VALEUR ALIMENTAIRE DU MAÏS FOURRAGE
III. —
INFLUENCE DE LA COMPOSITION
ET DES
CARACTÉRISTIQUES
FERMENTAIRES SUR LADIGESTIBILITÉ
ET L’INGESTIBILITÉ DES ENSILAGES DE MAÏS
J. ANDRIEU C. DEMARQUILLY
J.-M. BOISSAU,H. BOUSQUET, Jacqueline JAMOT,Marie AILLER L. L’HOTELIER Station de Recherches sur
l’Élevage
des Ruminants,Centre de Recherches de Clermont Ferrand, I. N. R. A., Theix, 63110 Beaumont
RÉSUMÉ
Cette étude, qui porte essentiellement sur 35 ensilages de maïs plante entière sans additif,
se propose de dégager une interprétation générale sur les facteurs de variation de la composition
et de la valeur alimentaire des ensilages de maïs.
1
° Il existe des liaisons assez étroites entre la composition chimique des ensilages (matière sèche, cendres, matières azotées, cellulose brute) et la composition morphologique et chimique
de la plante sur pied correspondante. Les teneurs en cendres, en matières azotées et en cellulose brute sont un peu plus élevées dans les ensilages que dans la plante sur pied, respectivement de
0
,7 ; q,g et 7,2 p. 100. Cet accroissement est comparable dans le cas de la cellulose brute et de l’ami- don, ce qui semblerait indiquer que ce dernier constituant échappe aux fermentations.
2
° A partir des glucides solubles, qui ont disparu presque totalement, les fermentations ont donné naissance essentiellement à de l’acide lactique et à des quantités peu variables d’acides gras volatils : les teneurs moyennes en acides lactique, acétique et propionique ont été respec- tivement de 45,5 ! I3!5 et 0,3 g/kg de MS. Peu variable d’un ensilage à l’autre, le pH a toujours
atteint des valeurs inférieures à 4,0ce qui n’a pas permis à la fermentation butyrique de se déve- lopper. Si la proportion d’azote soluble (exprimée en p. 100 de l’azote total) a presque doublé durant la conservation (elle est passée en moyenne de 26 p. 100dans la plante sur pied à 47 p. 100 dans les ensilages), la formation d’azote ammoniacal a été, par contre, très faible et peu variable
( 4 ,
7 p. 100 d’azote sous forme ammoniacale en moyenne). Les liaisons entre les principales caractéristiques fermentaires et la composition de la plante sur pied sont, d’une manière générale, faibles ; seule, la teneur en acide acétique des ensilages a varié en sens inverse de la teneur en
matière sèche et dans le même sens que la teneur en glucides solubles de la plante sur pied corres- pondante.
2
° Les pertes de matière sèche durant la conservation (jus + gaz) qui ont été en moyenne de 8 p. 100n’ont pas pu être reliées aux principales caractéristiques de la conservation.
3
0 La digestibilité de la matière organique des 3j ensilages distribués seuls et à volonté a
été liée étroitement à leur teneur en matières azotées totales, tout au moins lorsque cette dernière
est restée inférieure à 8,5 p. 100. La digestibilité des 29 ensilages, dont la teneur en azote ne constituait pas un facteur limitant, a été peu variable et en moyenne de 71,1 p. 100soit 0,76 UF/kg
de MS. Elle a été indépendante du stade de végétation de la plante et de ses principaux critères (teneurs en matière sèche et en cellulose brute notamment). Elle n’a pu être estimée de façon
satisfaisante qu’à partir de la teneur en épi de la plante ensilée après le stade pâteux (i. e. à partir
de 27-28 p. 100 de matière sèche). La teneur en matières azotées digestibles (Y), qui a été en
moyenne de 42 g/kg de matière sèche dans le cas des 29ensilages « normaux n, a été essentielle- ment fonction de la teneur en matières azotées (x) :
4
° L’ingestibilité, qui a été plus variable que la digestibilité, a été en moyenne de 49,8 ! 8,3g g de matière sèche/kg P°!°6. Comme cette dernière, elle a été étroitement liée à la tdneur en matières azotées des ensilages, et cela, jusqu’à une teneur d’environ 9-10 p. 100. Dans le cas des ensilages,
dont la teneur en matières azotées ne constituait pas un facteur limitant, elle a été moyenne de 51
,
9 g et indépendante des principaux critères du stade de végétation de la plante à la récolte
(teneur en matière sèche et en épi), de la digestibilité des ensilages et des caractéristiques fermen-
taires (elle a eu cependant tendance à diminuer légèrement quand les teneurs en acides gras vola- tils totaux et en acide acétique augmentaient). Les causes exactes des variations de l’ingestibilité
et donc de la valeur alimentaire sont mal connues.
