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DU MEME AUTEUR dans la même collection : Agence tous crimes. Greffe mortelle. Le doigt de l'ombre. La bête immonde. Puzzle macabre. Piège infernal.

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LA GOULE

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DU MEME AUTEUR dans la même collection : Agence tous crimes.

Greffe mortelle.

Le doigt de l'ombre.

La bête immonde.

Puzzle macabre.

Piège infernal.

Le visage du spectre..

Nuits rouges.

Opéra de la mort.

Complexes.

Ténèbres.

Phantasmes.

Ecole des monstres.

Guignol tragique.

Le voyage en rond.

La nuit du minotaure.

Les yeux braqués.

Le fluide magique.

L'appel de l'abîme.

La guivre.

La ville hallucinante..

Monsieur Personne.

L'île magique.

Les santons du diable.

Parade des morts-vivants.

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MARC AGAPIT

ROMAN

COLLECTION « ANGOISSE »

EDITIONS FLEUVE NOIR 69, bld Saint-Marcel - PARIS-XIIIe

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© 1968 « EDITIONS FLEUVE NOIR », PARIS.

Reproduction et traduction, même partielles, interdites. Tous droits réservés pour tous pays, y compris l'U.R.S.S. et les pays scandinaves.

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AVANT-PROPOS

On m'a introduit dans le cabinet du juge d'instruction. C'est un homme maigre, à lor- gnons, au visage bienveillant. Il m'a fait une bonne impression. A lui, je crois que je pourrai tout dire, s'il veut bien m'écouter.

Il me prie de m'asseoir. Il parle :

— Gérard Kérou, vous êtes..., heu..., presque convaincu d'avoir égorgé la femme Thérèse Cramers, puisqu'on vous a trouvé..., heu.., couché de tout votre long sur le corps de la victime..., en flagrant délit, en somme. De plus, vous êtes fortement soupçonné d'avoir..., heu..., assassiné le sieur Baptiste Cramers, son époux,

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et d'avoir ensuite caché ou enterré quelque part le cadavre de votre victime qu'on n'a pas..., heu..., retrouvé.

— Vous ne le trouverez jamais, monsieur le juge ! me suis-je écrié.

— Ah ? Et pourquoi ? Vous l'avez si bien caché que ça ?

— J'ai tué quelqu'un dans ma vie, monsieur le juge, mais pas l'homme dont il est question dans l'affaire présente, pas plus que la femme, du reste.

— Vous aviez déjà tué quelqu'un ?

— Oui, mais il y a bien longtemps. Aucun rapport avec le cas actuel, ou du moins...

D'ailleurs, je vous parlerai un peu plus tard de ce crime, car j'ai l'intention de vous faire..., heu..., une confession complète. Seulement, ça durera longtemps. Je ne sais si vous aurez la patience de...

— Combien de temps ?

— Au moins deux heures.

Il fait la grimace.

— Vous ne pourriez pas abréger..., heu..., résumer ?

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— Non, monsieur le juge. Si je résume, vous ne comprendrez rien à l'affaire et vous me soupçonnerez de vous raconter des histoires abracadabrantes pour sauver..., heu..., ma tête.

Or, il m'est parfaitement égal qu'on me..., heu..., décapite. Je souhaiterais même qu'on le fît.

Tout serait fini pour moi. Ce serait pour moi..., heu..., une délivrance.

J'ai placé tous ces « heu » pour imiter sa façon de parler. Ça m'amuse. Mais j'ai peut- être tort. Il ne faudrait pas qu'il croie que je veux me moquer de lui. Après tout, je suis innocent (ou presque), et, bien que je me contrefiche du sort qui m'attend, je voudrais le convaincre que je n'ai pas grand-chose à me reprocher. C'est humain, ça : la vérité avant tout. Tuez-moi si vous voulez, mais lais- sez-moi me défendre.

— Vous me permettez de commencer mon récit ? ai-je demandé.

— Oui..., heu..., attendez. Vous n'avez pas répondu à ma question. Je disais qu'on n'avait pas retrouvé le corps du délit, je veux dire..., heu..., votre victime; je parle du mari. Vous m'avez objecté...

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— Je vous ai dit qu'on ne le trouverait jamais. Et vous m'avez demandé pourquoi j'en étais si sûr.

— J'attends votre réponse.

