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Les gîtes bitumineux de Dardagny (Genève)

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Les gîtes bitumineux de Dardagny (Genève)

LAGOTALA, Henri

LAGOTALA, Henri. Les gîtes bitumineux de Dardagny (Genève). Le Globe, 1932, vol. 71, no. 1, p. 3-109

DOI : 10.3406/globe.1932.2646

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:150881

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LES GITES BITUMINEUX DE DARD.A.ŒNY

(GENÈVE) PAR

Henri LVGOIVLV Dr es sciences

Privat-docent à, l'Université de Genève

INTRODUCTION

Le récit de Hasis-Adra dans l'épopée d'Izdubar est le plus ancien texte relatant l'usage du bitume. Plus de vingt siècles avant notre ère l'emploi de cet hydrocarbure était connu et les gisements de Mésopotamie faisaient l'objet d'une

exploitation. Parmi ces gisements, celui d'Hit (Is) sur l'Euphrate, est indiqué par Hérodote i .

Les bitumes ont servi dans l'antiquité au calfatage des embarcations (bateau de Hasis-Adra, arche de Noé, corbeille enduite de goudron de Sargon, futur roi d'Agadé, corbeille de Moïse) ; ils tenaient lieu de ciment dans la construction en briques de terre (Babylone, tour de Babel) ; enfin ils étaient utilisés pour la fabrication de projectiles incendiaires 1 Voir à ce sujet : Suess, la Face de la Terre. Traduction de E. de Mar- gerie. Colin, Paris 1897.

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(lutte du dieu Mérodach contre le dragon Tiâmat). Les Egyptiens en connaissaient l'utilité pour l'embaumement et les utilisaient pour imperméabiliser les citernes et les

réservoirs à blé. Les Persans adoraient le feu, produit sans doute par des émanations d'hydrocarbures gazeux; de même le culte du feu se célébrait à Surakani près de Bakou. Enfin c'est dans des puits d'exploitation de pétrole de la vallée de

Sidim que tombèrent les rois de Sodome et de Gomorrhe.

Pendant longtemps, dans nos pays, les bitumes trouvèrent des emplois locaux et restreints pour le graissage et pour les soins corporels, contre les rhumatismes et la vermine en particulier.

Ce n'est cependant qu'au dix-neuvième siècle que l'industrie du pétrole devait commencer son développement qui n'a depuis cessé de s'affirmer. Trois faits sont à l'origine de cette généralisation de l'utilisation des produits pétrolifères : la découverte des distillats d'huiles minérales brutes,

l'application des sondages à la découverte et à l'extraction des pétroles et l'invention du moteur à explosion. Depuis lors les

pétroles et leurs dérivés sont parmi les principaux

générateurs d'énergie, et la possession de gîtes pétrolifères devint un facteur de l'indépendance économique et souvent politique.

Abstraction faite des exploitations d'asphalte du Val-de- Travers, la Suisse ne joue aucun rôle dans la production des bitumes. Les recherches nombreuses qui ont été effectuées sont restées stériles. Et pourtant en de nombreux points des suintements de bitume se manifestent; c'est particulièrement le cas pour Dardagny qui fera l'objet de notre étude et au sujet duquel un géologue écrivait : « Gans allgemein darf mann sagen, dass die Genfer Ôlsande, insbesondere der La Plaine-Sand, zu den schônsten gehoren, die man in den gros- sen Olfeldern uberhaupt an der Erdoberflâche findet. » 1

1 Arn. Hkim und Ad. Hartmann. Petrolfûrende Molasse der Schweiz. 1919.

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Généralités

Le fond mollassique du territoire de Genève est presque entièrement caché sous une importante accumulation de dépôts glaciaires, fluvio-glaciaires, fluviatiles ou lacustres.

En de rares points la mollasse émerge. Les méandres

encaissés des principales rivières témoignent d'un regain d'activité des forces érosives, consécutif à l'abaissement du seuil des cluses du Jura.

Grâce en partie à cette nouvelle activité la mollasse a été mise à jour en de nombreux points. C'est le cas notamment pour les affleurements sporadiques des falaises du Rhône et des vallées delà Versoix, du Nant d'Avanchet, de l'Allondon et de ses affluents, de la Laire, etc. Quelques sommets et

versants de collines montrent par leurs affleurements des bombements du soubassement mollassique.

Le sol de Genève offre peu de ressources industrielles.

Les graviers et sables cependant donnent lieu, depuis la généralisation de remploi des bétons, à des exploitations

intéressantes. Les gros blocs erratiques ont été pour la plupart détruits et ont servi aux besoins locaux de la construction. Les argiles sont utilisées pour la confection de tuiles, briques, et produits réfractaires. Quand à la mollasse, elle est une pierre gélive

et de consistance parfois trop faible pour se prêter à la construction et supporter convenablement les intempéries de

notre climat.

Selon Necker une des façades de l'Hôtel de Ville de Genève aurait été construite avec de la mollasse provenant de la base du coteau de Cologny. Au pied de cette colline et sous les eaux du lac se voient encore les traces d'une ancienne exploitation.

Dans la mollasse se trouvent des substances qui, si elles étaient en quantités suffisantes, pourraient présenter un cer-

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tain intérêt économique. Il s'agit plus particulièrement du gypse et des bitumes.

La 'présence de gypse a été reconnue dans la mollasse de Cologny par de Saussure (2), Necker (7) et Favre (9). Colla- don d'après Favre (9) le signale à la Planta. Au milieu du village de Vandœuvres un banc de 1 m. de gypse compact fut rencontré (2, 7). A Bernex, au sommet de la colline deux

anciennes carrières sont encore visibles, elles résultent de l'exploitation d'une couche de gypse qui aurait atteint 1 m. 60 d'épaisseur (2, 9). Enfin dans le Nant-d'Avanchet le gypse apparaît de même que dans le coteau de Choully. C'est en recherchant les lignites que l'on attira l'attention sur les

bitumes de Dardagny. De Saussure est le premier géologue qui ait signalé les lignites de la mollasse de Genève (2), il

s'exprime ainsi au sujet de ceux de Dardagny : « Un corps fossile, dont on a trouvé des indices dans les mollasses des environs du lac, c'est le charbon de pierre. On en voit des couches

minces entre des lits de mollasse dans la terre de Dardagny, sur les bords de ce même ruisseau 1 près duquel on a trouvé l'os pyriteux dont je viens de parler. »

En note iuframarginale, de Saussure indique : « Je fis aux promotions académiques de 1770 un discours, dans lequel je tâchai d'engager le public à faire les frais des fouilles dans cet endroit, croyant qu'il y avait lieu d'espérer qu'on y trouverait des couches plus considérables de charbon de pierre. » (2) Les lignites se retrouvent en divers points encore : à Mal val, à Epeisse, au Nant-d'Avanchet. Lors des travaux de fondation du pont des Granges, au nord-est de Malval, on mit à jour un banc de lignites de 1 m d'épaisseur (8). De grands espoirs, vite déçus, furent fondés sur la présence de ces lignites.

Les mollasses bitumineuses ont été découvertes en divers points de notre territoire, plus spécialement dans la zone

1 II s'agit du nant Roulavaz.

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s'étendant de La Plaine aux Granges de Malval. De Saussure signale des « veines de terres bitumineuses que l'on pourrait regarder comme des indices de charbon de pierre » à la base de la colline de Cologny. Quelques bancs calcaires de la

mollasse de Cologny sont bruns, bitumineux et fétides (Necker, Favre). (Puits de la route de Cologny à Vandœuvres par les Hauts - Crêts) . De même à Bernex, d'après Favre, on aurait découvert des mollasses bitumineuses. A La Plaine, sur les deux rives du Rhône (2), à Dardagny dans le Nant- Charmille, sur la route de Dardagny à Challex, dans le Nant- Punais, dans la vallée de la Roulavaz, dans celle de l'Allon- don (les Granges), à Choully, au nord du village, aux Ouchet- tes (sud-ouest de Choully), à l'ouest des Ouchettes et au nord des Bevouses1, les mollasses bitumineuses ont été signalées par divers auteurs. (2, 9, 24, etc.,). Les mollasses

bitumineuses du pont de La Plaine que Heim (24) a cru découvrir se trouvent déjà indiquées dans une brochure publiée en 1877 (8) et dans Favre (9).

