A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
X. G UYON E. L ESQUOY F. S CHAEFFER
Recherche de plans d’expérience adaptés à des hypothèses a priori dans certains cas particuliers
Annales de l’I. H. P., section B, tome 9, n
o4 (1973), p. 369-377
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPB_1973__9_4_369_0>
© Gauthier-Villars, 1973, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de l’I. H. P., section B » (http://www.elsevier.com/locate/anihpb) implique l’accord avec les condi- tions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute uti- lisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit conte- nir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
Recherche de plans d’expérience adaptés à des hypothèses
apriori
dans certains
casparticuliers
X. GUYON, E. LESQUOY, F. SCHAEFFER
Calcul des Probabilités et Statistique.
SUMMARY. - If !RT is the space of all
possible
values of the parameter ~p of ananalysis
of varianceproblem,
we shall consider a « model » as a linearsubspace
V of !RT. This papergives,
in certainparticular
cases, the answerto the
following problem:
What
experiences
have to be fullfilled so that the functionsAç
of themean
qJ(t)
ofYt
isestimable,
when Abelongs
to a certain class.INTRODUCTION
Dans
son article[1],
D.Vaguelsy
propose une formulationglobale
des
plans d’expérience
enprésentant
leproblème
en ces termes : étantdonnée une
hypothèse a priori, quelles
sont lesexpériences
à réaliser pourrépondre
à certainsproblèmes statistiques :
existence d’estimateurs sansbiais de certains
paramètres, précision
de ces estimateurs.Nous donnons ici
quelques exemples
de recherche deplans d’expérience adaptés
à l’estimation de certainsparamètres,
dans un modèle fixé.Si le choix du modèle est
fixé
par la donnée d’un sous-espace V de RT(T
est l’ensemble destraitements),
espace des valeurspossibles
de la fonc-tion moyenne 03C6 :
on va considérer les deux
problèmes
suivants :1)
Etant donné le modèleV, quels
sont lesplans adaptés
et minimauxAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section B - Vol. IX, n° 4 - 1973.
Vol. IX, n° 4, 1973, p. 369--377.
370 X. GUYON, E. LESQUOY, F. SCHAEFFER
adaptés qui
permettentd’estimer ç (c’est-à-dire
d’estimerqJ(t)
pour cha- quet).
2)
Etant donné le modèleV, quels
sont lesplans adaptés
etadaptés
minimaux
qui
permettent d’estimer 03C61où
03C61 est la composante de ç surVi
relativement à la
décomposition
V =VI
E9V2.
NOTATIONS.
OPÉRATEURS
ESTIMABLES Unplan d’expérience
est la donnée ducouple (U, s)
oùf
U= {1, 2,
...,n ~
est l’ensemble des unitésexpérimentales,
(,
s : U -~ T associe à la ième unité le traitements(i) qui
lui estappliqué.
Un
plan
estégalement
caractérisé parl’application linéaire ~ :
V - RU définie par = ç o s
OPÉRATEUR
ESTIMABLE Soit A unopérateur
de V dansE,
espace vectoriel réel etYs
le vecteur des observationsOn dit que
(U, s)
rend estimablel’opérateur
A si il existe un estimateur linéaire sans biais deAcp
c’est-à-dire s’il existeÀ :
pour tout ~ de
V,
conditionéquivalente
àExemples.
On va réexaminer les deuxproblèmes
d’estimations for- mulés dansl’introduction,
et les reformuler en termesd’opérateurs
esti-mables.
1. Etant donné un modèle
V,
trouver unplan adapté
à l’estimation de la moyenne ç revient à trouver unplan adapté
à l’identité 1 de V. Ilsera
adapté
à l’estimation de toutopérateur
de V dans V. Une conditionnécessaire et suffisante est
l’injectivité
de~.
2. Considérons la
décomposition
V =V 1 Et) V2
du modèle. Leplan
est
adapté
à l’estimation de la composante de la moyenne surVi
1 pourAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
cette
décomposition
sil’opérateur
P~’ deprojection
surV
1parallèlement
à
V 2
est estimable.De
plus,
toutopérateur
A tel que :est estimable pour ce
plan.
En
effet,
si : ker A ~V2, V2 -
kerP‘’’,
on aet Go estime sans biais
A~p
sipv7ys
est un estimateur sans biais deRemarque.