INTRODUCTION
Dans la
publication précédente (A NDRI E U
etD EM . 4RQUILLV , i 973 ),
nous avonsregroupé
par thème l’influence de différents facteurs sur la valeur alimentaire desensilages
de maïs : stade de maturité à larécolte, variété,
conditions demilieu, peuplement,
additiond’urée,
etc...Nous nous proposons, dans cette deuxième
partie, d’analyser
les liaisons éven- tuellesqui peuvent
exister entre lacomposition chimique
de laplante
et les carac-téristiques
fermentaires del’ensilage,
ou entre ces dernières et ladigestibilité
ou l’in-gestibilité (c’est-à-dire
laquantité
de matière sèche volontairementingérée
par l’ani-mal)
del’ensilage,
pour essayer dedégager
uneinterprétation générale
sur les fac-teurs de variation de la
composition
et de la valeur alimentaire desensilages
demaïs.
L’étude
porte
sur les 35ensilages
de maïsplante
entière sans additifauxquels
nous
adjoindrons parfois
les 18ensilages
avec urée.Préparés
àpartir
de7 variétés appartenant
aux groupes deprécocité
I etII,
cesensilages
ont été récoltés en moyenne13
6 jours après
le semis soit 51jours ( 3 8
à6 3 ) après
la floraison femelle. Les carac-téristiques
exactes de cesensilages,
les méthodes d’études et lesanalyses
effectuéesont été
exposées
dans lapublication précédente.
RÉSULTATS
Les
principaux
résultats concernant lacomposition
et la valeur alimentaire desensilages
de maïsplante
entièrefigurent
dans le tableau i.Composition morphologique
de laplante
Les teneurs en
limbes, tiges
-i-gaines
etépis (avec
leursspathes)
des maïsqui
avaientpoussé
dans de bonnes conditions(c’est-à-dire
tous, sauf ceux cultivés à Montoldre en1970 ),
ont été en moyennerespectivement
de 10,7p. 100(8,o
àI3 ,o), 26,4
p. Ioo( 1 8,6
à31 ,5)
et6 2 ,8
p. Ioo(56,o
à 72,4p.I oo).
L’évolution de la compo- sitionmorphologique
de ces maïs, que nous avons suivie entre la floraison et la matu- ritéphysiologique
dugrain
àpartir
deprélèvements
hebdomadaires de Ioplantes,
a été
analogue
à celle que nous avions observée dans une étudepréliminaire (AwDItW u, ig6g) ;
notamment lapart
del’épi
dans laplante
aaugmenté
defaçon importante :
de l’ordre de Io-1 p. Ioo à la floraison, elle a atteint
pratiquement
sa valeur maxi-mum
(6 0
à 70 p.I oo)
au stadepâteux-vitreux
ou vitreux dugrain.
Laproportion d’épis
de ces maïs àl’approche
de la maturité a étéindépendante
desquantités
dematière sèche de
grain
ou defourrage qu’ils
ontproduites
à l’hectare :ainsi,
à Mon- toldre enI g6g,
les maïs dont la teneur enépi
était élevée etsupérieure
à celle desmaïs cultivés la même année à Clermont-Ferrand
( 70 ,5
p. 100 contre6 4 ,6
p.I oo)
ont
produit
unequantité
degrain
sec par hectare nettement inférieure( 40 ,5
contre65,o quintaux).
Par contre, dans le cas des maïs cultivés à Montoidre en 1970, maïs
qui
avaientsouffert de l’humidité des sols à la levée
puis
d’une forte sécheresseestivale,
lepourcentage d’épis
dans laplante
a cessé de croître très tôt(environ
30 à 35jours après
la floraison contre55-6 0 jours
dans le cas des maïs citésplus haut).
De cefait,
lacomposition
moyenne de ces maïs lejour
de la récolte a été sensiblement différente de celle des maïs normaux : les teneurs moyennes enlimbes, tiges
-+-gaines
etépis
ont été
respectivement
de1 2,6
p. 100 ; 33,3 p. Ioo et 54,1 p. 100.Relations entre la
composition
de laplante
sur!ied
et celle de la!la7zte
ensiléeTeneuv en matière sèche.
