II. horace et la nature
HORACE, Epodes, II Uitae rusticae laudes Beatus ille qui procul negotiis, 1
ut prisca gens mortalium,
paterna rura bobus exercet suis, (…)
Libet iacere modo sub antiqua ilice, 23 modo in tenaci gramine:
labuntur altis interim ripis aquae, 25 queruntur in Siluis aues
frondesque lymphis obstrepunt manantibus,
somnos quod inuitet leues.
« Heureux celui qui loin des affaires, comme la race antique des hommes, laboure avec ses boeufs les champs paternels, …
Il lui plaît de se coucher tantôt sous une antique yeuse, tantôt sur l'herbe vivace,
tandis que les eaux coulent entre de hautes rives, que les oiseaux se plaignent
dans les forêts et que les sources font bruire leurs ondes indécises, ce qui invite
aux légers sommeils. »
HORACE, Epodes, II Uitae rusticae laudes
beatus,a,um heureux, bienheureux
procul + abl. loin de
negotium,ii, nt. l’occupation, le travail, l’affaire
priscus,a,um ancien, antique
paternus,a,um paternel
rus,ruris, nt. la campagne ; les champs
bos,bouis, m. le bœuf
bobus : abl. m. pl.
exercere,eo,ui,itum travailler, labourer
libet + inf. cela plaît de, cela fait plaisir de
iacere,eo,ui être étendu, être couché
modo … modo … tantôt … tantôt …
ilex,icis, f. l’yeuse (sorte de chêne dont le feuillage reste toujours vert)
tenax,acis épais
gramen,inis, nt. l’herbe, le gazon
labi,or,lapsus sum glisser, couler
interim pendant ce temps, entre-temps
ripa,ae, f. la rive
queri,queror,questus sum se plaindre, faire entendre des sons plaintifs
silua,ae, f. la forêt
auis,is, f. l’oiseau
frons,frondis, f. le feuillage, les feuilles
lympha,ae, f. l’eau
obstrepere,o,strepui,strepitum faire de bruit, bruire
manare,o,aui,atum couler, se répandre
inuitare,o,aui,atum inviter
leuis,is,e léger
Uitae rusticae laudes Louanges de la vie rustique
Cette épode, à la première lecture, peut sembler résonner comme une invitation à l’oisiveté, au « farniente » (littéralement : rien faire). Cependant, il faut, comme on l’a dit pour les écrits d’Horace, en découvrir le sens profond.
Elle est effectivement l’expression d’une certaine sagesse, la sagesse épicurienne.
Découvre-la en répondant aux questions et en te référant à l’Epode.
Le premier mot Beatus révèle le but recherché par l’épicurisme.
Quelle notion évoque le Beatus ?
Le terme précis utilisé par les philosophes épicuriens est l’ataraxie.
Donnes-en une définition.
Le dernier vers somnos quod inuitet leues donne la clé pour atteindre ce dut, l’ataraxie.
Quel autre vers, dans l’Epode, rappelle cette attitude de « repos » ?
Traduis-le.
Cependant, pour bien comprendre somnos … leues, il nous faut considérer trois concepts importants qui nous sont suggérés dans le poème. Rappelez-vous, la poésie, par son essence, suggère, ouvre des horizons au-delà des mots …
1) procul negotiis
Traduis.
Recherche ce que signifie, pour les Anciens, l’otium, par opposition au negotium (littéralement nec otium).
Déduis-en l’attitude que doit adopter l’épicurien, dans la vie.
2) ut prisca gens mortalium
Horace fait référence, ici, au mythe de l’âge d’or, qui a trouvé sa première
expression chez le poète grec, Hésiode, au 7ème siècle a.C.n.. De nombreux auteurs l’ont repris, tels Ovide que tu connais, Cervantes au 17ème siècle…
Traduis l’expression d’Horace.
Lis les documents et définis les principales caractéristiques de l’âge d’or.
3) Le reste du poème est, comme l’annonce son titre Uitae rusticae laudes, une invitation à naturam sequi, comme le nomme l’épicurien.
Fais le lien avec ce que tu as découvert sur l’âge d’or et cette invitation tout épicurienne et définis l’attitude de l’épicurien face à la nature.
Récapitulons…
Nous avons découvert dans l’Ode à Tibulle un premier aspect de l’épicurisme.
Rappelle-le.
Quel est, selon toi, un deuxième aspect de l’épicurisme ?