LES
PRÉFÉRENCES
ALIMENTAIRES DU PORCELETII.
- LESUCRE
DANS LES ALIMENTSPOUR PORCELETS
E. SALMON LEGAGNEUR R.
FÉVRIER
Station de Recherches sur
l’Élevage,
C.N.R.Z., Jouy en JosasPlusieurs études ont été
entreprises
ces dernières années àl’étranger
sur
l’appétence
que le sucre estsusceptible
de conférer à la ration duporcelet.
C’est ainsi que NELSON et al.( 1953 ) puis
I,»ms et CATRON(
I953 - I955
)
montrent que le sucreajouté
à des taux de 5 à 20p. 100 aux aliments pourporcelets,
provoque chez ces derniers des consommations alimentairesplus
élevées et des croissancesplus rapides.
A la suite de ces travaux, nous avons voulu étudier comment de faibles
quantités
de sucreapportées
au début de l’alimentationcomplé-
mentaire du
procelet, pendant
une très courtepériode, agissaient
sur lecomportement
alimentaire de ce dernier.Dans ce
but,
nous avonsentrepris
une séried’expériences
destinéesà nous
renseigner
sur lespoints
suivants :la Les
porcelets
recevant au choix des aliments contenant ou nondu sucre,
préfèrent-ils
les aliments contenant ce sucre?2
° I,a
façon
dont estprésenté
le sucre dans l’aliment(sucre
enro-bant l’aliment ou
mélangé
à cedernier)
a-t-elle une influence sur laconsommation?
3
°
Les travauxétrangers
avaient montré que lesporcelets
étaientattirés par les aliments contenant le
plus
de sucre et les meilleurs résultats étaient obtenus avec des rations contenant 20 p. 100 de sucre. Mais lepoint
de vueéconomique
et lesproblèmes
de fabrication conduisent àse demander si des résultats aussi intéressants ne
pourraient
être obtenusavec des taux de sucre
plus
faibles.Nous avons donc
comparé l’appétence
de trois aliments conte- nantrespectivement
3-5 et 10 p. 100 de sucre.4
° I,es
porcelets qui reçoivent
des aliments contenant du sucreont-ils réellement une consommation
supérieure
à ceuxqui
n’enreçoivent pas?
Leur croissanceest-elle,
de cefait, plus rapide?
(’) Avec la collaboration technique de J. RETTncLtnTt.
Protocole
expérimental
Quatre
sériesd’expériences
ont donc étéentreprises
pourrépondre
aux
questions précédentes.
Ellesportèrent
sur4 8 portées
deporcelets
de notre
élevage,
soit environ 450animaux, répartis
suivant leplan expérimental suivant (tableau I) :
De la naissance au sevrage
( 2 mois),
lesporcelets
étaient laissés avecleur mère, mais ils recevaient une alimentation
séparée
àpartir
dujo
e ou du i5e
jour.
Ces aliments pour
porcelets
étaient distribués sous forme de gra- nulés(conformément
à une de nosprécédentes expériences).
I,’incor-poration
éventuelle de sucre de betterave se faisait avant le pressage(sucre mélangé)
ouaprès (sucre enrobant).
Dans les deux cas, uneanalyse renseignait
alors sur lepourcentage
réel de sucreajouté
à l’aliment.Dans toutes les
expériences, l’emploi
du sucre était limité à la qua- trième ou à lacinquième
semaineaprès
la naissance. I,a distribution des aliments se faisait dans depetites
auges et, parpesée journalière
des
refus,
onpouvait
connaître les consommations.A la suite des
régimes expérimentaux
etjusqu’au
sevrage, les por- celets recevaient un aliment «pré-sevrage
» sec,comprenant
environ140g de matières
azotées,
du laitécrémé,
et àpartir
de laseptième
semainedeux repas humides de l’aliment
précédent.
On trouvera au tableau II la
composition
des différents aliments utilisés pour lesexpériences.
’
Résultats
Expérience 1
a)
Dans unpremier temps,
nous avonsrepris l’expérience
de 1,Ewiset CATRON destinée à montrer l’intérêt du sucre pour le
porcelet.
Huit
portées reçurent
chacune trois aliments au choix :- Granulés contenant 20 p. 100 de sucre
mélangé.
- Granulés contenant 10 p. 100 de sucre
mélangé.
- Granulés ne contenant pas de sucre.
Le tableau III
indique
les consommationsenregistrées
dans les dif-férentes
portées :
Ces résultats
permettent
de mettre en valeur lesrapports
suivants :I,es différences observées entre les consommations de
granulés
sucrés à 20 p. 100 et ceux non
sucrés,
ou sucrés à 10 p. 100, sontsigni-
ficatives au seuil P < o,oi
(n
=8,
t =6, 9 ).
b)
Nous avons refait uneexpérience analogue
en utilisant cette foisdeux aliments dont l’un contenait 10 p. 100 de sucre
incorporé
par en-robage
autour desgranulés.
Les résultats obtenus furent les suivants
(tableau IV) :
Cette fois encore, les
porcelets
ontpréféré
l’aliment sucré à celuiqui
ne l’était pas. l,es différences de consommation observées sontsigni-
ficatives au seuil P = 0,05
(n = 4 , t = 2 , 4 ).
Lerapport :
est ici de
2 ,8 1 .
Expérience II
Dans
l’expérience précédente,
le sucre a été consommé sous deuxprésentations
différentes. Nous avons voulu voir dans laprésente expé- rience, laquelle
de ces deuxformes,
àégalité
de taux de sucre( 10
p.100 )
était la
plus appréciée (tableau V).
