INTERPRÉTATION STATISTIQUE DES RÉSULTATS
EN MATIÈRE D’ANALYSE POLLINIQUE
DES MIELS
Ph. VERGERON
Station de Recherches sur l’Abeille et les l!2sectes sociaux Buves-suv-Yvette
(Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
L’auteur a étudié la sécurité des résultats obtenus en
analyse pollinique.
Enparticulier,
lesvariations des pourcentages inhérentes à la
préparation microscopique
ont été observées ainsi que celles des pourcentages en fonction du nombre degrains
depollen comptés.
Le nombred’espèces végétales
rencontrées suivantl’importance
du nombre degrains
depollen
observés a étéégalement
étudié.
INTRODUCTION
Le chercheur effectuant une
analyse pollinique
la termine engénéral
par l’éta- blissement d’unspectre pollinique,
c’est-à-dire la liste desespèces végétales
observéeset celle des
pourcentages correspondants.
Pour obtenir cespectre,
il effectue engénéral
une ou deuxpréparations microscopiques
àpartir
de 10à 20g demiel. Ayant
fait l’inventaire des
espèces végétales présentes,
ilcompte
100 à 300grains
depollen
afin d’établir les
pourcentages
enquestion.
Nous pouvons nous demander
quelle
est la valeur exacte duspectre pollinique
ainsi obtenu et, en
particulier, quelle
est la confiance que nous devons avoir dans lespourcentages
calculés. Autrementdit,
dansquelle
mesure les résultats del’analyse pollinique
sont-ilsreproductibles ?
Parailleurs,
nous pouvons nousinterroger
surl’opportunité
des constantes établies telles que, parexemple,
lepoids
du miel habi- tuellement utilisé pour lesanalyses.
Leproblème posé
est donc celui de la valeur des chiffres obtenus en fonction dechaque
élémentanalytique
variable.Nous serons ainsi amenés à étudier les
problèmes
suivants :1
° Variations des
pourcentages
inhérentes à lapréparation microscopique
elle--même. Nous observerons dans ce cas les variations des
pourcentages
en fonction de laplace
desgrains
depollen
dans lapréparation,
cequi
nous amène en définitive à testerl’homogénéité
de larépartition
desgrains
depollen
sur lalame,
et les variationsen fonction du
poids
de miel utilisé.2
° Variat£ons (les
pourcentages
enfonctim.
du nombre degrains
depollen comptés.
Nous essaierons de déterminer un nombre moven minimum estimé donnant aux
pourcentages
calculés une zone de sécurité d’intervalle que nous aurons choisi commeétant
acceptable
pour résoudre lesproblèmes posés.
3
° Variations du nombre
el’ esPèces végétales
rencontrées en/on;tion
du nombre,de
grains
depollen combtés.
Nou’., considéreronsalors,
d’unepart,
laprésence,
oul’absence,
de certainesespèces
à des niveaux différents déterminés au cours du comp-tage,
d’autrepart,
lapossibilité d’observer,
ou de ne pasobserver,
lesespèces
serencontrant à faible
pourcentage,
Il est évident que ces considérations n’intéressent-guère
lesespèces végétales
dominantes.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Les miels utilisés sont des miels français et
proviennent
derégions
donnant des spectrespolli-
niquessimples
et bien connus. Ce choix évite la présence de nombreuxpollens
non déterminés et,, par cela même, augmente la valeurréciproque
des divers pourcentages. Ces miels ont donné un culot de centrifugation normal. La méthode utilisée est, à peu de choseprès,
celle de la Commission inter- nationale debotanique apicole (M AURIZIO
et LOUVEAUX, j96,3). Lepoids
de miel utilisé( 10 g)
estdilué dans 20ml d’eau distillée additionnée d’acide
sulfurique
dans laproportion de
5 par litre..La solution obtenue est
centrifugée
pendant 10minutes à 3 zoo tours/minute. Leliquide superflu
est
jeté
defaçon
à ne conserver que le culot de centrifugation. Ce dernier sera débarassé de tout reste acide par unlavage
l’eau distillée suivi d’une deuxièmecentrifugation
semblable à lapremière..
