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La Suisse de demain et la mobilité des populations : nouveaux enjeux pour la recherche en sciences de l'éducation

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La Suisse de demain et la mobilité des populations : nouveaux enjeux pour la recherche en sciences de l'éducation

BERTHOUD-AGHILI, Novine, CALOZ-TSCHOPP, Marie-Claire

BERTHOUD-AGHILI, Novine, CALOZ-TSCHOPP, Marie-Claire. La Suisse de demain et la mobilité des populations : nouveaux enjeux pour la recherche en sciences de l'éducation . Genève : Université de Genève Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation, 1993, 195 p.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:92970

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1 / 1

(2)

PRATIQUES ET THÉORIE

LA SUISSE DE DEMAIN

ET LA MOBILITÉ DES POPULATIONS:

NOUVEAUX ENJEUX POUR LA RECHERCHE EN SCIENCES DE L'ÉDUCATION.

Novine BERTHOUD-AGHILI Marie-Claire CALOZ-TSCHOPP

Préface de Pierre DASEN

Cahier N

°

68

(3)

ET DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION, SECTION DES SCIENCES DE L'ÉDUCATION

LA SUISSE DE DEMAIN ET LA MOBILITE DES POPULATIONS NOUVEAUX ENJEUX POUR LA RECHERCHE EN SCIENCES DE

L'EDUCATION.

Novine BERTHOUD-AGHILI Université de Genève Marie-Claire CALOZ-TSCHOPP

Université de Genève Préface du Prof. Pierre DASEN

Université de Genève.

Cahier No 68 Pour toute correspondance:

Section des Sciences de l'Education 9, rte de Drize

1227 Carouge-Genève (Suisse) févt·ier 1993

(4)
(5)

Préface Exergue

Résumé des thèses et des faits.

l INTRODUCTION 1.1 Le mandat

1.1.1 1.1.2 1.1.3 1.1.4 1.2

1.2.1 1.2.2 1.2.3 1.2.4

1.3 1.3.1 1.3.2 1.3.3 1.3.4

Le cadre et les objectifs L'objet d'étude

Des changements et des défis dans l'éducation La mobilité des populations, un défi à la société.

Quatre choix épistémologiques pour étudier la mobilité des populations et ses incidences sur la recherche et la formation en Sciences de l'Education.

Premier choix : prendre en compte la globalité du phénomène de la mobilité des populations.

Troisième choix : penser une causalité complexe.

Troisième choix : se décentrer et ... recentrer le regard. Parler de mobilité de population, plutôt que de migrations.

Quatrième choix : tenir compte du poids et du sens prévisible de la présence d'un 30%

d'immigrants non EEE. Affiner une telle donnée est une exigence scientifique urgente.

Précisions conceptuelles La société « multiculturelle ».

L'éducation et la formation La notion de « réfugié »

La notion de « fait social total ».

2 UN ETAT DES LIEUX DE L'EDUCATION CONFRONTEE A LA MOBILITÉ DES

l IX Xlll 1 1 1 3 4 6

7 8 9

9

12 14 14 19 22 25

POPULATIONS. 29

2.1 Introduction 29

2.2 Les acquis dans le système éducatif à propos

des enfants migrants. 30

(6)

pédagogiques et dans les démarches

théoriques. 36

2.5 Des faits nouveaux à prendre en compte. 39 2.5.1 Les adolescents étrangers, fils de clandestins,

de travailleurs saisonniers et requérants

d'asile. 39

2.5.2 Des problèmes urgents sur le terrain du droit

d'asile. 44

3 UN ETAT DES LIEUX DE LA RECHERCHE EN SCIENCES DE L'EDUCATION CONFRONTÉE À LA MOBILITÉ DES

POPULATIONS 49

3.1 En guise d'introduction, des remarques intéressantes à propos de l'orientation de la

recherche en Sciences humaines. 49 3.2 Une volonté de recherche, mais un état

précaire de la recherche dans les Sciences de

l'Éducation. 50

3.3 Des atouts de la recherche dans les Sciences

de l'Education 52

3.4 Des remarques concernant la recherche sur les approches interculturelles en Sciences de

l'Education. 55

3.5 Le rôle de la recherche en Sciences de l'Educatiûn à propos d� Pidcntité et de !a

pluralité humaine et sociale. 58

3.6 La nécessité d'une réorientation de la recherche en Sciences de l'Education sur le

terrain de la mobilité des populations. 60

3.7 Conclusion 62

4 L'ÉDUCATION ET LA RECHERCHE EN ScIENCES DE L'EDUCATION EN FACE DE CERTAINS DÉTERMINISMES DE

LA SOCIETE. 63

4.1 Introduction 63

4.2 Des aspects du marché de la main-d'oeuvre et

ses incidences sur le système éducatif. 64

(7)

4.4 Des structures, des lieux et des fonctions de médiation (scolaires et extra-scolaires) pour

une politique de convivence démocratique. 70 4.5 Le modèle des « trois cercles » dans la

politique d'immigration et d'asile. 72 4.6 Le « nouveau » racisme : une question pour la

recherche en Sciences de l'Education et la

formation. 80

4.7 A propos de la différence culturelle. 85

4.8 Conclusion 89

5 UNE SYNTHÈSE D'IDÉES APPORTEES EN VUE D'UNE

SOCIÉTÉ MULTICULTURELLE. 91

5.1 Introduction 91

5.2 Synthèse des résultats de l'enquête. 93

6 VINGT-CINQ PROPOSITIONS 155

6.1 Tableau - résumé général 157

7 DIX PROPOSITIONS CONCERNANT LA FORMATION 159 7.1 Les actions en vue d'une société

multiculturelle plus effective sont prioritaires

au niveau de l'école obligatoire. 159 7.2 Propositions d'actions interculturelles pour

les programmes scolaires 160

7.3 Développer des fonctions et des lieux de médiation qui prenne en compte la diversité

des cultures dans le système scolaire. 161 7.4 Enseigner à l'école et dans les lieux de

formation la réalité des peuples et des Etats d'origine d'où les réfugiés et les travailleurs

immigrants. 162

7.5 La formation du personnel de la presse et

des moyens audiovisuels 162

7.6 La formation des acteurs du droit d'asile. 164 7.7 Le droit à la formation pour les adolescents

sans statut 166

(8)

7.9

7.10

Favoriser une mobilité européenne et intercontinentale (Est-Ouest, Nord-Sud) des étudiants suisses.

