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Outils arithmétiques pour la géométrie discrète
Gaëlle Largeteau-Skapin, Isabelle Debled-Rennesson
To cite this version:
Gaëlle Largeteau-Skapin, Isabelle Debled-Rennesson. Outils arithmétiques pour la géométrie discrète.
David Coeurjolly, Annick Montanvert, Jean-marc Chassery. Géométrie discrète et images numériques,
Hermès - Lavoisier, pp.59-74, 2007, Traité IC2 - Traitement du signal et de l’image. �hal-00346441�
Chapitre 2 Trait´e IC2 G´eom´etrie discr`ete et Images num´eriques :
Outils Arithm´etiques pour la G´eom´etrie Discr`ete
Ce chapitre a ´ et´ e r´ edig´ e par Ga¨ elle Largeteau-Skapin et Isabelle Debled- Rennesson
1 Introduction
La g´ eom´ etrie discr` ete d´ efinit et ´ etudie les objets g´ eom´ etriques au moyen de grandeurs num´ eriques et d’´ equations. Les nombres utilis´ es dans le cadre de la g´ eom´ etrie discr` ete sont des entiers et les ´ equations sont diophantiennes (` a coefficients entiers et ´ egalement ` a solutions enti` eres). Le premier objet de l’arithm´ etique est justement l’´ etude de l’ensemble des nombres entiers relat- ifs Z , et principalement l’´ etude du probl` eme de la divisibilit´ e dans Z . En effet, contrairement ` a l’addition, la soustraction et la multiplication, la division n’est pas une op´ eration interne ` a cet ensemble.
L’objectif de ce chapitre est de pr´ esenter les notions de base de l’arithm´ etique couramment utilis´ ees en g´ eom´ etrie discr` ete, des approfondissements pouvant ˆ etre trouv´ es dans de nombreux ouvrages [RS97,Samuel67].
2 Structure de Z
L’ensemble des entiers relatifs (ou nombres entiers) est l’union des entiers na- turels N (0, 1, 2, ...) et de leurs oppos´ es (−1, −2, −3, ...). Cet ensemble est not´ e Z , qui vient de l’allemand Zahlen (nombres). L’ensemble Z muni de l’addition et de la multiplication ( Z , +, ∗) est un anneau commutatif :
+ est une loi de composition interne telle que : il existe un ´ el´ ement neutre 0 (a+0 = 0+a = a) ; pour tout a il existe un inverse −a tel que (a+(−a) = 0) ; la loi est associative (a + b) + c = a + (b + c) et commutative a + b = b + a.
∗ est une loi de composition interne telle que : il existe un ´ el´ ement neutre 1 (a ∗ 1 = 1 ∗ a = a) ; la loi est associative ((a ∗ b) ∗ c = a ∗ (b ∗ c)), commutative (a ∗ b = b ∗ a) et distributive par rapport ` a + : (a ∗ (b + c) = a ∗ b + a ∗ c).
Z est de plus int` egre, c’est-` a-dire qu’il v´ erifie la propri´ et´ e suivante : ab =
0 ⇒ a = 0 ou b = 0.
En revanche, Z n’est pas un corps. Pour qu’un anneau soit un corps, il faut que tout ´ el´ ement admette un inverse pour l’op´ eration ∗ : ∀x ∈ Z , ∃y ∈ Z , x ∗ y = 1. Les seuls ´ el´ ements inversibles de Z sont −1 et 1.
Le plus petit corps contenant Z est l’ensemble des nombres rationnels Q . Un nombre rationnel peut s’´ ecrire sous forme de fraction
abo` u a et b sont des ´ el´ ements de Z . L’ensemble Q est muni de deux op´ erations : l’addition (
ab+
dc=
ad+cbbd) et la multiplication (
ab∗
dc=
acbd). Dans cet ensemble, chaque
´ el´ ement admet un inverse pour l’addition (
ab+
−ab= 0) et pour la multiplication (
ab∗
ab= 1)(pour
ab6= 0 bien sˆ ur).
