PARTIE III .
STRUCTURES COMMERCIALES ET FACTEURS DE LOCALISATION A BRUXELLES:
APPROCHE "DEDUCTIVE"
III.1. INTRODUCTION
L'identification des facteurs de localisation différentielle des types de commerces de détail a déjà fait l'objet de nombreux travaux et plusieurs synthèses (Mérenne-Schoumaker, 1980;
Grimmeau, 1987; Grimmeau, 1991a; Grimmeau, 1997c). Parmi ces facteurs, les plus régulièrement cités sont:
La hiérarchie urbaine et/ou les fréquences de visite;
Une tendance à la concentration ou à la dispersion avec les commerces de types semblables;
Une tendance à la localisation centrale ou périphérique au sein des agrégats commerciaux;
La recherche de populations non-résidentes;
Le besoin d'espace;
Le standing de la clientèle;
L'accessibilité, notamment aux flux automobiles.
Ces différents facteurs, s'ils sont connus, n'ont pas forcément fait l'objet d'une mise en évidence sur une base empirique cohérente (unité de temps, lieu et nomenclature). En outre, la sensibilité des divers types de commerces à ces facteurs est généralement illustrée au travers d'exemples plus que par des listes systématiques.
L'objet de cette partie est précisément de systématiser l'analyse de l'effet des différents facteurs de localisation couramment mis en avant sur le profil de localisation des types de commerces à Bruxelles. Pour ce faire, chacune des analyses thématiques de cette partie (une par facteur de localisation différentielle) comprendra 4 démarches:
La spatialisation du facteur de localisation, dans une unité spatiale jugée pertinente. C'est fondamentalement un classement des lieux selon leurs propriétés vis-à-vis du facteur de localisation considéré.
L'examen du profil d'implantation des différents types de commerces dans ces lieux caractérisés.
L'analyse, sur base de ce profil de localisation, de la réponse des types de commerces aux contraintes imposées par le facteur de localisation et les mécanismes de différenciation qu'il entraîne.
L'application des grilles de lecture de l'espace commercial ainsi constituées au travers de nouveaux indicateurs permettant de décrire les caractéristiques de l'espace sur la seule base d'inventaires commerciaux.
Pour la clarté du discours et une bonne compréhension des méthodes mises en œuvre, la
structure des chapitres relative à chacun des facteurs de localisation différentielle est
spécifique. Mais les quatre démarches sont clairement identifiables dans le texte. Les résultats
seront présentés essentiellement sous la forme de cartes et de tableaux standardisés de
manière à faciliter les comparaisons.
III.2. HIERARCHIE ET RAYONNEMENT
III.2.1. LE FONDEMENT: LA PORTEE DES BIENS
La distribution spatiale des points de vente peut être envisagée sous l'angle d'un compromis entre portée des biens et rentabilité. La portée des biens est dépendante des consommateurs et correspond à la distance maximale qu'ils sont disposés à parcourir pour acquérir un bien donné (Berry & Garisson, 1958). Elle est dépendante de la nature des biens vendus selon la logique suivante: plus le bien est rare ou exceptionnel par ses caractéristiques et moins souvent il est nécessaire de l'acheter, plus la distance (physique ou temporelle) parcourue pour l'acquérir est importante. La rentabilité est quant à elle une contrainte du vendeur : pour que son entreprise soit rentable, il faut qu’il ait assez de clients disposant d'un pouvoir d'achat suffisant. Plus le bien offert par un commerce est rare, soit parce qu'il ne s'adresse qu'à une partie de la population, soit parce qu'on l'achète rarement, plus la population située dans la zone d'influence du lieu d'implantation doit être importante. Le compromis correspondant à une localisation économiquement viable est permis par le fait que portée des biens et seuil de rentabilité vont généralement de concert. La portée du bien est plus courte pour des achats courants (boulangerie par exemple) mais le volume de consommation est important et une petite zone de chalandise donc viable. La portée est plus grande pour des achats plus rares, la zone de chalandise nécessaire à la rentabilité est alors aussi plus grande (Fig. III-01).
Taille de la zone de chalandise selon le type de commerce
source : Stad Gent (1997) ULB-IGEAT - B.W. (2005)
alimentation générale
fruits & légumes viande
pain - brood
cd's
sport, jouets
librairie & papeterie
bricolage électroménager articles de ménage et de luxe
télévision, hi-fi meuble et tissus d'ameublement
fleurs & plantes
habillement
chaussures, maroquinerie
droguerie & parfumerie
photo, optique, bijoux
cycles et véhicules à moteur
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 6,5 7 7,5 8 8,5 9
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5
chalandise primaire (50%) en km
ch alandise sec ondair e (8 0% ) e n k m
Taille de la zone de chalandise selon le type de commerce
source : Stad Gent (1997) ULB-IGEAT - B.W. (2005)
alimentation générale
fruits & légumes viande
pain - brood
cd's
sport, jouets
librairie & papeterie
bricolage électroménager articles de ménage et de luxe
télévision, hi-fi meuble et tissus d'ameublement
fleurs & plantes
habillement
chaussures, maroquinerie
droguerie & parfumerie
photo, optique, bijoux
cycles et véhicules à moteur
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5 6 6,5 7 7,5 8 8,5 9
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5
chalandise primaire (50%) en km
ch alandise sec ondair e (8 0% ) e n k m
Figure III-01: Etendue moyenne de la zone de chalandise de quelques types de commerces, en milieu urbain. Le
graphique indique la distance moyenne que parcourent respectivement 50% et 80% des clients qui fréquentent un point
de vente, pour 16 catégories de commerces. Malgré le manque de finesse de la nomenclature, on remarque clairement
que le commerce de proximité recrute l'essentiel de sa clientèle à très faible distance. Un boulanger trouve 50% de sa
clientèle à moins de 500 m et 80% à moins de 2 kilomètres. A l'opposé, des commerces offrant des biens dont la
fréquence d'achat est moindre ont besoin d'une zone de chalandise beaucoup plus vaste. Un marchand de vêtements
trouve 50% de sa clientèle à un peu plus de 2 kilomètres mais ce rayon doit être étendu à 8 kilomètres pour atteindre
80%. L'écart des points à la diagonale traduit le degré de friction de la distance, c'est-à-dire l'intensité avec laquelle la distance fait décroître le recrutement du point de vente. Cette friction est moins forte lorsqu'on s'écarte de la diagonale vers la gauche, comme par exemple pour des articles de luxe ou des très gros achats (meubles).
