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Texte intégral

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ATLAS. : ;

lift i;i m:s K i r i M is

e de la vallée du Saint-Laurent PifiliievMie, Québec

(2)

EH q51246

ATLAS

DES AMPHIBIENS ET DES REPTILES DU QUÉBEC

par

J. Roger Bider et Sylvie Matte 1994

Société d'histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent Sainte-Anne-de-Bellevue, Québec

et

Ministère de l'Environnement et de la Faune Direction de la faune et des habitats

Québec

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Atlas des Amphibiens et des Reptiles du Québec Référence à citer:

BIDER, J.R. et S. MATTE. 1994. Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec. Société d'histoire naturelle de la vallée du Saint- Laurent et ministère de l'Environnement et de la Faune du Québec, Direction de la faune et des habitats, Québec, 106 p.

ISBN : 2-5500-09786-6

Dépôt légal - Bibliothèque national du Québec, 1995 Dépôt légal - Bibliothèque national du Canada, 1995

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YANT-PROPOS

Où sont passés nos amphibiens et nos reptiles ?

Notre environnement change constamment. Dès leur arrivée dans ce pays inhospitalier, les colons européens ont dû exploiter les forêts pour survivre. Ils les ont défrichées pour cultiver la terre et les arbres sont devenus du bois de construction et de chauffage.

L'accroissement de la population humaine s'est traduit par un déboisement de plus en plus intensif de la vallée du Saint-Laurent. Cette destruction anthropique se poursuit toujours. Il suffit aujourd'hui de visiter le sud du Québec pour se rendre compte de l'ampleur des changements survenus : disparition des forêts naturelles, établissement de fermes dans les basses terres et de vergers dans les collines. Or, le sud de la province abrite la plupart des espèces d'amphibiens et de reptiles du Québec.

Le lien entre les types d'habitats et les communautés animales qui en dépendent est très étroit.

La deforestation des plaines a conduit à la fragmentation de l'aire de distribution de plusieurs espèces. Qu'arrive-t-il aux amphibiens et aux reptiles si leur biotope est détruit? Nous l'ignorons. Se mettent-ils à la recherche d'un autre milieu adéquat? Peuvent-ils faire face à la compétition, tant interspécifique qu'intraspécifique, lorsqu'ils sont transplantés dans un nouveau cadre écologique? Combien d'individus faut-il pour constituer une population viable? Quelle superficie une forêt doit-elle avoir pour qu'une population de reptiles ou d'amphibiens puisse y survivre? Quels sont les obstacles géomorphologiques à la migration d'espèces chassées de leur milieu? Combien de temps une forêt met-elle à se régénérer au point de redevenir un habitat faunique? Toutes ces questions fort pertinentes ne représentent qu'une partie du problème, car chaque espèce a probablement des besoins différents.

Le secteur forestier n'est pas le seul à être touché par les activités humaines. Nombreux sont les écosystèmes qui sont affectés. L'assèchement des marais, des sols tourbeux et des terres agricoles dans le but d'accroître les récoltes constitue une menace constante pour plusieurs espèces. La perte d'habitats est aussi un phénomène urbain et suburbain. Les quartiers résidentiels empiètent sur les milieux humides et riverains. Pelouses et murs de soutènement en béton

sont aménagés le long des rivières et des lacs pour permettre à l'homme de satisfaire son désir de vivre près de l'eau.

L'industrialisation et l'amélioration des transports ont également eu des répercussions sur les amphibiens et les reptiles. On parle beaucoup, et à juste titre, de la pollution des voies navigables par des substances chimiques; mais la construction de routes, surtout à proximité de lacs et de rivières, peut aussi être dommageable. Les chemins croisent souvent les sentiers migratoires habituels des amphibiens et des reptiles, et la circulation, même lorsqu'elle n'est pas dense, peut décimer, voire anéantir des populations, principalement au printemps et en automne.

L'homme lui-même a un impact direct sur ces animaux. La chair des grenouilles et des tortues fait depuis longtemps l'objet d'un commerce : on la consomme, mais on s'en sert aussi pour appâter des poissons. Les établissements d'enseignement et les laboratoires de recherche médicale utilisent de nombreux spécimens. Quant aux serpents, ils sont souvent massacrés parce qu'ils sont jugés repoussants ou nuisibles. Les tortues, elles, sont dociles et comme les gens les voient d'un bon oeil, ils les ramènent chez eux pour les garder.

Une situation inquiétante? Pourquoi?

La question qu'on me pose le plus souvent est la suivante : «À quoi ça sert, les amphibiens et les reptiles?» Je réponds toujours, avec parfois un petit sourire : «Vous ne me croirez pas, mais, l'autre jour, cette tortue m'a demandé la même chose à notre sujet.» Je suis tout à fait convaincu que la prochaine génération d'hommes ne posera plus cette question stupide qui laisse supposer que seuls les animaux directement au service de l'homme lui sont d'une quelconque utilité. Il est impossible d'attribuer une valeur à chaque espèce.

Doit-on attacher plus d'importance au ouaouaron, à la grenouille léopard et à la chélydre serpentine qu'au crapaud d'Amérique et à la rainette crucifère, sous prétexte qu'on mange les premiers et non les seconds?

La grenouille léopard sert en plus d'appât à poissons et de spécimen pour les dissections dans les écoles; cela lui confère-t-il encore plus de valeur? Le crapaud devrait-il avoir plus de prix à nos yeux parce qu'il mange des

in

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insectes, source de désagrément pour l'homme, alors que la tortue se nourrit de plantes qui poussent dans un étang quelconque? Les amphibiens permettent à la médecine de progresser, mais ils ne sont pas pour autarit plus ou moins importants que les serpents qui les consomment, ou que l'homme qui les écrase par inadvertance sur la route, une nuit pluvieuse de printemps. Pour certaines personnes, la couleuvre verte et la couleuvre à collier figurent parmi les plus beaux animaux de la faune québécoise. D'autres, par contre, exècrent tous les serpents et seraient heureux qu'ils disparaissent de la surface de la terre.

Nous connaissons beaucoup mieux l'homme et la nature qui l'entoure. Le problème qui se pose à nous est d'arriver à un compromis équitable : comment pouvons-nous améliorer notre niveau de vie, tout en demeurant respectueux des autres espèces animales? Le développement durable est devenu une priorité et c'est dans cette perspective qu'il faut envisager l'avenir des amphibiens et des reptiles. Nous voulons une meilleure gestion de l'environnement, mais par où commencer?

Les grandes lignes

Pour relever le défi du développement durable, nous devons :

1- dresser un inventaire des espèces;

2- déterminer l'aire de répartition, le statut et la stabilité de chaque espèce;

3- délimiter les habitats les plus importants et préciser les facteurs limitant les populations;

4- concevoir une stratégie axée sur le maintien et/ou le rétablissement des populations.

Enfin, il nous faut simultanément adopter des lois qui assurent la protection des espèces dont l'habitat est menacé.

Stagnation ou progrès?

Tout bien considéré, le bilan n'est pas trop négatif.

Grâce aux recherches effectuées pour la réalisation de ce livre, nous avons beaucoup appris sur la distribution e,t le statut réel de chaque espèce. Nous savons également quelles sont les lacunes les plus graves dans nos

connaissances. Au cours des deux dernières années, trois espèces sont venues s'ajouter à la liste des espèces représentées au Québec; nous ne croyons pas que l'avenir nous réserve de nombreuses découvertes de ce genre. Les prochaines étapes seront plus ardues. C'est, pour employer une comparaison, l'ascension du mont Everest que nous avons entreprise. Nous sommes arrivés au pied de la montagne avec notre équipe (de bénévoles) et notre bagage (de connaissances) et nous nous préparons pour l'assaut final. Comment reconnaîtrons-nous que nous sommes parvenus au sommet? La réponse est simple. Notre but sera atteint lorsque nous serons en mesure de recréer, à volonté, des habitats où des populations viables de chaque espèce pourront subsister.

Trois groupes de scientifiques travaillent sur les vertébrés. Le premier est composé de chercheurs du milieu de l'enseignement; ils tentent de résoudre les problèmes en formulant et en vérifiant des hypothèses.

Le deuxième groupe, celui des gestionnaires de la faune, a pour mandat de maintenir l'effectif des populations à un niveau fixé par l'homme. La manipulation des habitats ou l'imposition de quotas de chasse s'avèrent quelquefois nécessaires pour accroître les effectifs ou prévenir l'extinction. Pour certaines espèces, la chasse n'est possible qu'au prix de ce contrôle. Ces gestionnaires sont aussi responsables de la lutte contre les agents qui accaparent des ressources utiles à l'homme; ils doivent garder les populations nuisibles dans des limites acceptables. Enfin, les ingénieurs de l'environnement évaluent la somme des connaissances concernant une espèce pour déterminer s'il est possible de recréer un habitat et d'y transplanter une colonie cible avec quelques chances de réussite.

