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Quelques exemples d'excursions botaniques effectuées dans les Vosges et en Alsace par les élèves en pharmacie de Nancy à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

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Preprint submitted on 12 Dec 2018

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Quelques exemples d’excursions botaniques effectuées dans les Vosges et en Alsace par les élèves en pharmacie

de Nancy à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

Pierre Labrude

To cite this version:

Pierre Labrude. Quelques exemples d’excursions botaniques effectuées dans les Vosges et en Alsace

par les élèves en pharmacie de Nancy à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.. 2018. �hal-01952448�

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Quelques exemples d'excursions botaniques effectuées

dans les Vosges et en Alsace par les élèves en pharmacie de Nancy à la fin du XIX

e

siècle et au début du XX

e

Pierre Labrude

professeur honoraire de l'université de Lorraine,

membre associé du centre régional universitaire lorrain d'histoire EA 3945, membre de l'académie internationale d'histoire de la pharmacie.

pierre.labrude@orange.fr

L'enseignement de la botanique a constitué pendant des siècles l'une des composantes majeures du programme des études en vue du métier d'apothicaire puis de celui de pharmacien. Lorsque ces études sont totalement effectuées à l'officine par l'apprentissage, c'est-à-dire avant la loi de 1803, sauf quelque peu à Paris, l'apothicaire qui accueille le jeune élève, plus exactement "apprenti", a la charge de lui faire acquérir les indispensables connaissances de botanique et d'histoire naturelle des médicaments, et de le préparer aux épreuves de reconnaissances des plantes et des drogues que comportent les examens de maîtrise, l'"acte des herbes" constituant l'une des trois parties de cet examen

1

. Un herbier et un droguier y contribuent, en même temps que des séances d'herborisation effectuées sous la direction de ce maître dans le jardin botanique de l'officine ou de la ville s'il y en existe un, mais aussi dans la campagne environnante.

Après la publication de la loi du 21 germinal an XI (11 avril 1803) et de l'arrêté du 25 thermidor de la même année (13 août), lorsque les études ne sont plus entièrement et seulement effectuées dans le cadre de cet apprentissage et deviennent partiellement théoriques, dans les trois villes où siège une école de pharmacie (Paris, Montpellier et Strasbourg), des professeurs sont chargés des disciplines précitées auxquelles les élèves sont préparés par le long stage officinal qu'ils ont effectué avant d'entrer à l'école : trois ans dans le cas d'études réalisées dans une école dite plus tard "école supérieure", et huit en l'absence d'études théoriques

2

. Ultérieurement, dans la seconde moitié du XIX

e

siècle, quand les enseignements pratiques sont créés puis rendus obligatoires, ils comportent des séances d'examen et de reconnaissance des plantes et des séances de micrographie, la discipline qui étudie les coupes végétales au microscope, à des fins d'identification des drogues et de détection d'éventuelles altérations et adultérations. C'est une discipline qui bénéficiera d'une grande longévité, et ceci bien après la fin de la pratique de telles identifications à l'officine ! La faculté ou l'école comporte bien sûr un jardin botanique, et des séances d'herborisation y ont lieu régulièrement. Des herborisations à la campagne, en des lieux plus ou moins éloignés de la ville, sont également souvent organisées.

A Nancy, où une école supérieure de pharmacie a été implantée en 1872 à la suite de la guerre

de 1870 et de l'annexion de l'Alsace et de la Moselle par l'empire allemand, les séances ont

tout d'abord lieu sur le plateau de Malzéville qui domine le ville au nord/nord-est, et,

ultérieurement dans les Vosges, dans la partie restée française du massif, et particulièrement

au Hohneck, où les professeurs strasbourgeois avaient l'habitude de venir y étudier la flore des

sommets, seuls ou avec leurs élèves. C'est ainsi que les herborisations du professeur

Kirschleger

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sont célèbres et ont été fréquemment rapportées. Sauf si le lieu choisi pour ces

herborisations nancéiennes se situe dans le Reichsland comme nous le verrons plus loin, il ne

peut pas beaucoup dépasser les sommets vosgiens et la ligne des crêtes qui marque la

frontière en raison de l'annexion, de la présence de cette frontière qui complique les

déplacements et de la distance. Pour la même raison, l'excursion ne peut pas trop s'effectuer

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vers le nord puisque la Moselle est devenue allemande, et, si elle pourrait se diriger vers le sud, la Haute-Saône et Belfort, la distance est déjà importante et il faut contourner le massif par le train. Aussi est-ce après la Première Guerre mondiale que les herborisations auront plus aisément l'Alsace et le sud comme destination à la suite de la réintégration de l'Alsace- Moselle dans l'espace français et de l'augmentation de la vitesse des transports en commun.

Cependant, en dépit de la régularité de ces déplacements, aucune publication historique, scientifique ou simplement associative ne me semble avoir été consacrée à ce qui s'est passé dans ce domaine d'activités "botanico-festives" à l'école supérieure de Nancy entre 1872 et 1914, et même après. Si les pages du bulletin de l'association des anciens élèves, puis étudiants, de Nancy, qui paraît de 1907 à 1937, présentent de nombreuses photographies prises à l'occasion de ces sorties, elles sont malheureusement très fréquemment publiées sans mention de date et ne font pas l'objet d'importants commentaires. De mon côté, bien que j'ai dirigé en 2011 une thèse sur ce thème

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, nous n'en avons, mes élèves et moi-même, pas tiré la ou les publications qu'elle méritait, et ce travail n'a pas, jusqu'à présent et à ma connaissance, inspiré des historiens de la pharmacie et de la botanique.