Source: d'après Stad Gent (1997).
Les types de commerces vendant des biens analogues par la portée et la population nécessaire à la rentabilité tendent à se regrouper dans des lieux où leur viabilité est permise. De ce processus émerge une hiérarchie urbaine. Les plus petites localités, nombreuses, vendent essentiellement des biens à portée très faible. Les plus grandes villes hébergeront ceux à portée maximale.
La hiérarchie urbaine est donc un facteur de localisation important pour le commerce de détail. Selon leur nature, les commerces ont besoin d'une clientèle plus ou moins importante.
La population et l'aire d'attraction d'une ville permettent donc de définir quels types de commerces pourront s'y implanter de manière économiquement viable. Bien sûr, l'attraction d'une ville est dépendante de l'offre commerciale qui y est présente, et est donc le résultat d'un processus historique de rétroaction positive. Mais le commerce n'est pas le seul facteur de l'attraction globale de la ville et donc de son positionnement dans la hiérarchie urbaine. Il bénéficie aussi du recrutement induit par d'autres fonctions (administrative, sanitaire, culturelle, …). D'ailleurs, la plupart des études intègrent ces différentes dimensions pour établir une image de la hiérarchie urbaine, soit sur base d'enquêtes auprès de témoins privilégiés soit sur base de l'analyse des équipements présents.
Même si la hiérarchie urbaine est une structuration de l'espace largement le fruit des héritages historiques (et des inerties qui y sont associées), il ne faut pas perdre de vue qu'elle est constamment remise en cause par les nouveaux développements commerciaux mais aussi par les évolutions des modes de consommation. Par exemple, la portée des biens est fortement influencée par les modes de transport; ou certains produits, rares au début de leur diffusion, se démocratisent progressivement, …
III.2.2. LA HIERARCHIE URBAINE EN BELGIQUE, MESURES SOUS L'ANGLE COMMERCIAL
La hiérarchie des villes peut se mesurer selon l'importance de leur équipement et de leur rayonnement. Les classements dressés sur base de critères strictement commerciaux sont relativement rares, surtout en ce qui concerne ceux issu d'enquêtes auprès des consommateurs.
La plus récente, dirigée par les professeurs Mérenne-Schoumaker et Van Hecke, repose sur l'analyse de données recueillies dans le cadre d'une enquête sur les comportements spatiaux des consommateurs. Par extrapolation des réponses au questionnaire, les auteurs de l'étude ont estimé le recrutement des pôles pour les achats courants et semi-courants ainsi que les aires de chalandise associées. Cette méthode présente toutefois certaines limitations. Outre le fait que l'enquête est lourde et ne peut, de ce fait, être reproduite régulièrement, les personnes interrogées avaient la possibilité de répondre des parties de villes, communes ou quartiers, ce qui a compliqué le dépouillement car il n'est pas forcément facile de cerner l'extension spatiale précise que recouvrent les réponses. En outre, l'échantillon est insuffisant pour mener des analyses à une échelle très fine (Van Hecke, 1997). Néanmoins, c'est la seule enquête récente informant à la fois sur l'importance des pôles commerçants et leur zone de chalandise, ce à différents niveaux.
Les résultats en sont clairs: une hiérarchisation marquée des pôles d'achats est identifiable sur
base de seuils dans la population recrutée par les lieux: 5 grandes villes, 17 centres de niveau
régional et 279 petits centres constituent la trame commerciale de base de la Belgique. Une
seconde conclusion importante, issue de la comparaison avec les études antérieures, est
l'accroissement significatif du nombre de pôles commerciaux. Ils sont aujourd'hui plus
nombreux et il faut distinguer plusieurs formes, parfois combinées: pôle central traditionnel (constitué du centre-ville ancien), pôle périphérique traditionnel (au sein d'une agglomération), pôle nouveau (shopping center, parc commercial, hypermarché, …). De nombreux pôles secondaires apparaissent au sein des grandes agglomérations, notamment dans la région urbaine de Bruxelles. Dans de nombreux cas, ils sont d'importance suffisante pour que leur rayonnement dépasse un cadre strictement local. Certains d'entre eux, particulièrement attractifs, correspondent à des communes hébergeant des shopping centers (Woluwé, …) voire des hypermarchés ou des groupements de commerces périphériques (Machelen par exemple). En ce qui concerne les zones de chalandise, les auteurs de l'enquête remarquent que le rayonnement de Bruxelles en Flandre a fortement diminué.
Traditionnellement, en Flandre occidentale et orientale, on cherchait à Bruxelles les articles qu'on ne trouvait pas à Gand. Aujourd'hui, c'est Anvers qui est privilégiée.
L'analyse de l'offre commerciale d'un lieu permet également de se faire une idée de son rayonnement et donc de sa position dans la hiérarchie commerciale. Si on admet que l’offre à un moment donné est adaptée à la demande et au comportement des consommateurs, il est possible d’approcher une hiérarchie des lieux au travers des comptabilisations d'un inventaire.
Un indicateur de rayonnement basé sur l'offre, peut tirer parti du lien entre importance de l'offre commerciale, degré de rareté des commerces et rayonnement. Une concentration de commerces rares en un lieu n’a pas la même signification que la présence, aussi importante soit-elle, de commerces plus banals. L’indicateur proposé ici, basé sur l'offre, combine l’importance et le caractère plus ou moins répandu des types de commerces et exprime le résultat sous la forme d’une population théorique desservie. C'est la somme des emplois par type et par commune, pondérés inversement à leur rareté. Le tout est exprimé en équivalent habitant sur base du nombre moyen d'habitants desservi par emploi et par type pour la Belgique (Fig. III-02).