La teneur en matière sèche des 35
ensilages
deplante
entière a été en moyenne de 29,2!
3,2 p. 100.Les teneurs en matière sèche de
l’ensilage (Y)
et de laplante
surpied
corres-pondante
hachée etprête
à être ensilée(x)
ont été étroitement liées par la relation suivante :Les
pertes
sous forme dejus
semblent avoir été faibles dans nos conditionsexpé-
rimentales
puisque,
au-dessus d’une teneur en matière sèche de 25,7 p. 100,l’aug-
mentation de la teneur en matière sèche
qui
en est résultée a étécompensée
par laperte
de matière sèche volatile lors des fermentations et duséchage
à l’étuve.Teneurs en
cezadres,
en matières azotéestotales,
ez-a cellulosebrute,
englucides
et cil amidon.Les teneurs en
cendres,
en matières azotées et en cellulose brute des 29ensilages
« normaux » ont été relativement peu variables et en moyenne de 5,5,!
0,77 p. 100,8,32 !
0,94p. ioo et1 8, 9 6 ± 2 , 2 6
p. ioo. Par contre, les 6 ensi-lages
réalisés à l!Tontoldre en 1 g70 ont eu des teneurs moyennes en cendres et en cellulosebrute un peu
plus élevées,
elles ont étérespectivement
de5, 5 8 !
0,49 p. ioo et de21 ,88 !
I,Ig p. ioo, et surtout, des teneurs en matières azotées bienplus
faibles(5,43 ±
0!52 P.1 00 ).
La
composition chimique
desensilages
de maïsdépend
étroitement de celle de laplante
surpied correspondante :
où YI, Y, et Y3
représentent respectivement
les teneurs en cendres, en matièresazotées et en cellulose brute de
l’ensilage
et xl, x2 et x, celles de laplante
surpied correspondante.
Il ressort de ceséquations
que les teneurs en ces différents consti- tuants sont un peuplus
élevées dans lesensilages
que dans laplante
surpied, respectivement
de o,! ; 4,3 et 7,2 p. IOO pour lescendres,
les matières azotées et la cellulose brute. Cetteaugmentation
traduit essentiellement le fait que lespertes
ences constituants lors du processus
d’ensilage (jus, gaz)
ou duséchage
à l’étuve(pro-
duits
volatils)
sontplus
faibles que celles du reste de la matière sèche.Les teneurs en cendres
(Y,)
et en cellulose(Y 2 )
desensilages correspondant
àdes maïs normalement
développés, dépendent
essentiellement du stade de récolte et donc de leur teneur en matière sèche(x).
Il convient
cependant
designaler
que l’influence du stade de récolte est d’au- tantplus
réduite que l’on serapproche
de lamaturité ;
eneffet,
siparmi
les 2g ensi-lages
normaux on ne considère que les 21 dont la teneur en matière sèche estsupé-
rieure à 27 p. ioo, les relations citées
plus
haut ne sontplus significatives.
La teneur en matières azotées des
ensilages
a étéindépendante
du stade de récolte et a été variable suivant les conditions demilieu ;
lacomparaison
des teneursmoyennes des
ensilages
réalisés en 1970 àpartir
des mêmes variétés soit à Mon- toldre(5, 43
p.ioo)
soit à Clermont-Ferrand«), 45
p.ioo)
le fait clairementapparaître.
Comme le montre la relation
suivante,
la teneur englucides
solubles de laplante
à la mise en silo
(Y), qui
a été en moyenne de 11,4 p. ioo dans le cas des maïs nor-maux, a varié en sens inverse de la teneur en matière sèche
(x) :
Celle des
ensilages
a été très faible(en
moyenneo,8
p. IOO de la matièresèche)
et
indépendante
de leur stade de récolte. la teneur en amidon de laplante
lors dela mise en
silo, qui
a été en moyenne de 22,5 p. ioo, a été d’autantplus
élevée quesa teneur en matière sèche
(x)
étaitplus
élevée :pour les 23 des 29 maïs normaux dont la teneur en amidon a été déterminée lors de la mise en silo. Au cours du processus
d’ensilage,
l’amidon semble avoiréchappé
totalement aux fermentations : en
effet,
l’accroissement de la teneur en amidon de la matière sèche durant la conservation a été en moyenne deio,8
p. ioo sur labase de la matière sèche
corrigée
et donclégèrement supérieur
à celui observé dans le cas de cellulose brute(g, I
p.ioo) ;
or, on sait que la cellulose brute n’estprati- quement
pasdégradée
par lesmicroorganismes
durant la conservation.Ferniciitatioiis et
pertes
d’élémentsnutritifs Modifications
de lafraction glucidique.