Une fraction
abest dite irr´ eductible si il n’existe pas une fraction
dco
|c| < |a| et 0 < d < b telle que
ab=
cd. Chaque ´ el´ ement de Q peut ˆ etre repr´ esent´ e par une fraction irr´ eductible.
Il existe des nombres qui ne peuvent pas ˆ etre ´ ecrits sous forme de fraction, comme π et √
2 par exemple. Ces nombres sont dits irrationnels. L’ensemble de tous les nombres (rationnels et irrationnels) est l’ensemble des r´ eels R .
Les nombres r´ eels peuvent repr´ esenter n’importe quelle grandeur physique (distance, poids, temps etc...). En th´ eorie, ils peuvent ˆ etre repr´ esent´ es par un d´ eveloppement d´ ecimal fini ou infini (π = 3 ×10
0+1×10
−1+4×10
−2...) mais en pratique, ce d´ eveloppement est tronqu´ e pour les calculs (souvent deux chiffres apr` es la virgule pour les calculs mentaux, plus pour les calculs par ordinateur suivant les principes des codages en virgule fixe ou en virgule flottante). Dans tous les cas, le nombre r´ eel devient rationnel (π ' 3, 14 =
314100), l’erreur commise par la troncature d´ epend du nombre de chiffres conserv´ es et permet de donner une mesure de pr´ ecision du r´ esultat.
Des librairies sp´ ecialis´ ees ont ´ et´ e ´ elabor´ ees pour r´ epondre aux probl` emes d´ ependant de la taille du mot-machine. La librairie GMP
1(GNU Multiple Pre- cision Arithmetic Library) , diffus´ ee sous licence GNU LGPL
2, permet des cal- culs en pr´ ecision arbitraire sur les nombres entiers sign´ es, les nombres rationnels et les nombres en virgule flottante. Par ailleurs, la librairie MPFR
3, bas´ ee sur la biblioth` eque GMP, se distingue des autres logiciels de calcul flottant en pr´ ecision arbitraire par la notion d’arrondi correct. Ainsi, le r´ esultat de chaque op´ eration est parfaitement sp´ ecifi´ e, ce qui permet d’´ ecrire des programmes dont le comportement est rigoureusement identique, ind´ ependamment de la taille du mot-machine (32 ou 64 bits).
3 Notion de divisibilit´ e dans Z
3.1 D´ efinition
On dit que a est divisible par b si la division de a par b a pour r´ esultat un quotient entier et un reste nul.
1http://www.swox.com/gmp/
2http://www.gnu.org/copyleft/lesser.html
3http://www.mpfr.org/
D´ efinition 1 Soient a et b deux entiers relatifs. b divise a si il existe un entier k tel que a = b ∗ k
La divisibilit´ e est une relation r´ eflexive (a divise a), transitive (a divise b et b divise c implique a divise c) et antisym´ etrique (a divise b et b divise a implique a = b). On a, de plus, les propri´ et´ es suivantes : a divise 0 et 1 divise a.
On appelle crit` eres de divisibilit´ e les tests qui permettent de savoir facilement si un nombre a est un multiple de b, sans avoir ` a poser la division. Voici quelques crit` eres, parmi d’autres :
• 2 divise a si le chiffre des unit´ es de a est pair.
• 3 divise a si la somme des chiffres qui composent a est divisible par 3.
• 8 divise a si le nombre form´ e des trois derniers chiffres de a est divisible par 8 ...
On note n Z l’ensemble des entiers relatifs qui sont divisibles par l’entier n.
L’arithm´ etique modulaire est d´ efinie ` a partir de ces ensembles. L’arithm´ etique modulaire est une arithm´ etique o` u l’on ne raisonne pas directement sur les nombres mais sur leurs restes respectifs par la division euclidienne par un certain entier : le modulo. On parle alors de congruence:
D´ efinition 2 Deux entiers a et b sont dits congruents modulo n et on note a ≡ b(n), avec n un entier non nul diff´ erent de 1 et −1, si il existe k ∈ N tel que a = b + k ∗ n.