Au fil du temps, j'ai eu la chance de retrouver le programme de quelques-uns de ces voyages, pour ne pas dire de ces expéditions..., et cette étude se propose de les présenter et d'en tirer quelques réflexions. Ces documents se présentent sous une forme variable selon les années : manuscrits au XIX

e

siècle et tapés à la machine au XX

e

. Les deux plus anciens de cette présentation : 1892 et 1894, comportent un plan détaillé du parcours avec le relief et sont signés de Camille Brunotte, agrégé, dont on peut apprécier la belle écriture. Les plus récents sont plus simples et moins intéressants. Ces feuillets devaient être distribués aux élèves et affichés dans les locaux de l'école en vue des inscriptions. Malheureusement cependant, assez peu de détails sont disponibles sur l'organisation précise de certaines de ces sorties.

En ce début du XXI

e

siècle, la description de ces documents et de ces sorties semble intéressante avant que leur souvenir ne disparaisse totalement, ce qui ne peut tarder compte tenu de l'évolution actuelle des études de santé. Après quelques précisions sur l'origine des excursions botaniques nancéiennes et sur les maîtres qui les dirigent, nous examinerons le programme de quatre d'entre elles, qui ont eu lieu en 1892, 1894, 1914 et à une date indéterminée.

Les excursions. Pour quoi et avec qui ?

A Nancy, l'école supérieure de pharmacie a naturellement recueilli dans son héritage des habitudes venues d'Alsace, et elle accueille plusieurs anciens professeurs strasbourgeois et un certain nombre d'élèves qui sont venus en France "de l'intérieur" avec leur famille au moment de l'annexion

5

. C'est donc dans le même esprit que les successeurs lorrains du professeur Frédéric Kirschleger, parmi lesquels Bleicher, originaire de Colmar et qui a été étudiant à Strasbourg, y conduisent des excursions botaniques, dites "herbos", et ici "grandes herbos"

puisqu'elles durent deux ou trois jours.

Si ces déplacements ont pour finalité première de faire apprendre la botanique aux élèves et

aux étudiants, ils ont un second but, plus discret, en raison de l'origine de certains membres du

corps professoral et de la population estudiantine de l'école : c'est de leur faire revoir ou

découvrir l'Alsace depuis les sommets vosgiens. C'est aussi l'occasion d'entretenir le souvenir

et le patriotisme, et de rendre les honneurs à la "Province perdue". Une photographie parue

dans le Bulletin des anciens élèves

6

montre un élève monté sur un rocher et qui salue

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militairement l'Alsace, à l'image de ce que font régulièrement les fantassins et les chasseurs à pied des nombreuses garnisons des vallées qui font face à la frontière, qui montent sur les crêtes et que les cartes postales anciennes représentent avec leurs cadres présentant les armes à l'Alsace

7

.

De plus, certaines de ces "herbos" ont lieu en Alsace, donc à l'intérieur du Reichsland, qu'elles permettent de faire découvrir aux générations les plus jeunes. En effet, contrairement à ce que l'on pense généralement et sauf pendant des périodes particulières de tension, il n'y a pas de restriction majeure à la circulation des Français en Alsace et en Moselle

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. Ces déplacements dans les Vosges ou ailleurs sont enfin l'occasion, pour les uns et pour les autres, de se connaître mieux, et également, comme le montrent de nombreuses photographies, de boire et de faire la fête ! (figure 1).

Figure 1 : Bleicher, Brunotte et des élèves dans une ferme auberge vosgienne. Bleicher est assis au bout de la table, et Brunotte est debout derrière lui, un peu à sa droite, avec un

chapeau melon. Collection P. Labrude.

Quels sont les maîtres qui conduisent ces excursions ? Le premier "vrai" professeur d'histoire naturelle de l'école supérieure de Nancy est Gustave-Marie Bleicher. En effet, ses prédécesseurs Cauvet

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et Heckel

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sont pratiquement inconnus à l'école. Cauvet, ancien agrégé de Strasbourg, a été empêché d'exercer à Nancy en dépit de sa nomination, et Heckel n'y a enseigné que pendant très peu de temps. Bleicher, ancien médecin militaire, pharmacien de 1

e

classe, docteur ès sciences naturelles et géologue, a été nommé professeur à Nancy en 1876

11

. C'est lui qui met sur pied les excursions botaniques, d'abord sur le plateau de Malzéville, puis dans les Vosges. Il est assassiné en 1901, et c'est Camille Brunotte

12

, agrégé puis professeur, qui poursuit l'organisation des herborisations. Né en 1860 à Arches (Vosges), il est pharmacien supérieur de 1

e

classe à Nancy en 1888, agrégé d'histoire naturelle et chef de travaux d'histoire naturelle et de micrographie en 1889, docteur ès sciences naturelles à Paris en 1900. Professeur de matière médicale de 1901 à sa mort en 1910, il est le créateur du jardin botanique de Monthabey au Hohneck.

La mort de Brunotte et celle d'un autre professeur conduit à un renouvellement du corps professoral et donc des organisateurs des "herbos". Pierre-Gaudric Lavialle

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, né en 1883 à Clairac (Lot-et-Garonne) a effectué son cursus à Paris. Pharmacien de 1

e

classe en 1907 et docteur ès-sciences naturelles en 1912, il est préparateur à l'école supérieure de pharmacie de Paris lorsqu'il est choisi en 1913 pour devenir chargé du cours d'histoire naturelle à Nancy.

