MOUVEMENTS DES TROMPES ET PROGRESSION DES ŒUFS CHEZ LA BREBIS
S. WINTENBERGER-TORRÈS
Micheline GÉRARD.
Station de Recherches de
Physiologie
animale,Cent y
e national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas.
SOMMAIRE
Nous avons étudié la motilité des trompes utérines, et leur rôle dans la descente des oeufs,
grâce
à desenregistrements cinématographiques
à vitesse lente( 2
à 3images/seconde).
L’étude a été effectuée in vitro et in vzvo pour l’isthme et seulement in vivo pour
l’ampoule,
laplupart
des mouvements musculairesdisparaissant
dansl’ampoule
isolée.En
plaçant
dans laportion
de trompe étudiée soit des ovocytes colorés, soit desparticules
de matière
plastique
noire de même taille, soit encore du carbone ensuspension
dans le Locke,on a pu mettre en évidence l’existence dans
l’ampoule
de contractionspéristaltiques
lentesqui
assurent la
progression
vers l’isthme del’ovocyte
fraîchementpondu,
donc entouré en tout oupartie
de ses cellules coronaires. Dans l’isthme se manifestent pendant les 48 à 60heuresqui
suivent l’ovulation, des mouvementsantipéristaltiques puissants qui
maintiennent l’œuf à lajonction isthme-ampoule.
Ce sont les mouvementspéristaltiques,
intéressant soit l’isthme dans satotalité,
soit seulement des fractions de
l’isthme, qui
entraînent finalementl’ovocyte
dans la corne utérine.Les différents types de contractions ont pu être déclenchés
expérimentalement
en faisantvarier
l’équilibre oestrogène-progestérone
chez des brebis castrées.- --!!,----
On sait que la durée du transit des oeufs dans l’oviducte est sensiblement de 3
jours
chez les Mammifères. Ce transit s’effectue parétapes :
l’oeuf franchitrapide-
ment
l’ampoule, puis
restependant
2jours
ouplus
à la base de celle-ci et tra-verse l’isthme en moins de 24 heures. Ceci est
particulièrement
net chez la brebis!WINTÈNB!RG!R, zg55).
Si ce schéma est
généralement admis,
par contre aucuneexplication
satisfaisante des mécanismes mis en oeuvre pour assurer cetteprogression
discontinue n’ajamais
été
donnée ;
les contractions musculaires aussi bien que les mouvements ciliaires oules courants
liquides
ont été successivement ou simultanémentinvoqués.
Nousdonnerons dans un mémoire ultérieur une
analyse complète
de labibliographie
surcette
question.
Rappelons
seulement que,jusqu’ici,
pour l’étude de la motricité destrompes
3
genres de
techniques
différentes ont été utilisées :-
enregistrement graphique
des contractions musculaires de latrompe
en sur- vie dans duTyrode oxygéné (femme,
de laF U E N TE; I949-I95o) !
- étude
(méthode
deRubin)
destrompes
insufflées au gazcarbonique
et en-registrement
in vivo des variations depression manométrique (femme :
SAI,MONetM
IN T Z
, 193 8 ;
BERNSTEIN etFE R E STER ,
I940 ; !7 !VIES,194 8 ; G EIST E S ; lapine :
W HIMPFH E IF E
Ret
Fo R ESTEN, 1939).
·-
technique
de la fenêtre abdominale sur un animalanesthésié ;
cette méthodeest
uniquement subjective (truie : S EC xINGER,
1923;lapine :
WESTMAN,I9 z6).
Nous avons limité notre étude
principalement
au rôle des contractions musculaires et,compte
tenu des vitesses de passage, différentes dans les 2parties
de latrompe,
étudiéséparément l’ampoule
et l’isthme.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
SToutes les brebis utilisées
appartiennent
il la race ]le de France.Le début de l’cestrus est déterminé avec
précision
en utilisant trois fois par jour des béliers boute-en-train. Deplus, chaque
brebisreçoit
en début d’Œ’strus 800 11. 1. d’honnonegonadotrope sérique
afin de provoquer l’ovulation 24heuresplus
tard(O p TAVANT ,
THIBAULTet WIN’rI:NI;ExCLR, 1949).A) 1!:T{cIJE in ?!’!W.