Développer les rapports « Est-Ouest » et « Nord-Sud » dans la formation

8 8.1

DOUZE PROPOSITIONS CONCER·NANT LA RECHERCHE

8.2

8.3

8.4

8.5 8.6

8.7

Créer un réseau de recherche et de

formation universitaire interdisciplinaire qui travaille sur la mobilité des populations et ses impacts.

Mettre en oeuvre un PNR ou un programme prioritaire de recherche sur la mobilité des populations et ses impacts.

Augmenter l'investissement public dans la formation et la recherche universitaire concernant la mobilité des populations et son impact dans l'ensemble des disciplines des Sciences exactes et humaines (dont les Sciences de l'Education). Créer deux chaires en Sciences de l'Education sur les questions interculturelles avec des équipes de

recherche dans les régions de Suisse sous­

dotées.

Développer des conditions structurelles de travaii d'équipe, sans discrimination entre chercheurs « nationaux » et étrangers et entre femmes et hommes.

Développer les rapports « Est-Ouest » et « Nord-Sud» dans la recherche.

Que recouvre le 30% de personnes non EEE parmi les immigrants et quelles sont les implications d'un tel fait?

Une contribution des recherches sur les approches interculturelles à la définition et aux conditions « d'intégration ».

169 170 173

173 174

175

177 179

182 183

(9)

9 8.9

8.10 8.11 8.12

Analyse et évaluation de la notion de mobilité de population et des pratiques en Suisse la concernant.

Les immigrants, rapportent quoi et à qui?

La société suisse et les clandestins

Des données plus précises sur la qualification de la main-d'oeuvre étrangère.

TROIS PROPOSITIONS PROSPEC·TIVES AU NIVEAU DE LA SOCIÉTÉ SUISSE

9.1 Une Commission fédérale de médiation pour les relations interculturelles. (fonction d'ombudsman et liens étroits avec la recherche).

9.2 Une commission des Sages sur la mobilité des populations et ses impacts.

9.3 Des instances d'expression et de connaissance scientifique sur diverses cultures auxquelles appartiennent les nouveaux arrivants.

Al TROIS SCÉNARIOS POUR IMA·GINER •••

Al.1 Al.2 Al.3

Scénario 1 : Guillaume Tell à Ballenberg Scénario 2 : Sisyphe roulant sa pierre à l'intérieur des frontières européennes.

Scénario 3 : Ulysse, le voyageuse, voyageur, curieuse, curieux de ses racines, de l'Europe méditéranéenne, espace ouvert sur les

contrées du monde.

A2 ANALYSE STATISTIQUE DU 30% D'IMMIGRANTS NON

185 185 186 187 189

189 193

194 I I II

IV

EEE. VI

A3 LISTE DES CONTACTS ÉTABLIS ET DES PERSONNES QUI ONT

RÉPONDU À L'ENQUÊTE. XX

A3.1 Entretiens (12 personnes)

A3.2 Personnes qui nous ont fait parvenir une réponse (une soixantaine de réponses).

XX XXI

(10)

journée du 12 mars 1992

A3.4 Une lett:i-e d'une adolescente refoulée de Suisse qui s'exprime sur ses besoins de formation.

A5 ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

XXVI

XXVII

XXIX

(11)

Préface

Cette étude prospective de Marie-Claire Caloz-Tschopp et de Novine Berthoud-Aghili arrive au bon moment pour nourrir le débat qui est en train de se constituer en Suisse et dans tout l'hémisphère nord, sur la "multiculturelle". Le vote négatif sur l'EEE et le clivage qui s'est fait jour entre les deux grandes zones linguistiques et culturelles n'ont fait que renforcer l'impression que nous savons, finalement, fort peu de choses sur notre société. Je rencontre parfois des collègues étrangers qui me disent: "Quelle chance tu as de vivre en Suisse, ce véritable laboratoire de relations interculturelles! Il doit y avoir beaucoup de recherches sur le sujet, non?"

Avant je rougissais simplement de honte, maintenant, après l'exercice "Sowi" d'évaluation des sciences sociales (Moessinger, 1992), j'ai au moins des statistiques officielles pour montrer à quel point les sciences sociales sont sous­

développées dans notre pays! Mais trève de lamentations, nous vivons en fait une période passionnante, avec tout un domaine de réflexion et de recherche à construire. En fait, les choses bougent. Après un rapport sur les études ethnologiques sur les migrations en Suisse (Knecht, 1992), on parle de la constitution d'un Forum interdisciplinaire pour l'étude des migrations. La Société Suisse de Recherche en Education (SSRE), et en particulier son comité de recherche "éducation interculturelle", prépare un nouvel ouvrage collectif sur le sujet (Poglia, Perret­

Clermont, Gretler, & Dasen, sous presse), alors que le Conseil Suisse de la Science a mandaté d'autres recherches prospectives sur les migrations (Allemann-Ghionda, 1988; Hoffmann­

Nowotny, 1992; Ka.lin & Achermann, 1992). Les sciences sociales pensent sérieusement avoir leur mot à dire dans la connaisance et la résolution des problèmes de société.

Ce rapport s'inscrit dans la même mouvance prospective. Il essaye de faire le point de la situation, de signaler les recherches et les publications existantes, puis de montrer les besoins et les pistes pour l'avenir, et ceci dans toute la complexité exigée par une réalité elle-même complexe. Le texte

(12)

n'est peut-être pas d'un abord facile, mais l'effort à fournir est récompensé par la richesse des apports. Les deux auteures puisent dans leur riche expérience, M.-C. Caloz-Tschopp dans sa formation de philosophe, mais aussi de travail social et communautaire, et sa participation aux travaux de milieux associatifs de défense du droit d'asile, N. Berthoud-Aghili dans sa formation en sciences de l'éducation et en études du développement. Le texte est riche aussi parce qu'il nous rapporte les points de vue de nombreux acteurs du terrain; ainsi, la revue de question est-elle complétée par une enquête qui fournit une base empirique importante. Au-delà des prises de positions propres aux auteures, le lecteur pourra donc se forger sa propre opinion. Il s'agit, en effet, d'un domaine où il est difficile de prétendre à une objectivité absolue, où il vaut peut-être mieux afficher ouvertement ses idées sur la société plutôt que de faire comme si l'on en faisait abstraction. Les auteures, et avec elles de façon générale tous ceux qui travaillent dans le domaine des approches interculturelles de l'éducation, croient dans la possibilité de "vivre en paix dans un monde de diversité" (pour reprendre la formule d'un programme de recherche de la Fondation pour le Progrès de l'Homme auquel nous participons). La discussion est ouverte pour savoir s'il s'agit là nécessairement d'une "utopie" ou d"'optimisme anthropologique", comme le soutient Hoffmann-Nowotny (1992, 27;21), ou d'un certain idéalisme qui n'a heureusement pas totalement disparu.