Le sondage de Challex (30) a montré la présence de bitumes dans les mollasses sur territoire français mais à proximité immédiate de la frontière. Comme nous le verrons, dès la fin

du XVIIIme siècle et jusqu'à une date récente (1927), des tentatives furent faites pour exploiter au début les lignites et dès le début du XIXme siècle les bitumes.

En 1918, des recherches furent faites pour découvrir de la houille. M. Plancherel en février demande la concession pour tous gisements de houille et matières semblables dans les communes de Choulex, Meinier et Collonge. Le requérant se basait sur les résultats que lui avaient fourni la baguette et le pendule. Le 1er mars de la même année, à la suite d'une nouvelle demande, il est autorisé à faire, ainsi que M. Pingue- 1 Un affleurement de mollasse bitumineuse au nord des Bevouses a été trouvé par M. E. Paréjas. Communication orale.

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let, des recherches par puits sur les terrains des communes de Veyrier et de Troinex. Le 29 avril MM. Pinguelet et Plancherel annoncent à l'État qu'ils ont commencé

l'exploitation de tourbe et lignite dans les marais de Veyrier sur la propriété de M. W. Borel.

En 1920, le 19 mars, M. Chavanne, ingénieur à Béthusy sur Lausanne, obtient l'autorisation de faire des travaux de recherches de gisements de charbon dans les communes de Meinier, Gy, Jussy, Chêne-Bougeries et Thônex.

Historique des tentatives d'exploitation XVIIlme siècle

En 1769, Jean-Philippe Horneca (dit Horngacher) seigneur de Dardagny voulut fonder une société pour exploiter les mollasses de Dardagny, la présence de bitume dans ces roches étant un indice favorable à la présence de charbon de pierre. Favre (9) indique que dans ce but, le 15 février de l'année suivante, quelques personnes se réunirent et qu'un particulier offrit vingt louis au Comité d'économie rurale et domestique pour rechercher le charbon (1). Sénebier aurait au cours de cette séance présenté un mémoire sur les mines de houille et fait allusion à Dardagny (9).

En 1770 se place le discours que de Saussure prononça aux promotions académiques, une somme de quatre cents louis fut recueillie provenant de la souscription de vingt-cinq particuliers, mais il fut impossible de s'entendre avec les

propriétaires du terrain sur la répartition des bénéfices éventuels et l'affaire n'eut pas de suites (2). Le registre de la Société des Arts du 26 décembre 1794, d'après Favre (9), indique que de nouvelles recherches furent effectuées dans le Nant-Punais pour découvrir une mine de charbon, mais sans résultat.

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Comme nous le voyons l'on ne parle pas encore de bitumes, si ce n'est accessoirement, comme indice de la présence des charbons.

XlXme siècle

Un quart de siècle s'écoule sans que l'on parle de Darda- gny au point de vue minier. Notons cependant la création à Genève d'une Société anonyme sous le titre « Société pour la recherche et l'exploitation de diverses substances minérales et spécialement de la houille » . Cette société fut autorisée par arrêté du Conseil d'Etat (4 octobre 1824). Dans les statuts de la société, qui furent enregistrés par acte du 18 novembre 1 824 chez Ferdinant Jayet, notaire à Genève, nous lisons à

l'article 12 : « ...assure les dépenses nécessaires pour la recherche et l'examen des mines existant dans nos environs et

principalement dans quelques cantons suisses » . Nous ne savons pas si cette société s'occupa de Dardagny.

Le 29 décembre 1825 un nommé Tessier, de Genève, négociant à Roanne, fonce un puits au point culminant de Dardagny (8) ; ce puits ne rencontre que de la mollasse

bitumineuse et semble avoir été abandonné en 1826.

Nous avons trouvé dans une note non datée et non signée du dossier Rigaud des Archives de l'Etat de Genève que Tessier demande :

1° Qu'il soit interdit à tout autre qu'à lui de pouvoir exploiter de la houille dans la commune de Dardagny.

2° Qu'il soit permis à lui seul et aux siens d'exploiter dans la dite commune moyennant le consentement des propriétaires dont M. Tessier désirera exploiter le sol. 3° Exemption de tous droits, notamment droits de péage et d'octroi. 4° Un local pour entrepôt en ville. 5° Protection et bienveillance

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du Conseil d'Etat. 6° Des secours du gouvernement pour l'établissement d'un pont à voiture sur l'Allondon entre Dar-

dagny et Russin.

Le registre du Conseil d'Etat de 1826 indique que dans sa séance du 25 février, « Noble de Rigaud, ancien syndic,

rapporte au nom de la commission qui avait été chargée de donner un préavis sur la réponse à faire à l'ouverture que Noble de Rigaud a reçue au sujet de l'exploitation d'une mine de houille qui serait située dans le canton de Genève » . Mais quel était le texte de loi à appliquer ? La loi française concernant les mines ne pouvait être invoquée, du moment que la loi du 6 janvier 1815, art. 74, ne concernait que les lois françaises rendues en matières civile, criminelle et de commerce. Cette loi française était purement administrative, elle faisait une distinction entre la propriété du sol et celle du sous-sol. Selon la commission, ses principes ne pouvaient se concilier avec ceux de la législation genevoise et « la plupart de ses dispositions de détail, propres à un grand Etat monarchique, ne pourraient être exécutées dans notre

organisation administrative». Enfin la commission ajoutait : «La préparation d'une loi sur cette matière adaptée à notre administration et aux principes généraux de notre législation, présenterait de grandes difficultés et forcerait à résoudre des questions délicates controversées par les publicistes de divers pays. Que dans l'état actuel des choses, rien ne nous fait assez entrevoir la possibilité de trouver dans notre sol des mines pour nous engager à entreprendre un travail de cette nature. » La commission serait d'avis de « répondre à l'ouverture de Noble de Rigaud que si l'on découvrait dans notre territoire des mines précieuses, telles que celles de sel et de houille, dès que leur existence et leur nature seraient constatées, le Conseil d'Etat serait disposé à proposer au Conseil Souverain une loi dont le but serait d'assurer aux

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auteurs de cette découverte les moyens d'en profiter et à l'Etat les avantages de ces exploitations ». Le Conseil d'Etat fit siennes les conclusions de la commission. Copie de cet arrêté fut transmis par Rigaud, le 10 mars, à Pernessin qui fut sans doute l'intermédiaire entre Tessier et Noble de Rigaud 1 .

Le 24 août 1826 les lecteurs du Journal de Genève (N° 34, lre année), pouvaient lire : « M. Tessier, propriétaire en France, d'houillières considérables, ayant entendu parler d'indices de houille existant dans la commune de Dardagny, proposa l'automne dernière, à M. Pernessin, d'aller visiter ces lieux. Ces Messieurs trouvèrent dans les grès qui bordent le ruisseau de Roulave, plusieurs fragments de lignite, des mollasses imprégnées de bitume, un suintement d'une eau ferrugineuse, et enfin, à quelque distance de là, dans un

autre ruisseau, une petite source de bitume peu apparente.

La réunion de ces indices de houille les déterminèrent à essayer le creusement d'un puits, qu'ils ne comptaient pas pousser au-delà de trente pieds, s'ils ne rencontraient ni houille ni terrain houillier. On commença ce travail en mars dernier, après avoir traversé la terre végétale, une argile verdâtre, très dure et une couche de grès, on arriva à vingt- sept pieds de profondeur, sur une couche de mollasse

bitumineuse, épaisse d'environ treize pieds ; à sa base on trouva deux sources de bitume pétrole d'excellente qualité. Le

creusement fut continué jusqu'à cinquante pieds ; mais ne

trouvant rien qui annonçât l'approche de la houille, on résolut de ne pas descendre davantage et d'établir, pour l'exploitation de l'huile de pétrole, une galerie partant du puits à quarante pieds de profondeur, laquelle ayant une pente ascendante de quarante-cinq degrés, ira rejoindre la surface à quelque 1 Papiers de la famille Rigaud, remis aux Archives d'Etat par Ch.Sarasin.