Figure III-02 (haut): Rayonnement des pôles d'achat semi-courants sur base d'une enquête sur le comportement spatial des consommateurs en Belgique. Les données sont issues du dépouillement de questionnaires soumis aux parents des étudiants de 5 ème et 6 ème secondaire. Les types d'achats étaient segmentés en grandes catégories sur base de la fréquence de recours. La carte identifie uniquement les pôles fréquentés pour les achats semi-courants, mais les auteurs précisent que le classement des localités pour les achats exceptionnels est très proche.
Source: d'après Mérenne-Schoumaker B. & Van Hecke E. (2000).
Figure III-02 (bas): Rayonnement probable des communes selon l'importance de l'emploi et de la structure sectorielle. La population théorique desservie est calculée en rapportant la population belge au nombre total d’emplois dans chaque secteurs du commerce, en multipliant ensuite ce rapport par l’emploi dans chaque secteur pour chaque commune, en sommant ces produits et finalement, en divisant le résultat par le nombre de secteurs commerciaux pris en compte. Les cercles et leur tramage sont proportionnels au rayonnement probable.
Source: calculs d'après ONSS, INASTI et TVA, situation 2002.
source: calcul ULB-IGEAT, ONSS, INASTI, TVA, INS – 2002; Mérenne-Schoumaker., Van Hecke & al. (2000). ULB-IGEAT - B.W. (2005)
habitants
Bruxelles 1.500.000
500.000 200.000 75.000 50.000 25.000 7.000
0 10 20 km
SEGEFA & ISEG - 1995
Population polarisée
Rayonnement - enquête
région urbaine 1.000.000
250.000 500.000
habitants 1.000.000
250.000 500.000
région urbaine
Rayonnement - estimation
Population polarisée
Emploi et structure commerciale 2002
0 10 20 km
1.250.000 500.000 200.000 75.000 50.000 25.000 7.000 0
Bruxelles
source: calcul ULB-IGEAT, ONSS, INASTI, TVA, INS – 2002; Mérenne-Schoumaker., Van Hecke & al. (2000). ULB-IGEAT - B.W. (2005)
habitants
Bruxelles 1.500.000
500.000 200.000 75.000 50.000 25.000 7.000
0 10 20 km
SEGEFA & ISEG - 1995
Population polarisée
Rayonnement - enquête
région urbaine 1.000.000
250.000 500.000
habitants 1.000.000
250.000 500.000
région urbaine
Rayonnement - estimation
Population polarisée
Emploi et structure commerciale 2002
0 10 20 km
1.250.000 500.000 200.000 75.000 50.000 25.000 7.000 0
Bruxelles
La comparaison du classement obtenu selon l'indicateur de rayonnement probable et selon le rayonnement pour les achats semi-courants de l'enquête montre une très bonne corrélation au sommet de la hiérarchie. Les écarts significatifs qui s'observent sont souvent compréhensibles et inhérents aux modes de calcul (Fig. III-03 haut).
Le rayonnement probable peut être rapporté à la population de la commune pour évaluer dans quelle mesure la desserte des équipements commerciaux dépasse ou non le cadre communal.
Ce mode de représentation permet de bien identifier les lieux d'approvisionnement dont dépendent les communes les moins bien dotées. La plupart des grandes villes et villes régionales ont des valeurs dépassant 1,2 tout comme les localités touristiques qui ont un appareil commercial disproportionné vis-à-vis de leur population permanente mais adapté au surcroît de chiffre d'affaire généré par le tourisme. Dans les grandes agglomérations, ce sont toutefois quelques communes périphériques qui présentent les taux d'équipement les plus élevés. Ce sont soit des pôles commerciaux modernes (Zaventem, Drogenbos, Woluwé à Bruxelles, Wijnegem à Anvers, Ans à Liège), soit de petites villes incluses dans des périphéries aisées en forte croissance de population (Waterloo et Wavre à Bruxelles, Kontich et Lier à Anvers) (Fig. III-03 bas).
Figure III-03 (haut): Comparaison du rayonnement probable des communes selon l'enquête sur les comportements d'achat et selon le rayonnement probable calculé sur base de l'emploi et de sa structure sectorielle. Sur le graphique logarithmique, qui focalise l'attention sur le rang des différents lieux, les deux indicateurs sont largement concordants pour le sommet de la hiérarchie urbaine. Les discordances sont limitées et souvent compréhensibles vu le mode de calcul des deux indicateurs: meilleure prise en compte du tourisme par l'indicateur de rayonnement probable (Bruges, Knokke), sous-estimation de certaines des communes bruxelloises par l'enquête (Ixelles, Uccle, Schaerbeek, Saint-Gilles) suite à des problèmes d'identification …
Source: d'après Mérenne-Schoumaker B. & Van Hecke E. (2000) et calculs d'après ONSS, INASTI et TVA.
Figure III-03 (bas): Rayonnement probable des communes selon l'importance de l'emploi et de la structure sectorielle, rapporté à la population résidente. Cet indice de rayonnement relatif a été établi en rapportant la population théorique desservie par l'emploi commercial à la population communale. Plus cet indice est supérieur à 1, plus l’équipement commercial rayonne en dehors de la localité, desservant ainsi une population extérieure plus ou moins importante. Au contraire, un indice inférieur à 1 indiquerait un sous-équipement en regard de la population communale, qui se trouve dès lors dépendante de pôles commerciaux extérieurs. Le mauvais positionnement des villes hennuyères doit être rapproché de leur faible niveau moyen de pouvoir d'achat, dont il n'est pas tenu compte ici.
Source: calculs d'après ONSS, INASTI et TVA, situation 2002.