A
partir
desglucides solubles,
les fermentations ont donné naissance à des quan- tités d’acidesorganiques,
notamment d’acides grasvolatils,
relativement peuimpor-
tantes et surtout peu variables si on les compare à celles des
ensilages
d’herbe(tabl. z).
En
effet,
les teneurs en acidelactique
et en acides gras volatils totaux des 35 ensi-lages
ont étérespectivement
en moyenne de45,5 !
9,0 g et225,0 ! 63,7
m3Iolespar
kg
de matière sèche alorsqu’elles
ont été de 54,i! 33 ,8
et717
35o m3,Ioles dans le cas des 57ensilages
d’herbe et de trèfle violetfabriqués
dans des silos de mêmetype
et étudiés parDE MARQUIHY (r 973 ).
Les acides gras volatils formés sont presque entièrement constitués par de l’acideacétique :
les 35ensilages
contenaient enmoyenne 13,5
!
3,7 g d’acideacétique,
des traces d’acidepropionique
et o,3!
0,4 g d’acidebutyrique
parkg
de matière sèche. Les fermentationsqui
seproduisent
dansl’ensilage
de maïs sont essentiellement detype lactique.
Lesquantités
d’acides acé-tique
formées ont été d’autantplus
faibles que le stade devégétation
de laplante
à la récolte était
plus
tardif. La diminution de la teneur en acideacétique (Y)
avecle stade de récolte résulte à la fois de
l’augmentation
de la teneur en matière sèche(x i
)
del’ensilage
et de la diminution de la teneur englucides
solubles(x,)
de laplante
mise dans le silo comme le montre la relation suivante :
En
revanche,
la teneur en acidelactique (Y)
estindépendante
de la teneuren matière sèche des
ensilages (r
= — o,i5 nonsignificatif)
et est liée faiblementà leur teneur en
glucides
solubles :Les
quantités
d’acidelactique
et, à un moindredegré,
d’acideacétique formées,
ont entraîné un abaissement
important
dupH ;
celui-ci a étésignificativement
liéaux teneurs en acides
lactique
etacétique :
r a étérespectivement égal
à -0 ,56 0 ***
*et -
0 , 4 66 **
pour n = 35. Peu variable d’unensilage
àl’autre,
lepH
a été enmoyenne de
3 ,8
et a ététoujours
inférieur à q.,o. Il a étéindépendant
de la teneur enmatière sèche de la
plante
lors de la mise en silo et de celle del’ensilage,
peudépen-
dant de la teneur en
glucides
solubles de laplante
à la mise en silo(r
= —0 , 31 6 ; significatif
à P <o, Io)
mais aaugmenté significativement
avec la teneur en amidonde la
plante
à la mise en silo(r
= +0 , 450 *
pour les 23ensilages
issus de maïs nor-maux dont la teneur en amidon de la
plante
surpied
a étédéterminée). I,’abaisse-
ment vers
3 ,8
dupH
ainterrompu
l’activité fermentaire avant que la totalité desglucides
solubles n’ait été fermentée et n’apratiquement
paspermis
à la fermenta-tion
butyrique
de sedévelopper.
En moyenne, ioo g de
glucides
solublesdisparus
ont donné naissance à 42,2 g d’acidelactique,
m,! g d’acideacétique,
0,27g d’acidepropionique
et 0,22 g d’acidebutyrique
soit au total à5 4 ,6
g d’acidesorganiques.
M odificatio ll
s
de lafraction
azotée.I,a conservation par
l’ensilage
a entraîné des modificationsimportantes
dansla
composition
des matièresazotées ;
notamment, laproportion
d’azote soluble(exprimée
enpourcentage
de l’azotetotal)
estpassée
de 25,ç p. ioo dans le cas desplantes
surpied (de
20,4 à 35,5 p.100 )
à4 6,6
p. IOOdans le cas desensilages corres-
pondants (de
33,3 à66, 4
p.I oo).