Les animaux, à
jeun depuis
24heures, sont anesthésiés avec du chloral et duprotoxyde
d’azote.r.
Ampoule.
La vitesse de descente a été étudiée grâce :
- soit à des macrospores de
Sélaginelle
introduites dans chacune des trompes d’une brebis;- soit à des billes de matière
plastique
noire ayant la taille des œufs de brebis ;- soit à des paquets d’œufs de
lapine
fraîchement ovulés,imprégnés
de carbone et introduits dans chacune des trompes d’une brebis.Mais, tandis
qu’un
côté est replacé in sitit, l’autre est maintenu à la surface de l’ouverture médio-ventralepratiquée
dans l’abdomen pour accéder aux organesgénitaux.
Cette trompe soumise à des observations et filmée pendant i heure, estrégulièrement
humidifiée, alternativement avecdu Locke ou de l’eau distillée pour éviter une élévation localisée de la
pression osmoticlue
due àl’évaporation.
La trompe maintenue à l’extérieur est
placée
sur un support lui-même solidaire de la tourelle de la caméra. Cedispositif
permet de maintenir constante la distance de la trompe àl’objectif,
et d’éliminer les mouvements dus à la
respiration.
La mise aupoint
est réglée de manière à ce quel’image
soit environ le 1/3de l’objet. Nous avons utilisé un téléobjectif de 75mmAngénieux
montésur une caméra Webo M.
L’éclairage
est fourni par unelampe
basse tension à faisceauparallèle
avec filtre
anticalorique.
A la fin des observations, la
place occupée
par les œufs à l’intérieur dechaque
trompe est soi- gneusement notée, les organes replacés in situ et l’ouverture médio-ventrale recousue. On abat les animaux de i heure à 17 h. 3oaprès
la fin des observations.2 . Isthme.
Chez des brebis ayant ovulé
depuis
2jours,
2jours
1 f2 et3 jours,
on introduit dans les trompes utérines, en passant par lepavillon,
uneparticule
de matièreplastique
noire due l’on poussejusqu’à
l’endroit désiré.
Après
suturation et réveil, l’animal est abattu dans les 45 minutes à3 heures qui
suivent la fin de
l’opération.
B) ÉTUDES 272 vitro.
L’isthme, un cm
d’ampoule
et un cm de corne sont isolés après abattage. On introduit dansla
partie ampoulaire supérieure
unepetite particule
de matièreplastique
noire de la taille d’unoeuf, et on
place
aussitôt l’isthme dans une cuve à facesparallèles
contenant du Lockeoxygéné.
Nous utilisons
généralement
la trompe située du côté où s’estproduite
l’ovulation.L’extrémité ampoulaire de l’isthme est reliée au bras d’un levier très
léger qui
inscrit lescontractions sur un cylindre enregistreur, tandis que l’autre extrémité sectionnée de
l’organe
estlestée par une bille de verre mobile au fond de la cuve.
Sur l’isthme, on trace à l’encre de Chine des traits de
repère
distants de o,5cm.La température de la cuve est maintenue à
37 °C
par deux lampesphoto-flood disposées
àune distance convenable avec
interposition
d’une vitre anticalorique comme le montre lafigure
i.Un ventilateur
placé
latéralement permet unbrassage
convenable de l’air autour de la cuve pour éviter des échauffements localisés.Les mouvements de l’isthme et de la
particule
colorée sont filmés par la caméra située à unedistance telle que le rapport
image /objet
soitégal à 3 .
La caméra estplacée
sur unpied
télesco-pique
de manière àpouvoir
suivre,parallèlement
à l’axe de l’isthme la descente de laparticule.