Agrégé d'histoire naturelle et de pharmacie au concours de 1914 et nommé en cette qualité à

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l'école supérieure de Montpellier, il demeure cependant chargé du cours à Nancy. Son collègue Auguste Théodore Sartory

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est arrivé une année plus tôt que lui à Nancy. Il est né en 1881 à Limoges, et son cursus est très voisin de celui de Lavialle. Pharmacien de 1

e

classe en 1906 et docteur ès-sciences naturelles en 1909 à Paris, préparateur à l'école supérieure de pharmacie, il est choisi comme chargé du cours de pharmacie à Nancy en 1912. Agrégé d'histoire naturelle et de pharmacie au concours de 1914, il est nommé en cette qualité à Paris tout en demeurant chargé du cours de pharmacie à Nancy. Ses spécialités sont la bactériologie, la cryptogamie et la mycologie.

Lavialle et Sartory ont rencontré à Nancy Charles Augustin (dit André Charles) Hollande

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, qui enseigne des disciplines en rapport ou similaires avec les leurs. Né en 1881 à Chambéry, il a fait ses études à Grenoble, Lyon et Paris. Pharmacien supérieur de 1

e

classe à Lyon en 1909 et docteur ès-sciences naturelles à Paris en 1911, il est recruté en qualité de chef des travaux pratiques de micrographie et de chargé du cours de zoologie à Nancy en 1912. Il devient professeur peu après la Première Guerre mondiale, mais il change de chaire puis quitte rapidement Nancy.

Enfin Pierre Seyot

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, originaire d'Ille-et-Vilaine où il est né en 1876, est pharmacien de 1

e

classe et docteur ès-sciences naturelles. Après avoir été professeur suppléant de pharmacie et de matière médicale, puis professeur titulaire de pharmacie à l'Ecole de médecine et de pharmacie de Rennes, il vient à Nancy en qualité de professeur d'histoire naturelle à la suite du départ du professeur Lavialle pour la nouvelle école supérieure de pharmacie de Strasbourg en 1919. Il le reste jusqu'à son décès survenu en 1942. Son activité est particulièrement consacrée à la mycologie.

L'herborisation de 1892

Elle se déroule dans les Hautes-Vosges (Bussang, Saint-Maurice-sur-Moselle, Le Thillot et Rupt-sur-Moselle, figure 2) du jeudi 30 juin au samedi 2 juillet sous la direction de Bleicher et de Brunotte. Le départ s'effectue en gare de Nancy à 5 heures du matin, et l'arrivée à Bussang, alors station thermale

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desservie par la Compagnie de l'Est, a lieu à 9 heures 16. Le déjeuner à l'hôtel "des Deux Clés" à 10 h 30 précède le départ à pied à midi en direction des chaumes

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du Drumont. Sur le trajet, les participants visitent les sources d'eau minérale, puis le tunnel qui marque la frontière avec l'empire allemand et que nombre de cartes postales représentent ; ils découvrent les sources de la Moselle et les terrains marécageux de l'étang Jean avant de s'engager dans une pente raide qui les conduit aux fermes du Petit Gazon et des Gouttes fourchues, puis au Plain

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du Repos à 1015 mètres d'altitude. Au sommet du Drumont, à 1208 mètres, ils jouissent d'une vue sur les versants lorrain et alsacien.

L'herborisation s'effectue tout au long du parcours grâce à une flore variée : celle des vallées, de la forêt vosgienne et celle des chaumes. Le retour, par le même chemin, est prévu vers 19 heures.

Après une nuit certainement assez courte, le départ a lieu à 5 heures du matin pour le ballon

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d'Alsace (1247 mètres d'altitude) en passant par Saint-Maurice (-sur-Moselle) et par le Plain

du Canon. A 950 mètres d'altitude, les élèves et leurs professeurs côtoient des pâturages, puis,

à partir de la Jumenterie, actuelle station de ski, à 1060 mètres, la flore des hautes chaumes

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apparaît. L'herborisation s'effectue dans les escarpements et sur les rochers voisins du Trou de

la Chaudière.

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Figure 2 : le dessin du parcours et la description de l'excursion. Collection P. Labrude.

Le déjeuner est pris de 11 h à 13 h à l'hôtel "du Ballon" (d'Alsace) à 1100 mètres d'altitude.

L'excursion se poursuit sur la crête tourbeuse qui sépare les ballons d'Alsace et de Servance et qui fait partie de la ligne de partage des eaux entre la mer du Nord (Moselle) et la Méditerranée (Saône

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). Après le passage du col du Stalon, l'herborisation se poursuit au sommet du ballon de Servance à 1210 mètres d'altitude, puis un sentier "rapide" (sic), c'est-à- dire escarpé... conduit au Thillot (497 m) où l'arrivée est prévue à 19 heures à l'hôtel du

"Cheval blanc". Remarquons donc que chacun porte son matériel de voyage dans son sac à dos, et que, sur les chaumes où il n'y a pas d'arbres, le soleil est chaud et la pluie souvent froide... On y trouve de la neige jusqu'en mai et des plaques y restent très longtemps dans certains escarpements. La figure 3 montre le curieux équipement adopté pour se rendre en montagne...

Figure 3 : Bleicher, Brunotte et des élèves sur une prairie des chaumes. Bleicher est au milieu, la main devant la poitrine, et Brunotte est derrière lui en chapeau melon et avec une canne.

Collection P. Labrude.