Avec l'intégration européenne et avec la mobilité des populations qui est devenue un phénomène mondial, la Suisse est confrontée à une nouvelle étape de construction d'une société multiculturelle. Elle manque des connaissances indispensables pour appréhender ce nouveau phénomène et ses implications multiples. Pour engager des recherches sur une telle question, il s'agit d'abandonner la focalisation sur les immigrants, de déplacer le regard, pour se centrer, dans la recherche et la formation, sur l'unité et la pluralité du genre humain (Segall, Dasen, Berry, & Poortinga, 1990; Berry, Poortinga, Segall, & Dasen, 1992; Dasen, 1991).

(13)

Les multiples formes de mobilités (européennes et intercontinentales), demandent une transformation des modèles de politique d'intégration. Pour que la société multiculturelle ne devienne pas un risque, l'Etat doit s'engager activement pour le maintien des identités culturelles tant des populations résidentes que des nouveaux arrivants. Les recherches en psychologie sociale interculturelle montrent que l'adaptation des migrants est d'autant moins problématique que la société d'accueil leur offre la possibilité d'une véritable intégration, plutôt que de leur imposer l'assimilation (Berry, 1989; Berry & Kim, 1988). Pour cela, la société et l'Etat doitvent garantir aux populations arrivant et vivant en Suisse, l'accès aux droits civiques, aux droits fondamentaux (vie, liberté, protection, travail, éducation, logement, pratique religieuse, etc.) et à l'égalité des chances devant l'éducation et la formation professionnelle (Perregaux & Togni, 1989; Lack, Sbrissa, Togni, & Cattafi-Maurer, 1992). Une telle politique d'intégration ne doit pas s'instaurer sur des limites géographiques et/ou sociales discriminatives. De plus, les représentants de l'Etat, quelle que soit leur appartenance politique, devraient se prononcer clairement contre les attitudes racistes, ou du moins s'engager à éviter des déclarations qui attisent la xénophobie. Si ces conditions sont réunies, comme cela semble être le cas au moins partiellement au Canada, le multiculturalisme peut être un avantage plutôt qu'un risque (Berry, 1991).

Dans la mesure où l'Etat s'engage activement dans cette voie, le rôle de l'éducation (et de la formation) et de la recherche dans les approches interculturelles dans les sciences de l'éducation devient un axe important. Dans cette perspective, ce rapport recommande d'augmenter l'investissement public dans la formation et la recherche concernant la mobilité des populations et ses impacts. Cette perspective dépasse largement le cadre de l'école primaire, qui a fait l'objet du Cahier de la Section no. 61 (Dasen, Berthoud-Aghili, Cattafi, Cattafi­

Maurer, Dias Ferreira, Perregaux & Saada, 1991), pour envisager l'éducation de façon très large. Ainsi, ce Cahier

(14)

touche aussi bien l'éducation scolaire à tous les niveaux que la formation des travailleurs sociaux et celle des agents de la fonction publique, voire celle de la population en général.

En souhaitant à ce cahier tout le succès qu'il mérite, je remercie la Fondation Johann Jacobs d'avoir contribué au financement de cette étude, et je concluerai, avec M. Rey ( 1993), de la façon suivante : "C'est difficile. Mais la cohésion sociale est liée à la capacité d'ouverture de la communauté à la diversité, à sa capacité d'accepter et de gérer le pluralisme. Ce n'est qu'en gardant le cap dans cette direction, contre vents et marées, que l'école pourra espérer réduire les inégalités, développer les chances éducatives, promouvoir les droits humains et assurer les bases d'une société à la fois pluraliste et solidaire ".Cela s'applique bien entendu non seulement à l'école mais à l'ensemble des systèmes de formation.

Genève, le 10 février 1993, Pierre R. DASEN

Références

Allemann-Ghionda, C. (1988). Aus)andische Kinder. Jugendljche und Erwachsene im schweizerjschen Bildungswesen (FER Nr. 90).

Berne: Conseil Suisse de la Science.

Berry, J. W. (1989). Acculturation et adaptation psychologi

que. In J. Retschitzki, M. Bossel-Lagos, & P. R. Dasen (Eds.), � recherche interculturelle (pp. 135-145). Paris: L'Harmattan.

Berry, J. W. ( 1991). Coûts et avantages sociopsycholog:iques du multiculturalisme (Document de travail no. 24). Ottawa: Conseil économique du Canada.

Berry, J. W., & Kim, U. ( 1988). Acculturation and mental health. In P. R. Dasen, J. W. Berry, & N. Sartorius (Eds.), Cross-cultural psychology and health: Towards applications (pp. 207-236). London:

Sage.

Berry, J. W., Poortinga, Y. H., Segall, M. H., & Dasen, P. R. (Ed.).

(1992). Cross-cultural psychology: research and applications . Cambridge: Cambridge University Press.

Dasen, P. R. ( 1991). La contribution de la psychologie interculturelle à la formation des enseignants pour une éducation interculturelle.

(15)

ln M. Lavallée, F. Ouellet, & F. Larose (Eds.), Identité. culture et chaniement social (pp. 220-231). Paris: L'Harmattan.

Traduction en anglais:

Dasen, P. R. ( 1992). Cross-cultural psychology and teacher training.

ln J. Lynch, C. Modgil, & S. Modgil (Eds.), Cultural diversity and the schools. Vol. 2. Prejudice, polemic or progress? (pp. 191-204).

London: Falmer Press.

Dasen, P. R., Berthoud-Aghili, N., Cattafi, F., Cattafi-Maurer, F., Dias Ferreira, J. M., Perregaux, C., & Saada, E. H. ( 1991). Vers une

école interculturel)e: Recherches iotercuJturelles dans J'ensej�e­

ment primaire à Genève. Université de Genève: Cahiers de l a Section des Sciences de l'Education.

Hoffm an n-Nowotny, H.-J. ( 1992). Chancen und Risiken multikultureller Einwanderungsgesellschaften (FER Nr. 1 19).

Berne: Conseil Suisse de la Science.

