HAL Id: jpa-00206427
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Submitted on 1 Jan 1966
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Sur la structure électronique de quelques borures d’éléments de transition
M.C. Cadeville, E. Daniel
To cite this version:
M.C. Cadeville, E. Daniel. Sur la structure électronique de quelques borures d’éléments de transi-
tion. Journal de Physique, 1966, 27 (7-8), pp.449-457. �10.1051/jphys:01966002707-8044900�. �jpa-
00206427�
SUR LA STRUCTURE
ÉLECTRONIQUE
DE
QUELQUES
BORURESD’ÉLÉMENTS
DE TRANSITION Par M. C. CADEVILLE et E.DANIEL,
Laboratoire
Pierre-Weiss,
Institut dePhysique, Strasbourg.
Résumé. 2014 On compare les
propriétés magnétiques (aimantations, points
de Curie etsusceptibilités)
et les résistivités résiduelles de borures de formulesgénérales M1-xM’xB
et(M1-xM’x)2B
où M et M’désignent
des métaux de lapremière
série detransition,
à celles desalliages métalliques M1-xM’x.
Cettecomparaison
fait ressortirl’importance
d’une bande étroite de caractère dincomplètement remplie
dans la liaisonchimique
de cescomposés.
Les résis-tivités résiduelles des
composés
mixtes pourlesquels x
« 1 sont correléesthéoriquement
àleur comportement
magnétique
par la formation d’états liés virtuels.Abstract. 2014 There is a strong
analogy
between themagnetic properties (magnetizations,
Curie
points
andsusceptibilities)
and the residual resistivities of borides ofgeneral
formulaM1-xM’xB
and(M1-xM’x)2B,
where M and M’ are metals of the first transitionseries,
and thoseof the metallic
alloys M1-xM’x.
This shows that apartially
filled d type narrow band is ofpeculiar importance
in the chemicalbinding
of thesecompounds.
The residual resistivities of the mixed borides for which x « 1 aretheoretically
related to theirmagnetic
behaviourthrough
the occurence of virtual bound states.LE JOURNAL PHYSIQUE 27, 1966,
I.
Introduction.
- La nature de la liaison chi-mique
dans lescomposés
des métaux de transitionavec les éléments
légers
du milieu du tableaupério- dique (B, C, N,
P...)
est encore assez mal connue.Divers auteurs ont
déjà
faitl’hypothèse
suivantlaquelle
le métalloïde cède unepartie
de ses élec-trons de valence à la couche d du métal. Citons en
particulier Kiessling [1], puis Lundquist, Myers
etWestin
[2], [3]
à propos desborures,
Samsonov[4] J
et
Dempsey [5]
pour lesborures,
carbures et nitruresdes éléments du début des séries de
transition,
Fruchart
[6]
pour lescomposés
à structure dutype
cémentite.Dempsey,
Friedel[7]
et Costa[8]
ontinsisté sur le caractère
métallique
desliaisons,
dû àune bande de valence
incomplète
detype d,
c’est-à-dire
provenant
essentiellement du recouvrement des orbitales d des métaux de transition.Dans cet
article,
nousanalysons
les donnéesexpé- rimentales, principalement magnétiques
et élec-triques,
relatives à deux séries de borures d’éléments de lapremière
série de transition : desmonoborures,
de formule
générale
et dessemiborures,
de formule où M et M’
désignent
l’undes métaux de la série
Ti, V, Cr, Mn, Fe, Co,
Ni.Nous comparons les
propriétés
de ces matériaux àcelles des
alliages métalliques
binairesMl-,M,,
desmêmes éléments. On remarque un
grand parallélisme
entre le
comportement
de cesalliages
et celui desborures. Les résultats
expérimentaux s’interprètent
de
façon
cohérente dans un schéma de structureélectronique
où la bande d du métaljoue
un rôleessentiel. Les atomes de bore sont considérés comme
des interstitiels dissous dans le réseau
métallique ;
le nombre d’électrons dans la bande d
augmente
enmoyenne de
1,7
à1,8
par atome de bore dissous.Dans les
composés ferromagnétiques,
tels que les monoborures MnB etFeB,
et les semiboruresFe2B
et
Co2B,
l’une des deux demi-bandes d doit êtrepleine,
la demi-bande despin opposé
étant seuleincomplète.
La validité du schéma de structure de bandeproposé
est confirmée par la corrélation étroitequ’il permet
d’établir entre lecomportement
magnétique
et la résistivité résiduelle des borures mixtes danslesquels
l’un des constituants métal-liques
nefigure qu’à
une faible concentration(x ~’ 0,01
à0,5).