Le pollen en
suspension
dans la dernière goutte deliquide
est prélevé aussicomplètement
que pos- sible à lapipette
Pasteur et étendu sur une lame ou sur une surfacecorrespondant
à celle de la lamelle (16 X 16mm). Cette
lame est séchée surplatine
chauffante,puis
lesgrains
depollen
sontinclus dans une goutte de
gélatine glycérinée.
Les
grains
depollen
sont comptés sous lemicroscope (objectif
X qo-oculaire X8) champ
par-champ,
un inventaire desespèces
et une numération étant faits sur chacun d’eux. Leschamps
sontchoisis entièrement au hasard en
déplaçant
laplatine
dumicroscope
suivant deux directions perpen-- diculaires.RESULTATS
1
° Variations des
pourcentages et
du nombre desespèces végétales
en
fonction
du nombre desg y ains
dePollen comptés.
Une
préparation microscopique correspondant
à un miel de Sainfoinfrançais
aété obtenue selon la méthode
exposée plus
haut. Lespourcentages
ont été établis sur ioograins
depollen.
Sur la mêmepréparation,
la mêmeanalyse
a étérépétée
30fois,en
prenant chaque
fois deschamps
fixés au hasard. Nous avons, en somme, utilisé la méthode du !csous-échantillonnage
». L’échantilloncomplet, global,
estreprésenté
par l’ensemble des 100
grains
depollen.
Le « sous-échantillon » est lechamp
micro-scopi
q
ue,
Pour
plus
de commodité et pour éviter tout choix venant del’expérimentateur,
nous avons terminé sur le dernier
grain
depollen
du dernierchamp microscopique.
Nous avons en fait des échantillons de 97 à 104
grains
depollen,
mais nous avonstoujours
ramené à 100par le calcul, cequi
évitebeaucoup
decomplications
et n’en-traîne
qu’une
erreur très ntinime. Nos calculsstatistiques
oÙ 7i .= 100 s’en trouventsintplifiés.
Les résultats de ces 3o
analyses
sontportés
daus 1e tableau i.Nous constatons que les
pourcentages
des différentesespèces
varient (hns degrandes proportions.
Pour cequi
est desespèces dominantes,
ilspeuvent
passer dusimple
au double.Ainsi,
celui du Sainfoin passe de 23,1 à -).3(analyses
20 et3 ).
Letrèfle blanc a un
pourcentage
moyen de H),1. Or, nous pouvons constaterqu’il
dis-paraît complètement
dansl’analyse
2!. Cet accident ne se serait pasproduit
dans lecas d’une
analyse
courante car l’observateur ayant fait un inventairepréalable
aurait fatalement
remarqué
unpollen
aussiimportant.
Mais nous constatons questatistiquement
il estpossible
que le hasard fassedisparaître
un élémentimportant
si la numération ne
porte
<lue sur roograins.
Les
pourcentages
desespèces
isolées sont en moyenne encoreplus
fluctuants.Ainsi,
celui du Colza passe de oà -1- (analyses
1et2!4),
celui desPapilion?cées
de tà g, 2 (analyses
i et25 ).
Dèsmaintenant,
nous pouvons donc constater que. sur Ioograins,
les
pourcentages
des différentesespèces végétales
rencontrées sont très incertains etbeaucoup trop
instables pourqu’ils puissent
êtrepris
en considération. Deplus,
dansles 3o
analyses
effectuées le nombre total desespèces (correspondant
donc à300
o
pollens)
est de 3r.Or,
surioograins,
nous n’avons trouvé que de 8 à iqespèces.
Lamoyenne du nombre
d’espèces
trouvées est voisine de r3. Eneffet,
zoanalyses
sur les 30ontprésenté
r3espèces
et i8 de 12à i4. Ceci montre bien que, dans lamajorité
des cas, on ne
peut guère espérer épuiser
toute lapréparation
en necomptant <lu’un
nombre aussi faible de
grains
depollen.
2°
Homogénéité
dusysthne
Nous nous sommes
assurés,
avant d’allerplus loin,
que les différences observéesau tableau i sont bien dues
uniquement
au hasard et non à un autrephénomène provenant
du mode depréparation
parexemple.
