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PHILOSOPHIES. Collection dirigée par Françoise Balibar, Jean-Pierre Lefebvre Pierre Macherey et Yves Vargas

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Academic year: 2022

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PHILOSOPHIES Collection dirigée p a r

F r a n ç o i s e B a l i b a r , J e a n - P i e r r e L e f e b v r e P i e r r e M a c h e r e y e t Yves V a r g a s

ISBN 2 13 0 4 3 1 3 3 × ISSN 0 7 6 6 - 1 3 9 8

D é p ô t légal — 1 é d i t i o n : 1990, m a i

© P r e s s e s U n i v e r s i t a i r e s d e F r a n c e , 1990 108, boulevard Saint-Germain, 75006. Paris

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Nous avons choisi de proposer notre propre traduction de l'ensemble des textes de Max Weber que nous citons. Pour la commodité du lecteur, nous donnons cependant aussi la référence aux éditions fran- çaises, quand elles existent. Les références (avec les abréviations indiquées ici) vont aux éditions suivantes :

En allemand :

Gesammelte Aufsätze zur Wissenschaftslehre, Tübingen, J. C. B.

Mohr (Paul Siebeck), 1968*. Cité WL.

Wirtschaft und Gesellschaft, 2 vol., Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1976. Cité W&G.

Gesammelte Aufsätze zur Religionssoziologie, 3 vol., Tübingen, J. C. B. Mohr (Paul Siebeck), 1972. Seul le premier volume est utilisé ici, et cité RS I.

Wirtschaftsgeschichte. Abriß der universalen Sozial- und Wirtschafts- geschichte, Berlin, Duncker & Humblot, 1958.

En français :

L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, Paris, Librairie Plon, 1964. Cité EP.

Essais sur la théorie de la science, Paris, Librairie Plon, 1965. Cité ETS.

Le savant et le politique, Paris, UGE, coll. 10/18, 1963. Cité S&P.

Economie et Société I, Paris, Librairie Plon, 1971. Cité E&S.

Sociologie du droit, Paris, PUF, 1986. Cité SD.

Pour les noms propres et les termes suivis d'un astérisque, se reporter au glossaire placé à la fin de l'ouvrage.

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Introduction

Max Weber n'est certes pas un inconnu en France, mais jamais la pensée française n'a pris la mesure des enjeux pro- prement philosophiques de son œuvre. Le manque d'atten- tion sérieuse portée à celle-ci ne s'explique pas suffisamment par la non-traduction d'une partie importante de ses écrits : la langue wébérienne est incontestablement ardue, mais pas plus que celle de nombre d'auteurs allemands qui n'en ont pas moins trouvé des traducteurs, dès lors que l'intérêt s'était éveillé pour leur réflexion. Plus que la difficulté de sa lan- gue, la rigidité des séparations entre disciplines, dans notre pays, constitue l'obstacle majeur à une juste appréciation de l'importance de cet auteur. Etiqueté comme sociologue, Max Weber ne peut être abordé qu'avec réserve par les phi- losophes français. Car pour la plupart d'entre eux la démarche sociologique est fondamentalement suspecte : elle semble affec- tée, comme l'ensemble des sciences humaines, de la naïveté des savoirs positifs, dogmatiquement convaincus de la vali- dité scientifique de leur méthodologie et systématiquement ignorants des conditions de constitution de leur objet. Les traditions dont se nourrit la philosophie française contem- poraine sont diverses : les hégéliens, les héritiers du trans- cendantalisme kantien et fichtéen, les phénoménologues, les heideggeriens ne parlent pas tous le même langage, et leurs divergences souvent se traduisent en polémiques virulentes.

Mais la méfiance envers les sciences humaines, et singuliè- rement la sociologie, se retrouve chez tous, avec seulement des degrés dans l'accentuation polémique.