Ilapparaît plus clairement,
en utilisant la notiond’opéra-
teur
estimable, qu’un plan adapté
à l’estimation de estadapté
à l’esti-mation de pour tout
supplémentaire V 1
deV2
dans V. Un telplan
est donc caractérisé par
V2,
et non parV 1.
On supposera que l’ensemble des traitements T s’écrit :
ou
Ai
est l’ensemble des niveaux du ième facteur. Un traitement serait doncle facteur i est au niveau t;. On note K
== { 1, 2, ... , k ~ .
RT est muni duproduit
scalairecanonique.
Dans la
suite,
on considéreratoujours
que ladécomposition
V =V2
est
orthogonale,
conditionqui, d’après
la remarqueprécédente
ne limiteen rien l’étendue du
problème.
* E~ est l’ensemble des fonctions de RT
qui
nedépendent
que des niveaux des facteursA~,
i E 1 ou 1 est unepartie
de K c’est-à-dire ~p E El est réalisé sitIc)
=qJ(tl’
pour tout tl dansAI ( A,
=A, ),
tI~ ett~~
dansAI~.
tel
** est l’ensemble des
fonctions
constantes.***
QI
est le sous-espace deEl qui
est lesupplémentaire orthogonal
de tous les
Qj, J ~
1On sait que
[2] :
Vol. I X, n° 4 - 1973.
372 X. GUYON, E. LESQUOY, F. SCHAEFFER
et que ç
appartient
àQI
estéquivalent
à :ceci,
pour tout tl, t2, ... , ..., tn, dansAi, A2,
..., 1, 1, ...,An.
I. - LE
MODÈLE
EST COMPLET1
On a donc : V =
RT,
et unedécomposition :
V =Vi
On démontre alors :
PROPOSITION. - Dès que
VI
contient un espaceQj,
unplan adapté
àVl
doit être
complet,
c’est-à-direS(U)
= TLa condition
(1)
pourl’opérateur projection orthogonale
surVI
est
équivalente
à(2)
où
(S(U))* = pp E RT ; ~p I s~u~ _ ~ ~ .
Ici,
la condition se réduit à :La fonction 1 ne s’annule pas ;
(S(U))~
est donc vide.b)
Cas Card 1 = 1.Alors 1
= ~ j ~
etAI
=A~
={al’ a2, ... , ap ~ .
Le
système
des ei, où i varie de 1 à p -1,
définis par :est une base de
Q~.
Supposons (S(U)Y,non vide ;
soit(t Jo,
un élément de(S(U))~.
CommeSZ~
est contenu dans
[(S(U))‘]*,
les éléments de la base sont dans((S(U))‘)*,
en
particulier
si ai 5~ce
qui
contreditl’hypothèse.
Donc(S(U)Y
= Leplan
estcomplet.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
c) Cas,
Card 1 > 1.Supposons
que :S(U)‘ ~ P.
Soit
(ti,
unpoint
deS(U)‘.
Construisons une fonctionf
de nonnulle sur
(tb tIc),
c’est-à-direSi Card I = r, tj = t2, ...,
tr).
Choisissons unpoint ti
Sur les sommets de
l’hypercube
construit àpartir de ti
ettÎ, f prendra
les valeurs + 1 et - 1 et sera nulle partout
ailleurs,
defaçon
à ce quef
soit dans
QI.
Pourcela,
sitÎ
est un tel sommet :on pose :
Alors
f
est dansQI
ettic)
estégale
à 1.Remarque.
Le cas où Vest’égal
àEJ
s’en déduitsimplement
car sup- poser ç dansEj
revient à dire que les facteurs de J~ n’ont pas d’action.Le
plan d’expérience
doit êtrecomplet
pour les facteurs deJ,
ceux de J~étant
quelconques.
II . - LE
MODÈLE
EST ADDITIF :V=E,+Ej
J ETPuisque
1 et J sontdisjoints,
il suffit de considérer le casen regroupant les différents facteurs de
I, puis
les différents facteurs de J.On pose donc
I = ~ i ~ , J = ~ j ~ .
1. Estimation des effets du
premier
facteurDans le cas où Card 1 = Card J =
1,
ils’agit
d’estimer la composante de la moyenne surQI.
Vol. IX, n° 4 - 1973.
374 X. GUYON, E. LESQUOY, F. SCHAEFFER
Dans le cas ou Card 1 >
1,
si on noteE~
lesupplémentaire orthogonal
de
SZ~
dansEb
ils’agit
d’estimer la composante de la moyenne surEf.
