VALEUR ALIMENTAIRE DU MAÏS FOURRAGE
I. — COMPOSITION CHIMIQUE ET DIGESTIBILITÉ DU MAÏS SUR PIED
C.
DEMARQUILLY
Jacqueline AUBRY J.-M. BOISSA Station de Recherches sur
l’ l!levage
des Ruminants,Centre de Recherclzes
zootechrzi p ues
et 1,dtérinaires suv Ie,- Ruminants,G3 - Theix, près Clermont-T’evvand
Institut national de la Rahenhe agvoraorniqice
SOMMAIRE
Au cours de trois essais effectués en 1964 et 1966, nous avons mesuré l’évolution de la compo- sition, de la
digestibilité
et de l’acceptabilité de la plante de maïs et de ses constituants(tiges
+feuilleset
épi
-!- spathes)depuis
le tout début du stade laiteuxjusqu’au
stade vitreux.La part de
l’épi
(avec ses spathes) dans la plante augmente de façon importante : elle passe de 45.1 -’ 6
p. ioo environ alors que laproportion
detiges
-!- gaines diminue de ¢o à zs p. 100et que laproportion
de limbes passe de r! à ro p. ioo. Dans le même temps, la teneur en matière sèche de laplautc
augmente régulièrement passant de 22à 30 p. 100environ.Le coefficient de
digestibilité
de la matièreorganique
de laplante
entière a été très constantdans
chaque
essai :respectivement
en moyenne de 75,0-79,1 et 72,3 dans les essais 1, 2 et 3. Avec l’avancement du stade de maturité,l’augmentation,
dans laplante
entière, de la part del’épi
dont la digestibilité ea élevée et constante (8¢ p. 100) compense donc la dimiuution du coefficient dedigesti-
bilité de la matière organique du reste de la plante quipasse de
70 à 6o p. roo environ.La digestibilité de la matière
organique
de la plante de maïs et, par là, sa valeurénergétique
(0 ,8
0à o,95U rllcg
bIS)
ne peut être estimée de façon satisfaisantequ’a partir
de la teneur enépi
dansla plante entière
après
le stade pâteux.Li
quantité
de matière sèche ingérée par les moutons est très constante et semble indépendantedu stade de maturité et de la teneur en matière sèche du maïs offert : elle est de l’ordre
de ;; gjkg P°"5 pour la plante entière et les tiges !- feuilles ; elle est beaucoup plus faible
( 21 , 7
g)pour
l’épi.
Le fait de distribuer unepetite quantité ( 200
g) de foin de luzerne aux moutons entraîneune légère diminution
(io
p. 100) de laquantité
de plante entière ou detiges
-i- feuillesingérée,
maisune
augmentation importante (2[,! ii 37,1
g/kg pO.75) de laquantité d’épis ingérée.
INTRODUCTION
I)epuis quelques années,
la culture du maïs apris
en France une extensionspectaculaire grâce
à l’utilisation de variétéshybrides.
Les causes de cette extensionsont certes
multiples
mais les troisprincipales
semblent être les suivantes :a)
la cul-ture du maïs est entièrement
mécanisable ; b)
le maïs est uneplante
sarcléecapable
de fournir une
production
élevée à l’hectare(sous
forme defourrages
ou degrains)
àcondition
d’employer
des variétés bienadaptées
à larégion,
destechniques
culturaleset une fumure correctes ;
c)
les utilisations du maïs en alimentation animale sontmultiples.
Eneffet,
laplante
entièrepeut,
soit êtreemployée
commefourrage
vert decomplément
à la fin del’été,
soit constituer la base des rations hivernales des rumi- nantsaprès
avoir été ensilée.I,’épi
ou legrain
récoltés humides et ensilés ou récoltéssecs ou séchés
après
la récolte sont utilisés pour l’alimentation des animaux domes-tiques.
Si la valeur nutritive du
grain
de maïs est bien connue, celles del’épi
et de laplante
entière le sontbeaucoup
moins.Quelles
sont ladigestibilité
et la valeur nutri- tive de laplante
de maïs ou del’épi (avec
sesspathes),
comment varient-elles avecl’âge ?