L'ingénieur de l'environnement doit se baser sur le savoir acquis non seulement par les biologistes et les gestionnaires, mais aussi par tous ceux qui travaillent en zootechnie, en météorologie, en climatologie, en pédologie, en botanique, en foresterie et en ingénierie.

Sa tâche se trouve quelquefois simplifiée à l'extrême : il lui suffit, dans certains cas, d'éliminer un facteur limitant et de sélectionner avec soin quelques spécimens pour reconstituer une population. Par exemple, il peut inonder une tourbière et, tout en maintenant le niveau d'eau dans les mares et en exerçant une surveillance étroite, y introduire quelques tortues ponctuées. Par

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contre, l'aménagement d'un écosystème adéquat pour la couleuvre à collier est une entreprise beaucoup plus complexe. Cette couleuvre habite des endroits secs et ouverts, au sol très particulier, mais elle pond ses oeufs .et hiverne à couvert. De plus, elle doit pouvoir trouver tout près la salamandre rayée, dont elle est très friande.

Quant à cette dernière, elle vit dans les vieilles forêts à litière épaisse, au sol jonché de troncs d'arbres en décomposition dans lesquels elle peut déposer ses oeufs.

Il est réconfortant de penser que, tout comme pour l'Everest, le défi qui nous est lancé est inégalable et que des scientifiques de plus en plus nombreux vont le relever, car ils ne peuvent imaginer de tâche plus noble.

L'ingénieur de l'environnement ne peut accomplir son travail sans ressources financières. Le ministère de l'Environnement et de la Faune, Environnement Canada et d'autres groupes tels que la Fondation de la faune du Québec, Habitats fauniques Canada et le Fonds mondial pour la nature ont jusqu'à présent alloué les sommes nécessaires à la réalisation des programmes. Grâce à leur aide et à celle de nombreux bénévoles, on peut envisager l'avenir avec confiance.

Roger Bider

V

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TABLE DES MATIERES

1.0 INTRODUCTION : 1 2.0 MÉTHODOLOGIE 3 3.0 LE TERRITOIRE DU QUÉBEC: UN APERÇU 5 4.0 LES URODELES: SALAMANDRES ET TRITONS ..:„ 11 4.1 Necture tacheté 14 4.2 Triton vert 16 4.3 Salamandre à points bleus 18 4.4 Salamandre maculée 20 4.5 Salamandre sombre du Nord 22 4.6 Salamandre sombre des montagnes 24 4.7 Salamandre rayée 26 4.8 Salamandre à quatre doigts 28 4.9 Salamandre pourpre 30 4.10 Salamandre à deux lignes 32 5.0 LES ANOURES 35 5.1 Crapaud d'Amérique 38 5.2 Rainette crucifère 40 5.3 Rainette versicolore '. 42 5.4 Rainette faux-grillon de l'Ouest 44 5.5 Rainette faux-grillon boréale 46 5.6 Ouaouaron 48 5.7 Grenouille verte 50 5.8 Grenouille du Nord 52 5.9 Grenouille des bois 54 5.10 Grenouille léopard 56 5.11 Grenouille des marais 58 6.0 LES TORTUES 61 6.1 Chélydre serpentine 64 6.2 Tortue musquée 66 6.3 Tortue ponctuée 68 6.4 Tortue des bois 70 6.5 Tortue mouchetée 72 6.6 Tortue géographique.... 74 6.7 Tortue peinte 76 6.8 Tortue-molle à épines 78 6.9 Tortue luth '. 80 7.0 LES SERPENTS -.,83 7.1 Couleuvre d'eau 84 7.2 Couleuvre brune 86 7.3 Couleuvre à ventre rouge 88 7.4 Couleuvre rayée 90 7.5 Couleuvre à collier 92 7.6 Couleuvre verte 94 7.7 Couleuvre tachetée 96 8.0 REMERCIEMENTS 99 9.0 LISTE DES RÉFÉRENCES : 103 Apropos de l'Illustratrice 106

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NTRODUCTION

En 1987, dans le cadre d'un programme sur la protection des habitats fauniques, le gouvernement du Québec a voulu se pencher sur la question des pertes de populations locales de certains amphibiens et reptiles de la province. On s'est cependant vite rendu compte du peu d'information existante, d'une part sur la distribution des populations de chaque espèce et, d'autre part sur l'importance des sites connus. Il est évident que ces renseignements étaient essentiels si le gouvernement voulait être en mesure de rédiger de nouvelles lois protégeant les habitats de certains de ces animaux. L'herpétologie n'étant pas une science encore très populaire au Québec, le gouvernement n'a pas réussi à trouver ce genre de renseignements dans la documentation déjà existante. Il s'est donc adressé à la Société d'histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent pour qu'elle lui procure les données nécessaires à l'amorce d'interventions visant à protéger les habitats de cette faune méconnue.

Le moyen choisi par la Société pour répondre à la demande du gouvernement a été de réaliser l'Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec. Le but de cet atlas consistait à préciser la distribution de chacune des espèces d'amphibiens et de reptiles du Québec et ce, à partir des mentions existantes. C'est en janvier 1988 que la préparation de l'Atlas a officiellement débuté. La Société a entrepris des recherches dans la documentation, les rapports non publiés et les musées afin d'amasser des données historiques. Elle a aussi procédé à un inventaire herpétologique sur tout le territoire de la province avec des bénévoles afin de colliger le plus grand nombre possible de données récentes. Au-delà de 400 demandes de participation ont été transmises à des groupes ou des personnes susceptibles d'être intéressées à ce projet. Ainsi, ont notamment été rejoints des représentants de tous les parcs nationaux et provinciaux du Québec, des départements de biologie des cégeps et universités, des bases de plein air offrant un programme d'interprétation de la nature, des groupes liés à l'écologie ou à l'environnement (par exemple, le Cercle des Jeunes naturalistes), des bureaux régionaux du

ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, des musées, des aquariums et jardins zoologiques, en plus de toutes les personnes ayant déjà publié en herpétologie au Québec.

Environ 86 d'entre eux ont offert leur collaboration et une cinquantaine de ces bénévoles nous ont transmis des données à la fin de 1988. En outre, à notre grande surprise, plusieurs personnes qui n'étaient pas inscrites officiellement comme participants nous ont fourni des observations. Ce fut donc un total de 177 personnes qui ont contribué à la cueillette de données pour la production de l'atlas de 1988.

Ce projet, qui ne devait durer qu'une année, s'est finalement échelonné sur sept ans, et se poursuit encore grâce à la bonne collaboration obtenue dès la première année. Ce faisant, nous voulions corriger certaines lacunes quant au manque de données pour certaines régions et pour certaines espèces qui semblaient avoir été négligées jusqu'alors.

Pour les cinq années couvertes par cet atlas, nous avons réussi à recueillir 7173 données datant de 1833 à 1992. De ce nombre, 3491 données sont antérieures à 1988.

Il est important de ne pas oublier que les répartitions géographiques illustrées dans cet atlas ne représentent qu'une partie de la réalité. En effet, lorsqu'une espèce est très commune, les gens oublient souvent de nous en faire mention. Avec le temps, nous espérons bien corriger cette situation.

D'après les données que nous avons reçues à ce jour, nous pouvons évaluer à 37 le nombre d'espèces indigènes d'amphibiens et de reptiles au Québec. Parmi celles-ci, on compte trois nouvelles espèces, soit la

salamandre sombre des montagnes (Desmognatus ochrophaeus), la rainette faux-grillon boréale (Pseudacris

maculatum) et la tortue musquée (Sternotherus odoratus).

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Si vous voulez participer à la réalisation de l'Atlas des amphibiens et reptiles du Québec ou si vous avez besoin de certains renseignements contenus dans notre banque de données, vous n'avez qu'à communiquer avec la coordonnatrice de l'Atlas :

Mme Sylvie Matte

Société d'histoire naturelle de la vallée du Saint-Laurent

21125, Chemin Ste-Marie

Ste-Anne-de-Bellevue (Québec) H9X 3L2 Tél. : (514) 457-9449

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ETHODOLOGIE

Ce premier Atlas des amphibiens et des reptiles du Québec a été modelé sur celui préparé pour l'Ontario en 1984. Il a été réalisé par D

r

J.R. Bider et Sylvie Matte, de la Société d'histoire naturelle de la vallée du Saint- Laurent, avec l'appui financier du gouvernement du Québec. Toutes les données ont cependant été récoltées à titre bénévole par des herpétologistes amateurs et professionnels.