Nous avons donc effectué
un y 2 général
en calculantcettevaleur pourchaque analvse (par rapport
à lapopulation générale
constituée par les résultats des 3oanalyses)
et en additionriant les valeurs ainsi ohtenues. Nous ne prenons pas en considération les
grains
depollen
non déterminésqui
constituent unexemple trop hétérogène.
Notons
qu’il s’agit d’un X 2
à8 7 o degrés
de liberté : ’1 =(3o-i ( 3 r--t) = 8!70.
Le tableau 2 donne les résultats dans la
première
colonne de nombres :X r.
Dans le cas d’un nombre de
degrés
de liberté siélevé,
on calculel’expression 2Z
, - 2 v
- Iqui
suit la distrihution normale. Nous avons obetenu iciZ2 - 100
6, 4 8,
cequi
nous donne :Nous constatons
qu’il n’y
a aucuneprobabilité
d’obtenir une telle valeur. Parconséquent,
on nepeut
pas conclure que lesgrains
depollen
sontrépartis
d’unefaçon homogène
dans lapréparation.
I,a considérationdes x . i
individuels est, par contre, intéressante. Certains relevés forment un groupe assezhomogène,
enparti-
culier ceux
qui
donnent unyi compris
entre la et 15. Par contre, d’autres aboutissent à des valeurs nettementplus
élevéesatteignant
etdépassant
30.Or,
nous pouvons constaterqu’il s’agit
alors de relevés où sontportées
desespèces végétales repérées
rarement ou même une seule fois.
Par
exemple,
le relevé ioprésente
igrain
depollen
deKnautia,
le seulqui
aitété rencontré durant nos
opérations.
La moyennegénérale
pour cetteespèce
est1 x 100
.d’ l l..., l
one 3000
=
0,03 p. 100 en considérant lapopulation unique constituée par les
30 3000analyses.
Cetteespèce ajoute
donc à elle seule au!i
du relevé ro(1 - 0,03)2
2 --30,1.
analyses.
Cetteespèce 0 , 03
30,1.Dans le cas du relevé 27, l’absence totale de Trèfle blanc n’entraîne une augmen- tation du
!i
que deI9’ r z =
19,1. Pourtant le relevé 27 estbeaucoup plus
19>1
individualisé,
parrapport
aux autresrelevés,
par l’absence d’uneplante
domi- nante, que le relevé 10 par laprésence
d’ungrain
depollen
d’uneplante
raris-sime.
C’est pour cela que nous avons établi le
x2
à 435degrés
deliberté,
ennégligeant
toutes les
espèces végétales
se trouvant dans lapopulation globale
des 30 relevésà moins de 0,15 p. 100.
le Z2
obtenu est de5 66, 1 8 (tabl. 2 )
et donne uneexpression
2z 2 2
v
-1 ) égale
à3 ,8.
Nous ne pouvons donc que conserver la conclusionprécédente.
Mais lesZ2 individuels
nous semblentdavantage représenter
larépar-
tition exacte des
grains
depollen
dans lapréparation microscopique.
Ils nous montrenten
particulier,
que cetterépartition
est souventuniforme,
maisqu’elle peut
devenirtrès
hétérogène
comme dans les relevés 2, 3, 9, r4,1 8,
25 et 27qui paraissent
de loinles
plus
aberrants. Autrementdit,
si lapréparation
semblehomogène
dans sonensemble,
il existe desplages
danslesquelles
larépartition
des différentsgrains
depollen
varie énormément.3
°
Étude
du cmtre et des bords de la!réparatio!e
La méthode de
montage
n’est-elle pas enpartie responsable
de cettehomogé-
néité ? Cela est peu
probable ;
eneffet,
au moment où lesgrains
depollen
sont inclusdans la
gélatine glycérinée,
ils sont leplus parfaitement possible
étalés. Mais la for- mationobligatoire
d’un « courant » degélatine peut
entraînerplus
ou moins lesgrains
de
pollen,
ledéplacement pouvant
êtreproportionnel
à leurtaille,
parexemple,
lesplus
lourds étant les moinsdéplacés.
Un essai succinct a été réalisé. Nous avons divisé la lamelle en g carrés
égaux,
i central et 8
périphériques
dont 4 latérauxet
4 enangle.