Ka.lin, W., & Achermann, A. ( 1992). Rückkehr

von

Gewalt­

flüchlingen in Sicherheit und Würde: Ein neues Instrument der Flüchtlingsaussenpolitik? (FER Nr. 121). Berne: Conseil Suisse de la Science.

Knecht, S. ( 1992). Migrationsforschung in der Schweiz. (FER Nr.

132). Berne: Conseil Suisse de la Science.

Lack, C., Sbrissa, R., Togni, F., & Cattafi-Maurer, F. ( 1992). LJ!

formation professionnelle des jeunes migrants sans statut légal (Document de travail SSE (DPSF) no. 32). Genève: FPSE, Université de Genève.

Moessinger, P. ( 1992). Enquête sur la situation de la recherche en sciences sociales en Suisse. Rapport de synthèse, (FOP 5). Berne:

Conseil Suisse de la Science.

Perregaux, C., & Togni, F. ( 1989). Enfant cherche école. Genève:

Ed. Zoé.

Poglia, E., Perret-Clermont, A.-N., Gretler, A., & Dasen, P. R. (Ed.).

(sous presse).

Pluralité culturelle et éducation en

Suisse:

Etre

migrant Il. Berne: Peter Lang.

Rey, M. ( 1993). Immigration, marginalisation et chances éducatives.

Education et Recherche, sous presse.

Segall, M. H., Dasen, P. R., Berry, J. W., & Poortinga, Y. H. ( 1990).

Human behavior in global perspective: An introduction to cross­

cultural psychology. Boston: Allyn & Bacon.

(16)
(17)

Remerciements.

Nous remercions le Conseil Suisse de la Science et la fondation Jacobs qui ont contribué financièrement à cette étude. Nous remercions toutes les personnes qui ont bien voulu s'entretenir avec nous de ce sujet difficile; toutes les personnes qui ont eu l'amabilité de répondre à notre questionnaire; toutes celles qui ont bien voulu nous faire part d'idées de recherche lors d'une journée organisée le 12 mars 1992 par la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Éducation de l'Université de Genève, sur le thème « Réfugiés et Formation », à d'autres occasions et même lors de rencontre fortuites.

(18)
(19)

Exergzœ

El poeta

( canciôn) Atahualpa Yupanqui

Tu piensas que eres distinto Porque te dicen poeta

Y tienes un mundo aparte Mas alla de las estrellas De tanto mirar la luna Y a no sabes mirar Eres como un pobre ciego Que no sabe adonde va Vete a mirar los mineras Los hombres en el trigal Y cantale a los que luchan Par un pedazo de pan Poeta de tiernas rimas

Vete a vivir a la selva Y aprenderas muchas cosas De la yegua y sus miserias Vive junto con el pueblo No lo mires desde afuera

Que lo primera es el hombre Y lo segundo poeta.

(20)

« Oserais-je le dire au milieu des ruines qui m'environnent? Ce que je redoute le plus pour les générations à venir, ce ne sont pas les révolutions. Si les citoyens continuent à se renfermer de plus en plus étroitement dans le cercle des petits intérêts domestiques et à s'y agiter sans repos, on peut appréhender qu'ils ne finissent par devenir inaccessibles à ces grandes et puissantes aventures qui les développent et les renouvellent. »

A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, p. 344.

« Oui, les fleuves profonds remonteront vers leur source, ils jailliront jusqu'à la mer; oui, le Soleil, inversant la direction de son char, reviendra sur ses pas, la terre portera des étoiles, le ciel deviendra cet espace sillonné par la charrue du laboureur, l'eau crachera des flammes, le feu versera des torrents d'eau, tout ira à rebours des lois naturelles, aucune partie de funivers ne suivra pius sa route, ce que je

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quoi l'on puisse croire ».

Ovide, l'exil et le salut, p. 49

(21)

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G. de Chirico, Sole sui cavalleto (1 966)

(22)
(23)

Résumé des thèses et des faits. 1

1. La Suisse continue et continuera à être une terre d'immigration où l 'émigration prendra de nouvelles formes (Europe). Avec l'intégration européenne et avec la mobilité des populations qui est devenue un phénomène mondial, la Suisse est confrontée à la fois à l'installation d'une société duale à l'échelle planétaire et à une nouvelle étape de construction d'une société plurielle (30%

d'immigrants non EEE en Suisse et émigration des Suisses et des Européens; plus grande diversité socio-culturelle).

Ces faits posent des nouveaux problèmes de scolarisation, de formation professionnelle, de formation permanente à l'ensemble de la société (transformation des structures et des attitudes). Les publics scolaires et les relations sociales en général, seront de plus en plus marqués par la complexité d'origine, de langue, de culture. La Suisse n'a pas les connaissances indispensables pour appréhender ces nouveaux phénomènes et leurs implications multiples. Les Sciences de l'Education ont un rôle à jouer. Pour engager des recherches sur de telles questions et leurs incidences, notamment éducatives, il s 'agit d'abandonner la focalisation sur les immigrants, de « déplacer le regard » pour se centrer, dans la recherche et la formation, sur les nouvelles diversités de la société suisse.

lLa Suisse de demain et la mobilité des populations : nouveaux enjeux pour la recherche en Sciences de l'Education.

Novine Berthoud-Aghili, Marie-Claire Caloz-Tschopp, Université de Genève.

(24)

2. La diversité des mobilités (européennes et intercontinentales), des groupes minoritaires en situation de dépendance ou d'exclusion exigent une transformation des conceptions et des modèles de politique « d'intégration »

et de convivence. Pour que la « société rnulticuliurelle » ne devienne pas un risque, la société et l'Etat doivent s'engager activement pour le maintien et l'élargissement de la diversité « culturelle » historique et actuelle. L'accès aux droits civiques, aux droits fondamentaux (vie, liberté, protection, travail, éducation, logement, pratique religieuse, etc.) doit garantir aux populations arrivant et vivant en Suisse. L'égalité des chances devant l'éducation et la formation professionnelle doivent aussi être garantis. La politique « d'intégration » et de convivence ne doit pas s'instaurer dans des limites géographiques et / ou sociales discriminatives. Elle implique de développer notamment une philosophie, des structures et des moyens de médiation, tant à l'école que dans l'ensemble de la société suisse.