Il y a donc quelque gageure à vouloir introduire Max Weber dans le cercle des auteurs dignes de l'intérêt des philoso- phes. Ne sous-estimons pas l'ampleur de la difficulté : les habitudes hexagonales ne sont pas seules en cause. A bien des égards, Weber a tendu à ses critiques futurs la corde pour le pendre. Car il a fréquemment souligné que le cara- tère strictement empirique de son projet de connaissance excluait la prise en considération des questions traditionnel-

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les de la philosophie : ces questions qui touchent le sens de la vie et du monde, ainsi que la justification dernière des normes de l'action. Il laissait tout cela en pâture à la « pen- sée spéculative » ( WL 152 ; ETS 127), à l'interprétation

« métaphysique » du monde (WL 156 ; ETS 132), à la « phi- losophie des valeurs » (WL 507 ; ETS 427). Une science empi- rique doit cantonner son ambition à l'ordonnance raison- née du donné empirique : c'est là un des leitmotivs des tex- tes méthodologiques wébériens. Ce partage des modes du logos (sciences empiriques d'un côté, philosophie « des valeurs », c'est-à-dire la seule forme de philosophie légitime, de l'autre) est supporté à son tour par un présupposé logi- que que Weber admet comme une évidence : l'hétérogénéité radicale entre énoncés descriptifs et énoncés prescriptifs, ou, dans le langage de son époque, entre jugements de fait et jugements de valeur. Distinction qu'il érige en véritable principe de déontologie scientifique, dont le respect signale l'honnê- teté et la rigueur de l'authentique savant :

La validité d'un impératif pratique entendu comme norme et d'autre part la validité de vérité d'une constatation empirique d'un fait relèvent de niveaux de problématiques absolument hétérogènes, de sorte que l'on porte préjudice à la dignité de l'une et l'autre de ces deux sphères si l'on méconnaît leur distinction et si on cherche à les réunir de force (WL 501 ; ETS 418).

En réservant la qualité de science (Wissenschaft) aux savoirs empiriques, et en n'accordant à la philosophie d'autre sta- tut que celui d'une réflexion sur les « valeurs », Weber ne fait qu'expliciter les préjugés les plus ordinaires de son épo- que. Au début du siècle précédent, et jusque chez Hegel, la philosophie revendiquait pour elle-même le monopole de la scientificité : philosophie et Wissenschaft étaient synony- mes. Le déplacement de l'acception de ce terme, Wissens- chaft, dans la sémantique de l'allemand au cours du XIX siè- cle est l'index du triomphe des sciences positives, corrélat de la décadence de la philosophie. Ceux qui aujourd'hui, ne s'accommodant pas de cet état de choses, interrogent les présupposés cachés sur lesquels repose la confiante certitude de soi des sciences contemporaines ont donc quelque motif

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de n'aborder la sociologie wébérienne qu'avec réticences.

D'autant plus que notre auteur aggrave son cas en interve- nant, quoi qu'il en dise, dans le domaine prétendument aban- donné à la philosophie. Il affirme en effet sans ambage que ces « valeurs » dernières dont dépend le sens de la vie et de l'action ne peuvent être justifiées par la raison : en sorte que les conflits, à ce niveau où se décident les engagements existentiels de chacun, sont insurmontables. Une formule empruntée à John Stuart Mill lui permet de résumer cette situation : si l'on part de l'expérience pure, on aboutit au polythéisme, c'est-à-dire à la lutte inexpugnable entre les dif- férents dieux ou, ce qui est la même chose, les différents systèmes de valeurs (cf. WL 603 ; S&P 83, et WL 507 ; ETS 427). Partir de l'expérience ? Mais c'est ce que font, préci- sément, les sciences empiriques. C'est de leur point de vue par conséquent qu'une fondation rationnelle des normes de l'action est décrétée impossible. De leur point de vue, du même coup, que se trouve réduite, telle une peau de cha- grin, la tâche de la philosophie : elle serait simplement d'élu- cider les significations ultimes susceptibles de servir de cadre de référence à une action cohérente, étant entendu que ces significations sont multiples et fournissent une armature logique à la diversité des pratiques, sans que leur explicitation per- mette jamais de résoudre leur antagonisme essentiel. A cette tâche pourtant, la science suffit, de l'aveu de Weber lui- même. Car elle est en mesure de montrer que :

pour parler de façon métaphorique, si vous vous décidez pour telle position, vous servez ce Dieu et vous offensez cet autre. Car si vous restez fidèle à vous-même, vous aboutirez nécessairement à telles conséquences internes, ultimes et significatives. On peut, en prin- cipe du moins, réaliser cette tâche. C'est à quoi s'efforcent la disci- pline spécialisée qu'on appelle philosophie, ainsi que les discussions principielles, philosophiques en leur essence, des autres disciplines particulières. Si nous connaissons notre affaire..., nous pouvons alors obliger l'individu à se rendre compte du sens ultime de son propre agir... (WL 608 ; S&P 90. Je souligne, C. C.-T.).