Les mouvements de l’isthme ne sont pas
analysables
à l’oeil nu, leurrythme
étant trop lent, nousavons
essayé
de l’accélérer en ralentissant la vitesse desprises
de vues à r 5oimages /minute,
par l’intermédaire d’un moteur avec cameagissant
sur le déclencheur de la caméra. D’autre partl’analyse
détaillée des films et des mouvements dont ils font état a pu être faite grâce à un pro-jecteur
dont le déroulement est actionné à la main, ce qui permet de faire varier les vitesses deprojection
et de suivre image parimage
lephénomène
étudié.La transparence de l’isthme a été améliorée par un miroir
placé
derrière la cuve à facesparallèles.
L’isthme n’a pas été filmé constamment mais seulementpendant
lesdéplacements
dela
particule,
tandis que le début et la fin du fonctionnement de la caméra ont étésignalés
sur letracé correspondant du
cylindre
enregistreur.Dans une autre série
d’expériences,
laparticule
a étéremplacée
par une suspension de car-bone dans du Locke
remplissant
la totalité de l’isthme alorsligaturé
à ses deux extrémités ; lestraits de
repère
surl’organe
sontremplacés
par une échellegraduée
en 1 f2 cm,placée
derrière etvisible sur le film.
RÉSULTATS
A. AMPOULE I.
Étude globale
de descente!artielle.
Comme nous l’avons
exposé précédemment,
toutes les études faites surl’ampoule
ont dû être
poursuivies
chez l’animal vivant. Eneffet,
desexpériences préliminaires
poursuivies
sur desampoules
excitées maintenues en surviephysiologique
nous ontrévélé que, dans ces
conditions,
aucun mouvement nepeut
être décelé surl’ampoule.
Ces résultats sont
opposés
à cequ’on
obtient sur l’isthmequi
reste actif en culture in vitro.a)
Dans unepremière
séried’expériences,
nous avonsplacé
uneparticule
de ma-tière
plastique
dans l’une desampoules
d’une brebisanesthésiée,
et abattu l’animal 27 à 42 heuresplus
tard. Le tableau i montre que laparticule
aprogressé
seulementdans 2 cas sur
6 ;
dans tous les autres cas, elle est demeurée à saposition
initiale.b)
Enrépétant
cette mêmeexpérience
avec une macrospore deSélaginelle,
nous n’avons observé que 2 fois des descentesimportantes (tableau 2 ),
mais dans presque tous les cas la spore deSélaginelle
a parcouru un chemin nonnégligeable.
’
c)
Il semble dans ces conditions quel’aspect
extérieur du corpspuisse jouer
unrôle dans sa vitesse de
progression.
Comme on saitqu’au
moment de l’ovulation lesoeufs sont émis entourés des cellules de la corona, nous avons
placé,
dans lestrompes
d’unebrebis,
despaquets d’ovocytes vierges
delapine,
entourés des cellules de coronaradiata,
liées entre elles(tableau 3 ).
Onassiste,
même avec destemps
relativement courts, à uneprogression importante
des oeufs.Certes,
lapréhension
et le maintien transitoire de latrompe
hors del’organisme provoquent
souvent un œdèmequi
em-pêche
ledéplacement
des oeufsétrangers
delapine
ou seulement les ralentit du côtéopéré
parrapport
au côté témoinreplacé
in situ.Cependant,
dans cesconditions,
on constate une bien meilleure
progression
des oeufs delapine
entourés de leurs cel- lules de corona que des macrospores deSélaginelle
ou desparticules
de matièreplas- tique.
II.
Étude
de la traversée del’ampoule.
a)
Rôle des mouvements ciliairesSi la descente de l’oeuf était assurée par des mouvements ciliaires ou par des courants
liquides
créés par cesmouvements,
desparticules
de matièreplastique
oudes oeufs de
Sélaginelle
devraient descendreplus
facilement que des oeufs delapine
entourés des cellules de la corona radiata.