Antwerpen RBC
Charleroi Liège
Gent Bruxelles
Woluwe S-L RoeselareMechelenMons Uccle AnderlechtOostendeLa LouvièreSt. Niklaas
Leuven Kortrijk Ixelles NamurAalst Hasselt
Brugge
St. Gilles
Turnhout Etterbeek WaterlooKnokkeWavreLier GenkVerviers
Tournai Schaerbeek
Herentals Halle Waregem Dendermonde
Seraing St. Truiden
10.000 100.000 1.000.000 10.000.000
10.000 100.000 1.000.000 10.000.000
po pu la tio n po la risée( ba se: em pl oi )
population polarisée (base: enquête SEGEFA-ISEG)
ULB-IGEAT - B.W. (2005) source: calcul ULB-IGEAT, ONSS, INASTI, TVA, INS – 2002; Mérenne-Schoumaker., Van Hecke & al. (2000).
région urbaine Emploi
Rayonnement relatif
Population polarisée/résidents 2002
0 10 20 km
5.3 1.5 1.3 1.2 1.1 0.9 0.7 0.1
60.000 15.000 30.000
Bruxelles
Rayonnement
Comparaison des estimations
Antwerpen RBC
Charleroi Liège
Gent Bruxelles
Woluwe S-L RoeselareMechelenMons Uccle AnderlechtOostendeLa LouvièreSt. Niklaas
Leuven Kortrijk Ixelles NamurAalst Hasselt
Brugge
St. Gilles
Turnhout Etterbeek WaterlooKnokkeWavreLier GenkVerviers
Tournai Schaerbeek
Herentals Halle Waregem Dendermonde
Seraing St. Truiden
10.000 100.000 1.000.000 10.000.000
10.000 100.000 1.000.000 10.000.000
po pu la tio n po la risée( ba se: em pl oi )
population polarisée (base: enquête SEGEFA-ISEG)
ULB-IGEAT - B.W. (2005) source: calcul ULB-IGEAT, ONSS, INASTI, TVA, INS – 2002; Mérenne-Schoumaker., Van Hecke & al. (2000).
région urbaine Emploi
Rayonnement relatif
Population polarisée/résidents 2002
0 10 20 km
5.3 1.5 1.3 1.2 1.1 0.9 0.7 0.1
60.000 15.000 30.000
Bruxelles
Rayonnement
Comparaison des
estimations
III.2.3. LA HIERARCHIE DES NOYAUX DANS LA VILLE
La multipolarité des agglomérations et le développement commercial des périphéries compliquent singulièrement l'analyse de la hiérarchie urbaine: doit-on considérer Bruxelles comme un seul pôle ou comme plusieurs pôles ? Le problème n'est pas forcément anodin lorsqu'on constate que l'enquête sur le comportement d'achat attribue un recrutement de 800.000 unités de population à Bruxelles-Ville (la commune) alors que cette valeur monte à près de 1.400.000 si on considère la Région bruxelloise dans son ensemble. Cela pose explicitement la question de l'adaptation du canevas communal à l'analyse de la hiérarchie urbaine (où Bruxelles n'est pas une entité fusionnée, contrairement à Anvers). Le problème est d'autant plus criant à Bruxelles que le second quartier commerçant de la ville, porte de Namur et Louise, est administrativement éclaté sur 3 communes. Sans rejeter toute approche à l'échelle communale, ce qui reviendrait à se priver de statistiques récurrentes et détaillées, ces interrogations justifient d'aborder la problématique du rayonnement et de la hiérarchie à la fois à l'échelle inter- et intra-urbaine. Cela permet notamment d'identifier, au sein des agglomérations, les espaces contribuant le plus à leur rayonnement.
L'évaluation du rayonnement des espaces commerçants, et donc leur positionnement dans la hiérarchie commerciale, doit intégrer l'importance de l'offre mais aussi sa structure: une concentration de quelques commerces alimentaires n'a évidemment pas la même signification en terme de rayonnement que l'alignement de quelques philatélistes. L'idée d'intégrer une mesure du rayonnement probable dans les analyses à l'échelle du quartier n'est pas neuve.
Déjà, en 1963, J.A. Sporck a proposé un système de cotation des commerces intégrant cette dimension. Chaque commerce se voit affecté d'un indice variant de 1 à 7 (de "commerce de coin de rue" à "ville rayonnant sur plus de 5 millions d'habitants") par l'enquêteur sur base de l'emplacement, de la nature, de la taille et de la prospérité supposée. Une moyenne des cotes par nodule ou rue permet ensuite de positionner les espaces. Sa démarche très intéressante mais qui souffre d'un manque d'actualisation des critères d'évaluation sur le terrain, J.A.
Sporck ayant d'ailleurs publié des exemples plutôt que des grilles d'analyse systématiques.
Ces limitations peuvent toutefois être contournées en évaluant les rayonnements probables des commerces sur base d'un critère pouvant être relevé de manière aisée, la nature des biens vendus. Il s'agira bien sûr d'une estimation grossière, à exploiter par rue ou noyaux dans la philosophie de Sporck.
Etablir quels sont les types de commerces représentatifs des différents niveaux de la hiérarchie revient à examiner leur profil de localisation selon le rayonnement des lieux. Cela suppose de doter chaque lieu d'un rayonnement et d'ensuite caractériser les types de commerces sur cette base (Grimmeau, 1997d). On peut en effet calculer le recrutement moyen ou médian des lieux d'implantation d'une activité déterminée. Cela revient à calculer la moyenne/médiane pondérée par le nombre de cellules de ce type de commerces présents dans le lieu (on tient plus compte des lieux où ce type de commerces est important). Le résultat est le recrutement moyen/médian des lieux d'implantation d'un type de commerces ; il devrait s'échelonner de valeurs faibles pour les commerces de proximité (boulangerie, boucherie, coiffeur) à élevées pour les commerces rares et concentrés (change, timbres, modistes).