Le samedi, le départ n'a lieu qu'à 7 heures (!) en suivant le chemin des Crêtes qui passe entre

les petits étangs de la Plaine à une altitude moyenne de 768 mètres, au sommet du chaînon qui

sépare le bassin de la Moselle de celui de la Saône. La vue s'étend vers les contreforts du

Hohneck et des Hautes-Vosges. A l'issue de la descente à Rupt, le départ a lieu en voiture (à

cheval ?) à 11 h 30 en direction de Remiremont où le repas est pris à l'hôtel "de la Poste". Le

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train qui part à 18 h 05 ramène toute ce petit monde bien fatigué à Nancy à 21 h 40, soit une durée de 3 heures et 35 minutes pour une distance d'un peu plus de 100 kilomètres ! L'herborisation de 1894

Elle se déroule du jeudi 14 au samedi 16 juin, dans les mêmes conditions que celle de 1892 précitée, avec de nombreux points communs, les mêmes responsables et une belle description illustrée due au talent de Camille Brunotte et revêtue de la signature de Bleicher (figure 4).

Les lieux choisis sont plus emblématiques des Vosges que ceux de 1892.

Figure 4 : le dessin du parcours et la description de l'excursion. Collection P. Labrude.

Les participants se rendent par le train à Saint-Dié

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où ils arrivent à midi et quelques minutes en étant partis à 9 h 15... Ils en repartent quelques minutes plus tard en direction de Fraize, terminus de la voie ferrée, mais en descendant à Anould à 12 h 43 après avoir déjeuné dans les voitures. C'est là que l'excursion commence immédiatement par un parcours de vingt kilomètres dans la vallée très resserrée de Straiture, ou "de la petite Meurthe"

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, qui les conduit au village du Grand Valtin en passant par Clefcy, Sachemont et Ban-sur-Meurthe.

L'herborisation est continue et l'arrivée a lieu vers 19 heures à l'auberge "Noël" où le dîner est organisé. Les participants dorment chez l'habitant.

Le vendredi, le départ a lieu à 6 heures en direction de la cascade du Rudlin et des petits

ruisseaux qui coulent depuis les sommets. L'herborisation est continue là aussi avec la flore

des prairies, des sous-bois et des chaumes. Le parcours comporte l'ascension du Tanet (1296

m) qui marque la frontière avec l'empire allemand. La flore des chaumes permet de rencontrer

Empetrum nigrum

25

et Lycopodium complanatum

26

. Du Tanet, les excursionnistes se rendent

au célèbre col de la Schlucht (1130 m), qui est un des passages vers l'Alsace, en suivant la

frontière. Ils y déjeunent de 11 heures à 13 heures et reprennent leur marche avec l'ascension

du Hohneck (1366 m) qui est atteint après environ trois quarts d'heure. C'est un site

extrêmement fréquenté par les touristes et par les soldats en raison de la vue que le sommet

offre sur l'Alsace, qui comporte un hôtel et qui peut être atteint aisément par un tramway. Les

escarpements de Frankenthal et de Vorspel, enneigés la plus grande partie de l'année à cette

époque, bénéficient d'une flore alpine très particulière. L'herborisation se poursuit jusqu'à 16

heures 30 avant la descente vers le lac de Retournemer en suivant le sentier tracé par le Club

alpin français et en passant par la cascade Charlemagne. Là encore la flore est intéressante

partout et comporte Caltha palustris

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. Les élèves et leurs maîtres sont attendus à la maison

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forestière où ils prennent des voitures qui les mènent à Gérardmer où ils dînent et dorment à l'hôtel "Cholé" en face de la gare terminus.

Le samedi est un peu plus calme... Le départ à 7 heures conduit le groupe au bord du lac pour une herborisation, puis à Remberchamp et aux tourbières du Beillard. L'après-midi est consacrée semble t-il à la visite libre de la petite ville. Le train de 17 heures conduit les excursionnistes à Epinal deux heures plus tard. Un autre train les mène à Nancy où ils arrivent peu après 21 heures.

L'herborisation de 1914

C'est une nouvelle équipe qui conduit l'herborisation. En effet, Brunotte est décédé en 1910 et son successeur Godfrin, directeur de l'école, en 1913. La chaire d'histoire naturelle, restée vacante on ne sait pourquoi, dispose depuis lors d'un chargé de cours magistral, Lavialle, qui enseigne la botanique. Il a pour collaborateur un chargé de cours complémentaire pour la zoologie, Hollande, qui est aussi le chef de travaux d'histoire naturelle. Ce sont donc Lavialle et Hollande qui organisent ce déplacement. Ils sont aidés par Sartory qui est, comme Lavialle, agrégé d'histoire naturelle et de pharmacie, même s'il enseigne autre chose...

L'herborisation a lieu les 28, 29 et 30 juin en Alsace, donc dans le Reichsland impérial. Le double assassinat perpétré à Sarajevo a lieu le 28, jour du départ. Dans un mois, la Grande Guerre débutera... Qui s'en doute à ce moment ? Ces "professeurs" ne savent pas non plus qu'en 1919, ils seront tous les trois choisis pour faire partie du personnel enseignant de l'école supérieure de pharmacie qui sera (re)créée par la France à Strasbourg

28

. Le document qu'ils ont préparé est plus administratif et moins intéressant que celui que réalisait Brunotte.

Dépourvu de plan, il décrit une excursion plus touristique et moins botanique qu'auparavant, partagée entre le Reichsland (Saverne) et la partie la plus à l'est du département de Meurthe- et-Moselle (figure 5).

Figure 5 : le programme de l'excursion de 1914. Collection P. Labrude.

