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a jalousie DEROBBE-GRILLET PAR JEAN-PIERRE VIDAL OCHE CRITIQUE/COLLECTION DIRIGÉE PAR GEORGES RAILLARD

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OCHE CRITIQUE/COLLECTION DIRIGÉE PAR GEORGES RAILLARD

a jalousie

DE ROBBE-GRILLET

PAR JEAN-PIERRE VIDAL

Université du Québec à Chicoutimi

LASSIQUES HACHETTE. 79 BOULEVARD SAINT-GERMAIN PARIS 6

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Les références concernant l'ouvrage étudié renvoient au texte des Éditions de Minuit (édition 1970).

© Librairie Hachette, 1973.

Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays.

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective», et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou repro- duction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » (alinéa 1 de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

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D'un discours ponctuel

Qu'il faille voir dans le périlleux projet de Robbe-Grillet un signe des temps, bon nombre de critiques, même hostiles, nous y invitent et, semble-t-il, avec raison. Rarement œuvre fut à ce point bien venue. Marquée du « soupçon » qu'an- nonçait Nathalie Sarraute, saluée comme référence par Michel Foucault, dessinant impérieusement une des virtua- lités de ce « livre à venir » cher à Maurice Blanchot, elle est l'initiale de toute théorie révolutionnaire de l'écriture. C'est elle, incontestablement, qui rend possible « Tel Quel », et, au-delà des divergences qui maintenant l'opposent à ce groupe, s'impose de plus en plus son caractère exemplaire.

En elle toute réflexion sur le langage et sur les signes trouve son application, rencontre son illustration, mieux, son réactif. Admirable objet d'analyse, on peut à son endroit, paraphrasant la formule de Gide sur la nature, remarquer qu'elle ne pose pas de problèmes mais ne connaît que des solutions.

En effet le discours de Robbe-Grillet ne soulève pas la moindre question hors texte, sinon évidemment la question que pose toute littérature dans son existence même et non dans ses modalités; n'illustrant rien d'autre que lui-même, il ne pose aucun des « problèmes », ne traduit aucun des

«drames» que traditionnellement la critique commune et le public (un certain public, qui est encore le plus nombreux) réclament de la littérature.

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Mieux, cette possibilité de lecture banalisante, c'est-à-dire

« réaliste », est clairement désignée et désamorcée dans l'œuvre elle-même. Et toujours dès le fronton de ce que nous sommes bien souvent conviés à considérer comme édifice.

Un projet douteux?

Contrairement à ce que voudrait nous faire croire une certaine critique, soucieuse de camoufler le sommaire réa- lisme qui la sous-tend par de criardes invocations révolu- tionnaires, Robbe-Grillet n'est pas « le héraut finissant d'une esthétique révolue et d'une conception du monde réaction- naire ». Bien plus, son entreprise ne saurait se placer dans la ligne de mire de ce jugement, puisqu'elle refuse, dans le même mouvement, et la notion d'« esthétique » et celle d'une

«conception du monde ». La première transforme l'œuvre en un système clos, un ensemble de valeurs a prioristes que les non-créateurs d'esthétiques ne peuvent que tenter de déchiffrer, sans que leur intervention ait la moindre influence sur l'ensemble. Quant à la seconde, concevoir le monde c'est être ou se poser Dieu. L'écrivain-dieu ou le lecteur-dieu n'ont pas leur place dans le discours de Robbe-Grillet. Alors, puisque incorrigibles il nous faut des idoles, les critiques se chargeront de nous en bâtir une en attirant notre attention sur les objets dans l'œuvre de Robbe-Grillet. Ce seront les

« objets-personnages » (esthétique) ou les « personnages- objets » (conception du monde).

Or c'est justement ce principe de divinisation que tout texte de Robbe-Grillet conteste. Dans ce lieu de toutes les métamorphoses, l'importance (que ce soit celle d'un objet, d'un personnage, d'une scène ou d'une phrase) est sans cesse différée. Il n'y a plus de centre mais une infinité de foyers parallèles, contradictoires, souvent obscurs, jamais

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saisissables dans une fixité. Le premier mot écrit et lu provoque le déclenchement d'un mouvement qui ne trouvera son terme que dans un auto-épuisement.

