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Choisir le bon médicament pour votre patient : evidence vs eminence-based medicine

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Choisir le bon médicament pour votre patient : evidence vs eminence-based medicine

BOEHNCKE, Wolf-Henning, GILLIET, Michel

BOEHNCKE, Wolf-Henning, GILLIET, Michel. Choisir le bon médicament pour votre patient : evidence vs eminence-based medicine. Revue médicale suisse , 2017, vol. 13, no. 556, p.

675-676

PMID : 28722376

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:106976

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Éditorial

www.revmed.ch

29 mars 2017

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Choisir le bon médicament pour votre patient : evidence vs eminence-based medicine

Prs WOLF-HENNING BOEHNCKE et MICHEL GILLIET Ces dernières années, la dermatologie a

amorcé, comme par ailleurs tout le reste de la médecine, un virage vers une médecine de type « evidence-based » où les prises de déci- sions diagnostiques et thérapeutiques sont de plus en plus basées sur des preuves scien- tifiques. Lors de notre pratique quotidienne nous faisons désormais référence aux méta- analyses et aux « guidelines » fon-

dées sur des études scientifiques pour la prise en charge de nos pa- tients. Les pratiques « evidence- based » sont également enseignées aux étudiants de médecine et à nos assistants en formation.

La pratique « evidence-based » semble avoir remplacé la pra- tique « eminence-based » du pas- sé, qui était plutôt basée sur les propres expériences ou les con-

seils de professeurs spécialistes dans le do- maine. Dans le passé, les professeurs univer- sitaires étaient largement reconnus comme étant les détenteurs de la vérité dans leur spécialité et enseignaient leur manière de pratiquer aux assistants, influençant la façon de pratiquer la dermatologie dans leur région.

Mais les temps ont changé : grâce à l’accès rapide aux informations et à la globalisation des connaissances scientifiques, le patient devient de plus en plus demandeur d’explica- tions et de preuves scientifiques en faveur d’un traitement et ne se laisse plus conduire à l’aveugle par son médecin. Mais l’« evidence- based medicine » va-t-elle améliorer l’effica- cité de la médecine et la satisfaction de nos patients ? Devons-nous abandonner complè- tement la pratique « eminence-based » et le

« local flavor » de notre médecine ?

La réponse de la FMH semble ambivalente : d’un côté, elle nous demande un enseigne-

ment « evidence-based », vu qu’il s’agit d’un point important dans l’évaluation de l’éta- blissement de formation. De l’autre côté, la FMH insiste pour que la formation des assis- tants ait lieu dans deux institutions diffé- rentes afin qu’ils soient exposés au moins à deux écoles différentes. Les services univer- sitaires se dirigent de plus en plus vers une

médecine « evidence-based ». Ce sont eux qui établissent les nou- velles guidelines et les algorithmes basés sur l’étude de la littérature la plus récente à la recherche du degré de preuve scientifique le plus élevé possible. Ceci est cer- tainement une approche très honorable, mais le revers de la médaille est que nous utilisons moins les autres formats, tels que les rapports de cas cliniques qui sont très informatifs, même si le degré de preuve est faible.

Nous sommes conscients des pièges poten- tiels et des menaces des guidelines. Ces der- nières sont édictées en faveur des nouveaux traitements et défavorisent les traitements classiques. Ceci peut être dû au fait que les entreprises pharmaceutiques investissent massivement dans les grandes études pour le développement de nouveaux médicaments, alors que très peu de nouvelles données sont générées pour des traitements dit « clas- siques ». Par conséquent, il devient de plus en plus difficile de défendre les recommanda- tions existantes en faveur des médicaments classiques.

Un autre piège des guidelines est leur nature restrictive, qui souvent ne laisse que peu de souplesse et marge de manœuvre dans le choix thérapeutique par le médecin en fonc- tion de la situation particulière du patient.

Articles publiés sous la direction de WOLF-HENNING BOEHNCKE Service de dermatologie et vénéréologie HUG, Genève Département de pathologie et immunologie Université de Genève Genève

MICHEL GILLIET Service de dermatologie et vénéréologie CHUV, Lausanne

IL dEvIENT dE PLus EN PLus dIFFICILE dE déFENdrE LEs

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REVUE MÉDICALE SUISSE

WWW.REVMED.CH 29 mars 2017

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Par exemple, les guidelines pour le psoriasis définissent la stratification en maladie légère, modérée et sévère, basée sur le score PASI et réserveraient les traitements biologiques pour les formes sévères, alors que les formes mo- dérées, devraient être traitées par des médi- caments systémiques classiques comme le méthotrexate. On réalise aujourd’hui qu’une telle approche conduit à des étapes thérapeu- tiques souvent inutiles et fastidieuses avant de pouvoir instaurer un traitement efficace dans des formes de psoriasis qui sont quand même très invalidantes pour le patient. C’est pour cette raison que le Group for Research and Assessment in Psoriasis and Psoriatic Arthritis (GRAPPA), a préféré mettre à jour son algorithme en simplifiant la catégorisa- tion du psoriasis en « léger » et « modéré à sévère » afin de laisser plus de marge de ma- nœuvre au médecin dans son choix théra- peutique adapté au patient.1,2

Ces exemples montrent, bien que l’évolution vers une médecine « evidence-based » est aussi associée à des problèmes majeurs. Les « gui- delines » ont tendance à simplifier les ques-

tions, ce qui se traduit en algorithmes de tri rigide dont l’intention semble être de mettre les bons patients sur un médicament donné.

Ne faudrait-il pas garder l’esprit « eminence- based » dans notre pratique quotidienne et nos enseignements aux médecins

du futur ? Notre réponse est oui, la médecine « evidence-based » avec ses « guidelines » ne peut pas répondre à tous les nombreux problèmes pratiques rencontrés.

Elle doit pouvoir fournir le cadre nécessaire, mais laisser la liberté et la marge de manœuvre indis- pensables pour que notre profes- sion reste un art qui intègre les données scientifiques aux com- pétences, expériences et intui-

tions personnelles. Dans ce sens, la médecine

« eminence-based » doit impérativement main- tenir sa place dans notre activité de méde- cins. En effet, la médecine ne consiste pas à mettre les bons patients sur un médicament donné, mais à trouver le bon médicament pour un patient donné.

POur quE NOTrE PrOFEssION rEsTE uN arT quI INTèGrE LEs dONNéEs sCIEN-

TIFIquEs aux COMPéTENCEs, ExPérIENCEs ET

INTuITIONs PErsONNELLEs

Bibliographie 1

Ritchlin CT, Kavanaugh A, Gladman DD, et al., Group for Research and Assessment of Psoriasis and Psoriatic Arthritis (GRAPPA). Treatment recommendations for psoriatic arthritis. Ann Rheum Dis 2009;68:1387-94. 

2

Coates LC, Kavanaugh A, Mease PJ, et al., Group for Research and Assessment of Psoriasis and Psoriatic Arthritis 2015. Treatment recommendations for psoriatic arthritis.

Arthritis Rheumatol 2016;68:1060-71. 

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