Quand
nous avonsremplacé
dans lestrompes
debrebis,
lesovocytes
delapine précédemment
utilisés par unesuspension
du bleu de Prusse
(BP),
ou d’encre de Chine(E C),
nous n’avons assisté à aucune pro-gression
de ces colorants. Ces résultatsnégatifs
infirmeraient l’existence d’un courantliquide
orienté.b)
Rôle des contractionsPendant ces
expériences,
nous avons pu observer depetites
contractions desampoules
suivies de laprogression
des oeufs.Nous avons donc
entrepris
une nouvelle séried’expériences
pour essayer d’ana-lyser
la motilité del’ampoule
en filmant lesdéplacements
des oeufsétrangers,
et cecien
changeant
le moinspossible
laposition
destrompes.
Comme les contractions seproduisent
à unrythme
assezlent,
nous avons filmé lesparties supérieure,
moyenneet inférieure de
l’ampoule
à différentes cadences deprises
de vue. Les seules observa- tionspossibles
ont été obtenues avec des filmspris
à la vitesse de I 50imageslminute.
Ceux-ci nous révèlent les faits suivants :
- Il existe des contractions
dirigées
de lapartie
ovarienne vers l’isthme.- Ce
péristaltisme
est de faibleamplitude.
- Il est localisé à certaines zones de
l’ampoule qui
neparaissent
pas associés à laprésence
des œufs.- Ce n’est
généralement
pas la même contractionqui parcourt
toutel’ampoule
de haut en
bas.
_Cette activité ne
paraît dépendre
ni du lieude l’ampoule considérée,
ni du moment del’ovulation,
les mouvements del’ampoule
restant les mêmes avant etaprès
l’ovula-tion,
comme le montre le tableau 4.En résumé.
La
progression
desoeufs,
et des cellules de la corona radiataqui
les entourent, serait due à unpéristaltisme
del’ampoule, pratiquement
invisible à l’ceil nu,plutôt
qu’aux
mouvements ciliaires.B. ISTHME I. -
Étude
in vivo.Des
expériences analogues
à cellesentreprises
surl’ampoule,
où l’on introduitune
particule
de matièreplastique
noire que l’on pousse deproche
enproche jusqu’au
lieu d’observation
désiré,
nous ont donné des résultats diamétralementopposés
auxprécédents.
Le tableau 5 nous montre que c’est seulement à
partir
de 3jours après l’ovulation,
qu’une particule placée
dans l’isthme a des chances de le franchirrapidement
etrégulièrement.
Contrairement à cequi
se passe dansl’ampoule,
lasphère
de matièreplastique peut
donc être entraînée comme un oeuf.II. -
Étude
in vitro.Compte
tenu des résultatsprécédent ,
ces études ont étéuniquement
faites enemployant
uneparticule
de matièreplastique
noirequi
étaitplacée
initialementen haut de l’isthme mais
pouvait
êtrepoussée
en coursd’expérience
vers le milieuou vers la
partie
inférieure de cet organe, à l’aide d’unepetite baguette.
Nous avons étudié les mouvements musculaires de l’isthme sur des brebis
prises
à des stades différents
après
l’ovulation(de quelques
heuresjusqu’à 4 jours) ;
sur desbrebis en anoestrus ; sur des brebis castrées et soumises à un traitement hormonal.
a)
Isthme orientéDans la cuve à
survie, l’organe
a étéplacé
l’extrémitéampoulaire
en haut etl’extrémité utérine en bas.
i
o Une à
cinq
heuresaprès
l’ovulation( 3 brebis).
- Laparticule
ne progresse pas et n’effectue que depetits
mouvements alternatifs de bas enhaut,
surplace,
ense maintenant au même niveau.
L’activité
laplus
nette de l’isthme consiste en des élon-gations
n’intéressant que des courtssegments.
2
° Un
jouv après
l’ovulation( 3 brebis).