Cetteaugmentation
a été d’autantplus
faible que la teneur en matière sèche desensilages
était élevée et donc que le stade de récolte étaitplus
tardif(fig. i).
La
proportion
d’azote sous forme ammoniacale des 35ensilages
étudiés est restéefaible
puisqu’elle
a été en moyenne de 4,7!
1,0 et, à la différence desensilages d’herbe,
a varié dans des limites étroites(de 1 ,6
à6, 4
p. ioo,fig. r).
Bien que le pour-centage
d’azotedégradé
en ammoniac des 35ensilages
de maïsplante
entière soitresté faible et peu
variable,
il acependant
été d’autantplus
faible que lepH
de l’en-silage
étaitplus
bas(r
= —o,5q<!’!‘**),
cequi
estclassique,
mais il a curieusementaugmenté
en mêmetemps
que la teneur en acidelactique (r
= -!0 ,5 27 ** )
et surtouten acide
acétique (r
= !-0 , 742 **
Il =35 ).
Il semble donc que la formation d’am- moniac dans lesensilages
de maïs résulte essentiellement des fermentations donnant naissance aux acideslactique
etacétique,
alors que dans lesensilages d’herbe,
elleprovient
essentiellement des fermentationsbutyriques.
Pertes d’élémevcts
nutvitifs
duvarzt la conservation.Dans les résultats
qui
vont suivre toutes les teneurs en matière sèche d’ensi-lage
ont étécorrigées
pour lespertes
de matière sèche volatile lors duséchage
à l’étuve.Dans le cas des 35
ensilages
lespertes
de matière sèche durant la conservation(c’est-à-dire
celles résultant essentiellement dedégagements
gazeux et accessoire- ment dans notre cas d’écoulement dejus)
ont été en moyenne de7 ,8 ±
4,5 p. 100. Si on inclut dans lespertes
lesquantités
de matière sèche inconsommables trouvéesen surface à l’ouverture du silo
(moisi),
lespertes
ont été en moyenneplus
élevéeset plus
variables : c!,3!
5,7 p. ioo. Lespertes
de matière sèchecorrespondant
à l’écou-lement des
jus
et audégagement
de gaz ont eu tendance à être d’autantplus impor-
tantes que l’herméticité des silos était moins bonne et que la
quantité d’oxygène emprisonnée
dans les siloshermétiques
étaitplus importante :
lespertes
sontpassées
de g,4
!
3,9 p. ioo dans les cas des 8 silos en boisgainés
intérieurement d’un filmplastique (silos étanches)
à8.6 ± 4 ,6
p. IOO dans le cas des 19 silos enbutyl (silos hermétiques)
danslesquels
le vide n’avait pas été fait et à 4,4!
2,7 p. ioo dans lecas des 8 silos en
butyl
danslesquels
on avait fait le vide. Si lespertes
sous forme dejus
et de gaz ont diminué de manièresignificative quand
la teneur en matière sèche desensilages augmentait (r
= —o,3c!2*),
etdonc, quand
le stade de récolte étaitplus tardif,
par contre, il n’a pas étépossible
de les relier aupH,
à la teneur en azoteammoniacal ainsi
qu’à
la teneur en acidelactique
desensilages. Cependant,
ellesont eu tendance à varier dans le même sens que leur teneur en acides gras volatils totaux
(r
= +0 , 23 6 ;
nonsignificatif).
Influence de la comfiosition
deseiasilages
de maïs sur leur valeur nutritiveDigestibilité
de la matièreorganique.
A moins que cela ne soit
spécifié,
les résultats dedigestibilité présentés
icin’ont pas été
corrigés
pour lespertes
de matière sèche volatile lors duséchage
àl’étuve. En
effet,
cespertes
ont entraîné une sous-estimation moyenne de ladiges-
tibilité des
ensilages
deo,6 point
seulement.Le coefficient de
digestibilité
de la matièreorganique
des 29ensilages
normauxa été relativement peu variable et en moyenne de
70,5 !
2,3 p. 100(soit
71,1 p. 100après correction).
La variationplus importante
dedigestibilité
observéequand
onconsidère l’ensemble des 35
ensilages (de 57 ,8
à 74,9 p. ioQ) est due aux 6ensilages
réalisés à Montoldre en 1970 ; en
effet,
ladigestibilité
de ces 6ensilages
a étéplus
faible et
plus
variable(en
moyenne62,7 !