Aquel
stade de maturité faut-il récolter laplante
pour obtenir la valeur nutritive maximum ou laquantité
d’éléments nutritifs maximum à l’hectare ? Nousne
disposons,
pourrépondre
à cesquestions,
due des travaux américainspratiquement
tous réalisés sur la
plante
de maïsaprès ensilage
et dont les résultats sontparfois
contradictoires
(cf.
revue de OWE::-<.1 <)6 7 ).
Onignore
en outre s’il estplus
intéressant pour l’alimentation des ruminants de récolter laplante
de maïs entière ousimplement l’épi
etquelle
estl’acceptabilité
du maïsexploité
en vert ?Nous avons
étudié,
au cours de 3 essais effectués en19 6-).
eti 9 66,
l’évolution de ladigestibilité
et del’acceptabilité
de laplante
de maïs et de ses constituants(tige
- !-feuilles
etépi
1-spathes) depuis
le tout début du stade laiteuxjusqu’au
stadevitreux.
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
i’l2aïs <&dquo;i«dii&dquo;s
Dans les essais i et 2 nous avons mesuré la digestibilité de deux maïs I. N. R. A. 200 semés
sur une parcelle à
Jouy-en-Josas
(région parisienne). Le premier maïs (essai i) a été semé lejuillet
196
4et nous avons mesuré la
digestibilité
de laplante
entière, de laplante
sansl’é l >i
et del’épi,
du3
o août au z5
septembre
soit du stade laiteux au début du stade vitreux. Le deuxième maïs(essai 2 )
a été semé le 20juillet et nous avons étudié la digestibilité de la plante entière et de la plante sans
l’épi
du 4au 2g octobre, et celle de l’épi (avec les spathes) du 4au 30 octobre soit du stade pâteux austade vitreux. Dans l’essai 3, nous avons mesuré la digestibilité de la plante entière d’un maïs
1. N. R. A. 270. Le maïs semé à 60000
piedslha
le 30avril 1966 dans uneparcelle
de Clernutnt- Ferrand a fleuri le 15juillet
et nous avons mesuré ladigestibilité
de laplante
entière du 25 août(stade laiteux) au r5
septembre (stade
vitreux).llTéthooes
Dans les essais i et 2, le maïs nécessaire aux animaux a été fauché
chaque
matin. Laquantité
récoltée a été pesée ; la surface fauchée a été mesurée chaque
jour
dans l’essai 2 mais non dansl’essai I car le nombre de plantes au m2 clans la parcelle était trop hétérogène. l’ne partie du maïs
fauché a été séparée en
épis
avec leursspathes
et tiges !- feuilles. Les plantes entières, les tigesetles feuilles,les épis
ont ensuite été hachés et distribués séparément à 3 lots de 3 montons chacun. Les moutons ont été alimentés à volonté( 5
à ro p. ioo derefus)
en trois repas parjour
ii 7 h 30. 13 h go et i7 heures. Dans l’essai I les moutons n’ont reçu que du maïs mais dans 1 .essai 2 nous avons distri- bué en supplément 200g parjour
d’un foin dc luzernc de digestibilité connue (54,0) ii tous les moutonscar les résultats de fessai i nous avaient montré que les moutons recevant les épis en ingéraient très
peu.
La digestibilité a été mesurée en continu,
chaque période
de mesure allant du lundi au samedi,était séparée de la suivante par un seul
jour,
le dimanche.Dans l’essai 3, le maïs a été fauché deux fois par semaine le mardi et le vendredi, la
quantité
récoltée a été pesée et la surface fauchée a été mesurée chaque fois. La récolte du mardi servait à
alimenter les moutons du mercredi au vendredi et celle du vendredi à les alimenter du samedi au
mardi. Dès la récolte, le maïs était stocké en chambre froide
(!- 4 °) jusqu’à
la distribution aux ani- ’-maux. Ceux-ci ont reçu le maïs haché ad libiturve en trois repas par
jour
comme dans les essais 1et 2.Les fèces ont été pesées tous les
jours
sauf le dimanche. Les périodes de digestibilité sont donc encorede 6 jours mais ne
correspondent
qu’à deux récoltes de maïs.Au milieu de
chaque période
dans les essais i et 2et lors dechaque
récolte dans l’essai 3, 5 plantesont été
séparées
enépis
!-spathes, tiges
!-gaines,
limbes etpanicules.
