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Peindre le travail. Le travail en peinture

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Academic year: 2022

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15 | 2023 - Peindre le travail. Le travail en peinture

ITTI 15, septembre 2023

Édition électronique

URL : https://journals.openedition.org/itti/2633 Éditeur

Université de Poitiers

Ce document a été généré automatiquement le 24 mars 2022.

Images du travail, travail des images

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15 | 2023 - Peindre le travail. Le travail en peinture

ITTI 15, septembre 2023

Date limite de réception des propositions d’articles : 15 mai 2022 Numéro coordonné par Anne Jollet et Jean-Marc Leveratto

Le projet porte spécifiquement sur la peinture. Il s’agit d’analyser ce qu’elle a fait du travail. Sa représentation en peinture sera examinée du point de vue du travail du peintre (notamment de la femme peintre) et de la médiation que les créateur•trices établissent entre celui, celle qui est représenté•e au travail, ses gestes, son attitude et l’observateur•trice. Il s’agit donc de rendre compte également du travail de l’artiste, la représentation désignant ici conjointement l’activité de production d’une image et le résultat de l’interaction qui s’établit par son intermédiaire avec le public. L’analyse de cette représentation du travail devra comporter, par ailleurs, une dimension genrée.

Notre choix est de nous restreindre à la peinture occidentale — sur bois, à fresque et de chevalet — en tant que type de production, plus ou moins strictement réglée selon les sociétés et les époques, visant à produire pour un public déterminé socialement, des œuvres répondant à plusieurs types d’attentes différentes (commandes, notamment des pouvoirs politiques et religieux, mais de plus en plus des particuliers, création autonome des artistes). Cette restriction offre l’avantage de ne pas sacrifier l’histoire de l’art à l’histoire sociale et à la sociologie du public. Elle stimule la recherche sur les fonctions sociales de la peinture dans le cadre de la société marchande puis industrielle qui s’est développée en Occident du Moyen-Âge à nos jours.

Si l’on adopte cette perspective, l’histoire de la peinture occidentale a vu se succéder deux types d’apparition du travail dans les peintures, fresques murales et, de plus en plus, tableaux portatifs. Á des œuvres dans lesquelles le travail apparaît de façon seconde (avec une intentionnalité plus ou moins grande des artistes), en marge d’un sujet qui est le plus souvent religieux ou historique, deux objets nobles, ont succédé des productions intentionnellement consacrées à la représentation des hommes et femmes au travail, productions plus rares et circonscrites à certains contextes, et longtemps sources de débats sur leur valeur et leur légitimité artistiques. La question du travail

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pose de façon particulièrement vive celle de la légitimité de la représentation de ce qui, dans les sociétés nobiliaires qui dominent l’Europe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, est bas et laid, au sens propre « ignoble ».

Le mode d’existence dans la peinture, entendue comme art, des activités laborieuses et de celles et ceux qui les mettent en œuvre a donc été affecté par l’évolution technique et sociale et l’émergence de la valeur du travail, comme source de mérite en même temps que d’inégalité sociale dans la société bourgeoise. C’est ce thème de la valorisation du travail, avec toutes ses ambiguïtés quant à la valeur du travailleur et de la travailleuse, que le numéro a choisi de traiter. Les différences de respectabilité des métiers définissant leur droit à une représentation artistique — le travail le moins représenté pour sa valeur propre a été ainsi longtemps le travail paysan — représenter le travail en peinture a une forte dimension idéologique dont l’analyse est au cœur de ce dossier : que ce soit pour dire la nécessaire soumission, l’inéluctable misère de l’humain depuis la Chute, ou les insupportables soumissions et misère liées aux désordres de l’organisation sociale, ou la puissance des humains acteurs par le travail, ou l’arrêt du travail, de leur destin. Le choix de représenter les hommes et les femmes dans l’activité de travail est le fait d’un parti pris social, qui va de la curiosité des élites pour le populaire « cocasse », dans le sens de ce qui deviendra au 19e siècle le

« folklore », à des expressions volontaristes très ancrées dans des engagements politiques du 19e au 21e siècle.