— Eh bien, monsieur le juge, la réponse est facile. Cet homme..., heu..., le mari, comme vous l'appelez, n'est pas vraiment un homme en chair et en os. C'est..., heu..., un diable. Il doit être revenu en enfer à l'heure présente après son coup fait, si vous voyez ce que je veux dire. Car c'est lui qui a égorgé sous mes yeux..., heu..., sa prétendue femme, à l'aide d'un rasoir que vous n'avez pas non plus trouvé, et que vous ne trouverez également jamais, ce rasoir ayant été emporté probable- ment par lui..., heu..., en enfer. A moins qu'il n'ait soufflé dessus pour le faire disparaître..., heu..., en fumée.

— Un diable ? fait le juge d'un air cons- terné.

— Oui, monsieur le juge. Un diable. Ou peut-être le Diable tout court, avec un grand D.

Le juge est désemparé. Il jette un regard éperdu vers son greffier qui prend impertur-

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bablement la sténo de tout ce qui se dit dans le cabinet. Puis il se tourne vers moi et me dit d'un ton agressif :

— Vous voulez vous faire passer pour fou ?

— J'éclate :

— Voilà ce que c'est, monsieur le juge, de m'interroger avant d'avoir entendu ce que j'ai à vous dire. Quand je vous aurai tout raconté, vous serez obligé de convenir avec moi qu'il y a quelque chose de diabolique dans l'af- faire qui nous occupe. L'alternative, ce serait de croire que je mens dans l'intention de..., heu..., égarer la justice. Pourtant, si vous me permettiez de parler, je suis persuadé que vous vous laisseriez convaincre par mon accent de.., heu..., sincérité.

— Mais enfin, à quoi bon tant de paroles ? proteste-t-il. L'affaire est toute simple. La seule chose inexplicable est le fait qu'on vous a trouvé..., heu..., voyons...

Il consulte ses paperasses.

— Ça s'est passé dans le village de N..., pas loin d'ici. La femme Rose Millasse, qui habite sur la place dudit village, s'est rendue, à neuf

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heures du matin, chez sa voisine Thérèse Cra- mers, pour lui demander de lui rendre un service quelconque. Elle a trouvé la porte de la maison ouverte. S'étant avancée dans l'anti- chambre qu'on trouve en passant le seuil, elle a aperçu, à droite, dans le petit palier où s'amorce l'escalier conduisant à l'étage, deux corps..., heu..., enlacés, complètement immo- biles. Elle a vu du sang répandu sur les pavés du palier. Elle a hurlé et est allée ameuter les voisins. La gendarmerie a été alertée. Bref, ces deux corps, c'étaient : la femme Thérèse Cramers, qui habitait dans cette maison et...

heu..., et vous. La femme était morte, déjà froide, la gorge tranchée de part en part au moyen de..., heu..., c'est vous qui avez parlé d'un rasoir. On a supposé que vous aviez caché ce..., heu..., cet instrument à l'endroit même où vous avez caché le cadavre du mari, lequel était absent..., on ne l'a vu nulle part quand on a fouillé la maison. Comme il n'est pas revenu après des jours et des jours, on a sup- posé que vous l'aviez..., heu..., tué avant d'égor- ger sa femme. Voilà ce qui manque dans notre enquête : le rasoir et le..., heu..., mari. Où sont-ils ?

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— Je vous ai déjà répondu, monsieur le juge : en enfer.

— Passons. Pour en revenir à cette femme, elle était donc morte, la gorge tranchée. Elle était presque nue, car ses vêtements avaient été déchirés..., heu..., arrachés. Vous, vous étiez habillé. Vous n'étiez pas mort, car vous bougiez, parliez, mais on a eu du mal à vous séparer du corps de cette femme, que vous tenez solidement..., heu..., enlacée. Vous étiez littéralement vautré sur elle. On a cru d'abord à un crime de sadique, à..., heu..., un viol. Or, l'expertise a fait voir qu'il n'y avait pas eu viol. De plus, chose extraordinaire, le crime a été situé entre dix heures du soir et minuit la veille...

— A dix heures exactement, monsieur le juge.

— Vous avez regardé l'heure.

— Cette femme m'avait donné rendez-vous à dix heures. J'y suis allé à dix heures. Son mari l'a tuée dès mon arrivée.

— Avec un rasoir ?

— Oui, monsieur le juge.

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— Vous l'avez vu, ce rasoir ?

— Comme je vous vois, monsieur le juge.

Mais ce n'est pas moi qui m'en suis servi.