3. Dans la mesure où la société et l'Etat s'engagent activement dans cette voie, les approches interculturelles dans les Sciences de l'Education deviennent un axe important d'action et de recherche. Dans cette perspective, il s'agit d'augmenter l'investissement public dans la furmation ei la recherche inierdisciplinaire en Sciences

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(structures et moyens pour l'éducation interculturelle) concernant la mobilité des populations et ses impacts).

4. L'Etat doit doter la recherche de moyens plus importants en Sciences exactes, humaines et sociales et en particulier en Sciences de l'Education concernant les approches interculturelles. L'étude propose une série de mesures concernant la recherche en Sciences humaines et en Sciences de l'Education, ainsi que des mesures concernant la formation.

(25)

5. Une telle politique des pouvoirs publics doit aussi se traduire dans des mesures structurelles au niveau de la société qui, bien qu'elles soient d'ordre général, ont un lien et des incidences avec la recherche et l'éducation des populations (voir chap. 9).

La démarche d'étude a utilisé divers instruments et app roches u n e réflexion et un tra v a i l de ( re)conceptualisation, une recherche bibliographique, une enq uête-sondage effectuée auprès d'une centaine de personnes de divers milieux en Suisse et à l'étranger, des entretiens et des consultations, une observation de la vie quotidienne.

L'étude s ignale en particulier l'apparition de nouvelles formes de hiérarchisation, de discrimination (chacun à sa place!) et d'exclusion (la « culture » et la « civilisation ») dans la pensée et dans les actions à propos des immigrants actuels dont devraient se préoccuper activement la recherche et les personnes engagées dans l'éducation et la recherche.

L'étude propose 25 mesures à prendre dans trois domaines : 1. dix (10) mesures pour la formation (chap. 7) 2. douze (12) mesures pour la recherche en Sciences de l'Education (chap.

8) 3. trois (3) mesures de société (chap. 9) concernant la mobilité des populations en lien avec la recherche et la formation. Le présent rapport est suivi d'une deuxième partie avec des informations complémentaires (annexes).

(26)

En résumé, l'étude constate que la sociétés suisse est confrontée à des problèmes nouveaux liés aux nouvelles formes de mobilité des population.ç en Europe et dan.ç le monde. L'évolution des problèmes éducatifs est liée à ces changements. Après avoir présenté une synthèse des résultats d'une enquête-sondage, les auteures de l'étude procèdent à un état des lieux de l'éducation

et

des Sciences de l'Education (formation et recherche) confrontée à une nouvelle étape de construction d'une société multiculturelle.

Elles établissent un inventaire de certains déterminismes de nos sociétés que les Sciences de l'Education doivent prendre en compte. L'étude se termine par 25 propositions concernant les structures institutionnelles et les moyens de travail pour la recherche et la formation.

(27)

1 INTRODUCTION

« Quand avez-vous réalisé pour la première foi s que l'Europe s'unissait vraiment ? C'était à Londres il y a six ans. Il y avait trois files : les sujets britanniques et le Commonwealth, ensuite les ressortissants de la Communauté européenne, enfin les étrangers. Je me suis dit : Non! Je ne suis pas un étranger ».

Jean Cavadini (1992).

1.1 Le mandat

1.1.1 Le cadre et les objectifs

Ce rapport a été terminé en août 1992. Il est édité et publié au printemps 1993 par l'Université de Genève, alors que de nouvelles questions concernant la mobilité des populations, se posent à l'ensemble de la société suisse, aux sociétés du « nord »

et par conséquent également aux Sciences de l'Education et à l'ensemble des Sciences humaines.

En Suisse, au moment où ce rapport était élaboré, était en train de s'installer un nouveau débat sur les chances et les risques d'une « Suisse multiculturelle ,,l _ Ce débat prenait le relais d'un autre débat complexe et conflictuel sur les rapports entre l'asile et l'immigration et sur une assimilation inéluctable de

1 Dans un interview récent, U. Scheidegger, remplaçant de P.

Arbenz à la direction de l'Office des réfugiés, en présentant les grandes lignes de sa politique, se prononçait pour une limitation de la diversité culturelle dans la politique d'immigration et d'asile. Voir 24 heures du 15.1.1993.

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l'asile à l'immigrationl. et d'un renouvellement des politiques de sécurité.

Tant l'ancien débat que les nouveaux déplacements circonscrivent la question de la mobilité des populations dans le cadre des politiques d'immigration d'asile et de sécurité des pays du « nord », sans que soit abordées les causes complexes de mobilité liées à l'installation d'un marché généralisé au niveau planétaire, avec des inégalités tant dans les pays du «

nord » (chômage, pauvreté), que du reste du monde2 et des enjeux planétaires non moins négligeables3. A titre d'exemple, rappelons que4 « selon un rapport du PNUD, les 20% les plus riches de la population du monde utilisent le 82, 7% du revenu mondial, tandis que le 20% les plus pauvres sont réduits à se partager 1,4% du même revenu. Il y a moins de 20 ans, ce

dernier pourcentale s'élevait à 2,8% ».

Ces faits et ces débats signalent de nouvelles questions qui intéressent et interpellent notre société et aussi l'Education et la 1 La publication du rapport du groupe de réfl exion interdépartemental DFJP, DFAE, DFEP (1989) : Stratégie pour la politique des années 90 en matière d'asile et de réfugiés, Berne, a mis

en forme ce débat dans la conjoncture politique suisse.

2 Prendre en compte ce fait nous obligerait à approfondir une question formulée par F. Rigaux dans un exposé aux Quatrièmes Assises Européennes sur le Droit d'Asile à Rome en janvier 1993 : « Pourquoi les politiques restrictives des Etats européens à l'égard des démandeurs d 'asile ne sont pas la conséquence immédiate de l'augmentation du nombre de celles-ci »?

3 Si les modes de vie et de consommation des pays les plus riches s'étendaient à l'ensemble de la planète, ils se heurteraient à la rareté des matières premières et aux désastres écologiques. Aller au bout de ce constat oblige à repenser fondamentalement les modes de vie et de consommation ....

4 Voir : F. Rigaux (1993) : Les réfugiés aujourd'hui. Quels problèmes, quelles perspectives ? Notes dactylographiées d'un exposé fait aux Quatrièmes Assises Européennes sur le Droit d'Asile, Rome, janvier 1993.

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recherche. Les terrains du droit d'asile et de l'immigration actuels, en butte à des changements qui suivent le rythme des crises successives dans divers endroits de la planète, apparaissent donc de plus en plus, comme un miroir sans tain où se reflètent les tensions et les énigmesl.