La congruence est une relation d’´ equivalence : elle est r´ eflexive (a ≡ a(n)), sym´ etrique (a ≡ b(n) ⇔ b ≡ a(n)) et transitive (a ≡ b(n) et b ≡ c(n) alors a ≡ c(n)). On peut donc d´ efinir des classes d’´ equivalence : la classe d’´ equivalence de l’entier a est l’ensemble des entiers b tels que b ≡ a (mod n). On la note [a]
n, ou a + n Z . On peut utiliser les r` egles de calcul suivantes : [a]
n+ [b]
n= [a + b]
net [a]
n∗ [b]
n= [ab]
n. L’ensemble de ces classes d’´ equivalence, not´ e Z /n Z , est un anneau commutatif ` a n ´ el´ ements.
3.2 Nombres premiers
Un nombre premier est un entier strictement sup´ erieur ` a 1, n’admettant que 1 et lui-mˆ eme comme diviseurs. L’ensemble des nombres premiers est parfois not´ e P . La nature premi` ere ou non d’un nombre est appel´ ee sa primalit´ e. Un entier (> 1) qui n’est pas premier est dit compos´ e car il peut ˆ etre d´ ecompos´ e (on dit aussi factoris´ e) en un produit de puissances de nombres premiers. Chaque nombre compos´ e admet une unique d´ ecomposition en facteurs premiers, par exemple 90 = 2 ∗ 3
2∗ 5.
Les nombres premiers inf´ erieurs ` a 100 sont 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37, 41, 43, 47, 53, 59, 61, 67, 71, 73, 79, 83, 89, 97.
La m´ ethode la plus classique pour trouver les nombres premiers inf´ erieurs ` a
un entier donn´ e n est le crible d’ ´ Eratosth` ene. L’algorithme correspondant
consiste ` a ´ ecrire l’ensemble des entiers de 2 ` a n puis ` a rayer successivement les pultiples des nombres premiers. Le premier entier non ray´ e est premier, les multiples de cet entier sont ray´ es. Pour trouver les nombres premiers plus petits que 10, on note 2,3,4,5,6,7,8,9,10. Le premier entier non ray´ e est 2, il est premier, 4,6,8 et 10 sont ray´ es. L’entier non ray´ e suivant est 3, il est donc premier et on raye 6 et 9. L’entier suivant est 5, on raye 10. Le dernier nombre premier inf´ erieur ` a 10 est 7.
Une autre approche pour obtenir des nombres premiers serait de trouver une formule pour les construire. Plusieurs tentatives pour trouver un algorithme de construction de nombres premiers ont ´ et´ e r´ ealis´ ees, en voici quelques-unes.
La premi` ere id´ ee des math´ ematiciens pour construire un nombre premier n est qu’il ne soit pas divisible par les entiers plus petits que lui. Ils proposent donc la formule bas´ ee sur la factorielle (not´ ee !) : n = k! + 1. Il existe cependant des contre-exemples : pour k = 4, on a 4! = 24 et 4!+1 = 25 n’est ´ evidement pas premier. Pour k = 7, k! + 1 = 4033 = 37 ∗ 109 mais pour k = 1, 2, 3, 5, 6, k! + 1 est premier. Un nombre premier obtenu par cette formule est dit factoriel. Le plus grand nombre premier factoriel connu ` a ce jour est 34790! − 1.
La formule a ´ et´ e modifi´ ee pour ne prendre en compte que le produit des k premiers nombres premiers : n = (2 ∗ 3 ∗ 5 ∗ ... ∗ k) + 1. Cette m´ ethode ne fournit toutefois pas toujours un nombre premier : 2 ∗ 3 ∗ 5 ∗ 7 ∗ 11 ∗ 13 + 1 = 30031 = 59 ∗ 509. Un nombre premier obtenu par cette m´ ethode est dit primoriel.
Les nombres premiers de la forme F
n= 2
2n+ 1 sont appel´ es les nombres premiers de Fermat. F
0= 3, F
1= 5, F
2= 17, F
3= 257 et F
4= 65537 sont les seuls nombres premiers de Fermat connus (F
5= 4294967297 = 6700417 ∗ 641).