— Passons. A neuf heures du matin, donc, on vous a trouvé couché sur le corps..., heu..., de la victime. Vous aviez l'air de sortir d'un rêve. Vous avez déclaré aux gendarmes et ensuite aux gens de police, ainsi qu'au parquet, que vous étiez resté dans cette position toute la nuit, depuis dix heures du soir, en somme, jusqu'à neuf heures du matin, c'est-à-dire pen- dant onze heures, ce qui paraît incroyable.

Ordinairement, les sadiques qui étranglent et violent...

— Je ne l'ai pas violée.

— Je sais. Les sadiques, dis-je, s'enfuient, aussitôt leur affaire faite. Pouvez-vous m'ex- pliquer comment il se fait que vous soyez resté si longtemps couché sur...

— L'explication est simple, monsieur le juge. Je me suis évanoui, ou peut-être endormi, sur le corps de..., heu..., la victime, après m'être couché sur elle.

— Pourquoi vous coucher sur elle et vous endormir là ?

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— N'avez-vous pas envisagé la possibilité que le mari ait tué sa femme par jalousie et que l'amant désespéré se soit jeté pour s'y évanouir sur le corps de sa maîtresse adorée..., quelque chose comme Roméo et Juliette nou- velle version..., à part que l'amant, s'étant évanoui, n'a pas eu le temps de se suicider..., à part également l'âge des..., heu..., partenaires, qui avaient, dans le cas présent, cinquante ans bien sonnés. Aviez-vous songé à cette..., heu..., éventualité, monsieur le juge ?

— J'avoue que non. Etait-ce le cas ?

— Non. Je brodais..., j'imaginais..., pour faire..., heu..., joli.

— J'attends toujours votre explication.

— Bon, je vais tout vous dire... Eh bien ! voilà. C'est une histoire de..., heu..., vampi- risme, monsieur le juge.

— Vampirisme ?

Il a sursauté. Il me regarde d'un air idiotisé.

— Oui, monsieur le juge. Je n'ai rien dit de cela à la police, car j'avais honte. Mais à vous, je dirai tout. J'ai sucé, avant de m'évanouir, le sang de cette femme, dont la gorge avait été ouverte par le mari.

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— Vous avez sucé son sang ? Ses yeux sont exorbités.

— Oui, monsieur le juge, j'ai sucé son sang pendant..., heu..., un assez long moment. Ce fut pour moi à la fois une vengeance et..., heu..., un plaisir physique, dirai-je : un bon- heur ?

— La première chose qu'a faite un gen- darme après vous avoir remis debout, ce fut de vous faire débarbouiller la figure à l'évier de la cuisine. Ce sang sur votre visage parut explicable : il y en avait partout. Sur vos mains également. On a cru..., on n'a jamais pensé...

— Que je m'étais couché sur cette femme pour faire..., heu..., ce que j'ai dit ? Si vous me laissiez parler...

— Vous me confondez. J'ai beau vous ob- server depuis que vous êtes là devant moi, je ne réussis pas à voir en vous quoi que ce soit de sadique. Vous n'avez l'air ni d'un étrangleur de femme ni d'un..., heu..., vampire.

J'ai vu pas mal de criminels vicieux dans ma carrière; la plupart étaient des voyous : vous

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ne ressemblez à aucun d'eux. Votre visage est calme, votre maintien paisible. Je ne vois dans vos yeux aucune lueur diabolique et dans votre sourire rien de féroce. Tout en vous res- pire la tranquillité intérieure, sans la moindre trace de nervosisme. Vos cheveux blancs vous donnent un air respectable, qui n'est pas dé- menti par votre apparence générale. Vous avez de l'amabilité, de l'affabilité, dirai-je..., heu..., de l'onction ?

— Monsieur le juge, me suis-je écrié, ce que vous dites me va droit au cœur et prouve que vous êtes un bon psychologue. J'ai servi en effet assez longtemps comme domestique dans les meilleures maisons. D'où mon..., heu..., onction.

— Oh ! mais c'est naturel chez vous. D'ail- leurs, vous êtes sûrement plus instruit que les domestiques ne le sont d'ordinaire. Vous vous exprimez fort bien...

— J'ai fait des études, monsieur le juge.

J'ai mes deux bachots.

— De mieux en mieux. Mais pourquoi avoir refusé jusqu'ici de révéler quoi que ce soit de votre passé ? On ne sait rien de vous. On n'a

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pas trouvé sur vous la moindre pièce d'iden- tité. Vous avez prétendu avoir perdu votre portefeuille, à moins qu'on ne vous l'ait volé.