En observant un tel déplacement dans cette époque de transition, nous tentons de formuler une série de problèmes, des questions et des propositions. Nous espérons que notre effort soit un encouragement à entreprendre d'autres lectures et d'autres analyses et formuler d'autres propositions.

1.1.2 L'objet d'étude

Depuis les années 60, (accélération à partir des années 80), la Suisse, l'hémisphère nord et d'autres régions du monde (sud-est asiatique, Amérique latine, Afrique, Moyen-Orient, Europe de l'est, etc. ) connaissent une augmentation et une transformation de la mobilité des populations. En Europe et en Suisse, l'immigration en provenance du monde entier remplacent peu à peu l'immigration en provenance des pays limitrophes à la Suisse (Italie, Espagne, par exemple). Les pays

« proches » de la Suisse deviennent eux aussi des pays d'immigration après avoir été des pays d'émigration durant de longues années.

L'intégration européenne et les relations internationales et intercontinentales (rapports Est-Ouest et Nord-Sud), certains

1 « En deux années à la tête du Haut Commissariat pour les Réfugiés, qu'avez-vous appris? - Que ce monde est terriblement dur. Et qu'il est vraiment mal en point. Il va falloir du temps pour savoir où nous allons. En attendant, nous devons nous occuper de ce gâchis, avec nos moyens limités. J'ai aussi beaucoup appris en politique internationale et sur les limites de l'humanitaire. Mais je suis réaliste et je sais qu'on ne change pas le monde comme cela et qu 'il n 'y a pas de réponses faciles. Tout est compliqué par le fait que nous vivons une époque de transition. Je suis dans une position idéale pour l'observer ... », Sadako Ogata, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Libération, Paris, 22.1.1993.

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problèmes internes (stagnation démographique et vieillissement de la population, défis économiques) posent de nouvelles questions à la Suisse. La population qui vit en Suisse est confrontée à de nouvelles formes de la pluralité humaine et sociale dans la vie quotidienne, le travail, le logement, la formation, les loisirs, l'amitié, les démarches administratives, le transport, etc ..

Les changements concernent l'ensemble de la vie sociale de la Suisse. Ils concernent donc aussi les systèmes éducatifs (scolarité obligatoire, formation professionnelle et universitaire, formation continue). Ils touchent diversément toutes les classes d'âge (enfants, adolescents, adultes), les deux sexes, tous les milieux sociaux (ville, campagne, diverses régions linguistiques de Suisse, catégories professionnelles diverses, « nationaux » et étrangers, professionnels et personnes vivant chez elles, etc.). Cela implique que l'on s'interroge sur l'avenir de l'éducation et sur le rôle et les finalités de la recherche en sciences de l'éducation. Cela implique aussi que soient pris en compte l'articulation entre certains déterminismes de société, l'éducation et la recherche.

Combien il serait illusoire de penser le champ éducatif comme un champ clos!

1 .1 .3 Des changements et des défis dans l'éducation

Les transformations économiques, politiques, culturelles et dans la mobilité des populations lancent un défi à l'éducation et aux sciences de l'éducation. Dans nos sociétés, on assiste à un passage progressif d'une attention centrée sur les immigrants vers une attention centrée sur la société en général. Dans le champ éducatif, on passe peu à peu d'une pédagogie des étrangers, d'une pédagogie compensatoire qui correspond à une conception assimilationiste d'un système scolaire mono­

culturel, à une pédagogie intégrant les approches interculturelles qui s'adresse, non seulement aux immigrants, et aux enfants d'immigrants à l'école, mais à l'ensemble de la population.

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Dans cette nouvelle optique, il s'agit de considérer plusieurs champs et thèmes d'interventions, dont certains restent à développer : les pratiques scolaires, le droit à l'éducation, le droit à la formation professionnelle, la formation des professionnels qui s'occupent des immigrants et des requérants d'asile (travailleurs sociaux, professionnels de la santé, etc.), la formation du personnel des médias, la formation de l'ensemble de la population à de nouvelles attitudes envers l'Autre quand il est « étranger » dans les entreprises, les quartiers, les loisirs, etc.. Les objectifs d'une approche interculturelle - qui n'est plus le fait exclusif de l'école -, visent à réévaluer nos conceptions de l'intégration pour prendre en compte l'ensemble de la population et toutes les relations sociales où existent la diversité « culturelle ». Certaines votations récentres nous ont appris que ce qui est appelé la diversité « culturelle » n'est pas seulement le fait des relations entre « nationaux » et certains « non nationaux » . (Ex.

relations entre groupes sociaux de diverses régions de Suisse).

Cela implique des démarches de recherche nouvelles et des pratiques interdisciplinaires dans les sciences de l'éducation.

Cela implique de ne pas rester enfermés dans l'école, mais d'imaginer aussi des mesures stucturelles et institutionnelles qui articulent certains besoins de la société, aux systèmes éducatifs et à la recherche en sciences de l'éducation. L'étude formule des propositions directes pour le système éducatif et de recherche dans les sciences de l'éducation. Elle formule également des propositions structurelles et institutionnelles de société qui ont un lien avec l'éducation.

Le choix d'une telle orientation est un essai pour diminuer les risques d'une société « multiculturelle » pleine de paradoxes (Wicker, 1992). Les recherches en psychologie, par exemple, ont montré qu'un choix d'intégration respectueux des identités réciproques dans une société multiculturelle, donne de meilleurs résultats qu'une politique éducative d'assimilation.

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1.1.4 La mobilité des populations, un défi à la société.

A l'occasion des transformations internationales et intérieures de la Suisse, la mobilité des populations produit un changement des attitudes et des systèmes de représentation de la société suisse de demain, de sa place, de son rôle dans le monde. Des questions apparaissent de plus en plus. La situation est-elle vraiment nouvelle? Si oui, en quoi est-elle nouvelle? Quelle est la nature des changements? Quelle e st la nature des continuités? Quelle est la dynamique entre continuité(s) et changement(s)? Formulons ces questions d'une autre manière. La Suisse devrait-elle, par quel coup de baguette magique se raconter d'une autre manière le mythe de Guillaume Tell en transformant ce héros mythologique de l'histoire suisse en un héros au nouveau visage, celui d'un « Ulysse, homme de relation et de mouvement aux mille tours et stratagèmes, sachant mieux que quiconque user de l'art de la parole et connaissant les termes de l'échange », comme le

suggère un journaliste (Duval, 199 1, p. 17)?