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MEMOIRES

distance du puits. Cette galerie sera terminée dans une dizaine de jours, et alors seulement on pourra connaître, d'une manière positive, le produit journalier de l'exploitation ; car jusqu'à présent il se perd beaucoup de bitume dans les décombres de la galerie, à laquelle plusieurs sources aboutissent. Messieurs les entrepreneurs présument recueillir trente litres de bitume par jour. . . »

Le 16 novembre 1826, le Journal de Genève (N° 46, lre année) écrivait entre autres : « ...La couche de

mollasse actuellement exploitée a environ vingt pieds d'épaisseur, elle est tendre, d'une extraction facile, et sa surface, dans la mine, pénétrée d'une grande quantité d'huile, devient même friable... Les travaux ont été poussés avec quelque lenteur,

cependant plusieurs sources ont été rassemblées et mises en pleine activité... Cette huile qu'on obtient ainsi et qui coule naturellement est noirâtre, d'une excellente qualité et surnage

promptement au-dessus de l'eau qui lui est mélangée... » Nous sommes en présence de deux dates pour le foncement du puits; Favre (9) indique que les premiers travaux datent du 29 décembre 1825, le Journal de Genève parie de mars 1826. Wells (41) a vu les ruines de deux puits. Nous ne pouvons affirmer s'il y a erreur de dates ou si réellement

deux puits ont été foncés.

Un géologue de Gênes, Paretto, décrit les terrains traversés (5). Ce puits aurait atteint la profondeur de 30 m lorsqu'il fut arrêté en 1827. C'est le puits Tessier dont parle Schmidt dans son rapport (42). Nous pensons que ce puits est celui qui est situé au voisinage immédiat du Nant- Punais, à 90 m environ à l'ouest d'une petite excavation creusée dans la mollasse de la rive gauche du ruisseau (70m.

amont du point où la route de Dardagny à St- Jean-de-Gonville franchit le Punais). Là se trouvent en eifet les restes d'un ancien puits actuellement noyé. Ce puits aurait donné du goudron jusqu'en 1839.

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Nous ignorons tout de ce qui se passe jusqu'en 1836, année à partir de laquelle M. de Grenus dirige une société qui installe des chaudières dans le Nant-Punais pour extraire les bitumes de la mollasse.

De 1836 à 1839 les goudrons extraits de la mollasse par cuisson sont envoyés à Genève où l'entreprise Sandino et Girel entre autres les utilise pour asphalter le marché couvert de la Corraterie (1838) ^ pour le dallage d'une brasserie de Plainpalais, d'une terrasse à Pregny, et en 1839 ces produits sont utilisés pour des travaux spéciaux au Fort de l'Ecluse (8).

Dans une brochure lancée en 1877, pour recruter des

actionnaires (8) nous lisons que la mort du contre-maître principal détermina l'arrêt des travaux. Cette explication est pour le moins singulière.

En 1838 le Conseil Représentatif s'occupe de législation minière. Selon Flammer, on venait de découvrir dans les communes de Satigny et de Dardagny des couches de bitume et deux demandes de concession étaient parvenues au Conseil d'Etat mais ce corps n'avait pas trouvé opportun de prendre une décision.

Le 1er octobre 1828 le syndic Girod 2 fait un rapport au Conseil Représentatif sur le projet de loi relatif au mode d'exécution dans le canton de Genève de la loi des Mines du 21 avril 1810 (loi française). Une commission dont fait partie Pernessin est nommée et dans la séance du 10 mai 1839 le juge Mallet rapporte sur le projet de loi. Ce rapport parle

des bitumes de Dardagny et d'un puits foncé « il y a une

douzaine d'années ». Il s'agit donc du puits Tessier de 1826. La commission estimait qu'il fallait garder le principe de la propriété et ne reconnaître qu'aux propriétaires le droit d'extraire. Ce projet de loi fut accepté le 13 mai 1839.

1 Emplacement actuel du Crédit Lyonnais.

2 Mémorial du Conseil Représentatif 1838-1839.

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Cette loi donne entre autres à l'Etat le droit d'autoriser la continuation des galeries sous le fond voisin, pourvu qu'il ne soit pas attenant aux bâtiments et moyennant des garanties suffisantes pour le paiement d'indemnités qui seraient

ultérieurement déterminées. La loi règle en outre les modalités de l'octroi de la concession, les droits de l'Etat et la

surveillance des travaux. Cette loi malheureusement était incomplète, aucune obligation pour les exploitants de faire des recherches sérieuses, de lever des plans et de prouver leur activité autrement que par un certain nombre de journées de travail.

Il eût fallu prévoir en outre, avant l'octroi de la concession l'octroi d'un permis de recherches mettant les candidats à la concession en demeure d'effectuer les travaux préliminaires à toute exploitation.

Nous avons vu précédemment que lors des fondations du pont des Granges (1841) un épais banc de lignite fut trouvé.

Ces lignites furent recherchés plus en aval et à cet effet un puits fut foncé sur la rive droite de l'Allondon , au pied de la pile du viaduc du chemin de fer, vers 1850 (22). Ce puits fut poussé jusqu'à 36 m de profondeur, il ne devait rencontrer que des mollasses bitumineuses et le dégagement des gaz hydrocarbures fut tel qu'un ventilateur dut être installé.

Le Recueil des lois de 1856 nous apprend que les frères Alfred et Oscar de Boucqueau, négociants, domiciliés à Paris, rue Fontaine St-Georges, ont adressé une requête au Conseil d'Etat, le 25 novembre 1855, pour avoir l'autorisation

d'exploiter une mine de pétrole, d'asphalte et d'autres bitumes analogues situés sur la commune de Dardagny, au lieu dit Bois de la Roulave(az) et est des Rippes. Dans sa séance du 4 janvier 1856, le Conseil d'Etat, « vu les compromis passés par les requérants avec MM. Etienne Rey et ses fils Jacques et Francis Rey et Jean-Marie Bâtard propriétaires des

parcelles 1236-1306 et 1235 du bois de la Roulave(az) et en

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se basant sur la loi du 13 mai 1839 * autorise cette exploitation.

La loi de 1839 était donc appliquée pour la première fois.

Des années se passent sans que nous sachions ce qu'il advint de cette entreprise. Rochat-Maury (8) déclare qu'elle fut arrêtée par la mort de l'un des frères Boucqueau. Une erreur a été faite par tous les auteurs qui citent cet essai d'exploitation; ils en placent le début à l'année 1834, à la suite de l'erreur initiale commise par Rochat-Maury (8, 22, 24).

En 1868, E. Gardy, propriétaire à la Plaine, adresse le 11 avril une requête au Conseil d'Etat afin d'obtenir

l'autorisation soit pour lui, soit pour telle personne qu'il lui conviendrait de se substituer, d'exploiter sur le territoire de la commune de Dardagny, les gisements de goudron, houille,

schistes bitumineux et substances analogues qu'il lui

conviendrait d'extraire du sol. Nous voyons là l'espoir renaître de trouver du charbon. Le Conseil d'Etat lui accorde

l'autorisation, à bien plaire, mais spécifie que la cession des droits ne pourra se faire qu'avec l'autorisation du Conseil d'Etat. Le

15 mai de la même année, déjà, Gardy demande que

l'autorisation qui lui fut accordée soit étendue à ses co-associés, MM. Henri Galland et Henri Chevassu.

Gardy, Chevassu-Clément et Galland, habitants de La Plaine et Dardagny espéraient trouver des produits

intéressants ailleurs que dans le puits Tessier qui jusqu'alors seul avait été exploité et qui était noyé.

Le Conseil d'Etat demanda à Gardy de créer avec ses associés une société en règle au nom de laquelle la requête sera adressée. Nous ne savons si Gardy fonda une société.

Les registres du Conseil d'Etat ne donnent aucune indication à ce sujet.

Quelques jours après avoir reçu la requête de Gardy, du

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MÉMOIRES

21 avril, le Conseil d'Etat était saisi d'une demande

d'autorisation le 24 avril. Antoine Gaillard, propriétaire à Choully, demande l'autorisation d'exploiter des « terrains houillers » ï situés sur la commune de Satigny. La concession lui est

accordée le 1er mai 1868. Et là encore nous voyons l'espérance de découvrir du charbon.

Le 5 juin de la même année, le Conseil d'Etat renvoie pour étude au Département des travaux publics une délibération de la commune de Dardagny, relative à une autorisation accordée par cette commune d'une exploitation de gisements minéraux sur son territoire.