Nous avonscompté
1000
grains
depollen
dans un carré de chacune de cescatégories,
le carré central(a),
uncarré latéral
(b)
et un carréangle (c).
Ces résultats sontconsignés
dans le tableau 3. La différence observée entre les nombresd’espèces décelées
dans chacun des casn’est
guère significative.
Lesespèces
isolées ne sont même pasidentiques
dans lestrois cas. De
plus,
il ne semble pas que lesgrains
depollen
depetite taille,
parexemple,
soient
systématiquement
entraînés vers les bords de lapréparation.
Il y a, eneffet,
autant de
Châtaignier
en « a» qu’en
« c ». Demême,
lespollens
degrande
taille ne sontpas
régulièrement
moins nombreux en « c » et « b »qu’en
« a »(Sainfoin,
Trèfleviolet,
Cornouillier
sanguin).
Pour cequi
est desespèces dominantes,
nous avons effectuéun
Z
2
à 22degrés
de liberté. Nous avons obtenu les résultats suivants :a 27,05 b 19,05
c
10 ,6 1 56, 71
Or,
avec une valeur de 40,29, iln’y
aqu’une
très faibleprobabilité
d’obtenir unX
2
supérieur
avec 22degrés
de liberté. Les différences entre les trois carrés sont donccertaines.
Cependant,
il semble bien quel’hétérogénéité
entre ces troisplages
coïn-cide avec
l’hétérogénéité générale
de lapréparation
et, de toutefaçon,
aucunphéno-
mène
précis
ne sedégage
des résultats.4
° Variations des
pourcentages
et du nombred’espèces
en
fonction
dupoids
de mielLes
analyses polliniques
sont, engénéral,
réalisées àpartir
de la à 20g de miel.Nous avons
essayé
de vérifier si la mêmeopération
étaitpossible
avec unequantité
moindre de
produit
ousi,
aucontraire,
elle étaitplus
sûre enemployant davantage
de miel. Des fractions de solution de miel dans l’acide
sulfurique
N. io( 0 , 25
g de mielpar ml de sol. - solution au
1/4 g/ CM 3 )
sontcentrifugées
conformément à laméthode
classique. Chaque
fractioncorrespond
à 5 g de miel. I,es culots de centri-fugation
obtenus sontprélevés
dans leur totalité et on monte entre lame et lamelle le nombre nécessaire de culots pour obtenir despréparations correspondant
respec- tivement à 5, 10, r j, 20, 30, et 100g de miel. io0o grains
depollen sont comptés dans chaque préparation.
On obtient ainsi sixspectres polliniques complets
-espèces
etpourcentages (tabl. 4 ).
Deplus,
les nombresd’espèces végétales
rencontréeslorsque
100, 500et i ooograins
depollen
sontcomptés,
sont notés(fig. r).
Les variations des
pourcentages
sont trèsirrégulières.
Seul le dernierspectre
semble
présenter
unpourcentage
del’espèce
dominante(ici
leChâtaignier) légèrement plus
fort que les 5 autres : 75,5 p. 100, alors que la moyenne dans lescinq premiers
est de
6 4 ,6
p. 100. Il ne semble pas que cette différence soit hautementsignificatiwe,
mais elle
s’explique
facilement.Chaque champ microscopique contient,
pour unepréparation
réalisée àpartir
de 100 g demiel,
un nombre très élevé degrains
depollen.
I,’observation des 100grains
nécessite donc unchangement
dechamp
moinsfréquent
que dans les autres cas, au détriment desespèces
isolées dont lesgrains
depollen
sont trèsdispersés.
Lepourcentage
del’espèce
dominanteaugmente
alors.Toutes les
préparations
ont donné un nombre totald’espèces végétales compris
entre 28 et 31, sauf celle
correspondant
à 5 gr. de miel où 22espèces
seulement ont.été décelées. Par contre, 100
grains
ayant étéobservés,
i à15 espèces
avaient étéreconnues, sauf dans la
préparation correspondant
à 100gr.(8 seulement).
Il sembleencore ici que ce
phénomène
soit dîa auchangement
dechamp microscopique trop
peu
fréquent.