Weber a donc délibérément situé son entreprise de con- naissance hors de la philosophie. Plus encore : pour avoir

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accaparé la dignité du « scientifique » pour les seules disci- plines empiriques, et assigné la philosophie à la portion congrue, il apparaît comme l'agresseur. En l'ignorant, ou le vitupé- rant selon les cas, les philosophes n'ont fait somme toute que lui rendre la monnaie de sa pièce.

S'en tenir à ce constat d'incompréhension réciproque serait pourtant rater l'occasion d'une expérience de pensée excep- tionnelle, qui ouvre des perspectives inédites sur la condi- tion de l'homme du XX siècle, ainsi que sur les présuppo- sés et difficultés des sciences humaines contemporaines. Un thème paraît particulièrement propre à mettre en lumière l'originalité de cette pensée : l'histoire.

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CHAPITRE PREMIER

A u x s o u r c e s d e la m é t h o d o l o g i e w é b é r i e n n e : la p o l é m i q u e

c o n t r e l ' E c o l e h i s t o r i q u e a l l e m a n d e

La pensée de l'histoire au XIXe siècle

On a répété à satiété du XIX siècle qu'il fut le siècle de l'histoire. Cela est vrai singulièrement en Allemagne où la dénonciation de l'« abstraction » de l'Aufklärung (dénon- ciation qui était souvent, mais non toujours, d'inspiration conservatrice) suscita un foisonnement de recherches dont le point commun était l'intérêt pour l' individualité des mani- festations de l'esprit. Qu'il s'agisse de droit et de politique, de l'étude des langues, des mythes et légendes, de l'art ou de la philosophie, l'ambition était toujours la même : mon- trer ce qui était le propre de chaque époque de la culture, et comment ce propre, ou cette différence spécifique, se réflé- chissait dans toutes les dimensions de son existence. De l'extraordinaire chantier que furent à cet égard les premiè- res décennies du XIX siècle, quelques noms émergent, quelques œuvres qui ont frayé la voie aux sciences comparatives moder- nes : les frères Schlegel et W. v. Humboldt pour la gram- maire comparée, les frères Grimm pour la philologie, Schleier- macher pour l'herméneutique, Savigny pour les sciences juri- diques. La philosophie de l'histoire de Hegel, telle qu'elle s'exprime dans ses Leçons, et plus particulièrement dans leur introduction (La raison dans l'histoire), participe de ce mou- vement général, tout en occupant une place à part. Place dont il nous faut dire quelques mots, dans la mesure où le rapport (indirect, il est vrai) de Max Weber à Hegel est l'une des clés permettant de comprendre la nouveauté de la pen- sée wébérienne.

Hegel, sans conteste, a puisé dans les ressources de son

temps en nommant « esprit du peuple » (Volksgeist)

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l'homogénéité de sens qui rassemble en une totalité Une les divers aspects d'une époque déterminée de l'histoire de l'huma- nité. A la différence des juristes de l'Ecole historique du droit* (Savigny*), qui avaient avant lui utilisé ce terme, il ne reniait pas pourtant l'héritage de l'Aufklärung : la valo- risation de l'individualité de chaque époque de la culture ne lui paraissait pas incompatible avec l'idée d'un progrès de l'esprit. La succession des grandes civilisations se laissait en effet ordonner selon le schéma d'un procès cumulatif dans lequel l'esprit du monde (Weltgeist) venait à paraître. Et la vérité de celui-ci, conformément à l'inspiration des Lumiè- res, était la réalisation de la liberté : autrement dit, le façon- nement de toutes les dimensions de l'être-au-monde de l'homme, structures juridiques et politiques, religion, art et philosophie, par et pour la liberté.

Pour beaucoup aujourd'hui, le concept de la philosophie de l'histoire, en son interprétation hégélienne, emblématise la représentation de l'histoire qui fut celle du XIX siècle.