Une autre m´ ethode de construction consiste ` a utiliser la suite dite d’Euclide- Mullin d´ efinie de la fa¸ con suivante : u
1= 2, et u
n+1est le plus petit nombre premier diviseur de u
1∗ u
2∗ · · · ∗ u
n+ 1. Les premiers termes de cette suite sont : 2, 3, 7, 43, 13, 53, 5, 6221671, 38709183810571, 139, 2801, 11, 17,... On ne connaˆıt que les 43 premiers termes de cette suite et on ignore si tous les nombres premiers y apparaissent mais Shanks a conjectur´ e en 1991 [Shanks93] que tel
´ etait le cas.
3.3 PGCD et PPCM
Le plus grand commun diviseur (PGCD) not´ e pgcd(a, b) ou a ∧ b, de deux entiers non nuls a et b, est le plus grand nombre entier naturel qui divise les deux entiers :
D´ efinition 3 ∀(a, b) ∈ Z
2, pgcd(a, b) = max{c ∈ N
∗| c divise a et c divise b}.
Deux nombres entiers sont dits premiers entre eux si leur plus grand commun diviseur est 1.
Le plus petit commun multiple (PPCM) not´ e ppcm(a, b) ou a ∨ b, de deux entiers, est le plus petit entier naturel qui est multiple des deux entiers.
Si l’un des deux entiers est nul, le PPCM est ´ egal ` a 0.
D´ efinition 4 ∀(a, b) ∈ Z
2, ppcm(a, b) = min{c ∈ N
∗| a divise c et b divise c}.
Le PPCM de deux entiers se d´ eduit de leur pgcd de la mani` ere suivante : ppcm(a, b) = |a ∗ b|
pgcd(a, b)
3.4 Algorithme de calcul du PGCD
L’algorithme d’Euclide pour le calcul du PGCD de deux entiers est bas´ e sur la propri´ et´ e suivante : soient a et b deux entiers avec a ≥ b, si r est le reste de la division de a par b, alors pgcd(a, b) = pgcd(b, r). On calcule donc des divisions euclidiennes, jusqu’` a ce qu’on trouve un reste nul. Le dernier reste non nul est le pgcd de a et b.
Th´ eor` eme 1 (B´ ezout) Le PGCD de deux entiers a et b est une combinaison lin´ eaire (` a coefficients entiers relatifs) de a et b : il existe deux entiers relatifs u et v tels que pgcd(a, b) = a ∗ u + b ∗ v.
Une modification de l’algorithme d’Euclide (que l’on appelle algorithme d’Euclide ´ etendu ou algorithme de Blankinship) permet de calculer ces co- efficients u et v en mˆ eme temps que le PGCD. La m´ ethode de Blankinship consiste ` a utiliser l’algorithme d’Euclide sur la matrice
M =
a 1 0 b 0 1
a = 1 ∗ a + 0 ∗ b
b = 0 ∗ a + 1 ∗ b
pour conserver la trace des u et v successifs.
Donn´ ees: a
init,b
initentiers dont on veut calculer le pgcd
R´ esultat: Les coefficients de B´ ezout u
f inalet v
f inalainsi que le pgcd a := a
init, b := b
init, u
1:= 1, v
1:= 0, u
2:= 0, v
2:= 1 ; /*matrice initiale*/
tant que b 6= 0 faire
/*variables auxiliaires pour le calculs des nouvelles valeurs*/
reste := a mod b;
quotient := a/b;
n u
2:= u
1− quotient ∗ u
2; n v
2:= v
1− quotient ∗ v
2; /*mise ` a jour de la matrice*/
u
1:= u
2; v
1:= v
2; u
2:= n u
2; v
2:= n v
2; a := b;
b := reste;
fin
u
f inal:= u
1; v
f inal:= v
1;
pgcd := a; /*pgcd(a
init, b
init) = a
init∗ u final + b
init∗ v final*/
Algorithm 1: Algorithme de Blankinship [B63].
