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CO U R R I E R
médnine/srimres / 995 ; I l : 1 48
COURRIER
Plainte pour assistance
à
personne en danger
Une femme a une leucémie aiguë myéloblastique ; elle va mourir. U n e chaîne d e
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donneurs d e sang lui permet de ten i r d u ra n t l a p h ase d'aplasie avan t que la chimiothéra pie ne vienne à bout de cette leucé mie.8
ans après, son mari exige que chaque person ne qui lui est ven ue en aide se fasse tester pour le virus de l 'hépatite C car l ' une ou l 'autre d'en tre elles lui a malencontreuse m e n t passé ce v i r u s s i l e n c i e u x , inconnu à cette époque, car récem ment découvert en1 990.
Cette exi gence se double, d'une impériosité j u d i c i a i re e t fi n a n c i è re . I l fau tindemniser.
Un homme de
57
ans a un anévris me de l'aorte en1 976,
il est opéré car l ' anévrisme se fissure.20
per son n es d o n n e n t l e u r sang. I l est sauvé.1 8
ans après, on lui découvre le virus de l 'hépatite C dont la conta mination a certes pu se faire depuis cette époque par transfusion mais aussi par d 'autres voies incon n ues non transfusionnel les. Cet h o m m e exige devant le tribunal réparation et demande que l 'on recherche les donneurs de sang « coupables '' · Une femme est opérée en mars1 990
d'une arthrose de la hanche. L'in ter vention a lieu et nécessite quelques t r a n s fu s i o n s c a r e l l e a é t é t rè s hémorragique. Quelques semaines après, la femme fait une jaunisse. En1 994,
on découvre que celle-ci estliée à une hépatite C car la sérologie est positive et la << rumeur , l'encou
rage à d é poser p l a i n te c o n t re l 'auteur présumé de la contamina t i o n . Son avocat demande q u ' o n poursuive aussi celui q u i a sim ple ment tenté de reconstituer l'histoire sans y avo i r part i c i pé , car c e t t e reconst i tu tion ne s e fait peut-être pas avec la célérité voulue par la plaignante.
Ces t r o i s h i s to i res s o n t vra i e s . L'absurde l e dispute à l 'odieux.
«
Plainte jJOUT assistance
àjJenonne en
danger.
" Cet égoïsme, cet i ndividualisme forcené, cette i mmaturité tien nent plus des vautours qui j ustement flairent le sang et guetten t l 'argent. Quelle société que celle qui encou rage les survivants des catastrophes
à
déposer plainte contre leurs sauve teurs ! Faut-il admettre et cautionner cette incapacité à prendre en charge sa propre vie