Ces différentes fractions ont été séchées à l’étuvepuis
pesées et leurspoids
ont étéexprimés
en p. 100dupoids
de la matière sèche de la plante.Les échantillons
représentatifs
du maïs offert, du maïs refusé et des fèces, correspondant àchaque période
ont étéanalysés
pour déterminer leurs teneurs en cendres, en matières azotées et encellulose brute
(Weende).
Nous avons en outre déterminé la teneur englucides
solubles par la méthode de SOMOGYI( 1952 )
et en amidon par la méthode de TiiIVEND et al.( 19 6 5 )
des échantillonsreprésen-
tatifs du maïs offert.
Pour
préciser
exactement le stade de maturité dechaque
échantillon de maïs étudié, il aurait fallu suivre danschaque
essai l’évolution de la teneur en matière sèche dugrain.
Nous ne l’avons pas fait et nous avons caractérisé les stades de maturité parl’aspect
du contenu ou la consistance desgrains.
Cette méthode est très utilisée parce quesimple
etrapide
mais elle est peuprécise.
Aussi, pour éviter touteambiguïté,
nous avons établi àpartir
de nos résultats et des donnéesbibliographiques françaises
et américaines, unecorrespondance
entre les stadesvégétatifs
ainsi définis et les teneurs enmatière sèche de la
plante
entière et del’épi (tabl.
i).RÉSULTATS
Con2!osition morphologique et chimique
La
participation
relative des divers organes à la matière sèche de laplante
demaïs évolue
jusqu’à
la fin du stadepâteux puis
restepratiquement
constante(fig, z).
La
part
del’épi
dans laplante augmente
defaçon importante :
elle passe de 47 à6
5
p. 100environ dans les essais i et 3etpeut
même atteindre 75p. 100dans l’essai 2.En
revanche,
laproportion
detiges
+gaines
diminue de 40 à 20-25 p. 100dans les essais i et 3 et à 15 p. 100 dans l’essai 2 et laproportion
de limbes passe de 15 à10 p.100.
Dans les différents
essais,
la teneur en matière sèche de laplante
entière de maïs aaugmenté régulièrement passant
de 24,0à 2 g ,op.
ioo dans l’essai r, de2 6, 7
à30 ,8
p. 100dans l’essai 2 et de 22,1 à
2 g,6
p. 100 dans l’essai 3. Cetteaugmentation
résulteessentiellement d’une
part
del’augmentation
de la teneur en matière sèche del’épi,
d’autre
part
du fait quel’épi représente
unepart
deplus
enplus importante
de laplante (fig. i).
Eneffet,
la teneur en matière sèche destiges
estpratiquement
constanteet celle des limbes
n’augmente
que très lentement saufaprès
la mort de laplante
par legel
survenu dans l’essai 2, le 20octobre. La teneur en matière sèche de latige
et deses feuilles est donc faible et peu variable : 22,g ; 19,5 et y,o p. 100
respectivement
dans les essais 1, 2et 3.
La teneur en cendres du maïs est faible et ne varie
pratiquement
pas. Elle est de l’ordre de q à 6 p. 100 pour laplante entière,
de 2,0 p. 100 pourl’épi
et de 6 à8 p. 100pour la
tige
et les feuilles(tabl. z).
La teneur en matières azotées de la
plante
de maïs est elle aussi très constante ; elle est dans les trois essais de l’ordre de8,o
p. 100, comme celle d’ailleurs del’épi
etdes
tiges
-+- feuilles. La teneur en matières azotées destiges
-f- feuilles semble cepen- dant diminuer un peu avec le stadevégétatif (tabl. 2 ).