Les conclusions de l’étude détaillée
entreprise
sur les borures
peuvent
s’étendre à la structure élec-tronique
d’autrescomposés
des métaux de transitionavec des éléments
qui s’y
dissolvent enposition interstitielle, hydrures,
carbures etnitrures,
et aussià des
siliciures, phosphures,
etc...Nous
présentons
d’abord les résultatsexpéri-
mentaux concernant les
propriétés magnétiques
desmono- et
semi-borures, parallèlement
aux résultatsconnus pour les
alliages métalliques
binaires corres-pondants.
Nous rassemblons dans un autre
paragraphe
lesrésistivités résiduelles et
quelques
autres donnéesexpérimentales
obtenues récemment. Nous mon- trons ensuite que le schéma de structure électro-nique
que nous proposons rend bien compte de l’ensemble des faitsexpérimentaux.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01966002707-8044900
450
II.
Propriétés magnétiques.
-a)
AIMANTATIONS.- Les
principaux
résultats concernant les aiman- tations sont rassemblés etreprésentés
sur lafigure
1.On y a
porté
les aimantations à saturationMa
en fonction d’unequantité
Zqui peut
être considéréecomme le nombre
atomique
moyen del’alliage
défini par :
si ci et C2 sont les concentrations
atomiques
desconstituants
métalliques Ml
etM2
de numérosatomiques respectifs ,Zr
etZ,.
Onpeut également interpréter
Z comme une mesure de la densité élec-tronique
moyenne del’alliage.
Dans le cas desborures,
le boreapporte
lui-même des électrons àl’alliage
danslequel
il est dissous enposition
inters-titielle,
mais le nombre Zporté
en abscisse demeure celuiqu’on
calcule à l’aide des éléments de tran-sition seuls.
FIG. 1. - Aimantations à saturation en fonction du nombre
atomique
moyen :a) alliages ; b)
semi-borures ; c)
mono-borures.La
figure
1a est bien connue[9].
Ellereproduit
les variations d’aimantation
d’alliages
binaires des éléments de lapremière
série de transition en fonc- tion de la concentrationélectronique
Z. Lesfigures
1h et 1eindiquent
les résultatscorrespondant
aux semi-borures et aux monoborures
respectivement [10].
On remarque lagrande analogie
des troisfigures.
Onpeut
décrire leurs caractèresgénéraux
communs de lafaçon
suivante :
- Les trois
graphiques
sont limités sur la droitepar une branche à
pente négative
voisine d’unmagnéton
de Bohr par unité de nombreatomique :
Les éléments de transition entrant dans les
alliages
où les borures
correspondants appartiennent
à laseconde moitié de la série et sont voisins ou seconds voisins dans la classification
périodique.
- Sur cette branche
principale
viennent segreffer
des branches secondaires à
pentes positives
souventbeaucoup plus grandes
que 1 yB par unité de nombreatomique.
Les
points
de branchementcorrespondants
sesituent à Ni et Co pour les
alliages ( fig. la),
à Coet Fe pour les semi-borures
( fig. lb)
et à Fe et Mnpour les monoborures
(fig. le).
Engénéral
lesbranches considérées ici résultent de la substitution
au métal de transition
correspondant
aupoint
debranchement d’une
petite quantité
d’un élément situé nettement à sagauche
dans la série. C’est lecas par
exemple
desalliages NiV, CoCr,
des semi-borures
(CoV)2B,
des monoborures(MnV)B,
entreautres.
On remarque encore que le
comportement parti-
culier des
alliages NiMn
se retrouve avecet Aux très faibles con-
centrations de Mn
(ou
de Cr dans la variation d’aimantation suit d’abord la brancheprincipale
àpente négative.
Elle s’ensépare
auxconcentrations
plus
élevéesjusqu’à
inverser sonsens.
- On
peut
dire que les troisgraphiques
sont, en gros,f similaires,
mais décalés,l’un
parrapport
à l’autre : de0,8
à0,9
unité vers lagauche
parrapport
à celui des
alliages
en cequi
concerne les semi-borures,
et de1,7
à1,8
unités pour lesmonoborures,
comme si
chaque
atome de bore cédait environ1,8
électrons à la bande d du métal.b)
TEMPÉRATURES DE CURIE. - Sur lafigurer,
ce sont les variations des
points
de Curiequi
sontportées
en fonction de Z pour les mêmesalliages,
semi-borures et monoborures de métaux de transi- tion. Les valeurs relatives aux
alliages ( fig. 2a)
sontextraites de
l’ouvrage
de Bozorth[9]
ou Marian[11]
etde celles de
Crangle [11] ;
pour les monoborures etsemiborures,
les donnéesexpérimentales figurent
dans les articles cités en référence
[10].