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Le départ a lieu par le train le dimanche 28 juin 1914 à 6 h 22 en direction de Saverne, ville atteinte à 9 h 52 après le passage de la douane et certainement un changement de train à Avricourt, un peu plus loin que Lunéville. L'herborisation commence par la montée au Haut- Barr, à cinq kilomètres au sud de la ville, et par la visite des rochers surmontés d'un château et d'où l'on jouit par beau temps d'une vue exceptionnelle qui s'étend jusqu'à Strasbourg. Après le déjeuner à l'hôtel "Central", le groupe découvre Saverne et son jardin des roses, qui existe encore de nos jours, puis se rend au village de Stambach, au sud-ouest de la ville, et, en parcourant la vallée vers le sud, visite le Wasserwald, le Kempel et La Hoube, à proximité de Dabo. Le dîner et le coucher ont lieu à l'hôtel "Bour" de Dabo, célèbre par son rocher surplombé par une chapelle, d'où un beau panorama s'offre à la vue.

Le 29, c'est dès 7 heures 30 que ce rocher constitue le premier but de la journée. Un document en ma possession précise : "Les botanistes pourront auparavant faire une petite promenade d'une heure pour cueillir le cétérach officinal (Asplenium ceterach

29

), l'Asplenium germaniae issu du croisement entre les variétés septentrionale

30

et trichomanes (ou capillaire rouge

31

), et l'Asplenium lanceolatum

32

. La matinée se poursuit, dans la même petite zone, par le rocher de la Schleiffe, Engenthal et le château de Wangenbourg où le déjeuner a lieu à l'hôtel "Weyer".

La région de Wangenbourg est surnommée "Suisse d'Alsace" en raison de ses paysages de montagne, de ses grandes forêts, de ses prairies qui donnent l'impression d'être en altitude et de ses chalets qui font penser à ceux des Alpes... L'après-midi débute, un peu plus loin dans la vallée en direction du Donon, par l'ascension du Schneeberg en vue de l'exploration botanique du rocher, des pâturages et de la tourbière. Le groupe poursuit par Barenberg, Urstein et Hengst pour terminer par la maison forestière du Spitzberg où il dîne et passe la nuit.

Enfin, le 30, les participants se mettent en marche dès 7 heures pour se rendre au Donon, site célèbre, en passant par le Grossmann, avec sa tourbière et ses pins tortueux (Pinus montanae) et par le Noll. On revient en France, le Donon et son col marquant la frontière à cet endroit.

Le déjeuner est pris à l'hôtel "Velleda" du Donon, qui est très connu. Les élèves et leurs professeurs descendent alors vers la vallée de la Plaine, qui est une rivière, la vallée étant appelée aussi "vallée de Celles" (Celles-sur-Plaine). Le petit train d'intérêt local à voie métrique ouvert en 1907 conduit ce petit monde à Raon-l'Etape. Au départ de Raon-sur-Plaine à 18 h 20, il parvient à son terminus à 19 h 50 ! Le parcours est réputé très beau et les voyageurs ont le temps de l'apprécier puisqu'il faut une heure et demie pour parcourir un peu moins de vingt-cinq kilomètres

33

. Après un repas froid pris en gare, la Compagnie de l'Est ramène les participants à Nancy à 22 heures 04.

L'herborisation de ...

Quelle peut être l'année et quels peuvent être les encadrants de ce déplacement ? Le document

dont je dispose ne précise que "vendredi 2" et "samedi 3". Les premiers jours de juillet ne sont

pas impossibles. La période est très vraisemblablement la décennie 1930-1940 car une visite

est effectuée au jardin botanique de Saverne dont les premières plantations datent de mai

1931

34

. Ce papier n'indique pas non plus le moyen de déplacement, à l'exception de deux

mentions relatives à l'emploi d'un autocar à Wangenbourg et jusqu'à Saverne. Les transits me

semblent longs mais je suis enclin à pencher pour ce moyen de transport, plus souple que le

train et qui est en expansion après la Grande Guerre. L'organisateur et encadrant principal est

vraisemblablement le professeur Seyot, titulaire de la chaire d'histoire naturelle depuis le

départ de Lavialle et le changement de chaire de Hollande. Il n'est pas impossible qu'il soit

assisté par son jeune collaborateur Emile Steimetz

35

, chef de travaux de micrographie.

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D'une durée de deux jours (figure 6), l'excursion conduit les participants dans la même région que l'herborisation de 1914, mais avec une orientation plus marquée pour les Vosges du nord, où les paysages sont superbes. Le départ a lieu à Nancy place de la Gare à 6 heures pour une arrivée à Vexaincourt (entre Celles-sur-Plaine et Raon-sur-Plaine déjà fréquenté en 1914) à 8 h 30. Le déplacement à pied explore les bords du lac de la Maixe, dans la vallée qui lui est parallèle puis la montée par le col de Praye vers le Donon où le repas est tiré des sacs. Le parcours se poursuit sur une douzaine de kilomètres de marche en direction de Saint-Quirin, c'est-à-dire en obliquant "vers la gauche" et vers Sarrebourg. Les participants visitent la Belle Roche et la Roche du Diable. Saint-Quirin est célèbre par son abbaye et son église abbatiale, et aujourd'hui par son festival. Le repas et le coucher ont lieu à l'hôtel "Wolff".

Figure 6 : la fiche manuscrite du programme de l'excursion. Collection P. Labrude.

Le samedi 3, le départ est à 10 heures pour Wangenbourg en passant par Dabo et en visitant la cascade du Nideck. Le repas est pris à l'hôtel "Schneeberg", comme en 1914. L'autocar conduit les participants jusqu'à Reinhardsmunster d'où ils marchent jusqu'au Haut-Barr. Ce véhicule les y reprend pour les conduire au jardin botanique alpestre de Saverne, qui est alors le seul jardin alpin des Vosges, ceux du Hohneck et du ballon d'Alsace ayant disparu avec la Grande Guerre

36

. A l'issue de la visite, le retour à Nancy est prévu à 21 heures.