Il semble que les
porcelets
aientpréféré,
d’une manière assez sen-sible,
lesgranulés
enrobés.I,a
comparaison
des valeursprécédentes
donne en effet :Expérience III
Trois aliments contenant 3-5-10 p. 100 de sucre
(enrobant)
étaientofferts simultanément aux
porcelets
de huitportées.
I,e tableau VI
rapporte
les consommationsenregistrées.
Les différences observées entre les
granulés
à 3 p. 100 età
5 p, 100sont
significatives
au seuil P = 0,01(n
=8,
t =4 , 24 ) ; par
contre, cellesentre les
granulés
à 5 p. 100 et à 10 p. 100, bien queplus importantes,
ne sont pas
significatives (t
= z,5g, n =8).
On
peut
calculerégalement
lesrapports
suivants :Expérience IV
I,es
expériences précédentes
avaient pour but de comparer les consom-mations
respectives
d’aliments distribués simultanément aux mêmesporcelets.
Nous avons constitué ici deux lots deportées
dont l’un re-cevait l’aliment
sucré,
alors que l’autre recevait le mêmealiment,
maisnon sucré. A
cinq semaines,
les deux lots recevaient le même alimentnon sucré.
Pour
chaque lot,
onpouvait
donc noter : la consommation d’ali- mentpendant
lapremière période,
la consommation totale d’aliment par lesporcelets
avant le sevrage et la date du début de la consommation effective d’aliment par lesporcelets (nous
avionspris
pour critère le moment àpartir duquel les porcelets
consommaient 25 g denourriture par porcelet
et parjour plusieurs jours
desuite). Enfin, le poids
moyen des
porcelets
à différents âges renseignait
sur la rapidité
de croissance.
I,’ensemble de ces résultats
figure
aux tableaux VII et VIII.Examen des résultats
a) L’expérience
In’appelle
pas de commentaires. Elle confirme les résultats de NELSON et al. et ceux de LEwis et CATRON : le sucre aug- mentel’appétence
des aliments pourporcelets.
b)
Les résultats del’expérience
II sont conformes à ceux de N!r.sorr, mais contraires à ceux de I,itwis et CATRON : ilsemblerait,
selon nous, que le trèsjeune porcelet préfère
nettement lesgranulés
« enrobés naux
granulés
«mélangés
». Cette différence de résultatspourrait
s’ex-pliquer
ainsi :la Le taux de sucre utilisé par nous dans cette
expérience
étaitinférieur à celui utilisé par 1,Fwis
( 10
p. 100 au lieu de 20 p.ioo).
Il estpossible
que dans notre cas, lesporcelets
aient étéplus
sensibles au sucre« concentré o à l’extérieur du
granulé qu’au
sucre « dilué » à l’intérieur.On
peut
noterégalement
que la dureté desgranulés augmente
consi- dérablement avec le taux de sucre àl’enrobage.
Cette dureté a pu avoirun effet
dépressif
sur la consommation pour les taux de sucre élevés(20
p.100).
2
0 LEWIS n’aboutit à ses conclusions que
lorsque
lesporcelets
ontatteint
l’âge
de 5 à 8 semaines. Les nôtres, par contre, concernent desporcelets
de moins de 5 semaines. Ilpeut
y avoir une évolution dugoût
avec
l’âge ;
cette évolution est d’ailleurssignalée
par NELSON.c) L’expérience
III montre que lesporcelets
sont très sensibles ausucre, même
lorsqu’il
est distribué à faible dose. Le taux de 10 p. 100 desucre enrobé
paraît
provoquer uneaugmentation
sensible del’appé-
tence des aliments.
d)
Ilimportait
de vérifier quel’augmentation d’appétence apportée
par le sucre se traduisait par des consommations effectives
plus grandes.
C’est bien ce que l’on a pu observer dans
l’expérience
IV. On re-marque en effet que les
porcelets
ayant reçu du sucre au début de leur alimentationcomplémentaire
ontconsommé, pendant
cettepériode, plus
d’aliment que ceuxqui
n’en recevaient pas. Cesporcelets
ont com-mencé à se nourrir
plus
tôt, ils ont consommédavantage
par la suite et ont eu, au sevrage à 8semaines,
unpoids plus
élevé.L’augmentation
d’environ ikg
dupoids
moyen desporcelets
ausevrage semble en effet
correspondre
aux 2kg supplémentaires
d’ali-ment que chacun d’eux a absorbé.
L’intérêt
qu’il
y a de réserver l’aliment sucré aux toutespremières
semaines de l’alimentation du
porcelet
se trouve ainsi confirmé. Nous aurionspeut-être
obtenu des résultatsplus
nets enpoursuivant davantage
la distribution d’aliment
sucré, jusqu’à
7 semaines parexemple,
maisl’avantage économique
de cette méthodeparaît
douteux àpriori.
Des études seront
cependant poursuivies
ultérieurement dans cesens.
Résumé
L’incorporation
de sucre debetterave,
à des taux allant de 3 à10 p. 100 et sous différentes
formes,
dans les aliments pourporcelets
non sevrés
âgés
de 2 à 5semaines,
a été étudiée.1
° Les
porcelets
semblentpréférer
les aliments contenant du sucreà ceux
qui
n’en contiennent pas.2
0 La consommation est
plus
forte et débuteplus
tôt avec les ali-ments
sucrés,
surtout si ces derniers sont enrobés par le sucre.3 0
L’accroissement de consommation provoque une
augmentation
d’environ i
kg
dupoids
moyen desporcelets
au sevrage.Reçu Pour !ublication le 2g mavs 195 6.
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