R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
A NDRÉ V ESSEREAU Eugène Morice (1897-1983)
Revue de statistique appliquée, tome 32, n
o1 (1984), p. 5-7
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5
EUGENE MORICE
(1897-1983)
Les lecteurs de cette revue auront
appris
avec tristesse le décès de M.MORICE,
survenu le 8 Novembre 1983 dans sa résidence de Sannoisoù, physi- quement
trèséprouvé
par de gravesinfirmités,
mais intellectuellementparfaite-
ment
lucide,
il vivait retirédepuis plusieurs années,
entouré des soinsvigilants
de ses filles. La Revue de
Statistique Appliquée
dont il a été lepremier
animateuret le
responsable pendant quinze
ans, se doit de lui rendre un dernierhommage
en
rappelant
la carrière et les travaux de cet éminent Statisticien.Né le 8 Mars 1897 à
Saint-Aignan-de-Couptrain (Mayenne),
M. MORICEfut
appelé
sous lesdrapeaux
lors de lapremière
guerremondiale,
en Janvier1916 ;
il termina cette campagne avec le
grade
le lieutenant et la croix de guerre 1914- 1918. Il fut ensuiteprofesseur
demathématiques
dans différentslycées,
en dernierlieu à
Paris,
auLycée Turgot. Déjà
attiré par lastatistique,
il suivitparallèlement
les cours de l’Institut de
Statistique
de l’Université deParis,
où il obtint lediplôme
délivré par cet
institut, qui
était alors le seul haut-lieu des étudesstatistiques.
EnAoût
1941,
à son retour decaptivité, après
une deuxième campagne àlaquelle
il avait
participé
avec un courage et un dévouementexemplaires,
il futengagé
par M.CARMILLE,
alors DirecteurGénéral,
au Service National desStatistiques,
devenu
depuis
l’Institut National de laStatistique
et des EtudesEconomiques (I.N.S.E.E.). Qu’on
mepermette
derappeler
ici un souvenirpersonnel
de cettedéjà
lointaineépoque.
En
1943, orienté,
par leplus grand
deshasards,
vers lastatistique
et sesappli-
cations, je
cherchais un interlocuteursusceptible
de m’éclairer dans les zonesd’ombre que
je
découvrais dans les rares ouvrages à madisposition.
Mes démarchesauprès
dequelques personnalités susceptibles
de m’aider s’étaient soldées par desréponses
courtoisement évasives.Quelqu’un, cependant,
eut l’idée de medonner le nom de M. MORICE. Ce fut ma
première
rencontre aveclui,
dans lemodeste bureau
qu’il occupait
alors rue de laBanque,
etqu’il quitta
peuaprès
pour la "rue de la Ville
l’Evêque" puis
pour le"Quai Branly".
Il m’écouta aveccette bienveillance un peu distante
qui
lecaractérisait,
me donnaquelques
utilesconseils et me remit un
petit
livre de l’ancienne collectionHermann,
danslequel je
devais trouver uneréponse plus complète
à laquestion qui
mepréoccupait,
Cet ouvrage,
je
l’ailongtemps
conservé en souvenir de cette entrevue ;je
le lui airendu
lorsque j’eus
l’honneur de lui succéder en 1969 à la Présidence de la Société deStatistique
à Paris.Au Service National des
Statistiques,
M. MORICE avait étéchargé
de créeret
d’organiser
une "écoled’application"
pour les nouveaux recrutés dans ce Service.Il se dévoua à cette tâche et la mena à bien au-delà de toute
espérance.
La modesteEcole du début devint peu à peu,
grâce
à ses effortsobstinés,
laprestigieuse
EcoleNationale de la
Statistique
et de l’AdministrationEconomique (E.N.S.A.E.) qui
aaujourd’hui
le renom national et international que tout le monde connait. M.MORICE termina sa carrière à l’I.N.S.E.E. en
1962,
avec legrade d’Inspecteur
Général et, entre autres
distinctions,
la rosette et laLégion
d’Honneur.Revue de Statistique Appliquée, 1984, vol. XXXII, n° 1
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En
1952,
M. MORICE fitpartie
de lapetite équipe
que leprofesseur Georges
DARMOIS
chargea
de réaliser unprojet qui
lui était cher : la création d’un "Centre de formation auxapplications
industrielles de laStatistique" (devenu depuis
leCERESTA : Centre
d’Enseignement
et de Recherche deStatistique Appliquée).
Il
s’agissait
derattraper
le retardpris
par la France dans un domaineauquel
s’étaientintéressés,
bien avant1939,
des statisticiensanglo-saxons,
etqui
s’étaitrapidement développé pandant
les années de guerre, domaineauquel
sont associés(entre autres)
les noms de
Shewart, Dodge, Romig, Wald,
etl’équipe
de la ColumbiaUniversity.
Responsable
au CERESTA de la Revue deStatistique Appliquée,
M. MORICEveillait à ce que cette
publication
réalisât un bonéquilibre
entre les textesthéoriques
ou
méthodologiques
et ceuxqui
ont trait auxapplications
dans les domaines lesplus divers ;
ilrédigea
lui-même de nombreux articles dont la listefigure
à la suite de cette notice. Il était aussi le conseiller de tous ceux - animateurs aussi bienqu’anciens stagiaires
du CERESTA -qui
étaient à la recherche d’une solution àun
problème épineux,
mal connu, ou insuffisammentexploré.
Sa documentation aussi bien que sa mémoire étaient d’une richesseexceptionnelle.