Au cours de ses recherches, Gaillard ne semble pas avoir trouvé trace des lignites rencontrés en 1841 au pont des Granges, mais son attention est attirée par les mollasses bitumineuses; aussi en 1871, le 4 septembre, adresse-t-il une nouvelle requête au Conseil d'Etat pour pouvoir exploiter les gisements de bitume et de houille de la commune de Satigny. L'arrêté du 13 septembre de la même année lui accorde l'autorisation, mais indique que chaque année le concessionnaire devra envoyer au Département des travaux publics un état des travaux et des dépenses faits.

L'autorisation est donnée à bien plaire. En 1872 Fleps et consorts auraient demandé une autorisation qui leur fut refusée.

En 1873, le 14 novembre, la concession Gaillard est

transférée (requête du 11 octobre) au bénéfice de Théodore Piguet et C. Ruegger, avocat ; elle autorise l'exploitation de bitumes, houille et substances analogues sur la commune de Satigny, et un arrêté autorise la même exploitation sur le sol de la commune de Russin au bénéfice de Piguet et Ruegger à la suite d'une demande du 21 octobre. C. Ruegger était un avocat et Th. Piguet un notaire de Genève; nous retrouvons le nom de Th. Piguet dans la brochure de 1877 (8) destinée à lancer une affaire au sujet de grès bitumineux du canton

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de Genève. Les concessions octroyées à Piguet et Ruegger prévoient l'obligation d'un travail effectif : la concession est à bien plaire et pourra être retirée si les concessionnaires ne justifient pas d'un travail sérieux (30 journées de travail par an) opéré dans les trois mois à dater de l'octroi de la

concession. De plus le gouvernement se réserve d'imposer une redevance annuelle fixée chaque année mais ne dépassant pas 100 fr., jusqu'au moment où les opérations d'exploitation seraient devenues assez importantes pour justifier en faveur de l'Etat un prélèvement annuel de 1 °/0 sur les recettes brutes d'exploitation. Comme on peut le constater l'Etat n'était pas très exigeant et avait eu la sagesse de n'accorder de concession qu'à bien plaire. Cela lui permettait d'intervenir efficacement au besoin. Plus tard les concessions accordées pour une durée allant jusqu'à quatre-vingt-dix-neuf ans

devaient mettre l'Etat devant des difficultés lors de ses interventions.

En 1877 paraît à Genève, à la librairie Desrogis, J. Sandoz successeur, à Neuchâtel chez J. Sandoz et à Paris chez Sandoz et Fischbacher, une brochure sur les gisements bitumineux du canton de Genève (8). L'introduction est signée par V.

Manuel, ancien concessionnaire des mines d'asphalte du Val- de-Travers, par Antony Rey, ancien concessionnaire et directeur des mines d'asphalte du Val-de-ïravers et par Georges Pérusset ingénieur. Cette introduction indique que ses trois auteurs ont possédé en leurs mains un certain nombre de concessions et que « parmi les plus importantes, soit par la facilité d'exploitation soit par la quantité du minerai nous citerons les gisements de mollasse bitumineuse de Dardagny, Satigny, Russin, etc. ». Le texte peut prêter à confusion.

En 1877 les concessions étaient toujours au nom de Gardy pour Dardagny (jusqu'en 1879) et au nom de Piguet et Ruegger pour Russin et Satigny. Cette introduction est suivie d'une

LE GLOBE, MÉM., LXXI, 1932. 2

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étude sur les grès bitumineux de Choully et de Dardagny, signée de Alexandre Rochat-Maury (1872), et d'un rapport de Burtin, ingénieur des mines, qui avait dirigé les premières recherches de la concession Gardy. C'est dans cette étude que se trouve l'indication des bancs de mollasse bitumineuse du pont d'Avully (pont de La Plaine) que Heim a cru être le premier à découvrir. Ce rapport conclut à l'intérêt des recherches, mais reste dans une note scientifique ; il est suivi de quelques rapports d'analyses effectuées par l'Ecole

impériale des Mines de Paris, par Grûner, sous-directeur de cette école, par le professeur de Marignac et par le Conservatoire des Arts et Métiers (L'Hôte). Ce rapport fut effectué en 1868.

Le rapport géologique qui fait suite est signé de Renaud, ingénieur, qui traite surtout de la géologie de la Suisse, puis une analyse de H. Couchet, chimiste, et de quelques lettres destinées à éveiller l'intérêt pour l'affaire. Le rapport de H. Pittore expose un programme des travaux d'exploitation à entreprendre. Dans une lettre adressée au Journal de

Genève (16 décembre 1876) et reproduite dans cette

brochure, Schmidt, pharmacien- chimiste à Genève, attire entre autres l'attention sur l'utilisation possible des grès bitumineux pour le chauffage. L'exploitation, dit-il, « peut rendre un travail lucratif pour nos ouvriers qui chôment ». Enfin citons encore un article enthousiaste de A. Rey sur les avantages d'une exploitation de ces grès. Et nous voyons que pour tous renseignements il faut s'adresser à Th. Piguet, notaire à Genève, donc à l'un des concessionnaires de Satigny et Russin.

Les concessions vont changer de main.

Le 30 mai 1879, transfert à Lormier et de Chabresy (souvent orthographié Cabraisi) de la concession accordée en 1868 à Gardy. La convention spécifie qu'il sera fait trente journées de travail à partir de l'octroi de la concession et

dans les trois premiers mois. Mais à la demande des

intéressés la concession passe par arrêté du 2 décembre 1879

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à Lormier seul. Le 20 décembre 1879 cependant Lormier demande de pouvoir exploiter les substances similaires à celles que vise la concession du 2 décembre 1879, soit huiles minérales, argiles plastiques et réfractaires ainsi que les matières sulfureuses, salines, ferrugineuses et autres qui se rencontrent sur le territoire de la commune de Dardagny.

Cette requête est acceptée par le Conseil d'Etat le 26 décembre 1879.

En 1881 la concession Lormier est transférée à Ch.

Lormier et Alf. Debains par acte du 1 1 février. De plus en plus l'attention est attirée sur les mollasses bitumineuses. J.J. Ma- niglier, ingénieur civil à Paris, propriétaire de mines à St-Etienne, sollicite, le 8 mars 1884, la concession pour

l'exploitation des combustibles et huiles minérales de toutes natures qui peuvent se trouver sur le territoire de la commune d'Avully. Elle lui est accordée le 2 mai 1884. La redevance annuelle est fixée à 25 fr.

Entre temps les concessionnaires de Dardagny avaient tenté l'exploitation des bitumes, mais nous apprenons que le 25 mai 1884 le matériel qui a servi à l'extraction a été vendu par autorité de justice. La concession est annulée par le Conseil d'Etat le 4 juillet 1884.

La commune de Dardagny ne devait pas cependant rester longtemps sans concessionnaire, la vente du matériel était à peine terminée que le Conseil d'Etat avait en main une requête (le 16 juin 1884) demandant la concession de

l'exploitation des combustibles et huiles minérales de la dite commune; cette concession fut accordée le 18 juillet 1884 à Gr. Ochsenbein et G. Anselmier, avec les mêmes clauses que pour la concession Maniglier. Les deux nouveaux

concessionnaires renoncent bientôt à leurs droits et sur la demande des intéressés la concession est annulée par l'Etat le 3

septembre 1886. Quatre jours plus tard cependant Maniglier

(19)

demandait à bénéficier de la concession de Dardagny, l'Etat accepte sa demande le 20 septembre 1886, mais porte la redevance annuelle à 100 fr.

Malgré le peu de succès des entreprises, l'intérêt pour les bitumes ne cesse de se manifester. Un groupe se forme, dont le but est de réunir toutes les concessions de Dardagny, Russin, Satigny et Avully. Il comprend G. Na ville, ingénieur, Th. Turrettini, ingénieur, J. Chappuis, ingénieur, Eug. Em- peyta, négociant, Ferd. Gentet, avocat, et Al. Rillet,

professeur.