On a alors la
proposition
suivantePROPOSITION.
- S(U)
est unplan adapté
à l’estimation deSZI (Card
I =1),
ou de
E~ (Card
1 >1)
dans le modèle V =EI
+E~ (I
n J =~b)
si et seulementsi la
projection
surAI
xAJ
deS(U)
est un escalier dont laprojection
surAI
est
AI
tout entier.DÉFINITION. - On
appelle
escalier une suite depoints (un, v")
deAI
xAJ
telle que pour tout n on ait
soit un
= un+ 1, soit v" = v"+ 1.Il suffit de se limiter au cas Card 1 = Card J = 1.
Montrons que la condition est suffisante.
Supposons,
donc que E estun escalier convenable où E =
PAi
xIl existe un entier n tel que
vn), 1, v" + 1 )
sont dans E et Vn = Vn+ 1 ; alors si on écritet alors le
système
deséquations : ~p(t)
= 0pour tEE
entraîne que ~pi est constante surAI
doncidentiquement
nulle.Réciproquement,
considérons les deux cas :a) AI,
alors la fonction ç = ~u + ~pI définie parest nulle sur
S(U)
sans être nulle partout.b)
SiPAIS(U)
=AI
mais E =PAI x
n’est pas un escalier.Définissons la relation
d’équivalence
dans Ex~y :
il existe un escalier de E reliant x à y.Annales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
Alors E est la réunion de deux
parties disjointes CI
etC2
telles queCi
soit une classe
d’équivalence
pour la relation ~ et unpoint
deC2
ne pou- vant être relié à aucunpoint
deCI.
Puisque P AfS(U)
=AI,
il existe(u, v)
EC2
La fonction cp ainsi construite :
et ç = + qJI + çj avec , oc,
f3
solutions dusystème :
est nulle sur
S(U)
et # 0.2. Estimation de la moyenne dans le modèle additif
Il découle immédiatement des résultats
précédents
laproposition
sui-vante, si on veut estimer tout V.
PROPOSITION.
- S(U)
est unplan adapté
pour estimer la moyenne dans le modèleEl
+EJ (I
n J =~)
si et seulement si laprojection
surAj
xAJ
de
S(U)
est un escalier dont lesprojections
surAI
etA J
sont respectivementAI
et
AJ.
Vol. IX, n° 4 - 1973.
376 X. GUYON, E. LESQUOY, F. SCHAEFFER
III. -
GÉNÉRALISATION
DUMODÈLE PRÉCÉDENT :
V=EI+EJ
ET1) V~
1 =V,
ou estimation de la moyenne.On
décompose El
+Ej
en somme directeorthogonale
La condition
(2)
s’écrit :J1 constante, ~pJ E
FJ,
E On écriraSi la trace de
s(u)
danschaque plan ~ t2
= est un escalier dont lesprojections
sur et sontrespectivement
et lacondition
(2)
estremplie.
En effet une fonction rpi etFI
est caractérisée parRéciproquement,
supposons que pour unt2
la trace des(u)
ne soit pasun escalier. Il existe donc un nombre ~, des fonctions et ({J3 telles que
~ + 1 + ~p3 et non nulle et s’annule sur la trace
dans { t2
= des(u).
On définit alors la fonction ~p sur
AIuJ
parAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Section B
avec
n2 = Card
AI~J
Ces trois fonctions vérifient les
équations qui
caractérisentrespective-
ment
F., Fj
et à savoirç est nulle sur
s(u)
sans être nulle partout.PROPOSITION. - La
forme
nécessaire etsuffisante
d’unplan adapté
àEl
+Ej
est donc unefamille
d’escaliers danschaque plan {
t2 = dont lesprojections
surAI-I~I
et sontrespectivement
et2) V~
=FI.
Rappelons
queFI
est définit par la relation :El
=FI.
On montrealors par un raisonnement
analogue :
PROPOSITION. - La forme nécessaire et suffisante pour que
s(u)
soitadapté
à l’estimation deFI
dans le modèleEl
+Ej
est que danschaque plan { t2 = t2 ~ s(u)
soit un escalier dont laprojection
sur soitBIBLIOGRAPHIE
[1] D. VAGUELSY, Plans d’expérience (Publication du petit Séminaire de Statistiques).
[2] BARRA, Notions fondamentales de Statistiques Mathématiques. Dunod.
(Manuscrit reçu le 5 juin 1973)
Vol. IX, n° 4 - 1973.