Deux remarques
s’imposent :
d’unepart
une cer- taineanalogie
de ces troisdiagrammes
entre eux, maismoins nette que pour les
aimantations,
d’autrepart,
un certain
parallélisme
entre les variations destempé-
ratures de Curie
qu’ils représentent
et celles desFie. 2. -
Températures
de Curie «ferromagnétiques» :
:a) alliages ; b) semi-borures ; c)
mono-borures.aimantations
indiquées
par lafigure
1(avec; toutefois,
des écarts
notables,
surtout pour lesmonoborures,
comme dans le cas de par
exemple).
c)
MOMENTSPARAMAGNÉTIQUES. -
Sur lafigure 3,
on a
porté
en fonction de Z les nombres np de por-teurs de moment
magnétique
calculés àpartir
desconstantes de Curie déduites des
susceptibilités
para-magnétiques.
Voici comment sont calculées ces
quantités.
Lasusceptibilité magnétique X
au-dessus dupoint
deCurie «
ferromagnétique »
suit engénéral,
pour lessubstances considérées
ici,
une loi de la forme :où T
désigne
latempérature absolue,
C la constantede
Curie, 0,
latempérature
de Curie «paramagné- tique »
obtenue parextrapolation
et xoreprésente
lacontribution à la
susceptibilité indépendante
de latempérature.
Dans laplupart
des cas examinésici,
ce terme est
petit
devant leparamagnétisme
deCurie-Weiss. La constante de Curie C se déduit alors
de la
pente
de la droite donnant1 IX
en fonctiondeT~
Nous admettons que les moments mesurés sont dus seulement au
spin
desélectrons,
leur momentorbital étant
bloqué.
Dans cesconditions,
suivantla théorie usuelle du
paramagnétisme,
la constantede Curie pour N atomes
porteurs
de moment vaut :où yB
désigne
lemagnéton
deBohr,
k la constantede
Boltzmann,
S le nombre despin
par atome etg = 2. Le nombre effectif d’électrons
porteurs
demoment est défini par
Il
s’agit
là d’unequantité
définie defaçon
conven-tionnelle et dont la
signification intrinsèque
n’estpas
parfaitement
claire pour les métaux de transi- tion ou les substances telles que les borures dont lemagnétisme
relève de la théorie des bandes.Les mesures de
paramagnétisme
sur lesalliages métalliques
eux-mêmes sontlimitées,
d’unepart
du fait de leurspoints
de Curie souventélevés,
d’autrepart
à cause deschangements
dephase.
Ce n’estguère
que pour lesalliages
à base de nickel que l’onpossède
des donnéessystématiques
dans le domaineparamagnétique [12].
Les mesures ont pu être effec-tuées assez aisément sur les
borures, qui
ont despoints
de Curie relativement bas etqui
neprésentent
pas de transformations
allotropiques gênantes.
Ellesprésentent
un double intérêt : d’unepart,
ellesindiquent
comment varient les momentsparamagné- tiques
avec leremplissage
de la bande d dans lesborures,
d’autrepart
ellessuggèrent
cequ’on peut
attendre desalliages
des métaux de transition au-dessus de leurs
points
de Curie dans un cas idéal.C’est du moins ce que
suggère
lafigure
3 où sontreportés
les résultats connus pour lesalliages
et ceuxqui
serapportent
aux semi-borures et monoboruresdéjà
considérés.I II.
Propriétés électriques
et autres donnéesexpé-
rimentales. -CL)
RÉSISTIVITÉSÉLECTRIQUES
RÉSI-DUELLES. -
Puisque
les borures que nous consi-dérons ici sont conducteurs et que leurs
propriétés magnétiques suggèrent qu’une
bande de valenceincomplète
de caractère dy joue
un rôleanalogue
àcelle des métaux de
transition,
on est conduit à sedemander si un certain
parallélisme
ne se retrouvepas dans les
propriétés électriques. L’analogie
per-siste en
effet,
ainsi que le montrent les mesures de résistivitéélectrique
résiduelle auxtempératures
del’hélium
liquide
effectuées par A.Meyer
etA. Schwab sur les semi-borures mixtes
et pour des concentrations x = 1 à 5
%
452
FIG. 3. - Nombre de porteurs de moment déduits des
mesures de
paramagnétisme : a) alliages ; b)
semi-borures ; c)
mono-borures.des éléments de transition M allant du titane
(1)
aunickel
[13].
Lafigure
4reproduit
leurs résultats ainsi que ceux obtenus par Chen[14] J
pour lesalliages métalliques
de lapremière
série de tran-sition. Chen obtenait un
pic
de résistivité résiduelle pour lechrome, qui
peut être attribué au passage d’un état lié virtuel au niveau de Fermi del’alliage,
en raison de la valeur très élevée de la résisti- vité
[15].