3,9p.zoo).
Cette variation doit traduire essentiellement celle de ladigestibilité
desplantes
surpied correspondantes puisque,
comme nous l’avons vu dans la
première partie,
la diminution dedigestibilité
entrela
plante
surpied
etla plante
ensilée est nulle. le coefficient dedigestibilité (Y)
de la matière
organique
des 35ensilages
distribués seuls à volonté a été lié d’une manière curvilinéaire a leur teneur en matières azotées(x) (fig. 2 )
Le coefficient de
digestibilité
a doncaugmenté
avec la teneur en matières azotées totalesjusqu’à
ce que celle-ciatteigne 8, 3
p. IOO. Ilapparaît
doncqu’en
dessous de8,o
à8, 5
p. ioo environ la teneur en matières azotées de laplante
de maïs distribuéeseule aux moutons soit un facteur limitant de la croissance des
micro-organismes présents
dans le rumen etresponsables
de ladigestion.
Au-delà de cette valeur de 8ou
8,5
p. IOOil n’existeplus
de liaison entre ladigestibilité
desensilages
et leur teneuren matières azotées. C’est le cas notamment si on ne considère que les 2g
ensilages
normaux dont la teneur en matières azotées était de
8, 3 !
o,g p. zoo. Cela ressortait aussi descomparaisons portant
sur lesensilages
avec et sans urée(cf. publication précédente).
Afin d’éviter les interférences avec ce
phénomène
nous nous limiterons donc dans la suite de cetteétude,
aux facteurs de variation de ladigestibilité
de la matièreorganique
de ces 2gensilages
de maïs normaux.Il n’existe aucune liaison
significative
entre le coefficient dedigestibilité
des 2g
ensilages
normaux et lesprincipaux
critères du stade devégétation
de laplante
à la récolte comme le nombre de
jours
écoulésdepuis
la floraisonfemelle,
les teneursen matière sèche et en cellulose brute des
ensilages (fig. 2 ).
L’épi
étantbeaucoup plus digestible
que le reste de laplante,
onpourrait
penserqu’il
existe une liaison entre ladigestibilité
de laplante
et lepourcentage d’épis
dans la
plante.
Enfait,
comme l’a montréD EM .4 RQUII , 1 ,v (ig6o)
dans le cas de laplante
surpied,
il n’en est rien pour un maïs donné considéré àplusieurs
stades dematurité. En
revanche, lorsque
lepourcentage d’épis n’augmente plus
ou très fai-blement,
cequi
se passe dès la fin du stadepâteux,
c’est-à-direquand
la teneuren matière sèche de la
plante
atteint27 - 2 8
p. ioo et celle del’épi complet
35 p. 100environ,
les différences dans lespourcentages d’épis
observées entre les maïs suivantles essais
peuvent expliquer
les différences dedigestibilité
observées : eneffet,
sinous ne retenons que les
ensilages
dont les teneurs en matière sèche et en matièresazotées
(pour
que cette dernière ne soit pas facteur limitant de ladigestion)
sontsupérieures respectivement
à 27 et g p. ioo, nous observons une liaison étroite(P
<o,ooi)
entre ladigestibilité (Y)
de la matièreorganique
desensilages
et lepourcentage d’épis (x)
dans lesensilages,
ces deux valeurs étant liées parl’équation :
Y =
0,36o x + 49,242 :Í:: I,38
r =-i- 0,796 ***
n = 2r ILa valeur
énergétique,
dont les facteurs de variation sontidentiques
à ceux dela
digestibilité
de la matièreorganique,
a été estimée pourchaque ensilage
àpartir
de leur teneur en matière
organique digestible (MOD)
et en matièreorganique
nondigestible (MOND), exprimée
chacune en g parkg
de matière sèche par, la formuleproposée
par BREIREM( I g5 4 )
pour lesfourrages :
, ! ! - ! ! ! - !!!
La valeur
énergétique
desensilages
normaux a été en moyenne de0,75::f::
0,05 UF(soit 0 , 7 6
UFaprès
correction pour lespertes
àl’étuve).
Elle a étéplus
faible etplus
variable( 0 , 59 ! 0 , 0 8 UF)
dans le cas des 6ensilages
réalisés àMontoldre en 1970.