Cet atlas est avant tout une représentation cartographique des observations faites jusqu'à aujourd'hui sur la distribution des populations de chacune des espèces d'amphibiens et de reptiles présentes au Québec. Il est à noter que nous n'avons pas tenu compte des sous-espèces dans cet ouvrage afin de faciliter la tâche de nos bénévoles et d'éviter le plus d'erreurs d'identification possible. Nous avons aussi, pour les mêmes raisons, fusionné les deux espèces du complexe des salamandres de Jefferson (la salamandre à points bleus et la salamandre de Jefferson) sous le nom d'une seule espèce, soit la salamandre à points bleus.

Les espèces présentées ci-après sont citées taxonomiquement selon Collins (1990). Les noms scientifiques et communs sont aussi nommés suivant Collins (1990) et Cook (1984).

Pour chaque groupe d'espèces, un texte en présente les particularités propres. On y trouve une introduction résumant la distribution de l'espèce d'après les données récoltées et quelques renseignements de base sur sa biologie et son comportement. Chaque texte est suivi d'un carte présentant la distribution géographique de l'espèce au sud du Québec, soit sous la latitude 53°. Pour certaines espèces présentes plus au nord, une plus petite carte montre sa distribution dans ce secteur.

Pour la représentation cartographique des observations, le Québec a été divisé en blocs de 15 degrés de longitude par 15 degrés de latitude, chaque bloc représentant une superficie allant d'un peu plus de 550 km^ dans le sud du Québec, à 529 km^ dans la région du Témiscamingue. La trame utilisée montre la répartition géographique de l'espèce avant 1988, soit avant le début de la préparation de l'atlas, celle entre 1988 et 1992, et finalement, la distribution notée avant et après 1988.

La répartition des observations reflète l'activité des

herpétologues amateurs. Voilà pourquoi l'absence

d'observations dans un bloc ne signifie pas

nécessairement qu'une espèce y est absente. Avec les

années, de nouvelles données vont s'accumuler et des

recherches plus systématiques permettront de préciser

davantage la répartition des espèces.

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E TERRITOIRE DU QUEBEC: UN APERÇU

Le territoire du Québec couvre plus de 1,6 millions de kilomètres carrés. D'est en ouest, il s'étend sur une distance de 1 500 km entre les longitudes 56° 55' et 79°

45' et plus de 1 900 km séparent la limite sud de la province (45° 59' parallèle de latitude) de sa limite nord (79° 45'). Il comprend donc plusieurs grandes unités physiographiques et bioclimatiques.

3.1- Les basses-terres du Saint-Laurent

Les basses-terres du Saint-Laurent forment une étroite bande de terres situées de part et d'autre du fleuve Saint-Laurent selon une orientation sud-ouest — nord-est. Elles sont composées de trois grandes unités principales, les basses-terres du centre, celles du lac Saint-Jean et celles de la basse Côte-nord et d'Anticosti.

Les basses-terres du centre forment un triangle couvrant une largeur de près de 100 km à la frontière de l'Ontario et de l'État de New-York et qui s'amincit graduellement vers l'est, jusqu'à la ville de Québec. La roche, d'origine sédimentaire, est recouverte de divers dépôts meubles généralement propices aux activités agricoles. L'altitude générale y est inférieure à 150 m, à l'exception des cinq collines montérégiennes situées au sud-est de Montréal et dont l'altitude atteint 411 m. La température moyenne annuelle y est d'environ 5 °C. En juillet, le mois le plus chaud, la température moyenne quotidienne est de 20 °C. Elle baisse à -10 °C en janvier, le mois le plus froid. Le nombre de jours avec gel varie de 150 à 180 jours. Les précipitations totales se situent entre 900 et 1 200 mm par année. Des précipitations de 200 à 250 cm de neige y sont enregistrées en hiver. Les terres agricoles occupent la majorité du territoire non urbanisé, mais le milieu urbain et les infrastructures industrielles empiètent constamment sur le milieu agricole. Les plus grandes villes sont concentrées dans ce triangle, notamment le long du Saint-Laurent, où vit la majorité des 6,5 millions d'habitants que compte le Québec.

Les cultures intensives, comme celle du maïs, sont localisées dans le sud-ouest du Québec. Le drainage des terres, souvent souterrain, est généralisé et la majorité des petits cours d'eau ont été redressés ou creusés pour accélérer l'écoulement de l'eau. La qualité de l'eau des rivières et des ruisseaux est généralement médiocre. Ces cours d'eau transportent des quantités importantes de matières en suspension, de pesticides et d'engrais. Les

boisés ont été relégués aux terres peu propices à l'agriculture. Ils sont le plus souvent morcelés et isolés les uns des autres.

La végétation forestière est caractéristique des domaines de l'érablière à caryer et de l'érablière à tilleul.

Les grandes terres humides se rencontrent le long du Saint-Laurent, de la rivière des Outaouais et du haut Richelieu. Elles sont constituées de larges plaines inondables et de marais. La majorité d'entre elles sont maintenant protégées et plusieurs ont fait l'objet d'aménagements pour favoriser la sauvagine. Les tourbières sont de plus en plus rares, ayant été pour la plupart exploitées à des fins de production agricole ou pour la récolte de la tourbe.

À l'est de Trois-Rivières, l'agriculture est moins extensive et les activités de production laitière dominent. Les majorité des terres ont aussi été drainées, mais le plus souvent par drainage de surface. La plupart des cours d'eau ont été redressés et reprofilés, à l'exception des rivières elles-mêmes. On compte plus de boisés que dans le sud-ouest. Ils occupent les sols les plus pauvres, accidentés ou mal drainés. De l'ouest vers l'est, le domaine de l'érablière à tilleul fait place à l'érablière à bouleau jaune. Les terres humides qui subsistent sont constituées d'étangs naturels ou artificiels, de délaissés de rivière, de petits marais en bordure de lacs ou de cours d'eau, et de quelques tourbières de plus en plus menacées en raison de l'exploitation commerciale de la tourbe.

Les basses-terres du lac Saint-Jean font aussi fortement l'objet d'activités agricoles. La culture y est cependant moins intensive que dans le sud-ouest du Québec. Les forêts résiduelles sont associées au domaine de la sapinière à bouleau blanc. Les températures moyennes annuelles (0 à 2,5 °C) sont plus basses que dans la région de Montréal, et les précipitations annuelles y sont aussi inférieures (900 mm).

Les basses terres de la Côte-nord forment une

bande étroite le long de l'estuaire et du golfe Saint-

Laurent. L'agriculture y est marginale. D'ouest en est,

les zones forestières passent graduellement du domaine

de la sapinière à bouleau blanc au domaine de la

sapinière à épinette noire. Les tourbières abondent et

les cours d'eau sont caractérisés par des eaux claires et

froides.

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À l'île d'Anticosti, les domaines de la sapinière à bouleau blanc et de la pessière blanche à sapin caractérisent le paysage. De nombreuses tourbières parsèment le territoire. L'occupation humaine y est faible et localisée.

3.2- Les Appalaches

Les Appalaches sont constituées d'une succession de montagnes bordant le sud des basses-terres du Saint- Laurent et s'étendant des cantons de l'Est à la péninsule gaspésienne. L'altitude des sommets varie de 300 à 900 m, avec des sommets de plus de 1 000 m dans les monts Chic-Chocs et McGarrigle. L'occupation humaine est surtout concentrée dans les cantons de l'Est. Les zones cultivées sont limitées aux contreforts et aux vallées.

L'agriculture y est en déclin et plusieurs terres en friche sont ou seront reboisées. Du sud-ouest au nord-est, la végétation forestière passe successivement de l'érablière à bouleau jaune à la sapinière à bouleau jaune. Dans la péninsule gaspésienne, la sapinière à bouleau blanc occupe les basses montagnes alors que la sapinière à épinette noire domine sur les hautes montagne. Sur les plus hauts sommets, des zones reliquaires de toundra subsistent. Sauf dans le parc de la Gaspésie, où elle est interdite, l'exploitation forestière est intensive, ce qui garde les forêts à des stades de développement relativement jeunes.

Les terres humides sont constituées principalement de marais de petite dimension et sont surtout localisées en bordure des plans d'eau. Ceux-ci sont peu abondants comparativement aux Laurentides.