Nous reviendronsplus
loin sur cette inter-FIG. 4. - Résistivités
électriques
résiduelles dues à 1 atome%
de l’élémentporté
enabscisse ; a) alliages ; b) semi-borures, Co2B
etFe2B.
prétation.
Le faitimportant
à noter pour l’instantest
qu’un
maximumanalogue,
avec des valeurscomparables
de la résistivité résiduelle se retrouve dans les semi-borures. On s’attend à des résultats du même genre pour les monoborures dutype
et
Fe1-xMxB où x « 1,
bien que la difficultés depréparer
les échantillons n’ait pas encorepermis
d’effectuer les mesures.
b)
AUTRES DONNÉES EXPÉRIMENTALES. - Commenous venons de le
voir,
les donnéesmagnétiques
et(1)
Ti se dissout ditlicilement dansFe,B
et dansCo2B
Les résistivités
correspondantes portées
sur lafigure
4bne sont données
qu’à
titre indicatif. Elles résultent demesures
préliminaires qui
semblent bienindiquer
que la résistivité due à Ti est nettementplus
faible que celles dues à Cr ouy,
maispeut-être
pas autant que le sug-gèrent
les valeurs obtenues lors de ces mesures et repor- tées sur lafigure.
électriques
sur les boruressuggèrent
que le niveau de Fermi de -ces matériaux conducteurs traverseune bande d
incomplète.
Des mesures de chaleurspécifique électronique
à bassetempérature
doiventpermettre
d’étudier la variation de densité d’étatsau niveau de Fermi avec le
remplissage
de la bande d dans les deux séries de borures. Nous nedisposons
actuellement que du résultat d’une mesure
préli-
minaire effectuée par J. Bonnerot sur
Fe2B [16].
Lecoefficient y de la chaleur
spécifique électronique
vaut environ 18 X 10-4
cal/OK2
atome-gramme de Fe. On en déduit que le niveau de Fermi deFe2B
se situe dans une bande à forte densité
d’états,
unefois et demie celle du fer oc à ce niveau
[17].
C’estbien ce
qu’on
attend de la bande d des éléments de transition vers la fin de la série.Au
paragraphe suivant,
nous serons amenés àenvisager
enpremière approximation
leremplissage
de cette bande
supposée rigide.
Un tel schéma suffit à rendrecompte
des variations de l’aimantation de laplupart
desalliages
entre éléments de transition voisins.Cependant
les mesuresd’aimantation
nefournissent que la valeur moyenne des moments
magnétiques portés
par les différents atomes dansun
composé
mixte. Elles nerenseignent
pas sur larépartition
des moments entre ces atomes. L’efiet Môssbauerpeut
donner des indications à cesujet.
Wendling
et al.[18]
ont mesuré unchamp
effectifde
2,3
X 105 oersteds aux noyaux de fer dans(Feo,6CoO,4)2B
contre2,4
X 105 oersteds dansFe2B.
En admettant que leschamps
effectifs sontproportionnels
aux momentsmagnétiques
desatomes de fer dans la série on constate
que la substitution de 40
%
de Co à Fe n’abaisse que de 4%
la valeur du momentporté
par un atome defer,
alors que l’aimantation moyenne du borure diminuebeaucoup plus, passant
de1,91
yB à1,6
!-LB par atome de métal. Un schéma de banderigide
nepermet
donc pas d’obtenir larépartition
détailléedes moments entre les atomes de fer et de cobalt.
On ne
possède guère
de données sur la structureélectronique
du boredissous,
enparticulier
sur lanature de son écran. Rossier a mesuré un
champ hyperfin
aux noyauxBl,
dans MnB par résonancemagnétique
nucléaire[19].
Lesfréquences
de réso-nance des noyaux de bore dans ces
champs
seraientde
32,5 Mcfs
à latempérature
ordinaire et35,1 Mcjs
à la
température
de l’azoteliquide.
Les donnéescristallographiques
fournissentcependant
des indi-cations très
importantes,
à savoir que dans les semi- borures les atomes B sont dissous enposition
inters-titielle dans le
métal, qui
les isole les uns des autres, tandisqu’ils
forment des chaînes linéaires dans les monoborures[1].
IV. Structure
électronique.
- Il ne peut êtrequestion actuellement,
de donner unedescription complète
de la structureélectronique
des matériauxque nous considérons dans cet article. Une
descrip-
tion détaillée
risque
d’ailleurs d’être difficile du fait de la structure cristalline relativementcompliquée
des semi- et monoborures. Les semi-borures
Nl2B,
où M =
Cr, Mn, Fe,
Co et Ni sontisomorphes,
avecune structure
quadratique
àquatre
groupements formulaires parmaille,
les monoboruresMnB,
FeBet CoB sont
orthorhombiques,
avecquatre
grou- pements formulaires par mailleégalement.