Les courbes
(fig. z)
montrent donc bienqu’à partir
de la grammes nous obtenonsun
spectre
relativementcomplet.
Mais despoids
moindres sont insuffisants etl’aug-
mentation de la
quantité
de miel utilisée dansl’analyse augmente trop
le nombre degrains
depollen
parchamp microscopique
et parconséquent
rend l’étude de lapréparation trop
localisée.5 0
)
- Loisstatistiques
suiviespar
la distribution ét-udiée.Revenons au tableau ; . La preuve est donc faite de
l’imprécision
des résultats obtenus encomptant
une centaine degrains
depollen. Quel
nombre faut-il donc atteindre pour accéder à uneprécision
suffisante ? Leproblème
est facile à résoudrepar des calculs
statistiques simples
et en considérant la loithéorique
suivie avec lameilleure
approximation
par la distributionexpérimentale.
Nous avons
calculé,
pourchaque espèce végétale,
la moyenne et la variance(X
eta 2 ).
Nous pouvons établir une courbe(fig. 2 )
enportant
en abscisse lamoyenne et en ordonnée la variance. Nous constatons alors que les
premiers points
de la courbe se trouvent
approximativement
sur le tracé d’une droite de forme ax ou le coefficientangulaire
a estégal
à i, c’est-à-dire la bissectrice del’angle
formépar les axes. Les
premiers points, correspondant
auxespèces végétales
dont le pour-centage
estbas,
suivent donc la loi de POISSON, car nous savons que lapropriété
essentielle de cette loi est :
où ci2 est la variance et M la moyenne. Les valeurs les
plus
faibles suivent bien cettepropriété. Quant
auxespèces dominantes,
leurpourcentage
serapprochant
de o,5,nous devons les considérer comme suivant la loi
binominale,
ainsi que toutes lesespèces
donnant unpoint
sur la courbe 2 s’écartanttrop
de la droite définie ci-dessus.6 0
Nom.bve de
grains
depollen comptés et précision
despourcentages
Considérons maintenant le cas del’espèce
dominante du tableau i : le Sainfoin dont la moyenne deprésence
est de3!,5
p. 100.Nous considérerons alors que la
proportion
desgrains
depollen
de Sainfoin dans lapréparation P
---o, 33 S
est la meilleure estimation de la véritableproportion
P que nous ne connaissons pas.
Quelles
valeurs limites pouvons-nous donner à P ? En admettant que la loi normale soit la meilleureapproximation, puisque
nousconsidérons une
espèce
dont la distribution suit la loibinominale,
nous avons :fi
= P :t2 P ( 1 n - P ) (I)
OÙ- P )
estÎ’errellr-tj&dquo;pe
que nous1T1l1Ît1pÎlOnS p
= P ±2 B’
p
n
(i)
oùB
n estl’erreur-type
quenaus multiplions
par 2, car nous choisissons comme seuil de
probabilité environ
p. 100.En élevant
(i)
aucarré,
nous obtenons uneéquation
de seconddegré
en P dontles solutions sont les limites cherchées. Nous trouvons, du reste, que l’intervalle de sécurité va de
o,26
ào,!6 représentant
une variation de 20 p. 100.I,’erreur-type
étant inversementproportionnelle
à la racine carrée del’effectif.
it = 100, si nous voulons diviser l’intervalle de variation
x fois,
nous devons mul-tiplier
notre effectif n par X2. Autrementdit,
si nous voulions connaître le pourcen-tage
desgrains
depollen
de Sainfoin dans lapréparation,
à i p. 100près,
nous de-vrions
compter
40 ooograins
depollen !
Nous avons estiméqu’il
nous suffisait de connaître cespourcentages
avec un intervalle de sécurité deo,06, c’est-à-dire !