Le «scripteur» et le lecteur devenus un seul et même prin- cipe d'actualisation, agissent et réagissent dans et sur le texte qu'ensemble ils produisent et qui les définit comme indéfinissables parce que l'un et l'autre indéfinis, provisoires, non privilégiés. Tout roman de Robbe-Grillet est ainsi une cérémonie du problématique, une épiphanie de la question.

Cette œuvre (mais à ce stade, il faudrait sans doute rejeter ce terme), difficile, contraignante, est expérience (dans les deux sens du mot, c'est-à-dire : risque-action) et projet. Ou, comme l'a bien énoncé Georges Raillard, c'est « un projet écrit au présent ». Le qualifier de « douteux », ce n'est certes pas le flétrir mais au contraire y reconnaître — ni esthétique, ni conception du monde, avec tout ce que ces deux notions transportent de fixe — l'espace sans cesse futur d'une liberté qui ne s'ancre et ne s'engage qu'en elle-même. Si Robbe- Grillet est un héraut, c'est bien de cette seule affirmation.

Dès lors se pose la question non pas d'un prétendu contenu, révolutionnaire ou non, que ces textes véhiculeraient, mais celle, combien plus fondamentale, de la façon dont ce dis- cours s'articule révolutionnairement aux autres discours et au monde.

La révolution n'est pas ainsi mise entre parenthèses mais elle est le tracé même que forme cette parenthèse où Jean Ricardou a fort bien montré qu'il fallait voir se marquer l'action de l'écriture.

1. Pierre BOURGEADE, « Un projet douteux », Le Monde. 30 octobre 1970.

2. Georges RAILLARD, « Jeu de patience ou jeu de violence », Ibid.

3. « Une question nommée littérature» dans Problèmes du Nouveau Roman, Ed. du Seuil, 1967.

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Textes, prétextes

I

1 Les discours qui l'instaurent et sur lesquels il s'enlève.

Pluralité des discours, discours pluriels.

Bien que nous manque nécessairement le recul qui permet de discerner, coexistants mais assourdis, d'autres courants dont il révèle alors la portée sinon exacte du moins historique, il semble que l'entreprise moderne passe par ces deux axes majeurs que sont le marxisme et la psychanalyse.

Tous deux reconsidération totale de l'homme, tous deux système, certes, mais bien plus encore analyse et critique, lecture en un mot. C'est dire que le rapport qui les unit à leur objet est ambigu : adhérence parfaite et pourtant décol- lage incessant dans la mise en branle du mouvement qui les institue discours.

Ainsi Marx, analysant l'organisation sociale dans son fonc-

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tionnement, réinvente la dialectique. Sa visée du même coup se faisant discours devient projet. On pourra donc parler et ce non pas indifféremment, d'un point de vue marxiste, d'une analyse marxiste et d'une théorie marxiste. Si ces trois articu- lations sont évidemment inséparables dans la démarche de Marx, l'histoire récente nous démontre à l'envi que d'autres systèmes, d'autres idéologies peuvent fort bien s'approprier l'un quelconque de ces « moments » du discours, au détriment des autres. Et parler alors de falsification c'est réintroduire cette notion d'orthodoxie que l'esprit moderne sans cesse dénonce.

Le freudisme a subi les mêmes avatars. Parallèlement à telle utilisation de la doctrine dans un autre discours qui, dans sa visée, en représente l'inversion quasi parfaite (que l'on pense au pillage de la psychanalyse par la publicité, au détournement du marxisme par un certain capitalisme d'État), le texte s'est vu soumis à des relectures qui sont autant de transformations. Freud a eu ses Adler, Jung et maintenant Lacan; Marx ses Lefebvre, ses Althusser, notamment et nota- blement. Il y a des freudismes comme il y a des marxismes.

Car ceci semble bien le phénomène du siècle, la découverte sans cesse refaite, à quelque niveau, dans quelque « série » que ce soit : il n'y a pas de discours suffisant comme il n'y a pas non plus de discours univoque. Le pluriel est de mise et de mode. Le pauvre « je », fondement roublard de tout huma- nisme, unité autoritaire, est éclaté, dispersé, noyé, mieux : envahi. La littérature, bien souvent, célèbre sa mise à mort.

Ce pluriel instauré dans tout discours et cette pluralité des discours dessinent cependant une convergence, une complé- mentarité essentielle. N'est-il pas question, justement, de

« réconcilier » marxisme et psychanalyse, c'est-à-dire non pas de les dissoudre l'un dans l'autre pour créer une nouvelle vérité qui les dépasserait tous deux, mais, au contraire, de les confronter dans une dynamique incessante?

