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D élétions héritées et de novo de la région 5q 13 dans les amyotrophies spinales infantiles

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(1)

IlliS M I N I -SYNTH ÈSE

médecine/sciences 1 994 ; 1 0 : 889-91

D élétions héritées et de novo de la région 5q 13 dans les amyotrophies spinales infantiles

Les amyotrophies spinales infanùles (spinal muscular atrophy, SMA) sont des maladies neuromusculaires caractéri­

sées par une dégénérescence des motoneurones de la corne antérieure de la moelle épinière. Il en résulte un déficit moteur avec atrophie musculai­

re. Ce sont les maladies héréditaires récessives autosomiques fatales les plus fréquentes après la mucoviscidose [ 1 ] . L'anomalie biochimique responsable de ces affecùons est inconnue. Selon les critères cliniques (âge de début des symptômes et évolutivité) retenus par le Consortium international sur les SMA [2] , on distingue trois types de

A

Cent.

B

Familles

4 2, 3, 5, 6 7

SMA : le type 1 (forme aiguë, malaclie de Werdnig-Hoffman n ) , le type II (forme intermédiaire) et le type III (forme modérée, maladie de Kugelberg-Welander) .

Le

gène respon­

sable des trois formes de la malaclie a été localisé dans la région chromoso­

mique 5q 1 1 .2-q 1 3.3 [3-6] .

Récemment, le gène responsable des SMA a été localisé dans un intervalle de 2 cM, soit environ 2.106 pb, défini par les

loci

flanquants D5S629 et D5S637 [7] . En combinant les approches phy­

sique et génétique, nous avons construit un contig de chromosomes artificiels de levure (YAC) couvrant cet intervalle à

partir duquel nous avons pu isoler 28 nouveaux marqueurs d'ADN (figu­

m

1). Parmi eux, neuf étaient aussi loca­

lisés sur le bras court du chromosome 5, démontrant l'existence d'une dupE­

cation partielle de la région 5ql 3 sur le chromosome 5p. Par ailleurs, d'autres marqueurs microsatelEtes reconnaissent deux loci [C2 1 2 (D5Fl 49S l et S2) ] , [C272 (D5Fl 50Sl et S2) ] , voire trois

loci

[Cl 6 1 (D5Fl53Sl , S2 et S3) ] dans la région 5ql 3. Ce sont ces marqueurs qui détectent les

loci

les plus proches du locus SMA. Ainsi, le ou les gènes impliqués dans les SMA se trouvent-ils localisés dans une région caractérisée

1 000 Kb

Fig u re 1 . Carte génétique des délétions chez les patients atteints de SMA. A. Carte génomique de la région 5q 13.

Les différents marqueurs sont indiqués au-dessus de leur position génétique. Les parenthèses encadrant les blocs C2 12-C272-C171 indiquent que l'ordre des marqueurs à l'intérieur du bloc est inconnu.

B.

Carte génétique des délétions. Les tirets correspondent aux marqueurs montrés au-dessus. Dans la famille 7, la délétion peut entraÎner, soit le bloc centromérique [C2 12-C272-C1 71], soit le bloc té/amérique.

m/s n• 8/9 vol. JO. août-septembre 94 889

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par la présence d'éléments répétés et spécifiques de cette région.

Pour tester l'hypothèse selon laquel­

le la présence d'éléments répétés pouvait favoriser la survenue de réar­

rangements chez les malades, nous avons an alysé la ségrégation des allèles aux loci détectés par les mar­

q u e u r s C2 1 2 et C 2 7 2 d a n s 20 1 familles d e SMA n o n consan­

gui nes. Quatre-vingt-dix malades appartenaient au type 1, quatre­

vingts au type II et trente au type III.

ous avons observé que, chez sept malades non apparentés, tous les allèles détectés provenaien t d'un seul parent (figure 2), indiquant que, soit l'autre parent avait transmis un chromosome avec une délétion des allèles étudiés, soit qu'il s'agissait d'une néo-mutation. Quatre d'entre eux étaient atteints de la forme de type 1, deux de type I I et un de type III. Un des malades de type 1 présen­

tait un réarrangement survenu de novo n ' emportan t qu'un seul des deux loci reco n n us par les m ar­

queurs C2 1 2 et C272, signe probable d'une néo-mutation. Ces résul tats partiels indiquent la présence de réarrangements emportant un allèle au locus morbide c h ez ces sept malades.

Parce que le nombre de malade présentant un réarrangement avait pu être sous-estimé par un défaut d'i nformativité des méioses, nous avons analysé le nombre de produits d' amplification par PCR distincts, révélés par les marqueurs C2 1 2 et C272 chez les familles de SMA des trois types ainsi que chez soixante témoins composés d'individus non apparentés. Nous avons observé une diminution, statistiquement significa­

tive, de la fréquence des hétérozy­

gotes aux loci étudiés dans la forme de type 1. Des résultats similaires ont été obtenus avec le marqueur C2 1 2.

Aucun déséquilibre de liaison pou­

vant indiquer un effet fondateur n'a été observé et cette réduction de l ' hétérozygotie n ' est pas non plus liée à une consanguinité, même éloi­

gnée.

Aussi , avons-nous analysé avec le marqueur C l 6 1 les vingt familles de type 1 dont l'enfant atteint présentait cette réduction d ' h é térozygotie.

Dans deux des vingt familles, nous

1 2 3 4

P M A P M A P M A NA P M NA A A

5 6 7a 7b

P M A NA P M A P M A F P M A

F

F i g u re 2. Analyse de ségrégation des allèles parentaux aux loci détectés par les marqueurs C2 12 et C272 chez les patients. La figure montre l'ana­

lyse des familles avec le marqueur C272 (familles 1, 2, 5 et lb) ou avec le marqueur C2 72 (familles

3, 4, 6

et la). Les patients sont atteints de la forme de type

1

(familles

3,

5,

6

et l), de type Il (familles 1 et 2) ou de type . Ill (famille

4).