La valeur
énergétique
desensilages (Y),
dont les teneurs en matière sèche et enmatières azotées sont
supérieures respectivement
à 27 et 9 p. ioo,peut
être estiméeà
partir
dupourcentage d’épi (x) grâce
à la relation suivante :Digestibilité
des matièyes azotées.Le coefficient de
digestibilité apparente
des matières azotées des 35ensilages
a été en moyenne de q7,3 p. ioo.
Cependant,
comme onpouvait s’y attendre,
il a varié dans des limites assezlarges (de 22 ,8
à 71,9p.ioo) puisqu’il dépend
essentielle- ment de la teneur en matières azotées desensilages (x) :
Si on tient
compte
des 18ensilages
avec urée cette relation devient la suivante :Il en résulte que la teneur en matières azotées
digestibles (Y en
p.ioo)
de l’en-semble des
ensilages (avec
ou sansurée)
a été liée étroitement(r
= +o, 9 86 *** )
à leur teneur en matières azotées totales
(x
en p.ioo)
par la relation suivante :I,a teneur en matières azotées non
digestibles ayant
été peu variable(en
moyennede 3,95
iL 0 , 3 8
p.I oo),
il sera doncpossible
d’estimer avec uneprécision
satisfai-sante la teneur en matières azotées
digestibles
desensilages
de maïs avec ou sansurée
(Y en
p.ioo)
àpartir
de la relationsimple
suivante :Digestibilité
de la cellulose brute.Le coefficient de
digestibilité
de la cellulose brute des 2c!ensilages
normaux aété en moyenne de
5 3 ,o i 6, 7
p. ioo. Il a étéindépendant
de la teneur en matièresazotées et a diminué avec
l’âge
de laplante.
Il a donc varié dans le même sens que la teneur en cellulose brute. Al’inverse.
il aaugmenté significativement (P
<0 , 05 )
avec la teneur en matières azotées et a été
indépendant
de la teneur en cellulose brutelorsque
la teneur en matières azotées desensilages
a varié dans les limitesplus larges (cas
des 35ensilages).
Influence
de lacomposition
desensilages
sur leuringestibilité
I,’ingestibilité
des 35ensilages, qui
a été en moyenne de49 ,8 ± 8, 3
g de matière sèche parkg
PO,?5(soit 5 0 ,8
gaprès
correction pour lespertes
àl’étuve),
a étéplus
variable que la
digestibilité.
Parrapport
à celle desensilages d’herbe,
elle a été élevée etbeaucoup
moins variable. Elle a été étroitement liée à leur teneur enmatières azotées
(x)
par la relation suivante :Il ressort de cette
équation qu’au-delà
d’une teneur en matières azotées d’en- viron 9-io p. iool’ingestibilité
desensilages
de maïs distribués seulsest indépendante
de leur teneur en matières azotées.
En
revanche, l’ingestibilité
des 35ensilages
a étéindépendante
de leur teneuren matière sèche et donc du stade de
végétation
de laplante
à la récolte(fig. 4 ).
Il en est de même si on ne
considère, parmi
l’ensemble desensilages (avec
ou sansurée)
que les 21 dont les teneurs en matières azotées sontsupérieures
à 9 p. ioo.De même, les différences
d’ingestibilité
entre lesensilages
nepeuvent
pas s’ex-pliquer
par des différences dedigestibilité.
S’il existe en effet une liaisonsignificative (r
= !-0 , 393 * )
entrel’ingestibilité
des 35ensilages
et ladigestibilité
de la matièreorganique
cette liaison n’est duequ’aux
6ensilages
récoltés à Montoldre en 1970 dontl’ingestibilité
et ladigestibilité
étaientbeaucoup plus
faibles que celle des autresensilages.
Enrevanche,
il n’existe pas de liaisonsignificative
entrel’ingestibilité
et la
digestibilité
des 2gensilages
normaux. &dquo;A la différence de ce que nous avions observé dans le cas de la
digestibilité
desensilages
dont les teneurs en matière sèche et en matières azotées étaientrespective-
ment
supérieures
à 27 et 9 p. ioo, nous n’avons observé aucune liaison entrel’inges-
tibilité et laproportion d’épi
dans lesensilages.