-Lorsque
laparticule
estpoussée
versle milieu de l’isthme les contractions
antipéristaltiques
la ramènentrapidement
enhaut. La
particule
ne progresseguère plus
queprécédemment.
Dans un cascependant, poussée
vers le milieu de l’isthme elle descend de 3 cm etpoussée plus bas,
franchit seule lajonction
isthme-corne utérine. On décèle sur l’isthme des ondesd’antipéris-
taltisme
(graphique i).
3
°
Deuxjours après
l’ovulation( 2 brebis).
- Lesdéplacements
de laparticule
selimitent
toujours
à des mouvements de va-et-vient.Un
antipéristaltisme
de lapartie supérieure
de l’isthmes’oppose toujours
aupassage de la
particule.
Seules desprogressions
de 2à 3 cm ont été observées en pous- sant laparticule
vers le milieu.q.!
Deuxjours et
demiaprès
l’ovulation(6 brebis).
-Après
des mouvements de va-et-vientplus
ou moinsprolongés
au sommet del’isthme,
laparticule
le traverseen des
temps
variant de 6 à 45mn,puis
sort par l’extrémité ouverte de la corne utérine.L’activité
de l’isthme est à ce stade nettementplus importante,
des ondespéris- taltiques parcourent
toute salongueur
et,dirigées
del’ampoule
versl’utérus,
sont àl’origine
de lapropulsion
de laparticule, qui peut
être trèsrapide.
Les
contractionsantipéristaltiques
sontbeaucoup
moinsénergiques (graphique z.)
5° Troisjours après
l’ovulation( 15 brebis).
- Laparticule, après
des va-et-vient
plus
ou moinsnombreux,
franchit l’isthme en r5 à 3! mn. Lesgraphiques
destrajets
effectués sont assez semblables à ceux relevés à 2jours
et demi.L’activité
de l’isthme est alorsimportante,
on trouve à peuprès
tous les différentstypes
de mouvementsenregistrés jusqu’ici : torsion, constrictions, élongations, pé-
ristaltisme et
antipéristaltisme, qui peuvent
du reste,alternativement,
intéresser le mêmesegment (graphiques
3 et4 ).
6° Trois
jours
et demi etquatre jours après
l’ovulation. - Chez 4 brebis abattues 3jours
et demiaprès
l’ovulation et 3 autres, 4jours après
l’ovulation nous n’avons obtenu que dans 2cas une descenteappréciable.
Dans tous les autres cas, laparticule
n’effectue que de
petits déplacements. L’activité
de l’isthme ne semble pas être com-parable
à celleenregistrée
à 2jours
et demi et 3jours,
elle consiste surtout en constric-tions et en mouvements de torsion de la
trompe.
7
°
Brebis en anoestrus. - De la série des résultatsprécédents
semble sedégager
le fait que les mouvements de
l’isthme, qui permettent
à uneparticule
de le traverser, n’ont lieudu’en présence
d’un corpsjaune âgé
de 2jours
et demi à 3jours;
en dehorsde ce
délai,
l’isthme a sans doute uneactivité,
mais une activité non orientée ou malorientée pour assurer le
déplacement
des oeufs vers l’utérus. Pour vérifier cette cons-tatation,
nous avons fait uneexpérience
sur 6 brebis en anoestrus réel c’est-à-dire neprésentant
pas de corpsjaune,
même ancien.On constate que la
particule
sedéplace
très peu, elle est refoulée au sommet de l’isthme par une zoned’antipéristaltisme.
Si on la pousse pour lui faire franchir cetobstacle,
elle reste surplace
ou à tendance à remonter ; dans deux cas seulement nousl’avons vue effectuer une descente libre de 2à 3cm à la
partie
inférieure de l’isthme et sortir par la corne.L’activité
de l’isthme est assez réduite et semble être surtout loca- lisée à la moitiésupérieure
avecantipéristaltisme
dominant et torsion tandisqu’à
lamoitié inférieure dominent les
élongations.
8
0 Brebis castrées. - La castration
supprime également
toute activité de l’isthmeaucune
particule
nepouvant
alors leparcourir.