Plusieurs tourbières et étangs à castor sont toutefois disséminés tout le long de la chaîne appalachienne.

3.3- Le Bouclier canadien

Situé au nord du Saint-Laurent, le Bouclier canadien couvre 80 % de la superficie du Québec et s'étend jusqu'à sa limite septentrionale. Le socle rocheux, d'âge précambrien, est recouvert de divers dépôts morainiques, fluvio-glaciaires ou de matières organiques sous forme de tourbe. Le réseau hydrographique du bouclier canadien est très impressionnant avec plus d'un million de lacs, tourbières et cours d'eau.

Dans sa partie méridionale, le relief des Laurentides s'élève rapidement au nord du Saint- Laurent, où l'on peut observer une succession de sommets arrondis d'une altitude d'environ 600 m, avec quelques sommets atteignant les 900 m. Le domaine de l'érablière à bouleau jaune s'étend jusqu'au 47° de latitude où la bétulaie jaune à sapin prend la relève;

exception toutefois dans le massif des Laurentides, au nord de Québec, où dominent la sapinière à bouleau blanc et la sapinière à épinette noire. Les précipitations totales sous forme de pluie ou de neige sont élevées et varient de 1 000 à 1 400 mm. Ces précipitations diminuent graduellement vers le nord. Dans les massifs montagneux d'altitude supérieure à 600 m, les précipitations de neige atteignent 450 cm annuellement.

Aux environs du 48° de latitude, le relief s'abaisse dans la partie occidentale des Laurentides pour former la ceinture argileuse de l'Abitibi. Plus au nord-est, le relief s'accentue considérablement avec les collines de Mistassini et des monts Otish. La forêt coniférienne domine et devient de moins en moins dense vers le nord et vers l'est.

La forêt exploitable s'étend jusqu'au 52°, soit à la limite nord de la forêt coniférienne dense.

L'exploitation de la forêt pour la production de pâte à papier est très intensive et les parterres de coupe sont vastes. Cette exploitation crée un rajeunissement constant de la forêt. Il en résulte une mosaïque de divers peuplements d'âges variés.

L'occupation humaine est faible. Outre la ceinture argileuse de l'Abitibi, où l'agriculture subsiste, la population humaine est disséminée dans quelques villes et villages vivant de l'exploitation forestière, des mines, de la villégiature, de la chasse et de la pêche.

Encore plus au nord, se rencontrent plusieurs

unités physiographiques d'élévations variées. La zone

de pergélisol épars débute aux environs du 52° de

latitude, alors que la zone de pergélisol étendue

apparaît aux environs du 55°. La taïga, ou forêt

coniférienne très ouverte, fait graduellement place à la

toundra, dominée par les mousses, les lichens et plantes

herbacées.

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Mer du Labrador

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\ 1 K V ' * r S" ï - * . LABRADOR

ONTARIO Océan Atlantique

PRINCIPALES DIVISIONS PHYSIOGRAPHIQUES DU QUÉBEC

Bouclier I - I

1A Plateau de Saglouc

1B Monts de Povungnituk et monts d'Youville 1C Plateau d'Ungava

1D Plateau des Lacs

1E Basses-terres de la Radissonie 1F Plateaux d'Abitibi

1G Collines de Mistassini et monts Otish 1H Les Laurentides

11 Plateau de la Mécatina U Plateau de Hamilton

1K Hautes-terres de la Caniapiscau 1L Collines du Labrador

1M Basses-terres de la rivière à la Baleine 1N Plateau de la George

10 Hautes-terres du Labrador

Basses-terres du Saint-Laurent l

2A Basses-terres du centre 2B Cuvette du lac Saint-Jean

2C Basses-terres de la Côte-Nord et d'Anticosti

Appalaches l ' -I

3A Monts Notre-Dame

3B Bas-plateaux de la baie des Chaleurs 3C Bas-plateaux du Québec méridional 3D Monts Sutton

3E Collines de Mégantic

Source : Daniel Lagarec, Annuaire du Québec, 1974. 7

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Baie ' d'Hudson

OMTARtQ Océan Atlantique

TEMPÉRATURE iOYENNE AMNOELU

Source : Atlas climatologique du Québec, Températures, précipitations Québec, Ministère des Richesses naturelles, 1978.

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Ba,c d Hudson

ONTARIO

Mer du Labrador

\

AtUnliquc

TOTAL ANNUEL MOYEN DES PRÉCIPITATIONS (mm)

Source : Atlas climatique-Canada. Environnement Canada, Service de l'environnement atmosphérique, 1986.'

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Mer du Labrador

i \ Sy~*- s*-

ONTARIO Océan Atlantique

Toundra Taïga

1 1 Forêt boréale _ 1" * ' '*

Forêt mixte I 1

Forêt de feuillus

Source : L'Inter Atlas, Les ressources du Québec et du Canada.

CEC, 1986.

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LES URODELES

^SALAMANDRES ET TRITONS

Environ 350 espèces de salamandres peuplent le globe aujourd'hui. Elles habitent, en grande majorité, l'Amérique du Nord et l'Amérique centrale. Même lorsqu'elles prolifèrent et atteignent des densités de 20 000 individus par hectare, comme c'est le cas dans certaines régions, elles sont de moeurs si discrètes que le naturaliste non averti les aperçoit rarement. Il ne faut donc pas s'étonner que la salamandre soit l'un des amphibiens les plus méconnus et les plus difficilement identifiables.

De nombreuses personnes confondent salamandre et lézard. Tous deux ont, dans l'ensemble, la même apparence extérieure : un corps allongé se terminant par une longue queue et quatre membres fonctionnels. La peau du lézard est recouverte d'écaillés et sèche au toucher. Il tire des radiations solaires et de la température ambiante la chaleur nécessaire au maintien d'une température corporelle élevée qui lui permet d'être actif, vigilant et de réagir prestement en cas de danger. La salamandre, elle, a une peau humide, froide et caoutchouteuse au toucher. Elle demeure active, même si sa température interne s'abaisse presque jusqu'au point de congélation. Elle est particulièrement active sur la terre ferme, lors des nuits humides.

La salamandre est un animal amphibie, c'est-à-dire qu'elle a deux modes de vie : aquatique et terrestre. Les oeufs sont habituellement déposés dans l'eau. À l'éclosion, la larve aquatique ressemble à la salamandre adulte, sauf qu'elle possède trois branchies externes de chaque côté du cou. Ce n'est qu'avec la métamorphose qu'elle prend sa forme terrestre mature. Elle adopte alors une démarche serpentiforme, le corps ondulant de droite et de gauche.

L'origine des salamandres est quelque peu énigmatique. Les salamandres les plus anciennes que nous connaissons remontent à 250 millions d'années et leur ossature ressemble à celle de leurs descendants actuels. On pourrait normalement s'attendre à ce qu'après une période de temps aussi longue, l'évolution se manifeste par un grand nombre de formes spécialisées. Mais on aboutit, au contraire, à un ensemble plutôt uniforme, aux adaptations élégantes et extrêmement variées qui permettent à des groupes de survivre dans des niches petites et distinctes (par niche, on entend ici un cadre écologique qui remplit les

conditions nécessaires à l'existence d'un organisme). Au Québec, les salamandres occupent trois types d'habitat différents. Une espèce fréquente les étendues d'eau d'une certaine importance; on la retrouve bien sûr, et possiblement en plus grand nombre, dans le fleuve Saint-Laurent, où elle est active surtout l'hiver et peu visible l'été. Quatre espèces passent la plus grande partie de leur vie dans de petits ruisseaux à l'eau pure et fraîche, qui ne contiennent que peu ou pas de poissons.

Enfin, quatre autres espèces font comme la plupart des salamandres dans le monde, elles vivent à l'ombre et au frais, dans la litière des forêts. La grande majorité des salamandres se nourrit de petits invertébrés vivants.

Cette capacité qu'ont les salamandres d'être actives dans des milieux humides et froids comporte des avantages certes, mais aussi des inconvénients. Au nombre des premiers, on compte une diminution de la perte de liquide par transpiration, une réduction du nombre de prédateurs et de la compétition interspécifique. Par contre, leur bas métabolisme et leur mode de locomotion constituent leur plus gros handicap lorsqu'elles affrontent un prédateur : elles ne peuvent fuir rapidement.