Exemple : Recherche du PGCD de 6744 et 432
6744 1 0
432 0 1
,
6744 432 264 15
⇒
432 0 1
264 1 −15
,
432 264 168 1
⇒
264 1 −15
168 −1 16
,
264 168 96 1
⇒
168 −1 16
96 2 −31
,
168 96 72 1
⇒
96 2 −31
72 −3 47
,
96 72 24 1
⇒
72 −3 47
24 5 −78
,
72 24
0 3
⇒
24 5 -78
0 −18 125
R´ esultat : 6744 ∗ 5 − 432 ∗ 78 = pgcd(6744, 432) = 24.
4 Equation diophantienne ´
4.1 D´ efinition et exemples
Une ´ equation diophantienne est une ´ egalit´ e entre deux polynˆ omes ` a coef- ficients dans Z avec un nombre quelconque d’inconnues. Un probl` eme dio- phantien est une ´ equation diophantienne dont on ne cherche que les solu- tions enti` eres. Une ´ equation diophantienne lin´ eaire est une ´ equation entre deux sommes de monˆ omes de degr´ e z´ ero ou un : ax + by = c (nous omettrons l’op´ erateur ∗ dans la suite du document si cela ne prˆ ete pas ` a confusion).
Voici quelques exemples d’´ equations diophantiennes remarquables :
•
Equation de ´ Catalan : x
n− y
m= 1, admet une seule solution non nulle:
3
2− 2
3= 1.
•
Identit´ e de B´ ezout : au + bv = pgcd(a, b), admet toujours une solution.
•
Equation de ´ Pythagore : x
2+ y
2= z
2, admet une infinit´ e de solutions.
•
Equation de ´ Fermat-Wiles : x
n+ y
n= z
n, n > 2, n’admet aucune solution non nulle.
•
Equations de ´ Pell : x
2− ny
2= ±1 √
n / ∈ N . L’´ equation x
2− ny
2= 1 admet une infinit´ e de solutions (x, y) telles que
xydonne une approximation de √
n ; plus x et y sont grands, meilleure est l’approximation. L’´ equation x
2− ny
2= −1 n’a pas n´ ecessairement de solution dans Z .
•
Equations de ´ Thue : P
ni=0
a
ix
iy
n−i= c, n > 3, c 6= 0 que l’on peut g´ en´ eralement r´ esoudre.
La r´ esolution d’une ´ equation diophantienne produit un syst` eme de la forme x = λ
1+ λ
2k
y = λ
3+ λ
4k , ∀iλ
i∈ Z , k ∈ Z
Si k parcours R , ce syst` eme est une repr´ esentation param´ etrique d’une droite.
L’ensemble des points de coordonn´ ees enti` eres de cette droite fournit les solu- tions de l’´ equation diophantienne.
4.2 M´ ethodes de r´ esolutions
Soit ax + by = c, a, b, c ∈ Z , une ´ equation diophantienne d’inconnues x et y.
On note S l’ensemble des solutions enti` eres de cette ´ equation. Il existe une solution de cette ´ equation (S 6= ∅) si et seulement si le pgcd de a et b divise c (pgcd(a, b) divise c).
Supposons qu’il existe une solution, donc S 6= ∅. On peut simplifier l’´ equation par pgcd(a, b). On a alors a
0x + b
0y = c
0, a
0=
pgcd(a,b)a, b
0=
pgcd(a,b)b, c
0=
c
pgcd(a,b)
, pgcd(a
0, b
0) = 1.
Consid´ erons l’´ equation a
0x+b
0y = 0 dite ´ equation homog` ene. Les solutions de cette ´ equation sont ´ evidentes et sont S
H=
(−b
0k, a
0k), k ∈ Z .