Cette simplification s'accompagne de quelques confusions grossières : ainsi de l'identification dudit concept avec un déterminisme excluant toute prise des hommes sur leur futur, ou encore son assimilation à une variété d'évolutionnisme*

qui anticipait les théories positivistes de la fin du siècle. Il est bon de rappeler que l'hégélianisme n'avait rien de com- mun avec toutes ces doctrines qui ne voient dans le devenir des sociétés humaines que « la nécessité abstraite et dépourvue de raison d'un destin aveugle » (Principes de la philosophie du droit, § 342). Mais nous n'insisterons pas sur ce point, car ce sont là des contresens tardifs que ne commettaient pas, en règle générale, les contemporains ou les successeurs immédiats de Hegel. Ceux-ci pourtant ne ménagèrent pas leurs critiques au philosophe. Loin d'exprimer en forme synthé- tique les vues communes de son époque, le concept philoso- phique de l'histoire fut au contraire attaqué de tous côtés.

A travers Marx, les échos de la critique des jeunes hégéliens*

sont parvenus jusqu'à nous : la philosophie de l'histoire n'était à leurs yeux qu'un avatar de la Providence chrétienne, et l'esprit absolu, le fantôme du Dieu des théologiens. Les jeunes hégéliens étaient, il est vrai, des marginaux, journalistes ou

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écrivains indépendants en rupture avec les cadres tradition- nels de la carrière académique. Mais les milieux universitai- res ne firent pas un sort meilleur à la spéculation hégélienne.

Avant tout, les historiens la rejetèrent avec virulence. Leo- pold von Ranke*, le plus prestigieux représentant de l'Ecole historique*, fleuron de l'Université allemande du XIX siè- cle, prononça à son propos une condamnation sans appel.

L'idée de progrès chère aux philosophes, remarquait-il, implique

qu'à chaque époque la vie de l'humanité s'élève à une puissance supérieure, chaque génération l'emportant en excellence sur celle qui la précède, en sorte que la dernière est la plus privilégiée, tandis que les époques antérieures ne sont que les porteurs de celles qui viennent ensuite. Ce serait là, commentait-il, une injustice de la Divinité. Une génération ainsi médiatisée n'aurait pas de significa- tion en et pour soi. Elle ne signifierait quelque chose que dans la mesure où elle serait l'étape menant à la génération suivante, et ne serait pas en rapport immédiat avec D i e u

La polémique de Ranke contre la philosophie hégélienne mérite qu'on s'y attarde. Car elle entrelace, de façon pour nous hautement déconcertante, trois thèmes de statuts fort différents. Le premier est théologique : l'idée philosophi- que de l'histoire est incompatible avec la transcendance divine, en toute logique elle débouche sur le panthéisme. Plus encore : supposer que Dieu n'ait pas traité de façon égale toutes les époques de la culture humaine, qu'il n'ait attribué à certai- nes d'entre elles d'autre fonction que de préparer celles qui les suivent, et qu'en définitive il ait ordonné tout le sens de l'histoire à son terme, revient à soupçonner Dieu d'injustice.

Ce motif théologique permet de réintroduire, contre Hegel, le thème de l' ontologie romantique, anti-Aufklärung, selon lequel chaque individualité historique (chaque civilisation) recèle en elle-même toute la richesse de sa signification. L'équité de Dieu et l'ontologie romantique se conjuguent enfin pour

1. Leopold von Ranke, Ueber die Epochen der neueren Geschichte (Les époques de l'histoire des temps modernes), in A us Werk und Nachlaß, hrsg.

v. Helmut Berding, Bd. II, München-Wien, R. Oldenbourg Verlag, 1971, p. 59.

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1904 : Reprend la responsabilité éditoriale de l ' für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik (désormais Archiv...) avec Werner Sombart et Edgar Jaffé. Voyage aux Etats-Unis.

1904 : « Die "Objektivität" sozialwissenschaftlicher und sozialpolitischer Erkennt- nis » (« L'objectivité de la connaissance dans les sciences et la politi- que sociales »), publié dans la revue Archiv...

1905 : Publication de Die protestantische Ethik und der « Geist » des Kapi- talismus (L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme), sous forme de deux articles dans la revue Archiv...

1909 : Entame une participation à l'ouvrage collectif : Grundriß der Sozia- lökonomik (Fondement de l'économie sociale). Le travail que Max Weber effectua pour cet ouvrage est à l'origine de Economie et Société.

Fondation de la Société allemande de sociologie.

1913 : « Ueber einige Kategorien der verstehenden Soziologie » (« Sur quel- ques catégories de la sociologie compréhensive »), publié dans Logos.