± 0,03.Dans ce cas, le nombre de
pollens
observés devra atteindre à peuprès
1 200. Descalculs
identiques
sur les autresgrains
depollen
dont la distribution suit la loi bino-minale nous ont conduit à des résultats semblables. Le raisonnement est différent pour ce
qui
est desgrains
depollen
dont la distribution suit celle de Poissox.Considérons, toujours
dans le tableau i, le Trèfle violet dont la moyenne deprésence
estégale
à i p. 100 ;d’oii fi =
0,01. Lesfréquences
relatives des échantillonsde 100
pollens comprenant
o, 1, 2, etc.pollen
de Trèfle violet sontégales
aux termesdu
développement
de la série de PorssowLes tables
déjà
établies nous donnent :probabilité 0 , 3 6
de ne pas trouver depollen
de Trèfleviolet, probabilité
de0 , 3 6
d’en trouver unseul, probabilité
de0 , 1 8
d’en trouver 2, etc. Ceci est du reste bien vérifiépuisque,
sur 30relevés,
10 ne contenaient pas de Trèfle violet et 9 enpossédaient
un seul.La
probabilité
de ne pas observer depollen
de Trèfle violet est alors faible :0
, 00
6
soito,6
p. 100. Si nous considérons alors despollens
dont la moyenne de pour-centage
est trèsfaible,
comme leThym
pourqui
m = 0,1 p. 100ou 0,001, la pro- babilité de les trouver devient très faible.Ainsi,
pour leThym,
avec n -- 100, laprobabilité
de n’en pas trouver estégale
à o,go ; avec fi - I ooo, elle estégale
à0 , 3 6
et avec >1 = 2 00o à o, I3!.
En
définitive,
encomptant
1200pollens,
on nepeut espérer
raisonnablement détecter lespollens
que pourlesquels
M = !, c’est-à-dire ceux pourqui
5 == I 20o q d’où q= I 200 ’!
= o,oo4, c’est-à-dire dont lepourcentage
est de 0,4.Au-dessous,
la découverte del’espèce végétale
devient de moins en moinsprobable.
Il est illusoire de
parler
à ce moment-là de sécurité depourcentage
calculé. Parexemple,
dans le relevé 22, laVipérine
estaccompagnée
de l’indication de i p. 100.Or,
sur lapopulation globale
des 2 ooograins
depollen,
sonpourcentage
n’estplus
que de 0,03 p. 100. Ce chiffre ne
représente
du restequ’imparfaitement
la réalité.En
effet,
sur 30observations,
29 furentnégatives.
Enfait,
le nombre degrains
depollen
deVipérine
existant dans lapréparation
est sîirement très faible.7
°)
- Nombved’espèces
enfonction
du nombve degrains de pollen comptés
Le nombre
d’espèces végétales
découvertes dans unepréparation dépend
évi-demment du nombre de
pollens
observés. Nous l’avons démontré de lafaçon
sui-vante :
Nous
comptons
lesgrains
depollen
dans unepréparation
et nous notons lesespèces végétales
décelées à intervallesréguliers,
en l’occurence à 50pollens,
100,150
, 200, etc.
jusqu’à 8 50 .
Nous avons réalisé descomptages
sur4 miels
différentset nous obtenons le
graphique
de lafigure
3. La courbe moyenneprésente
unepente
très raide
jusqu’à
m = 100. Lapente
diminue entre n = 100et n = 700. Il se forme alors unpallier.
Nous pouvons donc penserqu’à partir
de n =8 5 o
le nombre desespèces végétales
non rencontrées seratrès
faible et que lesplus importantes
sontdéjà
notées. Nousappliquons,
enfait, ici, le principe
de la courbe de GUINOCHET utilisée par laphytosociologie.
Dans le cas d’un aperçu
rapide
de lapréparation,
lors d’uncomptage
deioo
grains
depollen
parexemple,
nous reconnaissons à peuprès systématiquement
certaines
espèces végétales,
parce que leurproportion
dans lapopulation générale
est
particulièrement élevée ;
les autres ne sont observées que tout à fait acciden- tellement. Pour nous faire une idéeplus précise
de cephénomène,
nous avonscompté
6 fois de suite i ooo
pollens
sur la mêmepréparation
de miel de Trèfle blanc. Nousavons
pris
soin de noter lesespèces
reconnuesaprès comptage
des 100premiers grains
depollen.
Deplus,
nous avons calculé la moyenne despourcentages
dechaque espèce
sur l’ensemble de o ooopollens.
Les résultats intéressants sontconsignés
au tableau 5.