Les teneurs en constituants solubles dans l’eau et en
glucides
solubles de laplante
de maïs, des
tiges
-! feuilles et del’épi
sont élevées au début du stade laiteux et dimi- nuent ensuiterapidement
avec l’avancement du stade de maturité. Elles sontplus
élevées dans les
tiges
+ feuilles que dansl’épi (tabl. 2 ).
La diminution de la teneur enconstituants solubles dans l’eau traduit essentiellement une diminution de la teneur
en
glucides
solubles.Quant
à cettedernière,
elle résulte de la transformation desglucides
solubles essentiellement en amidon dans lesgrains
et un peu en constituants membranaires dans lestiges.
Il existe en effet une relation inverse très étroite entre les teneurs englucides
solubles et en amidon dans laplante
entière et dansl’épi (fig. 2 ).
Du stade laiteux au stade vitreux la teneur en amidon del’épi
passe de r55 à q.7 p. 100, et celle de laplante
entière de 10 à 33 p. 100. Cetteaugmentation
de lateneur en amidon de
l’épi
doitexpliquer
au moins enpartie l’augmentation
de lateneur en matière sèclie de
l’épi
et par là de laplante
entière(fig. 2 ).
Digesti bilité
Le coefficient de
digestibilité
de la matièreorganique
de laplante
entière esttrès constant dans
chaque
essai entre le début du stade laiteux et le stade vitreux.En
revanche,
il varie d’un essai à l’autrepuisqu’il
a étérespectivement
en moyenne de 75,0 ; 79,1 et 72,3 dans les essais 1, 2 et 3(tabl. 2 ).
La
digestibilité
del’épi
est relativement peu élevée( 77 , 2
p.100 )
au début dustade
laiteux,
vraisemblablement parce que lapart
dugrain
parrapport
au reste del’épi
doit être faible à ce stade comme le laisse supposer la faible teneur en amidon.Elle
augmente
ensuiterapidement
pour atteindre des valeursqui
sontidentiques
dans les 2 essais et
qui
varient nonsignificativement
entre8 2 , 5
et85, 7
p. 100. Ces valeurs sontindépendantes
del’âge
de laplante
bien que la teneur del’épi
enamidon
augmente
et que celle en cellulose brute ait tendance à diminuer(tabl. 2 ).
Avec l’avancement de la
maturité, l’augmentation
dans laplante
entière de lapart
del’épi
dont ladigestibilité
est élevée et constante, compense donc la diminutiondu coefficient de
digestibilité
de la matièreorganique
du reste de laplante qui
diminueassez lentement de
68, 9
à6 5 , 2
dans l’essai i et assezrapidement
de66,!
à6 0 , 2
dansl’essai 2
(tabl. 2 ).
Cette diminution de ladigestibilité
résulte à la fois de la modification de lacomposition chimique
destiges
!- feuilles(diminution
de la teneur englucides
solubles et
augmentation
de la teneur en cellulosebrute)
et de la diminution de ladigestibilité
de la cellulose brute donc des constituants membranaires.Comme on
pouvait s’y attendre,
le coefficient dedigestibilité apparente
des ma- tières azotées de laplante entière,
del’épi
ou destiges
!- feuilles ne variepratiquement
pas
puisqu’il dépend
essentiellement de la teneur en matières azotéesqui
reste elle-même
pratiquement
constante(tabl. 2 ).
Il ne diminuerégulièrement quand
lamaturité s’avance que pour les
tiges
-! feuilles du maïs de l’essai i parce que la teneuren matières azotées elle-même diminue.