On peut obtenir une solution particuli` ere de l’´ equation a
0x + b
0y = c
0en consid´ erant la relation de B´ ezout associ´ ee ` a a
0et b
0: comme pgcd(a
0, b
0) = 1, il existe u et v tels que a
0u + b
0v = 1. En multipliant l’´ egalit´ e par c
0on obtient : a
0uc
0+ b
0vc
0= c
0et donc x
0= uc
0et y
0= vc
0est une solution de l’´ equation.
L’ensemble des solutions de l’´ equation peut alors ˆ etre construit de la mani` ere suivante :
S =
(x
0−b
0k, y
0+a
0k), k ∈ Z =
(x
0− b
pgcd(a, b) k, y
0+ a
pgcd(a, b) k), k ∈ Z
Exemple : Soit l’´ equation 12x+15y = 51. On a pgcd(12, 15) = 3 et 51 = 3×17.
Il existe donc au moins une solution ` a notre probl` eme. Divisons les coefficients par 3, on obtient : 4x + 5y = 17 avec pgcd(4, 5) = 1.
Consid´ erons l’´ equation homog` ene : 4x + 5y = 0, les solutions sont S
H=
(−5k, 4k), k ∈ Z .
La solution particuli` ere est d´ etermin´ ee par la r´ esolution de l’´ equation 4x+5y = 1 par l’algorithme de Blankinship, puis on multiplie par c
0= 17 d’o : x
0=
−1 × 17, y
0= 1 × 17. L’ensemble des solutions de l’´ equation est donc : S =
(−17 − 5k, 17 + 4k), k ∈ Z .
Difficult´ es : Pour les ´ equations diophantiennes de degr´ e sup´ erieur, il n’existe pas de m´ ethode g´ en´ erale pour en trouver les solutions : le 10
`emeprobl` eme de Hilbert consiste ` a d´ efinir un algorithme acceptant comme param` etre une
´ equation diophantienne D et donnant comme r´ eponse le fait que D admette ou non des solutions. En 1970, Matiyasevic [Mat70] montra qu’il ´ etait impossible qu’un tel algorithme existe, la r´ esolution g´ en´ erale des ´ equations diophantiennes
´ etant un probl` eme ind´ ecidable.
4.3 Lien avec la g´ eom´ etrie discr` ete
Dans l’espace r´ eel R
2, une droite est un ensemble de points (x, y) d´ efini par une
´ equation de la forme ax + by + c = 0 avec pgcd(a, b) = 1. En ne consid´ erant que les points de coordonn´ ees enti` eres de cette droite, on d´ efinit un sous-ensemble de Z
2, appel´ e droite discr` ete. Cette droite discr` ete est d´ efinie par l’´ equation diophantienne ax + by + c = 0.
(a) Droite Euclidienne x − 2y + 2 = 0. (b) Droite discr` ete x − 2y + 2 = 0. (c) Droite discr` ete ´ epaisse 0 ≤ x − 2y + 2 < 2
R
2Z
2Z
2y y y
x x x
(a) (b) (c)
Sur l’exemple de la figure 4.3, on remarque que cette droite n’est pas d´ efinie pour tout x ∈ Z . Pour obtenir un r´ esultat d´ efini pour tous les entiers relatifs, il faut ”´ epaissir” la droite en consid´ erant aussi les points entiers solutions de x − 2y + 2 = 1 (fig 4.3 (c)). On obtient alors une droite discr` ete d’´ epaisseur 2 d´ efinie par les deux ´ equations diophantiennes :
x − 2y + 2 = 0
x − 2y + 2 = 1 ⇔ 0 ≤ ax + by + c < 2.
Plus g´ en´ eralement, on peut d´ efinir une droite d’´ epaisseur quelconque w par le
syst` eme d’´ equations diophantiennes :
ax + by + c = 0 ax + by + c = 1
...
ax + by + c = w − 1
⇔ 0 ≤ ax + by + c < w.
Les droites discr` etes et leurs propri´ et´ ees sont trait´ ees plus en d´ etail dans le chapitre ??(Droites et plans discrets).