Au-delà de ces questions, apparaît de plus en plus comme une évidence, la nécessité d'articuler les concepts, les mesures, les politiques spécifiques au champ de l'éducation à des mesures structurelles de société. 11 s'agit d'intégrer les politiques éducatives à certaines problèmes et mesures d'ensemble.

L'école doit intégrer complètement une approche interculturelle dans l'éducation et les apprentissages. Des attitudes, des actions interculturelles doivent aussi être développées à tous les niveaux de la vie quotidienne et des structures de la société.

Nous verrons que les défis de la nouvelle étape d'une société « multiculturelle » implique, par exemple, d'imaginer u n e nouvelle philosophie, des structures et des moyens de médiation entre les groupes sociaux qui vivent la diversité culturelle comme un problème ou un conflit. Notre étude considère ce point tant au niveau scolaire, qu'extra-scolaire en proposant d'intégrer à ce niveau médiation, formation et recherche. Une médiation de convivence, plus qu'une médiation de consensus qui risquerait de gommer la richesse des nouvelles diversités.

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Ainsi, le fil rouge de la médiation guidera l'ensemble de notre réflexion.

Les défis présents et futurs posent donc la nécessité de penser ensembles le système scolaire et certains déterminismes de société (voir chapitre 4). En effet, l'Ecole n'est pas hors de la société. Elle serait plutôt une des antennes (tensions, malaises, etc.) de lecture des transformations en cours.

1.2 Quatre choix épistémologiques pour étudier la mobilité des populations et ses incidences sur la recherche et la formation en Sciences de l'Education.

Notre rapport, pose des questions de connaissance concernant les objets à étudier et les faits à observer, à décrire et à interpréter. Les choix de départ, les découpages d'objets jouent un rôle primordial dans la représentation du monde et des choses qu'ils produisent. A propos des populations mobiles, le chercheur n'est pas à l'abri de l'influence des facteurs et des pressions. Pour plus de clarté, nous désirons définir quatre choix épistémologiquesl que nous avons effectués et en donner les raisons. Nous apportons également des clarifications conceptuelles pour que le lecteur puisse comprendre notre démarche et nos priorités.

1 L'épistémologie est une notion construite et remise à l'ordre du jour par Jean Piaget de l'Université de Genève. On peut en saisir le sens à partir des termes grecs epistémé « science » et logos « étude » .

Elle suppose une étude critique de l'origine, de la valeur et de la portée de la démarche scientifique. Nous retiendrons d'une telle démarche rigoureuse l'exigence d'une interrogation sur notre démarche et sur la construction et le découpage d'objets et la définition de notions et de concepts.

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1.2.1 Premier choix : prendre en compte la globalité du phénomène de la mobilité des populations.

La mobilité des populations n'est pas un phénomène suisse ou européen, ou encore limité à notre période historique. Il est global, pris dans les dimensions du temps, de l'espace et des rapports sociaux. Il s'agit donc de partir de la globalité dans l'observation, la description et l'interprétation des phénomènes et leurs causes.

Il nous paraît donc inconcevable de nous limiter à certains types de mobilités, observables dans certains parties du monde et dans certaines périodes historiques précises. Une telle limitation valoriserait arbitrairement certains faits et en occulterait d'autres. En effet, lorsque l'on parle des « migrations » au sens le plus général, ce terme recouvre la mobilité de populations qu'a connu, connaît et connaîtra la Suisse, l'Europe et le reste du monde dans le passé, actuellement et « demain ».

Par ailleurs, il faut comprendre la mobilité des populations, tant dans ses formes d'immigration, d'émigration que de mobilités multiples dans l'espace (pays d'origine, de séjour temporaire, zones de transit ou de séjour durable), le temps et les relations sociales. D'un point de vue empirique, le terme englobe les camctéïistiques quantitatives de la mobilité des population s. Elle comprend aussi certaines de ses qualités : passées, actuelles et futures, durables ou provisoires proches ou éloignées, reconnaissance ou non reconnaissance sociale de la situation (statut juridique ou clandestinité), présence ou absence de l'émigrant dans sa terre d'origine, relation avec la population du pays d'installation provisoire ou durable, rapport harmonieux ou conflictuel avec l'environnement physique, naturel, social, etc .. Pour la « Suisse de demain », la mobilité des populations doit donc être envisagée à la fois dans un contexte mondial, européen et suisse.

En résumé, pour le dire d'une autre manière, nous considérons que la mobilité des populations est un « fait social total» insérer note cristallisant autour d'un état donné des populations - la

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1.2.2 Troisième choix : penser une causalité complexe.

Une dernière remarque concerne le lien de causalité souvent établi entre la notion de migration et celle de changement, dans certaines constructions conceptuelles. Le lien de causalité est souvent défini en termes d'oppositions duales qui, dans leur déterminisme, sont autant de connotations du changement. On peut lire dans certains textes « scientifiques » , les pairs conceptuelles suivantes : dangers et opportunités, certitudes et incertitudes, chances et risques, crise et harmonie, chances et tourments, etc .. Nous admettons un lien de causalité entre les migrations et le changement comme hypothèse de travail. Nous pensons cependant que ce lien est complexel.

1.2.3 Troisième choix : se décentrer et ... recentrer le regard. Parler de mobilité de population, plutôt que de migrations.

A partir de trois premiers choix épistémologiques et des déterminismes du débat public sur les migrations et les 1 Nous formulons donc une remarque méthodologique importante pour notre travail. Pour cerner l a complexité et qualifier le lien en question et pour échapper à une vision déterministe, nous refusons d'entrer dans un raisonnement fondamental de type dualiste. Nous préférons un mode de raisonnement qui souligne la complexité de la dynamique d'un phénomène plutôt qu'une relation binaire entre deux entités contraires. Notre choix est motivé aussi par le fait qu'un raisonnement binaire est suivi d'une valorisation et d'une hiérarchisation d'un des aspects au détriment de l'autre, selon les circonstances des rapports sociaux. Or, nous pensons qu'un tel mode de pensée a tendance à appauvrir la connaissance des phénomènes pour avoir p1ise sur eux. Un tel mécanisme trouve d'ailleurs souvent beaucoup d'échos dans la dynamique des rapports sociaux qui ont tendance à valoriser u n des deux aspects. A propos de l ogique binaire et ses effets, voir : C. Guillaumin ( 1992) : « Question de différence », in Sexe, Race et Pratique de pouvoir. L 'idée de nature, Côté-Femmes, Paiis, pp. 83-107.

