A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
E. C OSSERAT
Sur les formes bilinéaires
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 3 (1889), p. M1-M12
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M.I SUR LES
FORMES BILINÉAIRES,
PAR M. E. COSSERAT.
NIM. Jordan
( ~ )
et Kronecker ontconsidéré,
en se bornant à l’étude ducas le
plus général,
leproblème
suivant:
Étant
donné unpolynôme
bilinéairele iainefici à une
forme canonique simple
par des substitutions ortho-gonales opérées,
les unes sur les variables x" x2, ..., , xn, les autres sun1 es variables y, , y2, , ... , yn
Sylvester ( 2 )
arepris
tout récemment l’étude de la mémequestion.
Nous nous proposons actuellement d’établir
quelques-unes
desproposi-
tions que nous n’avons fait
qu’indiquer
dans un travail antérieurpublié
au tome III de ce Recueil.
Rappelons
tout d’abord le résultat obtenu par M. Jordan.Considérons
l’équation
’
(1 > C. JORDAN, Mémoire sur les formes bilinéaires (Journal de Liouville, 2e série,
t. XIX, p. 35-54 ).
(2) SYLVESTER, Sur la réduction biorthogonale d’une forme linéo-linéaire à sa forme canonique (Comptes rendus, t. CVIII, p. 651).
qui
ne contient que despuissances paires
de À et dont les coefficients restentinvariables, quelque
substitutionorthogonale
que l’onopère
sur les x ousur les y.
Supposons
que toutes les racines soient distinctes etdésignons-les
par
Les
équations
suivantesrésolues par rapport aux r et aux y, donnent pour les valeurs correspon- dantes de r, , ... ,
..., yn
(le signe
étant choisi àvolonté)
Si l’on considère la substitution
on
opère
la réduction à la formecanonique
Le résultat de M. Jordan
peut
êtreprésenté
sous une formequi
en rendla démonstration presque intuitive et
qui
facilite l’étude du cas oùl’équa-
tion D = o a des racines
multiples..
Remplaçons
dans leséquations (2)
y~, y2,...
yn par leurs valeurs tirées deséquations ( 2 ~’,
il vient ’Considérons la forme
quadratique
et proposons-nous de la réduire à une somme de carrés par le moyen d’une substitution
orthogonale. L’équation
en s relative à cette forme s’obtiendra manifestement enremplaçant
03BB2 par s dansl’équation
D = o, et la substi-tution sera
de
plus,
si la formecanonique
dupolynôme
bilinéaire P estla
forme 03A3(~P ~yt )2
deviendraDe
même,
si l’on considère la formequadratique 03A3(~P ~xj)2,
elle dc-viendra
par la
substitution,
Le résultat de Ni. Jordan
peut
donc s’énoncer de lafaçon
suivante :’
Le
problème
de la réduction de la bilinéaire P =03A303B103B103B2x03B1y03B2
à la
forme canonique 03BB1 03BE1
~1 + ... + des substitutions ortho-gonales opérées,
les unes sur les variables x" x2, , ..., an,, les autres sunles variables y" , ..., yn, est
identique
au suivant :,
Déterminer deux substitutions
orthogonales qui, appliquées respecti-
vement aux deux
ormes £ d P
2 et1 d p 2
, tes réduisent à dessonanaes dr carrés.
Sous cette
forme,
le résultatpeut
être établi immédiatement.En
effet,
nous nous proposons de déterminer deux substitutionsorthogo-
nales
telles que la forme P devienne
Or, si l’on
considère03A3(~P ~yi)2,
on auraidentiquement
en
supposant
les relations(3);
cela résulte de ce que la forme duparamètre
différentiel du
premier
ordre d’une fonction n’est pas altérée par une sub- stitutionorthogonale
effectuée sur les variables.Si nous remarquons que
~ ( y- )
ticdépend
que de ~~ ~2? . ? ~? nousavons cette conclusion que la substitution
~p=c,p~-+-...-i-c~p~
est lasubstitution
orthogonale qui
réduit la formequadratique 03A3(~P ~yi)2
aunesomme de
carrés;
on arrive à une conclusion semblable en considérant03A3 ( -.2014 ) ?
et d’ailleurs leséquations
en 9 relatives aux deuxformes 1 (~P ~yi)2
~~ " ~~ B~7
et
~(-2014)
~~ sontidentiques . Réciproquement,
si les formesy(.2014)
sont réduites res-pcctivemcnt
a03BB2103BE21
-+-... -4-03BB2n03BE2n
et à03BB21 ~21
-h... -p03BB2n ~2n,
la forme bilinéaire Psera réduite à
/~
-i-...-+-On rencontre en Géométrie des formes bilinéaircs
particulièrement
re-marquables :
ellescorrespondent
au cas où l’on a, pour toutes les valeurs des indices 1 ety,
Le
polynôme
bilinéaire considéré est de la formeen
posant
On
peut
écrireen
posant
et l’on a l’identité suivante :
Le second membre de cette identité est le carré d’un
polynôme
entieren r.