La démarche suppose cependant d'évaluer préalablement le rayonnement des quartiers, qui
sont l'unité adéquate pour mener ce type de démarche. Pour évaluer le rayonnement des
quartiers, faute d'autres données issues par exemples d'enquêtes auprès de consommateurs, un
indicateur fondé sur l'offre a été construit. Il est identique dans son principe à celui construit à
partir de l'importance et de la structure de l'emploi par commune, dont on a pu vérifier la
cohérence. L’indicateur de rayonnement probable calculé et cartographié ici à l'échelle du
quartier combine l’importance (via le nombre de cellules commerciales) et le caractère plus
ou moins répandu des types de commerces (tout commerce est pondéré proportionnellement à
sa rareté). Tout comme pour l'indicateur utilisé à l'échelle communale basé sur l'emploi, il
exprime le résultat sous la forme d’une population théorique desservie. Le nombre d'habitants théoriquement desservis est calculé en rapportant la population bruxelloise au nombre total de cellules dans chaque secteur du commerce et en multipliant ensuite ce rapport par le nombre de cellules de chaque secteur dans chaque nodule. Ces produits sont sommés par noyau et finalement divisés par le nombre de secteurs commerciaux pris en compte. Pour les types de commerces dont le rayonnement dépasse visiblement le cadre de la Région de Bruxelles- Capitale, la population prise en compte pour évaluer le rayonnement moyen d'une cellule a été multiplié par un indice traduisant ce rayonnement extra-régional (Fig. III-04).
Selon cet indicateur, le nodule du centre-ville, centré sur la rue Neuve et la Grand-Place occupe le sommet de la hiérarchie (Fig. III-04). Le haut de la ville, de la porte de Namur à l'avenue Louise, à la seconde place, a un rayonnement équivalent seulement à 50% de celui du principal nodule du bas de la ville. Viennent ensuite une série de noyaux majeurs de l'agglomération, situées dans le pentagone (rue Dansaert, rue de Flandre, Sablon, Marolles), dans les vieux faubourgs (centre de Saint-Gilles et de Molenbeek, rue de Brabant) ou en seconde couronne (rue Marie-Christine et Uccle-centre), qui ont tous un rayonnement équivalent à plus du quart de celui du centre-ville. La plupart des autres noyaux importants de l'agglomération (Helmet, Saint-Josse, Dailly, Dumon, La chasse, Flagey, Bascule, Ma Campagne, Wayez, Miroir) sont dans la classe suivante, rejoint par deux noyaux nettement plus petits en effectif (rue d'Aerschot et St-Lazare).
Les nodules du Sablon, de la rue du Midi, ou de la rue d'Aerschot sont un bon exemple de l'intérêt de prendre en compte les types de commerces présents dans l'évaluation du rayonnement: leur nombre de cellules est relativement restreint mais leur rayonnement est important car ce sont des quartiers spécialisés, hébergeant des types de commerces rares à l'échelle de l'agglomération. Leur rayonnement est donc bien plus important que ne le laisse présager le nombre de cellules et l'indicateur de rayonnement utilisé tient compte de ce fait grâce à la pondération des types de commerces.
Par contre le positionnement des shopping centers (Woluwé, Westland et dans une moindre mesure Basilix) peut susciter quelques interrogations. Il faut toutefois convenir que le nombre de cellules qu'ils regroupent reste relativement limité et qu'ils n'hébergent quasiment jamais de commerces très spécialisés ou extrêmement rares. Leur rayonnement est quasiment dû exclusivement au rassemblement organisé et géré de grandes enseignes nationales ou internationales et il n'est donc pas toujours aisé de les comparer aux quartiers commerçants plus classiques sans intégrer ce paramètre. Le rayonnement du boulevard de Waterloo est aussi mal rendu par un indicateur exprimé en population polarisée, dans la mesure où la clientèle du commerce de luxe ne représente qu'un petit segment de la population, mais dotée d'un important pouvoir d'achat.
Même si on peut les classer globalement à l'aide de moyennes, pour affiner l'analyse du
rayonnement des quartiers, il faut intégrer le fait qu'ils ont un rayonnement propre à chaque
niveau hiérarchique. En d'autres termes, tous les commerces d'un même noyau n'ont pas le
même recrutement. C'est bien pour cela que la démarche visant à établir un indice de
rayonnement probable pour chaque type de commerces est intéressant.
Figure III-04: Rayonnement probable des nodules commerçants selon le nombre de cellules et la structure sectorielle de l'offre. Les cercles sont proportionnels au nombre de cellules et la teinte traduit le niveau de rayonnement probable. Pour faciliter la lecture, la population recrutée théorique a été exprimée en % du rayonnement du noyau centre-ville car ce sont essentiellement les écarts relatifs entre noyaux qui doivent être examinés. En effet, calculés pour tous les types de commerces à l'échelle des nodules, les effectifs de population recrutée n'ont pas de sens en soi car c'est une moyenne qui rend mal compte de la diversité des types de commerces qui sont à l'origine du rayonnement. Par exemple, le centre- ville rayonne ici théoriquement sur 79.000 habitants. Cela signifie qu'en théorie l'ensemble des dépenses commercialisables de 79.000 habitants se dirigent vers ce quartier. Or, ce quartier dessert de fait beaucoup plus de personnes car son offre ne couvre qu'une partie des dépenses des ménages (plutôt des biens rares). Pour pouvoir traduire cette échelle de rayonnement en un nombre d'habitants polarisés qui a un sens de manière ordinale et
0 1 2 km
nodule
centre-ville = 100
voirie principale espace vert Généralités
cellules commerciales actives
Nodules commerciaux
nodules IGEAT 1997
Rayonnement estimé
Rayonnement estimé 100
49 23 13 7 3 1 0
source: Sitex 1997 - Urbis - IGEAT ULB-IGEAT - BW. (2005)
Effectif et degré de rareté
1000 250 500
quantitative, il faut soit intégrer une pondération supplémentaire des types de commerces (leur part dans les dépenses des ménages), soit travailler avec des groupes de types de commerces qui ont un rayonnement similaire.
Source: calculs d'après SitEx-AATL, situation 1997.
