Images en Dermatologie
•Vol. X - n° 3
•mai-juin 2017 100
ONCODERMATOLOGIE
Quoi de neuf ?
Abstract commenté
Tawbi HAH et al. Efficacy and safety of nivolumab (NIVO) plus ipilimumab (IPI) in patients with melanoma (MEL) metastatic to the brain: results of the phase II study CheckMate 204. Congrès américain d’oncologie 2017, abstract 9507.
Références bibliographiques
1. Johnson DB, Balko JM, Compton ML et al. Fulminant myocarditis with combination immune Checkpoint Blockade. N Engl J Med 2016;375(18):1749-55.
2. Long GV et al. A randomized phase II study of nivolumab or nivolumab combined with ipilimumab in patients (pts) with melanoma brain metastases (mets): The Anti-PD1 Brain Collaboration (ABC).
Congrès américain d’oncologie 2017, abstract 9508.
3. Goldberg SB, Gettinger SN, Mahajan A et al. Pembrolizumab for patients with melanoma or non-small-cell lung cancer and untreated brain metastases: early analysis of a non-randomised, open-label, phase 2 trial. Lancet Oncol 2016;17(7):976-83.
4. Parakh S, Park JJ, Mendis S et al. Efficacy of anti-PD-1 therapy in patients with melanoma brain metastases. Br J Cancer 2017; 116(12):1558-63.
Ces données d’efficacité de la combinaison ipilimumab + nivolumab sont bien sûr préliminaires, mais elles sont encourageantes dans une situation au pro
nostic sombre. Il faut toutefois noter que dans l’étude
Checkmate 204, un traitement par radiochirurgie stéréo taxique en cas de progression modérée était autorisé, ce qui, bien sûr, peut avoir un impact sur les résultats.
Commentaire
Combinaison ipilimumab
+ nivolumab dans les mélanomes avec métastases cérébrales
Contexte
Les thérapeutiques innovantes disponibles dans le mélanome méta- statique permettent un meilleur contrôle de la maladie, avec un confort de vie très acceptable. L’atteinte cérébrale y est très fréquente, de mauvais pronostic et globalement plus “résistante” aux traitements.
Elle a un effet direct sur la survie mais aussi sur la qualité de vie des patients. La supériorité de l’association ipilimumab + nivolumab sur l’ipilimumab seul a été démontrée chez des patients naïfs en excluant les métastases cérébrales (MC). L’efficacité sur les MC peut être un facteur de poids dans la stratégie thérapeutique.
Méthode
La combinaison ipilimumab + nivolumab a fait l’objet d’une étude de phase II multicentrique dans le mélanome avec MC (de 0,5 à 3 cm, asymptomatique, sans corticoïdes). Après 4 cures d’ipilimumab (3 mg/ kg)
+ nivolumab (1 mg/kg), les patients recevaient du nivolumab (3 mg/ kg) en entretien tous les 15 jours, selon le schéma de l’autorisation de mise sur le marché (diapositive 1).
Résultats
Soixante-quinze des 109 patients inclus ont été analysés dans cette présentation, avec un suivi médian de 9,2 mois ; 16 % avaient reçu un traitement systémique antérieur, 41 % avaient des LDH élevées.
Seuls 35 % ont eu 4 doses d’ipilimumab + nivolumab, et 51 % ont commencé la phase d’entretien. Les réponses intracrâniennes (RIC) et extracrâniennes (REC) étaient concordantes : RIC 55 % (dont 21 % de réponses intracrâniennes complètes) et REC 49 % (dont 7 % de réponses complètes [RC]) [diapositive 2]. La survie sans progression (SSP) à 6 mois était de 67 %, et la médiane de progression non atteinte.
La fréquence des effets indésirables (EI) de grade 3 ou 4 liés au trai- tement était de 52 % (8 % d’EI neurologiques), avec 31 % d’arrêts liés au traitement mais seulement 4 % d’arrêts pour EI neurologiques liés au traitement. À noter un décès par myocardite (1).
Une étude australienne présentée dans la même session (abstr. 9508) [2], portant sur un nombre plus réduit de patients ayant mélanome et MC traités par ipilimumab + nivolumab (n = 25) montre également des taux de RIC prometteurs (42 %, dont 15 % de RC) , alors que le taux de réponse chez les patients sous nivolumab seul (n = 25) était inférieur (20 %) mais concordant avec les chiffres de la littérature (3, 4).
En revanche, l’efficacité dans la cohorte après progression sous BRAFi + MEKi était décevante : seulement 16 % de réponse objective (n = 16).
S. Monestier
(Service de dermatologie, hôpital de la Timone, AP-HM, Marseille)