Ainsi,
desespèces
mineures sontrepérées
trèsvite,
mais seulement accidentellement. Par contre, il est raisonnabled’espérer
avoir dans ce cas reconnuseulement les
espèces
dont lespourcentages
sontsupérieurs
à 4 ou 5 p. 100. Pour lespcctre étudié,
seuls lespourcentages supérieurs à
.! p. 100 se sont retrouvés dans les 100premiers grains
depollen
observés. Il semblelogique
que lafréquence d’ap- parition
au début del’analyse
soit à peuprès proportionnelle
aupourcentage
del’espèce correspondante.
DISCUSSION
La
préparation
effectuée àpartir
de 10 à 20 g. de miel de lafaçon
que nousavons
exposée
semble donc être un matériel correct. Ilprésente
certains inconvé- nients aupoint
de vuestatistique,
mais nousn’entrevoyons
pas encoreparfaitement
la
possibilité
de les éviter. Parconséquent,
leproblème
est de savoir comment l’u-tiliser au mieux afin d’obtenir des résultats valables.
L’hétérogénéité
de la distribution desgrains
depollen
entre la lame et la lamelleest certaine. Elle n’est pas
générale,
mais desplages
disséminées sont nettement différentes de l’ensemble. Elles se situentapparemment
sur toute la surface de lapréparation,
aussi bien dans son centre que sur ses bords. Il serait difficile de trouver deuxplages
ouplus qui
formeraient un ensembleparfaitement homogène,
mais cettehétérogénéité
ne semble pas être due à unphénomène
constant ou du moins bienapparent.
Le remède est donc
d’augmenter
l’effectif Il, c’est-à-dire le nombre desgrains
depollen comptés.
Nous avons fixé rz à 1200. Mais nous travaillons par la méthode dusous-échantillonnage ;
les sous-échantillons étant leschamps microscopiques,
lenombre de ces derniers doit être
augmenté parallèlement
à celui desgrains
depollen.
Il serait illusoire de croire améliorer la méthode en
augmentant
le nombre degrains
de
pollen
parchamp microscopique.
Nousaugmenterions
alorsl’importance
relativede
chaque
sous-échantillon en en diminuant le nombre.L’hétérogénéité
serait alorsintensifiée.
Ainsi,
nous avons montré quel’augmentation
du nombre degrains
depollen
dans lapréparation microscopique
par celle du miel intervenant n’est pas à recommander. Lepoids
du miel restant fixé aux environs de 10-20g, le nombre depollens
et dechamps microscopiques
est doncaugmenté.
Les
champs
étant choisis auhasard,
on évite la casualisation del’opération.
Cette casualisation alourdirait la méthode et la rendrait de toute
façon
peu utili- sable. Les résultatsacquis
enmélissopalynologie
demandent engénéral
de nombreusesanalyses qui, casualisées, prendraient beaucoup trop
detemps.
L’hétérogénéité
dusystème
enpartie neutralisée,
onpeut
essayerd’adjoindre
àchaque espèce
unpourcentage. D’après
les résultats de noscalculs,
il nousparaît
illusoire de vouloir
parvenir
à une tropgrande précision.
LTnedécimale,
dans l’état actuel deschoses,
n’a pas designification
bien établie. Deplus,
tous les faibles pour-centages
obtenus sontsujets
à caution. Legrain
depollen
trouvé à l’état isolé nepeut
pas nous transmettre, par sa seuleapparition,
uneimage
fidèle de sa vraierépartition
dans l’ensemble des
grains
depollen
se trouvant sur lapréparation
micro-scopique.
Pour lespourcentages
inférieurs à i p. 100- sur 1 200pollens comptés
-il serait souhaitable de
n’indiquer
seulement que saprésence
par unsigne,
le -! desphytosociologues,
parexemple.
Lapratique classique partageant
lesespèces
en domi- nantes,accompagnement
et isolées est, enfait,
souventplus réaliste,
surtout si elleest maniée par un
palynologue expérimenté.
Si le nombre despollens comptés
estinférieur à 500, une classification
grossière
estpréférable
à une liste de chiffres erronés.La recherche de
l’origine géographique
de mielsprésente
d’autresproblèmes.