De nombreuses adaptations permettent aux salamandres de tirer parti des avantages et de faire face aux désavantages de leurs niches respectives. La peau humide des salamandres permet l'échange d'eau, d'oxygène et de gaz carbonique, mais elle empêche le libre transfert d'autres composés. Elle est riche en glandes de trois types : les glandes muqueuses, qui gardent la peau humide, les glandes à venin, qui servent à la défense contre les prédateurs et, chez le mâle, les glandes hédoniques, dont les sécrétions excitent la femelle lors de l'accouplement. La respiration cutanée est si efficace que chez les pléthodontidés, la plus grande famille de salamandres, les poumons se sont complètement atrophiés et se sont graduellement transformés, avec l'évolution, en parties du système digestif. Les salamandres chassent à l'affût, c'est-à-dire qu'elles se tapissent et attendent le passage d'une proie pour la capturer. Certaines salamandres dépourvues de poumons attrapent leur victime en projetant leur langue visqueuse à une distance qui peut égaler la longueur de leur tête et de leur corps. Chez les espèces nocturnes qui s'embusquent pour chasser, le cerveau et l'oeil se sont adaptés pour rendre possible l'évaluation des distances malgré la faible luminosité. Enfin, les salamandres

//à

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vivent dans un monde où l'ouïe et l'odorat jouent un rôle très important. Ces deux sens sont parfois si aiguisés que l'animal peut distinguer ses voisins des étrangers, même s'ils sont placés à la limite de son territoire. L'appareil auditif des salamandres comprend deux parties sensibles qui leur permettent de percevoir des sons dont la fréquence est supérieure ou inférieure à 100 hertz.

Les adaptations biologiques se traduisent souvent par des comportements particuliers. Dans les pages qui suivent, j'ai essayé de faire ressortir, pour chaque espèce, les comportements spécifiques.

Quiconque cherche des salamandres doit souvent retourner des troncs d'arbres, des pierres ou autres objets qu'il faut remettre exactement dans l'état où ils se trouvaient car ils constituent des microhabitats. De plus, malgré ses grandes capacités d'ajustement au milieu, ce petit animal supporte mal de se trouver au sec et au chaud; il est donc préférable de le manipuler avec des mains mouillées et froides.

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Necture tacheté , Mudpuppy

Returns maculosus

Le necture tacheté est la plus grosse et la plus primitive de nos salamandres. Il appartient à une petite famille, les protéidés, qui ne comprend que six espèces.

La taille des adultes varie de 200 à 330 mm, mais on a déjà mesuré un spécimen dont la longueur atteignait 486 mm. Il est la seule salamandre québécoise à garder ses branchies externes toute sa vie. Plumeuses et rouge foncé, elles font saillie par groupe de trois de chaque côté du cou. Les branchies peuvent être

plus ou moins développées.

Généralement petites chez les individus vivant dans des eaux pures qui contiennent beaucoup d'oxygène dissous, elles sont plus grandes lorsque les salamandres habitent des eaux turbides et moins bien oxygénées. Le necture tacheté se distingue aussi par le nombre d'orteils, quatre sur chaque membre postérieur et antérieur. La plupart des sala- mandres possèdent cinq orteils à chaque pied arrière.

La coloration des nectures adultes est cryptique. Le dos et les côtés sont gris foncé ou bruns et parsemés de taches noires plus ou moins nettes. Le ventre, gris pâle, est parfois moucheté de noir. Les larves et les jeunes sont beaucoup plus colorés que les adultes. Deux bandes jaunes longitudinales bordent le dos sombre, et une raie noire s'étend de chaque côté sur toute la longueur du corps. De par sa morphologie, le necture tacheté est spécialement bien adapté à la vie dans les rivières. Sa tête aplatie, semblable au capot d'une voiture sport, lui permet d'adhérer au fond des rivières à courant rapide.

Sa queue, comprimée latéralement comme un aviron, en fait un nageur puissant. Il est donc bien équipé pour chasser dans des eaux impétueuses et pour fuir comme l'éclair. Grâce à ses courtes pattes, il peut se faufiler sous des roches, dans des espaces exigus.

L'aire de distribution nord-américaine comprend les bassins du Mississippi et du Saint-Laurent. Le necture tacheté est également présent dans les états de la Nouvelle-Angleterre; il s'y est probablement dispersé en passant par le bassin de la rivière Richelieu. Au Québec,

ce petit animal se retrouve du cours supérieur de la rivière des Outaouais jusqu'à la rivière Nabisipi, sur la Côte-Nord. Il semble vivre essentiellement au creux des vallées, car on n'en a pas découvert dans les hauteurs des Appalaches, des Adirondacks ou des Laurentides.

La présence de cette espèce à Saint-Siméon et à la rivière Nabisipi éveille particulièrement l'intérêt. Comme l'estuaire du Saint-Laurent est la seule route de colonisation possible vers ces régions, on peut raisonnablement déduire que le necture peut survivre dans un milieu à salinité élevée, phénomène très rare chez les amphibiens. L'étude des espèces adaptées à l'eau salée a montré que certains processus physiologiques permettent la rétention des liquides corporels en milieu salin.

'":; On trouve le necture tacheté dans les lacs, les étangs, les ruisseaux et les rivières, là où le substrat lui convient. Habituellement, il ne s'aventure pas loin des endroits rocheux ou caillouteux. Durant l'hiver, les pêcheurs sur glace en attrapent souvent dans les anses, le long des rivières importantes; tel n'est cependant pas le cas dans la baie de Missisquoi, car le fond en est plat et recouvert de fins sédiments.

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Le necture tacheté est surtout nocturne et demeure actif toute l'année. Son régime alimentaire se compose de poissons, d'écrevisses et d'autres invertébrés. On a aussi rapporté le cas d'individus qui se nourrissaient d'oeufs de perchaude dans une frayère. On croit que l'accouplement a lieu à l'automne, mais la ponte ne se produit pas avant le printemps et les oeufs sont déposés dans de petites cavités sous des roches. Les femelles restent à proximité de leur progéniture, probablement pour veiller sur le lieu de nidification.

Les observations recueillies jusqu'à présent pour ce livre, quoique d'un nombre limité (61 en tout), montrent que cette salamandre est très répandue dans son aire de répartition et que la densité des populations est parfois élevée. Le petit nombre de comptes rendus tient probablement aux moeurs discrètes de cet animal et aux

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difficultés qu'on a à le capturer et à l'observer, plutôt qu'à sa rareté. Comme on le rencontre souvent dans les affluents des rivières importantes et qu'il semble s'accomoder de la pollution des cours d'eau, on doit considérer qu'il est commun au Québec.

79° 78° 77° 76° 75°

NECTURE TACHETE

(Necturus maculosus)

74° 73° 72° 71° 70° 69° 68° 67° 66° 65° 64° 63° 62°

73° 72°

Avant 1988 (seulement) I I 1988 à 1992 (seulement)

Avant et après 1988

/S

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Triton vert

; Eastern Newt

h ifMntophthalmus viridescens

Le triton est le seul représentant de la famille des salamandridés dans l'est de l'Amérique du Nord. Les espèces de cette famille habitent, pour la plupart, l'Europe, l'Afrique du Nord et l'Asie.

Même s'il existe plusieurs variétés, les unes aquatiques, les autres terrestres, les tritons demeurent l'une des salamandres les plus faciles à identifier. Ils se distinguent habituellement par une rangée

de petites taches rouges, cerclées de noir, et disposées de chaque côté du corps. De plus, ils ne possèdent pas de sillons costaux, contrairement aux autres salamandres de petite taille. Durant la phase terrestre, la peau est sèche au toucher et ressemble fort à celle du crapaud. Les larves se métamorphosent en tritons1

rouges; on les reconnaît à leur couleur écarlate, leur peau rugueuse et leur aspect trapu. Ce stade dure de un à trois ans, puis les tritons atteignent leur maturité sexuelle. Ils migrent alors vers un étang pour se reproduire et leur apparence se modifie. Leur coloration tourne au jaune-vert et, chez les mâles, la queue devient large, plate et onduleuse et les pattes postérieures se garnissent de protubérances noires. Les adultes peuvent rester aquatiques toute leur vie ou, au contraire, reprendre leur forme terrestre si l'eau ou la nourriture viennent à manquer dans l'étang.

Les adultes terrestres ont le dos brun-vert et le ventre jaune, moucheté de noir. Les taches rouges bordées de noir sont toujours présentes, peu importe la phase. Les adultes mesurent généralement une centaine de millimètres.