A teneur en matières azotées
égale,
ladigestibilité apparente
des matières azotées de laplante
entière et del’épi
mais non destiges
-i- feuilles est un peuplus
élevéedans l’essai 2 dans
lequel
les moutons ont reçu ensupplément
de leur ration de maïs 200g de foin de luzerne. La teneur en matières azotées nondigestibles
des 16 échan-tillons de maïs distribués seuls est très peu variable et
égale
à 3,74 p. 100 _+ 0,22 alorsqu’elle
est <le 3,32 p. 100 ±0 , 4 6
pour les 10échantillons étudiés avec des mou-tons recevant par ailleurs 200 g de foin par
jour.
Lapremière
valeur trouvée(3,!4)
est très
proche
de celle que nous avionsdéjà
calculée(1-)EMARQTJILIV
etJ ARRIGH , 19
6 4
)
pour lesfourrages
dupremier cycle
devégétation ( 3 ,8.f).
Onpeut
donc calculer defaçon simple
etprécise
lepourcentage
de matières azotéesdigestibles
dans unéchantillon de
plante
entière de maïs, detiges
-!- feuilles oud’épi
en soustrayant dupourcentage
de matières azotées totales 3,7 ou 3,3 suivant que les animaux nereçoivent
pas oureçoivent
par ailleurs du foin.La
digestibilité
de la cellulose brute restecomprise
entre 57,5 et6 j ,o
pour laplante entière dans
les essais i et 2et est un peuplus
variable 47,2 à6 0 , 7
dans l’essai 3. Pour lestiges
-!- feuilles elle restecomprise
entre 53,7 et6 4 ,8.
Elle estplus
élevéepour
l’épi
mais elle est aussiplus
variable(60,!
à8 5 , 3 )
vraisemblablement parce que les teneurs en cellulose brute del’épi
et des fècescorrespondantes
étantfaibles,
leserreurs
(dues
àl’échantillonnage
ou à1.’analyse)
commises lors de leur détermination entraînent des variationsimportantes
du coefficient dedigestibilité.
La cellulose brute du maïs est, à teneurégale,
nettement moinsdigestible
que celle desgraminées fourragères.
La teneur en cellulose brute
digestible
du maïs est donc relativement faible.Elle reste
comprise
entre8,8
et 12,7 p. 100 pour laplante entière,
entre12 ,6
etiS,5
pour les
tiges
-!-feuilles,
entre 7,r et 12,0 pourl’épi.
Quand
le maïs est distribuéseul,
ladigestibilité
de la matièreorganique
de laplante
entière est de 3,0points
inférieure à celle calculée àpartir
desdigestibilités
de la
tige
-!- feuilles et del’épi.
Cela semble résulter essentiellement d’une baisse de ladigestibilité
des constituants membranairespuisque
ladigestibilité
de la cellulose brute diminue de4 ,6 points.
Il est doncpossible
que laprésence
del’épi,
riche enamidon,
fasse diminuer ladigestibilité
des constituants membranaires par suite d’une modification des orientations fermentaires dans le rumen. Le faitd’ajouter
un peu de foin de luzerne à la ration de maïs
supprime
cettedigestibilité
associative.Relation entre la
digestibilité
de la matièreorganique
et la
composition mo y phologique
etchimique
Relation avec le
pourcentage d’é!i
dans laplante
entière.L’épi
étantbeaucoup plus digestible
que le reste de laplante
onpourrait
penserqu’il
existe une liaison entre ladigestibilité
de laplante
entière et lepourcentage d’épi
dans la
plante.
En fait il n’en estrien,
ni à l’intérieur d’un essaidonné,
ni entre les essaisquand
on considère tous les échantillons(fig. 3 ).
Unparticulier
pour un maïsdonné, l’augmentation
dupourcentage d’épi
compensesimplement
la diminution de ladigestibilité
du reste de laplante.