Maniglier et consorts abandonnent leurs droits sur

Dardagny et Avully à G. Naville et Th. Turrettini le 10 janvier 1888 et Th. Piguet les siens sur Satigny et Russin aux mêmes le 13 février 1888. Le nouveau groupe obtint du Conseil d'Etat le 25 mai de la même année, la concession

d'exploitation des gisements de bitume, houille et substances analogues sur les territoires des communes de Dardagny, Satigny, Russin et Avully. La concession est accordée pour quatre-

vingt-dix-neuf ans, les bénéficiaires de la concession doivent justifier de deux cents journées de travail par année, payer une redevance annuelle de 500 fr. durant cinq ans, 1 % des recettes brutes pendant six ans doit être versé à l'Etat, 2 % les années suivantes. Des mesures de sécurité sont prises vis- à-vis des tiers. Il ne pourra être travaillé à moins de cinquante mètres des bâtiments appartenant à des tiers et de la ligne du chemin de fer. La nouvelle société entreprit de sérieux travaux de recherches et se rendit rapidement compte de l'inutilité de ses efforts. Elle abandonna les concessions qui retombèrent alors dans le domaine public.

En 1892 une concession aurait été demandée par Dumont, de Lyon, qui ne semble pas avoir entrepris de travaux.

Il meurt et la concession est alors demandée le 4 juillet 1894 par Hugues Aymard, banquier à Lyon. Le Conseil d'Etat lui

(20)

accorde le 10 août 1894 la concession pour les communes de Dardagny, Russin et Satigny. L'arrêté prévoit le dépôt d'une caution de 1500 fr., payable, 250 fr. « le jour du

commencement des travaux et 1250 une année après le premier versement. Il devra en outre verser à l'Etat 1 °/0 des recettes brutes durant les cinq premières années, le 2 °/0 les suivantes».

Mais cette redevance ne sera exigible qu'à la troisième année, la première étant considérée comme année d'expérience, la seconde comme année d'organisation. Dans le délai de deux ans le concessionnaire doit faire la preuve de deux cents journées de travail d'exploitation ou de recherches, et deux cents journées également dans chacune des années suivantes, sinon la concession lui sera retirée. De même le retrait aura lieu si, entre autres, le concessionnaire est incapable de continuer son exploitation. En cas d'abandon ou de retrait de l'autorisation, ou à l'expiration de la concession, les puits et galeries et travaux souterrains deviennent propriété de l'Etat. Nous ignorons à quelle date la concession fut

abandonnée, elle ne fut annulée officiellement qu'en 1915.

XXm6 siècle

En l'année 1900 le gisement fut étudié en particulier par le prof, de Girard, de Fribourg, et les résultats publiés en

1913 (22).

Le 1er avril 1912, Berguer1 ingénieur à Yverdon, demande la concession des territoires de Cartigny, Avully, Chancy, Russin, Dardagny et Satigny. En novembre 1913, à la suite d'un rapport géologique défavorable, il renonce à sa demande.

Il devait la formuler, mais trop tardivement, à nouveau en 1916.

Par suite de la guerre et du manque de combustible en 1 M. Berguer dirigea les sondages de Chavornay pour la « Société du Pétrole vaudois », en 1912.

(21)

MÉMOIRES

Suisse l'intérêt pour les substances bitumineuses de Dardagny et environs se réveille.

James Fassnacht, citoyen suisse, ingénieur et architecte, domicilié à Londres, s'était paraît-il intéressé aux débuts de la concession de Dardagny (1877 à 1880). Le 6 septembre 1915, il demande la concession pour l'exploitation de tous gisements de bitumes et substances analogues pouvant exister dans les communes de Dardagny, Russin et Satigny. La concession lui est accordée pour quatre-vingt-dix-neuf ans, le 14 décembre de la même année après annulation de celle de 1894. La loi appliquée est la nouvelle loi du 15 juin 1895, Ch. XI, concernant les mines. La caution exigée se monte à 15.000 fr., dont 5000 doivent être versés le jour de l'octroi de la concession et le reste par annuités de 2000 fr. à partir de la troisième année. La caution est donc augmentée, par contre pas de redevance annuelle comme pour la concession Turrettini. Les redevances sur les recettes brutes ne sont plus que de l/2 % , à partir de la quatrième année et durant dix ans, et de 1 °/0 pendant les années suivantes. Fassnacht obtint donc des conditions meilleures que le précédent

concessionnaire. Les autres conditions sont les mêmes. Sa concession en main, Fassnacht cherche à former une société

d'exploitation. Hill et Stewart offrent en 1916 de créer une société d'exploitation au capital de 25.000 livres sterling si les résultats des recherches sont bons. L'affaire n'aboutit pas et Fassnacht reste seul concessionnaire.

En 1917, Robert Sulzer, agissant pour le compte de la Société Sulzer frères, à Winterthur, et Ernest Homberg au nom de la Société Anonyme des Aciéries G. Fischer, à Schaffhouse, obtiennent le 19 octobre la concession

d'exploitation sur les territoires des communes de : Aire-la- Ville, Avully, Avusy, Bernex, Cartigny, Chancy, Confignon,

Laconnex, Onex et Soral. A ce moment plus du quart des communes du canton est couvert par des concessions.

(22)

Indiquons que dans sa séance du 14 septembre 1917, le Conseil d'Etat avait décidé de limiter la durée des concessions à trente ans et émis le principe que dès que les bénéfices d'une société d'exploitation dépasserait le 6°/0, l'Etat aurait droit à une répartition des bénéfices. Le groupe Sulzer

acceptait de faire participer l'Etat dans la proportion de 10 °/0 dès que le bénéfice dépasserait le 6 °/0, mais demandait que la durée de la concession fut plus longue, étant donné les frais à engager dans une telle entreprise. Une nouvelle décision du Conseil d'Etat fixa la durée à cinquante ans, et la

concession fut accordée (19 octobre 1917).

Cette concession fut abandonnée par les intéressés le 19 octobre 1922.

En 1918, le Conseil fédéral publie un arrêté (18 janvier) concernant les richesses minérales de la Suisse dans lequel il reconnaît le droit pour le Département de l'économie publique de procéder à des études sur les gisements minéraux, à faire des sondages et autres travaux aux endroits propices, même contre le gré des propriétaires. De plus, il se réserve le droit d'expropriation au cas où des concessions minières ne sont pas exploitées ou le sont de façon irrationnelle. Ces

concessions pourront être affermées par voie de contrainte ou cédées à des tiers en vue de leur exploitation.

En 1919, la « Société suisse pour la recherche des

gisements houilliers», avait commencé des pourparlers avec Fassnacht dans le but d'opérer des recherches dans sa

concession. Les prétentions de Fassnacht firent échouer l'affaire.

Le 6 août 1920, Fassnacht créait la « Société anonyme des produits pétrolifères » à laquelle le transfert de la

concession fut accordé le 11 janvier 1921. Les actionnaires en étaient lord Randal Pilgrin Ralph Louth, rentier à Àrdée (Irlande), Robin Bawtres, négociant à Londres, Fassnacht, Bret Henry et César Hudry. Le capital était de 100,000 fr.

(23)

dont les trois dixièmes furent libérés. Cette nouvelle société disposait donc de 30.000 fr. pour ses débuts, capital bien insuffisant pour entreprendre des sondages et recherches poussées. C'est ce que fit remarquer M. de Glenck au nom de la Société suisse pour la recherche de gisements houillers (août 1920) et qui désirait reprendre la concession. Nulle exploitation de grès bitumineux n'était viable sans des travaux de reconnaissance longs et coûteux. Cette même année la

« Soprosa », Société de produits chimiques, cherche à obtenir une concession dans le canton de Genève, mais tout ce qui est susceptible d'un certain intérêt est déjà accordé.

La Société des produits pétrolifères entreprend quelques petits travaux, fonce quelques puits de recherche peu profonds.

En 1916, Arn. Heim et Ad. Hartmann avaient entre autres gisements étudié les grès bitumineux de Genève et les auteurs publient leurs conclusions en 1919 (24). Les auteurs sont optimistes et tracent tout un programme de sondages. Ils déclarent que les grès bitumineux du canton de Genève sont parmi les plus beaux que l'on puisse trouver parmi les champs pétrolifères de la terre.

L'Etat se trouvait devant une impasse. La concession avait été accordée pour quatre-vingt-dix-neuf ans, et impossibilité financière pour la compagnie de procéder à de coûteux travaux de sondage. Un seul de ceux-ci aurait absorbé près de 100.000 fr., impossibilité légale pour l'Etat de

simplement retirer la concession. On ne pouvait d'autre part diviser la concession selon la loi française en deux zones, le fond et le tréfond, car il aurait fallu faire la preuve de l'incapacité financière de la société concessionnaire à qui les droits de concession avaient été accordés sans restriction de

profondeur.