Le triton est répandu dans tout l'est de l'Amérique du Nord. On le trouve de la côte est du Texas, sur le golfe du Mexique, jusqu'aux confins du bassin hydrographique des Grands Lacs, dans le nord de l'Ontario, et jusqu'à l'océan Atlantique, dans l'est. Au Québec, l'aire de répartition au sud du Saint-Laurent s'étend de la pointe sud-ouest de la province jusqu'à l'extrémité est de la péninsule de Gaspé, en passant par le lac Saint-François. Cette distribution semble toutefois

discontinue; le triton n'habite pas les zones montagneuses du bassin de la Chaudière, ni les plaines agricoles de la vallée du Saint-Laurent. Cette absence n'est peut-être qu'apparente puisque l'inventaire des lacs et des petits étangs de ces régions laisse à désirer.

Au nord du Saint-Laurent, il est présent d'un bout à l'autre de la province, du sud de l'Abitibi, à l'ouest, jusqu'à Sept-Iles, à l'est.

Le triton aime les petits étangs, quelquefois aussi les anses des lacs, les ruisseaux tranquilles et, bien sûr, les forêts qui avoisinent ces étendues d'eau. On l'aperçoit souvent lorsqu'il vient, tout comme le font les têtards, prendre une bouffée d'air à la surface.

On le voit aussi parfois nager sous la glace, car il demeure actif tout l'hiver.

Dans le sud du Québec, les migrations de masse des jeunes adultes terrestres vers les étangs où ils se reproduisent s'effectuent à la mi- avril, à la première journée ou soirée pluvieuse et chaude. Durant l'été, les jeunes se promènent tout aussi hardiment dans la forêt les jours de pluie, et cela, malgré leur couleur rouge vif. Ils peuvent le faire avec impunité parce qu'ils produisent, dans leurs glandes à venin, une substance chimique irritante ou mortelle pour la plupart des animaux, la tétrodotoxine, qui dissuade les prédateurs éventuels. Les adultes ne sont probablement pas aussi toxiques que les jeunes. Cependant, lorsqu'on a tenté de nourrir des grands hérons avec des tritons et des poissons rouges, seuls ces derniers ont été dévorés.

L'alimentation du triton comprend des insectes aquatiques, des sangsues et des petits mollusques.

Comme il n'est pas aussi habile que le poisson à capturer sa nourriture, il se trouve désavantagé par rapport à celui-ci. Cela explique peut-être pourquoi il habite plus souvent les étangs isolés et peu profonds qui ne contiennent pas de poissons. Pour cette raison, on devrait s'inquiéter de la mauvaise habitude qu'ont les gens de se débarrasser de leurs poissons rouges dans les petits étangs du sud du Québec. Ces poissons rouges

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prolifèrent dans les mêmes niches écologiques que les tritons et pourraient provoquer un déplacement compétitif.

Pour le moment, le triton semble bien installé au Québec. D'après le nombre d'observations enregistrées, il est la deuxième espèce de salamandre la plus répandue. On doit donc considérer qu'il est abondant dans la province.

TRITON VERT

(Notophthalmus viridescens)

81° .80° 79° 78° 77° 76° 75° 63° . 62°

Avant 1988 (seulement) 1988 à 1992 (seulement) Avant et après 1988

46°

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Salamandre à points bleus J31ue-spotted Salamander

mbystoma latérale

Cette espèce est membre de la famille des ambystomatidés, appelées aussi salamandres fouisseuses, qui habitent uniquement l'Amérique du Nord et se distinguent par un pli cutané, ou pli gulaire, sur la gorge. On les a baptisées «salamandres fouisseuses» parce qu'elles passent une grande partie de leur temps sous terre.

La salamandre à points bleus adulte est un animal assez grand (100-130 mm), au corps massif presque noir, dont les côtés et la queue sont parsemés de mou- chetures bleuâtres. Les orteils sur les pieds arrière sont plus longs que chez les autres fouisseuses.

Cette salamandre est l'espèce nord-américaine la mieux adaptée au froid. Son aire de distribution se situe dans le nord-est américain. La limite méridionale traverse le Kentucky, la Virginie-Occidentale, le massif montagneux dans l'ouest de la Virginie et les états de la Nouvelle-Angleterre. La Prairie empêche son expansion vers l'ouest. Elle atteint des latitudes élevées, car on en a découvert à la rivière La Grande, près de l'extrémité nord-est de la baie James, au nord du lac Mistassini et dans le Labrador. Au Québec, elle ne semble pas être répandue à l'est de Betchouane, sur la Côte-Nord (Betchouane est à environ 30 km à l'est de Havre-Saint- Pierre). Par contre, on l'a aperçue plusieurs fois dans la péninsule de Gaspé, au sud du fleuve Saint-Laurent. Elle se fait plutôt rare dans les basses terres cultivées, la Beauce et le bassin de la Chaudière, à l'instar des autres espèces qui se reproduisent dans les étangs.

La salamandre à points bleus fréquente les forêts, mais aussi les endroits découverts, tels que tourbières et autres milieux humides et partiellement ombragés. Elle se cache presque toute l'année sous des troncs d'arbres, des pierres ou dans des fossés. On la rencontre également entre les racines d'aulnes et de saules, le long des rigoles creusées dans la mousse par l'érosion. Pour dénicher quelques spécimens, il suffit souvent de

retourner des pierres ou d'autres débris dans quelque fossé à sec, surtout si celui-ci se trouve à proximité d'un étang qui a pu servir à l'accouplement. Les tas de branches, de racines et de terre arable, sous-produits du défrichement, constituent aussi des habitats adéquats.

Au Québec, lorsqu'il pleut, cette salamandre passe une bonne partie de la nuit à chasser autour de son gîte, mais elle ne s'éloigne jamais vraiment de son lieu de reproduction. Ce dernier est en général un étang peu profond, quelquefois temporaire et situé dans un bois ou à l'orée d'un bois; règle générale, il ne contient pas de

poissons.

Dans certaines régions, on a observé de grandes migrations printanières vers les mêmes étangs durant plusieurs saisons successives. Dans certains cas, la neige n'avait pas complètement fondu lors de ces migra-tions. Aucun de ces mouvements de masse n'a été signalé au Québec.

Quelques expériences sur les cycles d'activité ont permis d'émettre l'hypothèse d'une migration automnale, dans le nord, vers les petits cours d'eau. Dans le sud de la province, l'activité au sol est intense jusqu'en novembre, mais les quartiers d'hiver sont plutôt terrestres qu'aquatiques; les salamandres hibernent sous d'épais tapis de feuilles mortes ou dans des anfractuosités de rochers.

Contrairement au triton vert, la salamandre à points bleus ne s'attarde pas à l'étang où elle se reproduit. Les préliminaires de l'accouplement se ressemblent toutefois chez les deux espèces. Le mâle s'approche de la femelle et touche son cloaque; si elle demeure immobile, il l'enlace, puis frotte son menton contre le nez de sa partenaire. Cette étreinte ne dure qu'un court moment. Le mâle va déposer une petite capsule de sperme à courte distance et guide lentement la femelle vers ce «spermatophore» qu'elle recueille entre les lèvres de son cloaque. Le bout de la capsule gélatineuse se dissout rapidement pour donner lieu à la fertilisation interne. Les oeufs sont alors déposés un à un

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ou en petits tas sur le fond de l'étang. Les jeunes éclosent au bout d'un mois environ et peuvent se métamorphoser à la fin d'août ou passer l'hiver sous leur forme larvaire.

La salamandre à points bleus est commune au Québec, mais la disparition des étangs forestiers menacerait certainement sa survie.

SALAMANDRE A POINTS BLEUS

(Ambystoma latérale)

81° 80° 79° 78° 77° 76° 75° 74° 73° 72° 71° 70° 69° 68° 67° 66°

Avant 1988 (seulement).

1988 à 1992 (seulement) Avant et après 1988

47

45'

77° 76° 75° 74° 73° 72° 71° 70° 69° 68° 67°

/J?

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Salamandre maculée

;

,

;

fellow-spotted Salamander

ibystoma maculatum

La salamandre maculée fait partie de la famille des fouisseuses. Elle est de loin la salamandre québécoise à l'aspect le plus remarquable et on la reconnaît sans hésitation aux taches jaune vif qui tranchent sur le fond noir de la peau. Le ventre est gris et les adultes mesurent de 150 à 200 mm.

Cette salamandre est répandue dans tout l'est de l'Amérique du Nord, hormis la Floride et

quelques régions côtières. Au Québec, la plupart des observations ont été effec- tuées dans les forêts de feuillus du sud, mais il y a de nombreuses exceptions.

Très peu d'individus ont été aperçus dans la.

Beauce, le bassin de la Chaudière et les basses- terres du Saint-Laurent. C'est d'ailleurs aussi le cas des ? autres espèces de salamandres qui se reproduisent dans les étangs.