Enrevanche, quand
dans un essai donné lepourcentage d’épi n’augmente plus
oun’augmente
que très faiblement(ce qui
semblese passer à la fin du stade
pâteux,
c’est-à-direquand
la teneur en matière sèche de laplante
atteint27 - 2 8
p. 100, et celle del’épi
30-35p.100 ),
les différences dans les pour-centages d’épi
observés entre les maïs suivant les essaispeuvent expliquer
les diffé-rences de
digestibilité :
eneffet,
si nous ne retenons que les échantillons deplante
entière dont les
épis
ont une teneur en matière sèchesupérieure
à 3o p. 100, nous observons une liaison très étroite(r
= ! 0,92, n =8)
entre ladigestibilité (y)
de lamatière
organique
de laplante
entière et lepourcentage (x) d’épis
dans cetteplante entière,
ces deux valeurs étant liées parl’équation :
Relation avec la teneur en cellulose brute.
Nous observons
(fig. 4 )
une liaison extrêmement étroite(r
= —o, G3 8)
entrela
digestibilité (y)
de la matièreorganique
et la teneur(x)
en cellulose brute pour l’ensemble des 26 échantillons de maïs étudiés(plante entière, épis, tige
-f-feuilles) :
Malheureusement,
cetteéquation
nepeut
servir à estimer ladigestibilité
de laplante
entière ou del’épi puisque,
si nous ne considérons que les échantillons de laplante entière,
ou que dans les échantillonsd’épis,
il n’existe pas de liaisonssignifi-
catives
(r
estégal respectivement
à — 0,54(n
=II )
et r = -0 ,56 (n
=8))
entre ladigestibilité
de la matièreorganique
et la teneur en cellulose brute. La liaison n’estsignificative (r
= —0 ,8 7 6
n =7 )
que pour lestiges +
feuilles.Valeur
énergétique
et azotée du maïsLa valeur
énergétique
des différents échantillons de maïs a été estimée àpartir
des teneurs en matière
organique digestible (MOD)
et en matièreorganique
nondiges-
tible
(PMOND) exprimées
en g parkg
de matière sèche par la formuleproposée
par BREIREM( 1954 )
pour lesfourrages :
Du tout début du stade laiteux
(teneur
en matière sèche del’épi :
25 p.100 )
austade
pâteux-vitreux (teneur
en matière sèche del’épi :
45p.100 )
la valeurénergé- tique
de laplante
entière est constante pour un maïs donné maispeut
varier d’un maïs à l’autre. Elle a étérespectivement
voisine dans les essais 1, 2et 3 deo,8 5 UF,
0,95 UF et 0,79 UF parkg
de matière sèche(tabl. 2 ).
Enrevanche,
durant cette mêmepériode
la valeurénergétique
destiges
-! feuilles diminue de o,7o à o,5o UF parkg
de matière sèche.
Quant
à la valeurénergétique
del’épi
elle est en tout début du stadelaiteux de 0,00 UF pour devenir voisine de i,o5 UF par la suite.
La teneur en matières azotées
digestibles
de laplante
entière est en moyenne de4
8
g, celle de lapanouille
de 47g et celle destiges
!- feuilles de 42 g. Seule la teneuren matières azotées
digestibles
destiges
-t- feuilles semble avoir tendance à diminueravec l’avancement du stade de maturité
(tabl. 2 ).
Qua!2tités ingérées
Dans les essais I et 3, les
quantités journalières
moyennes de matière sècheingérées
par les moutons recevant laplante
entière ont peu varié d’unepériode
demesure à l’autre et ont été très
comparables
d’un essai à l’autre :respectivement 56,5
et54 ,8 g/kg
pO,75(tabl. 3 ).
Laquantité
de matière sècheingérée
sous forme deplante
entière est donc très constante et sembleindépendante
du stade de maturité et de la teneur en matière sèche du maïsoffert,
tout au moins pour les stades étudiés.Dans l’essai i, les moutons recevant les
tiges
-f- feuilles ontingéré
unequantité
de matière sèche très voisine
( 53 ,g g/kg P O , 75)
de celleingérée
par ceux recevant laplante
entière. Enrevanche,
ceux recevantl’épi
ontingéré
unequantité
de matièresèche
beaucoup plus
faible( 21 , 7 g/kg P O , 75 ) et plus
variable( 19 , 7
à2 6, 7 9/ kg P O , 75 ) (tabl. 3).