Ce que nous nous proposons, c’est d’extraire des données
expérimentales qui
fontl’objet
des para-graphes précédents
lesrenseignements qu’ils
peuvent fournir sur la structureélectronique.
A notreavis, l’analogie
decomportement
des semi-boruresFe2B
et
C02B
avec le cobalt et le nickelmétalliques,
en cequi
concerne la chaleurspécifique électronique,
lespropriétés magnétiques
et les résistivités résiduelles desalliages
prouve la validité pour cescomposés
d’un schéma de bande d
incomplète analogue
àcelui du cobalt ou du nickel
métalliques :
une demi-bande d
complètement remplie,
la demi-bande d despin opposé partiellement remplie
etchevauchant,
au niveau de
Fermi,
une bandelarge
de conducti-bilité
(fig. 5a). L’analogie
decomportement magné-
FIG. 5. -
a)
Bandes ddécouplées
et bande de conduc- tibilité auvoisinage
du niveau deFermi ; b) État
liévirtuel.
tique
pour les monoborures NInB etFeB, permet
d’étendre ce schéma à ces dernierscomposés.
Dansce
paragraphe,
nousanalysons
d’abord lespropriétés
454
magnétiques
desalliages
et desborures, puis
nousdécrirons les caractères de la structure
électronique qui permettent
d’établir un lien entre les variations d’aimantation descomposés
mixtes où l’un deséléments de transition entre en très
petite quantité
et les résistivités résiduelles concommitantes.
1)
AIMANTATIONS ET SCHÉMA DE BANDE d RIGIDE.- Comme nous l’avons
déjà
fait remarquer, à la branche depente dmg /dZ --n- - 1
pj3qui
limite surla droite le
graphique
de lafigure
1areprésentant
les variations de l’aimantation des
alliages
à base denickel et de
cobalt,
onpeut
fairecorrespondre
labranche
homologue partant
deFe2B
versC02B
surla
figure
1h[en négligeant
enpremière approxi-
rnation un dédoublement suivant d’une
part
et(Col-,,, Fez
ouNix)2B
d’autrepart]
et, sur lafigure lc,
la branchejoignant
MnB à CoB. D’unsimple point
de vuearithmétique,
onpeut
évidem-ment
interpréter
la variation linéaire des aiman- tations desalliages
binaires ou des borures corres-pondants
comme un effet de moyenne entre lesmoments des atomes de métal. Cette
interprétation
n’est pas en contradiction évidente avec les varia- tions des
points
de Curie(fig. 2)
et dessusceptibilités (fig. 3),
mais sespossibilités
s’arrêtentprobablement
là. Un modèle de bande
permet
d’allerplus
loin.Il est bien établi pour les métaux de transition et leurs
alliages
que leurs électrons de valence sontdistribués dans des bandes
d’énergie provenant
durecouvrement de leurs orbitales
atomiques.
L’aiman-tation des éléments de la fin de la série de transition
(Co, Ni)
et de leursalliages provient
du dédouble-ment par
énergie d’échange
des deux demi-bandes d despins opposés.
Elle mesure la différenced’occupation
de ces deux demi-bandes. Lapente dMs/dZ
= -1 yBs’explique
de lafaçon
suivante :l’une des demi-bandes de
spin t
est totalementoccupée, l’autre,
despin § incomplète (fig. 5a).
Lasubstitution d’un atome de métal de numéro ato-
mique
Z+
AZ à un élément de numéroatomique
Zs’accompagne
d’unapport
de AZ électrons à la bande d despin ~,
cequi
diminue le momentmagné- tique
del’alliage
de AZmagnétons
de Bohr. Nousnégligeons
dans cedécompte
une éventuelle modi- fication de lapopulation
d’une bande de conducti- bilité detype s,
dont la densité d’états au niveau de Fermi doit êtrebeaucoup plus
faible que pour la bande d. Dans ceschéma,
ledécalage
des trois dia- grammes de lafigure
1s’interprète simplement
parun
apport
de1,7
à1,8
électrons dechaque
atome debore à la demi-bande d
incomplète.
Il est
clair, toutefois, qu’un
schéma de bandesrigides
ne suffit pas à rendrecompte
des résultatsexpérimentaux,
enparticulier
des branches àpente
positive
desdiagrammes.