III.2.4. LE RAYONNEMENT DES LIEUX D'IMPLANTATION DES TYPES DE COMMERCES DANS LA VILLE
Le classement des types de commerces selon le rayonnement médian des noyaux dans lesquels ils sont implantés permet de dégager, sur base des ruptures dans la distribution des valeurs, 6 groupes (Fig. III-05). Concrètement, chaque cellule commerciale s'est vu affecter la valeur estimée du rayonnement du nodule où elle est implantée. Ensuite, pour l'ensemble des cellules occupées par un type de commerces donné, on calcule la médiane. Enfin, ces médianes sont classées par ordre décroissant et les ruptures de la distribution sont détectées.
I II III IV V VI
Alimentation • épicerie, alimentation générale
• boulangerie, pâtisserie
• boucherie, charcuterie
• fromager, produits laitiers, traiteur
• night-shop
• vins et spiritueux
• poissonnier, écailler
• chocolatier et assimilé
• alimentation diététique
• gibier, volaille, triperie
HoReCa
• restaurant
• cantine, snacks, fast- food
• friterie
• café, taverne, débit de boisson
• gaufres, glacier, tea- room, crêperie
Equipement de la personne
• tissus pour la
confection • laine et
bonneterie • maroquinerie
• vêtement, lingerie
• chaussures
• bijouterie, joaillerie, horlogerie
• mercerie
• parapluies, chapeaux et gants Entretien de
la personne • pharmacie,
herboristerie • opticien • parfumerie,
produits de beauté
Equipement de la maison
• carrelages, sanitaires
• articles de jardin
• produits d'informatique (commerce)
• matériel de construction
• petit mobilier décoratif
• quincaillerie, plomberie
• électro- ménager, appareils de cuisine
• luminaires et électricité, appareils de chauffage
• brico-center
• fleuriste
• meubles
• articles de literie, tapis, moquettes
• peintures, tissus d'ameublement , papier peint
• arts divers
• droguerie, produits d'entretien
• porcelaine, cristaux, articles de ménage de luxe
• vaisselle et articles de table
• antiquités, brocanteur
• souvenirs,
cadeaux
I II III IV V VI
Loisirs
• matériel pour artistes
• articles de camping, de scoutisme
• journaux
• articles de sport
• photographe
• instruments de musique
• TV, HI-FI
• armurier, articles de chasse et pêche
• animaux de compagnie et biens associés
• librairie, papeterie, carterie, bouquinerie, bandes dessinées
• jouets, jeux
• tabac • disquaire • objets de collection
Services
• salon de coiffure
• wasserette
• pompes funèbres
• soins de beauté, sauna, centre de bronzage
• copy-shop, tirages de plans
• cordonnier, serrurier, graveur, confection (avec vitrine)
• blanchisserie, nettoyage à sec
• toilettage des animaux
• agence de banque
• agence de mutuelle, d'assurances
• agence de voyage
• agence immobilière (type agence avec vitrine)
• lotto, tiercé
• video-club, lunapark
• centre privé de téléphone et de fax
• discothèque, dancing
• agence intérimaire
• peepshow
• dame dans la vitrine
Transports &
combustibles
• réparation véhicules
• combustibles
• stations-service et combustible
• vente de voitures
• cycles et motos
• car-wash
• pneumatiques, service minute spécialisé
• accessoires auto-moto-vélo Rayons
multiples • polyvalent • bazar
Figure III-05: Classement des types de commerces selon le rayonnement médian de leurs lieux d'implantation. Les 6 groupes sont délimités sur base des ruptures dans la distribution des valeurs par type de commerces. La plus importante de ces ruptures se positionne entre le niveau III & IV.
Source: calculs d'après SitEx-AATL, situation 1997.
Les 23 catégories commerciales associés au plus faible rayonnement (groupe I) correspondent à une partie des commerces de première nécessité, plutôt généralistes (alimentation générale, supermarchés) mais aussi à des commerces qui ne sont pas de première nécessité mais qui peuvent s'implanter de manière relativement indépendante de tout groupement commercial.
Ce sont des types de commerces pouvant fonctionner de manière isolée, sur base de leur
propre attraction. La première coupure, au niveau des boulangeries, permet de distinguer un
second groupe (groupe II) qui comprend la plupart des commerces et services de base, essentiellement issus de l'alimentation spécialisée, de l'Horeca, de l'équipement de la maison et des services. La limite suivante permet de séparer les activités qui se localisent de manière plus marquée dans des lieux au rayonnement plus étendu (groupe III), correspondant à des besoins plus spécifiques ou exceptionnels (par exemple décoration v.s bricolage dans l'équipement de la maison). Mais la rupture statistique la plus nette apparaît clairement entre le groupe III et le groupe IV. A partir de ce niveau, la nécessité d'une implantation dans un quartier de fort rayonnement apparaît comme indispensable au bon fonctionnement des types de commerces qui privilégient ces implantations. Que ce soit pour les antiquaires, la maroquinerie, la parfumerie ou l'alimentation fine, le recrutement du quartier doit être suffisant pour assurer un chiffre d'affaire vu le caractère exceptionnel des achats ou le public ciblé. Cette logique est encore plus sensible dans le groupe V, où les logiques d'attraction cumulatives sont claires (vêtements, chaussures, bijouterie d'une part mais aussi peep-show et prostitution d'autre part). Les bazars ne se rencontrent en nombre que dans les principales rues immigrées des grandes agglomérations et les magasins de souvenirs dans les grands pôles touristiques. Enfin, la dernière rupture isole la catégorie d'objets de collection (groupe VI), essentiellement la philatélie et la numismatique, dont la présence est quasiment l'apanage exclusif de la capitale.