1919 : « Die Wirtschaftsethik der Weltreligionen. Einleitung ; I : Konfuzia- nismus und Taoismus ; Zwischenbetrachtung », et « II : Hinduismus und Buddhismus » (« L'éthique économique des grandes religions du monde. Introduction ; I : Confucianisme et Taoïsme ; Remarque inter- médiaire », et « II : Hindouisme et Bouddhisme »), deux articles dans la revue Archiv...

1917 : « Der Sinn der "Wertfreiheit" der soziologischen und ökonomischen Wissenschaften » (« Le sens de la "neutralité axiologique" dans les sciences sociologiques et économiques »), dans la revue Logos.

« Die Wirtschaftsethik der Weltreligionen, III : Das antike Judentum » (« L'éthique économique des grandes religions du monde, III : Le judaïsme antique »), dans la revue Archiv...

1919 : « Wissenschaft als Beruf » (« Le métier et la vocation de savant ») et « Politik als Beruf » (« Le métier et la vocation de politique ») : conférences devant la Ligue des étudiants libéraux à Münich.

1919, été : Succède à Lujo Brentano à l'Université de Münich. Sa première conférence porte sur « Die allgemeinsten Kategorien der Gesellschafts- wissenschaft » (« Les catégories générales de la science de la société »).

Hiver : Leçons sur l'histoire sociale et économique universelle (publiées en 1923 sous le titre Wirtschaftsgeschichte (Histoire éco- nomique)).

1920, printemps : Leçons sur la sociologie de l'Etat.

Préparation pour l'impression de la première partie de la « Théorie des catégories sociologiques » (début d'Economie et Société).

Préparation pour l'impression du premier volume de la Religions- soziologie.

14 juin 1920 : Mort de Max Weber à Münich.

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1921 : Publication de :

« Die Stadt. Eine soziologische Untersuchung », in Archiv...

Grundriß der Sozialökonomik, III. Abteilung. Wirtschaft und Gesellschaft.

I . Die Wirtschaft und die gesellschaftlichen Ordnungen und Mächte (Fondement de l'économie sociale, Section III. Economie et Société I. L'économie et les ordres et puissances de la société : il s'agit de la première version de la première partie d ' et Société.) Die rationalen und soziologischen Grundlagen der Musik (Les fonde- ments rationnels et sociologiques de la musique).

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Glossaire

Dilthey Wilhelm (1833-1911) : Interprète des travaux de l'Ecole historique allemande. A tenté d'effectuer une « critique de la raison historique ».

Son œuvre la plus célèbre, posthume : L'édification du monde historique dans les sciences de l'esprit (publiée pour la première fois en 1910, et dont une traduction en français est aujourd'hui disponible aux Ed. du Cerf, Paris, 1988), a exercé une influence importante sur Heidegger, et plus encore sur Gadamer.

Ecole historique allemande : On réunit sous ce nom un ensemble d'histo- riens allemands du milieu du XIX siècle, parmi lesquels figurent Leopold von Ranke et Johann Gustav Droysen. Leurs travaux sont à l'origine de la réflexion de Dilthey sur les fondements du savoir historique.

Ecole historique du Droit : Sous cette dénomination se sont rassemblés un certain nombre de juristes d'inspiration conservatrice, autour de la revue Zeitschrift für geschicht/iche Rechtswissenschaft, fondée en 1815 par Savigny, Eichhorn et Görschen.

Ecole historique en économie, ou économie politique historique : cf. notre chapitre I, p. 13 sq.

Epistémologie, épistémologique : Qui a trait à la théorie de la science, de ses méthodes de découverte et d'exposition.

Eschatologie : Partie de la théologie qui traite des fins dernières de l'homme.

Evolutionnisme : On nomme évolutionnisme une conception qui prête à l'histoire le caractère d'un progrès régulier, comparable à la croissance d'un être vivant.

Feuerbach Ludwig (1804-1872) : L'une des figures majeures du mouvement des jeunes hégéliens (cf. ce terme), auteur notamment de L'essence du christianisme.

Gnoséologique : Qui concerne la connaissance.

Herméneutique, philosophie herméneutique : cf. p. 39, note 7

Heuristique : Sont dits heuristiques une méthode ou un procédé qui permet- tent de faire des découvertes.

Historicisme : En un sens très général, une pensée qui s'efforce de rapporter toute conception (morale, esthétique, philosophique, voire scientifique) aux conditions où elle a vu le jour. L'historicisme est fréquemment associé au relativisme, c'est-à-dire suspecté de réduire en principe la portée et la validité des conceptions dont il traite à leur contexte d'énon- ciation.