5 Partie enti` ere
5.1 D´ efinitions
La partie enti` ere not´ ee bxc (ou E(x)) est le plus grand entier relatif inf´ erieur ou
´ egal ` a x. Ainsi, b3, 4c = 3 et b−3, 4c = −4. La partie enti` ere sup´ erieure, not´ ee dxe, est le plus petit entier relatif sup´ erieur ou ´ egal ` a x. La troncature (not´ ee trunc(x)) consiste ` a couper le nombre ` a la virgule (trunc(0, 5) = trunc(−0, 5) = 0), elle est g´ en´ eralement utilis´ ee dans les langages de programmation. La tron- cature a la propri´ et´ e d’ˆ etre sym´ etrique par rapport ` a 0 ce qui peut ˆ etre utile, mais induit une singularit´ e en 0 et enl` eve ` a la fonction sa propri´ et´ e d’invariance par translation.
Graphes des fonctions partie enti` ere, partie enti` ere sup´ erieure et troncature.
La partie enti` ere peut aussi ˆ etre d´ efinie comme la fonction : E : R → Z , ∀x ∈ [0, 1[, bxc = 0 et ∀x ∈ IR, bx + 1c = bxc + 1.
5.2 Propri´ et´ es et calcul avec des parties enti` eres
La premi` ere propri´ et´ e de la partie enti` ere est que le r´ eel x est encadr´ e par sa partie enti` ere et sa partie enti` ere augment´ ee de 1 : bxc ≤ x < bxc + 1.
De plus, pour tout entier k et pour tout r´ eel x, la partie enti` ere poss` ede les propri´ et´ es suivantes : d’une part, bx + kc = bxc + k et d’autre part, bk/2c + dk/2e = k.
Une troisi` eme propri´ et´ e de cette fonction fait le lien entre la partie enti` ere et la partie enti` ere sup´ erieure : b−xc = −dxe.
La fonction partie enti` ere est souvent utilis´ ee en analyse pour approcher des r´ eels : ´ etant donn´ e un nombre r´ eel x, la suite de nombres d´ ecimaux
b10(10nnxc)converge vers x.
Th´ eor` eme 2 La partie enti` ere d’une fraction rationnelle
ab, a ∈ Z , b ∈ Z est le quotient de la division euclidienne de a par b :
a = j a b k
b + r, 0 ≤ r < b.
5.3 Introduction aux applications quasi-affines
Si on consid` ere une application affine rationnelle:
F : Z
2−→ Z
2x
y
7→
x
0=
λ1x+λω2y+λ3y
0=
λ4x+λω5y+λ6, ∀iλ
i∈ R , ω ∈ R
Une application quasi-affine est la partie enti` ere de cette application : F : Z
2−→ Z
2x y
7→
x
0= j
λ1x+λ2y+λ3 ω
k
y
0= j
λ4x+λ5y+λ6 ω
k
, ∀iλ
i∈ R , ω ∈ R
Les principales propri´ et´ es des applications affines (conservation des barycentres, transformation d’une droite en une droite, existence d’un point fixe) ne sont pas toujours v´ erifi´ ees lorsque l’on consid` ere l’application quasi-affine associ´ ee. Nous verrons dans le chapitre ?? (Transformations affines discr` etes) les propri´ et´ es sp´ ecifiques aux applications quasi-affines.
6 Arbre de Stern-Brocot et suites de Farey
Les r´ esultats pr´ esent´ es dans cette section sont d´ etaill´ es et approfondis dans les ouvrages [GKP94] et [HW89].
6.1 D´ efinitions et premi` eres propri´ et´ es
Une m´ ethode pour engendrer toutes les fractions irr´ eductibles positives
mn, ` a partir des nombres entiers et donc de construire Q ` a partir de Z , a ´ et´ e d´ ecouverte ind´ ependamment par Moriz Stern [Stern58] et Achille Brocot [Brocot60], la structure qui en r´ esulte est appel´ ee l’arbre de Stern-Brocot.
L’id´ ee est de commencer avec les deux fractions
01,
10et ensuite de r´ ep´ eter l’op´ eration suivante autant de fois qu’on le d´ esire : ins´ erer
m+mn+n00entre deux fractions adjacentes
mnet
mn00.