La pertinence de cette classification des types de commerces selon le rayonnement de leurs lieux d'implantation peut être corroborée de deux manières. Primo, on peut chercher à la comparer à d'autres classifications visant à établir le niveau hiérarchique dont sont spécifiques les activités commerciales. Néanmoins ces listes sont pour le moins rares. En Belgique, la seule liste récente et détaillée a été produite pour l'ensemble du pays et à l'échelle des communes d'avant fusion. Elle n'est donc pas réellement centrée sur les logiques intra- urbaines, même si le découpage adopté visait, dans une certaine mesure, à pouvoir aussi aborder cette échelle (Grimmeau, 1997d). Si les nomenclatures et les échelles d'analyse ne sont que très partiellement compatibles, force est de constater que cette liste et celle produite sur base de la SitEx mettent en évidence les mêmes grandes tendances. L'ordre relatif des fonctions est souvent compatible, les philatélistes déterminent un niveau "capitale", le bas de la hiérarchie est caractérisé par les fonctions de base mais aussi par des activités qui se localisent de manière indépendante …
Secundo, on peut examiner le classement non plus dans sa globalité mais par grands ensembles, selon la nature des biens vendus. La différenciation au sein de chacun des grands ensembles de la nomenclature y apparaît très claire et est associée à des logiques compatibles avec la notion de hiérarchie urbaine (Fig. III-05). Par exemple, au sein de l'alimentaire, le caractère exceptionnel et sélectif apparaît nettement dans la gradation alimentation générale, alimentation spécialisée et alimentation très spécialisée (poissons et gibiers, diététique). Il en va de même avec tous les autres grands ensembles, à l'exception notoire des activités liées aux transports qui ne se localisent visiblement pas dans une logique hiérarchique au sein de la ville. Mais c'est le seul grand ensemble à être homogène si l'analyse est menée dans une nomenclature fine.
Un troisième aspect doit compléter les observations réalisées sur base du classement des
activités. Il porte sur la relation entre le classement établi et le degré de rareté des différentes
fonctions. L'examen du graphique confrontant ces deux mesures montre clairement que le
rayonnement médian des lieux où s'implante un type de commerces est relativement
indépendant du degré de rareté de ce commerce (Fig. III-06). Une certaine relation existe
bien, comme en témoigne le déplacement des groupes supérieurs (III, IV, V et VI) vers la
droite, mais des types de commerces présents avec la même fréquence dans la ville peuvent
nettement se différencier sur le plan du rayonnement des lieux où ils s'implantent. L'exemple
des centres de beauté et des marchands de chaussures est loin d'être isolé: ces deux types de
commerces comptent a peu près le même nombre de cellules commerciales à Bruxelles, mais
les chaussures s'implantent de manière privilégiée dans des lieux au rayonnement au moins 10 fois supérieur. C'est bien la configuration de la répartition des types de commerces dans la ville qui est révélatrice d'une organisation hiérarchique, au travers de logiques de concentration et de regroupement des services de même niveau dans des lieux d'un rayonnement compatible. Ces lieux et ces regroupements contribuent à moduler la portée limite d'un commerce, qui est loin d'être une simple fonction de la rareté. Des commerces ayant une même fréquence peuvent avoir des portées très variables selon qu'ils soient concentrés ou non, qu'ils s'associent à d'autres fonctions ou non.
chap peep int merc
cd sex baz cado chaus bij vet
coll
diet tab gib vais parf cuir choc ant
arm lain porc drog
anim pois disco
jouet tea-r moq tvhifi
opt art peint
meub lib
tiss
tanim mus
brico immo vin frit quinc sport
night lotto ptmob lum telfax video elctro
phot netsec from
mut
cord voy
fleur bouch banq
boul sna rest
cafe
camp comb jar mart pneu velo
cwash const pfun sani info copy
atrans poly
baut
pomp lav jour
auto phar alimg
gar coif
0,1 1 10 100
100 1.000 10.000 100.000 1.000.000
rareté relative (habitants desservis par une cellule)
ra yo nn em en t m édian des lieu x d' im plan ta tio n ( ce nt re-v ille = 10 0)
Rareté relative et rayonnement des lieux d’implantation
Source: calculs d’après SitEx 1997 ULB-IGEAT - B.W. (2005)
VI V IV III II
I
gr ou pe
chap peep int merc
cd sex baz cado chaus bij vet
coll
diet tab gib vais parf cuir choc ant
arm lain porc drog
anim pois disco
jouet tea-r moq tvhifi
opt art peint
meub lib
tiss
tanim mus
brico immo vin frit quinc sport
night lotto ptmob lum telfax video elctro
phot netsec from
mut
cord voy
fleur bouch banq
boul sna rest
cafe
camp comb jar mart pneu velo
cwash const pfun sani info copy
atrans poly
baut
pomp lav jour
auto phar alimg
gar coif
0,1 1 10 100
100 1.000 10.000 100.000 1.000.000
rareté relative (habitants desservis par une cellule)
ra yo nn em en t m édian des lieu x d' im plan ta tio n ( ce nt re-v ille = 10 0)
Rareté relative et rayonnement des lieux d’implantation
Source: calculs d’après SitEx 1997 ULB-IGEAT - B.W. (2005)
VI V IV III II
I
gr ou pe
Figure III-06: Rareté relative et rayonnement médian des lieux d'implantation des types de commerces à Bruxelles.
L'abscisse du graphique est le ratio entre la population de la Région de Bruxelle-Capitale et le nombre de cellules de chaque type considéré. Pour les types de commerces rayonnant largement au-delà des limites régionales, un cœfficient correcteur a été introduit sur base d'analyses à l'échelle communale. Les cercles sont proportionnels au nombre de cellules par type, ce qui est une information redondante avec celle fournie par l'axe de X, au coeficient correcteur près.
L'ordonnée est la médiane par type de commerces de l'indice de rayonnement probable calculé à l'échelle des nodules sur base de leur effectif et de leur structure. Cela signifie donc que 50% des cellules d'un type de commerces sont implantées dans des lieux dont le rayonnement dépasse la valeur indiquée sur l'axe de Y. Ces valeurs sont exprimées en référence au rayonnement du nodule centre-ville (=100).
Source: calculs d'après SitEx-AATL, situation 1997.