Idéaltype : Notion forgée par Weber pour spécifier l'aspect constructif inhé- rent à toute élaboration conceptuelle. Cf. p. 15, note 2.

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Jeunes hégéliens : Expression traditionnelle par laquelle l'on désigne la jeune génération des élèves de Hegel, qui se montrèrent très vite critiques envers le caractère contemplatif de la spéculation hégélienne, et entreprirent de

« réaliser » la philosophie. Marx est issu de ce milieu, dont il a cependant rapidement dénoncé les insuffisances.

Marginalisme : Théorie économique élaborée à la fin du XIX siècle, dont la pierre angulaire est la loi dite de l'utilité marginale (selon laquelle la valeur d'échange d'un produit est déterminée par l'utilité de sa dernière unité disponible).

Menger Cari : Economiste autrichien, auteur des Fondements de l'économie politique (1871). A côté de l'Anglais Jevons, l'un des pères de l'économie politique abstraite, marginaliste.

Monisme : Théorie qui privilégie un principe unique d'explication (ex. : monisme économique : théorie qui cherche à réduire tout phénomène historique à des causes économiques).

Néo-kantien, néo kantisme : Ecole philosophique allemande de la fin du XIX et du début du XX siècle. Il existait en réalité deux écoles néo-kantiennes, l'une dite de Marbourg (dont les représentants les plus célèbres sont Ernst Cassirer et Hermann Cohen), l'autre de Bade, fondée par Wilhelm Win- delband : à cette dernière appartient Heinrich Rickert, à qui Max Weber emprunte une partie des concepts et thèmes de sa « théorie de la science ».

Nomologique : Une conception nomologique de la science est une concep- tion qui donne pour objectif ultime à la science d'énoncer les lois généra- les régissant les phénomènes qu'elle étudie.

Ranke Leopold von (1795-1886) : Incontestablement le plus illustre historien allemand du XIX siècle, figure éminente de l'Ecole historique allemande.

(cf. ci-dessus).

Rationalité en finalité, rationnelle en finalité : La définition de l'action rationnelle en finalité est donnée dans le texte 7. Pour comprendre cette expression, au premier abord déconcertante, il faut insister sur son opposition à la rationalité en valeur, c'est-à-dire à une rationalité encore ordonnée à des valeurs posées comme absolues, ce qui n'est plus le cas de la rationalité en finalité.

Rickert Heinrich (1863-1938) : L'un des représentants majeurs de l'école néo- kantienne de Bade (cf. ci-dessus). Rickert s'est employé à donner un fon- dement gnoséologique à la distinction entre sciences de la nature et scien- ces de la culture, notamment dans l'ouvrage maintes fois remanié : Die Grenzen der naturwissenschaftlichen Begriffsbildung ( 1 éd. : Freiburg, 1896-1902 ; 5 éd. : Tübingen, 1929).

Roscher Wilhelm (1817-1894) : L'un des principaux représentants de l'Ecole historique en économie.

Savigny Friedrich Karl von (1779-1861) : Juriste allemand, principal repré- sentant de l'Ecole historique du droit dont l'organe était la revue Zeitsch- rift für geschichtliche Rechtswissenschaft, qu'il fonda en 1815 avec Karl Friedrich Eichhorn et Johann Friedrich Ludwig Görschen.

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Simmel Georg (1858-1918) : Contemporain et ami de Weber, un des esprits les plus originaux de la sociologie allemande du début du XX siècle. Weber a explicitement reconnu sa dette envers son ouvrage sur les Problèmes de la philosophie de l'histoire (récemment publié en français, PUF, 1984).

Sociation : Néologisme choisi par les traducteurs français d ' et Société pour rendre l'allemand Vergesellschaftung. Par ce terme, Weber entend une relation sociale fondée sur un compromis ou une coordination d'inté- rêts. Elle s'oppose à la communalisation (Vergemeinschaftung), fondée sur un sentiment subjectif d'appartenance à une même communauté. Cf.

E&S, 1 partie, chap. I, 69.

Spengler Oswald (1880-1936) : Auteur du Déclin de l'Occident : paru en 1918, cet ouvrage, qui présentait comme inéluctable le déclin de la civilisation occidentale, rencontra un succès considérable dans les années de l'après-guerre.