L 'absence de contribution des allèles parentaux est d'origine paternelle dans les familles

1

et 2 et d'origine maternelle dans les familles

3, 4,

5 et

6.

La construction des haplotypes avec les marqueurs flanquant le

locus

SMA a permis de déterminer que les enfants sains (NA) des familles

4

et 5 avaient reçu l'allèle muté de leur mère et l'allèle sain du père. Dans la famille l, on note une transmission d'un allèle paternel (au lieu des deux attendus) à l'enfant atteint (A) avec les marqueurs C2 72 (la) et C2l2 (lb). Le fœtus, dont l'haplotype, déterminé avec les marqueurs flanquant le

locus

SMA, est identique à celui de l'enfant atteint (données non présentées), a reçu les deux allèles attendus du père. P

:

père, M

:

mère, A

:

atteint,

NA :

non atteint, F

:

fœtus. Les points indiquent les frag­

ments alléliques.

avons observé un réarrangement surve nant de nova et em portant deux des trois loci détectés par le marqueur C 1 6 1 . C e s résul tats confortent bien l'hypothèse selon laquelle la réduction de l'hétérozy­

gotie aux loci détectés par les mar­

queurs C2 1 2 et C272 chez les SMA

de type 1 est d u e à u n e p e r te d'allèle à ces loci. Pour caractéri­

ser 1 'extension de la région 5q 1 3 délétée chez c e s malades, nous avons analysé ces familles avec les autres marqueurs polymorphes engendrés à partir de notre contig de YAC. La détermination complè-

rn/s n' 8/9 vol. 10, ao!Îl·seplembre 94

(3)

te des haplotypes de ces familles nous a permis de cartographier les différentes délétions et de délimiter les bornes du plus petit remanie­

ment entre les marqueurs C 1 6 1 et C21 2-C272. Ces résultats suggèrent que le locus SMA se situe dans une région de 1 ,2 Mb contenue dans le YAC 903D l (figure 1).

Enfi n , l ' isole m e n t de fragments d'ADN voisins des microsatellites, utilisés comme sonde, a permis l'analyse en Southern blot des poly­

morphismes de longueur des frag­

ments de restriction et du dosage génique dans ces familles. Celle-ci confirma alors la présence de délé­

tions héritées ou de nova.

La présente étude [8] révèle l'exis­

tence de délétions emportant un allèl e du locus morbide chez neuf enfants atteints non apparen­

tés. De plus, la présence de délétions de la région 5q 13 est fortement sou­

tenue par l'observation d'une réduc­

tion allélique statistiquement asso­

ciée à la forme sévère de la maladie (type 1 ) . Les délétions sont aussi ren­

contrées chez des malades de type II ou III. Des mutations alléliques dis­

tinctes pourra i e n t expliquer l'expression clinique variable de la maladie. Ces résul tats confirment aussi que le ou les gènes respon­

sables des trois types de SMA se situent bien dans la même région . Cette étude démontre également que les délétions peuvent se produi­

re de nova (néo-mutations) , un fait qui pourrait expliquer la fréquence des formes appare m m e n t spo ra­

diques précédemment rapportée par plusieurs auteurs dans les SMA [9, 10] et jusqu 'à présen t assez mal comprise. Les délétions de nova de la région 5 q 1 3 peuve n t égal e m e n t expliquer l'apparente hétérogénéité génétique des SMA [5, 1 1 ] quand, dans une même famille, un enfant sain présente le même haplotype que l'enfant atteint, déterminé avec les marqueurs flanquan t le locus SMA. Cette observation est égale­

ment importan te pour le conseil génétique . En effet, l ' apparen te identité, entre un fœtus et l'enfant atteint d' une même famille, des haplotypes déterminés à l'aide des marqueurs flanquan t le locus de l'amyotrophie spinale, peut condui-

m/s n' 8/9 vol. JO, août-seplem&re 94

re à des erreurs de diagnostic préna­

tal lorsqu'une délétion de novo sur­

vient. Ces nouveaux marqueurs per­

mettront désormais la détection d 'un tel événement. La présence d'éléments répétés dans la région Sq 1 3 peut expliquer l'instabilité de cette région, contribuant ainsi à l ' apparition de délétions chez les sujets atteints de SMA par des événe­

m e n ts de crossing-over i n égaux.

Finalement, la caractérisation de la plus p e ti te délétion chez des malades atteints de SMA contribuera à l'identification du ou des gènes responsables des différentes formes de la maladie

Remerciements

Nous tenons à remercier les médecins et les familles pour leur collaboration et leur soutien ainsi que J. Frézal pour ses conseils. Ces travaux sont soutenus par l'Association française contre les myopathies (AFM) , le Groupement de recherches et d ' études sur les génomes (GREG) , la Fondation de France, l'Association de recherche en gastroentérologie et nutrition (ARGAN) et l 'Assistance publique, Hôpitaux de Paris.

Judith Melki Suzie Lefebvre Lydie Burglen Philippe Burlet Olivier Clermont Sophie Reboullet Bernard Bénichou Massimo Zeviani Arnold Munnich

Unité de recherches sur les handicaps génétiques de l'enfant, Inserm U 393, hôpital des enfants-malades, 75 743 Paris, France.

Denis Le Paslier Daniel Cohen

Cen tre d 'études du polymorphisme humain (CEPH), Paris, France.

Jean Weissenbach Philippe Millasseau

Généthon, Évry, France.

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Références

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