Nous verrons au para-graphe
suivant que ces branchess’expliquent
parla formation d’états liés virtuels. Le schéma de brndrs
rigides
fmssi certains aspects tbéori-quement
nécessaires de larépartition
des électrons dans lesalliages
ou les borures.--- La densité de moment
magnétique
n’a aucuneraison
d’y
être la même dans des cellulesatomiques occupées
par des éléments de transitiondifférents ;
on retrouve là une certaine localisation des moments, que confirment les mesures d’effet Mossbauer sur
(Fe1-xCox)2B.
- Le niveau de Fermi traversant une bande
d’énergie permise,
il est exclu d’assimiler les semi-et monoborures considérés ici à des
composés ioniques
danslesquels
le bore céderait un ou deux électrons à des atomesmétalliques.
Lacharge ionique
du bore doit être au moinspartiellement compensée
par une accumulation locale des électronss des éléments de transition dans le volume
qui
lui est laissé entre les atomesmétalliques.
Letransfert d’électrons de la bande
large
de conductionvers la bande étroite d
peut
ainsi se faire au moinsen
partie
à l’intérieur des atomes detransition ;
iln’implique
pas nécessairement un transfert d’élec-trons du bore vers ces atomes de transition.
La structure
électronique
des atomes de bore doitdépendre
assez fortement dutype
ducomposé,
selon que les atomes de bore sont bien isolés les uns
des autres comme dans les
semi-borures,
ouqu’ils
forment des chaînes linéaires comme dans les mono-
borures.
2)
RÉSISTIVITÉS RÉSIDUELLES ET ’ÉTATS d LIÉSVIRTUELS. - Nous considérons maintenant les branches à
pentes positives
sur lesdiagrammes
de lafigure
1. Cespentes
sontgénéralement
nettementplus
fortes que l’unité. Lesalliages correspondants,
tels que NzV ou CoMn
f g. la)
sont constitués d’un élément situé vers la fin de la série detransition,
dans
lequel
est dissous enpetite quantité
un élémentsitué~nettement à sa
gauche
dans le tableaupério- dique.
La même situation seprésente
pour les semi- borures mixtes dérivés deFe2B
et deCo2B
et lesmonoborures mixtes dérivés de MnB et de FeB.
Nous laissons de côté les
composés
tels que etFe1-xCrxB qui
secomportent
defaçon analogue
auxalliages
c’est-à-direavec une
pente dMs/dZ
0 pour x trèspetit,
etqui
devientpositive
aux concentrationsplus
élevées.Nous nous proposons de prouver la validité du schéma de bande d pour les borures en établissant
une corrélation entre la variation de leurs aimanta- tions et celle de leurs résistivités résiduelles en fonc- tion du soluté. Nous allons pour cela montrer que la théorie des états liés virtuels
proposée
par Friedel[15]
pourexpliquer
lespropriétés des7a]liages
métal-liques
dilués décritégalement
bien lespropriétés électriques
etmagnétiques
des borures considérés dans ceparagraphe,
et enparticulier
rendcompte
des valeurs élevées des pentesdMsldZ
> 0.Rappelons
succinctementles-propriétés
des étatsliée
virtuels,
en considérant parexemple
unalliage
dilué
NiCr. Lorsqu’on
substitue un atome de chromeà un atome de
nickel,
on ne retire passimplement
quatre électrons, pris
au niveau de Fermi de labande d
incomplète.
Ceci aurait pour effetd’aug-
menter de 4 P.B le moment
magnétique
del’alliage.
En
fait,
le chrome se situant très àgauche
du nickeldans le tableau
périodique,
lepotentiel perturbateur qu’il
introduit dans le réseau est suffisammentrépul-
sif pour extraire un état lié de la demi-bande d
pleine ( fig. 5b).
Si cet état localisé a uneénergie plus
élevée que le niveau de
Fermi,
il est vide et sesélectrons sont
passés
dans la demi-bande d incom-plète
despin opposé.
Ceci devrait entraîner unediminution du moment
magnétique
del’alliage
paratome dissous
égale
à :où N
désigne
le nombre d’électronssusceptibles d’occuper
l’état localisé considéré et AZ est la diffé-rence de numéro
atomique
entre la matrice et le soluté(AZ
= - 4 pourNiCr).
N = 5quand
l’in-fluence du
champ
cristallin sur ladégénérescence
des orbitales d est
négligeable.