Plus que leur
pourcentage,
laprésence
ou l’absence de certainesespèces
est déter- minante. Dans ce cas, le millier degrains
<lepollen
doit êtrecompté.
Nous avonsmontré
qu’une analyse rapide
permet dedéceler,
enplus
des dominantesqui
nepeuvent échapper,
desespèces
isolées ou même très isolées.Or,
laprésence
dans unspectre
établisuccinctement,
de tellesespèces,
est absolumentarbitraire,
car elles n’ont pasplus d’importance
ou mêmeparfois moins,
que certainesqui
n’ont pu être décelées. Parconséquent,
une attentionparticulière
doit êtreportée
au nombre degrains
depollen
minimum que nous avons déterminé.CONCLUSION
L’analyse pollinique
des miels doit ainsi donner des résultats deplus
enplus précis.
Desprogrès
restent à faire.L’hétérogénéité
despréparations microscopiques
pourra être réduite
lorsque
nous en connaîtrons les causes. Il serait intéres- sant d’étudier les actionsréciproques
des débrisorganiques
ou minéraux avec lesgrains
depollen.Nous
trouvons souvent dans lespréparations
desagglomérats
degrains
depollen
sur un débrisquelconque, qui
nuisent àl’homogénéité
de l’ensemble.I,a
suppression
de ces débris au cours desmanipulations
serait doncimportante.
De
plus,
laprésentation
desspectres polliniques
doit évoluer. Elle doit êtreadaptée
à laprécision
exacte del’analyse.
Nous devons nous habituer à neprésenter
dans ces
spectres
que des chiffres ayant unesignification
certaine cequi,
malheu-reusement, n’a pas tout le
temps
été bien observé.RÉSUMÉ
INTERPRÉTATION STAT1STIQUE DES RÉSULTATS
EV MATIÈRE D!4!.4LTSE POLLINIQUE DES MIELS
Les
préparations polliniques
nécessaires à cette étude ont été obtenues selon la méthode MAU. Rizio-LouVFAUX
légèrement
modifiée. On a observé que la mêmeanalyse répétée
3o fois, en comptantchaque
fois 100grains
depollen,
donnait des résultats fort variables. Cela semble dû d’abord à unmanque
d’homogénéité
de lapréparation microscopique.
Lepoids
de miel utilisé intervient pour lenombre
d’espèces
rencontrées, Il semble que les meilleurs résultats sont obtenus avec r! g de miel environ. Le nombred’espèces
varie également avec le nombre depollens comptés.
Le millier degrains
de
pollen
observés doit être atteint. Un minimumidentique
est nécessaire pour réduirel’espace
devariation
probable
des pourcentages obtenus à (i ou p. 100.Par
conséquent,
unepartie importante
de lapréparation
doit être observée d’unefaçon
appro- fondie au cours del’analv_ se
et les résultats ne doivent être présentésqu’avec
des chiffres ayant unesignification
réelle.SUMMARY
STATISTIC INTERPRETATION OF THE RESULTS OF POLLEN ANALYSIS OF HONEYS
The
pollen preparatio»,
necessary for this study have been obtained bv aslightly
modifiedversion of the MAL’RIZIO-LOL’VEAUX method. It was observed that the same
analvsis repeated
3o timescounting
100grains
ofpollen
a time. gave veryt-ar y ing
results. At firstsight,
this would seem to be due to a lack ofhomogeneity
in themicroscopic preparation.
The weight ofhoney
useddepended
on the number of varieties encountered. It would seem that best results are obtained with about i
5
g of
honey.
The number of varieties also fluctuates with the number ofpollens
counted. It is essential to observe at least a thousandpollen grains,
thisbeing
a minimum for the reduction of the range of variation in theprobable
percentages obtained to 6 or p. 100.Consequently,
alarge
part of thepreparation
must be studiedthoroughly
in the course of theanalysis
andresults
should bepresented only
ifthey
can offerfigures having any
truesignificance.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
MAURIZIO A., LOUVEAUX J., I 96j. Commission internationale de Botanique apicole (U. I. S. B.). Méthodes d’analyse pollinique des miels..’Inn. Abeille, 6 (1), 75-76.