La nouvelle fraction
m+mn+n00est appel´ ee le m´ edian de
mnet de
mn00. On notera
m
n
⊕
mn00=
m+mn+n00. Entre
01et
10on construit
11, on a alors la suite (
01,
11,
10) ` a l’´ etape suivante, deux fractions sont construites et on obtient (
01,
12,
11,
21,
10), en- suite quatre fractions sont ins´ er´ ees (
01,
13,
12,
23,
11,
32,
21,
31,
10), et ainsi de suite ...
Cette construction peut ˆ etre vue comme un arbre binaire infini dont une partie
est repr´ esent´ ee sur la figure 6.1.
D´ ebut de la construction de l’arbre de Stern-Brocot.
Chaque fraction
m+mn+n00de l’arbre est telle que
mnest son plus proche ancˆ etre droit et
mn00est son plus proche ancˆ etre gauche.
Propri´ et´ e 1 (GKP94) A chaque ´ etape de la construction de l’arbre de Stern- Brocot, si
mnet
mn00sont deux fractions cons´ ecutives, alors m
0n − n
0m = 1.
De mani` ere similaire, les suites de Farey permettent d’´ enum´ erer et repr´ esenter de mani` ere ordonn´ ee toutes les fractions rationnelles positives irr´ eductibles.
D´ efinition 5 La suite de Farey d’ordre n, not´ ee F
n, est la suite croissante des fractions rationnelles irr´ eductibles comprises entre 0 et 1 dont le d´ enominateur est inf´ erieur ou ´ egal ` a n.
Par exemple, F
5= {
01,
15,
14,
13,
25,
12,
35,
23,
34,
45,
11}.
La construction des suites de Farey se fait r´ ecursivement ` a partir de F
1= {
01,
11}: la suite de Farey d’ordre n est calcul´ ee ` a partir de la suite de Farey d’ordre n − 1 en ajoutant les m´ edians de d´ enominateurs inf´ erieurs ou ´ egaux ` a n, calcul´ es ` a partir des fractions cons´ ecutives de F
n−1.
En fait, la suite de Farey d’ordre n d´ efinit un sous-arbre dans l’arbre de Stern- Brocot et la propri´ et´ e 1 est donc v´ erifi´ ee pour 2 fractions cons´ ecutives de F
n.
6.2 Arbre de Stern-Brocot et fractions continues
Chaque nœud de l’arbre de Stern-Brocot peut ˆ etre repr´ esent´ e par une suite de d´ eplacements en partant du nœud
11:
D
q0G
q1D
q2G
q3... D
qn−1G
qnavec,
− D un d´ eplacement vers le fils droit,
− G un d´ eplacement vers le fils gauche,
− q
0∈ N et q
i∈ N
∗pour tout i > 0, q
i´ etant le nombre de fois o le d´ eplacement est it´ er´ e.
Par exemple, le nœud
37est repr´ esent´ e par les d´ eplacements G
2D
2: q
0= 0, q
1= 2, q
2= 2.
Propri´ et´ e 2 Un nœud de l’arbre de Stern-Brocot caract´ eris´ e par les d´ eplacements D
q0G
q1D
q2G
q3... D
qn−1G
qna la repr´ esentation en fraction continue,
q
0+ 1
q
1+
q 12+ 1
...+ 1 qn+ 11
= [q
0; q
1, q
2, ..., q
n+ 1]
Remarquons aussi que [q
0; q
1, q
2, ..., q
n+ 1] = [q
0; q
1, q
2, ..., q
n, 1]. Par exem- ple,
37= 0 +
2+112+ 11
= [0; 2, 3] = [0; 2, 2, 1].
Il existe aussi un lien (montr´ e dans [GKP94]) entre l’algorithme d’Euclide et le parcours dans l’arbre de Stern-Brocot jusqu’au nœud correspondant ` a la fraction
mn. En effet, il y a
mn
d´ eplacements D, puis
nm mod n
d´ eplacements G, puis
m mod nn mod m mod n