Cetteapproximation
semble
justifiée
pour lesalliages
que nous consi-dérons
ici,
enparticulier
du fait que les résistivités résiduelles neprésentent qu’un
seulpic quand
lesoluté varie de Ti à
Ni,
alorsqu’on
en attendraitplusieurs
siplusieurs
états localisés venaient à tra- verser successivement le niveau de Fermi.En
réalité,
les nombres N déduits des mesuresd’aimantation sont nettement inférieurs à 5 avec
les éléments
frontière,
mais pour une autre raisonqui
estprécisément
àl’origine
des anomalies de résistivité résiduelle. Eneffet,
l’état lié soustrait de la bande d a toutes les chances d’avoir uneénergie comprise
dans celles de la bande de conductibilité.Il
s’élargit
alors par résonance avec les états de cettebande,
donnant lieu à un état d lié virtuel et nonplus
à un état localisé delargeur
nulle enénergie 5b~.
Cet état lié virtuelpeut n’émerger qu’en partie
au-dessus du niveau deFermi ;
il ne se videalors que
partiellement
dans la demi-bande d incom-plète
et le nombre Ncorrespondant
est inférieur à 5.C’est bien ce
qu’on
observe sur les borures avec duchrome ou du
manganèse,
comme le montre letableau suivant
(tableau figurent
les valeurs de N déduites des variations d’aimantationOMg
par
l’emploi
de la formule(1).
TABLEAU 1
EFFET DU VIDAGE D’UN ÉTAT LIÉ VIRTUEL SUR L’AIMANTATION DE SEMI- ET MONO-BORURES MIXTES
Tandis que Ti et
V,
situés au début de la série de transition donnent lieu à un état lié virtuel presquevide,
avec N voisin de 4 ou5,
cet état demeure àmoitié
plein
pour Cr(7V ~ 2,5
à3,5)
et aux deuxtiers
plein
pour Mn dansFe2B (N ^’ 1,5
à2).
Il nes’agit
évidemment là que d’estimations assez gros- sières.Néanmoins,
lepoint capital
est le suivant.Lorsqu’un
état d lié virtuel traverse le niveau deFermi,
il diffuse très fortement les électrons deconductibilité
qui produisent
sonélargissement
par résonance. Ce sontprécisément
ces électrons duniveau de Fermi
qui
sontresponsables
de la conduc-tibilité
électrique.
Si l’on fait lesapproximations
suivantes : assimiler les électrons de conductibilité à un gaz d’électrons libres
d’énergie
de FermiEg
etsupposer que seule la
composante
d des fonctions d’ondes est diffusée par les atomesd’impureté,
avecN électrons dans l’état lié virtuel au-dessous du niveau de
Fermi,
on obtient pour la résistivité rési-duelle due à une concentration c d’atomes dissous :
en unités
atomiques de
Hartree[20].
Une unitéatomique
de résistivité vaut21,8
Onprévoit
donc un
pic
de résistivité résiduelle en fonction du nombreatomique
Z de l’élément dissousquand
unniveau lié virtuel traverse le niveau de Fermi. La valeur du maximum de résistivité
correspond
àEm = EF,
c’est-à-dire au niveau à moitiéplein (N = 2,5) ;
son ordre degrandeur
est de10
yocmfat %, soit
dix foisplus
élevé que la résis- tivité résiduelle due à la diffusionnormale,
sansrésonance, produite
par desimpuretés qui
ne don-nent pas lieu à
l’apparition
d’états liés virtuelsvoisins du niveau de Fermi. C’est bien ce
qu’a
obtenu Chen
[14]
sur lesalliages
des métaux detransition
fig. 4a).
C’est bien cequ’on
observe aussi456
sur
Fe,B
etCo,B
danslesquels
on a dissous depetites quantités (1
à 5%)
des éléments allant de Ti à Ni(fig. 4b).
On y remarque unpic
de résistivité résiduelle du bon ordre degrandeur
auvoisinage
de
Cr,
en accord satisfaisant avec lesprévisions
basées sur les données du tableau
I,
déduites desmesures
magnétiques.
Considérons parexemple
lecas des semi-borures Si est Fe ou
Ni,
tous deux voisins de
Co,
les variations de l’aiman- tation sont décrites par la branche de pentedms /dZ £f - 1
yB de lafigure 1 b, qui pourrait correspondre
à unremplissage
de bande drigide.
Ces éléments
perturbent
peu la structure électro-nique
deCo2B ;
ils diffusent à peuprès également
lesélectrons de
conductibilité,
donnant une résistivité résiduelle de l’ordre de 1 à1,5 pocmjatonle
dissouspour cent,
comparable
à celle desalliages
de métauxnormaux. La résistivité croît fortement avec
Mn,
pour
lequel
l’aimantation s’écarte de la linéarité dès que la concentration n’estplus
trèspetite.