Le 31 mars 1925, le Dr Râber, agissant au nom de la

« Mineralien Schiirf A. G. Kûssnacht a R. » avait demandé

(24)

la concession. C'est cette société qui dans le but de trouver du pétrole avait fait le sondage profond de Tuggen. Il ne put être donné suite à cette demande.

L'Etat s'était cependant réservé d'apporter des

modifications à la concession lors de son transfert de Fassnacht à la Société des produits pétrolifères (arrêté du 11 janvier 1921).

L'Etat par arrêté du 13 août 1926, considérant entre autres que la « concession n'a donné lieu jusqu'ici à aucune

exploitation et qu'en conséquence aucun versement n'a été reçu par l'Etat... » fixe à partir de 1927 une redevance annuelle de 1000 fr., minimum de la redevance escomptée sur les recettes brutes, et une redevance double à partir de 1929. La Société s'efforce de trouver des fonds et fait procéder à une étude géologique du gisement (44). Le rapport fut défavorable et le 14 septembre 1927 la Société des produits pétrolifères renonçait à la concession.

Ainsi se terminaient par un échec les travaux entrepris et sombraient les espoirs formés depuis 1769. Beaucoup d'efforts et d'argent dépensés en vain. Une seule période de petit rendement (Société Grenus 1836-1839), une période de recherches un peu poussées (Consortium Turrettini 1868).

Aucune des sociétés, par la suite, ne fut suffisamment outillée financièrement pour procéder aux travaux profonds. Le gîte justifiait-il les espoirs qu'il avait fait naître? Justifiait-il de grosses dépenses pour des sondages? C'est ce que nous étudierons plus loin.

Genève, en Suisse, n'avait pas été la seule à tenter ces expériences. Durant la période de guerre principalement, l'on fit en Suisse de nombreuses recherches pour trouver des gîtes de combustibles exploitables, ces recherches furent

poursuivies dans la période de l'après-guerre.

(25)

Gîtes bitumineux de la zone du Jura Parallèlement à l'axe du Jura, soit à l'intérieur des

chaînes, soit aux abords de la chaîne interne, existent en divers points dans des roches d'âge et de nature différents, des gisements de bitume d'importance très inégale, auxquels se rattache celui de Dardagny (fig. 1).

Le gisement le plus oriental se trouve près d'Aarau, le plus occidental près de Seyssel. Seuls deux de ces gisements, Val-de-Travers et Pyrimont (Seyssel), présentent un intérêt économique actuel.

Les bitumes sont contenus soit dans les calcaires du

Jurassique et du Crétacique, soit dans les grès de l'Eocène, du Chattien ou de l'Aquitanien. Le lecteur trouvera dans les travaux de Girard (22), de Heim et Hartmann (24), de Moret (33) et de Gignoux et Moret (35) des indications détaillées sur ces gîtes. Nous ne donnerons ci- dessous que leur nomenclature selon l'âge des roches dans lesquelles se trouve le bitume, et reviendrons en détail sur certains gîtes dont l'étude comparative avec Dardagny offre de l'intérêt.

Gisements dans le Jurassique. — Près de Vallorbe, au lieu dit Epiosat se trouve une brèche calcaire dont certains éléments sont cimentés par le bitume, la roche encaissante est d'âge Bajocien. A Noiraigue, du bitume se trouve dans le Bajocien. Sur la route de la Brévine, à Couvet, les

gisements sont remaniés, au Châble le bitume aurait été exploité autrefois. Aux Brenets (Pargot), le bitume se trouve dans le Kimméridgien. Sur territoire français, le gisement d'Or- bagnoux est constitué par des schistes bitumineux kimmé- ridgiens, de même à Anglefort et Corbonod.

Gisements dans le Crétacique. — Les terrains autres que FUrgonien ne donnent que des indications de bitumes, dans le Gault à Bellegarde, dans l'Aptien de St-Aubin et dans l'Hauterivien du Mont-Chamblon et du Vuache.

(26)

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L'Urgonien est surtout caractérisé au point de vue bitumes par la formation de couches parfois puissantes

d'asphaltes. Deux de ces gisements sont actuellement exploités, ce sont ceux du Val-de-Travers et ceux de la zone de Pyri- mont. Les principales localités où du bitume se trouve dans

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(27)

l'Urgonien sont : Auvernier, Bevaix, St-Aubin (ancienne exploitation de courte durée), Val-de-Travers (exploité), Le Mormont (ancienne exploitation), Goumoens, Mont-Mouret (près de Divonne), Bellegarde, Franclens, Volant, Pyrimont (ces deux derniers en exploitation), Frangy (ancienne

exploitation du Pont-de-Serrasson et du Pont-des-Douattes), Lova- gny (Bourbonge, Gardebois, Montrottier et Chavaroche) et

enfin Confort et Forens dans la vallée de la Valserine.

Gisements dans le Tertiaire. — Les sables de l'Eocène, de même que les grès de la mollasse contiennent parfois des bitumes.

Eocène. — Les sables éocènes de la région méridionale du Jura montrent des imprégnations bitumineuses dans la région de Pyrimont (Boge, ancienne exploitation, Challonges et Challavray) au Mont-Musiège (ancienne exploitation de Serzin, Pont-de-Serrasson) et à Lovagny (Marny).

Mollasse chattienne et aquitanienne. — De nombreux points bitumineux sont actuellement connus, sans qu'aucun d'entre eux ait donné lieu jusqu'à maintenant à une exploitation suivie, si ce n'est à Surjoux, et cependant les essais furent nombreux. Les principales localités avec grès bitumineux sont : Aarau et Miirgenthal dans lecanton d'Argovie, Aaren- trânke et sud Ftilenbach dans le canton de Soleure, Travers dans le canton de Neuchâtel, Onnens (7 km nord-est Yver- don), Mathod (ancienne exploitation en 1810), Orbe (exploité en 1789-1870), ravin du Talent près Chavornay (exploité en 1722) (sondages pour la recherche du pétrole en 1922), Eclépens (ruisseau Cristallin), dans le canton de Vaud. Dans le canton de Genève, les divers points que nous étudierons plus loin, et en Savoie, Volant, Surjoux, Moulin-Rochelle (Etrable), Pont-de-Serrasson, Pont-des-Douattes et Lovagny.

Les sondages du Talent pénétrèrent, l'un à 246 m de

profondeur, l'autre à 202 m sans donner de résultats. Il en est

(28)

de même du sondage de Challex, département de l'Ain, près de la frontière genevoise. Indiquons qu'à Pechelbronn en Alsace, les pétroles exploités se trouvent dans le Sannoisien et le Stampien (v. Gignoux et Hoffmann 25). Gignoux et Moret ont montré l'âge Cliattien des grès bitumineux de Lova- gny, de Frangy et de Pyrimont (âge identique à celui des grès de Dardagny et de ceux de la zone du Jura suisse). En cheminant de l'est vers l'ouest, les bitumes tertiaires

(exception faite des sables éocènes qui sont un cas particulier) se trouvent dans des assises de plus en plus jeunes. Les

conditions favorables à la bituminisation des terrains se sont trouvées réalisées durant le Sannoisien et le Stampien en Alsace, durant le Chattien en Suisse et dans la majorité des gisements de Savoie et durant le Stampien et le Cliattien à Pyrimont. Nous aurons par la suite l'occasion de revenir sur les intéressantes études de Gignoux et Moret.

Anciens travaux miniers de la région de Dardagny (Voir carte).

Il n'existe que peu de documents qui nous permettent de préciser les emplacements des anciens travaux, de même que l'époque à laquelle ils furent effectués. Les anciens documents manquent de détail, la carte qui accompagne le mémoire de 1877 (8) est fausse. Les seuls documents précis sont ceux des sondages de La Plaine, l'indication des galeries de la Roulavaz dans le travail de Heim et Hartmann, et la carte que nous avons levée en 1926, du Nant-Punais et du Nant-

de-la-Roulavaz.

Zone de Dardagny

(Roulavas-Nant-Punais et Nant-Charmille) (Fig. 2 et carte).