La salamandre maculée semble bien établie à l'est de L'Islet et le long des basses-terres de la Gaspésie; en effet, 11 observations ont été faites un peu partout dans cette région. Au nord du Saint-Laurent, on la trouve presque jusqu'en Abitibi. Plusieurs spécimens ont été vus dans la région du Saguenay et jusqu'à Sept-Iles. La limite septentrionale de l'aire de répartition se situe, pour le moment, à environ 300 km au nord du lac Saint-Jean, au lac Mistassini, où l'on a découvert quelques individus.

Cette distribution plutôt insolite emprunte l'ancienne route indienne commerciale (dite de chamouchouane) entre la baie James et le lac Saint-Jean. Il est possible que les autochtones aient troqué cette salamandre pour sa beauté, ou que, l'ayant adoptée comme animal familier, leurs enfants l'aient égarée au cours de leurs multiples pérégrinations.

Durant sa phase terrestre, cette espèce habite surtout les vieilles forêts de feuillus tapissées d'une épaisse couche de matière organique. Elle se cache souvent sous des pierres plates ou des troncs d'arbres pourris. Nos recherches ont montré qu'elle vit aussi au milieu d'associations végétales typiques des tourbières, et plus spécialement dans des endroits où dominent les

conifères. Elle est plus facile à apercevoir au temps de la migration printanière, de l'accouplement dans les étangs ou encore lorsque les jeunes se dispersent après la métamorphose. La population la plus dense qu'on ait jamais trouvée, comptait une centaine de larves, découvertes dans un fossé un 20 juillet, dans la circonscription de Frontenac. Le groupe le plus nombreux d'adultes comprenait huit spécimens,

dénichés sous un vieux tronc d'arbre un 31 mai.

La salamandre maculée atteint un âge assez avancé et suit, d'année en année, le même sentier pour aller de son gîte à l'étang où elle se reproduit. Cette migration s'effectue au tout début du printemps, comme pour J les tritons et les sala- mandres à points bleus.

Là toutefois s'arrête la ressemblance, car les comportements diffèrent lors de l'accouplement. Au lieu de former des couples pour les danses nuptiales, les mâles s'approchent à plusieurs d'une seule femelle pour la courtiser. Ils la touchent du bout de leur nez, puis, nageant devant elle, déposent un spermatophore dans l'eau. Tôt ou tard, la femelle ramasse un ou plusieurs spermatophores en les recueillant un par un entre les lèvres de son cloaque. Le spermatophore se dissout alors pour permettre la fertilisation interne. Les oeufs sont déposés en grosses grappes plutôt qu'en petits paquets comme chez la salamandre à points bleus. Il arrive qu'une même étendue d'eau contienne des larves de ces trois espèces (triton, salamandre à points bleus et salamandre maculée), puisqu'elles se reproduisent toutes dans des étangs. La compétition interspécifique doit cependant être négligeable, du moins au tout début, étant donné la surabondance d'invertébrés aquatiques dans les étangs temporaires au printemps.

Le nombre d'observations enregistrées est comparable chez la salamandre maculée (190) et la salamandre à points bleus (182). Si l'on regarde, chez les deux espèces, comment ces comptes rendus se répartissent entre différentes régions, on constate que les

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salamandres maculées sont presque deux fois plus nombreuses dans le sud-ouest du Québec et dans les Cantons de l'Est, en nombre égal dans la région de Gaspé et moins nombreuses au nord du Saint-Laurent.

Contrairement à la salamandre à points bleus, qui est répandue sur toutes les îles importantes de l'archipel de Montréal, la salamandre maculée n'a été retrouvée qu'en un seul endroit et une seule fois, sur l'île Perrot.

SALAMANDRE MACULEE

(Ambystoma maculatum)

46°

45°

81° 80° 79° 78° 77° 76° 75° 74° 73° 72° 71° 70° 69° 68° 67° 66" 65° 64° 63° 62°

Avant 1988 (seulement) 1986 à 1992 (seulement) Avant et après 1988 75" 74° 73° 72

46°

45°

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Salamandre sombre du Nord Northern Dusky Salamander

'smognathus fuscus

La salamandre sombre du Nord fait partie de la famille des pléthodontidés, un groupe de salamandres dépourvues de poumons. On retrouve, au Québec, deux espèces de salamandres sombres (Genus Desmognathus).

Elles possèdent toutes deux une ligne claire qui descend de l'oeil à la commissure des lèvres, mais cette marque disparaît parfois avec l'âge. Comme leurs membres postérieurs sont plus gros que leurs membres antérieurs, elles peuvent sauter plusieurs fois leur

propre longueur.

La salamandre sombre du Nord adulte mesure de 60 à 140 mm. Une arête longitudinale court sur la face supérieure de la queue dont la base est légèrement comprimée latéralement. La mâchoire inférieure étant soudée, il lui faut lever la tête pour ouvrir la bouche. La coloration change au cours de la vie. Les tout petits ont, le long du dos et de la queue, deux bandes qui sont formées de taches jaunâtres placées à intervalles réguliers le long d'une ligne foncée sinueuse. Ce motif s'estompe avec les années, le dos prenant généralement une teinte gris sombre ou brunâtre. Le ventre est pâle sauf autour du cloaque, où la peau est habituellement plus foncée.

La salamandre sombre du Nord est répandue dans les régions montagneuses de l'est de l'Amérique du Nord. On ne la trouve pas dans les plaines côtières des deux Carolines, de la Géorgie ou de la Floride. Dans le sud des Appalaches, les populations sont disséminées.

Son aire de répartition canadienne se limite presque exclusivement au Québec; on a cependant déniché une petite colonie dans un ruisseau à l'extrémité sud de l'escarpement de Niagara, en Ontario. Cette salamandre habite les contreforts des Adirondacks (principalement la région de Covey Hill), les montagnes de la Montérégie, à l'est de la rivière Richelieu, ainsi que les contreforts des Appalaches, à l'est de Kamouraska. On a observé une population au nord du Saint-Laurent pour la première fois en 1991. Elle a été découverte dans le cours inférieur de la rivière Montmorency. À cette hauteur, la marée se fait encore sentir dans le Saint-

Laurent, mais l'eau est douce. De plus, le fleuve est particulièrement étroit vis-à-vis l'embouchure de la rivière Chaudière. Nos salamandres sombres du Nord sont aquatiques et actives durant l'hiver. On peut donc émettre l'hypothèse que lors d'un printemps de grandes crues, elles ont été emportées de la Chaudière jusque de l'autre côté du Saint-Laurent.

Cette espèce préfère nettement s'établir le long des ruisseaux et elle s'éloigne rarement de l'eau courante. Elle choisit d'habitude la source de petits cours d'eau qui serpentent à travers les bois ou les sources de suintement.

L'aspect le plus déterminant de son habitat est le bord de l'eau, où la salamandre cherche sa nourriture et nidifie; l'endroit idéal est jonché de bois pourri ou de pierraille recouverte de mousse. Le domaine vital de cet animal est exigu, entre 0,1 m° et 18,4 m0 selon deux études. Lorsque la température de l'eau tombe à 7 °C, la salamandre s'installe, seule ou en groupe, dans une petite mare où elle demeure active pendant toute la mauvaise saison.

De nombreuses recherches ont été effectuées sur cette espèce, car elle est très répandue aux États-Unis.

Son comportement lors de la reproduction suscite particulièrement l'intérêt. La parade nuptiale se déroule à l'automne et tout au long du printemps. Puis, en juillet ou en août, la femelle dépose ses oeufs, ce qui lui prend à peu près vingt-quatre heures. La ponte, pour l'ensemble des femelles, s'échelonne sur deux à trois semaines. Le nid est situé à courte distance du ruisseau, dans une cavité peu profonde, creusée à même la terre humide, sous des pierres, des troncs d'arbres ou un tapis de mousse. La femelle couve ses oeufs durant approximativement deux mois. Ces derniers éclosent l'un après l'autre et les jeunes quittent le nid pour gagner le cours d'eau, individuellement ou en petits groupes. C'est la prédation, plus que la dessiccation ou l'inondation, qui ravage les nids.

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En 1950, à peine cinq observations avaient été relevées au Canada. Au cours des 30 années qui ont suivi, de nombreux volontaires ont consacré beaucoup de temps à déterminer la distribution des diverses salamandres de cours d'eau dans le sud du Québec. Ces efforts ont porté fruit : plus de 130 rapports sur cette salamandre nous sont parvenus. Ils nous donnent une image plus nette de l'état des populations québécoises et de leur répartition, d'ailleurs limitée. Il ne s'agit donc pas d'une espèce commune, mais on ne peut dire qu'elle est en danger. Toutefois, des perturbations importantes de son habitat, surtout des rives le long du cours supérieur des cours d'eau, constitueraient la menace la plus grave à sa survie.