Le fait de distribuer 200g de foin par
jour
ensupplément
de la ration de maïs aentraîné dans l’essai 2 une
légère
diminution(environ
10 p.100 )
de laquantité
deplante
entière et detiges
-+- feuillesingérée
mais aentraîné,
enrevanche,
une augmen- tation trèsimportante
de laquantité d’épis ingérée :
37,1 g de matière sècheen moyenne dans l’essai 2 contre 2r,7
g/kg
P°>75 dans l’essai i(tabl. 3 ).
Dans ce cas,la
quantité
de matièreingérée
aaugmenté
dans desproportions
considérablespuis- qu’elle
estpassée
de 21,7 g à 57,5g/kg
P0,75.La
quantité d’énergie
netteexprimée
en UFingérée
par un mouton de 60kg
recevant la
plante
entière de maïs fauchée entre le début du stade laiteux et le stadepâteux-vitreux
a été en moyenne de 1,0 UF parjour
et a étéindépendante
du stadede maturité.
Malgré
la concentrationénergétique
élevée del’épi (i,o 5 UF/kg
dematière
sèche)
les moutons recevantl’épi
ontingéré, quand
ils ne recevaient pas defoin,
unequantité d’énergie
très inférieure( 0 , 44 UI?Jjour)
à ceux recevant laplante
entière
(r,o! UF)
ou lestiges ’-, feuilles ( 0 , 77 UI1/jour).
Laquantité d’énergie ingérée
sous forme
d’épi
reste encore inférieure(o,F!.! UP/jour)
à celleingérée
sous forme deplante
entière(r,o2 UF/jour) quand
les moutons ont reçu ensupplément
unepetite
ration de foin
(tabl. 3 ).
DISCUSSION
La
digestibilité
de la matièreorganique
du maïs n’évoluepratiquement
pas du début du stade laiteux au stade vitreux. HARRIS( 19 6 5 )
àHurley
était arrivé auxmêmes conclusions en
comparant
ladigestibilité
de 3 variétés de maïs deprécocités
différentes fauchées à la même date et de 2 variétés
coupées
à 2 dates différentes. I>e même Nor,LÈR et al.( 10 6 5 )
auxEtats-Unis
ont trouvéqu’entre
le stade de la forma-tion des
grains
et le stade vitreux, ladigestibilité
de la matière sèchen’augmentait
que de
1 ,8 point.
Cette constance de ladigestibilité
est en outre confirmée par les résultats de nombreux travaux américains(cf.
revue deOwEx, io6 7
etJoHasow
et-!leCLuRF, ioos)
sur ladigestibilité
du maïs ensilé. Il semble en effet que les résultats obtenus surl’ensilage peuvent
êtretransposés
au maïs vertpuisque
ni HARRis( 10 65)
ni
nous-même, (D EMAR g ui L L Y
résultats nonpubliés)
n’avons trouvé <le différences entre ladigestibilité
du maïs vert et celle du même maïsaprès ensilage quand
cetensilage
était correctement réussi. Or, il sedégage
de ces travaux américains que ladigestibilité
del’ensilage
de maïs estindépendante
du stade de récolte etgénérale-
ment voisine de 70p. roo pour la matière sèche.
En
revanche,
alorsqu’H9xitts (io6 5 )
ne trouve aucune différencesignificative
de
digestibilité
entre les différentes variétés de maïsqu’il
a étudiées(ses
résultatsrestant
compris
entre70 ,6
et75 , 2 )
nous observons une variabilitéplus grande 71 ,6
à’79!5! Nous observons notamment <lue le maïs de l’essai 2est nettement
plus digestible
que les deux autres. Nous avons
peut-être
pu mettre en évidence des différences dedigestibilité
entre maïs par le fait que nous avons réalisé ces études sur des maïssemés dans des conditions de milieu très différentes
(à proximité
de Paris et de Cler-mont-Ferrand)
et avec une réussite de semis très différente. Il en est résulté des maïsde
morphologie
très différente(fig.
r, tabl.4 ).