Il ne subsiste rien des travaux entrepris antérieurement à 1794 et dont Favre (8) parle d'après le registre de la Société

(29)

des Arts (26 décembre 1794). Le premier puits Tessier

commencé en 1825, le 29 décembre, n'a pu être retrouvé. Il était situé au « point culminant de Dardagny » . Longtemps on a cru qu'il se trouvait dans le Bois de la Roulavaz, près de la cote 492. C'est là du moins que le situe le rapport de 1877 (8). De Girard le premier a montré que cette indication était erronée (22). Cette erreur repose sur une mauvaise lecture de la carte parles auteurs de la brochure de 1877. En effet, la carte au 1:25 000 du général Dufour porte l'indication

« Mine de goudron ». Les deux éditions de cette carte, celle de 1837-38 et celle de 1871, indiquent de façon précise un puits au Nant-Punais et figurent un sentier allant de cet ancien puits à la route de Dardagny-St- Jean -de-Gon ville.

Ces indications subsistent sur la carte éditée par Briquet d'après celle du général Dufour (éditions de 1900 et 1909), seul manque le Nant-Punais. La carte actuelle au 1:25 000 ne donne plus l'indication « Mine de goudron ». Les anciennes éditions de la carte au 1 : 100 000 situent le puits et porte l'indication «Mine de goudron», tandis que les éditions récentes gardent le nom sans situer le point. Un puits en ruine et envahi par les eaux est visible sur le Nant-Punais, mais il correspond au second puits Tessier, celui de 1826.

De Girard (p. 17) indique la présence à la cote 492 d'une maisonnette de pierre portant la date de 1839 et pense qu'il s'agit d'une poudrière relative aux travaux miniers anciens.

Or cette maison n'est pas portée sur la carte Dufour de 1871, revision soignée de celle de 1837-1838, qui marque le

chemin forestier, nouveau pour l'époque, qui aboutit à

l'emplacement actuel de cette maison. Il est probable que cette maison n'a eu aucune relation avec les travaux miniers et qu'elle fut édifiée avec des matériaux de démolition, d'autant plus qu'aucun chemin ne relie cette masure au Nant-Punais, où se trouvaient d'anciennes exploitations.

(30)

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Fia. 2. — Zone bitumineuse de Genève

(31)

Le premier puits Tessier semble avoir totalement disparu.

L'indication « point culminant de Dardagny » ne permet pas de le situer. En effet, le point culminant de Dardagny se trouve à la frontière, au nord-ouest de la route Dardagny- Challex, entre les bornes frontières ] 68-164. Mais en ce point aucun affleurement de mollasse n'est visible. Au sud- ouest de Dardagny, à la cote 498;4 de la carte au 1 : 25 000 la mollasse est stérile. Or le premier puits Tessier a été arrêté à 16 m de profondeur par suite du dégagement de gaz. A 500 m environ du point 498 et vers le nord-est, la mollasse est bitumineuse dans le ravin du Nant- Charmille.

Wells, dans un rapport de 1916 (41) déclare avoir vu, à une faible distance au nord du second puits Tessier (1827), les ruines d'un second puits. Rappelons que Tessier recherchait du charbon, croyant que le bitume était un indice favorable à ses recherches. Nous ne pouvons donc préciser l'emplacement de ce premier puits.

Le second puits Tessier, profond de 30 m, fut terminé en 1827, c'est celui qui fit l'objet des articles au Journal de Genève du 14 août et du 16 novembre 1826, articles qui annonçaient la découverte d'une abondante source de pétrole. Nous avons vu que Tessier fit une démarche auprès du Conseil d'Etat (en 1 826) pour obtenir l'exclusivité de l'exploitation. En novembre

1826, ce puits atteignait 20 pieds et 8 pouces de

profondeur, ce qui nous permet de situer l'horizon bitumineux.

Approfondi par la suite, ce puits fit l'objet d'une exploitation jusqu'en 1839, et nous savons que de 1836 à 1839 des

chaudières installées dans le Nant-Punais par une société que dirigeait Grenus, recueillaient le bitume qui était utilisé à Genève. Ce second puits Tessier se trouve dans les taillis de la rive gauche du Nant-Punais, à 30 m du ruisseau environ et approximativement à 140 m en amont du point où la route de Dardagny à St-Jean-de-Gonville franchit le nant.

(32)

Selon Girard (22), un sondage aurait été exécuté autrefois près de ce puits, et au sujet de ce puits, Girard déclare :

« Tout a disparu et c'est à peine si une demi-éclaircie révèle l'emplacement des anciens travaux ». Or le second puits Tessier (1827) existe toujours, rempli d'eau et bien visible malgré les taillis qui l'entourent. Il y a donc confusion, et

peut-être que Girard a vu les traces du premier puits. A 70 m en amont de la route de St-Jean-de-Gonville et sur la rive gauche du Nant-Punais se voit une fosse envahie par les eaux sur lesquelles flotte du goudron.

Ce sont les frères Boucqueau qui entreprirent les premières recherches dans le Nant-de-la-Roulavaz ; nous

ignorons toutefois la nature exacte et l'emplacement des travaux qu'ils effectuèrent. La mort de l'un des frères détermina l'arrêt des travaux (8). Bochat-Maury (8), Girard (22), et Heim et Hartmann (24) datent, à tort, les entreprises

Boucqueau de 1834, mais nous savons que la concession ne leur fut accordée que le 4 janvier 1856.

La carte annexée au rapport de 1877 (8) n'indique aucune galerie dans le Nant-de-la-Roulavaz, alors que les travaux de la région du Pont-des-Granges sont indiqués, ainsi que ceux du Nant-Punais. Le texte de ce rapport ne donne aucune indication de travaux qui auraient été effectués dans le Nant-de-la-Roulavaz. Les galeries sont donc postérieures à 1877.

Nous pouvons actuellement constater dans le Nant-de-la- Roulavaz la présence ou les traces de plusieurs recherches minières que nous avons relevées sur la carte jointe à ce mémoire. Le schéma publié par De Girard (22) les situe beaucoup trop en aval.

En parcourant la Roulavaz d'amont en aval, l'on trouve, à 170 m avant le confluent du Nant-Punais et de la

Roulavaz, une petite excavation dans la mollasse de la rive droite

LE GLOBE, LXXI, MÉM., 1932. 3

(33)

(N° 9). C'est là que furent trouvés quelques feuillets de lignite, mais pas de bitume. Sur la rive gauche et en aval de ce point, un petit puits (N° 8) de section 3,50 X 2,70. A la surface de l'eau qui a envahi ce puits flotte du goudron que l'on peut aisément recueillir. Un peu plus bas se trouve la galerie N° 7, dirigée nord 60° -est, sur 3 m 70 de longueur.

Plus en aval encore, et sur la rive droite, se situe la galerie N° 6. Elle paraît avoir été commencée vers 1916 parFass- nacht, du moins à cette époque elle mesurait 10 à 12 m de longueur (Wells 41). Actuellement c'est la plus importante.

Menée en direction son front de taille actuel est arrêté à 23 m 30 du jour. Large au début de 3 m 60, elle n'a plus que 2 m 30 de largeur au fond. Sa hauteur est de 2 m

environ. A 6 m du jour sur le parement sud, une petite recherche longue de 1 m 30 a été poussée, de même sur le parement nord à 17 m 30 de l'entrée. L'ensemble de ce travail a été poussé dans la mollasse bitumineuse. A 170 m en aval de cette galerie N° 6, et à 28 m au-dessus du ruisseau s'ouvre dans la falaise mollassique la galerie N° 5. Dirigée sud 34°

ouest, elle mesure 4 m 50 de longueur et 1 m 90 de largeur.

Elle se trouve de même dans la couche bitumineuse. Entre les galeries N° 5 et N° 6 se voient les traces de deux anciens travaux, un puits, à 5 ou 6 mètres au sud de la galerie N° 6 et une ancienne galerie-puits à mi-distance entre les galeries Nos 5 et 6. Nous ne possédons pas.de détails précis sur ces deux travaux qui auraient été effectués sous la direction de Lormier, si nous en croyons ce que nous a dit à ce sujet un ancien habitant de Dardagny, ce qui les situe entre 1879 et 1884.1 En effet; la concession fut accordée en 1879 à MM. de Lormier et Chabbresy (Cabraisi) et le matériel

d'exploitation était vendu par autorité de justice le 25 mai 1884.