Contrairement aux
ensilages d’herbe,
l’influence desprincipales caractéristiques
de la conservation
sur l’ingestibilité
desensilages
a été trèsfaible, mais
il est vrai que lescaractéristiques
de la conservation ont été excellentes et peu variables.En
particulier, l’ingestibilité
des 35ensilages
n’apu
être reliée ni aux variations depH
ni aux variations de teneurs en azote ammoniacal.Cependant, l’ingestibilité
des 35
ensilages
a eu tendance(r
= —0 , 342
; P <
0 , 05 )
à diminerquand
la teneuren acides gras volatils totaux
augmentait (en
moyenne de 4,5g/kg
P°>?5 pourioo
mMoles/kg
deMS).
Demême,
dans le cas des 2iensilages
avec ou sansurée,
dontles teneurs en matières azotées ne constituaient pas un facteur limitant
( > à
g p.100 ),
l’ingestibilité (Y)
a dimmuéquand
les teneurs en acides gras volatils totaux(x a
enmMoleslkg
deMS)
et en acideacétique (x 2
eng/kg
deMS) augmentaient :
Valeur alimentaive
La valeur alimentaire des 35
ensilages
demaïs,
que l’onpeut
caractériser par laquantité
de matièreorganique digestible
volontairementingérée,
estplus
élevéeque celle des
ensilages
degraminées : 32,6 ! 6, 2
g contre27,4 !
7,0g/kg
P°.?5. Celarésulte à la fois d’une valeur nutritive et d’une
ingestibilité
élevées.Élevée,
la valeuralimentaire des
ensilages
de maïs estégalement
peu variable tout au moinslorsque
la teneur en azote de la ration ne constitue pas un facteur limitant : en
effet,
si onexcepte
lesensilages
réalisés à Montoldre en 1970, elle a été de34,6 ! 4 ,6
g. Cette variabilité relativement faibles’explique
par le fait que dans certains essais(Cler-
mont,
1970 )
les niveauxd’ingestion
très élevés observés ont été contrebalancés dansune certaine mesure par des
digestibilités plus
faibles. La valeur alimentaire des 35ensilages
de maïs distribués seuls est surtout fonction de leur teneur en azote.DISCUSSION
r. Le maïs est certainement une des
plantes qui
se conservent le mieux sousforme
d’ensilage.
Lescaractéristiques
desensilages
de maïs sont engénéral
excel-lentes et très peu variables. Comme l’ont
signalé
de nombreux auteurs,parmi lesquels
Dox et NEmG
( 1913 )
et NEIDIG( 1914 )
furent sans doute lespremiers,
la fermenta-tion
lactique
yprédomine largement ;
elle entraîne un abaissementimportant
etrapide
dupH —
il serait inférieur à 4,o au bout de 2 à 3jours
seulementd’après
SC H A AD
T et
JO HN SO N ( 19 68
etig6g)
- et, du même coup, la stabilisation de l’ensi-lage.
Il doit y avoirplusieurs
raisons à cela. Entre 25 et 35 p. ioo dematière sèche,
laplante
entière contient unequantité appréciable,
mais nontrop élevée,
deglucides
solubles
(de
13,0 à 9 p. IOO de la matièresèche) ;
elle estégalement
pauvre en azote et a unpouvoir tampon
faible(il représente
les2/3
de celui desgraminées d’après
Dut,Pa
y et
DE MARQUILLY ,
résultats nonpubliés).
Sonaptitude
à la conservation parl’ensilage
doit encore être renforcée par le faitqu’elle
conserve même à un stade derécolte
tardif,
destiges juteuses qui
doivent libérerrapidement
leurs sucscellulaires,
notamment si la récolte a lieu avec des machines à coupe fine
(Dut,!Hy
et DEMAR-QUILLY
,
1972 )
cequi
estgénéralement
le cas. Ilimporte donc,
comme l’aproposé
GOUET
(rg 7 o), d’adopter,
pourjuger
de laqualité
de conservation desensilages
demaïs,
une notation
beaucoup plus
sévère que cellegénéralement
retenue pour les autresensilages.
La fermentation
lactique s’accompagnant
d’undégagement
gazeuxfaible,
lepH
bas inhibant les remaniements(eux-mêmes générateurs
de gazcarbonique)
entremétabolites et la teneur en matière sèche à la récolte étant souvent suffisamment élevée pour
qu’il n’y
ait pas d’écoulement dejus,
lespertes
de matière sèche et de valeur nutritive en cours de conservation sont nettement inférieures à celles enregis- trées avec lesensilages
directs degraminées
ou delégumineuses,
si les conditions d’étanchéité des silos sont bonnes.2
. La