Les valeurs
plus
élevées trouvées pour le maïs de l’essai 2 sontpeut-être
duesaussi,
au moins enpartie,
au fait que dans cet essai les moutons ont reçu par ailleurs200 g de foin de luzerne ce
qui
apeut-être
pu leurpermettre
de mieuxdigérer
lesconstituants membranaires des
tiges
et des feuilles de maïs.Si
donc,
ladigestibilité
d’un maïs bien réussi est, dans lamajorité
des cas, voisinede 73,0 p. 100, on
peut cependant
essayer de l’estimer d’unefaçon plus précise
endéterminant la
part
quereprésente l’épi
dans laplante
au stadepâteux
ou à un stadeultérieur.
Nous avons estimé la valeur
énergétique
du maïs àpartir
d’une formuleproposée
par BREIREMpour les
fourrages.
Cela pose un certain nombre deproblèmes
dus à larichesse de la
plante
de maïs engrains,
et, parlà,
en amidon. Enparticulier,
le faitque la
digestibilité
deplante
entière estindépendante
du stade de maturité nesignifie
pas forcément que la valeur
énergétique
le soit et onpeut
même penserqu’elle
pour- raitpeut-être augmenter
en mêmetemps
que la teneur en amidon.D’après
les tra-vaux américains réalisés sur la valeur de
l’ensilage
de maïs, il semblecependant
que la valeurénergétique
du maïs pour laproduction
laitière soitindépendante
du stadede maturité
(H UBER
etal., y 65,
revue deO WEN , r 9 6 7 ).
Enrevanche,
cela poseplus
de
problèmes
pourl’épi.
La valeur estimée par la formule de BREIREM( 1 , 05 UF/kg
de
MS)
ne doitcependant
pas êtreéloignée
de la valeur réelle. Eneffet,
KIOSTTRMANet ctl.
( 19 66)
onttrouvé,
par mesure directe sur des animaux àl’engraissement,
que la valeurénergétique
nette del’épi
de maïsbroyé
étaitcomprise
entre 165 0
et 1 700 calories parkg
de matièresèche,
soit entre z,oo et 1,03UF/kg
MS.Quantités ingérées
La
quantité
de matière sèche de maïs vertingérée
estindépendante
du stade de maturité et par là de la teneur en matière sèche dufourrage
offert. On ne retrouve donc pas l’évolutionparallèle
de laquantité
de matière sècheingérée
et de la teneuren matière sèche que nous avons
observée,
pour les autresfourrages
degraminées
oude
légumineuses
dont ladigestibilité
diminue peu(D!MARQum,t,y, zg65).
Ladiges-
tibilité et la
quantité ingérée
restant toutes deux constantes, leurproduit qui
carac-térise au mieux la valeur alimentaire du maïs reste donc lui aussi constant et indé-
pendant
du stade de maturité. Pour uneexploitation
en vert du maïs, le seul critère dont on doit tenircompte
est donc laquantité
de matière sèche obtenue à l’hectare.Or, celle-ci
augmente
avec le stade de maturité : elle aaugmenté
dans l’essai 2de1
6,8
p. 100( 7 , 7
à 0,0t/ha)
en r4jours
et dans l’essai 3 de r5,c! p. 100(13,2
à 15,3t/ha)
en 23
jours.
AuxÉtats-Unis,
NEVENS et al.( 1954 ) qui
ont suivi àpartir
du début dustade laiteux l’évolution hebdomadaire de la
quantité
de matière sèche obtenue à l’hectare avec des maïs semés pourl’ensilage,
ont observé en 4semaines des augmen- tations de 40 à6 3
p. 100suivant les années.D’après
les essais réalisés par la Station d’Amélioration des Plantes du Centre de Recherchesagronomiques
de Clermont- Ferrand sur des maïs I. 1!’. R. A. 260 et 270 eni 9 6 5
et19 66,
laquantité
maximum dematière sèche à l’hectare
(entre
11,5 et 17,5 tonnes suivant lesannées)
est atteintedès le stade