SALAMANDRE SOMBRE DU NORD

(Desmognathus fuscus)

80° 79° 78° 77° 76° 75° 73'

Avant 1988 (seulement) 1988 à 1992 (seulement) Avant et après 1988

79° 78° 74° 73° 72° 71 70° 69° 68° 67°

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Salamandre sombre des montagnes

j;

Mountain Dusky Salamander

" " smognathus ocrophaeus

Cette salamandre est une proche parente de la salamandre sombre du Nord, dont elle a à peu près la même taille (les adultes mesurent de 70 à 100 mm). Elle possède, elle aussi, cette ligne claire caractéristique qui va du coin de l'oeil à la commissure de la bouche. Ses membres postérieurs sont également plus larges et adaptés pour le saut. Les deux espèces diffèrent cependant au niveau de la queue; chez la salamandre sombre des montagnes, la base en est

arrondie, d'où l'absence de crête pointue sur la face dorsale.

Chez un spécimen type, une bande droite, bordée de brun foncé ou de noir, s'étend le long du dos et de la queue. Cette bande se présente dans toute une gamme de couleurs : jaune, orange, gris- olivâtre, brun, ocre ou tirant sur le roux, et elle est moins prononcée sur les côtés et le ventre,

qui sont plus pâles. Les jeunes adultes -.. ^ ont une rangée de chevrons foncés dans le milieu du dos, mais comme la bande centrale devient plus sombre avec l'âge, ce motif perd de sa netteté.

En Amérique du Nord, l'aire de répartition de cette espèce est beaucoup plus restreinte que celle de la salamandre sombre du Nord. On la trouve surtout sur le versant ouest des montagnes Appalaches et dans les Adirondacks. Elle ne semble pas être répandue à l'est de la rivière Hudson ni de la vallée de Champlain. Au Québec, on a découvert des individus à un seul emplacement, près de Covey Hill, dans les contreforts des Adirondacks.

Cette salamandre habite de préférence les sources de suintement ou les bords des petits ruisseaux forestiers, tapissés de feuilles mortes ou jonchés de pierres et de branchages. Elle passe l'hiver près de sources de suintement, là où le sol peu épais repose sur un substrat rocheux, ou encore près de la source des ruisseaux, où il lui arrive de se rassembler en petits groupes.

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Elle est la plus terrestre de toutes les salamandres sombres. Elle s'aventure parfois loin de son cours d'eau lors des nuits humides et grimpe même aux buissons et aux

^, arbres. Des études sur son

comportement alimentaire ont montré qu'elle chasse à -•• l'affût plutôt qu'en maraude. L'humidité est un facteur déterminant qui peut limiter la zone d'alimentation. En période de sécheresse, le domaine vital est relativement petit.

L'amplitude des déplacements augmente toutefois durant les nuits humides, ce qui diminue la pression de chasse sur les proies vivant près du centre d'activité, où la chasse est plus intense.

Le nombre de nids et l'importance d'une population semblent dépendre de la quantité de lieux de nidification disponibles. La femelle se met en quête d'un nid bien avant d'être prête à déposer ses oeufs et retourne souvent au même emplacement durant plusieurs saisons successives.

Comme on n'a découvert qu'une petite colonie au

Québec, on doit considérer cette espèce comme étant

rare et en danger.

(31)

SALAMANDRE SOMBRE DES MONTAGNES

(Desmognathus ochrophaeus)

81° 80° 79° 78° 77° 76° 75° 74" 73° 72° 71° 70° 69° 68° 67° 66° 65° 64° 63° 62°

Avant 1988 (seulement) 1988 à 1992 (seulement) Avant et après 1988

46°

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Salamandre rayée

Eastern Redback Salamander

^iffElethodon cinereus

La salamandre rayée est une espèce qu'on trouve dans les bois. Les adultes mesurent de 57 à 92 mm. Il existe deux variétés; elles cohabitent parfois dans la même forêt et se distinguent par leur coloration. Chez le type rouge, une bande longitudinale et rectiligne se détache nettement sur le milieu du dos; sa couleur va du rouge brique au jaune orange. Le type couleur de plomb est d'une teinte uniforme, gris foncé ou presque noir.

Dans les deux cas, le ventre paraît grisâtre, mais il est en fait tacheté de blanc et de noir.

L'île de Terre-Neuve exceptée, l'aire de distri- bution nord-américaine comprend les Maritimes, et s'étend, au sud,' jusqu'en Caroline du Nord (

et, à l'ouest, jusqu'au Missouri et au Minnesota.

Quelques populations sont .-À éparpillées au sud et à l'ouest de

l'aire de répartition principale. Au Québec, l'espèce est répandue au sud du Saint-Laurent, mis à part, il vaut la peine de le noter, les terres argileuses de la vallée du Saint-Laurent et, chose surprenante, le bassin supérieur de la rivière Chaudière. Au nord du fleuve, plusieurs spécimens ont été aperçus dans la partie ouest de l'Abitibi, au Témiscamingue, à Pontiac et dans toutes les basses Laurentides, jusqu'à Québec. D'autres individus ont été signalés plus au nord-est, dans la région du lac Saint-Jean et le long de la rivière Matamec, sur la Côte-Nord.

La salamandre rayée ne fréquente pas les forêts de moins de trente ans et elle s'installe habituellement dans les vieilles pinèdes (de pin blanc), les prucheraies et les érablières. Or, après une coupe à blanc, une forêt met une soixantaine d'années à se régénérer au point de pouvoir abriter cette espèce. Le facteur déterminant d'un bon habitat est l'épaisseur moyenne de la litière, c'est-à-dire des débris organiques qui jonchent le sol. Les sols au pH presque neutre conviennent mieux à cette salamandre. Un pH acide entre 2,5 et 3 lui est fatal et peu d'individus vivent dans les sols au pH inférieur à 3,8. Heureusement, le pH des sols québécois est, la plupart du temps, bien supérieur à ce seuil critique.

La salamandre rayée est, dans notre province, la seule qui n'ait qu'une phase terrestre. Vers la fin juin, la femelle dépose 6 à 12 oeufs en petits tas au creux d'un vieux tronc d'arbre pourri et les fixe au plafond de cette cavité humide. Elle couve ses oeufs jusqu'à l'éclosion, à la fin août ou en septembre, et les jeunes, d'une longueur approximative de 10 mm, ressemblent à une reproduction miniature du parent. La phase larvaire se

déroule entièrement dans l'oeuf.

La territorialité est très manifeste chez cette salamandre, qui défend son domaine même lorsqu'il n'atteint pas 1 m2 de surface. L'odorat joue un rôle si décisif qu'une morsure sur le nez de l'adversaire suffit à consacrer la victoire. Cet animal reconnaît à leur fumet ses voisins les plus proches et ne gaspille pas son temps et son énergie à se battre avec eux.

L'amplitude moyenne des déplacements nocturnes est d'environ 0,43 m. Si on transplante des spécimens à 30 m de leur gîte, 90 % d'entre eux retrouvent leur chemin dans l'espace de vingt-quatre heures; cette proportion chute à 25 % si on les déplace de 90 m. Cette espèce hiberne sous terre, au-dessous du niveau des gelées hivernales.

Dans les Laurentides, on trouve rarement la salamandre rayée dans les secteurs occupés par la salamandre à deux lignes durant l'été. Les deux espèces ne semblent pas pouvoir coexister. Il est donc possible que la salamandre rayée ne s'approche pas à moins de 100 m de certains cours d'eau dans les régions septentrionales. Par contre, on peut en découvrir aux abords — ou même dans le lit — des ruisseaux temporaires lorsqu'ils sont à sec.

Cette salamandre se classe troisième au Québec pour le nombre d'observations enregistrées (228). Nous croyons toutefois qu'étant donné l'immensité de son aire de distribution, elle est en réalité l'espèce la plus commune.

(33)

SALAMANDRE RAYÉE

(Plethodon cinereus)

81° 80° 79° 78° 77° 76° 75° 74° 73° 72° 71° 70° 69° 68° 67° 66° 65° 64° 63° 62°

49°

46°

45°

46°

Avant 1988 (seulement)..

1988 à 1992 (seulement).

Avant et après 1988 79° 78° 77° 76° 75' 73° 72° 71° 70° 69° 68° 67°

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