Discussion et conclusion

J'ai examiné au début de ce travail les différentes raisons, scientifiques et autres que

scientifiques, qui justifiaient, dans la seconde partie du XIX

e

siècle, des déplacements dont

l'objectif premier et officiellement unique était l'herborisation. Au fil des décennies, plusieurs

réformes des études ont lieu

37

. La première en date pour ce qui nous concerne ici est la

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création officielle des travaux pratiques sur les lieux d'enseignement et non plus au cours du stage officinal, par le décret du 12 juillet 1878, puis la création d'un examen de validation de stage par celui du 26 juillet 1885. La seconde grande réforme est celle instituée par le décret du 26 juillet 1909 qui réduit le stage préalable aux études à une seule année et accroît la durée des études théoriques et le nombre et la diversité des disciplines enseignées. Si la botanique et l'histoire naturelle continuent à bénéficier d'une place importante, elles n'en perdent pas moins leur position prééminente d'autrefois. A l'officine, l'évolution des sciences et des techniques continue à "faire passer" le médicament de la préparation magistrale et officinale à la préparation spécialisée. Le jardin botanique officinal et la récolte des plantes disparaissent.

Par ailleurs, après 1918 les raisons patriotiques n'existent plus, ou sont tournées vers d'autres sites. Restent les raisons festives, ce qu'en milieu militaire on nomme "activités de cohésion", et qui ont leur importance. Le nombre des étudiants s'accroît grandement et celui des filles encore plus. Ceci ne facilite pas l'organisation des déplacements de plusieurs jours compte tenu de la morale de l'époque !

Aussi est-il légitime de se poser la question : si à la fin du XIX

e

siècle, ces déplacements se justifient, qu'en est-il en 1920 et 1930 ? N'est-ce pas quelque peu prétendre herboriser pour le principe ? Et ceci pour quelles plantes médicinales ? Sont-elles encore beaucoup utilisées et sous quelle forme ? Seul un spécialiste pourrait répondre de manière autorisée à ces questions.

Entre les deux guerres, un étudiant ou un ancien étudiant qui signe "L.L." dans le bulletin des anciens élèves, a publié une assez longue et intéressante liste des plantes médicinales des Vosges

38

. Plus récemment mon collègue le professeur François Mortier a consacré à ce sujet certaines notices d'un petit ouvrage

39

. Actuellement les plantes et leurs usages, qui ont fait un grand retour en pharmacie et en dehors, mais sous des formes différentes de ce qu'elles étaient il y a un siècle, sont "l'apanage" de M. et Mme Bucher et des remarquables ouvrages qu'ils conçoivent et font publier

40

.

Fait-on encore ce type de déplacement et se livre-t-on encore à ce type d'activité en 2019 ? La réponse est bien sûr négative, et il apparaît dans mes souvenirs que la fin des "herbos" à Nancy se situe entre 1965 et 1968. Y ayant commencé mes études de pharmacie en octobre 1966, je n'ai participé à aucune de celles qui ont encore existé. Il faut dire qu'elles bénéficiaient d'une réputation sulfureuse et que l'aspect scientifique du déplacement était minime !

Pourtant à l'heure du retour à la nature et aux plantes, ne serait-il pas intéressant, à l'époque qui convient, d'emmener les étudiants nancéiens et strasbourgeois voir la cueillette de l'arnica et entendre quelques exposés sur ses propriétés et ses usages ? Ce n'est pas le cas pour les Nancéiens à ma connaissance mais peut-être est-ce vrai pour les Strasbourgeois... Les Vosges, plus précisément le Markstein, sont en effet un des rares endroits de notre pays où se développe cette plante presque archétypique de notre métier de pharmacien, et la récolte vosgienne représente dit-on 90% de la production nationale

41

.

En conclusion, quoi qu'il en soit du passé et de l'avenir de la botanique et de ses aspects pharmaceutiques, l'aspect historique de ces herborisations vosgiennes et lorraines me semblant n'avoir jamais été esquissé, hormis dans la thèse précitée, ces quelques pages pourront servir de fondement à une étude plus large et plus complète, une comparaison avec ce qui a pu se passer dans les facultés des sciences n'étant certainement pas inintéressante.

Bibliographie et notes

(12)

1. Lafont O., "Maîtrise d'apothicaire (Examen de)" dans : Dictionnaire d'histoire de la pharmacie Des origines à la fin du XIX

e

siècle, Pharmathèmes, Paris, 2

e

édition, 2007, p. 297- 299.

2. Dillemann G., Bonnemain H. et Boucherle A., La pharmacie française Ses origines son histoire son évolution, Lavoisier Tec et Doc, Paris, 1992, 150 p., passim.

3. Bopp M.-J., "Kirschleger dans les Hautes-Vosges", dans : Kirschleger, Annuaire de la Société d'histoire du val et de la ville de Munster, 1969, vol. 24, p. 85-93.

4. L'Huillier F. et Lucena E., Le professeur Marie-Gustave Bleicher : sa vie, son oeuvre Herborisations des étudiants, thèse de diplôme d'Etat de docteur en pharmacie, Nancy, 2011, n°3533, 223 p. Le texte de ce travail est disponible sur internet.