Un traitement combinéoestrogène- progestérone
ne le rétablit pas, il fautprocéder
à uneinjection
de o,i mg de benzoate d’cestradiol déclanchant l’oestrus suiviependant
deuxjours
de 5 mg deprogestérone par jour
pour que s’établisse une activitéqui permette
à uneparticule
le franchissement.Ceci confirme le fait maintenant
classique
quel’injection d’oestrogène
provoque leblocage
des oeufs dans lestrompes (B URDICK , E MERSON ,
etWxiTrrry, 1040 )
maisnon leur admission dans l’isthme.
b)
Isthme inverséDans la cuve à
survie, l’organe
a étéplacé
l’extrémité utérine en haut.W Deux
jours après
l’ovulation(q Brebis).
- Laparticule
ne franchit pas seule le sommet de l’isthme maispeut cependant
atteindre la corne utérine si on la pousse suffisamment loin dans l’isthme. Ceci est en accord avec les résultats trouvés dans lapremière
séried’expériences lorsque
l’isthme est enposition
« normale ». L’activitéde la
trompe
est alorscomparable
à celleenregistrée précédemment.
2
° Deux
jours
et demiaprès
l’ovulation( 2 Brebis).
- Laparticule peut
effectuerune
longue
remontée et arriver dans la corne , unantipéristaltisme
situé au sommet del’isthme fait « hésiter o la
particule.
3
0 Trois
jours après
l’ovulation( 3 Brebis).
- Comme dans lapremière
série d’ex-périences
on assiste soit à une remontée directe de laparticule
soit à une remontéeprogressive
vers la corne.Cette
correspondance
destrajets
suivis par laparticule
dans les 2 séries d’ex-périences
démontre bien que l’on nepeut
fairejouer
aucun rôle à lapesanteur
dansle mouvement de la
particule,
dans notrepremier
grouped’expériences
etqu’il s’agit uniquement
de l’influence des contractions musculaires(graphique 5 ).
II. - Nature des
pulsations de
l’isthme.Nous avons
complété
cette étude des mouvements musculaires de l’isthme eninjectant
dans la lumière unequantité juste
suffisante de carbone ensuspension
dansle Locke pour mettre en évidence la
lumière,
sans toutefois distendre l’isthme.L’enregistrement cinématographique
a été effectué deplus
loin de manière quel’image
couvre la totalité de l’isthme.L’étude a été faite sur des brebis deux
jours après l’ovulation,
l’activité de l’isthmecommençant
alors à êtreplus importante’que
dans lespremières
heuresqui
suivent l’ovulation.La lumière de l’isthme
n’apparaît
pas comme un canal continu mais comme unesérie de renflements
séparés
par desparties
à lumière réduite. Ces rétrécissements localisés sont dûs à des constrictionsqui
évoluent deplusieurs façons :
- la constriction
disparaît
encommençant
par l’extrémité situéeprès
de l’am-poule,
la lumière s’ouvreprogressivement
et se referme enpartant
du sommet. Elleimprime
au carbone un courantdirigé
versl’utérus, qui
est suivi d’uneremontée, quand
la constriction sereferme ;
ce mouvementexplique
les « hésitations » de laparticule ; lorsque
la constriction s’ouvrejusqu’au
ventresuivant,
laparticule
effec-tue une descente limitée.
- la
constriction,
au lieu d’êtrelocalisée,
sedéplace
sur tout unepartie
del’isthme,
constituant un mouvementpéristaltique.