Nous ne savons même pas si le nom que vous nous avez donné est vraiment le vôtre.

D où sortez-vous donc ? Et qui êtes-vous, mon- sieur Gérard Kérou ?

— Je vous l'ai dit, monsieur le juge : je suis un vampire. Mais je suis surtout un homme malheureux. Me permettez-vous de vous raconter mon histoire, l'histoire de ma vie, qui vous fera tout comprendre, et qui vous prouvera en même temps que je ne suis pas aussi normal et aussi équilibré que vous voulez bien le croire.

— Il vous faudra deux heures, disiez-vous ?

— Au moins deux heures, monsieur le juge.

— Un vrai roman, alors ?

— Oui, un roman : le roman de ma vie.

Toute une existence gâchée, ratée, qu'une femme a transformée en cauchemar. Quand vous connaîtrez mon histoire, monsieur le juge, vous vous rendrez compte qu'il est tout naturel que je sois devenu non seulement un vampire, mais aussi un..., heu..., misogyne. Je puis commencer ?

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Il pousse un soupir, consulte sa montre, jette un regard navré vers son greffier, s'ap- puie contre le dossier de son fauteuil, croise les mains sur son bureau, reporte son regard sur moi.

— Soit, dit-il enfin. Je vous écoute.

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PREMIERE PARTIE CHAPITRE PREMIER

« J'ai trouvé (dit l'Ecclésiaste) un homme entre mille et pas une femme entre elles toutes. » Cette parole de la Bible m'enthou- siasme; je la fais mienne. Et encore, un homme entre mille, c'est beaucoup dire. Mais pour les femmes... La Bible est pleine de malé- dictions contre les femmes : elle nous les montre aguicheuses, charnelles, impudiques, tentant l'homme pour le détruire...

Evidemment, on a tort de généraliser. Je sais très bien qu'il y a de par le monde des femmes bonnes, affectueuses, vertueuses,

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droites. Certaines sont plus intelligentes que bien des hommes. Il existe des femmes d'af- faires remarquables. Quelques femmes ont eu du génie.

Et enfin, il y a la Mère. Là, la nature cloue le bec à notre acrimonie; elle nous oblige à considérer la maternité comme quelque chose de sacré. Le catholicisme et les grands pein- tres nous montrent la Femme idéale, tenant un enfant dans ses bras. Moi-même, un jour, j'ai été ému jusqu'aux larmes en voyant dans mon village natal une paysanne assise devant sa porte et donnant le sein à son bébé, lequel, avec sa menotte, pressait adorablement le sein maternel pour en faire sortir le lait qui allait dans sa bouche.

Toutes ces concessions faites, et cet hom- mage rendu, il n'en reste pas moins vrai que, du côté hommes, les cas de monstruosité sont moins nombreux que du côté femmes. La femme, être d'instinct, perd facilement toute retenue et se transforme en démon avec une facilité surprenante. Je pourrais citer la Voi- sin (l'empoisonneuse qui tua tant de per- sonnes) ou Marguerite de Bourgogne qui fai-

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sait jeter ses amants dans la Seine. Mais j'aurais l'air de citer des exceptions. Or, elles sont légion.

Les femmes qui se laissent aller à leurs passions ressemblent à un creuset ou plutôt à un volcan, dans le cratère duquel bouil- lonnent comme des laves la cupidité, la mé- chanceté, la concupiscence, la vengeance, et tout l'enfer de la terre.

J'ai souvent cru que cette terre où nous vivons n'était pas autre chose qu'une sorte d'enfer où nous expions je ne sais quels torts commis dans une existence antérieure. Il est donc tout naturel d'y trouver des démons. Et je ne parle plus ici des femmes transformées en démons, car ce n'était qu'une image. Je parle des démons tout court, je veux dire de personnages surnaturels, vomis par l'enfer vé- ritable, où règne Satan.

C'est pourquoi, avant de mettre en scène la femme qui a fait mon malheur et qui était une de ces femmes dites « fatales », je vou- drais dire un mot de l'homme borgne et barbu qui m'est apparu plusieurs fois au cours de

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ma vie sans crier gare, comme un messager du Mal, et chaque fois juste avant que quelque chose de mauvais se produise pour moi à cause de cette femme. Il fut comme un leit- motiv qui annonce dans les opéras de Wagner l'apparition de tel ou tel personnage.