5. Labrude P. et Remmel F.-X., "Les Alsaciens-Lorrains élèves en pharmacie à Nancy de 1872 à 1914", Revue d'histoire de la pharmacie, 2004, n°341, p. 55-66.

6. "Souvenirs d'herbos et d'école", clichés Cordebard et Delacroix, Bulletin de l'Association des anciens étudiants de la Faculté de pharmacie de Nancy, 1937-1938, n°25, p. 20. Le cliché a été pris fin juin ou début juillet 1913. Il figure page 146 de la thèse de F. L'Huillier et E.

Lucena (réf. 4).

7. La vallée de Munster Le tramway Gérardmer-Schlucht-Hohneck et les environs de la Schlucht et du Hohneck, collection "La photo au service de l'histoire", Société d'histoire du val et de la ville de Munster éditeur, 1993, vol. 7, photographies n°40 à 48, et particulièrement 45. Egalement, sur le même sujet : Fombaron J.-C., "Un tourisme de la ligne bleue : voir la frontière", dans : Vosges, terre de tourisme Du siècle de Montaigne à nos jours - 1500 - 2000, catalogue de l'exposition présentée de novembre 2010 à février 2011, conseil général des Vosges, Epinal, 2010, p. 170-174.

8. Roth F., "La frontière franco-allemande 1871-1918", Annales de l'Est, Nancy, 1992, n° 1, p. 35-52. La frontière se franchit sans difficulté, sauf de 1887 à 1891. Elle est très paisible au début du XX

e

siècle, et les relations ferroviaires ne sont suspendues que le 31 juillet 1914, au moment de la mise en alerte des troupes de couverture qui sont sur la frontière de l'Est, soit deux jours avant la mobilisation officielle de l'armée française, le 2 août.

9. Labrude P., "Nouvelles recherches sur Philippe Désiré Cauvet (Agde 1827 - Lyon 1890), pharmacien militaire, naturaliste, agrégé et professeur", Revue d'histoire de la pharmacie, 2009, n°364, p. 385-398.

10. Labrude P., "Nouvelle recherche sur les courtes affectations du Pr Heckel (1843-1916) à l'Ecole supérieure de pharmacie récemment créée à Nancy, entre 1873 et 1876", Revue d'histoire de la pharmacie, 2004, n°344, p. 575-586.

11. L'Huillier F. et Lucena E., op. cit., première partie de leur thèse commune, p. 7-113. C'est à ma connaissance le travail le plus récent sur le professeur Bleicher.

12. Labrude P., "Le jardin alpin de Monthabey dans les Vosges (1903-1914) et son créateur, le professeur Camille Brunotte (1860-1910)", Revue d'histoire de la pharmacie, 2002, n° 336, p. 615-628. Egalement : "Le jardin botanique de Monthabey au Hohneck : un conservatoire alpin victime de la Grande Guerre", communication à la rencontre des académies du Grand Est, Dijon, 17 mars 2018. Texte disponible sur le site de l'Académie de Stanislas, de Nancy.

13. "Le Professeur Lavialle (1883-1943), Annales pharmaceutiques françaises, 1943, vol. 1, p. 33.

14. Lambin S., "Le doyen Auguste Sartory (1881-1950), Annales pharmaceutiques françaises, 1953, vol. 11, p. 310-313.

15. Labrude P., "Le professeur A. C. Hollande à l'Ecole supérieure de pharmacie de Nancy, 1912-1922", Revue d'histoire de la pharmacie, 1994, n°303, p. 452-459.

16. Meunier A., "Le Doyen Pierre Seyot (1876-1942). Notice biographique", Bulletin des

sciences pharmacologiques, 1942, vol. 49, p. 197-199.

(13)

17. Lefebvre T. et Raynal C., "Le thermalisme, un patrimoine à vau-l'eau. L'exemple de Bussang", Revue d'histoire de la pharmacie, 2004, n°342, p. 191-208. Egalement : Munier B., Le thermalisme en Lorraine Au fil de l'eau, Vademecum Editions, sans lieu, 2017, 271 p. Ici, p. 251-258 : "Bussang l'impensable abandon".

18. Le mot chaume vient du latin calamus, tige de roseau ou de céréale, et, par extension de celle des graminées. Une brochure éditée par le parc naturel régional des ballons des Vosges, fait dériver le mot du latin populaire calmus, qui signifie haut plateau dénudé, et qui est déjà utilisé en 1492 pour désigner des prairies sommitales. Plus tard il désigne à la fois ces prairies et les fermes, ou marcairies, qui s'y installent. Dans : Hautes Chaumes, plaquette illustrée, non paginée et non datée, éditée par la Maison du parc, 16 p.

19. Le nom est issu du latin planus, et désigne ce qui est plat, uni, égal et sans relief. Il s'utilise peu à partir du XVII

e

siècle à cause de l'homonymie et de la confusion avec "plein".

20. Le nom est issu de l'allemand "Ball", et désigne une montagne à sommet arrondi et d'altitude assez modeste, caractéristique de la chaîne des Vosges.

21. Dans cette acception, le mot est au féminin. On distingue une flore des hautes chaumes (du Hohneck par exemple), une des escarpements, une des tourbières et des lacs, et une des forêts et des ruisseaux. Brunotte (référence 12) y avait consacré plusieurs publications, et la plaquette citée en référence 18 évoque ce sujet. Les plantes font aujourd'hui l'objet de listes et de mesures de protection.

22. La source de la Saône se trouve à Vioménil au pied du Ménamont et au sud du seuil de Lorraine dans l'ouest du département des Vosges. La ligne des sommets et de partage des eaux entre la mer du Nord et la Méditerranée conduit la Meurthe à se diriger vers le nord et la Saône vers le sud.

