUveaUx enjeUx, noUvelles échelles à l’ère dU nUmériqUe strAsbourg les 27, 28 et 29 mAi 2015

ouverture

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