Elleprend
des valeurs élevées avec Cr et
V,
cequi s’explique
enmême
temps
que la diminutionrapide
de l’aiman- tation par la traversée du niveau de Fermi par un état d lié virtuel. La corrélation établie entre les deuxphénomènes
et les ordres degrandeur
deseffets associés prouve la validité des
hypothèses
faites sur le rôle de la bande d dans les mono- et
semi-borures des éléments de la
première
série detransition,
au moins àpartir
de Mn vers Ni.On
peut objecter
que dans l’étatferromagnétique
les deux directions de
spin
des électrons de conduc- tibilité nejouent
pas le même rôle dans la résistivité résiduelle comme on l’asupposé implicitement
dansla formule
(2).
Dans l’étatmagnétiquement ordonné,
à basse
température,
les niveaux liés virtuels nediffusent,
enprincipe,
que les électrons de conducti- bilité de la même direction despin.
Les diffusionsd’échange,
c’est-à-dire avec retournement d’unspin,
prennent
par contre deplus
enplus d’importance
àmesure que la
température s’élève, grâce
à lapré-
sence d’un nombre de
plus
enplus grand
d’ondes despin susceptibles
departiciper
à ces diffusions. Elles effectuent la moyenne des électrons des deuxspins
sur
laquelle
repose la formule(2).
Celle-ci n’est donc strictement valablequ’au-dessus
dequelques
centai-nes de
degrés
Kelvin. On observe effectivement des écartssystématiques
à la loi de Matthiessenquand
on étudie la variation
thermique
de la résistivité.Cependant,
le faitqu’à
bassetempérature
seuls lesélectrons d’une direction de
spin
soient directement diffusés par les états liés virtuelsmagnétiques
nepeut
avoir pour résultat que de rendre moins appa-rent l’effet de ces états liés
virtuels,
en diminuant la résistivité. Nos conclusions n’en sont donc pas alté- rées tant que lacomparaison quantitative
ne peutprétendre
à mieux que des ordres degrandeur.
V. Conclusion. - La corrélation que nous venons
d’établir entre les
propriétés électriques
etmagné-
tiques
des semi- et mono-borur es des métaux de tran-sition considérés dans cet article montre que pour
interpréter
lespropriétés physiques
de cescomposés
il faut faire
appel
auconcept
de bande de la mêmefaçon
que pour les métaux etalliages
de transition eux-mêmes. Comme pour lesalliages
à base decobalt ou de
nickel,
il faut supposerqu’une
demi-bande étroite
d,
despin parallèle
àl’aimantation,
estseule
partiellement
vide et chevauche au niveau deFermi une bande
large
de conductibilité.D’autres
expériences
doiventpermettre
de con- firmer cepoint
de vue etapporter
des données nou-velles sur les
caractéristiques
de la bande d mise enjeu.
Enparticulier,
on s’attend à despouvoirs
ther-moélectriques élevés,
avec une anomaliepouvant
entraîner un
changement
designe, lorsqu’un
état dlié virtuel traverse le niveau de Fermi d’un des borures
présentant
unpic
de résistivité résiduelle.On a en effet entre le
pouvoir thermoélectrique Q
etla dérivée
logarithmique
de la résistivité p parrapport
àl’énergie
de Fermi la relation de pro-portionnalité :
Comme nous l’avons
déjà mentionné,
l’existence d’une bande dincomplète
à forte densité d’états auniveau de Fermi
implique
une chaleurspécifique électronique
élevée dont la mesure doit fournir une information trèsimportante
pour la connaissance decette bande. En
effet,
si une demi-bande d estcomplète
et sin(E)
est la densité des trous par nnitéd’énergie
dans la demi-bande dincomplète,
lachaleur
spécifique électronique
mesure essentiel-lement
n(E)
ensupposant
la densité d’état dans la bande de conduction relativementfaible,
tandis que l’aimantation vaut :si est
l’énergie
du sommet de la bande d.Il est
remarquable
que le nombre d’électrons transférés par atome de bore à la bande d ne soit pas très sensible à la structure cristalline du com-posé :
nous trouvons sensiblement le même nombre pour lessemi-borures, quadratiques
et les mono-borures, orthorhombiques.
Ce caractère de la contri- bution du métalloïde à lapopulation
de la bande dsemble assez
général [5], [7], [8].
Parexemple,
lesaimantations des
phosphures
de fer :1,86
[lE paratome de Fe dans
Fe3P quadratique, 1,38
yB dansFe2P hexagonal
et0,36
yB dans FePorthorhombique
sont corrélées entre elles si l’on admet que
chaque
atome de
phosphore
cèdeapproximativement
troisélectrons à la bande d du fer
[10].
Leschangements
de structure sont tout de même à
prendre
en consi-dération dans une étude
quantitative détaillée ;
onle voit par
exemple
sur lesborophosphures
de ferdans