III.2.5. UN NOUVEL INDICATEUR DE RAYONNEMENT DES LIEUX
Sur base de la classification en 6 groupes présentée ci-dessus, on peut attribuer une cote de 1
(faible rayonnement) à 6 (fort rayonnement) à tous les types de commerces. Cette cote
informe sur le niveau de rayonnement des lieux où s'installent de manière préférentielle le
type de commerces considéré. Pour tout lieu dont on dispose d'un inventaire des fonctions
présentes, on peut dès lors se faire une idée du rayonnement probable en se référant à la grille
de lecture proposée (les cotes de rayonnement des types de commerces). On peut examiner la
part de commerces de faible rayonnement (ceux dont l'activité relève du groupe I), ceux de
fort rayonnement (groupes IV, V, VI). On peut aussi synthétiser l'information au travers d'une
cote moyenne, qui varie entre 1 (100% de commerces dont le type appartient au groupe I) et 6 (100% de commerce du groupe VI, autrement dit, de marchands de timbres …).
Contrairement à l'indice de rayonnement utilisé décrit au point III.2.3, fondé sur l'importance des noyaux et leur composition, les évaluations établies sur base de la grille de lecture en 6 groupes sont réalisables dans n'importe quel découpage. La moyenne ou toute autre indicateur de la distribution de ces cotes en est indépendant. En d'autre terme, l'effectif du nodule, s'il était nécessaire dans le processus d'élaboration (pour calculer la médiane définissant les 6 groupes), n'intervient plus dans l'évaluation du rayonnement par la méthode des cotations.
C'est là un avantage non négligeable pour la transposition à des espaces pour lesquels on ne dispose pas d'inventaires exhaustifs, où l'on ne peut dès lors pas calculer le degré de rareté d'une fonction. C'est aussi très utile pour des analyses multi-scalaires, l'indicateur basé sur les cotes pouvant être calculé par partie de noyau, face de rue, maille, la seule limite étant un effectif suffisant pour qu'une moyenne ou tout autre indicateur de la distribution des valeurs ait une signification dépassant l'effet de l'aléa (Fig. III-07).
La confrontation des méthodes d'évaluation du rayonnement des nodules montre une bonne cohérence, ce qui traduit la primauté des effets de distribution spatiale sur celle des effets de rareté: l'estimation du rayonnement sur base des effectifs et du degré de rareté présente un coefficient de corrélation de 0,67 avec l'estimation issue du calcul des cotes moyennes.
Néanmoins, des différences de positionnement des noyaux sont nettement perceptibles entre les résultats des deux méthodes. Comme en témoigne la carte comparant les résultats des deux méthodes d'estimation, les résidus sont loin d'être répartis de manière spatialement aléatoire (Fig. III-08). La méthode fondée sur les cotes par types de commerces est moins favorable aux très grands noyaux, dont le mix commercial ne compte pas forcément que des types de commerces caractéristiques des niveaux supérieurs de la hiérarchie commerciale. Le centre- ville en fait les frais, ce qui peut se comprendre vu sa relative diversité. D'autres quartiers, tels Dailly-Chazal, Saint-Gilles-centre ou la chaussée de Mons (Ropsy-Chaudron) voient aussi leur positionnement revu à la baisse, ce qui est dans une certaine mesure légitime car leur délimitation est relativement difficile à cause de leur étirement le long de chaussées. A l'opposé, les centre-commerciaux planifiés (Westland, Woluwé, Basilix) mais aussi le boulevard de Waterloo voient leur positionnement s'améliorer lorsque l'on élimine le rôle de la taille pour se concentrer sur la structure. Cela répond bien à une critique émise lors du commentaire de la carte de rayonnement fondée sur le premier indicateur. Une série d'autres espaces bénéficient de l'élimination de l'effet de taille: rue du Bailli, rue des Tongres, Square Meudon, Fort-Jaco, rue d'Aerschot et de la Prairie. Ce sont tous, pour diverses raisons, des espaces commerciaux d'important rayonnement, bien qu'offrant un nombre limité de cellules.
Globalement, l'utilisation de l'indicateur fondé sur les cotations s'avère moins sensible aux
effectifs considérés et donc aux découpages. Il est dès lors plus facile d'utilisation, d'autant
plus qu'on n'observe quasiment pas, sur les cartes, de très petit quartier à la structure générant
une cote élevée de rayonnement. On peut facilement se passer du critère de taille et des
problèmes qu'il implique sans pour autant augmenter l'influence des aléas.
Figure III-07: Cote moyenne de rayonnement des nodules commerçants à Bruxelles. Chaque type de commerces a reçu une cote de 1 à 6 selon le niveau médian de rayonnement des lieux où il est implanté. La moyenne de ces cotes est calculée par nodule. Cette moyenne peut être réalisée dans d'autres découpages, comme un maillage, permettant ainsi des analyses plus fines.
Source: calculs d'après SitEx-AATL, situation 1997.
Cote moyenne de rayonnement
beaucoup de types de commerces généralement implantés dans des lieux de rayonnement élevé
beaucoup de types de commerces généralement implantés dans des lieux de rayonnement faible nodule
Généralités espace vert voirie principale Nodules commerciaux
nodules IGEAT
Cote de rayonnement 1997
source: Sitex 1997 - Urbis - IGEAT ULB-IGEAT - BW. (2006)
Moyenne
6.0 3.8 3.0 2.7 2.3 2.2 2.0 1.8 1.0
500 250
1000
cellules commerciales actives
0 2 km
Figure III-08: Comparaison des méthodes d'estimation du rayonnement par nodules. La carte présente les résidus réduits de l'estimation par régression linéaire du rayonnement probable selon la méthode mobilisant l'effectif et la structure commerciale (variable dépendante) par la cote moyenne de rayonnement, mobilisant uniquement la structure (variale explicative). Des résidus positifs impliquent un positionnement plus favorable par la méthode des cotations, des résidus négatifs un positionnement plus favorable par la méthode combinant taille et structure.
Source: calculs d'après SitEx-AATL, situation 1997.
cellules commerciales actives
1000 250 500