Lecteur infati-gable,
ilprenait
connaissance de tous les articlespubliés
dans les Revues que nous recevions auCERESTA,
etdisposait
ainsi d’un "Sésame"quasi-universel.
C’estdire
qu’il
n’avait rien d’unnostalgique
de 1"’anciennestatistique",
si l’onpeut appliquer
cetadjectif
aux travaux de R.A.FISHER,
J.NEYMAN,
E.PEARSON,
H. CRAMER.... - mais
qu’il
était ouvert aux théories etdéveloppements
lesplus
actuels. Sa modestie lui faisaitcependant
reconnaître que, pourreprendre l’expression
de H. CRAMER - "il n’est maintenant paspossible,
pour un seulhomme,
de suivre utilementplus qu’une petite partie
des travaux actuellementen cours".
Pendant de
longues années,
M. MORICE aparticipé
activement aux travaux des CommissionsStatistiques
de l’AssociationFrançaise
de Normalisation(AFNOR)
et de l’Institut National de Normalisation(ISO) ;
c’était pour moi unplaisir
et un enrichissement intellectuel que del’accompagner
dans les pays étran- gers où se tenaient les réunions annuelles de l’I.S.O.. Il a étéaussi, pendant plu-
sieurs
années,
le ConseillerTechnique
de l’AssociationFrançaise
pour le Contrôle de laQualité (A.F.C.I.Q).
Membre de l’American Statistical
Society,
Président en 1956 de la SociétéFrançaise
deBiométrie, puis
en 1968 de la Société deStatistique
deParis,
il étaitl’un des
plus
anciens membresfrançais
de l’Institut International deStatistique
oùil avait été élu en 1950. L’Académie des Sciences lui avait décerné en
1954,
pour l’ensemble de ses travaux, leprix Montyon
destatistique.
Dans toutes ses activitésM. MORICE militait pour une étroite et nécessaire collaboration entre statisticiens
universitaires,
statisticiensofficiels,
etpraticiens
de laStatistique.
Les derniersentretiens que
j’ai
eus aveclui,
les dernières lettresqu’il
m’a adressées et queje
conserve
précieusement,
manifestentmalgré
les atteintes de lamaladie,
une"pré-
sence
statistique"
intacte.L’oeuvre écrite de M. MORICE ne se limite pas aux articles
publiés
dans larevue de
Statistique Appliquée
etquelques
autres Revues. Il étaitl’auteur,
avec FernandCHARTIER,
d’unimportant
traité sur les méthodesstatistiques, qui
alongtemps
servi de base à desgénérations
destatisticiens,
etqui peut
encore être consulté avecprofit.
Il en est de même du "Dictionnaire deStatistique", publié
sous les
auspices
de la Société deStatistique
de Paris.M. MORICE laisse un souvenir inoubliable à tous les anciens
qui
l’ont connu.Il est bon que sa mémoire soit
rappelée
auxjeunes générations
de statisticiens.André VESSEREAU
Revue de Statistique Appliquée, 1984, vol. XXXII, n° 1
7 NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
Méthode
Statistique (en
collaboration avec F.CHARTIER ) -
2 Volumes -Impri-
merie Nationale - 1964.
Dictionnaire de
Statistique (publié
sous lesauspices
de la Société deStatistique
deParis) -
DUNOD 1968.Articles
publiés
dans la Revue deStatistique Appliquée :
L’application
des méthodesstatistiques
dans l’Industrie - Vol. I - 2(1953) Historique
de leurdéveloppement
dans divers pays.Les méthodes
d’analyse
de la variance Vol. III - 2(1955) Quelques
tests nonparmétriques
Vol. IV - 4(1956) Confection,
biométrie etstatistique
Vol. VIII - 3(1960)
Le
statisticien,
formation et débouchés Vol. IX - 1(1961)
Méthode
d’analyse
des observations par "tout ou rien" Vol. IX - 3(1961)
Etude des
possibilités
d’une machine àpartir
d’un Vol. XII - 2(1964)
échantillon de n observations
Les
graphiques
à échelle fonctionnelle du statisticien Vol. XII - 3(1964)
Test des durées de vie avec
remplacement
des défaillants Vol. XIII - 2(1965) (Cas
de la loiexponentielle)
Quelques
modèlesmathématiques
de durée de vie Vol. XIV - 1(1966)
De
quelques
difficultés pour lepraticien
Vol. XV - 1(1967)
Puissance de
quelques
testsclassiques.
Effectif Vol. XVI - 1(1968)
d’échantillon pour des
risques (a, j3)
donnésQuelques problèmes
d’estimation relatifs à la loi de Weibull Vol. XVI - 3(1968)
Tables et
abaques
relatifs aux lois des variables t,X2
et F Vol. XVII - 1(1969)
non centrées
(Puissance
des tests t,X 2
etF)
Loi binomiale et loi de Poisson
(en
collaboration avec Vol. XVII - 3(1969)
P.
THIONET).
Test de normalité d’une distribution observée Vol. XX -- 2
(1972)
Tests de normalité basés sur
l’emploi
desstatistiques
Vol. XXIII - 3(1975)
d’ordre
Validité de
l’approximation
de Poisson pour les bornes Vol. XXV - 2(1977)
d’un intervalle de confiance relatif à une
proportion (en
collaboration avec F.CHARTIER)
Emploi
des tables de la loi de F pour le calcul de Vol. XXV - 2(1977)
l’intervalle de confiance du
paramètre
p d’une loi binomiale.Revue de Statistique Appliquée, 1984, vol. XXXII, n° 1