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Une image s'impose : la capillarité. D'un discours à un autre, du discours à lui-même. Le texte de Robbe-Grillet notamment s'inscrit tout entier dans cette métaphore. En elle encore s'affirme cette évidence : aucun mot n'est premier. Toujours dérivé il ne saurait non plus prétendre être le dernier.

Tous les « méta » morts.

Aucun discours n'étant pérennité, ce qui le « clôt » (pour reprendre l'expression de Roland Barthes ne peut être que provisoire. Et souvent ce provisoire prend la forme d'un autre discours. Ainsi, par exemple, lorsque Saussure introduit la notion de «valeur», définie comme un « système d'équi- valence entre des choses d'ordres différents », et trace un parallèle avec l'économie politique, son texte s'articule à celui de Marx et s'expose à un choc en retour.

Bien plus, tout texte, aussi soucieux qu'il se présente de faire oublier sa nature de texte, pour, à travers sa feinte trans- parence, ne désigner que son objet, ne peut faire qu'il ne se désigne lui-même dans l'opération. Il se livre ainsi à d'autres discours qui pourront le prendre pour objet en deçà ou au- delà de toute polémique. Et, contrairement à ce qu'on pourrait dès l'abord en déduire, ce n'est pas nécessairement la linguis- tique, ainsi promue à la dignité de super-discours, qui se chargera de cette fonction. Ainsi voit-on des marxistes, peu suspects de « formalisme » (au sens classique et péjoratif du mot), scruter l'emploi des métaphores chez Lénine. Et J. Der- rida suspecte, après Nietzsche et à partir de lui, la métaphy- sique de n'être que tissu de métaphores. Le métalangage par excellence n'échapperait pas, lui non plus, au texte, à sa matérialité et à son fonctionnement. La vieille distinction aristotélicienne entre « Lexis » (Parole) et « Dianoia » (Intelli-

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gence), « Mimesis » (Imitation) et «Phusis» (Nature), sur laquelle, malgré qu'elle en ait, reposait toute la philosophie occidentale, est ainsi dénoncée.

On voit fort bien par là que cette étonnante convergence de tous les discours modernes (on remarquera que ce mot

« discours » a expulsé le mot « pensée » du vocabulaire contemporain) s'institue sur un matérialisme radical. Et sa conséquence ultime : l'absence de tout « au-delà » antérieur.

Dès lors comment s'étonner que, dans une optique moderne, les rapports qui unissent le « signifiant » et le « signifié » saus- suriens, l' « infrastructure » et la « superstructure » marxistes, le « Moi » et le « Sur-moi » freudiens, la « narration » et la

«fiction» littéraires semblent sinon identiques du moins convergents? Pareillement, les deux types d'aphasie de Jakobson semblent rejoindre la « condensation » et le « dépla- cement » de Freud et provenir eux aussi d'un même fonction- nement du langage, de l'esprit et pourquoi pas de l'Histoire, fonctionnement inscrit dans les deux figures génératrices de tout discours dont la dénomination, mais la dénomination seule, appartient en propre à la Rhétorique : métaphore et métonymie.

Ayant liquidé toute instance supérieure, l'homme découvre à la fois sa spécificité et sa dépendance. Il se sait perpétuel projet, projet tracé toujours provisoirement. Les activités qu'il ordonne et qui le font entretiennent entre elles et à son égard le même rapport.

Cela posé, il semble maintenant permis de considérer, sous cet angle privilégié, l'activité littéraire, spécifique dans sa

« littérarité », dépendante dans ce qui la constitue telle.

1. Le Degré zéro de l'écriture, Éd. du Seuil, 1953.

2. F. de SAUSSURE, Cours de Linguistique générale, Payot, 1968, p. 115.

3. Dans « La mythologie blanche». Poétique n° 5, Éd. du Seuil, 1971.

4. Cf. Essais de Linguistique générale. Éd. de Minuit, 1963. Coll. « Points», 1971.

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Imprimé en France par BRODARD-TAUPIN - Coulommiers-Paris 30/6700/2 Dépôt légal n° 6307, 2.1973 - Collection n° 08 - Édition n° 01.

16/4207/3

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