1 Favre (9) indique : « Tout dernièrement encore, en 1879, on a entrepris dans le Nant de la Roulavaz de nouveaux travaux... »

(34)

La galerie effondrée se trouve à 70 m au sud-est de la

galerie N° 6 , au sud du sentier. Il est probable que cette galerie qui, selon les habitants de Dardagny, aurait eu 100 m de longueur, correspond à celle dont parle De Girard (22).

D'après sa position, elle a dû débuter dans les grès stériles et les marnes de la mollasse. De Girard cite deux ou trois puits dans cette région, dont l'un se trouverait « assez exactement en-dessous (au nord) de Bellevaux, en avant du plateau des Mules» (22). De Girard indique encore que la partie

supérieure de ce puits était muraillée de briques, que sa

profondeur était de 90 m et que de la profondeur de 3 ou 4 m partait une galerie débouchant au jour. Nous n'avons pu retrouver ce puits, il ne peut en effet s'agir du puits

proche delà galerie N° 6, qui est trop bas pour qu'une galerie partant de la profondeur de 3 ou 4 m débouche au jour.

D'autre part, on verrait la trace de cette galerie dans les petites parois qui bordent la Roulavaz en cette région. Au fond de ce puits se trouverait une galerie de 5 à 6 m se

dirigeant vers l'ouest. Le puits proche de la galerie N° 6 aurait été poussé à 1 5 m de profondeur et prolongé par un sondage de 300 m (?) d'après le récit que nous fait un habitant du village de Dardagny. Ce sondage aurait eu un diamètre initial de 10" jusqu'à 80 m de profondeur, et se serait terminé au diamètre de l"3/4. De même le puits de 100 m aurait servi, selon la tradition, de point de départ à un sondage de 120 m de profondeur.

En poursuivant la descente le long de la rive droite de la Roulavaz, l'on voit encore quatre galeries. La galerie N°4, à 428 m d'altitude se trouve à 100 m à l'est de la galerie N° 5.

Elle ne mesure que 5 m 50 de longueur selon la direction sud, sa largeur est de 1 m 50 et elle domine le ruisseau de llm environ. Plus loin encore, à 36 m à l'est-nord-est de la 4, s'ouvre la galerie N° 3, simple entaille de 1 m 60 de Ion-

(35)

MÉMOIRES

gueur sur 2 m de largeur. Elle est suivie à 20 m au nord- est de la galerie N° 2 située à l'altitude de 419 m 27. Sur 9 m 10, elle se dirige sud 20° est, puis se bifurque pour

donner naissance à une branche sud 42° est qui est longue de 11 m 20 et une autre sud 5° ouest qui atteint 11 m 30. Enfin vient la galerie la plus en aval, galerie N° 1, à 10 m au nord-est de la galerie N° 2. Elle mesure 12 m de longueur, 2 m 80 en largeur et se dirige au sud-est.

La numérotation des galeries varie selon les auteurs, nous donnons ci-dessous un tableau des correspondances et

quelques détails : Schmidt

(49-50) VI V IV III

II

I

Heim (28)

1 2 4-5 3

6 7 8

Lagotala (52;

2 1 3 4

5 6 7 8 10 9 11

puits fosse puits près gal,

galerie effondr

Caractéristiques Longueur

13 m 20 m 30

1 m 60 5 m 50 4 m 50 23 m 30 3 m 70

oc 10

Direction des S 45°

S 20°

S 5° E S 34°

S 45°

N60°

E E

E E W E

travaux Altitude

423,19 419,27 415.—

421,34 440,19 417,84 418,31 417,78 417,59 422.—

418.—

Nous ne pouvons donc repérer avec suffisamment de

certitude que neuf travaux encore ouverts et partiellement accessibles, et approximativement deux autres travaux (Nos 10 et 11).

Nous avons précédemment indiqué que les frères Boue- queau furent les premiers « exploitants » du Nant-de-la- Roulavaz, il ne semble pas cependant qu'ils aient entrepris de grands travaux. En 1877, Lormier installe dans ce Nant (concession Debans) une chaudière pour l'extraction des bitumes. Les travaux interrompus sont repris en 1879

toujours sous la direction de Lormier (concession Lormier-

(36)

Chabresy). C'est de 1877 que datent les premiers puits et galeries. Que se passe-t-il à partir de 1881, date de l'arrêt de fonctionnement de la chaudière dans la Roulavaz, jusqu'en 1894 ? Nous savons seulement que le gisement fut étudié par Schardt (cit. Girard) et qu'il fut visité par l'ingénieur Chappuis pour le compte du Consortium Turrettini.

En 1894, les travaux sont repris par Eymard, delà mollasse bitumineuse est extraite et expédiée à Lyon. Une

galerie fut poussée dans la marne, il s'agit peut-être de la galerie effondrée N° 11. Un long temps d'arrêt des travaux se

produit. En 1900, De Girard visite le gisement (22) et si la concession est sollicitée en 19 12, nous voyons le demandeur renoncer à sa requête déjà en 1913.

La guerre mondiale devait attirer à nouveau l'attention sur le gîte bitumineux de Dardagny, susceptible pensait-on de produire industriellement des huiles et pétroles dont la Suisse avait un grand besoin. Fassnacht, possesseur de la concession à partir de 1915, présente sous sa signature un rapport que nous voyons déjà imprimé en 1877 (rapport Pittore de 1876 inclus dans le rapport général de 1877, voir 8). En 1915, il fait faire l'étude d'une usine de traitement, l'emplacement choisi se trouve au-dessus de la galerie N° 6, une variante le prévoit un peu à l'est. L'année suivante deux tonnes et demi de mollasses bitumineuses

extraites du Nant-de-la-Roulavaz sont expédiées à Londres pour des essais et analyses. Le 11 octobre 1916, l'expert anglais John Wells (41) étudie le gisement pour le compte du

« Winchester Syndicate Ltd London ». La même année, Arn. Heim étudie tout le territoire pour Sulzer. La galerie

« Ramu », probablement la galerie N° 6, est exploitée en 1917 et trois tonnes de minerai sont envoyées à l'usine à gaz de Zurich. En 1918, l'expertise du gisement est confiée à Schmidt (42), professeur à Bâle. Les travaux de recherches

(37)

MÉMOIRES

ne sont repris que le 29 septembre 1919 avec une faible équipe de deux ou quatre onvriers. La « Société des Produits Pétrolifères » fut constituée par Fassnacht en 1920 et un nouveau projet d'usine voit le jour. On fore quelques petits puits sur les bords de la Roulavaz et du Nant-Punais de même qu'un puits de 12 m aux Granges. Le professeur Duparc qui examine les travaux conclut à l'inutilité de tels travaux et conseille, si l'on veut réellement connaître la valeur du gîte, de faire des sondages profonds. Une somme de 9000 fr.

avait été dépensée en 1920 pour ces recherches et pour l'extraction de mollasses bitumineuses provenant de la galerie

N° 6 et'destinées à des essais à l'usine à gaz de Genève.

Durant l'année 1920, une petite fosse est creusée sur la rive droite de la Roulavaz (N° 9), on met au jour un petit banc de lignites. Au Nant-Punais une excavation de 6 m de long sur 2 m de large et 4 m de profondeur sert de point de départ à de petits sondages de 3 m de profondeur. Quatre de ces sondages sont forés verticalement, le cinquième obliquement.

On recueille ainsi 5 litres de goudron par jour. Quelques décapages sont de même effectués à 25 m et à 45 m plus au nord de cette fosse afin d'étudier l'allure de la mollasse. La fosse « à goudron » existe encore, sur la rive gauche du Nant et au bord de l'eau, à 70 m en amont de la route de Dardagny à Saint-Jean-de-Gonville.

Le « Pax- Syndicate » de Londres, avec lequel Fassnacht était entré en relations, confie l'étude de l'affaire à Hankar (43) qui visite la contrée le 6 janvier 1921. Schmidt reprend F étude du gîte cette même année (13 juillet-31 octobre- 15 novembre) (42). Durant l'année 1921, 11000 fr. furent

dépensés. La question du traitement du minerai n'était pas résolue, aussi en 1922 des grès bitumineux furent envoyés à Thalhofer et Cie à Brunn et à « Sundenberger Maschinenfabrick » à Hanovre. Une tranchée est ouverte le long du Nant-Punais

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