Or,
si dans lepremier
membre onremplace
r2 par 2014 03BB2 et si l’onégale
à zéro lerésultat,
on al’équation
D = o considérée au début.Donc,
dans le cas
particulier
que nousconsidérons,
lepremier
membre de cetteéquation
est un carréparfait,
et l’onpeut
énoncer laproposition
suivante: :Le
premier
membre del’équation
eri s relative à laforme
bilinéaire§ £ a;& p;A
, considérée commeforme quadratique
des 2n variablesx1, ... , xn, y, , ... , y,,, isi ufi carré
parfait.
Cetteéquation
fic contientquc dcs
puissances paires dç
lavariable,
«il’équation transformée
«ii,- s2 CSI
i’éqUaii°i?
C>i .Y relative éi iafOI’mC quadratique E (§)"
«C.fii variables x, , ...
Les formes
quadratiques E (~P ~xi)2
et1 (~P ~yi)2
deviennentidentiques
Sil’on
remplace
ti et yi par une même lettre i. Leproblème proposé
revientdonc lÀ la réduction d’une seule forme
quadratique
à une somme de carrés par le moyen d’une substitutionorthogonale.
De
plUS,
Onconçoit
lapossibilité d’opérer
sur lcs x ci sui les y la mêmesubstitution,
cn sorte que lcpolynôme bilinéaire I 2 £
’la même
forme
cl devienne1 2 1
mi; ’ ., .Plaçons-nous
à ce dernierpoint
de vue et, afin d’étudier deplus prés
laquestion,
cherchons à luiappliquer
lesprincipes
utilisés par Jordan dans le casg.énéral.
Nous nous bornerons ii considérer le cas où n =
5 .
le cas où n =/
seraégalement traité ;
car, si n estimpair, l’équation
en s relative à la formequadratique ~
admet la racinesimple
s = o; onpeut,
Parsuite,
ramener immédiatement ce cas à celui où n est
pair.
Les résultats que nous obtiendronspourront
facilement segénéraliser. Ajoutons
que, dans le cas que nousconsidérons,
où n =5,
ils ont uneinterprétation géométrique
in-téressante dans la théorie des
systèmes
linéaires decercles, qui,
inverse-ment,
permet
de les établirgéométriquement.
Soit donc
avec
La réduction de P à une forme
plus simple dépend
de la solution du pro- blème suivant : :Trouver les maxima et minima de
P,
Lcs variables x et yrestent
assujetties
aux relationsLes valeurs des variables
correspondant
au maximum(ou
auminimum)
sont données par le
système
Le maximum est
égal
inconnue déterminée parl’équation
Inéquation
D = o a ses coefficients invariables pour toute substitutionorthogonale
effectuée sur l’une ou l’autre des deux séries de lettres x"x~,, ..., X5
...’Y5.,Elle est identique
àl’équation
en s relative à laforme bilinéaire considérée comme forme
quadratique
des dix variables..., y~.
Soient a,
~,~ ~~, ~, ~
lescinq premiers
nombres écrits dans l’ordre de per- mutation naturelle 1,2,3, 4,
5 àpartir
de l’un d’eux que nousappellerons ex,
et posons
L’équation
D = o s’écritSoit
À1
une racine del’équation î~~ - I~~ -+- J = o.
Leséquations (2)
et
(2)’
feront connaître engénéral
lesrapports
desquantités
correspon- dantes r j , , . , ., ~y~ , ..., y5. On achèvera de lesdéterminer,
ausigne près,
en
employant
l’une ou l’autre deséquations ( 1 ), ( i )’. [On
remarquera que l’on aen vertu de
(2), (2)’].