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réfugiés, il nous est apparu de plus en plus difficile d'utiliser le concept de migrations pour décrire et interpréter des phénomènes sociaux qui concernent l'ensemble des populations mobiles et sédentaires, y compris la population suisse. Bien que le mot migrations signifie littéralement « le déplûcement de personnes qui passent d'un pays à un autre pour s'y établir » (Petit Robert), ce terme sert le plus souvent dans le sens commun, dans notre contexte socio-politique à qualifier une population, celle qui immigre en Suisse et en Europe. En effet, si on interroge quelqu'un dans la rue pour lui demander de définir le terme de migrations (nous l'avons fait!), la personne se réfère le plus souvent aux mouvements de populations en direction de la Suisse et vers l'hémisphère nord. Or, les mouvements de population sont bien plus complexes et concernent d'autres régions du monde.

Nous préférons donc nous éloigner de l'usage du sens commun et utiliser le terme de mobilité des populations. Un tel choix se base sur une interrogation d'ordre philosophique (ontologique).

Dans le phénomène des migrations, quelle est le trait essentiel qui permet de le qualifier? La qualité essentielle du phénomène de migration est la mobilité1. Pris dans un sens fondamental, 1 Ce qui fait écrire à Bourdieu sur l'immigré : « Comme Socrate, l'immigré est atopo� sans lieu, déplo.cé; in.cln..sM1.hlP.. Rnpprnr.hP.mP.n.t qui n'est pas là seulement pour ennoblir, par la vertu de la référence.

Ni citoyen ni étranger, ni vraiment du côté du Même, ni totalement du côté de l'Autre « l'immigré » se situe en ce lieu « bâtard » dont parle aussi Platon, la frontière de l'être et du non être social. Déplacé, au sens d'incongru et d'importun, il suscite l'embarras; et la difficulté que l'on éprouve à le penser, -jusque dans la science, qui reprend souvent, sans le savoir, les présupposés ou les omissions de la. vision officielle - ne fait que reproduire l'embarras que crée son inexistence encombrante.

De trop partout, et autant, désormais, dans sa société d'origine que dans sa société d'accueil, il oblige à repenser de fond en comble la question des fondements légitimes de la citoyenneté et de la relation entre l'Etat et la Nation ou la nationalité. Présence absente, il nous oblige à mettre en question, non seulement les réactions de rejet qui, tenant l'Etat pour une expression de la Nation, se justifient en prétendant fonder la citoyenneté sur la communauté de langue et de

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il faut comprendre le terme de « mobilité »,au niveau spatial (intra-international, intra-intercon tin en tal), temporel (provisoire, durable, passé, présent, futur).

A cette qualité fondamentale au niveau du politique, s'articule des qualités socio-politiques du « national » et du « provisoire », comme l'a bien décrit un sociologue spécialiste de l'immigration (Sayad, 1991). A leur tour, ces qualités déterminent à leur tour les notions de groupes sociaux.

Rappelons que les qualités fondamentales et les qualités socio­

politiques sont toujours imbriquées. Sur cette base, on peut ainsi considérer avec une attention renouvelée, les fondements, la complexité du phénomène et l'ensemble des acteurs sociaux pris dans un rapport sociall.

Finalement, pris dans le sens que nous lui donnons, le terme de mobilité des populations recouvre toutes les formes de mobilité (migrations intérieurs, frontaliers, migrations proches, éloignées, etc.). Il s'agit d'un choix méthodologique qui n'exclut pas le découpage, à l'intérieur d'une telle globalité, de certains faits que le chercheur se propose de décrire en particulier.

culture (sinon de « race »), mais aussi "la « générosité » assimilationiste qui, confiante que l'Etat armé de l'éducation, saura produire la Nation, pourrait dissimuler un chauvinisme de l'universel. Entre les mains d'un tel analyste, l'«immigré» fonctionne, on le voit, comme un extraordinaire analyseur des régions les plus obsures de l'inconscient »

(Bourdieu P. ( 1991) : Préface, in Sayad A. L'immigration ou les paradoxes de l'altérité, Ed. De Boeck, Bruxelles, p. 9).

1 Une des conséquences de ce déplacement est qu'il s'agira de tenir compte de l'ensemble des acteurs, y compris les Suisses, pour envisager les mesures concernant la mobilité.

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1.2.4 Quatrième choix : tenir compte du poids et du sens prévisible de la présence d'un 30% d'immigrants non EEEl. Affiner une telle donnée est une exigence scientifique urgente.

Si l'on en croit des études et les prévisions statistiques existantes, la mobilité des populations est un fait structurel qui n'a épargné, n'épargne et n'épargnera aucune partie du monde.

L'Europe occidentale et la Suisse n'ont été (Arlettaz 1990), (Vuillemier 1989) ne sont et ne seront pas étrangers à ce phénomène, même si dans le continent européen on le constate pas les plus importants mouvements de populations (Hoeke 1991).

A propos de l'origine actuelle des populations qui arrivent en Suisse, le service information et presse du Département fédéral de Justice et Police précisait : « Des 1.163.233 annuels et établis, 815.4212 soit 70% en chiffre rond, provenait des pays de la CE et 1 Pour notre observation et nos constats, nous adoptons provisoirement la distinction établie par l'Office fédéral des statistiques entre les pays EEE et les pays qui font partie actuellement de l'EEE, vu les limites temporelles de notre étude prospective. Nos constats (divisions arbitraires, lacunes de l'information, catégorie trop vague pour saisir la composition complexe des pays non EEE, destination des immigrants suisses non discriminée, etc.) indiquent qu'il est urgent qu'un travail épistémologique et méthodologique se fasse sur la construction des catégories statistiques à propos de la mobilité des populations. Par ailleurs, dans les analyses scientifiques de la mobilité des populations intercontinentales, il faudrait tenir compte des situations non homogènes des pays du « Sud ». Un rapport récent de l'ONU (1992) : l'investissement dans le monde, précise que les nouvelles frontières sont tracées par les investissements des multinationales concentrée à 75% dans les pays industrialisés et pour le reste dans dix pays du « Sud » : Singapour, Mexique, Malaisie, Brésil, Chine, Hongkong, Egypte, Argentine, Thaïlande, Taiwan.

2 D'après les informations aimablement fournies par Mme Marti de l'O.F.E., ce chiffre ne comprend pas les demandeurs d'asile.

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