23. Aujourd'hui Saint-Dié-des-Vosges.

24. La Meurthe comporte plusieurs sources. Celle qui est citée dans le texte est la "Petite Meurthe" qui naît vers 1150 mètres d'altitude sur les contreforts de Monthabey au Hohneck, là où, en 1903, Brunotte créera un jardin d'altitude (cf. la référence 12). Suivant une autre pente et un autre parcours, la "Grande Meurthe" passe par le village du Rudlin, puis emprunte la vallée de Habeaurupt et passe à Plainfaing puis à Fraize avant d'être rejointe par sa "petite soeur" un peu avant Anould.

25. La camarine noire, sous-arbrisseau aux feuilles persistantes, se rencontre dans les moraines (débris arrachés à la montagne et entraînés par un glacier, dont il reste aujourd'hui de vastes accumulations d'énormes blocs de pierre dans les Vosges), les éboulis frais et humides et les pentes exposées au nord et fortement enneigées l'hiver. En août, la plante porte des baies noires de saveur acidulée et rafraîchissante, que les marcheurs apprécient, mais qui provoquent des vertiges et des maux de tête chez ceux qui en absorbent trop.

26. Le lycopodium ou lycopode servait autrefois à la confection de pilules. Il a quelques indications en hépatologie et quelques emplois non thérapeutiques.

27. Le populage des marais, aux belles touffes de fleurs jaune d'or, se développe sur ces sites, dans les prairies humides et même dans l'eau courante des sources. Il avait quelques usages en médecine populaire mais sa toxicité conduit à ne plus l'employer.

28. Labrude P., "La contribution nancéienne à la constitution du corps enseignant de l'Ecole supérieure de pharmacie de Strasbourg en 1919 et 1920", Revue d'histoire de la pharmacie, 2017, n°394, p. 227-244.

29. Le cétérach, petite fougère proche des capillaires, est utilisé dès le Moyen Age comme

"désobstruant" du foie et de la rate, comme diurétique et sudorifique, et dans le traitement des

maladies pulmonaires. La médecine traditionnelle lui reconnaît un intérêt en hépatologie et

des propriétés vulnéraires.

(14)

30. La doradille du nord est une petite fougère très discrète, utilisée autrefois dans le traitement des affections de la rate, d'où son nom scientifique. L'ouvrage de Dorvault, L'Officine, confond la doradille et le cétérach, et les place dans la rubrique "Capillaires".

31. Le capillaire rouge, comme son nom et certaines ressemblances l'indiquent, permettrait la repousse des cheveux à condition de réciter la formule adéquate en appliquant la lotion.

Aujourd'hui ses indications se rapportent aux trachéites et aux maux de gorge.

32. Le nom vient du grec asplenon qui désigne de petites fougères.

33. Schontz A., Felten A. et Gourlot M., "Raon-L'Etape - Raon-sur-Plaine", dans : Le chemin de fer en Lorraine, Editions Serpenoise, Metz, 1999, p. 160-163.

34. Walter E., Les jardins alpins des Vosges et le jardin botanique du col de Saverne, Imprimerie alsacienne, Strasbourg, 1935, 20 p., ici p. 15.

35. Labrude P., "Le professeur Emile Pierre Steimetz (Apach, 1900 - Nancy, 1990) : de la micrographie à la mycologie, en passant par la microchimie", Renaissance du Vieux Metz et des Pays messins, Metz, 2016, n°179, p. 53-56.

36. Labrude P., dans : "Le jardin botanique de Monthabey au Hohneck...", op. cit. (référence 12). Le jardin alpin créé par Brunotte au Hohneck a été presque entièrement détruit au cours de la Grande Guerre et il n'a pas pu être reconstitué à son issue en raison des modifications induites par la construction de la route Joffre (ou "des Crêtes") dans l'écoulement des eaux venues du sommet par la "petite Meurthe". Pour sa part, le jardin du Ballon d'Alsace a été créé par deux botanistes belfortains en 1894 ou 1895 mais il a été rapidement détruit par le passage des promeneurs et des animaux. Plus tard l'hôtelier du lieu a offert un morceau de terrain aux membres de la section belfortaine du Club alpin français. Malheureusement leurs efforts ont été ruinés par la guerre de 1914-1918. Ultérieurement un propriétaire a recréé un tel jardin dans son parc au pied du Ballon, mais ce n'est plus un jardin d'altitude...

37. Dillemann G., Bonnemain H. et Boucherle A., La pharmacie française..., op. cit., p. 72- 73.

38. L.L., "La médecine des simples au pays vosgien", Bulletin de l'Association des anciens étudiants de la Faculté de pharmacie de Nancy, 1928-1929, n°16, p. 75-79.

39. Mortier F., Plantes médicinales de Lorraine, SAEP, Colmar-Ingersheim, 1981, 81 p.

40. Busser C. et E., Les plantes des Vosges Médecine et traditions populaires, La Nuée bleue, Strasbourg, 2005, 347 p. Une nouvelle édition a vu le jour en 2012.

41. De nombreux sites internet présentent l'arnica et sa récolte dans les Vosges. M. et Mme Bucher lui consacrent les pages 63 et 64 de leur ouvrage cité ci-dessus.

Mots-clés : excursions botaniques, école supérieure de pharmacie, Nancy, Marie-Gustave

Bleicher, Camille Brunotte, Pierre-Gaudric Lavialle, Auguste Théodore Sartory, André-

Charles Hollande, Pierre Seyot.

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