• Aucun résultat trouvé

Question d'actu : faut-il effectuer des faux-semis cet automne ?

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Question d'actu : faut-il effectuer des faux-semis cet automne ?"

Copied!
1
0
0

Texte intégral

(1)

Octobre 2018 - N°459 PERSPECTIVES AGRICOLES

6

L’OBSERVATOIRE

QUESTION D’A CTU

Avis de Ludovic Bonin d’ARVALIS - Institut du végétal

FAUT-IL EFFECTUER

des faux-semis cet automne ?

La lutte agronomique contre les adventices passe, entre autres, par un travail superficiel du sol quinze jours à un mois avant le semis de la culture. Les conditions très sèches remettent toutefois en cause ce levier. Ludovic Bonin, ingé- nieur agronome chez Arvalis, analyse la situation.

Perspectives Agricoles : Il est tombé au mieux quelques millimètres de pluie sur la France depuis deux mois. Un faux-semis a-t-il une chance de fonc- tionner ?

Ludovic Bonin : Il est actuellement inutile d’effectuer des faux-semis : l’absence d’humidité dans les sols empêche la germination des graines.

La sécheresse et les fortes températures obser- vées presque partout en France depuis le milieu du printemps ont fortement diminué la dormance des graines de vulpin, notamment, produites au mois de juin. En effet, durant la période critique de matura- tion des graines, la température est restée plusieurs degrés au-dessus des normales saisonnières, et le stress hydrique s’est ajouté là-dessus. La majorité des graines de vulpin produites cette année seront très probablement non dormantes.

Ces graines n’attendent que le retour de l’humidité pour lever. S’il tombe au moins 10-15 mm d’eau, elles lèveront toutes en même temps sans qu’on ait à inter- venir. Il est donc urgent de ne rien faire ! Attention

tout de même, cette non dormance ne concerne que les graines produites cette année mais pas le stock semencier.

P. A. : Comment gérer alors les adventices ? L. B. : L’idéal est d’attendre au minimum une semaine après le retour des pluies avant toute intervention, afin qu’un maximum d’adventices aient le temps de germer, voire de lever. Le dés- herbage, mécanique ou chimique selon les condi- tions du moment, puis le semis seront réalisés dans la foulée. La règle de base est de semer sur un sol « propre », c’est-à-dire sans risque de repi- quage d’adventices. La situation la plus diffi cile à gérer serait de semer le blé avant cette levée natu- relle : avec le retour des pluies, toutes les mau- vaises herbes germeraient dans la culture. Cette année, il faut donc sérieusement envisager de décaler la date de semis du blé.

Le colza, qui a déjà été semé, risque de souffrir : en l’absence d’irrigation, les semences risquent de ne pas germer et celles qui lèveront le feront en même temps que les adventices ; la concurrence sera rude.

P. A. : Jusqu’où peut-on décaler le semis du blé ? L. B. : Les semis de blé peuvent attendre le 15 octobre, voire au-delà. Tout dépend de la région et de son pédoclimat, plus ou moins propice au décalage, et, bien entendu, du choix variétal.

Débuter les semis vers cette date est, en outre, très intéressant pour lutter contre les vulpins dans les parcelles fortement infestées (50 à 100 vulpins au m²). Des essais ont, en effet, montré que décaler de 15 à 20 jours les semis par rapport à un semis le 1er octobre réduit la population de vulpins d’environ 50 %. (La baisse atteint plutôt 30 % sur des populations plus faibles.)

Un tel décalage diminue la nuisibilité des adven- tices et permettrait de réduire les coûts de dés- herbage en économisant un passage ou un produit.

Cela compense l’éventuelle baisse de rendement liée aux semis tardifs, en raison d’une somme des températures plus faible, et les éventuels pro- blèmes d’accessibilité aux parcelles. Comme nous le répétons souvent, l’idée n’est pas forcément de décaler les dates de semis sur toute l’exploitation mais de se focaliser sur les parcelles les plus dif- fi ciles à désherber.

Propos recueillis par Paloma Cabeza-Orcel p.cabeza@perspectives-agricoles.com Ludovic Bonin : « Travailler superfi ciellement une terre très

sèche ne fera que disperser les graines d’adventices. Il faut attendre qu’une bonne pluie les fasse lever pour intervenir. »

© N. Cornec - ARVALIS-Institut du végétal

Références

Documents relatifs

Journée d‘information de la technique agricole | 28 février 2007 | Semis direct du maïs 4 Bernhard Streit | © Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon

La limite maximale fixée par la réglementation est un gramme de graines de datura par kilogramme de céréales, dans toutes les matières premières ou aliments pour

Un seul essai (Terres Inovia, dans le Tarn-et- Garonne) montre une densité d’adventices en culture significativement plus faible dans la moda- lité avec un faux-semis efficace

Au lieu de semer le blé au 30/09, un faux-semis à cette date permet de dynamiser la levée des vulpins, qui sont en- suite détruits avant le semis du 18/10. Ces levées induites

Pour les céréales d’hiver, retarder la date de semis de 10 à 20 jours par rapport à la date habi- tuelle, permet d’éviter l’implantation de la culture au cours de la période

Un retard de semis jusqu’à fin octobre améliore déjà l’enherbement mais les semis de printemps sont les plus efficaces pour réduire la présence de vulpins.

Les règles de décision vulpins ont notamment pu être mises en défaut dans la gestion des interventions de pré-semis (dans l’objectif fixé de semis sur un sol propre) et

Cela a également impliqué une charge en plus concernant la main d’œuvre : pour les exploitants, une demande en temps plus importante, pour les salariés en