Dans les
déplacements
de laparticule
ou del’oeuf,
ce sont les mouvementsperis- taltiques qui
sont lesplus
efficaces. Nous avons vu que l’existence d’ondes anti-péristaltiques
est très accusée dans les deuxjours qui
suiventl’ovulation,
comme en rendcompte l’enregistrement
n° i où larépétition
depériodes
semblables est la mani- festation de ces ondes. Deuxjours
et demiaprès
l’ovulation les ondespéristaltiques
favorisant le passage de l’oeuf sont
également
visibles surl’enregistrement
n° 2.CONCLUSIONS
Il semble que l’on
puisse
conclure de ces recherches que les différentstypes
de contractions musculaires dontl’ampoule
et l’isthme sont lesiège permettent d’expli-
quer aisément les différentes
étapes
du cheminement de l’oeuf dans l’oviducte.Les contractions
péristaltiques
del’ampoule,
de faibleamplitude,
ne sont pascapables
de mouvoir desparticules
deplastique
de même taille que les oeufs mais seu-lement les
ovocytes
eux-mêmes entourés de leurs cellules coronaires. Certes on sait<
l
ue chez les Ruminants
l’ovocyte perd
très vite sonenveloppe
cellulaire mais aussi- tôtaprès
l’ovulationpendant
le début de laprogression
il en est encore au moins par- tiellement entouré.Les mouvements ciliaires
n’expliquent
pas laprogression
des ovocytes dans l’am-poule après
l’ovulationpuisque
nous n’avonsjamais
observé dedéplacement
dansl’ampoule
in vitro alors que les cils continuent à battre. Ilspeuvent
toutefoisagir
surdes
corpuscules
de très faible diamètrepuisque
des auteurs ontsignalé
que desparti-
cules
placées
dans l’abdomen étaient retrouvées dans le tractusgénital.
L’existence de courants
liquides
aégalement
étéinvoquée,
il semble bien que de tels courants nepuissent
être en causepuisque l’absorption
des sécrétions tubaires alieu par les
franges
dupavillon
et non par élimination versl’utérus ;
laligature
de lapartie
terminale de latrompe
conduisant à ungonflement
considérable de celle-ci par suite d’un arrêt de larésorption liquide.
Dans
l’isthme,
nous avons montré l’existence de contractions musculaires anti-péristaltiques puissantes pendant
les 60 heuresqui
suivent l’ovulation. Ces contrac-tions maintiennent les oeufs à la limite de
l’ampoule
et de l’isthmependant
environ4
8
heures enparticulier
pourl’isthme,
la concordance absolue des faitsenregistrés
invitro avec ceux observés in
vivo,
nouspermet
de penser que les mécanismes muscu-laires décrits sont bien ceux
qui
sont en cause in vivo. Puis ces contractions s’affai- blissent et les mouvementspéristaltiques peuvent
alors aisément assurer le transitde l’œuf vers l’utérus.
Reçu
enjuin
1960.SUMMARY
THE MOVEMENTS OF THE FALLOPIAN TUBES AND THE DESCENT OF EGGS IN THE EWE
The
motility
of theFallopian
tube and its role in the passage of thedeveloping
egg was studiedby
means of slow motion films( 2
to 3 frames/second).The
study
carried out both in vitro and in vivo for the isthmus andonly
in vivo for theampulla
since most of the muscular movementsdisappear
in the isolatedampulla.
By
placing
either stained oocytes or blackplastic particles
of the same size or even carbonin
suspension
in Locke’s solution, in theportion
of the tube to be studied, it waspossible
to showthe existence of slow
peristaltic
contractions in theampulla
which ensure the advance,to the isthmus, of the
freshly
released oocyte stillentirely
orpartly
surroundedby
its corona cells.During
the 48-60hours which follow ovulation, strongantiperistaltic
movements occur in the isth-mus which maintain the egg at the
junction
of the isthmus with theampulla ;
it is theperistaltic
movements
affecting
either the whole oronly portions
of the isthmus whicheventually
carry the egg into the uterine horn.The different kinds of contractions were also initiated
experimentally by altering
the oestrogen- progesteroneequilibrium
of thepreviously
castrated ewe.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
B ERNSTE
IN F. FERESTER M., 1940. Estrogenic effects upon tubal contractility and the vaginal secretion
in the menopause. EndocYinol. 26, 247-252. B
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