A priori, le champ d’étude est très large, puisque l’on s’intéresse à tout type de production répondant à un désir explicité de représenter le travail pour lui-même, d’en faire le moteur tant de l’action des figures représentées que de celle du travail du peintre lui-même. On peut entre autres choses citer la peinture hollandaise du 17e-18e siècle, la peinture de genre du 18e et 19e des métiers urbains : notamment les métiers féminins, bouquetières, blanchisseuses, modistes (Gervex, Degas, Delachaux), les travaux de terrassement, du travail artisanal et industriel (Caillebotte, Steinlen), le travail paysan (Millet), la peinture du 19ème siècle, réalisme socialisme du 20ème et art moderne (Léger), etc.

Si un intérêt central porte sur la représentation des êtres humains au travail — et notamment des femmes, trop souvent exclues de cette représentation du fait du caractère supposé purement domestique ou intellectuel de leurs tâches, bien loin de la virilité du combattant socialiste (Hobsbawm) et alors même qu’elles sont exploitées massivement comme salariées à partir du XIXème dans l’agriculture, le textile, la blanchisserie, les ménages (Charle) — on ne se limitera pas à la seule peinture des gestes du travail. L’objectif, en effet, est de rétablir, pour l’analyser, la dimension de l’engagement du peintre dans son travail, et la promotion ou la critique d’un genre de travail que la contextualisation de l’œuvre permet de ressentir. Dans la continuité de l’analyse dramaturgique du discours sociologique proposée par Kenneth Burke, on ne réduira pas la représentation du travail à celle de l’acte, mais on l’élargira à sa représentation par la médiation du décor (les forges de Joseph Wright of Derby, les ateliers peints par Bonhomme, les fresques de Detroit de Diego Rivera, mais aussi le Bar des Folies Bergères de Manet et l’Absinthe de Degas), par la motivation de la représentation, de l’autoreprésentation des travailleurs (les manifestations ouvrières peintes par Adler, le Quarto Stato de Pelizza da Volpedo), à l’attribution par l’artiste d’un sens à la fois éthique et esthétique à son geste technique (Adler et Pelizza encore, mais aussi, au-delà de l’actualité politique, l’innovation stylistique, Léger ou Diego Rivera ).

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Cette définition du projet permet d’articuler l’exploration des formes du travail représenté (individuel/collectif, artisanal/industriel, manuel/intellectuel), des fonctions de promotion industrielle et de dénonciation politique, de l’enjeu que constitue le genre au sens des rapports sociaux de sexe.

Mais au-delà de ce premier axe, centré sur le travail individuel du peintre, on peut aussi interroger les formes d’appropriation collective de la peinture du travail, de l’organisation d’expositions sur la mémoire ouvrière à la réalisation de fresques — fresques murales, street-art — dans des lieux de mémoire, fresques non seulement dédiées à l’industrie minière et sidérurgique, mais aussi, par exemple, aux métiers de la santé, du textile, voire de l’enseignement.

Enfin, un troisième axe nous semble pouvoir être consacré aux usages de la peinture du travail que constituent la réappropriation éditoriale de ses lieux communs les plus répandus, de la littérature militante au cinéma (le Quarto Stato qui ouvre 1900 de Bertolucci), en passant par la littérature académique elle-même, sociologique ou esthétique.

Les propositions de contributions peuvent être issues des différentes sciences sociales.

Elles reposent sur l’analyse et/ou la production d’un corpus d’images peintes. Ces images doivent être reproduites dans l’article. Rappelons que Images du travail, Travail des images est une revue scientifique entièrement numérique, gratuite et ouverte.

L’auteur doit à ce titre s’assurer de la disposition des droits d’utilisation et de diffusion.

Les articles sont d’un format de 30 000 à 50 000 signes maximum. Dans un premier temps, sont attendues des propositions d’articles soit un texte d’intention de 2000 à 3000 signes en tenant compte du calendrier suivant :

15 mai 2022 : date limite de réception des propositions d’articles par courriel aux adresses suivantes.

30 septembre 2022 : envoi des articles en vue de leur soumission au comité de rédaction de la revue (les publications devront impérativement être rédigée en français).

Contacts pour toutes informations complémentaires et pour l’envoi des documents : Anne Jollet, Université de Poitiers, anne.jollet@wanadoo.fr

Jean Marc Leveratto, Université de Lorraine, jmleveratto@free.fr La revue Image du travail, Travail des images : imagesdutravail@gmail.com

BIBLIOGRAPHIE

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Références

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