Considérons donc un
système
de solutionsA la racine -
~"
de D = o,correspond
manifestement lesystème
desolutions suivant :
On a
Multiplions
les deux membres de ces relationsrespectivement
par ..., tl52’ etajoutons;
il vientc’est-à-dire, puisque
n’est pasnul,
Cela
posé,
03B111, ... , 03B151, 03B112, ... , 03B152 satisfaisant auxéquations ( i ), ( i 1’,
on sait que l’on pourra déterminer deux substitutions
orthogonales
de laforme
A,,;,
...,Agg
étant des coefficients convenablement choisis.Substituant dans
l’expression
des nouvelles variables les valeurson voit que P sera maximum pour
Or,
ce que devient Prapporté
à ces nouvellesvariables ;
on aura, pour déterminer les valeurs de ces variables
correspondant
aumaximum,
les relationsanalogues
à(i), (f)’, (2), (2)’. Et,
pourqu’elles
soient satisfaites pour~,
== == i ==~3
=... _ ~ J ==o, il
faudra que l’on aitdonc P se réduira à la forme
Pf
étantindépendant
de~,, ~2,
YJ2 et de même forme que P.Opérant
surP,
f comme surP,
on pourra le mettre sous la forme?2? ne dépendant
pas de~~, ~2, ~3, ~~,
’~?, ’~.,, estnul;
donc on estparvenu à mettre P sous la forme
canonique
Les coefficients de
l’équation
D = o sont invariables pour toute substi- tutionorthogonale
effectuée sur l’une ou l’autre des deux séries de lettres, ..., Xi)’ y, , ..., yg. Or cette
équation
devientc’est-à-dire
On
peut
donc calculer apriori
les coefficients de la formecanonique
enrésolvant
l’équation caractéristique
D = o.’
On
peut également, lorsque l’équation ~D
= o a ses racinesinégales,
calculer a
priori
les coefficients d’une des substitutionsque l’on doit
employer
pouropérer
la réduction à la formecanonique.
Considérons la racine On aura, pour déterminer les valeurs corres-
pondantes
de~" ~2,
...,~~,
~~,...,
~~qui
donnent lemaximum,
lesrelations
c’est-à-dire
Les
équations (3),
résolues parrapport
aux x et aux y, donneront les valeurscorrespondantes
de ..., ..., y,, à savoir :avec
Or revenons aux
équations ( 1 ), ( 1 )’, ( 2 ), ( 2 )’.
Si leséquations
linéaires(2), (2)’
admettent commesystème
de solutionselles admettent aussi
et, par
suite,
Donc le
système
deséquations ( 1 ), ( 1 )’, ( 2 ), (2)’
admeten
supposant
la relationOn voit que, si l’on a un
système
de solutions de( ~ ), ( 2 )’
on a la solulion
générale
des(1)
par ces dernières formules(5);
celarésulte de la considération des formules
(/ ), qui
donnent la solutiongéné-
rale.
La
comparaison
des formules(/))
et( 5 )
montre deplus qu’on
a, pourC, , ,
..., lesystème
leplus général
de solutions paravec
Répétant
le raisonnement pour~
on aura de même la formeg.énérale.
Arrivons à
C,~ Cgg, C~
Les
équations (i)
sont vérifiées parLe déterminant des coefficients des y étant
nul,
onobtient,
enmultipliant
par les mineurs du
premier ordre,
ou par ...,05,
donc
Par
suite,
Ces dernières formules
peuvent
être écrites immédiatement : si l’on soreporte
à la formequadratique 03A3(~P ~yi)2, ces
coefficientscorrespondent à
la racine s = o de
l’équation
en s.Remarquons
que, si l’on effectue une substitutionorthogonale,
telle que l’on aitla forme bilinéaire devient
et l’on a
M.I2
Remarquons
enfin que, dans le cas où J = o, leproblème
estimpossible.
Le
problème général
de M. Jordan est lui-mêmeimpossible
dans ce cas.On ne
peut
pas réduire la formequadratique I (:;r à
une somme decarrés par
l’emploi
d’une substitutionorthogonale ;
car, si l’on considère la racine s = o del’équation
en s, les coefficients de la substitutionqui
luicorrespondent
sontproportionnels
à ...,5~5,
et l’on a parhypothèse
Il reste, pour
compléter
cequi précède,
àindiquer
le mode de formation deséquations
en À pour les différentes valeurs de n. Lepremier
membrede l’une
quelconque
de ceséquations
est un carréparfait;
dansl’équation
obtenue en annulant la racine
carrée,
onposera À
=is ;
les coefficients del’équation
obtenues’expriment élégamment,
ainsiqu’il
est aisé de levoir,
à l’aide des déterminants