Téléologie, téléologique : Une pensée téléologique est une pensée qui inter- prète le procès historique à partir de la fin (au sens de finalité, en grec telos) vers laquelle elle tend.

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Imprimé en France

Imprimerie des Presses Universitaires de France 73, avenue Ronsard, 41100 Vendôme

Mai 1990 — N° 35 966

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PHILOSOPHIES

La collection Philosophies se propose d'élargir le domaine des questions et des textes habituellement considérés comme philosophiques et d'en ouvrir l'accès à un public qui en a été tenu écarté jusqu'ici. Chaque volume facilitera la lecture d'une œuvre ou la découverte d'un thème par une présen- tation appropriée : commentaires, documents, textes.

Pourquoi parler de « philosophies » au pluriel ? Parce que la philosophie est partout au travail, et partout elle travaille pour tous. Le discours philosophique passe aussi bien par les traités philosophiques que par les essais polémiques ; il traverse les écrits des savants et des artistes ; il n'est pas indifférent aux œuvres non écrites. La philosophie est une activité théorique, mais ses effets sont directement pra- tiques. Elle n'est pas un domaine réservé, dont l'étude serait autorisée aux seuls spécialistes. Il faut donc en rendre la compréhension plus directe, en proposant sous une forme simplifiée, sans être schématique, les éléments de connaissance qui permettent d'en identifier et d'en assimiler les enjeux.

V O L U M E S PARUS :

1. Galilée, Newton lus par Einstein. Espace et relativité ( 2 édition), par Françoise Balibar

2. Piaget et l'enfant ( 2 édition), p a r Liliane Maury 3. Durkheim et le suicide (2e édition), par Christian

Baudelot et Roger Establet

4. Hegel et la société ( 2 édition), par Jean-Pierre Lefebvre et Pierre Macherey

5. Condorcet, lecteur des Lumières ( 2 édition), par Michèle Crampe-Casnabet

6. Socrate ( 2 édition), par Francis Wolff 7. Victor Hugo philosophe, par Jean Maurel 8. Spinoza et la politique, par Etienne Balibar

9. Rousseau. Economie politique (1755), p a r Yves Vargas 10. Carnot et la machine à vapeur, par Jean-Pierre Maury

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11. Saussure. Une science de la langue ( 2 édition), p a r Françoise Gadet

12. Lacan. Le sujet ( 2 édition), par Bertrand Ogi/vie 13. Karl Marx. Les Thèses sur Feurbach, par Georges

Labica

14. Freinet et la pédagogie, par Liliane Maury

15. Le « Zarathoustra » de Nietzsche, p a r Pierre Heber- Suffrin

16. Kant révolutionnaire. Droit et politique, p a r André Tosel

17. Frankenstein : mythe et philosophie, par Jean-Jacques Lecercle

18. Saint Paul, par Stanislas Breton 19. Hegel et l'art, par Gérard Bras

20. Critiques des droits de l'homme, par Bertrand Binoche 21. Machiavélisme et raison d'Etat, par Michel Senellart 22. Comte. La philosophie et les sciences, par Pierre

Macherey

23. Hobbes. Philosophie, science, religion, p a r Pierre- François Moreau

24. Adam Smith. Philosophie et économie, p a r Jean Mathiot

25. Claude Bernard, la révolution physiologique, p a r Alain Prochiantz

26. Heidegger et la question du temps, p a r Françoise Dastur

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S'intéresser en philosophe à un sociologue qui faisait dépendre le caractère scientifique de sa discipline du rejet de toute interro- gation philosophique, n'est-ce pas une gageure ? L'oeuvre de Max Weber n'est pas cependant le monument de la pensée positiviste à quoi l'interprétation française a généralement voulu la réduire. Sa réflexion sur la méthodologie d'un savoir empi- rique de l'histoire a pour fondement une théorie de la modernité, nourrie de la polémique avec les économistes et historiens de son temps, et dans laquelle les héritages de Marx et de Nietzsche sont consciemment assumés.

Sous quelles conditions peut-on comprendre l'action des agents sociaux? La discursivité des sciences humaines, sociologie et histoire notamment, met-elle en jeu des procédures irréductibles à celles des sciences exactes? A ces questions toujours actuelles l'œuvre wébérienne propose des réponses qu'on aurait tort de croire désuètes. Avant tout, Weber nous invite à méditer le lien de la rationalité scientifique avec les structures d'un monde qui a nom : l'Occident.

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