Ce borgne-barbu était-il simplement un homme diabolique, ou bien était-il le Diable fait homme ? Je n'en sais trop rien, et c'est dommage, car, suivant que vous adopterez l'une ou l'autre théorie, mon histoire paraîtra naturelle ou fantastique. A vous de juger, en vous rappelant qu'il y a quelqu'un qui res- semble à un diable dans cette affaire.

Ceci dit, je vais maintenant vous parler de la « goule ». MA GOULE...

GOULE (dit le dictionnaire) : Sorte de vam- pire, à forme de jeune femme, qui, dans les superstitions orientales, suce le sang des vi- vants, et dévore les cadavres pendant la nuit.

Un vampire-femelle, en somme...

Je ne voudrais pas transformer cet exposé en traité de démonologie, mais il faut pour-

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tant que je dise un mot d'une autre catégorie de démons appelés « succubes », mot qui dé- signe un diable qui se métamorphose en femme pour tenter un homme, par opposition à « incubes », désignant un diable qui se fait homme pour tenter une femme.

Quand vous saurez mon histoire, vous ver- rez que l'amour s'y mêle étroitement au vam- pirisme, et vous comprendrez alors pourquoi j'ai ouvert cette parenthèse, que je ferme.

Quand on prononce le mot « vampire », on évoque immédiatement un cadavre sorti d'un tombeau et se traînant à quatre pattes vers son festin maudit.

C'est effrayant, évidemment, et j'ai lu, comme tout le monde, des histoires de vam- pires. Mais j'estime que de tels écrits rebutent vite, parce qu'on n'y croit pas tout à fait ou même pas du tout, sauf peut-être dans un conte très court, où la raison du lecteur, prise d'assaut si le récit est bien fait, n'a pas le temps de se ressaisir et se laisse envahir par l'horreur. Dans un récit un peu long, cela de-

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vient fastidieux, incroyable et légèrement...

nauséabond.

Or, il y a des vampires beaucoup plus inté- ressants : je veux dire ceux qui, loin d'être des cadavres enterrés comme on les imagine ordinairement, sont au contraire des hommes ou des femmes en chair et en os et bien vi- vants comme vous et moi, mais qui portent en eux un vice secret, latent, dont rien ne transparaît à l'extérieur, ce qui les rend d'au- tant plus effrayants quand on y songe.

Le vampire-femelle dont il va être ici ques- tion, ou plutôt la goule..., le mot « goule » est plus court, plus commode, et surtout, il est chargé d'une sonorité sui generis qui se pro- longe en harmoniques horrifiants pour peu qu'on fasse traîner la syllabe « ou » du mot en le prononçant, comme ceci : la gou-ou-ou- oule. De plus, ce mot ressemble à « gueule » et a peut-être donné naissance à « goulu »,

« goulue » et à « goulée », qui disent bien ce qu'ils veulent dire.

Je vous demande pardon de cette digres- sion et je continue.

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Cette goule, donc, était, comme le veut le dictionnaire, une jeune femme, et même une toute jeune femme, je devrais presque dire une petite fille, car elle n'avait à cette époque, je crois, que quatorze ans, bien qu'elle en parût seize.

Grande, très jolie, fraîche, l'œil rieur, tout respirait en elle la joie de vivre. Elle était, depuis peu, notre servante.

Elle nous était arrivée pour ainsi dire de nulle part. Elle frappa à notre porte, mendiant un morceau de pain. Elle entra chez nous et elle y resta. D'où venait-elle ? Qui étaient ses parents ? Elle ne savait pas, ou ne voulut pas nous le dire. Elle n'avait aucun papier et ne possédait que ses sandales de corde trouées et sa robe de toile déchirée dans le bas, ainsi qu'à l'endroit du sein droit, qu'elle laissait voir sans pudeur. Une sorte de « Mignon » de Gœthe, telle que la représente le tableau de Lefebvre, mais sans mandoline.

Tout ce que nous pûmes tirer d'elle, c'est qu'elle s'appelait Zélie. Ma mère, qui rêvait

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Il y a vampires et vampires, comme il y a fagots et fagots.

Il y a les vampires légendaires, qui se lèvent de la tombe pour sucer le sang des gens endormis.

Mais il y a aussi les vampires vivants, dont le vice relève de la psychiatrie.

C'est une maladie qui se passe, c'est-à-dire contagieuse, et elle peut être génératrice de drames et même de crimes.

Ceux qui en sont atteints sont à plaindre, surtout si (comme c'est le cas pour le héros de LA GOULE), Amour et Vampirisme se mêlent inextricablement dans leurs désirs immondes.

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